Los Escritos de Maria Valtorta

600. La dernière Cène.

600. La última Cena pascual.

600.1

C’est le commencement de la souffrance du jeudi saint.

Les apôtres — ils sont dix — s’affairent activement à la préparation du Cénacle.

Judas, grimpé sur la table, vérifie s’il y a de l’huile dans toutes les lanternes du grand lampadaire, qui ressemble à une corolle

de fuchsia double, car la tige de suspension est entourée de cinq “ ampoules ” qui ressemblent à des pétales ; un second tour, plus bas, est une vraie couronne de petites flammes ; enfin trois petits lampions suspendus à des chaînettes semblent être les pistils de cette fleur lumineuse.

Ne riez pas de mon dessin !

Puis il saute par terre et aide André à disposer avec art la vaisselle sur la table, sur laquelle on a étendu une nappe très fine.

J’entends André admirer :

« Quel lin splendide !»

Et Judas :

« L’un des meilleurs de Lazare. Marthe a absolument tenu à l’apporter.

– Et ces coupes ! Et ces amphores ! » s’exclame Thomas.

Il a versé le vin dans les amphores précieuses et les regarde avec admiration en se regardant dans leurs fines panses, et il en caresse les poignées ciselées d’un œil de connaisseur.

« Qui sait quelle valeur elles ont, hein ? demande Judas.

– C’est travaillé au marteau. Mon père en serait fou. L’argent et l’or en feuilles se plient facilement à la chaleur. Mais traité ainsi… On peut tout abîmer en un instant, il suffit d’un coup mal porté. Cela demande à la fois de la force et de la légèreté. Tu vois les poignées ? Elles sont tirées de la masse et ne sont pas soudées. Ce sont là des objets de riches… Pense que toute la limaille et le dégrossissement sont perdus… Je ne sais pas si tu me comprends.

– Bien sûr, je comprends ! C’est comme fait un sculpteur.

– Tout à fait cela. »

Tous admirent, puis retournent à leur travail. Les uns disposent les sièges, d’autres préparent les crédences…

600.2

Pierre et Simon entrent ensemble.

« Vous voilà enfin ! Où êtes-vous encore allés? Après être arrivés avec le Maître et nous, vous vous êtes enfuis de nouveau, leur reproche Judas.

– Encore une tâche à faire avant l’heure, répond brièvement Simon.

– Tu es mélancolique ?

– Je crois que, avec ce qu’on a écouté ces derniers jours, provenant de cette bouche que nous n’avons jamais entendu mentir, il y a de bonnes raisons de l’être.

– Et avec cette puanteur de… Bon ! tais-toi, Pierre, grommelle Pierre entre ses dents.

– Toi aussi !… Tu me sembles fou depuis quelque temps. Tu as la tête d’un lapin sauvage qui sent derrière lui le chacal, répond Judas.

– Et toi, tu as le museau de la fouine. Toi aussi, tu n’es pas très beau depuis quelques jours. Tu regardes d’une façon… Tu as même l’œil de travers… Qui attends-tu ou qu’espères-tu voir ? Tu sembles plein d’assurance, tu veux le faire paraître, mais tu as l’air d’avoir peur, réplique Pierre.

– Pour ce qui est de la peur… tu n’es certainement pas un héros, toi non plus ! »

Jean répond :

« Aucun de nous ne l’est, Judas. Tu portes le nom d’un Maccabée, mais tu ne l’es pas. Mon nom à moi signifie : “ Dieu fait grâce[1] ”, mais je te jure que j’ai en moi le tremblement d’un homme qui sait porter malheur, et ne pas être dans la grâce de Dieu. Simon, fils de Jonas, rebaptisé “ la pierre ”, est maintenant mou comme de la cire près du feu. Il ne se cramponne plus par sa volonté. Lui, que je n’ai jamais vu trembler dans les plus violentes tempêtes ! Matthieu, Barthélemy et Philippe ressemblent à des somnambules. Mon frère et André ne font que soupirer. Et observe les deux cousins, qui ont la douleur de la parenté en plus de celle de l’amour pour le Maître : on croirait des vieillards… Thomas a perdu de son entrain, et Simon semble redevenu le lépreux épuisé qu’il était il y a trois ans, tant il est creusé par la douleur, je dirais corrodé, livide, flétri.

600.3

– Oui. Il nous a tous influencés par sa mélancolie » constate Judas.

Jacques, fils d’Alphée, lance :

« Mon cousin Jésus, mon Maître et Seigneur et le vôtre, est et n’est pas mélancolique. Si tu veux dire par là qu’il est triste à cause de la souffrance excessive que tout Israël est en train de lui infliger, et que nous voyons, sans compter l’autre douleur cachée que lui seul voit, je te dis : “ Tu as raison. ” Mais si tu utilises ce mot pour dire qu’il est fou, je te l’interdis.

– N’est-ce pas de la folie qu’une idée fixe de mélancolie ? J’ai fait aussi des études profanes, et je sais. Il a trop donné de lui-même. Maintenant, il a l’esprit épuisé.

– Ce qui signifie de la démence. N’est-ce pas ? demande Jude, apparemment calme.

– Exactement ! Ton père[2], qui était un juste de sainte mémoire et à qui tu ressembles pour la justice et la sagesse, l’avait bien vu ! C’est le triste destin d’une illustre maison trop vieille et frappée de sénilité psychique : Jésus a toujours eu une tendance à cette maladie, d’abord douce, puis toujours plus agressive. Tu as pu constater comment il a attaqué pharisiens et scribes, sadducéens et hérodiens. Il s’est rendu la vie impossible comme un chemin couvert d’éclats de quartz. Et c’est lui qui les a semés. Nous… nous l’aimions tant que l’amour nous l’a caché. Mais ceux qui l’ont aimé sans l’idolâtrer : ton père, ton frère Joseph, et Simon au début, ont vu juste… nous aurions dû ouvrir les yeux en les écoutant. Au contraire, nous avons tous été séduits par sa douce fascination de malade. Et maintenant… Hélas ! »

Jude, qui est aussi grand que Judas et se tient exactement en face de lui, paraît l’écouter paisiblement ; mais il a un déclic violent et, d’un puissant revers de main, il étale Judas sur un des sièges puis, avec une colère contenue, sans éclat de voix, il se penche, et siffle sur son visage de lâche :

« Voilà pour la démence, reptile ! Et c’est seulement parce qu’il est à côté et que c’est le soir de la Pâque que je ne t’étrangle pas. Mais réfléchis, réfléchis bien ! S’il lui arrive du mal et qu’il n’est plus là pour arrêter ma force, nul ne te sauvera. C’est comme si tu avais déjà la corde au cou, et ce seront ces mains honnêtes et fortes d’artisan galiléen et de descendant du frondeur de Goliath qui feront ton affaire. Lève-toi, mollasson libertin ! Et surveille ta conduite ! »

Judas, craignant peut-être que Jude ne soit au courant de son crime, ne réagit pas. Livide, il se relève, sans la moindre réaction. Et, ce qui me surprend, personne ne réagit au nouveau geste de Jude. Au contraire !… Il est clair que tous approuvent.

600.4

L’ambiance s’est à peine apaisée que Jésus entre. Il se présente au seuil de la petite porte par laquelle sa grande taille passe difficilement, met le pied sur le petit palier et, avec un sourire doux et triste, dit en ouvrant les bras :

« Que la paix soit avec vous. »

Sa voix est lasse comme celle de quelqu’un qui souffre physiquement et moralement.

Il descend, caresse la tête blonde de Jean qui est accouru près de lui. Comme s’il ignorait tout, il sourit à son cousin Jude et dit à son autre cousin :

« Ta mère te prie d’être doux avec Joseph. Tout à l’heure, il a demandé aux femmes de mes nouvelles et des tiennes. Je regrette de ne l’avoir pas salué.

– Tu le feras demain.

– Demain ?… Mais j’aurai toujours le temps de le voir… Oh ! Pierre ! Nous allons rester enfin un peu ensemble ! Depuis hier, tu m’a paru être un feu follet. Je te vois, puis je ne te vois plus… Aujourd’hui, je peux presque dire que je t’ai perdu. Toi aussi, Simon.

– Nos cheveux plus blancs que noirs peuvent t’assurer que nous ne nous sommes pas absentés par désir de la chair, assure Simon avec sérieux.

– Bien que… à tout âge on peut avoir cette faim… Les vieux sont pires que les jeunes… » lance Judas sur un ton offensif.

Simon le regarde et s’apprête à répliquer. Mais Jésus le regarde aussi et dit :

« Tu as mal aux dents ? Tu as la joue droite enflée et rouge.

– Oui, j’ai mal. Mais cela ne mérite pas qu’on s’en occupe. »

Les autres gardent le silence, et l’affaire se termine ainsi.

600.5

« Avez-vous fait tout ce qu’il fallait ? Toi, Matthieu ? Et toi, André ? Et toi, Judas, as-tu pensé à l’offrande au Temple ? »

Les deux premiers, aussi bien que Judas, répondent :

« Nous avons fait tout ce que tu nous a demandé pour aujourd’hui. Sois tranquille.

– Moi, j’ai apporté les primeurs de Lazare à Jeanne, femme de Kouza, pour les enfants. Ils m’ont confié : “ Ces pommes étaient meilleures ! ” C’est qu’elles avaient la saveur de la faim ! Et c’était tes pommes » dit Jean souriant et rêvant.

Jésus sourit lui aussi à un souvenir…

« Moi, j’ai vu Nicodème et Joseph, déclare Thomas.

– Tu les as vus ? Tu as parlé avec eux ? demande Judas avec un intérêt exagéré.

– Oui. Qu’y a-t-il d’étrange ? Joseph est un bon client de mon père.

– Tu ne nous l’avais pas dit plus tôt… C’est pour cela que j’ai été étonné ! »

Judas essaie d’édulcorer l’impression qu’il vient de donner par son inquiétude à l’annonce d’une rencontre de Thomas avec Joseph et Nicodème.

« Il me semble étrange qu’ils ne soient pas venus ici pour te vénérer. Ni eux, ni Kouza, ni Manahen… Aucun des… »

Mais Judas, avec un rire faux, interrompt Barthélemy :

« Le crocodile se terre quand il le faut.

– Que veux-tu dire ? Qu’insinues-tu ? demande Simon, agressif comme il ne l’a jamais été.

– Paix, paix ! Qu’avez-vous donc ? C’est la soirée pascale ! Jamais nous n’avons eu un si digne apparat pour consommer l’agneau. Consommons donc la cène dans un esprit de paix. Je vois que je vous ai beaucoup troublés par mes instructions de ces derniers soirs. Mais vous voyez ? J’ai fini ! Désormais, je ne vous troublerai plus. Tout n’est pas dit de ce qui se rapporte à moi. Seulement l’essentiel. Le reste… vous le comprendrez par la suite. Cela vous sera révélé… Oui. Celui qui vous le dira viendra !

600.6

Jean, va avec Judas et un autre prendre les coupes pour la purification. Puis asseyons-nous à table. »

Jésus est d’une douceur déchirante.

Jean, André, Jude et Jacques, apportent la vaste coupe, y versent l’eau et présentent l’essuie-main à Jésus et à leurs compagnons, qui en font de même avec eux. La coupe (qui est un bassin de métal) est mise dans un coin.

« Et maintenant, à vos places. Moi ici, et là (à droite) Jean, et de l’autre côté mon fidèle Jacques. Ce sont les deux premiers disciples. Après Jean viendra ma Pierre forte ; à côté de Jacques, celui qui est comme l’air : on ne le remarque pas, mais il est toujours présent et il réconforte : André. Près de lui, mon cousin Jacques. Tu ne te plains pas, mon doux frère, si je donne la première place à mes premiers apôtres ? Tu es le neveu du Juste dont l’esprit palpite et plane plus que jamais au-dessus de moi en cette soirée. Sois en paix, père de ma faiblesse enfantine, chêne à l’ombre duquel se restaurèrent la Mère et le Fils ! Sois en paix !… Après Pierre, ce sera Simon… Simon, viens ici un moment. Je veux scruter ton visage loyal. Plus tard, je ne te verrai plus très bien, car les autres me couvriront ta figure honnête. Merci, Simon. De tout. »

Et il l’embrasse.

Quand Jésus le laisse, Simon va prendre sa place en portant ses mains à son visage en un geste d’affliction.

« La place en face de Simon est pour mon Barthélemy. Ce sont deux honnêtetés et deux sagesses qui se reflètent. Ils vont bien ensemble. Et tout près, toi, Jude mon frère. Ainsi je te vois… et j’ai l’impression d’être à Nazareth… quand quelque fête nous réunissait tous à table… Ou encore à Cana… Tu te souviens ? Nous y étions ensemble. Une fête… des noces… le premier miracle… l’eau changée en vin… Aujourd’hui aussi, c’est une fête… et aujourd’hui aussi, il y aura un miracle… le vin changera de nature… et il sera… »

Jésus se plonge dans ses pensées, tête penchée, comme isolé dans son monde secret. Les autres le regardent sans mot dire.

Il relève la tête et fixe Judas, auquel il dit :

« Tu seras en face de moi.

– Tu m’aimes à ce point ? Plus que Simon, que tu veux toujours avoir en face de toi ?

– Effectivement. Tu l’as dit.

– Pourquoi, Maître ?

– Parce que tu es celui qui a le plus contribué à cette heure. »

Judas jette sur le Maître et sur ses compagnons un regard entièrement différent. Il dévisage le premier avec compassion, et toise les autres avec un air de triomphe.

« Et à côté de toi prendront place, d’une part Matthieu, de l’autre Thomas.

– Alors Matthieu à ma gauche et Thomas à ma droite.

– Comme tu veux, comme tu veux » dit Matthieu. « Il me suffît d’avoir bien en face de moi mon Sauveur.

– Le dernier, c’est Philippe. Vous voyez ? Qui n’est pas à côté de moi du côté d’honneur, a l’honneur d’être en face de moi. »

600.7

Jésus, debout à sa place, verse le vin dans la grande coupe placée devant lui (chacun en a une grande, mais la sienne l’est encore davantage. Ce doit être la coupe rituelle). Il l’élève, l’offre, la repose.

Puis tous ensemble psalmodient :

« Pourquoi cette cérémonie ? »

Question de pure forme, on le comprend, rituelle.

Jésus, en chef de famille, y répond :

« Ce jour rappelle notre libération de l’Egypte. Que soit béni Yahvé, qui a créé le fruit de la vigne. »

Il boit une gorgée du vin qu’il a offert et passe la coupe aux autres. Il offre ensuite le pain, en fait des morceaux, le distribue, puis les légumes trempés dans une sauce rougeâtre présentée dans quatre saucières.

Une fois terminée cette partie du repas, ils chantent des psaumes tous en chœur.

On apporte de la crédence le grand plateau de l’agneau rôti, que l’on place sur la table en face de Jésus.

Pierre, qui a le rôle de… première partie du chœur, si vous voulez, demande :

« Pourquoi cet agneau, ainsi présenté ?

– En souvenir du moment où Israël fut sauvé par l’agneau immolé. Là où le sang brillait sur les montants de la porte et sur le linteau, aucun premier-né n’est mort. Ensuite, alors que l’Egypte pleurait ses premier-nés qui étaient morts, depuis le palais royal jusqu’aux taudis, les Hébreux, dirigés par Moïse, se mirent en marche vers la terre de la libération et de la promesse. La ceinture à la taille, les sandales aux pieds, le bourdon en main, le peuple d’Abraham s’empressa de se mettre en marche en chantant les hymnes de la joie. »

Tous se lèvent et entonnent :

« Quand Israël sortit d’Egypte et la maison de Jacob de chez un peuple étranger, Juda lui devint un sanctuaire », etc. (si ma recherche est correcte, il s’agit du Ps 113[3]).

Alors Jésus découpe l’agneau, verse une nouvelle coupe, et la passe après en avoir bu. Puis ils chantent encore:

« Louez, serviteurs du Seigneur, louez le nom du Seigneur ! Béni soit le nom du Seigneur, maintenant et pour les siècles des siècles ! Du levant au couchant du soleil, loué soit le nom du Seigneur ! », etc.

Jésus donne les parts et veille à ce que chacun soit bien servi, exactement comme le fait un père de famille pour ses enfants, qui lui sont tous chers. Puis il dit d’un ton solennel, un peu triste :

« J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous. Cela a été mon désir suprême depuis qu’éternellement j’ai été le “ Sauveur ”. Je savais que cette heure en précéderait cette autre, et la joie de me donner m’était à l’avance un réconfort dans mon martyre…

J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous, car jamais plus je ne goûterai du fruit de la vigne jusqu’à la venue du Royaume de Dieu. Alors je m’assiérai de nouveau avec les élus au banquet de l’Agneau, pour les noces des vivants avec le Vivant. Mais seuls y prendront part ceux qui auront été humbles et purs de cœur comme je le suis.

600.8

– Maître, tu as dit tout à l’heure que celui qui n’a pas la place d’honneur, a l’honneur d’être en face de toi. Comment alors pouvons-nous savoir quel est le premier d’entre nous ? demande Barthélemy.

– Tous et personne. Un jour[4]… nous revenions, fatigués… écœurés de la haine des pharisiens. Mais vous n’étiez pas las de discuter entre vous pour savoir qui était le plus grand… C’est alors qu’un enfant accourut vers moi… un de mes petits amis… Et son innocence adoucit mon dégoût de tant de fange ! Votre humanité opiniâtre était loin de disparaître. Où es-tu maintenant, petit Benjamin à la réponse sage, venue à toi du Ciel, puisque c’est l’Esprit qui parlait à l’ange comme tu étais ? Je vous ai dit alors : “ Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier et le serviteur de tous. ” Et je vous ai donné en exemple cet enfant sage. Maintenant, je vous dis : “ Les rois des nations les dominent. Et les peuples opprimés, tout en les haïssant, les acclament et les appellent ‘Bienfaiteurs’, ‘Pères de la Patrie’, mais la haine couve sous le respect fallacieux. ” Il ne doit pas en être ainsi parmi vous. Que le plus grand se comporte comme le plus petit, celui qui gouverne comme celui qui sert. Quel est en effet le plus grand ? Celui qui est à table ou celui qui sert ? C’est celui qui est à table. Et pourtant, moi je vous sers, et d’ici peu, je vous servirai davantage. Vous êtes, vous, ceux qui sont restés avec moi constamment dans les épreuves ; et moi je dispose pour vous d’une place dans mon Royaume, de même que j’y serai Roi selon la volonté du Père.

Vous mangerez et boirez à ma table éternelle et vous siègerez sur des trônes pour juger les douze tribus d’Israël. Vous êtes restés avec moi dans les épreuves… Il n’y a que cela qui vous donne de la grandeur aux yeux du Père.

– Et ceux qui viendront ? Ils n’auront pas de place dans le Royaume ? Il nous est réservé, à nous seuls ?

– Ah ! que de princes dans ma Maison ! Tous ceux qui se seront montrés fidèles au Christ dans les épreuves de la vie seront des princes dans mon Royaume, car ceux qui auront persévéré jusqu’à la fin dans le martyre de l’existence seront pareils à vous, qui êtes restés avec moi dans mes épreuves. Je m’identifie à ceux qui croient en moi. La souffrance que j’embrasse pour vous et pour tous les hommes, je la donne comme enseigne à ceux qui sont particulièrement élus. Celui qui me sera fidèle dans la souffrance fera partie de mes bienheureux, à l’égal de vous, mes bien-aimés.

600.9

– Nous avons persévéré jusqu’à la fin.

– Tu crois cela, Pierre ? Et moi, je te dis que l’heure de l’épreuve n’est pas encore venue. Simon, Simon, fils de Jonas, Satan vous a réclamés pour vous cribler comme le froment. Mais moi, j’ai prié pour toi, pour que ta foi ne défaille pas. Et toi, quand tu te seras ravisé, affermis tes frères.

– Je sais que je suis pécheur. Mais je te serai fidèle jusqu’à la mort. Je n’ai pas ce péché. Je ne l’aurai jamais.

– Ne sois pas présomptueux, mon Pierre. Cette heure changera une infinité de choses, qui seront différentes d’avant. Elles apportent et imposent des nécessités nouvelles. Vous le savez. Je vous l’ai toujours dit, même quand nous marchions sur des chemins écartés, parcourus par des bandits : “ N’ayez pas peur, il ne vous arrivera aucun mal, car les anges du Seigneur sont avec nous. Ne vous préoccupez de rien. ” Vous rappelez-vous quand je vous recommandais : “ Ne vous souciez pas de votre nourriture ou de vos vêtements. Le Père sait ce dont nous avons besoin ” ? Et j’ajoutais : “ L’homme a beaucoup plus de valeur qu’un passereau et que la fleur, qui aujourd’hui est de l’herbe et demain sera du foin. Le Père prend pourtant soin aussi de la fleur et du petit oiseau. Alors pouvez-vous douter qu’il n’en fasse pas autant pour vous ? ” Je vous disais encore : “ Donnez à qui vous demande, présentez l’autre joue à celui qui vous offense. ” Je vous disais : “ N’emportez ni bourse ni bâton. ” Car je vous ai enseigné l’amour et la confiance. Mais aujourd’hui… Aujourd’hui, ce temps n’est plus. Maintenant, je vous dis : “ Avez-vous manqué de quelque chose jusqu’à ce jour ? Avez-vous jamais été offensés ? ”

– De rien, Maître. Toi seul as été offensé.

– Vous voyez donc que ma parole était vraie. Mais à présent les anges ont tous été rappelés par leur Seigneur. C’est l’heure des démons… Les anges du Seigneur se couvrent les yeux de leurs ailes d’or, ils s’en enveloppent et souffrent de ce qu’elles n’aient pas la couleur du chagrin, car c’est une heure de deuil, de deuil cruel, sacrilège… Il n’y a pas d’anges sur la terre, ce soir. Ils se tiennent près du trône de Dieu pour couvrir de leur chant les blasphèmes du monde déicide et les pleurs de l’Innocent. Vous et moi, nous sommes seuls… Les démons sont les maîtres de l’heure. C’est pourquoi nous allons prendre les apparences et les mesures des pauvres hommes qui se méfient et n’aiment pas. Maintenant, que celui qui a une bourse prenne aussi une besace, que celui qui n’a pas d’épée vende son manteau et en achète une. Car il faut que s’accomplisse en moi ce qui est écrit[5] : “ Il a été compté parmi les malfaiteurs. ” En vérité, tout ce qui me concerne touche à sa fin. »

600.10

Simon le Zélote s’est levé pour aller au coffre où il a déposé son riche manteau — ce soir tous ont mis leurs plus beaux atours, et ont par conséquent leurs poignards, damasquinés, mais très courts, plutôt couteaux que poignards, à leurs riches ceintures — prend deux épées, deux vraies épées, longues, légèrement courbes, et les apporte à Jésus :

« Pierre et moi, nous sommes armés, ce soir. Nous avons celles-ci, mais les autres n’ont que leur court poignard. »

Jésus prend les épées, les examine, en dégaine une et essaie le tranchant sur l’ongle. C’est très étonnant, et cela fait une impression encore plus étrange de voir cette arme féroce dans les mains de Jésus.

Tandis que Jésus poursuit son examen silencieux, Judas demande :

« Qui vous les a données ? »

Il paraît sur les charbons ardents…

« Qui ? Je te rappelle que mon père était noble et puissant, répond Simon.

– Mais Pierre…

– Eh bien ? Depuis quand dois-je rendre compte des cadeaux que je veux faire à mes amis ? »

Jésus lève la tête après avoir rengainé l’arme et la rend à Simon.

« C’est bien assez. Tu as eu raison de les prendre.

600.11

Mais maintenant, avant que l’on boive le troisième calice, attendez un moment. Je vous ai dit que le plus grand est égal au plus petit, que je suis le serviteur à cette table, et que je vous servirai davantage. Jusqu’à présent, je vous ai donné de la nourriture, qui sert au corps. Cette fois, je veux vous donner une nourriture pour l’esprit. Ce n’est pas un plat du rituel ancien. Il appartient au nouveau rite. J’ai voulu me faire baptiser avant d’être le “ Maître ”. Pour répandre la Parole, ce baptême suffisait. Maintenant, c’est le Sang qui va être répandu. Il faut un nouveau baptême, pour vous aussi qui avez pourtant été purifiés par Jean-Baptiste en son temps, et encore aujourd’hui au Temple. Mais cela ne suffit pas. Venez, que je vous purifie. Suspendez le repas. Il y a quelque chose de plus élevé et de plus nécessaire que la nourriture destinée à remplir le ventre, même si c’est une nourriture sainte comme celle du rite pascal. Et c’est un esprit pur, disposé à recevoir le don du Ciel qui déjà descend pour se faire un trône en vous et vous donner la vie. Donner la vie à qui est pur. »

Jésus se lève, fait lever Jean pour sortir plus facilement de sa place, se dirige vers un coffre et ôte son vêtement rouge pour le plier et le déposer sur son manteau déjà plié. Puis il se ceint la taille d’un grand linge, et va prendre un autre bassin, encore vide et propre. Il y verse de l’eau, le porte au milieu de la pièce près de la table, et le pose sur un tabouret. Les apôtres le regardent avec étonnement.

« Vous ne me demandez pas ce que je fais ?

– Nous l’ignorons. Je te dis que nous sommes déjà purifiés, répond Pierre.

– Et moi, je te répète que cela n’a pas importance. Ma purification servira à celui qui est déjà pur à l’être davantage. »

Il s’agenouille, délace les sandales de Judas et lui lave les pieds l’un après l’autre. Il lui est facile de le faire, car les lits-sièges sont disposés de façon que les pieds sont tournés vers l’extérieur. Stupéfait, Judas garde le silence. Mais lorsque Jésus, avant de chausser le pied gauche et de se lever, fait le geste de lui baiser le pied droit déjà chaussé, Judas retire vivement son pied et frappe involontairement de sa semelle la bouche divine. Ce n’est pas un coup fort, mais il me cause une vive douleur. Jésus sourit et, à l’apôtre qui lui demande : “ T’ai-je fait mal ? Je ne voulais pas… Pardon ”, il répond :

« Non, mon ami. Tu l’as fait sans malice, donc cela ne me fait pas mal. »

Judas pose sur lui un regard troublé, fuyant…

Jésus passe à Thomas, puis à Philippe… Il suit le côté étroit de la table et arrive à son cousin Jacques. Il le lave et, en se levant, lui baise le front. Il en vient à André, qui rougit de honte et prend sur lui-même pour ne pas pleurer, il le lave, le caresse comme un enfant. Puis c’est au tour de Jacques, fils de Zébédée, qui ne cesse de murmurer :

« Oh ! Maître ! Maître ! Maître ! Tu t’anéantis, mon sublime Maître ! »

Jean a déjà délacé ses sandales, et lorsque Jésus se penche pour lui essuyer les pieds, il s’incline pour baiser ses cheveux.

Mais Pierre !… Il n’est pas facile de le convaincre de se prêter à ce rite !

« Toi, me laver les pieds ? Tu n’y penses pas ? Tant que je vivrai, je ne le permettrai pas. Je suis un ver, tu es Dieu. Chacun à sa place !

– Ce que je fais, tu ne peux le comprendre à présent ; par la suite, tu comprendras. Laisse-moi faire.

– Tout ce que tu veux, Maître, mais pas cela. Veux-tu me couper le cou ? Fais-le. Mais me laver les pieds, non, tu ne le feras pas.

– Oh ! mon Simon ! Ne sais tu pas que si je ne te lave pas, tu n’auras pas part à mon Royaume ? Simon, Simon ! Tu as besoin de cette eau pour ton âme et pour le long de chemin que tu dois parcourir. Tu ne veux pas venir avec moi ? Si je ne te lave pas, tu ne viens pas dans mon Royaume.

– Oh ! mon Seigneur béni ! Alors lave-moi tout entier ! Pieds, mains et tête !

– Qui s’est baigné, comme vous, n’a pas besoin de se laver autre chose que les pieds, puisqu’il est entièrement pur. Les pieds… L’homme foule aux pieds les ordures. Et ce serait encore peu car, je vous l’ai dit[6], ce n’est pas ce qui entre et sort avec la nourriture qui souille l’homme, ni ce sur quoi il marche qui le contamine. C’est plutôt ce qui couve et mûrit dans son cœur et sort de là pour entacher ses actions et ses membres. Les pieds de l’homme à l’âme impure lui servent à aller aux orgies, à la débauche, aux commerces illicites, aux crimes… Ce sont donc parmi les membres du corps, ceux qui ont un grand besoin de purification… avec les yeux, avec la bouche… Oh ! homme ! homme ! Toi qui fus une créature parfaite un jour, le premier, avant que le Séducteur ne te corrompe à ce point ! Il n’y avait pas de malice en toi, ô homme, et pas de péché !… Et maintenant ? Tu es tout entier malice et péché, il n’y a pas de partie de toi qui ne pèche pas ! »

Jésus lave les pieds à Pierre, les baise ; en larmes, Pierre prend dans ses grosses mains celles de Jésus, il les passe sur ses yeux puis les baise.

Simon aussi a ôté ses sandales et se laisse laver. Mais ensuite, quand Jésus s’apprête à passer à Barthélemy, Simon s’agenouille et lui baise les pieds en disant :

« Purifie-moi de la lèpre du péché comme tu m’as purifié de la lèpre du corps, afin que je ne sois pas confondu à l’heure du jugement, mon Sauveur !

– Ne crains rien, Simon. Tu arriveras dans la Cité céleste blanc comme la neige.

– Et moi, Seigneur ? Que dis-tu à ton vieux Barthélemy ? Tu m’as vu sous l’ombre du figuier et tu as lu dans mon cœur. Que vois-tu maintenant, et où me vois-tu ? Rassure un pauvre vieillard qui craint de ne pas avoir la force et le temps pour devenir ce que tu veux qu’il soit. »

Barthélemy est très ému.

« Toi aussi, ne crains rien. J’ai dit, à ce moment-là : “ Voici un vrai israélite en qui il n’y a pas d’artifice. ” Aujourd’hui, je dis : “ Voilà un vrai chrétien, digne du Christ.’’ Où je te vois ? Sur un trône éternel, vêtu de pourpre. Je serai toujours avec toi. »

Vient le tour de Jude. Quand il voit Jésus à ses pieds, il ne sait pas se contenir, il penche la tête sur son bras appuyé à la table, et il pleure.

« Ne pleure pas, mon doux frère. Tu es maintenant comme quelqu’un qui doit supporter qu’on lui enlève un nerf, et tu penses que c’est au-delà de tes forces. Mais cette souffrance sera brève. Puis… tu seras heureux parce que tu m’aimes. Tu t’appelles Jude, et tu es comme notre grand Judas[7] : un géant. Tu es celui qui protège. Tu agis comme le lion, et le lionceau qui rugit. Tu débusqueras les impies, qui reculeront devant toi, et les gens iniques seront terrifiés. Moi, je sais. Sois courageux. Une éternelle union resserrera et rendra parfaite notre famille au Ciel. »

Il le baise lui aussi sur le front, comme il l’a fait à son frère.

« Je suis pécheur, Maître. Pas à moi…

– Tu étais pécheur, Matthieu. Maintenant tu es l’Apôtre. Tu es une de mes “ voix. ” Je te bénis. Que de chemin ces pieds ont fait pour avancer sans cesse vers Dieu… L’âme les encourageait, et ils ont quitté tout chemin qui ne soit pas le mien. Avance. Sais-tu où se termine le sentier ? Sur le sein du Père, qui est le mien et le tien. »

Jésus a fini. Il enlève le linge, se lave les mains dans de l’eau propre, remet son vêtement, retourne à sa place, et dit en s’asseyant :

« Maintenant vous êtes purs, mais pas tous : seulement ceux qui ont eu la volonté de l’être. »

Il regarde fixement Judas, qui fait mine de ne pas entendre, et feint d’être occupé à expliquer à son compagnon Matthieu comment son père s’est décidé à l’envoyer à Jérusalem… conversation inutile dont le seul but est de donner une contenance à Judas qui, malgré son audace, doit se sentir mal à l’aise.

600.12

Pour la troisième fois, Jésus verse du vin dans la coupe commune. Il boit, fait boire. Puis il entonne un psaume, que les autres reprennent en chœur :

« J’aime parce que le Seigneur entend le cri de ma prière, parce qu’il tend l’oreille vers moi. Je l’invoquerai toute ma vie. Les lacets de la mort m’enserraient », etc. (Il me semble que c’est le Psaume 114[8]).

Après un temps de pause, il poursuit :

« Je crois, c’est pourquoi j’ai parlé. Mais j’ai été fortement humilié. Et je disais dans mon trouble : “ Tout homme n’est que mensonge. ” »

Il regarde fixement Judas.

La voix de mon Jésus, fatiguée ce soir, retrouve de la force quand il s’écrie :

« Elle coûte aux yeux du Seigneur, la mort de ses amis » et « Tu as brisé mes chaînes. Je t’offrirai le sacrifice d’action de grâces en invoquant le nom du Seigneur », etc. (Psaume 115).

Un autre bref arrêt dans le chant, puis il reprend :

« Louez le Seigneur, tous les peuples ; fêtez-le, tous les pays. Son amour envers nous s’est montré le plus fort ; éternelle est la fidélité du Seigneur ! »

Après encore une pause, un long hymne s’élève :

« Rendez grâce au Seigneur, car il est bon, car éternel est son amour. »

Judas chante tellement faux que, par deux fois, de sa voix puissante de baryton, Thomas lui redonne la note et le regarde avec insistance. Les autres aussi l’observent, car généralement il est bien dans le ton ; j’ai d’ailleurs compris qu’il en est fier, comme du reste. Mais ce soir ! Certaines phrases, surtout quand elles sont soulignées par des regards de Jésus, le troublent au point qu’il chante faux. L’une d’elles dit : “ Mieux vaut mettre sa confiance en Dieu que se fier en l’homme. ” Une autre : “ On m’a poussé pour m’abattre et j’allais tomber, mais le Seigneur m’est venu en aide. ” Ou encore : “ Non, je ne mourrai pas, je vivrai et je publierai les œuvres du Seigneur. ” Et enfin ces deux, que je dis maintenant, étranglent la voix du traître dans sa gorge : “ La pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle ” et “ Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! ”

Le psaume fini, pendant que Jésus découpe des tranches dans l’agneau et les présente, Matthieu demande à Judas :

« Tu te sens mal ?

– Non. Laisse-moi tranquille. Ne t’occupe pas de moi. »

Matthieu hausse les épaules.

Jean, qui a entendu, intervient :

« Le Maître n’est pas bien, lui non plus. Qu’as-tu, mon Jésus ? Ta voix est faible comme celle d’un malade ou d’un homme qui a beaucoup pleuré. »

Et il l’étreint en gardant la tête appuyée sur la poitrine de Jésus.

« Simplement, il a beaucoup parlé, et moi j’ai beaucoup marché et j’ai pris froid » lance Judas nerveusement.

Sans lui répondre, Jésus s’adresse à Jean :

« Tu me connais désormais… et tu sais ce qui me fatigue… »

600.13

L’agneau est presque consommé. Jésus, qui a très peu mangé et n’a bu qu’une gorgée de vin à chaque coupe, mais beaucoup d’eau, comme s’il était fiévreux, reprend la parole :

« Je veux que vous compreniez mon geste de tout à l’heure. Je vous ai dit que le premier est comme le dernier, et que je vous donnerai une nourriture qui n’est pas corporelle. C’est une nourriture d’humilité que je vous ai donnée, pour votre âme. Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien, car je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, vous devez le faire l’un pour l’autre. Je vous ai donné l’exemple afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait.

En vérité je vous le dis, le serviteur n’est pas plus grand que son Maître, ni l’apôtre plus grand que celui qui l’a appelé. Cherchez à comprendre ces images ; bienheureux serez-vous si vous les mettez en pratique. Mais vous ne serez pas tous bienheureux. Je vous connais. Je sais qui j’ai choisi. Je ne parle pas de tous de la même manière, mais je dis ce qui est vrai. D’autre part, il faut que s’accomplisse ce qui est écrit[9] à mon sujet : “ Celui qui a mangé le pain avec moi, a levé contre moi son talon. ” Je vous dis tout avant que cela n’arrive, afin que vous n’ayez pas de doutes sur moi. Quand tout sera accompli, vous croirez encore davantage que Je suis. Celui qui m’accueille, accueille Celui qui m’a envoyé : le Père Saint qui est dans les Cieux, et celui qui accueillera ceux que je lui aurai envoyés, m’accueillera moi-même. Car je suis avec le Père, et vous êtes avec moi… A présent, accomplissons le rite. »

Il verse de nouveau du vin dans la coupe commune et, avant d’en boire et d’en faire boire, il se lève. Tous se lèvent avec lui, et il chante de nouveau l’un des psaumes d’auparavant : “ Je crois, c’est pourquoi j’ai parlé… ”, puis un autre qui n’en finit pas. Il est beau… mais vraiment interminable ! Je pense le retrouver, si je revois le commencement et la longueur, dans le psaume 118. Ils le chantent comme ceci : une partie ensemble, puis à tour de rôle chacun dit un verset et les autres un morceau ensemble, et ainsi de suite jusqu’au bout. Je suppose qu’à la fin, ils doivent avoir soif !

600.14

Jésus s’assied, il ne s’allonge pas. Il reste assis, comme nous, et il dit :

« Maintenant que l’ancien rite est accompli, je vais célébrer le nouveau. Je vous ai promis un miracle d’amour. Le moment est venu. C’est pour cela que j’ai désiré cette Pâque. Dorénavant, voilà l’Hostie qui sera consommée en un perpétuel rite d’amour. Je vous ai aimés pour toute la vie de la terre, mes chers amis. Je vous ai aimés pour toute l’éternité, mes fils. Et je veux vous aimer indéfiniment. Il n’y a rien de plus grand. Souvenez-vous-en. Je m’en vais, mais nous resterons unis pour toujours grâce au miracle que je m’apprête à faire. »

Jésus prend un pain encore entier, le pose sur la coupe pleine. Il bénit et offre l’un et l’autre, puis il partage le pain, en fait treize morceaux et en donne un à chacun des apôtres, en disant :

« Prenez et mangez. Ceci est mon corps. Faites ceci en mémoire de moi, car je m’en vais. »

Puis il tend la coupe et dit :

« Prenez et buvez. Ceci est mon sang. Ceci est le calice de la nouvelle alliance dans le sang et par mon sang qui sera répandu pour vous en rémission de vos péchés et pour vous donner la vie. Faites ceci en mémoire de moi. »

Jésus est extrêmement triste. Tout sourire, toute trace de lumière, de couleur l’ont quitté. Il a déjà un visage d’agonie. Les apôtres le regardent anxieusement.

600.15

Puis il se lève en disant :

« Ne bougez pas, je reviens tout de suite. »

Il prend le treizième morceau de pain et la coupe, et sort du Cénacle.

« Il va trouver sa Mère » murmure Jean.

Et Jude soupire :

« Pauvre femme ! »

Pierre demande tout bas :

« Tu crois qu’elle sait ?

– Elle sait tout. Elle a toujours tout su. »

Ils chuchotent tous comme devant un mort.

« Croyez-vous donc que, vraiment… demande Thomas, qui ne veut pas encore y croire.

– Tu en doutes ? C’est son heure, répond Jacques, fils de Zébédée.

– Que Dieu nous donne la force de rester fidèles, soupire Simon le Zélote.

– Oh ! moi… » commence Pierre.

Mais Jean, qui est aux aguets, murmure :

« Chut ! Le voici. »

Jésus rentre. Il a dans les mains la coupe vide. C’est à peine s’il reste, au fond, une trace de vin et, sous la lumière du lampadaire, elle ressemble vraiment à du sang.

Judas, qui a la coupe devant lui, la regarde, comme fasciné, puis il détourne les yeux. Jésus l’observe, et il a un frisson que ressent Jean, appuyé comme il l’est sur sa poitrine.

« Dis-moi, mais tu trembles ! s’écrie-t-il.

– Non. Je ne tremble pas de fièvre…

600.16

Je vous ai tout dit et je vous ai tout donné. Je ne pouvais vous donner davantage. C’est moi-même que je vous ai donné. »

Il a son doux geste des mains qui, jointes au-début, se séparent et s’écartent tandis qu’il baisse la tête comme pour dire : “ Excusez-moi si je ne puis davantage. C’est ainsi. ”

« Je vous ai tout dit, et je vous ai tout donné. Je le répète, le nouveau rite est accompli. Faites ceci en mémoire de moi. Je vous ai lavé les pieds pour vous apprendre à être humbles et purs comme votre Maître. Car je vous dis qu’en vérité les disciples doivent être comme leur Maître. Souvenez-vous-en bien. Même quand vous serez haut placés, souvenez-vous-en. Le disciple n’est pas plus grand que son Maître. De même que je vous ai lavé les pieds, faites-le entre vous. En d’autres termes, aimez-vous comme des frères, en vous aidant et en vous vénérant mutuellement, et en étant un exemple les uns pour les autres.

Et soyez purs, pour être dignes de manger le Pain vivant descendu du Ciel et pour avoir en vous et par lui la force d’être mes disciples, dans un monde ennemi qui vous haïra à cause de mon nom. Mais l’un de vous n’est pas pur. L’un de vous me trahira. Mon esprit en est fortement troublé… La main de celui qui me trahit est avec moi sur cette table, et ni mon amour, ni mon corps, ni mon sang, ni ma parole ne le font se raviser et se repentir. Je lui aurais pardonné, en allant à la rencontre de la mort pour lui aussi. »

Terrifiés, les disciples se regardent. Ils se scrutent, se suspectant l’un l’autre. Pierre fixe Judas, tous ses doutes sont réveillés. Jude se lève brusquement pour dévisager Judas au-dessus de Matthieu.

Mais Judas montre une telle assurance ! A son tour, il observe attentivement Matthieu comme s’il le suspectait, puis il regarde Jésus et sourit en demandant:

« Serait-ce moi ? »

Il paraît être le plus sûr de son honnêteté. Il me semble qu’il dit cela pour ne pas laisser tomber la conversation.

Jésus réitère son geste en disant :

« Tu le dis, Judas, fils de Simon. Ce n’est pas moi, c’est toi qui le dis. Je ne t’ai pas nommé. Pourquoi t’accuses-tu ? Interroge ton conseiller intérieur, ta conscience d’homme, la conscience que Dieu le Père t’a donnée pour te conduire en homme, et vois si elle t’accuse. Tu le sauras avant tous les autres. Mais si elle te rassure, pourquoi parler, et pourquoi y penser ? En parler ou y penser est anathème, même pour plaisanter. »

Jésus s’exprime tranquillement. Il semble soutenir la thèse proposée comme peut le faire un savant à ses élèves. L’émoi est grand, mais le calme de Jésus l’apaise.

600.17

Cependant, Pierre, qui soupçonne le plus Judas — peut-être Jude aussi, mais il paraît moins suspicieux, désarmé comme il l’est par la désinvolture de Judas —, tire Jean par la manche. Quand Jean, qui s’est tout serré contre Jésus en entendant parler de trahison, se retourne, il lui murmure:

« Demande-lui qui c’est. »

Jean reprend sa position et lève seulement la tête comme pour embrasser Jésus, et en même temps il lui murmure à l’oreille :

« Maître, qui est-ce ? »

Et Jésus, très doucement, en lui rendant le baiser dans les cheveux :

« Celui à qui je vais donner un morceau de pain trempé. »

Il prend alors un pain encore entier, pas le reste de celui qui a servi pour l’Eucharistie, en détache une grosse bouchée, la trempe dans la sauce de l’agneau dans le plateau, étend le bras par dessus la table, et dit:

« Prends, Judas. Tu aimes cela.

– Merci, Maître. Oui, j’aime cela. »

Ne sachant pas ce qu’est cette bouchée, il mange à pleines dents le pain accusateur, tandis que Jean, horrifié, va jusqu’à fermer les yeux pour ne pas voir l’horrible rire de Judas.

« Bon ! Va, maintenant que je t’ai fait plaisir » dit Jésus à Judas. « Tout est accompli, ici (il souligne fortement ce mot). Ce qu’il te reste à faire ailleurs, fais-le vite, Judas, fils de Simon.

– Je t’obéis aussitôt, Maître. Je te rejoindrai plus tard, à Gethsémani. C’est bien là que tu vas, comme toujours, n’est-ce pas ?

– J’y vais… comme toujours… oui.

– Qu’est-ce qu’il doit faire ? » demande Pierre. « Il part seul ?

– Je ne suis pas un enfant, plaisante Judas tout en mettant son manteau.

– Laisse-le aller. Lui et moi savons ce qu’il doit faire, répond Jésus.

– Bien, Maître. »

Pierre se tait. Peut-être pense-t-il avoir péché en soupçonnant son compagnon. La main sur le front, il réfléchit.

Jésus serre Jean sur son cœur et se tourne pour lui murmurer dans les cheveux :

« Ne dis rien à Pierre pour le moment. Ce serait un scandale inutile.

– Adieu, Maître. Adieu, mes amis. »

Judas salue.

« Adieu » dit Jésus.

Et Pierre :

« Je te salue, mon garçon. »

Jean, la tête posée presque sur le cœur de Jésus, murmure :

« Satan ! »

Jésus seul l’entend, et il soupire.

A ce moment, tout s’arrête, mais Jésus explique :

« Je suspends cette vision par pitié pour toi. Je te montrerai la fin de la Cène à un autre moment. »

600.18

(La vision de la Cène reprend)

Il y a quelques minutes de silence absolu. Jésus, la tête penchée, caresse machinalement les cheveux blonds de Jean.

Puis il se secoue, lève la tête, tourne les yeux, a un sourire qui réconforte les disciples. Il déclare :

« Levons-nous de table et asseyons-nous tous les uns près des autres, comme des fils autour de leur père. »

Ils prennent les lits-sièges qui étaient derrière la table (ceux de Jésus, Jean, Jacques, Pierre, Simon, André et de Jacques, le cousin de Jésus) et ils les portent de l’autre côté.

Jésus prend place sur le sien, toujours entre Jacques et Jean. Mais quand il voit qu’André s’apprête à s’asseoir à la place laissée par Judas, il s’écrie :

« Non, pas là ! »

C’est un cri impulsif que son extrême prudence ne parvient pas à retenir. Puis il se reprend :

« Nous n’avons pas besoin de tant de place. En restant assis, on peut tenir sur ces seuls sièges. Ils suffisent. Je vous veux très proches de moi. »

Par rapport à la table, ils sont maintenant placés comme suit[10] :

Autrement dit, ils sont assis en U. Jésus est au centre et a devant lui la table — débarassée de nourriture désormais —, et la place de Judas

Jacques, fils de Zébédée, appelle Pierre :

« Mets-toi ici. Moi, je m’assieds sur ce petit tabouret, aux pieds de Jésus.

– Que Dieu te bénisse, Jacques ! J’en avais tellement envie ! » dit Pierre,

Et il se presse contre son Maître, qui est ainsi serré de près par Jean et Pierre, avec Jacques à ses pieds.

Jésus sourit :

« Je vois que mes paroles de tout à l’heure commencent à opérer : les bons frères s’aiment. Moi aussi, je te dis, Jacques : “ Que Dieu te bénisse. ” Même ce geste, l’Eternel ne l’oubliera pas, et tu le trouveras là-haut.

600.19

Moi, je puis tout ce que je demande. Vous l’avez vu. Il m’a suffi d’un désir pour que le Père accorde au Fils de se donner en nourriture à l’homme. Avec ce qui vient d’arriver, le Fils de l’homme a été glorifié, car pouvoir opérer un tel miracle — qui n’est possible qu’aux amis de Dieu — est un témoignage. Plus grand est le miracle, plus sûre et plus profonde est cette amitié divine. C’est un miracle qui, par sa forme, sa durée et sa nature, par son étendue et les limites qu’il atteint, est le plus fort qui puisse exister. Je vous le dis : il est si puissant, surnaturel, inconcevable pour l’homme orgueilleux, que bien peu le comprendront comme il doit être compris, et que beaucoup le négligeront. Que dirai-je alors ? Qu’ils doivent être condamnés ? Non. Bien plutôt : pitié pour eux !

Mais plus grand est le miracle, plus grande est la gloire qui en revient à son auteur. C’est Dieu lui-même qui dit : “ Mon bien-aimé l’a voulu, il l’a obtenu, et c’est moi qui le lui ai accordé, parce qu’il possède une grande grâce à mes yeux. ” Il dit encore ici : “ Il a une grâce infinie, comme est infini le miracle qu’il a accompli. ” La gloire que Dieu rend à l’auteur du miracle est égale à la gloire que son auteur rend au Père. Car toute gloire spirituelle, venant de Dieu, remonte à sa source. Et la gloire de Dieu, bien qu’elle soit infinie, s’accroît toujours plus et brille par la gloire de ses saints. C’est pourquoi je vous dis : de même que le Fils de l’homme a été glorifié par Dieu, Dieu a été glorifié par le Fils de l’homme. J’ai glorifié Dieu en moi-même. A son tour, Dieu glorifiera son Fils en lui… et dans bien peu de temps !

600.20

Exulte, toi qui reviens à ton Siège, ô essence spirituelle de la seconde Personne ! Exulte, ô chair qui vas remonter après un si long exil dans la fange ! Et ce n’est pas le paradis d’Adam, mais le Paradis sublime du Père qui va t’être donné pour demeure. S’il a été dit[11] que, sous l’effet de la stupéfaction devant un commandement de Dieu transmis par la bouche d’un homme, le soleil s’est arrêté, que n’arrivera-t-il pas aux astres quand ils verront le prodige de la chair de l’Homme monter prendre place à la droite du Père dans sa perfection de matière glorifiée ?

Mes petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je reste avec vous. Vous me chercherez comme des orphelins leur père mort. En larmes, vous marcherez en parlant de lui ; vous frapperez en vain à son tombeau muet, vous frapperez aux portes azur du Ciel, de toute votre âme lancée dans une suppliante recherche d’amour. Et vous direz : “ Où est notre Jésus ? Nous voulons le retrouver. Sans lui, il n’est plus de lumière dans le monde, ni de joie, ni d’amour. Rendez-le-nous, ou bien laissez-nous entrer. Nous voulons être là où il se trouve. ” Mais, pour le moment, vous ne pouvez venir où je vais. Ce que j’ai dit aux juifs[12] : “ Vous me chercherez, mais là où je vais, vous ne pouvez venir ”, à vous aussi je le dis maintenant.

600.21

Pensez à ma Mère… Elle non plus ne pourra venir là où je vais. Pourtant, j’ai quitté le Père pour venir à elle et devenir Jésus dans son sein sans tache. Pourtant, c’est de l’Inviolée que je suis venu dans l’extase lumineuse de ma nativité ; et c’est de son amour, devenu lait, que je me suis nourri ; je suis fait de pureté et d’amour, car Marie m’a nourri de sa virginité, fécondée par l’Amour parfait qui vit au Ciel. Pourtant, c’est grâce à elle que j’ai grandi, en lui coûtant fatigues et larmes… Quoi qu’il en soit, je lui demande un héroïsme tel que jamais il n’en fut, et auprès duquel celui de Judith et de Yaël apparaît comme le courage de bonnes femmes se disputant avec leur rivale près de la fontaine de leur village. Pourtant, nul ne saurait l’égaler quand il s’agit de m’aimer. Et, malgré cela, je la quitte et je pars là où elle ne viendra que beaucoup plus tard. Je n’adresse pas à ma Mère le commandement que je vous laisse : “ Sanctifiez-vous année après année, mois après mois, jour après jour, heure après heure, pour pouvoir venir à moi quand votre heure viendra ” : d’ores et déjà, elle est toute grâce et toute sainteté. Elle est la créature qui a tout eu et qui a tout donné. Il n’y a rien à ajouter ni à enlever. Elle est le très saint témoignage de ce que peut Dieu.

600.22

Mais, pour être certain que vous avez en vous la capacité de me rejoindre, et d’oublier la douleur du deuil de la séparation de votre Jésus, je vous donne un commandement nouveau : que vous vous aimiez les uns les autres. Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. C’est ainsi que l’on saura que vous êtes mes disciples. Quand un père a de nombreux enfants, à quoi reconnaît-on qu’ils le sont ? C’est moins l’aspect physique qui le montre — car il y a des hommes qui ressemblent à un autre homme avec lequel ils n’ont aucun lien commun de sang ou de nation —, que leur amour commun pour leur famille, pour leur père, et entre eux. Après la mort du père, une bonne famille ne se désagrège pas : c’est le même sang — provenant de la semence du père — qui coule dans les veines de tous, et cela tisse des liens que la mort elle-même ne dénoue pas, parce que l’amour est plus fort que la mort. Or, si vous vous aimez même après mon départ, tous reconnaîtront que vous êtes mes fils et par conséquent mes disciples, et que vous êtes frères, ayant eu un seul père.

600.23

– Seigneur Jésus, où vas-tu ? demande Pierre.

– Là où je vais, tu ne peux me suivre pour le moment. Plus tard, tu me suivras.

– Pourquoi pas dès maintenant ? Je t’ai toujours suivi depuis que tu m’as dit : “ Suis-moi. ” J’ai tout abandonné sans regret… Or, si tu t’en allais sans ton pauvre Simon, en me laissant sans toi, mon Tout, alors que pour toi j’ai quitté le peu de bien que je possédais, ce ne serait ni juste ni beau de ta part. Tu vas à la mort ? C’est bien. Je viens moi aussi. Partons ensemble dans l’autre monde. Mais auparavant, je t’aurai défendu. Je suis prêt à donner ma vie pour toi.

– Tu donnerais ta vie pour moi ? Maintenant ? Non, pas maintenant. En vérité, je te l’affirme : le coq ne chantera pas que tu ne m’aies renié trois fois. Nous en sommes encore à la première veille. Puis viendra la seconde… et puis la troisième. Avant que résonne le chant du coq, tu auras par trois fois renié ton Seigneur.

– Impossible, Maître ! Je crois à tout ce que tu dis, mais pas à cela. Je suis sûr de moi.

– Tu en es sûr pour l’instant, parce que tu m’as encore. Tu as Dieu avec toi. D’ici peu, le Dieu incarné sera pris, et vous ne l’aurez plus. Et Satan, après vous avoir déjà appesantis — ton assurance elle-même est une ruse de Satan, un poids pour t’appesantir —, vous effraiera. Il vous insinuera : “ Dieu n’existe pas. Moi, j’existe. ” Et malgré l’aveuglement de votre esprit causé par l’épouvante, vous raisonnerez encore, et vous comprendrez que, lorsque Satan est le maître du moment, le Bien est mort et le Mal est à l’œuvre, l’esprit est abattu et l’humain triomphe. Alors vous resterez comme des guerriers sans chef, poursuivis par l’ennemi ; dans votre frayeur de vaincus, vous courberez l’échine devant le vainqueur et, pour n’être pas tués, vous renierez le héros tombé.

600.24

Mais, je vous en prie, que votre cœur ne se trouble pas. Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi, en dépit des apparences. Que tous croient en ma miséricorde et en celle du Père, celui qui reste comme celui qui prend la fuite, celui qui se tait comme celui qui dira : “ Je ne le connais pas. ” Croyez également en mon pardon. Et sachez que, quels que soient vos actes futurs, dans le bien et dans ma doctrine, dans mon Eglise par conséquent, ils vous vaudront une même place au Ciel.

Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures. S’il n’en était pas ainsi, je vous l’aurais dit. Je pars en avant pour vous préparer une place. Les bons pères n’agissent-ils pas ainsi quand ils doivent emmener leur petite famille ailleurs ? Ils partent à l’avance préparer la maison, le mobilier, les provisions, puis ils viennent chercher leurs enfants les plus chers. C’est par amour qu’ils font cela, pour que rien ne manque aux petits et qu’ils ne souffrent pas dans le nouveau village. J’agis de même, et pour le même motif. Maintenant, je m’en vais. Et quand j’aurai préparé une place pour chacun dans la Jérusalem céleste, je reviendrai vous prendre pour que vous soyez avec moi là où je suis, là où il n’y aura ni mort, ni deuil, ni larmes, ni cris, ni faim, ni douleur, ni ténèbres, ni feu, mais seulement lumière, paix, béatitude et chant.

Oh! chant des Cieux très hauts quand les douze élus siègeront sur les trônes aux côtés des douze patriarches des douze tribus d’Israël… Dressés sur la mer des béatitudes, ils chanteront, dans l’ardeur du feu de l’amour spirituel, le cantique éternel qui aura pour arpège l’éternel alléluia de l’armée angélique…

600.25

Je veux que, là où je serai, vous soyez vous aussi. Et vous savez où je vais, vous en connaissez le chemin.

– Seigneur, nous ne savons rien ! Tu ne nous dis pas où tu vas. Comment donc pouvons-nous connaître le chemin à prendre pour venir vers toi et pour abréger l’attente ? demande Thomas.

– Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Vous me l’avez entendu dire et expliquer plusieurs fois et, en vérité, certains qui ignoraient jusqu’à l’existence d’un Dieu, ont progressé sur ce chemin — sur mon chemin — et ont déjà de l’avance sur vous. Oh ! où es-tu, brebis perdue de Dieu que j’ai ramenée au bercail ? Où es-tu, toi dont l’âme est ressuscitée ?

– De qui parles-tu ? De Marie, sœur de Lazare ? Elle est à côté, avec ta Mère. Tu veux la voir ? Ou bien Jeanne ? Elle est sûrement dans son palais, mais si tu veux, nous allons l’appeler…

– Non. Non, je ne parle pas d’elles… Je pense à celle qui ne sera dévoilée qu’au Ciel… et à Photinaï[13]… Elles m’ont trouvé et n’ont plus quitté mon chemin. A l’une, j’ai indiqué le Père comme vrai Dieu et l’Esprit comme lévite dans cette adoration individuelle. A l’autre, qui ignorait même qu’elle avait une âme, j’ai dit : “ Mon nom est Sauveur. Je sauve celui qui a la volonté d’être sauvé. Je suis celui qui vais à la recherche des égarés pour leur donner la vie, la vérité et la pureté. Qui me cherche me trouve. ” Et toutes deux ont trouvé Dieu… Je vous bénis, Eves faibles devenues plus fortes que Judith… Je viens, je viens là où vous êtes … Vous me consolez… Soyez bénies !

600.26

– Seigneur, montre-nous le Père, et nous serons semblables à elles, demande Philippe.

– Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ? Qui me voit, voit le Père. Comment peux-tu dire : “ Montre-nous le Père ” ? Tu n’arrives pas à croire que je suis dans le Père et que le Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; mais c’est le Père qui demeure en moi, et qui accomplit toutes mes œuvres. Vous ne croyez pas que je suis dans le Père et lui en moi ? Que dois-je dire pour vous faire croire ? Si vous ne croyez pas à mes paroles, croyez au moins à cause des œuvres.

Oui, vraiment, je vous l’affirme : celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi. Il en accomplira même de plus grandes, puisque je pars vers le Père. Tout ce que vous demanderez en invoquant mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous me demandez quelque chose en invoquant mon nom, je le ferai. Mon nom est connu, pour ce qu’il est réellement, de moi seul, du Père qui m’a engendré et de l’Esprit qui procède de notre amour. Et par ce nom tout est possible. Qui pense à mon nom avec amour m’aime, et obtient.

Mais il ne suffit pas de m’aimer. Il faut observer mes commandements pour avoir le véritable amour. Ce sont les œuvres qui témoignent des sentiments et, au nom de cet amour, je prierai le Père, et lui vous donnera un autre Consolateur pour rester à jamais avec vous. C’est l’Esprit de vérité que Satan et le monde ne peuvent atteindre, que le monde ne peut recevoir et ne peut frapper, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas. Il s’en moquera. Mais lui est si élevé que le mépris ne pourra l’atteindre. Infiniment compatissant, il demeurera toujours avec celui qui l’aime, même s’il est pauvre et faible. Vous le connaîtrez, car il demeure déjà avec vous et sera bientôt en vous.

600.27

Je ne vous laisserai pas orphelins. Je vous l’ai déjà dit : “ Je reviendrai à vous. ” Mais je viendrai avant l’heure de venir vous prendre pour aller dans mon Royaume. Je viendrai à vous. Encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus. Mais vous, vous me voyez et vous me verrez, parce que je vis et que vous vivez, parce que je vivrai et que, vous aussi, vous vivrez. Ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous. Car celui qui fait bon accueil à mes commandements et les observe, celui-là m’aime ; or celui qui m’aime sera aimé de mon Père et il possédera Dieu, car Dieu est charité et celui qui aime a Dieu en lui. Et moi aussi je l’aimerai, car en lui je verrai Dieu, et je me manifesterai à lui en lui faisant connaître les secrets de mon amour, de ma sagesse, de ma Divinité incarnée. Tels seront mes retours parmi les fils des hommes, car je les aime, bien qu’ils soient faibles, sinon même ennemis. Mais ceux-ci seront seulement faibles. Je les fortifierai et je leur dirai : “ Lève-toi ! ”, “ Viens dehors ! ”, “ Suis-moi ”, “ Ecoute ”, “ Ecris ”… et vous êtes de ceux-ci.

– Pourquoi, Seigneur, te manifestes-tu à nous et pas au monde ? demande Jude.

– Parce que vous m’aimez et observez mes paroles. Celui qui agira ainsi sera aimé de mon Père, nous viendrons à lui et nous établirons notre demeure chez lui, en lui. En revanche, celui qui ne m’aime pas n’observe pas mes paroles et agit selon la chair et le monde. Maintenant, sachez que ce que je vous ai dit n’est pas parole de Jésus de Nazareth, mais parole du Père, car je suis le Verbe du Père qui m’a envoyé. Je vous ai dit cela en parlant ainsi, avec vous, parce que je veux vous préparer moi-même à la possession complète de la vérité et de la sagesse. Mais vous ne pouvez encore comprendre et vous souvenir. Quand le Consolateur viendra sur vous, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, alors vous pourrez comprendre. Il vous enseignera tout et vous rappellera ce que je vous ai dit.

600.28

Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix. Je vous la donne, non comme la donne le monde, ni même comme je vous l’ai donnée jusqu’à présent : la salutation bénie du Béni à ceux qui sont bénis. Plus profonde est la paix que je vous donne maintenant. Au moment de ces adieux, je me communique moi-même à vous, avec mon Esprit de paix, comme je vous ai communiqué mon corps et mon sang, pour qu’il reste en vous une force dans la bataille imminente. Satan et le monde vont déchaîner la guerre contre votre Jésus. C’est leur heure. Ayez en vous la paix, mon Esprit qui est un esprit de paix, car je suis le Roi de la paix. Gardez-la pour ne pas vous sentir trop abandonnés. Souffrir avec la paix de Dieu en soi permet d’éviter tout blasphème et tout désespoir.

Ne pleurez pas. Vous m’avez entendu dire : “ Je vais au Père, puis je reviendrai. ” Si vous m’aimiez au-delà de la chair, vous vous réjouiriez, car je vais au Père après un si long exil… Je vais vers celui qui est plus grand que moi et qui m’aime. Je vous le dis maintenant, avant l’événement, comme je vous ai annoncé toutes les souffrances du Rédempteur avant d’aller vers elles afin que, lorsque tout sera accompli, vous croyiez toujours plus en moi. Ne vous troublez pas ainsi ! Ne vous effrayez pas. Votre cœur a besoin d’équilibre…

600.29

Je n’ai plus beaucoup à m’entretenir avec vous… et j’ai encore tant à dire ! Arrivé au terme de mon évangélisation, il me semble n’avoir encore rien dit, et il reste tant à faire ! Votre état augmente cette sensation. Que dirai-je, alors ? Que j’ai manqué à mon devoir ? Ou que vous êtes si durs de cœur que cela n’a servi à rien ? Vais-je douter ? Non. Je me fie à Dieu et je vous confie à lui, vous, mes bien-aimés. C’est lui qui accomplira l’œuvre de son Verbe. Je ne suis pas un père qui meurt et n’a d’autre lumière que l’humaine. Moi, j’espère en Dieu. Je m’avance donc vers mon sort sereinement, malgré mon envie pressante de vous donner les conseils dont je me rends compte que vous avez besoin… mais je vois fuir le temps. Je sais que sur les semences tombées en vous, une rosée va descendre qui les fera toutes germer ; puis viendra le soleil du Paraclet, et elles deviendront un arbre puissant. Le prince de ce monde vient, et je n’ai rien à faire avec lui. D’ailleurs, si ce n’avait été dans un but de rédemption, il n’aurait rien pu sur moi. Mais cela arrive afin que le monde sache que j’aime le Père, que je l’aime jusqu’à l’obéissance qui me soumet à la mort, et que j’agis comme il me l’a ordonné.

600.30

C’est l’heure de partir. Levez-vous, et écoutez mes ultimes paroles.

Je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui ne porte pas de fruit, il le retranche ; tout sarment qui donne du fruit, il l’émonde, pour qu’il en donne davantage. Vous êtes déjà purifiés, grâce à ma parole. Demeurez en moi, et moi en vous pour le rester. De même que le sarment coupé de la vigne ne peut donner du fruit, ainsi vous non plus, si vous ne demeurez en moi. Je suis la vigne, et vous les sarments. Celui qui reste uni à moi porte beaucoup de fruit. Mais si l’un se détache, il devient un rameau sec que l’on jette au feu et que l’on brûle : car si vous ne m’êtes pas uni, vous ne pouvez rien faire. Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez, et vous l’obtiendrez. Ce qui glorifie mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit, et qu’ainsi vous deveniez mes disciples.

600.31

Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour, qui sauve. Si vous m’aimez, vous serez obéissants, et l’obéissance fait croître l’amour réciproque. Ne dites pas que je me répète. Je connais votre faiblesse, et je veux que vous soyez sauvés. Je vous ai dit cela afin que la joie que j’ai voulu vous donner soit en vous et soit parfaite. Aimez-vous, aimez-vous ! C’est mon commandement nouveau. Aimez-vous les uns les autres plus que chacun de vous ne s’aime lui-même. Il n’est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis et moi, je donne ma vie pour vous. Faites ce que je vous enseigne et commande.

Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître, alors que vous, vous savez ce que je fais. Vous savez tout de moi. Je vous ai manifesté non seulement moi-même, mais aussi le Père et le Paraclet, et tout ce que j’ai entendu de Dieu.

Ce n’est pas vous qui vous êtes choisis. C’est moi qui vous ai choisis, et je vous ai élus afin que vous alliez parmi les peuples, que vous portiez du fruit en vous et dans le cœur des personnes qui seront évangélisées, et que votre fruit demeure. Et tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera.

600.32

Ne dites pas : “ Si tu nous as choisis, pourquoi avoir aussi choisi un traître ? Si tu connais tout, pourquoi avoir fait cela ? ” Ne vous demandez pas non plus qui est cet homme. Ce n’est pas un homme, c’est Satan. Je l’ai dit à mon ami fidèle, et je l’ai laissé dire par mon enfant bien-aimé. C’est Satan. Si Satan, l’éternel singe de Dieu, ne s’était pas incarné en une chair mortelle, ce possédé n’aurait pu se soustraire à mon pouvoir de Jésus. J’ai dit : “ possédé ”, mais non, il est bien davantage. Il est anéanti en Satan.

– Pourquoi, toi qui as chassé les démons, ne l’as-tu pas délivré ? demande Jacques, fils d’Alphée.

– Demandes-tu cela par amour pour toi, par peur de l’être ? Ne crains rien.

– Moi alors ?

– Moi ?

– Moi ?

– Taisez-vous. Je ne révèlerai pas ce nom. Je fais preuve de miséricorde. Faites-en autant.

– Mais pourquoi ne l’as-tu pas vaincu ? Tu ne le pouvais pas ?

– Si, je le pouvais. Mais pour empêcher Satan de s’incarner pour me tuer, j’aurais dû exterminer l’espèce humaine avant la Rédemption. Qu’aurais-je racheté, dans ce cas ?

– Dis-le-moi, Seigneur, dis-le-moi ! »

Pierre s’est laissé glisser à genoux, et il secoue frénétiquement Jésus, comme s’il était en proie au délire.

« Est-ce moi ? Est-ce moi ? Je m’examine… Il ne me semble pas. Mais… tu as dit que je te renierai… Et j’en tremble… Quelle horreur si c’était moi !…

– Non, Simon, fils de Jonas, pas toi.

– Pourquoi m’as-tu enlevé mon nom de “ Pierre ” ? Je suis donc redevenu Simon ? Tu vois ? Tu le dis toi-même ! C’est moi ! Mais comment ai-je pu ? Dites-le… dites-le, vous… Quand ai-je pu devenir traître ?… Simon ?… Jean ?… Mais parlez !

– Pierre, Pierre, Pierre ! Je t’appelle Simon parce que je pense à notre première rencontre, lorsque tu étais Simon. Et je pense combien tu as toujours été loyal dès le premier moment. Ce n’est pas toi. C’est moi qui te l’affirme, or je suis la Vérité.

– Qui, alors ?

– Mais c’est Judas ! Tu ne l’as pas encore compris ? crie Jude, qui n’arrive plus à se contenir.

– Pourquoi ne pas me l’avoir dit plus tôt ? Pourquoi ? crie aussi Pierre.

– Silence ! C’est Satan. Il n’a pas d’autre nom. Où vas-tu, Pierre ?

– Le chercher.

– Dépose immédiatement ce manteau et cette arme. Ou bien devrais-je te chasser et te maudire ?

– Non, non ! Oh ! mon Seigneur ! Mais moi… mais moi… Je suis peut-être malade de délire, moi ? Oh ! »

Pierre se jette à terre aux pieds de Jésus et pleure.

600.33

– Ce que je vous commande, c’est de vous aimer et de pardonner. Avez-vous compris ? Si le monde connaît la haine, n’ayez en vous que de l’amour. Pour tous. Combien de traîtres trouverez-vous sur votre route ! Mais vous ne devez pas haïr et rendre le mal pour le mal. Autrement, le Père ne vous pardonnera pas. J’ai été haï et trahi avant vous. Et pourtant, vous le voyez, je ne hais personne. Le monde ne peut aimer ce qui n’est pas comme lui. Il ne vous aimera donc pas. Si vous lui apparteniez, il vous aimerait ; mais vous n’êtes pas du monde, car je vous ai pris du milieu du monde, et c’est pour cela que vous êtes détestés.

Je vous ai dit : le serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront vous aussi. S’ils m’ont écouté, ils vous écouteront vous aussi. Mais ils feront tout à cause de mon nom, parce qu’ils ne connaissent pas, ne veulent pas connaître Celui qui m’a envoyé. Si je n’étais pas venu et ne leur avais pas parlé, ils ne seraient pas coupables, mais maintenant leur péché est sans excuse. Ils ont vu mes œuvres, entendu mes paroles, et pourtant ils m’ont haï, et avec moi le Père, parce que le Père et moi, nous sommes une seule Unité avec l’Amour. Mais il était écrit[14] :

“ Tu m’as haï sans raison. ” Cependant, quand viendra le Consolateur, l’Esprit de vérité qui procède du Père, ce sera lui qui rendra témoignage en ma faveur, et vous aussi, vous me rendrez témoignage parce que vous êtes avec moi depuis le commencement.

Je vous dis tout cela pour que, l’heure venue, vous ne succombiez pas et ne vous scandalisiez pas. Le temps va venir où on vous chassera des synagogues et où quiconque vous mettra à mort s’imaginera rendre un culte à Dieu. Ceux-là n’ont connu ni le Père ni moi. C’est là leur excuse. Je ne vous ai pas autant explicité ces vérités auparavant, parce que vous étiez comme des enfants nouveaux-nés. Mais maintenant, votre mère vous quitte. Je m’en vais. Vous devez vous accoutumer à une autre nourriture. Je veux que vous la connaissiez.

600.34

Personne ne me demande plus : “ Où vas-tu ? ” La tristesse vous rend muets. Pourtant, c’est votre intérêt que je m’en aille, sinon le Consolateur ne viendra pas. C’est moi qui vous l’enverrai. A sa venue, par la sagesse et la parole, les œuvres et l’héroïsme qu’il déversera en vous, il convaincra le monde de son péché déicide et de la justice de ma sainteté. Et le monde sera nettement divisé en réprouvés, ennemis de Dieu, et en croyants. Ces derniers seront plus ou moins saints, selon leur volonté. Mais le prince du monde et ses serviteurs seront déjà condamnés. Je ne puis vous en dire davantage, car vous ne pouvez encore comprendre. Mais lui, le divin Paraclet, vous apprendra la vérité tout entière. Il ne parlera pas de son propre chef, mais il dira tout ce qu’il aura entendu de l’Esprit de Dieu, et il vous annoncera l’avenir. Il reprendra ce qui vient de moi, c’est-à-dire ce qui encore appartient au Père, pour vous le faire connaître.

Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus. Puis encore un peu, et vous me reverrez.

600.35

Vous murmurez entre vous et dans votre cœur. Ecoutez une parabole, la dernière de votre Maître.

Quand une femme a conçu et arrive à l’heure de l’enfantement, elle est dans une grande affliction, car elle souffre et gémit. Mais une fois que son bébé est né et qu’elle le serre sur son cœur, toute peine cesse, et sa douleur se change en joie parce qu’un homme est venu au monde.

Vous de même, vous pleurerez et le monde se gaussera de vous. Mais ensuite votre tristesse se changera en joie, une joie que le monde ne connaîtra jamais. Vous êtes maintenant dans la tristesse, mais quand vous me reverrez, votre cœur se réjouira et personne ne pourra vous ravir votre joie. Elle sera si grande qu’elle estompera tout besoin de demander, que ce soit pour l’esprit, pour le cœur ou pour la chair. Vous vous repaîtrez seulement de ma vue, oubliant toute autre chose. Dès lors, quoi que vous demandiez au Père en mon nom, il vous l’accordera, afin que votre joie soit parfaite. Demandez, et vous recevrez.

L’heure vient où je pourrai vous entretenir ouvertement du Père. Ce sera parce que vous aurez été fidèles dans l’épreuve et que tout sera surmonté. Votre amour sera parfait, car il vous aura donné la force dans l’épreuve. Et ce qui vous manquera, je vous l’ajouterai en puisant dans mon immense trésor. Je dirai au Père : “ Tu le vois : ils m’ont aimé et ils ont cru que je suis venu de toi. ” Je suis descendu dans le monde ; maintenant, je le quitte, je vais vers le Père, et je prierai pour vous.

600.36

–Ah ! maintenant, tu t’expliques. Maintenant, nous savons ce que tu veux dire et que tu connais tout, et que tu n’as pas besoin qu’on t’interroge pour répondre. Vraiment, tu viens de Dieu !

–Vous croyez à présent ? A la dernière heure? Cela fait trois ans que je vous parle ! Mais déjà opèrent en vous le Pain, qui est Dieu, et le Vin, qui est Sang, qui n’est pas venu de l’homme et vous donne le premier frisson de la déification. Vous deviendrez des dieux si vous persévérez dans mon amour et dans ma possession. Non pas comme Satan l’a dit à Adam et Eve, mais comme je vous le dis, moi. C’est le véritable fruit de l’arbre du bien et de la vie. Le mal est vaincu par qui s’en nourrit, et la mort est morte. Qui en mange vivra éternellement et deviendra “ dieu ” dans le Royaume de Dieu. Vous serez des dieux si vous demeurez en moi. Et pourtant … vous avez beau avoir en vous ce Pain et ce Sang, l’heure vient où vous serez dispersés : vous vous en irez chacun de votre côté et vous me laisserez seul… Mais je ne suis pas seul, puisque le Père est avec moi. Père, Père ! Ne m’abandonne pas ! Je vous ai tout dit… pour vous donner la paix, ma paix. Vous serez encore opprimés. Mais ayez foi, j’ai vaincu le monde. »

600.37

Jésus se lève, ouvre les bras en croix et dit avec un visage lumineux la sublime prière au Père. Jean la rapporte intégralement[15].

Les apôtres pleurent plus ou moins ouvertement et bruyamment. Pour finir, ils chantent un hymne.

600.38

Jésus les bénit, puis il ordonne :

« Mettons nos manteaux et partons. André, demande au maître de maison de tout laisser en l’état, c’est ma volonté. Demain… cela vous fera plaisir de revoir ce lieu. »

Jésus le regarde. Il paraît bénir les murs, le mobilier, tout. Puis il prend son manteau et s’éloigne, suivi des disciples. Près de lui se trouve Jean, auquel il s’appuie.

« Tu ne salues pas ta Mère ? lui demande le fils de Zébédée.

– Non, tout est déjà fait. Au contraire, ne faites pas de bruit. »

Simon, qui a allumé une torche à la lampe, éclaire le vaste corridor qui mène à la porte. Pierre ouvre avec précaution le portail, et ils sortent tous sur le chemin, puis, faisant jouer une clé, ils ferment du dehors et se mettent en route.

[Le 17 février 1944]

600.39

Jésus dit :

« De l’épisode de la Cène, en plus de la considération de la charité d’un Dieu qui se fait nourriture pour les hommes, quatre enseignements principaux ressortent.

Premièrement : la nécessité pour tous les enfants de Dieu d’obéir à la Loi.

La Loi prescrivait que l’on devait, pour la Pâque, consommer l’agneau selon le rituel indiqué par le Très-Haut à Moïse. En vrai Fils du vrai Dieu, je ne me suis pas considéré, en raison de ma qualité divine, comme exempt de la Loi. J’étais sur la terre, homme parmi les hommes et Maître des hommes. Je devais donc accomplir mon devoir d’homme envers Dieu comme les autres et mieux qu’eux. Les faveurs divines ne dispensent pas de l’obéissance et de l’effort vers une sainteté toujours plus grande. Si vous comparez la sainteté la plus élevée à la perfection divine, vous la trouvez toujours pleine de défauts, donc vous êtes tenus de tout faire pour les éliminer et atteindre un degré de perfection autant que possible semblable à celui de Dieu.

600.40

Deuxièmement : la puissance de la prière de Marie.

J’étais Dieu fait chair, une chair qui, pour être sans tache, possédait la force spirituelle de maîtriser la chair. Néanmoins je ne refuse pas, j’appelle au contraire l’aide de la Pleine de Grâce qui, même à cette heure d’expiation aurait trouvé, c’est vrai, le Ciel fermé au dessus de sa tête, mais pas au point de ne pas réussir à en détacher un ange — elle-même, la Reine des anges — pour réconforter son Fils. Non pas pour elle, pauvre Maman ! Elle aussi a goûté l’amertume de l’abandon du Père. Mais par sa douleur offerte pour la Rédemption, elle m’a obtenu de pouvoir surmonter l’angoisse du Jardin des Oliviers et de porter à terme la Passion, dans toute sa multiforme âpreté, dont chacune visait à laver une forme et un moyen de péché.

600.41

Troisièmement : seuls peuvent être maîtres d’eux-mêmes et supporter les offenses — cette charité sublime par dessus tout — ceux qui mettent au centre de leur vie la loi de charité, que j’ai proclamée, et non seulement proclamée, mais pratiquée réellement.

Vous ne pouvez imaginer ce qu’a pu être pour moi la présence à ma table de celui qui me trahissait… devoir me donner à lui, m’humilier devant lui, partager avec lui la coupe rituelle, poser mes lèvres là où lui les avait posées et demander à ma Mère d’en faire autant… Vos médecins ont discuté et discutent encore sur la rapidité de ma fin. Ils en voient l’origine dans une lésion cardiaque due aux coups de la flagellation. Oui, à cause de ces coups aussi mon cœur était devenu malade. Mais il l’était déjà depuis la Cène, il était brisé, brisé sous l’effort de devoir subir à côté de moi le traître. C’est à partir de cet instant que j’ai commencé à mourir physiquement. Le reste n’a été qu’une aggravation de l’agonie qui existait déjà.

Tout ce que j’ai pu faire, je l’ai fait, car je n’étais qu’un avec la Charité. Même à l’heure où le Dieu-Charité s’éloignait de moi, j’ai su être charité car, pendant trente-trois ans, j’avais vécu de charité. On ne peut parvenir à une perfection telle que celle qui demande de pardonner et de supporter celui qui nous offense si on n’a pas l’habitude de la charité. Moi, je l’avais, de sorte que j’ai pu pardonner et supporter ce chef-d’œuvre d’offenseur que fut Judas.

600.42

Quatrièmement : le sacrement de l’Eucharistie opère d’autant mieux qu’on est digne de le recevoir : si on s’en est rendu digne par une constante volonté qui brise la chair et rend l’esprit souverain, en vainquant les concupiscences, en pliant l’être aux vertus, en le tendant comme un arc vers la perfection des vertus et surtout de la charité.

Quand quelqu’un aime, il désire le bonheur de l’être aimé. Jean, qui m’aimait comme personne et qui était pur, obtint de ce sacrement le maximum de transformation. Il commença à partir de ce moment à être l’aigle auquel il est familier et facile de s’élever jusqu’aux hauteurs du Ciel de Dieu et de fixer le Soleil éternel. Mais malheur à celui qui reçoit ce sacrement sans en être tout à fait digne, mais qui au contraire a fait croître sa constante indignité humaine par des péchés mortels. Il devient alors un germe, non pas de préservation et de vie, mais de corruption et de mort. Mort spirituelle et putréfaction de la chair, qui en “ crève ”, comme dit Pierre[16] de celle de Judas. Elle ne répand pas le sang, ce liquide toujours vital et à la belle couleur pourpre, mais son intérieur noircit sous l’effet de toutes les passions, telle la pourriture qui se déverse de la chair décomposée comme de la charogne d’un animal immonde, et objet de dégoût pour les passants.

La mort de celui qui profane ce sacrement est toujours la mort d’un désespéré et ne connaît donc pas le tranquille décès propre à la personne en grâce, ni l’héroïque trépas de la victime qui souffre horriblement, mais garde le regard tourné vers le Ciel et l’âme assurée de la paix. La mort du désespéré est marquée de contorsions et de terreurs atroces, c’est une convulsion horrible de l’âme déjà saisie par la main de Satan, qui l’étrangle pour l’arracher à la chair et la suffoque par son souffle nauséabond.

Voilà la différence entre la personne qui passe dans l’autre vie après s’être nourrie de charité, de foi, d’espérance comme de toute autre vertu et doctrine céleste, ainsi que du Pain angélique qui l’accompagne avec ses fruits dans son dernier voyage — c’est encore mieux avec la présence réelle —, et la personne qui décède après une vie de brute avec une mort de brute que la grâce et l’Eucharistie ne réconfortent pas.

La première, c’est la fin sereine du saint à qui la mort ouvre le Royaume éternel. La seconde, c’est la chute effrayante du damné qui se voit précipité dans la mort éternelle, et connaît en un instant ce qu’il a voulu perdre sans plus aucune possibilité d’y remédier. Pour l’un, c’est l’enrichissement, pour l’autre le dépouillement. Pour l’un la béatitude, pour l’autre la terreur.

Voilà ce que vous vous obtenez selon votre foi et votre amour, ou votre incroyance et le mépris de mon don. C’est l’enseignement de cette contemplation. »

600.1

Empieza el sufrimiento del Jueves Santo.

Los apóstoles —son diez— se dedican intensamente a preparar el Cenáculo.

Judas, encaramado encima de la mesa, observa si hay aceite en todas las ampollas de la lámpara, que es grande y parece una corola de fucsia doble. Y es que está formada por una barra —el tallo— rodeada de cinco lámparas en ampollas que asemejan a pétalos; luego tiene una segunda vuelta, más abajo, que es toda una coronita de pequeñas llamas; luego, por último, tiene tres pequeñas lamparitas colgadas de delgadas cadenas y que parecen los pistilos de la flor luminosa.

Luego baja de un salto y ayuda a Andrés a colocar la vajilla en la mesa con arte.

Sobre ésta se ha extendido un finísimo mantel.

Oigo que Andrés dice: «¡Qué espléndido lino!» Y Judas Iscariote: «Uno de los mejores manteles de Lázaro. Marta se ha empeñado en traerlo».

«¿Y estas copas? ¿Y estas jarras, entonces?» observa Tomás, que ha puesto el vino en las preciosas jarras y las mira una y otra vez con ojos de experto, espejándose en sus panzas estilizadas y acariciando sus asas trabajadas con cincel.

«¿Quién sabe lo que costarán, eh!» pregunta Judas Iscariote.

«Está trabajado con martillo. A mi padre le encantarían. La plata y el oro en hojas se pliegan con facilidad cuanto están calientes. Pero tratado así… Para estropearlo basta un momento; es suficiente un golpe mal dado. Se necesitan fuerza y ligereza al mismo tiempo. ¿Ves las asas? Sacadas del bloque, no soldadas. Cosas de ricos… Fíjate que toda la limadura y lo desbastado se pierden. No sé si entiendes lo que te digo».

«¡Claro que entiendo! En pocas palabras, es como uno que hace una escultura».

«Exactamente».

Todos observan con admiración. Luego vuelven a su trabajo: quién coloca los asientos, quién prepara los aparadores.

600.2

Entran juntos Pedro y Simón.

«¡Oh, por fin habéis venido! ¿A dónde habéis ido otra vez? Habéis llegado con el Maestro y con nosotros y os habéis escapado de nuevo» dice Judas Iscariote.

«Una gestión que había que hacer antes de la hora» responde escuetamente Simón.

«¿Sientes melancolías?».

«Creo que con lo que hemos oído durante estos días, y en esos labios que nunca hemos encontrado falaces, hay buenas razones para sentirlas».

«Y con ese tufo de… Bien, cállate, Pedro» masculla Pedro entre dientes.

«¡Tú también?… Me pareces un desquiciado desde hace algunos días. Tienes cara de conejo agreste cuando siente tras sí al chacal» responde Judas Iscariote.

«Y tú tienes morros de garduña. Tú tampoco estás muy guapo desde hace unos días. Miras de una manera… Hasta se te han torcido los ojos… ¿A quién esperas, o qué esperas ver? Pareces seguro. Quieres parecerlo. Pero se te ve como a uno temeroso de algo» replica Pedro.

«¡En cuanto a miedo!… ¡Tampoco tú eres ningún héroe!».

«Ninguno lo somos, Judas. Tú llevas el nombre del Macabeo, pero no lo eres. El mío significa: “Dios otorga gracias”, pero te juro que tiemblo por dentro como quien se supiera portador de desgracia y, sobre todo, tengo miedo de caer en desgracia ante Dios. Simón de Jonás, a pesar de su nuevo nombre de “piedra”, ahora se manifiesta blando como cera en el fuego. Ya no es estable en su voluuntad. ¡Y yo nunca le vi con miedo en medio de desatadas tempestades! Mateo, Bartolmái y Felipe parecen sonámbulos. Mi hermano y Andrés no hacen más que suspirar. Los dos primos, en quienes se une el dolor de la sangre con el del amor al Maestro, pues ya los ves: parecen hombres ya viejos. Tomás ha perdido su jovialidad. Y Simón está tan ajado por el dolor —yo diría: tan corroído, lívido y abatido—, que parece otra vez el leproso consumido de hace tres años» le responde Juan.

600.3

«Sí. Nos ha sugestionado a todos con su melancolía» observa Judas Iscariote.

«Mi primo Jesús, el Maestro y Señor mío y vuestro, está y no está melancólico. Si con esta palabra quieres decir que está triste por el exceso de dolor que todo Israel le está dando — y nosotros vemos este dolor— y por el otro, oculto dolor que sólo Él ve, te digo: “Tienes razón”; pero si usas ese término para decir que está desquiciado, eso te lo prohíbo» dice Santiago de Alfeo.

«¿Y no es demencia una idea fija de melancolía? Yo he estudiado también lo profano, y tengo conocimientos. Jesús ha dado demasiado de sí, y ahora tiene la mente cansada».

«Lo cual significa “demente”. ¿no es verdad?» pregunta el otro primo, Judas, que está aparentemente calmo.

«¡Justamente eso! ¡Había visto con claridad tu padre, justo de santa memoria, a quien tú tanto te pareces en justicia y sabiduría! Jesús —triste destino de una ilustre casa demasiado vieja y que padece senilidad psíquica— ha tenido siempre una tendencia a esta enfermedad. Suave al principio, luego cada vez más agresiva. Tú mismo has visto cómo ha atacado a fariseos y escribas, saduceos y herodianos. Él se ha hecho imposible la vida, como un camino sembrado de esquirlas de cuarzo. Y se las ha sembrado Él solo. Nosotros… le hemos amado tanto, que el amor nos ha puesto un velo delante de nuestros ojos. Pero los que le amaron sin idolatrarlo: tu padre, tu hermano José, y primero Simón, vieron las cosas con equilibrio… Hubiéramos debido abrir los ojos ante sus palabras. Sin embargo, su dulce hechizo de enfermo nos sedujo. Y ahora… ¡En fin!».

Judas Tadeo, que —de la misma altura de Judas Iscariote— está justo frente a él y parece oírle con calma, reacciona violentamente. Con un fuerte revés arroja a Judas, supino, a uno de los asientos, y con una cólera contenida en la voz, inclinándose sobre la cara del cobarde que no reacciona —quizás temiendo que Judas Tadeo esté al corriente de su crimen— le dice con voz penetrante: «¡Esto por la demencia, reptil! Y si no te estrangulo es porque Jesús está allí y es noche de Pascua. ¡Pero piensa, piénsalo bien! Si le ocurre algo malo y ya no está Él para detener mi fuerza, nadie te salva. Es como si ya tuvieras el nudo corredizo en el cuello; y serán estas manos mías honradas y fuertes de artesano galileo y de descendiente del hondero de Goliat, las que te le hagan. ¡Levántate, enervado libertino! Y atento a lo que haces, ¡eh!».

Judas se alza, lívido, sin la más mínima reacción. Y lo que me maravilla es que ninguno reacciona ante este gesto nuevo de Judas Tadeo. Al contrario… está claro que todos lo aprueban.

600.4

Vuelve el ambiente a la normalidad y un instante después Jesús entra. Se asoma en el umbral de la pequeña puerta por la que su alto físico apenas pasa. Pone pie en el tan reducido descansillo, y, con su mansa, triste sonrisa, abriendo los brazos, dice: «La paz sea con vosotros». Es una voz cansada, como la de uno que estuviera languideciendo en lo físico o en lo moral.

Baja. Acaricia la cabeza rubia de Juan, que ha ido a su encuentro. Sonríe, como si no supiera nada, a su primo Judas, y dice al otro primo: «Tu madre te ruega que seas dulce con José. Ha preguntado por mí y por ti hace poco a las mujeres. Siento no haberle saludado».

«Lo vas a hacer mañana».

«¿Mañana?… Bueno… tendré tiempo de verle… ¡Oh, Pedro, por fin estaremos un poco juntos! Desde ayer me pareces un fuego fatuo: te veo y luego no te veo. Hoy casi puedo decir que te he perdido. Tú también, Simón».

«Nuestro pelo más blanco que negro te puede dar la seguridad de que no nos hemos ausentado por apetito carnal» dice serio Simón.

«Aunque… a todas las edades se pueda tener esa hambre… ¡Los viejos! Son peores que los jóvenes…» dice ofensivo Judas Iscariote.

Simón le mira. Ya iba a replicar. Pero también le mira Jesús y dice: «¿Te duele una muela? Tienes el carrillo derecho hinchado y rojo».

«Sí. Me duele. Pero no tiene mayor importancia».

Los otros no dicen nada y la cosa muere así.

600.5

«¿Habéis hecho todo lo que había que hacer? ¿Tú, Mateo? ¿Y tú, Andrés? ¿Y Tú, Judas, has pensado en la ofrenda al Templo?».

Tanto los dos primeros como Judas Iscariote dicen: «Todo hecho, todo lo que dijiste que había que hacer para hoy. No te preocupes».

«Yo he llevado las primicias de Lázaro a Juana de Cusa. Para los niños. Me han dicho: “¡Eran mejores aquellas manzanas!”. ¡Aquellas tenían el sabor del hambre! Y eran tus manzanas» dice Juan con rostro sonriente y de ensoñación.

También Jesús sonríe ante un recuerdo…

«Yo he visto a Nicodemo y a José» dice Tomás.

«¿Los has visto? ¿Has hablado con ellos?» pregunta Judas Iscariote con exagerado interés.

«Sí, ¿qué hay de raro en ello? José es un buen cliente de mi padre».

«No lo habías dicho antes… ¡Por eso me he asombrado!…». Judas trata de remediar la impresión que ha dado, una impresión de ansiedad, por el encuentro de José y Nicodemo con Tomás.

«Me resulta extraño que no hayan venido a presentarte su obsequioso saludo. Ni ellos ni Cusa ni Manahén… Ninguno de los…».

Pero Judas Iscariote se ríe con una falsa carcajada interrumpiendo a Bartolomé, y dice: «El cocodrilo vuelve a su madriguera en el momento apropiado».

«¿Qué quieres decir? ¿Qué insinúas?» pregunta Simón con una agresividad como nunca ha tenido.

«¡Calma, calma! ¿Qué os sucede? ¡Es la noche de Pascua! Nunca hemos tenido aparejo tan digno para consumir el cordero. Celebremos, pues, la cena con espíritu de paz. Veo que os he turbado mucho con mis instrucciones de estas últimas noches. Pero, ¿veis? ¡He terminado! Ahora ya no os voy a causar más turbación. No está todo dicho en cuanto a mí se refiere. Sólo lo esencial. El resto… lo comprenderéis después. Se os dirá… ¡Sí, vendrá el que os lo dirá!

600.6

Juan, ve con Judas y algún otro por las copas para la purificación. Y luego nos sentamos a la mesa». La dulzura de Jesús verdaderamente parte el corazón.

Juan con Andrés, Judas Tadeo con Santiago, traen una copa grande, echan agua en ella y ofrecen a Jesús la toalla, y también a los compañeros, los cuales hacen luego lo mismo con ellos. Y ponen la copa (en realidad es una palangana de metal) en un rincón.

«Y ahora cada uno a su sitio. Yo aquí, y aquí, a la derecha, Juan; al otro lado, mi fiel Santiago: los dos primeros discípulos. Después de Juan mi Piedra fuerte. Y después de Santiago el que es como el aire, que no se advierte pero siempre está y consuela: Andrés. A su lado mi primo Santiago. ¿No te duele, dulce hermano, el que asigne el primer puesto a los primeros? Eres el sobrino del Justo, cuyo espíritu, más que nunca en esta hora, late en suspendido vuelo sobre mí. ¡Ten paz, padre de mi debilidad de niño, encina a cuya sombra hallaron alivio la Madre y el Hijo! ¡Ten paz!… Después de Pedro, Simón… Simón, ven un momento aquí. Quiero mirar fijamente tu rostro leal. Después te veré ya sólo mal, porque otros me cubrirán tu honesto rostro. Gracias, Simón. Por todo, y le besa.

Simón, dejado ya, va a su sitio y, un instante, se lleva las manos a la cara con un gesto de aflicción.

«En frente de Simón mi Bartolmái. Dos honradeces y sabidurías que se reflejan recíprocamente. Están bien juntos. Y, al lado, tú, Judas, hermano mío. Así te veo… y me parece estar en Nazaret… cuando alguna fiesta nos reunía a todos en torno a una mesa… También en Caná… ¿Recuerdas? Estábamos el uno al lado del otro. Una fiesta… una fiesta de boda… el primer milagro… el agua transformada en vino… También hoy una fiesta… y también hoy habrá un milagro… el vino cambiará de naturaleza… y será…». Jesús se sume en su pensamiento. Con la cabeza baja, está como aislado en su mundo secreto. Los demás le miran sin decir nada.

Alza de nuevo la cabeza y mira fijamente a Judas Iscariote, y le dice: «Tú estarás frente a mí».

«¿Tanto me quieres? ¿Más que a Simón, que siempre quieres tenerme enfrente?».

«Mucho. Tú lo has dicho».

«¿Por qué, Maestro?».

«Porque eres el que más ha hecho de todos para esta hora».

Judas mira al Maestro y a sus compañeros con una mirada muy cambiante: al primero con una cierta, irónica compasión; a los otros, con aire de triunfo.

«Y a tu lado, en una parte, Mateo; en la otra, Tomás».

«Entonces Mateo a mi izquierda y Tomás a mi derecha».

«Como quieras, como quieras» dice Mateo. «Me basta con tener bien de frente a mi Salvador».

«Por último, Felipe. ¿Veis? El que no está a mi lado en el lado de honor, tiene el honor de estar frente a mí».

600.7

Jesús, en pie en su sitio, vierte en la amplia copa que está colocada delante de Él —todos tienen altas copas, pero Él tiene una mucho más grande, además de la que tienen todos; debe ser la copa ritual—, vierte el vino. Alza la copa, la ofrece, la pone en la mesa.

Luego todos juntos preguntan con tono de salmo: «¿Por qué esta ceremonia?». Pregunta formal, de rito, está claro.

A la cual Jesús, como cabeza de familia, responde: «Este día recuerda nuestra liberación de Egipto. Bendito sea Yehoveh, que ha creado el fruto de la vid».

Bebe un sorbo de este vino ofrecido y pasa el cáliz a los demás. Luego ofrece el pan, lo parte, lo distribuye; luego las hierbas empapadas en la salsa rojiza que hay en cuatro salseras.

Terminada esta parte de la comida cantan salmos, todos en coro.

Se lleva a la mesa, desde el aparador, la amplia bandeja del cordero asado, y la ponen delante de Jesús.

Pedro, que desempeña el papel de… primera parte, de coro, si le gusta más, pregunta: «¿Por qué este cordero, así?».

«Como recuerdo de cuando Israel fue salvado por el cordero inmolado. No murió ningún primogénito donde la sangre brillaba en las jambas y el dintel. Y, después, mientras todo Egipto lloraba a los primogénitos varones muertos, desde el palacio del faraón hasta los tugurios, los hebreos, capitaneados por Moisés, se movieron hacia la tierra de la liberación y la promesa. Ceñidas ya sus cinturas, calzados los pies, cayado en mano, fue diligente el pueblo de Abraham para ponerse en marcha cantando los himnos del júbilo».

Todos se ponen en pie y entonan: «Cuando Israel salió de Egipto y la casa de Jacob de un pueblo bárbaro, Judea vino a ser su santuario» etc., etc. (si es como lo he encontrado, se trata del salmo 113)[1].

Ahora Jesús corta el cordero, llena un nuevo cáliz, bebe de él y lo pasa. Luego entonan otro canto: «Niños, alabad al Señor; bendito sea el Nombre del Eterno, ahora y por los siglos de los siglos. De Oriente a Occidente debe ser alabado» etc. (pero no logro encontrarlo).

Jesús da los trozos de cordero cuidando de que todos queden bien servidos, justamente como haría un padre de familia rodeado de los amados hijos de su corazón. Solemne, un poco triste, mientras dice: «He deseado ardientemente comer con vosotros esta Pascua. Ha sido para mí el deseo de los deseos, desde que fui —ab aeterno— “el Salvador”. Sabía que esta hora precedería a esa otra. Mas la alegría de darme infundía, anticipadamente, este consuelo a mi padecer… He deseado ardientemente comer con vosotros esta Pascua, porque ya nunca comeré del fruto de la vid hasta la llegada del Reino de Dios. Entonces me sentaré nuevamente con los elegidos en el Banquete del Cordero, para el desposorio de los Vivientes con el Viviente. Pero vendrán a él solamente los que hayan sido humildes y limpios de corazón como Yo soy».

600.8

«Maestro, hace un momento has dicho que el que no tiene el honor del sitio lo tiene por estar enfrente de ti. ¿Cómo podemos saber, entonces, quién es el primero de entre nosotros?» pregunta Bartolomé.

«Todos y ninguno. Una vez[2]… volvíamos cansados… nauseados por el odio farisaico. Pero no estabais cansados de discutir entre vosotros acerca de quién era el mayor… Un niño vino a mí rápido… un pequeño amigo mío… Y su inocencia endulzó la desazón que Yo tenía por muchas cosas (no la última, vuestra humanidad obstinada). ¿Dónde estás ahora, pequeño Benjamín que tuviste aquella sabia respuesta que te vino del Cielo porque —ángel como eras— el Espíritu te hablaba? En aquel momento os dije: “Si uno quiere ser el primero, sea el último y el servidor de todos”. Y os puse como ejemplo al sabio niño. Ahora os digo: “Los reyes de las naciones las dominan. Y los pueblos oprimidos, aun odiándolos, los aclaman, y los reyes son llamados ‘Benefactores’, ‘Padres de la Patria’. Mas el odio se anida bajo el falso obsequio”. Pero entre vosotros no debe ser así. Que el mayor sea como el menor; el que es cabeza, como uno que sirve. Efectivamente: ¿quién es mayor, el que está a la mesa o el que sirve? El que está a la mesa. Yo, sin embargo, os sirvo; y, dentro de poco, os serviré más. Vosotros sois los que habéis estado conmigo en las pruebas. Y Yo dispongo para vosotros un puesto en mi Reino —de la misma forma que en Él Yo seré Rey según la voluntad del Padre—, para que comáis y bebáis en mi mesa eterna y estéis sentados en tronos juzgando a las doce tribus de Israel. Habéis permanecido a mi lado en mis pruebas… Esto y no otra cosa es lo que os hace grandes ante los ojos del Padre».

«¿Y los que vendrán después? ¿No tendrán un lugar en el Reino? ¿Sólo nosotros?».

«¡Oh, cuántos príncipes habrá en mi Casa! Todos los que hayan sido fieles a Cristo en las pruebas de la vida serán príncipes en mi Reino. Porque los que hayan perseverado hasta el final en el martirio de la existencia serán como vosotros, que conmigo habéis perseverado en mis pruebas. Yo me identifico en mis creyentes. A los predilectos les doy, como enseña, ese Dolor que abrazo por vosotros y por todos los hombres. El que me sea fiel en el Dolor será un bienaventurado mío; como vosotros, mis amados».

600.9

«Nosotros hemos perseverado hasta el final».

«¿Tú crees, Pedro? Pues te digo que la hora de la prueba debe llegar todavía. Simón, Simón de Jonás, mira que Satanás ha pedido cribaros como al trigo. He orado por ti, para que tu fe no vacile. Tú, una vez enmendado, confirma a tus hermanos».

«Sé que soy un pecador. Pero te seré fiel hasta la muerte. Este pecado no lo tengo. Nunca lo tendré».

«No seas soberbio, Pedro mío. Esta hora cambiará muchas cosas que antes eran de un modo y ahora serán distintas. ¡Cuántas!… Y esas cosas traen y comportan necesidades nuevas. Vosotros lo sabéis. Siempre os he dicho, incluso cuando íbamos por lugares lejanos recorridos por bandoleros: “No temáis. No nos sucederá nada malo, porque los ángeles del Señor están con nosotros. No os preocupéis de nada”. ¿Os ocordáis de cuando os decía: “No estéis preocupados por lo que comeréis o por el vestido. El Padre sabe qué necesitamos”? También os decía: “El hombre es mucho más que un pájaro y que una flor que hoy es hierba y mañana heno. Y veis que el Padre cuida también de la flor y del pajarillo. ¿Podréis, entonces, dudar de que cuide de vosotros?”. Y os decía: “Dad a quien os pida, a quien os hiera presentadle la otra mejilla”. Os decía: “No llevéis ni bolsa ni cayado”. Porque he enseñado amor y confianza. Pero ahora… ahora ya no es ese tiempo. Ahora os digo: “¿Os ha faltado alguna vez algo hasta ahora? ¿Alguna vez os han hecho algún daño?”».

«Nada, Maestro. Y sólo a ti te lo han hecho».

«Así veis que mi palabra era veraz. Pero ahora los ángeles son, todos, convocados por su Señor. Es hora de demonios… Con las alas de oro, los ángeles del Señor se tapan los ojos, se vendan, y les duele el color de sus alas, porque no es color de amargura y ésta es hora de luto, y de un luto cruel, sacrílego… Esta noche no hay ángeles en la Tierra. Están junto al trono de Dios para cubrir con su canto las blasfemias del mundo deicida y el llanto del Inocente. Y nosotros estamos solos… Yo y vosotros: solos. Los demonios son los dueños de esta hora. Por eso nuestro aspecto ahora y nuestra actitud serán como los de los pobres hombres que recelan y no aman. Ahora el que tenga una bolsa tome consigo también una alforja, el que no tenga espada venda su manto y cómprese una. Porque también se dice[3] de mí en la Escritura, y debe cumplirse: “Fue contado entre los malhechores”. En verdad, todo lo que a mí se refiere toca a su fin».

600.10

Simón, que se ha alzado y ha ido al arquibanco donde había dejado su rico manto —y es que esta noche todos visten sus mejores indumentos, y, por tanto, llevan puñales, damasquinados pero muy cortos (más cuchillos que puñales), colgados de los ricos cinturones—, coge dos espadas, dos verdaderas espadas, largas, levemente curvadas, y se las lleva a Jesús: «Yo y Pedro nos hemos armado esta noche. Tenemos éstas. Pero los demás tienen sólo el puñal corto».

Jesús toma las espadas, las observa, desenvaina una y prueba su tajo contra una uña. Es una extraña visión, y produce una impresión todavía más extraña el ver ese fiero instrumento en las manos de Jesús.

«¿Quién os las ha dado?» pregunta Judas Iscariote mientras Jesús observa y calla. Judas parece muy inquieto…

«¿Quién? Te recuerdo que mi padre era noble y muy poderoso».

«Pero Pedro…».

«¿Pero qué? ¿Desde cuándo tengo que dar cuentas de los regalos que quiero hacer a mis amigos?».

Jesús alza la cabeza. Antes ha metido el arma en su vaina y ahora devuelve las dos espadas al Zelote.

«Está bien. Son suficientes. Has hecho bien en cogerlas.

600.11

Pero ahora, antes de beber el tercer cáliz, esperad un momento. Os he dicho que el mayor es como el menor y que Yo estoy como quien sirve en esta mesa y que más os serviré. Hasta ahora os he dado alimentos. Es un servicio en orden al cuerpo. Ahora quiero daros un alimento para el espíritu. No es un plato del rito antiguo; es del nuevo rito. Yo quise bautizarme antes de ser el “Maestro”. Para esparcir la Palabra bastaba ese bautismo. Ahora será derramada la Sangre. Vosotros necesitáis otro lavacro, aunque os hayáis purificado (con Juan el Bautista en su momento y hoy también, en el Templo). No es suficiente. Venid para que os purifique. Suspended la comida. Hay algo más importante que la comida que se da al vientre para que se llene, aunque sea alimento santo, como este del rito pascual; y ello es un espíritu puro, en disposición de recibir el don del cielo que ya desciende para hacerse un trono en vosotros y daros la Vida. Dar la Vida a quienes están limpios».

Jesús se levanta —debe también alzarse Juan, para dejar a Jesús salir mejor de su sitio—, va a un arquibanco y se quita la túnica roja; la pone doblada encima del manto, ya doblado, se ciñe a la cintura una toalla grande, luego va a otra palangana, que todavía está vacía y limpia. Echa en ella agua, lleva la palangana al centro de la habitación, junto a la mesa, y la pone encima de un taburete. Los apóstoles le miran estupefactos.

«¿No me preguntáis que qué hago?».

«No lo sabemos. Te digo que ya estamos purificados» responde Pedro.

«Y Yo te repito que eso no importa. Mi purificación le sirve al que ya está purificado para estarlo más».

Se arrodilla. Desata las sandalias a Judas Iscariote y le lava los pies; uno primero, otro después. Es fácil hacerlo, porque los triclinios están hechos de tal manera que los pies quedan hacia la parte externa. Judas está estupefacto. No dice nada. Pero, cuando Jesús, antes de calzar el pie izquierdo y levantarse, pone el gesto de besarle el pie derecho ya calzado, Judas retrae bruscamente el pie y da un golpe con la suela en la boca divina. Lo hace sin querer. No es un golpe fuerte, pero a mí me causa mucho dolor. Jesús sonríe, y, al apóstol, que le dice: «¿Te he hecho daño? Ha sido sin querer… Perdona», le responde: «No, amigo. Lo has hecho sin malicia y no hace daño». Judas le mira… Es una mirada inquieta, huidiza…

Jesús pasa a Tomás, luego a Felipe… Rodea el lado estrecho de la mesa y va donde su primo Santiago. Le lava, y le besa en la frente al levantarse. Pasa a Andrés, que está rojo de vergüenza y hace esfuerzos por no llorar; le lava, le acaricia como a un niño. Luego está Santiago de Zebedeo, que no hace sino susurrar: «¡Oh, Maestro! ¡Maestro! ¡Maestro! ¡Anonadado y sublime Maestro mío!». Juan se ha desatado ya las sandalias y, mientras Jesús está agachado secándole los pies, él se inclina y le besa en el pelo.

¡Pero, a Pedro!… ¡No es fácil convencerle para este rito! «¡Tú lavarme a mí los pies? ¡Ni por asomo! Mientras viva, no te lo permitiré. Yo soy un gusano, Tú eres Dios. Cada uno en su lugar».

«Lo que Yo hago tú no puedes comprenderlo por ahora. Más adelante lo comprenderás. Déjame».

«Todo lo que Tú quieras, Maestro. ¿Quieres cortarme el cuello? Hazlo. Pero no me lavarás los pies».

«¡Oh, mi Simón! ¿No sabes que si no te lavo no tendrás parte en mi Reino? ¡Simón, Simón! Necesitas esta agua para tu alma y para el mucho camino que debes recorrer. ¿No quieres venir conmigo? Si no te lavo, no vienes a mi Reino».

«¡Oh, Señor mío bendito! ¡Pues entonces lávame todo! ¡Los pies, las manos y la cabeza!».

«El que, como vosotros, se ha bañado no necesita lavarse más que los pies, porque ya está enteramente purificado. Los pies… El hombre con los pies camina sobre cosas sucias. Y ello sería poco, pues ya os dije[4] que lo que ensucia no es lo que entra y sale con el alimento, ni contamina al hombre lo que se pega a los pies por el camino. No. Lo que le contamina es lo que incuba y madura en su corazón y de allí sale y contamina sus acciones y sus miembros. Y los pies del hombre de corazón no limpio se dirigen hacia la crápula, la lujuria, los tratos ilícitos, los delitos… Por tanto, son, de entre los miembros del cuerpo, los que tienen mucha parte que purificar… como también los ojos, y la boca… ¡Oh, hombre!, ¡hombre!, ¡perfecta criatura un día, el primero, y luego tan corrompido por el Seductor! ¡Y no había en ti malicia, oh hombre, ni pecado!… ¿Y ahora? ¡Eres todo malicia y pecado y no hay parte en ti que no peque!».

Jesús ha lavado los pies a Pedro. Los besa. Y Pedro llora y toma con sus gruesas manos las dos manos de Jesús, se las pasa por los ojos y las besa luego.

También Simón se ha quitado las sandalias y, sin decir nada, se deja lavar. Pero luego, cuando Jesús está ya para pasar a Bartolomé, Simón se arrodilla, le besa los pies y dice: «¡Límpiame de la lepra del pecado como me limpiaste de la lepra del cuerpo, para no quedar confundido en la hora del juicio, Salvador mío!».

«No temas, Simón. Vendrás a la Ciudad celeste, blanco como nieve alpina».

«¿Y yo, Señor? ¿A tu viejo Bartolmái qué le dices? Me viste a la sombra de la higuera y leíste mi corazón. ¿Ahora qué ves?, ¿dónde me ves? Tranquiliza a este pobre anciano que teme no tener ni fuerza ni tiempo para llegar a como quieres que seamos». Se le ve muy emocionado a Bartolomé.

«Tampoco temas tú. En aquel momento dije: “He aquí a un verdadero israelita en quien no hay engaño”. Ahora digo: “He aquí a un verdadero cristiano digno del Cristo”. ¿Que dónde te veo? Sentado en un trono eterno, vestido de púrpura. Yo estaré siempre contigo».

Le toca el turno a Judas Tadeo, el cual, cuando ve a sus pies a Jesús, no sabe contenerse y reclina la cabeza sobre el brazo que tiene apoyado en las mesa y llora.

«No llores, dulce hermano. Te sientes como uno que debiera soportar que le arrancasen un nervio, y te parece que no puedes soportarlo. Pero será un dolor breve. Luego… ¡serás feliz, porque me quieres! Te llamas Judas. Y eres como nuestro gran Judas[5]: como un gigante. Eres el protector. Tus acciones son de león y cachorro de león rugientes. Desanidarás a los impíos, que ante ti retrocederán, y los inicuos sentirán terror. Yo sé las cosas. Sé fuerte. Una eterna unión estrechará y hará perfecto nuestro parentesco, en el Cielo». Le besa también a él, en la frente, como a su otro primo.

«Yo soy pecador, Maestro. A mí no…».

«Eras pecador, Mateo. Ahora eres el Apóstol. Eres una “voz” mía. Te bendigo. ¡Cuánto camino han recorrido estos pies para avanzar sin cesar, hacia Dios!… El alma los incitaba y ellos han abandonado todo camino que no fuera mi camino. Continúa. ¿Sabes dónde termina el sendero? En el seno del Padre mío y tuyo».

Jesús ha terminado. Deja la toalla, se lava en agua limpia las manos, se pone de nuevo la túnica, vuelve a su sitio y, al sentarse, dice: «Ahora estáis limpios, aunque no todos. Sólo los que han tenido la voluntad de estarlo».

Mira fijamente a Judas de Keriot, que ha hecho como si no hubiera oído, ocupado en explicar a su compañero Mateo cómo su padre se decidió a mandarle a Jerusalén: palabras inútiles que tienen para Judas —quien, a pesar de su audacia, debe sentirse incómodo— la única finalidad de guardar las apariencias.

600.12

Jesús vierte vino por tercera vez en el cáliz común. Bebe. Ofrece de beber. Luego canta, y los otros le siguen en coro: «Amo porque el Señor escucha la voz de mi oración, porche inclina su oído hacia mí. Le invocaré durante toda mi vida. Me rodeaban dolores de muerte» etc. (Salmo 114, me parece[6]).

Un momento de pausa. Luego sigue cantando: «Tuve fe y por eso hablé. Me había humillado profundamente y en medio de mi turbación decía: “Todo hombre es mentiroso”». Mira fijo a Judas.

La voz de mi Jesús, esta noche cansada, recobra fuerza cuando exclama: «Valiosa es ante los ojos de Dios la muerte de los santos» y «Has roto mis cadenas. Te ofreceré un holocausto de alabanza invocando el nombre del Señor» etc. etc. (Salmo 115).

Otra breve pausa en el canto, y luego continúa: «Alabad todas al Señor, naciones, todos los pueblos alabadle. Porque se ha afianzado en nosotros su misericordia y la verdad del Señor permanece eter­na».

Otra breve pausa y luego un largo himno: «Celebrad al Señor porque es bueno, porque es eterna su misericordia…».

Judas de Keriot canta tan desentonado, que Tomás dos veces le conduce al tono con su potente voz de barítono y le mira fijamente. También los otros le miran, porque, por lo general está siempre bien entonado, y de su voz, como de todas las otras cosas —lo he podido comprender— se siente orgulloso. ¡Pero esta noche! Ciertas frases le turban, hasta el punto de que le salen gallos, y lo mismo ciertas miradas de Jesús que subrayan las frases. Una de estas frases es: «Es mejor confiar en el Señor que confiar en el hombre». Otra es: «Se me empujó y vacilaba, y estaba para caer. Pero el Señor me sujetó». Otra es: «No moriré, sino que viviré y referiré las obras del Señor». Y, en fin, estas dos que voy a decir, le estrangulan la voz al Traidor en la garganta: «La piedra desechada por las constructores ha venido a ser piedra angular» y «¡Bendito el que viene en el nombre del Señor!».

Acabado el salmo, mientras Jesús corta y de nuevo pasa trozos de cordero, Mateo pregunta a Judas de Keriot: «¿Te encuentras mal?».

«No. Déjame tranquilo. No te preocupes de mí».

Mateo se encoge de hombros.

Juan, que ha oído esto, dice: «Tampoco el Maestro está bien. ¿Qué te sucede, Jesús mío? Tienes la voz quebrada; como la de un enfermo o la de uno que haya llorado mucho», y le abraza, estando con la cabeza apoyada en el pecho de Jesús.

«Sólo es que ha hablado mucho; y yo, lo único es que he andado mucho y he cogido frío» dice Judas nervioso.

Y Jesús, sin responderle a él, dice a Juan: «Tú ya me conoces… y sabes qué es lo que me cansa…».

600.13

El cordero está casi terminado.

Jesús, que ha comido poquísimo y ha bebido sólo un sorbo de vino por cada cáliz —sin embargo, como si se sintiera febril, ha bebido mucha agua— continúa hablando: «Quiero que comprendáis mi gesto de antes. Os he dicho que el primero es como el último, y que os daría un alimento que no es corporal. Os he dado un alimento de humildad. Para vuestro espíritu. Vosotros me llamáis: Maestro y Señor. Decís bien, porque lo soy. Entonces, si Yo os he lavado los pies, también debéis lavároslos vosotros los unos a los otros. Os he dado ejemplo para que hagáis lo mismo que Yo he hecho. En verdad os digo: el siervo no es más que su señor, ni el apóstol más que Aquel que le ha constituido apóstol. Tratad de comprender estas cosas. Y si, comprendiéndolas, las ponéis por obra, seréis bienaventurados. Pero no seréis todos bienaventurados. Yo os conozco. Sé a quiénes he elegido. No de la misma manera me refiero a todos. Pero digo la verdad. Por otra parte, debe cumplirse lo que en relación a mí fue escrito[7]: “Aquel que come conmigo el pan ha alzado contra mí su calcañar”. Os digo todo antes de que suceda, para que no abriguéis dudas respecto a mí. Cuando todo esté cumplido, creeréis todavía más que Yo soy Yo. El que me recibe a mí recibe al que me ha enviado: al Padre santo que está en los Cielos. Y el que reciba a los que Yo envíe me recibirá a mí mismo. Porque Yo estoy con el Padre y vosotros estáis conmigo… Pero ahora vamos a cumplir el rito».

Vierte de nuevo vino en el cáliz común y, antes de beber de él y de pasarlo para que beban, se levanta, y con Él se levantan todos, y canta otra vez uno de los salmos de antes: «Tuve fe y por eso hablé…» Y luego uno que no termina nunca. ¡Hermoso… pero eterno! Creo identificarlo, por el comienzo y lo largo que es, como el salmo 118. Lo cantan así: un trozo todos juntos; luego, por turnos, uno dice un dístico y los otros, juntos, un trozo; y así hasta el final. ¡Yo creo que al final tienen que sentir sed!

600.14

Jesús se sienta. No se recuesta; se queda sentado, como nosotros. Y habla: «Ahora que el antiguo rito ha sido cumplido, voy a celebrar el nuevo. Os he prometido un milagro de amor. Es la hora de realizarlo. Por esto he deseado esta Pascua. De ahora en adelante, ésta será la hostia inmolada en perpetuo rito de amor. Os he amado durante toda la vida de la Tierra, amigos amados. Os he amado durante toda la eternidad, hijos míos. Y quiero amaros hasta el final. No hay cosa mayor que ésta. Recordadlo. Yo me marcho. Pero permaneceremos siempre unidos mediante el milagro que voy a cumplir ahora».

Jesús toma un pan todavía entero. Lo pone encima del cáliz, que está completamente lleno. Bendice y ofrece ambos, luego parte el pan y toma de él trece trozos. Se los da, uno a uno, a los apóstoles, y dice: «Tomad y comed. Esto es mi Cuerpo. Haced esto en memoria mía, que me marcho». Pasa el cáliz y dice: «Tomad y bebed. Ésta es mi Sangre. Éste es el cáliz del nuevo pacto en la Sangre y por la Sangre mía, que será derramada por vosotros para el perdón de vuestros pecados y para daros la Vida. Haced esto en memoria mía».

Jesús está tristísimo. Toda huella de sonrisa, de luz, de color, le han abandonado. Su rostro es ya de agonía. Los apóstoles le miran angustiados.

600.15

Jesús se levanta y dice: «No os mováis. Vuelvo en seguida». Toma el trozo decimotercero de pan y el cáliz y sale del Cenáculo.

«Va donde su Madre» susurra Juan.

Y Judas Tadeo suspira: «¡Pobre mujer!».

Pedro pregunta en voz baja: «¿Crees que Ella sabe?».

«Sabe todo. Siempre lo ha sabido todo».

Hablan todos en voz bajísima, como delante de un muerto.

«Pero, creéis que realmente…» pregunta Tomás, que no quiere creer todavía.

«¿Y lo dudas? Es su hora» responde Santiago de Zebedeo.

«Que Dios nos dé la fuerza de ser fieles» dice el Zelote.

«¡Oh! Yo…» Pedro está para decir algo, pero Juan, que está alerta, dice: «¡Chss! Está aquí».

Jesús vuelve. Trae en la mano el cáliz vacío. En su fondo, una mínima señal de vino, que, bajo la luz de la lámpara, parece realmente sangre.

Judas Iscariote, que tiene ante sí el cáliz, lo mira como hechizado, y luego desvía la mirada.

Jesús le observa y se estremece. Juan, estando apoyado en el pecho de Jesús, siente este estremecimiento, y exclama: «¡Dilo, ¿no?! Estás temblando…».

«No. No tiemblo por fiebre…

600.16

Todo os lo he dicho y todo os lo he dado. Más no podía daros. Os he dado a mí mismo». Hace ese dulce gesto suyo de las manos, las cuales, antes unidas, ahora se separan y abren, mientras agacha la cabeza, como queriendo decir: “Perdonad si más no puedo. Así es.”

«Os he dicho todo y os he dado todo. Y repito que el nuevo rito se ha cumplido. Haced esto en memoria mía. Os he lavado los pies para enseñaros a ser humildes y puros como el Maestro vuestro. Porque en verdad os digo que los discípulos deben ser como es el Maestro. Recordadlo, recordadlo. Incluso cuando estéis en una posición superior. Ningún discípulo está por encima de su Maestro. De la misma manera que Yo os he lavado, hacedlo entre vosotros. O sea, amaos como hermanos, ayudándoos los unos a los otros, venerándoos recíprocamente, siendo ejemplo los unos para los otros. Y sed puros. Para ser dignos de comer el Pan vivo que ha bajado del Cielo y tener dentro de vosotros, por su virtud, la fuerza de ser mis discípulos en el mundo enemigo que os odiará por causa de mi Nombre. Pero uno de vosotros no es puro. Uno de vosotros me traicionará. Por este motivo estoy intensamente conturbado en el espíritu… La mano del que me traiciona está conmigo en esta mesa. Ni mi amor, ni mi Cuerpo y mi Sangre, ni mi palabra, le convierten y le hacen arrepentirse. Yo le perdonaría yendo a la muerte también por él».

Los discípulos se miran aterrorizados, se escrutan, no sin recelos los unos de los otros. Pedro, despertándose todas sus dudas, mira fijamente a Judas Iscariote. Judas Tadeo se pone en pie como impulsado por un resorte, para mirar también a Judas por encima del cuerpo de Mateo.

¡Pero éste se muestra tan seguro! A su vez, clava sus ojos en Mateo, como si sospechara de él. Luego fija su mirada en Jesús. Sonríe y pregunta: «¿Soy yo, acaso, ése?». Parece el más seguro de su honestidad, y parece que si hace esta pregunta es sólo porque no se interrumpa la conversación.

Jesús repite su gesto y dice: «Tú lo dices, Judas de Simón. No Yo. Tú lo dices. Yo no te he nombrado. ¿Por qué te acusas? Pregúntale a tu voz interior, a tu conciencia de hombre, a esa conciencia que Dios Padre te ha dado para que vivas como hombre, y mira a ver si te acusa. Tú, antes que ningún otro, lo sabrás. Pero, si ella te tranquiliza, ¿por qué dices palabras que son malditas con sólo decirlas, y piensas en un hecho igualmente maldito con sólo pensarlo, aunque sea por juego?».

Jesús habla con calma. Parece sostener la tesis propuesta como lo podría hacer un maestro con sus alumnos. La agitación es fuerte, pero la calma de Jesús la aplaca.

600.17

De todas formas, Pedro, que es el que más sospecha de Judas —quizás también Judas Tadeo, pero lo parece menos, porque la desenvoltura de Judas Iscariote le desarma—, tira de una manga a Juan, y cuando Juan, que se había pegado fuertemente a Jesús al oír hablar de traición, se vuelve, le susurra: «Pregúntale que quién es».

Juan vuelve a su postura de antes. Lo único es que alza levemente la cabeza, como para besar a Jesús, y entretanto le susurra al oído: «¿Maestro, quién es?».

Y Jesús, con voz bajísima, devolviéndole el beso entre los cabellos: «Aquel al que dé un pedazo de pan untado».

Toma un pan todavía entero, no el resto del usado para la Eucaristía; separa un buen trozo, lo unta en el jugo que ha dejado el cordero en la bandeja, alarga por encima de la mesa el brazo y dice: «Toma, Judas. Esto te gusta».

«Gracias, Maestro. Sí que me gusta» y, sin saber lo que es ese bocado, se lo come, mientras Juan, horrorizado, hasta cierra los ojos para no ver la horrenda sonrisa que tiene Judas mientras muerde con sus fuertes dientes el pan acusador.

«Bien. Ahora que te he dado esta satisfacción, márchate» dice Jesús a Judas. «Todo está cumplido, aquí (marca mucho la palabra). Lo que en otro lugar queda por hacer hazlo pronto, Judas de Simón».

«Te obedezco en seguida, Maestro. Luego me reuniré contigo en el Getsemaní. ¿Vas allí, verdad?, ¿como siempre?».

«Voy allí… como siempre… sí».

«¿Qué tiene que hacer?» pregunta Pedro. «¿Va solo?».

«No soy ningún niño» dice en tono socarrón Judas, que se está poniendo el manto.

«Déjale que se marche. Yo y él sabemos lo que se debe hacer» dice Jesús.

«Sí, Maestro». Pedro guarda silencio. Quizás piensa que ha pecado de desconfianza hacia su compañero. Con la mano en la frente, piensa.

Jesús aprieta contra su corazón a Juan y le susurra otra cosa entre sus cabellos: «No digas nada a Pedro, por ahora. Sería un inútil escándalo».

«Adiós, Maestro. Adiós, amigos». Judas se despide.

«Adiós» dice Jesús.

Y Pedro: «Adiós, muchacho».

Juan, con la cabeza casi en el regazo de Jesús, susurra: «¡Satanás!» Sólo Jesús lo oye, y suspira.

Aquí me cesa todo. Pero Jesús dice: «Interrumpo por compasión hacia ti. Te daré la conclusión de la Cena en otro momento».

600.18

(Continúa la Cena).

Hay unos minutos de absoluto silencio. Jesús está cabizbajo, mientras mecánicamente acaricia los rubios cabellos de Juan.

Luego reacciona. Alza la cabeza, mira alrededor de sí, sonríe (una sonrisa consoladora para los discípulos). Dice: «Quitamos la mesa. Vamos a sentarnos todos bien juntos, como hijos en torno a su padre».

Toman los triclinios que había detrás de la mesa (los de Jesús, Juan, Santiago, Pedro, Simón, Andrés y el primo Santiago) y los llevan al otro lado.

Jesús toma asiento en el suyo, igual que antes, entre Santiago y Juan. Pero, cuando ve que Andrés va a sentarse en el sitio que ha dejado Judas Iscariote, grita: «No, ahí no». Un grito impulsivo que

su suma prudencia no logra evitar. Luego modifica de esta manera: «No es necesario tanto espacio. Sentados, se puede estar en éstos; son suficientes. Os quiero tener muy cerca».

O sea, forman una “U” con Jesús en el centro y, enfrente, la mesa —una mesa ya sin comida— y el sitio de Judas.

Santiago de Zebedeo llama a Pedro: «Siéntate aquí. Yo me siento en este taburete, a los pies de Jesús».

«¡Que Dios te bendiga, Santiago! ¡Lo estaba deseando!» dice Pedro, y se arrima a su Maestro, que viene a hallarse estrechado entre Juan y Pedro, y tiene a Santiago a los pies.

Jesús sonríe:

«Veo que empiezan a obrar las palabras que he dicho antes. Los buenos hermanos se quieren. Yo también te digo, Santiago: “Que Dios te bendiga”. Tampoco este acto tuyo será olvidado por el Eterno, y lo encontrarás allá arriba.

600.19

Todo lo que pido lo puedo. Ya lo habéis visto. Ha bastado un solo deseo para que el Padre concediera al Hijo el darse en Alimento al hombre. Con todo lo que ha sucedido ahora ha sido glorificado el Hijo del hombre, porque el milagro, sólo posible para los amigos de Dios, es testimonio de poder. Cuanto mayor es el milagro, más segura y profunda es esta divina amistad. Éste es un milagro que, por su forma, duración y naturaleza, por su magnitud y los límites a que llega, no admite otro posible mayor. Os digo que es tan poderoso, tan sobrenatural, tan incomprensible para el hombre soberbio, que muy pocos lo entenderán como debe entenderse, y muchos lo negarán. ¿Qué diré, entonces? ¿Condena para ellos? No. Diré: ¡piedad!

Pero, cuanto mayor es el milagro, mayor es la gloria que recibe su autor. Es Dios mismo quien dice: “Sí, este amado mío ha recibido le que ha querido, y Yo lo he concedido, porque grande es la gracia que posee ante mis ojos”. Y aquí dice: “Posee una gracia sin límites, como infinito es el milagro que ha hecho”. La gloria que de Dios revierte en el autor del milagro y la gloria que del autor del milagro revierte en el Padre son parejas: porque toda gloria sobrenatural, procediendo de Dios, a su fuente retorna. Y la gloria de Dios, aun siendo ya infinita, crece y crece y respladece por la gloria de sus santos. Así, digo: de la misma forma que ha sido glorificado por Dios el Hijo del hombre, Dios ha sido glorificado por Éste. Yo he glorificado a Dios en mí mismo, a su vez Dios glorificará en sí a su Hijo; muy pronto le glorificará.

600.20

¡Exulta, Tú que vuelves a tu Sede, oh Esencia espiritual de la Segunda Persona! ¡Exulta, Carne que vuelves a subir después de tanto destierro en el fango! Y lo que se te va a dar como morada ciertamente no es el Paraíso de Adán, sino el excelso Paraíso del Padre.

Que, si se dijo[8] que sorprendido por un mandato de Dios —dado por boca de un hombre— se detuvo el Sol, ¿qué no sucederá en los astros cuando vean el prodigio de la Carne del Hombre subir y sentarse a la derecha del Padre en su Perfección de materia glorificada?

Hijitos míos, ya poco tiempo estaré con vosotros. Luego me buscaréis como los huérfanos buscan al padre o a la madre muertos. Y, llorando, hablando de Él iréis y llamaréis en vano al mudo sepulcro, y luego llamaréis a las puertas azules de los Cielos, con vuestra alma lanzada en suplicante búsqueda de amor, y diréis: “¿Dónde está nuestro Jesús? Queremos tenerle. Sin Él ya no hay luz en el mundo, ni alegría ni amor. O devolvédnoslo o dejadnos entrar. Queremos estar donde Él”. Mas no podéis, por ahora, ir a donde Yo voy. Se lo dije también a los judíos[9]: “Luego me buscaréis, pero a donde voy Yo vosotros no podéis ir”. Os lo digo también a vosotros.

600.21

Considerad que ni siquiera mi Madre podrá ir a donde Yo voy. Y fijaos que dejé al Padre para ir a Ella y hacerme Jesús en su seno sin mancha. Fijaos que de la Inviolada vine en el éxtasis luminoso de mi Natividad; y de su amor, hecho leche, me nutrí. Yo estoy hecho de pureza y amor porque María me nutrió con su virginidad fecundada por el Amor perfecto que vive en el Cielo. Y fijaos que por Ella crecí, costándole fatigas y lágrimas… Y fijaos que le pido un heroísmo que supera a todos los realizados hasta ahora, respecto al cual los de Judit y Yael son como heroísmos de pobres mujeres en oposición con su rival en la fuente del pueblo. Y fijaos que ninguno la iguala en amor a mí. Pues bien, a pesar de todo, la dejo y voy a donde Ella no irá hasta dentro de mucho tiempo. Para Ella no es el mandato que os doy a vosotros: “Santificaos año tras año, mes tras mes, día tras día, hora tras hora, para poder venir a mí cuando llegue vuestro momento”. En Ella reside toda gracia y santidad. Es la criatura que ha tenido todo y ha dado todo. Nada hay que añadir en Ella, y nada hay que quitar. Es el santísimo testimonio de lo que puede Dios.

600.22

Pero para estar seguro de que en vosotros exista la aptitud de venir a mí y de olvidar el dolor del luto de la separación de vuestro Jesús, os doy un mandamiento nuevo: que os améis los unos a los otros. Como Yo os he amado, amaos igualmente los unos a los otros. Por esto se sabrá que sois mis discípulos. Cuando un padre tiene muchos hijos, ¿en qué se sabe que son sus hijos? No tanto por el aspecto físico —porque hay hombres que son en todo semejantes a otro hombre con el que no tienen ninguna relación de sangre, y ni siquiera de nación—, cuanto por el común amor a la familia, a su padre y entre sí. E incluso cuando muere el padre la buena familia no se disgrega, porque la sangre es una, que es la que recibieron genéticamente de su padre y anuda vínculos que ni siquiera la muerte desata, porque más fuerte que la muerte es el amor. Pues bien, si me amáis aun después de que os deje, todos reconocerán que sois hijos míos, y, por tanto, discípulos míos, y que, habiendo tenido un único padre, entre vosotros sois hermanos».

600.23

«Señor Jesús, pero ¿a dónde vas?» pregunta Pedro.

«Voy a donde tú, por ahora, no puedes seguirme. Pero después me seguirás».

«¿Y por qué no ahora? Te he seguido siempre, desde que me dijiste: “Sígueme”. He dejado todo sin añoranzas… Marcharte ahora sin tu pobre Simón, dejándome privado de ti, mi Todo, después de que yo he dejado mi poco bien de antes, no es ni razonable ni bonito por tu parte. ¿Vas a la muerte? Bien, pues yo también voy. Iremos juntos al otro mundo. Pero antes te habré defendido. Estoy preparado para dar la vida por ti».

«¿Tú darás tu vida por mí? ¿Ahora? Ahora, no. En verdad, en verdad te lo digo: antes de que cante el gallo me negarás tres veces. Estamos todavía en la primera vigilia. Luego vendrá la segunda… y luego la tercera. Antes del galicinio, renegarás de tu Señor tres veces».

«¡Imposible, Maestro! Creo en todo lo que dices, pero no en esto; estoy seguro de mí».

«Ahora, por ahora estás seguro; pero es porque ahora me tienes todavía a mí. Tienes contigo a Dios. Dentro de poco el Dios encarnado será prendido y ya no le tendréis. Y Satanás, después de poneros rémoras —tu propia seguridad es una astucia de Satanás, morralla para ponerte rémoras— os amedrentará. Os insinuará: “Dios no existe. Yo existo”. Y, dado que, a pesar de que el espanto os empañe la mente, todavía razonaréis, lo que comprenderéis será que si Satanás es el amo de esa hora, es que ha muerto el Bien y lo que obra es el Mal; que el espíritu ha sido abatido y triunfa lo humano. Entonces os quedaréis como guerreros sin caudillo, perseguidos por el enemigo, y, en medio del desconcierto propio de los vencidos, os doblegaréis ante el vencedor, y, para evitar que os maten, renegaréis del héroe caído.

600.24

Pero —os lo ruego—, no se turbe vuestro corazón. Creed en Dios. Creed también en mí. Contra todas las apariencias, creed en mí. Crea en mi misericordia y en la del Padre tanto el que se quede como el que huya; tanto el que calle como el que abra su boca para decir: “No le conozco”. Igualmente, creed en mi perdón. Y creed que, cualesquiera que sean en el futuro vuestras acciones, en el Bien y en mi Doctrina (por tanto, en mi Iglesia), esas acciones os darán un igual lugar en el Cielo.

En la casa del Padre mío hay muchas moradas. Si no fuera así, os lo habría dicho. Porque Yo voy por delante. A preparar un lugar para vosotros. ¿No hacen, acaso, eso los padres buenos, cuando tienen que llevar a sus pequeñuelos a otro lugar? Van por delante, preparan la casa, los enseres, las provisiones. Y luego vuelven y toman consigo a esas sus más amadas criaturas. Eso hacen, por amor. Para que a sus pequeñuelos no les falte nada, ni se sientan incómodos en el nuevo pueblo. Lo mismo hago Yo, y por el mismo motivo. Me marcho, ahora. Cuando haya preparado para cada uno su puesto en la Jerusalén celestial, volveré y os tomaré conmigo, para que estéis conmigo donde Yo estoy, donde no habrá ya muerte ni lutos ni lágrimas ni gritos ni hambre ni dolor ni tinieblas ni quemazón, sino sólo luz, paz, bienaventuranza y canto.

¡Oh, canto de los Cielos altísimos cuando los doce elegidos estén en los tronos con los doce patriarcas de las tribus de Israel y, encendidos en el fuego del amor espiritual, canten, erguidos frente al mar de la bienaventuranza, el cántico eterno cuyo arpegio será el eterno aleluya del ejército angélico…!

600.25

Quiero que donde voy a estar estéis vosotros. Y ya sabéis a dónde voy, y sabéis el camino».

«¡Pero Señor! Nosotros no sabemos nada. No nos dices a dónde vas. ¿Cómo podemos saber el camino que hay que tomar para ir hacia ti y abreviar la espera?» pregunta Tomás.

«Yo soy el Camino, la Verdad, la Vida. Me lo habéis oído decir y explicar repetidas veces. Y, en verdad, algunos que ni siquiera sabían que existía un Dios se han encaminado antes por mi camino y ya os preceden. ¡Oh!, ¿dónde estás, oveja descarriada de Dios traída por mí de nuevo al redil?, ¿dónde estás tú, resucitada de alma?».

«¿Quién? ¿De quién hablas? ¿De María de Lázaro? Está allí, con tu Madre. ¿Quieres que venga? ¿O quieres que venga Juana? Estará, sin duda, en su palacio. Pero, si quieres, vamos a llamarla…».

«No. No me refiero a ellas… Pienso en aquella que será mostrada sólo en el Cielo… y en Fotinái… Ellas me han encontrado. Y desde entonces no han dejado mi camino. A una le indiqué al Padre como Dios verdadero y al espíritu como levita en esta individual adoración; a la otra, que ni siquiera sabía que tenía un espíritu, le dije: “Mi nombre es Salvador; salvo a quien tiene buena voluntad de salvarse. Yo soy Aquel que busca a los perdidos, que da la Vida, la Verdad y la Pureza. Quien me busca me encuentra”. Y ambas han encontrado a Dios… Os bendigo, débiles Evas que habéis venido a ser más fuertes que Judit… Voy a donde estáis… Vosotras me consoláis… ¡Benditas seáis!…».

600.26

«Muéstranos al Padre, Señor, y seremos como estas mujeres» dice Felipe.

«¡Tanto tiempo hace que estoy con vosotros, ¿y tú, Felipe, no me has conocido todavía?! El que me ve a mí ve al Padre mío. ¿Cómo es que dices: “Muéstranos al Padre”? ¿No logras creer que Yo estoy en el Padre y Él en mí? Las palabras que os digo no os las digo motu proprio, sino que el Padre, que mora en mí, cumple cada una de mis obras. ¿Y no creéis que Yo esté en el Padre y Él en mí? ¿Qué tengo que decir para haceros creer? Pues si no creéis en las palabras creed al menos en las obras.

Yo os digo, y os lo digo con verdad: el que cree en mí hará las obras que Yo hago, y las hará aun mayores, porque voy al Padre. Y todo lo que pidáis al Padre en mi nombre Yo lo haré para que el Padre sea glorificado en su Hijo. Y haré lo que me pidáis en nombre de mi Nombre. Mi Nombre, en lo que realmente es, es conocido por mí sólo y por el Padre que me ha engendrado y por el Espíritu que de nuestro amor procede. Por ese Nombre todo es posible. El que piensa en mi Nombre con amor me ama, y obtiene; pero no basta amarme, es necesario observar mis mandamientos para tener el verdadero amor.

Son las obras las que dan testimonio de los sentimientos. Y por este amor rogaré al Padre, y Él os dará otro Consolador, que permanezca para siempre con vosotros, Uno en quien Satanás y el mundo no pueden ensañarse, el Espíritu de la Verdad que el mundo no puede recibir ni herir, porque ni le ve ni le conoce. Dirigirá contra Él sus escarnios, pero Él es tan excelso que el escarnio no le podrá herir; mientras que su piedad superará toda medida para aquellos que le amen, aunque sean pobres y débiles. Vosotros le conoceréis, porque ya vive con vosotros y pronto estará en vosotros.

600.27

No os dejaré huérfanos. Ya os he dicho que volveré a vosotros. Pero antes de que llegue la hora de venir a recogeros para ir a mi Reino Yo vendré; a vosotros vendré. Dentro de poco el mundo ya no me verá. Pero vosotros me veis y me veréis. Porque Yo vivo y vosotros vivís. Porque Yo viviré y vosotros también viviréis. Ese día conoceréis que estoy en el Padre mío y vosotros en mí y Yo en vosotros. Porque el que acoge mis preceptos y los observa es el que me ama, y el que me ama será amado por el Padre mío y poseerá a Dios porque Dios es caridad y quien ama tiene en sí a Dios. Y Yo le amaré porque en él veré a Dios, y me manifestaré a él dándome a conocer en los secretos de mi amor, de mi sabiduría, de mi Divinidad encarnada. Serán mis regresos a los hijos del hombre, a quienes amo, aunque sean débiles e incluso enemigos. Pero éstos serán sólo débiles, y yo los fortaleceré. Les diré: “¡Álzate!”, diré “¡Sal afuera!”, diré: “¡Sígueme!”, diré “Escucha”, diré “Escribe”… y vosotros estáis entre éstos».

«¿Por qué, Señor, te manifiestas a nosotros y no al mundo?» pregunta Judas Tadeo.

«Porque me amáis y ponéis por obra mis palabras. El que haga esto será amado por el Padre y Nosotros iremos a él y viviremos con él, en él; mientras que el que no me ama no pone por obra mis palabras y actúa según la carne y el mundo. Ahora bien, sabed que lo que os he dicho no son palabras de Jesús Nazareno sino palabras del Padre, porque Yo soy el Verbo del Padre, que me ha enviado. Os he dicho estas cosas hablando así, con vosotros, porque quiero Yo mismo prepararos a la completa posesión de la Verdad y la Sabiduría. Pero todavía no podéis comprender ni recordar. Mas, cuando venga a vosotros el Consolador, el Espíritu Santo que el Padre enviará en mi Nombre, podréis comprender, y os enseñará todo y os recordará todo lo que Yo os he dicho.

600.28

Mi paz os dejo, mi paz os doy. Os la doy no como la da el mundo, y ni siquiera como hasta ahora os la he dado: saludo bendito del Bendito a los bendecidos. La paz que ahora os doy es más profunda. En este adiós, os comunico a mí mismo, mi Espíritu de paz, de la misma manera que os he comunicado mi Cuerpo y mi Sangre, para que tengáis en vosotros una fuerza en la inminente batalla. Satanás y el mundo desatan su guerra contra vuestro Jesús. Es su hora. Tened en vosotros la Paz, mi Espíritu que es espíritu de paz, porque Yo soy el Rey de la paz. Tened esta paz para no sentiros demasiado desvalidos. El que sufre con la paz de Dios dentro de sí, sufre, pero ni blasfema ni se desespera.

No lloréis. Habéis oído también que he dicho: “Voy al Padre y luego regresaré”. Si me amarais por encima de la carne, os alegraríais, porque voy con el Padre después de este gran destierro… Voy donde Aquel que es mayor que Yo y que me ama. Os lo he dicho ahora, antes de que se cumpla —como también os he revelado todos los sufrimientos del Redentor antes de ir a ellos— para que, cuando todo se cumpla, creáis más en mí. ¡No os turbéis de esa manera! No os descorazonéis. Vuestro corazón necesita equilibrio…

600.29

Poco me queda para hablaros… ¡y todavía tengo mucho que decir! Llegado al final de esta evangelización mía, me parece como si no hubiera dicho todavía nada, y que mucho, mucho, mucho quede por hacer. Vuestro estado aumenta esta sensación mía. ¿Qué diré entonces? ¿Que he desempeñado con deficiencias mi función?, ¿o que vosotros sois tan duros de corazón, que para nada ha servido mi obra? ¿Dudaré? No. Me pongo en las manos de Dios, y os pongo a vosotros, mis predilectos, en sus manos. Él dará cumplimiento a la obra de su Verbo. No soy como un padre que muere sin más luz que la humana; Yo espero en Dios. Y aun sintiendo en mí el apremio de daros todos los consejos de que os veo necesitados, y aun sintiendo que el tiempo huye, voy tranquilo a mi destino. Sé que sobre las semillas caídas en vosotros está para descender el rocío, un rocío que las hará germinar a todas ellas; y luego vendrá el sol del Paráclito, y las semillas se transformarán en árboles corpulentos. Muy pronto llegará el príncipe de este mundo, aquel con quien Yo nada tengo que ver; y, si no hubiera sido por la finalidad redentora, ningún poder hubiera tenido en orden a mí. Pero esto sucede para que el mundo sepa que amo al Padre y que le amo hasta la obediencia de muerte y que por eso hago lo que me ha mandado.

600.30

Es la hora de marcharnos. Levantaos. Oíd las últimas palabras. Yo soy la verdadera Vid. El Padre es el Viñador. Al sarmiento que no produce fruto el Padre lo corta y al que produce fruto lo poda para que dé aún más fruto. Vosotros estáis ya purificados por mi palabra. Permaneced en mí —Yo permanezco en vosotros— para mantener esa pureza. El sarmiento separado de la vid no puede producir fruto. Igualmente vosotros, si no permanecéis en mí. Yo soy la Vid; vosotros, los sarmientos. El que permanece unido a mí produce abundantes frutos. Pero si uno se separa se seca, y es arrojado al fuego y allí arde. Porque sin la unión conmigo no podéis hacer nada. Permaneced, pues en mí; que mis palabras permanezcan en vosotros; luego pedid lo que queráis y se os concederá. El Padre mío, cuanto más fruto deis y cuanto más discípulos míos seáis, más glorificado será.

600.31

Como el Padre me ha amado, así os he amado Yo. Permaneced en mi amor, que salva. Amándome, seréis obedientes. La obediencia aumenta el recíproco amor. No digáis que me repito. Conozco vuestra debilidad. Quiero que os salvéis. Os digo estas cosas para que la alegría que os he querido dar esté en vosotros y sea completa. Amaos. ¡Amaos! Éste es mi mandamiento nuevo. Amaos unos a otros más de lo que cada uno ame a sí mismo. No hay mayor amor que el del que da su vida por sus amigos. Vosotros sois mis amigos y Yo doy la vida por vosotros. Haced lo que os enseño y mando.

Ya no os llamo siervos, porque el siervo no sabe lo que hace su señor, mientras que vosotros sabéis lo que Yo hago. Todo lo sabéis acerca de mí. Me he manifestado a vosotros, pero no sólo esto, sino que también os he revelado al Padre y al Paráclito y todo lo que he oído a Dios.

No os habéis elegido a vosotros mismos, sino que os he elegido Yo y os he elegido para que vayáis a los pueblos y deis fruto en vosotros y en los corazones de los evangelizados y vuestro fruto permanezca, y el Padre os dé todo lo que en mi Nombre le pidáis.

600.32

No digáis: “Y entonces, si nos has elegido, ¿por qué has elegido a un traidor? Si lo sabes todo, ¿por qué has hecho esto?”. No os preguntéis ni siquiera quién es ése. No es un hombre. Es Satanás. Se lo dije al amigo fiel y lo he dejado decir al hijo predilecto. Es Satanás. Si Satanás no se hubiera encarnado —el eterno, torpe remedador de Dios, en una carne mortal—, este poseído no hubiera podido quedar al margen de mi poder de Jesús. He dicho: “poseído”. No. Es mucho más: es uno que está anulado en Satanás».

«¿Por qué, Tú que has expulsado los demonios, no le has liberado?» pregunta Santiago de Alfeo.

«¿Lo preguntas por amor a ti, temiendo ser él? No temas eso».

«¿Yo, entonces?».

«¿Yo?».

«¿Yo?».

«Callad. No digo ese nombre. Uso misericordia. Haced vosotros lo mismo».

«¿Pero por qué no le has vencido? ¿No podías?».

«Podía. Pero para impedir a Satanás encarnarse para matarme habría debido exterminar a la raza humana antes de la Redención. ¿Qué habría redimido, entonces?».

«¡Dímelo, Señor, dímelo!». Pedro ha caído de rodillas ante Jesús y le zarandea frenéticamente, como si el delirio se hubiera apoderado de él. «¿Soy yo? ¿Soy yo? ¿Me examino? No me parece serlo. Pero Tú… has dicho que te negaré… Y tiemblo… ¡Qué horror ser yo!…».

«No, Simón de Jonás, tú no».

«¿Por qué me has quitado mi nombre de “Piedra”? ¿Entonces soy de nuevo Simón? ¿Lo ves? ¡Lo estás diciendo!… ¡Soy yo! ¿Cómo he podido llegar a esto? Decidlo… decidlo vosotros… ¿Cuándo me he hecho traidor?… ¡Simón?… ¡Juan?… ¡Hablad!…».

«¡Pedro! ¡Pedro! ¡Pedro! Te llamo Simón porque pienso en el primer encuentro, cuando eras Simón. Y pienso en cómo has sido leal desde el primer momento. No eres tú. Lo digo Yo: Verdad».

«¿Quién, entonces?».

«¡Pues Judas de Keriot! ¿No lo has entendido todavía?» grita Judas Tadeo, que ya no es capaz de seguir conteniéndose.

«¿Por qué no me lo has dicho antes? ¿Por qué?» grita también Pedro.

«Silencio. Es Satanás. No tiene otro nombre. ¿A dónde vas, Pedro?».

«A buscarle».

«Deja inmediatamente ese manto y esa arma. ¿O es que tengo que expulsarte y maldecirte?».

«¡No, no! ¡Oh, Señor mío! Pero yo… pero yo… ¿estaré enfermo de delirio? ¡Oh! ¡Oh!». Pedro llora arrojado al suelo a los pies de Jesús.

600.33

«Os doy el mandamiento de que os améis. Y que perdonéis ¿Habéis comprendido? Aunque en el mundo haya odio, en vosotros haya sólo amor. Hacia todos. ¡Cuántos traidores encontraréis en vuestro camino! Pero no debéis odiarlos y devolverles mal por mal. Si eso hiciereis, el Padre os aborrecerá a vosotros. Antes de vosotros, fui odiado y traicionado Yo. Y ya veis que Yo no odio. El mundo no puede amar lo que no es como él. Por tanto, no os amará. Si fuerais suyos, os amaría; pero no sois del mundo, pues que Yo os he tomado de entre el mundo. Y por esto sois odiados.

Os he dicho: el siervo no es más que su señor. Si me han perseguido a mí os perseguirán también a vosotros. Si me han escuchado a mí os escucharán también a vosotros. Pero todo lo harán por causa de mi Nombre, porque no conocen, no quieren conocer al que me ha enviado. Si no hubiera venido y no hubiera hablado, no serían culpables, pero ahora su pecado no tiene disculpa. Han visto mis obras, oído mis palabras, y, no obstante, me han odiado, y conmigo a mi Padre. Porque Yo y el Padre somos una sola Unidad con el Amor. Pero estaba escrito[10]: “Me odiaste sin motivo”. Mas cuando venga el Consolador, el Espíritu de verdad que del Padre procede, dará testimonio de mí, y también vosotros lo daréis, porque desde el principio estuvisteis conmigo.

Os digo esto para que cuando sea la hora no quedéis abatidos y escandalizados. Pronto llegará el momento en que os echen de las sinagogas y en que el que os mate pensará que con ello está dando culto a Dios. No han conocido al Padre y tampoco a mí. En esto está su atenuante. Estas cosas no os las he dicho con tanta amplitud antes de ahora porque erais como niños recién nacidos. Pero ahora la madre os deja. Yo me marcho. Deberéis habituaros a otro alimento. Quiero que lo conozcáis.

600.34

Ya ninguno me pregunta: “¿A dónde vas?”. La tristeza os hace mudos. Y, no obstante, es bueno también para vosotros que me marche; si no, no vendrá el Consolador. Yo os lo enviaré. Y, cuando venga, a través de la sabiduría y la palabra, las obras y el heroísmo que infundirá en vosotros, convencerá al mundo de su pecado deicida, y de justicia en orden a mi santidad. Y el mundo será netamente dividido en réprobos, enemigos de Dios, y creyentes. Éstos serán más o menos santos, según su voluntad. Pero se llevará a cabo el juicio del príncipe del mundo y de sus siervos. Más no puedo deciros, porque todavía no podéis entender. Pero Él, el divino Paráclito, os dará la Verdad entera porque no hablará de sí mismo, sino que dirá todo lo que ha oído de la Mente de Dios y os anunciará el futuro. Tomará lo que de mí viene —o sea, aquello que igualmente es del Padre— y os lo dirá.

Todavía un poco nos veremos. Luego ya no me veréis. Después todavía un poco, y me veréis de nuevo.

600.35

Hacéis comentarios entre vosotros y en vuestro corazón. Escuchad una parábola. La última de vuestro Maestro.

Cuando una mujer ha concebido y le llega la hora del parto, se encuentra muy afligida porque sufre y gime. Pero, cuando da a luz a su hijito y le estrecha contra su corazón, cesa toda pena y la tristeza se transforma en alegría porque un hombre ha venido al mundo.

Lo mismo vosotros. Lloraréis y el mundo reirá a costa de vosotros. Pero luego vuestra tristeza se transformará en alegría, una alegría que el mundo nunca conocerá. Vosotros ahora estáis tristes. Pero cuando volváis a verme vuestro corazón se llenará de un gozo que ninguno podrá arrebataros, una alegría tan plena, que acallará toda necesidad de pedir, tanto para la mente como para el corazón como para la carne. Sólo os alimentaréis de verme de nuevo, y olvidaréis todas las demás cosas. Y, precisamente desde ese momento, podréis pedir todo en mi Nombre, y el Padre os lo dará, para que vuestra alegría sea cada vez mayor. Pedid, pedid, y recibiréis.

Llega la hora en que podré hablaros abiertamente del Padre. Ello será porque habréis sido fieles en la prueba y todo habrá quedado superado; perfecto, pues, vuestro amor, porque os habrá dado fuerza en la prueba. Y lo que os falte a vosotros Yo os lo añadiré tomándolo de mi inmenso tesoro, y diré: “Padre, Tú lo ves: me han amado y han creído que he venido de ti”. Bajé a este mundo y ahora lo dejo y voy al Padre, y rogaré por vosotros».

600.36

«¡Oh, ahora te explicas! Ahora sabemos lo que quieres decir y que Tú sabes todo y respondes sin que nadie te pregunte. ¡Verdaderamente vienes de Dios!».

«¿Ahora creéis? ¿En el último momento? ¡Llevo tres años hablándoos! Pero es que ya obra en vosotros el Pan que es Dios y el Vino que es Sangre no venida de hombre, y os comunican el primer estremecimiento de deificación. Seréis dioses si perseveráis en mi amor y en la pertenencia a mí. No como se lo dijo Satanás a Adán y Eva, sino como Yo os lo digo. Es el verdadero fruto del árbol del Bien y de la Vida. El Mal queda vencido en quien se alimente con este fruto, y queda vencida la Muerte. El que coma de él vivirá eternamente y será “dios” en el Reino de Dios. Vosotros seréis dioses si permanecéis en mí. Y, no obstante…, pues, a pesar de tener en vosotros este Pan y esta Sangre —pues está llegando la hora en que os desperdigaréis—, os marcharéis por vuestra cuenta y me dejaréis solo… Pero no estoy solo. Tengo al Padre conmigo. ¡Padre! ¡Padre! ¡No me abandones! Todo os lo he dicho… Para daros paz. Mi paz. Todavía sufriréis opresión. Pero tened fe. Yo he vencido al mundo».

600.37

Jesús se levanta, abre los brazos en cruz y dice, luminoso su rostro, la sublime oración al Padre. Juan la reseña integralmente[11].

Los apóstoles lloran más o menos visible y ruidosamente. Por último, cantan un himno.

600.38

Jesús los bendice. Luego ordena: «Vamos a ponernos los mantos, ahora. Y vámonos. Andrés, di al dueño de la casa que deje todo así, por deseo mío. Mañana… os agradará volver a ver este lugar». Jesús lo mira. Parece bendecir las paredes, los muebles, todo. Luego se pone el manto y se encamina, seguido de los discípulos.

A su lado, Juan, en quien se apoya. «¿No saludas a tu Madre?» le pregunta el hijo de Zebedeo.

«No. Todo está ya hecho. Es más, caminad cautelosos».

Simón, que ha encendido un cirio del candelabro, ilumina el vasto pasillo que conduce a la puerta. Pedro abre cautelosamente la puerta de fuera y salen todos a la calle; luego, accionando un mecanismo, cierran desde fuera. Y se ponen en camino.

17 de febrero de 1944.

600.39

Dice Jesús:

«Del episodio de la Cena, aparte de la consideración de la caridad de un Dios que se hace Alimento para los hombres, resaltan cuatro enseñanzas principales.

Primera: la necesidad para todos los hijos de Dios de obedecer a la Ley.

La Ley decía que por Pascua se debía comer el cordero según el ritual que había dado el Altísimo a Moisés; y Yo, Hijo verdadero del Dios verdadero, no me consideré, por mi condición divina, exento de la Ley. Estaba en la Tierra: Hombre entre los hombres y Maestro de los hombres. Tenía, por tanto, que cumplir, respecto a Dios, mi deber de hombre como los demás y mejor que los demás. Los favores divinos no eximen de la obediencia y del esfuerzo en orden a una santidad cada vez mayor. Si comparáis la santidad más excelsa con la perfección divina, la encontráis siempre llena de imperfecciones, y, por tanto, obligada a esforzarse a sí misma para eliminarlas y alcanzar un grado de perfección semejante lo más posible al de Dios.

600.40

Segunda: el poder de la oración de María.

Yo era Dios hecho Carne. Una Carne que por ser sin mancha poseía la fuerza espiritual para dominar la carne. Y, no obstante, no rehúso —antes al contrario: invoco— la ayuda de la Llena de Gracia, la cual también en esos momentos de expiación encontraría, es verdad, sobre su cabeza, cerrado el Cielo, pero no tanto como para no lograr —siendo Ella Reina de los ángeles— arrebatar al Cielo un ángel para el consuelo de su Hijo. ¡Oh, no para ella, pobre Mamá! También Ella saboreó la amargura del abandono del Padre. Pero, por este dolor suyo ofrecido a la Redención, me obtuvo el poder superar la angustia del Huerto de los Olivos y el poder llevar a cumplimiento la Pasión en todo su multiforme rigor (cada uno de cuyos aspectos estaba orientado a lavar una forma y un medio de pecado).

600.41

Tercera: el dominio de uno mismo y la soportación de la ofensa —el acto de caridad más sublime de todos— pueden poseerlo únicamente aquellos que hacen vida de su vida la ley de caridad, que Yo había proclamado; y no sólo proclamado, sino realmente practicado.

No os podéis hacer una idea lo que fue para mí el tener a mi lado, a la mesa, a mi Traidor; el deber darme a él; el tener que humillarme ante él; el tener que compartir con él el cáliz del rito y poner los labios donde él los había puesto y ofrecer a mi Madre que los pusiera. Vuestros médicos han discutido y discuten sobre mi rápido fin, y lo atribuyen a un daño cardiaco debido a los golpes de la flagelación. Sí, también debido a estos golpes se debilitó mi corazón, pero ya había enfermado en la Cena, quebrantado, quebrantado en el esfuerzo de tener que sufrir a mi lado a mi Traidor. Empecé a morir físicamente entonces. El resto no fue sino un aumento de la agonía ya existente.

Todo lo que pude hacer lo hice, porque era uno con la Caridad. Incluso en el momento en que Dios-Caridad se retiraba de mí supe ser caridad, porque había vivido de caridad en mis treinta y tres años. No se puede llegar a una perfección como se requiere para perdonar y soportar a nuestro ofensor si no se tiene el hábito de la caridad. Yo lo tenía y pude perdonar y soportar a esta obra singular de Ofensor que fue Judas.

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Cuarta: el Sacramento obra más cuanto más digno es uno de recibirlo; cuanto más se ha hecho digno de él uno con una constante voluntad que quebranta la carne y hace señor al espíritu, venciendo las concupiscencias, doblegando el ser a las virtudes, tendiendo el ser, cual arco, hacia la perfección de las virtudes, sobre todo, de la caridad.

Porque cuando uno ama tiende a alegrar a aquel a quien ama. Juan, que era puro y era el que más me quería, recibió del Sacramento el máximo de la transformación. Empezó desde ese momento a ser esa águila al que le resultaba familiar y fácil la altura en el Cielo de Dios, fácil fijar su mirada en el Sol eterno. Pero, ¡ay de aquel que recibe el Sacramento sin haberse hecho digno de él, sino que, al contrario, haya aumentado su siempre humana indignidad con las culpas mortales! Entonces el Sacramento pasa de ser germen de preservación y vida, a serlo de corrupción y muerte. Muerte del espíritu y putrefacción de la carne, por lo cual ésta “revienta”, como dice Pedro[12] de la de Judas. No vierte la sangre, líquido siempre vital y hermoso en su púrpura, sino que esparce sus vísceras, negras de toda su libídine, podredumbre que se esparce fuera de la carne corrompida, como de la carroña de un animal inmundo, objeto de repulsa para los que pasan.

La muerte del profanador del Sacramento es siempre la muerte de un desesperado, y, por tanto, no conoce el plácido tránsito propio de quien está en gracia, ni el heroico tránsito de la víctima que sufre agudamente con la mirada fija en el Cielo y el alma segura de la paz. La muerte del desesperado es atroz en contorsiones y terror, es convulsión horrenda del alma ya aferrada por la mano de Satanás, que la estrangula para descuajarla de la carne, y que la ahoga con su nauseabundo hálito.

Ésta es la diferencia entre el que pasa a la otra vida habiéndose nutrido en ésta de caridad, fe, esperanza, y de todas las otras virtudes y de toda doctrina celeste, y del Pan angélico que le acompaña con sus frutos —y mejor si es con su presencia real— en el extremo viaje, y el que muere después de una vida bestial con muerte bestial no confortada ni por la Gracia ni por el Sacramento: lo primero es el sereno fin del santo al que la muerte le abre el Reino eterno; lo segundo es la espantosa caída del condenado que siente que se hunde en la muerte eterna y conoce en un instante aquello que ha querido perder, sin poder ya reparar. Para uno, ganancia; para el otro, ser despojado. Para uno, alegría; para el otro, terror.

Esto es lo que os dais, según que creáis en mi don y lo améis, o que no creáis en él y lo despreciéis. Y ésta es la enseñanza de esta contemplación».


Notes

  1. Dieu fait grâce est la signification du prénom Jean en hébreu. On le trouve appliqué à Jean-Baptiste en 22.4 et 24.2, à Jean d’En-Dor en 188.7 et en 366.8, à tous ceux qui portent ce prénom en 275.3, à Jeanne, femme de Kouza, en 638.2, et au “ petit Jean ” qu’est l’écrivain en 638.2.
  2. Ton père… l’avait bien vu : il s’agit du vieil Alphée, dans une invective contre Jésus (100.4/5) que Judas avait accueillie avec perfidie (100.9).
  3. il s’agit d’un psaume 113, devenu dans la Néo-Vulgate le Ps 114. Celui qui suit est l’actuel psaume 113.
  4. Un jour…, en 352.5/14.
  5. ce qui est écrit, en Is 53, 12.
  6. je vous l’ai dit, en 300.9, 301.6, 567.22.
  7. notre grand Judas : Jude et Judas sont le même prénom. Le “ grand Judas ” est Judas Maccabée, célébré en Gn 49, 8-12 ; Dt 33, 7 ; 1 M 3, 1-9.
  8. Il me semble que c’est le Psaume 114. Selon la numérotation de la Néo-Vulgate, les psaumes récités sont, dans l’ordre : le Ps 116 (qui regroupe les 114 et 115 de la Vulgate), le Ps 117, le Ps 118 (un long hymne), le Ps 119 (celui qui n’en finit pas).
  9. ce qui est écrit, en Ps 41, 10.
  10. comme suit : les deux dessins représentent les deux manières successives dont les apôtres sont disposés.
  11. S’il a été dit, en Jos 10, 12-14.
  12. Ce que j’ai dit aux juifs, en 488.2.
  13. Photinaï, la Samaritaine, rencontrée aux chapitres 143-144 et 147.4, et mentionnée en 571.4 ainsi qu’en 572.2 ; l’autre est Aglaé, rencontrée la première fois au chapitre 77.
  14. il était écrit, en Ps 35, 19 ; 69, 5.
  15. Jean la rapporte intégralement en Jn 17.
  16. comme dit Pierre en Act 1, 18.

Notas

  1. es el salmo 113, que en la neovulgata ha venido a ser el Salmo 114. El que se cita inmediatamente después es el actual Salmo 113.
  2. Una vez…, en 352.5/14.
  3. se dice, en Isaías 53, 12.
  4. dije, en 300.9, 301.6, 567.22.
  5. nuestro gran Judas, es decir, Judas Macabeo, celebrado en 1 Macabeos 3, 1-9.
  6. me parece. Según la numeración de la neovulgata, se recitan por orden: Salmo 116 (que agrupa el 114 y el 115 de la vulgata), Salmo 117, Salmo 118 (largo himno), Salmo 119 (el que no termina nunca).
  7. fue escrito, en Salmo 41, 10.
  8. se dijo, en Josué 10, 12-14.
  9. Se lo dije también a los judíos, en 488.2.
  10. estaba escrito, en Salmos 35, 19; 69, 5.
  11. la reseña integralmente, en su Evangelio: Juan17.
  12. como dice Pedro, en Hechos 1, 18.