Los Escritos de Maria Valtorta

608. Le chemin de croix du Prétoire au Calvaire.

608. La vía dolorosa del Pretorio al Calvario.

608.1

Un certain temps[1] passe, environ une demi-heure, peut-être encore moins. Puis Longinus, chargé de présider l’exécution, donne ses ordres.

Mais avant que Jésus ne soit conduit dehors, sur le chemin, pour recevoir la croix et se mettre en marche, Longinus l’a regardé deux ou trois fois avec une curiosité déjà nuancée de compassion. Avec le coup d’œil d’un homme habitué à certaines choses, il s’approche de Jésus avec un soldat et lui offre pour le désaltérer une coupe de vin, je crois, car il coule d’une vraie gourde militaire un liquide d’un blond rosé clair.

« Cela va te faire du bien. Tu dois avoir soif. Dehors, il y a du soleil, et la route est longue. »

Mais Jésus répond :

« Que Dieu te récompense de ta pitié, mais ne te prive pas.

– Mais moi, je suis en bonne santé et fort. …Toi… Je ne me prive pas… D’ailleurs, c’est bien volontiers que je le ferais pour te réconforter… Une gorgée… pour me montrer que tu ne déteste pas les païens. »

Jésus ne refuse plus et boit une gorgée de la boisson. Il a les mains déliées, de même qu’il n’a plus le roseau ni la chlamyde, et il peut le faire tout seul. Ensuite il refuse, bien que la boisson fraîche et bonne aurait pu soulager la fièvre qui déjà se manifeste par les traces rouges qui s’allument sur ses joues pâles et sur ses lèvres sèches et gercées.

« Prends, prends. C’est de l’eau et du miel. Cela réconforte et désaltère… Tu me fais pitié… oui… pitié… Ce n’était pas toi qu’il fallait tuer, parmi les Hébreux… Hélas !… Moi, je ne te hais pas… et je tenterai de ne te faire souffrir que l’inévitable. »

Mais Jésus ne recommence pas à boire… Il a vraiment soif… La soif terrible des fiévreux et de ceux qui ont perdu du sang… Il sait que ce n’est pas une boisson mêlée à un narcotique et il boirait volontiers. Mais il ne veut pas souffrir moins. Grâce à une lumière intérieure, je comprends que ce qui le réconforte, c’est plus la pitié du Romain que l’hydromel.

« Que Dieu te rende en bénédictions ce soulagement » dit-il ensuite.

Et il a encore un sourire… un sourire déchirant de sa bouche enflée, blessée, qu’il remue difficilement ; ce qui le gêne, c’est l’enflure, entre le nez et la pommette droite, de la forte contusion du coup de bâton qu’il a reçu dans la cour intérieure après la flagellation.

608.2

Arrivent les deux larrons, encadrés chacun par une décurie de soldats. C’est l’heure de partir. Longinus donne les derniers ordres.

Une centurie est disposée sur deux rangs distants de trois mètres l’un de l’autre, et elle sort ainsi sur la place où une autre centurie a formé un carré pour repousser la foule afin qu’elle ne gêne pas le cortège. Sur la petite place se trouvent déjà des hommes à cheval : une décurie de cavalerie avec un jeune gradé qui les commande et avec les enseignes. Un soldat à pied tient par la bride le cheval moreau du centurion. Longinus monte en selle et se rend à sa place, à deux mètres en avant des onze cavaliers.

On apporte les croix : celles des deux larrons sont plus courtes. Celle de Jésus est beaucoup plus longue. J’affirme que la pièce verticale n’a pas moins de quatre mètres. Je la vois apportée déjà formée.

J’ai lu à ce sujet, quand je pouvais encore lire… c’est-à-dire il y a des années, que la croix fut assemblée en haut du Golgotha et que le long du chemin les condamnés portaient seulement les deux poteaux sur leurs épaules. C’est possible, mais moi, je vois une vraie croix bien formée, solide, avec les bras parfaitement encastrés dans la pièce principale et bien renforcée par des clous et des boulons. En fait, si on réfléchit qu’elle était destinée à soutenir le poids considérable qu’est le corps d’un adulte, et cela même au moment des convulsions finales, considérables aussi, on comprend qu’elle ne pouvait être assemblée sur le sommet étroit et malcommode du Calvaire.

Avant de remettre sa croix à Jésus, on lui passe au cou l’écriteau portant la mention “ Jésus le Nazaréen, Roi des Juifs ”. La corde qui le soutient s’emmêle dans la couronne d’épines, qui se déplace et griffe Jésus là où il n’y a pas déjà de griffures et pénètre plus loin, occasionnant une nouvelle souffrance et en faisant de nouveau couler du sang. Les gens rient d’une joie sadique, insultent, blasphèment.

Tout est prêt désormais, et Longinus peut donner l’ordre de marche :

« D’abord le Nazaréen, puis les deux larrons ; une décurie autour de chacun, les sept autres décuries sur les ailes et comme renfort, et le responsable sera le soldat qui fait frapper à mort les condamnés. »

608.3

Jésus descend les trois marches qui mènent du vestibule à la place. Il apparaît tout de suite avec évidence que Jésus est dans des conditions de grande faiblesse. Il vacille en descendant, gêné par la croix qui repose sur son épaule tout écorchée, par l’écriteau qui se déplace devant lui et dont la corde lui scie le cou, par les balancements qu’imprime au corps la longue pièce de la croix qui saute sur les marches et sur les aspérités du sol.

Les Juifs rient de le voir tituber comme un homme ivre, et ils crient aux soldats :

« Poussez-le. Faites-le tomber. Dans la poussière, le blasphémateur ! »

Mais les soldats s’en tiennent à leur devoir : ils ordonnent au Condamné de se placer au milieu du chemin et de marcher. Longinus éperonne son cheval, et le cortège se met lentement en mouvement.

Longinus voudrait faire vite en prenant le chemin le plus court pour aller au Golgotha, car il n’est pas sûr de la résistance du Condamné. Mais la pègre déchaînée — c’est lui faire encore trop d’honneur de l’appeler ainsi — ne veut pas en entendre parler. Les plus rusés ont déjà pris de l’avance et se sont placés au carrefour où la route bifurque pour aller d’un côté vers les murs, de l’autre vers la ville. Ils s’agitent et crient quand ils voient Longinus prendre la direction des murs.

« Tu n’as pas le droit ! Tu n’a pas le droit ! C’est illégal ! La Loi dit que les condamnés doivent être vus par la ville où ils ont péché ! »

Les Juifs, qui sont à la queue du cortège, comprennent que par devant on essaie de les frustrer d’un droit, et ils unissent leurs cris à ceux de leurs collègues.

Par souci de garder la paix, Longinus prend la route qui se dirige vers la ville et en parcourt un tronçon. Mais il fait signe aussi à un décurion de venir près de lui (je dis décurion parce que c’est un gradé, mais c’est peut-être quelqu’un que nous appellerions son officier d’ordonnance) et il lui parle tout bas. Celui-ci revient en arrière au trot, et à mesure qu’il rejoint le chef de chaque décurie il transmet l’ordre, après quoi il retourne vers Longinus pour lui dire que sa mission est accomplie. Enfin, il reprend sa place primitive dans le rang derrière Longinus.

608.4

Jésus avance en haletant. Chaque ornière est un piège pour son pied qui vacille et une torture pour ses épaules écorchées, pour sa tête couronnée d’épines sur laquelle tombe à pic un soleil excessivement chaud — même s’il se cache par moments derrière un rideau de nuages de plomb, il n’en reste pas moins brûlant. Jésus est congestionné par la fatigue, par la fièvre et par la chaleur. Je pense que même la lumière et les hurlements doivent le tourmenter. Et, s’il ne peut se boucher les oreilles pour ne pas entendre ces cris déchaînés, il ferme à demi les yeux pour ne pas voir la route éblouissante de soleil… Mais il doit aussi les rouvrir parce qu’il bute contre les pierres et les trous, et c’est chaque fois une douleur car cela fait bouger brusquement la croix qui heurte la couronne, qui se déplace sur l’épaule écorchée, élargit la plaie et augmente la souffrance.

Les Juifs ne peuvent plus le frapper directement ; mais il arrive encore quelques pierres et quelques coups de bâton, les premières spécialement dans les petites places bondées, les seconds au contraire dans les tournants, dans les petites rues où l’on monte et descend des marches, tantôt une, tantôt trois, tantôt davantage, à cause des dénivellations continuelles de la ville. Là, nécessairement, le cortège ralentit et il y a toujours quelque volontaire (!) qui défie les lances romaines pour donner un nouveau coup au chef d’œuvre de torture qu’est désormais Jésus.

Les soldats le défendent comme ils peuvent. Mais ce faisant, il leur arrive aussi de le frapper, parce que les longs manches des lances, brandies en aussi peu d’espace, le heurtent et le font buter. Enfin, arrivés à un certain point, les soldats font une manœuvre impeccable et, malgré les vociférations et les menaces, le cortège dévie brusquement par un chemin qui mène directement vers les murs, en descendant, un chemin qui abrège beaucoup la route vers le lieu du supplice.

Jésus halète toujours plus. La sueur coule sur son visage en même temps que le sang des blessures de la couronne d’épines. La poussière se colle sur ce visage trempé et le macule de taches étranges, car il y a aussi du vent maintenant. Des coups de vent syncopés à longs intervalles où retombe la poussière que la foule a soulevée en tourbillons, qui amènent des détritus dans les yeux et dans la gorge de Jésus.

A la Porte Judiciaire sont déjà entassés quantité de gens, les prévoyants qui se sont choisi assez tôt une bonne place pour voir. Mais un peu avant d’y arriver, Jésus a déjà failli chuter. Seule la prompte intervention d’un soldat, sur lequel il allait presque tomber, empêche Jésus d’aller par terre. La populace rit et crie :

« Laissez-le ! Il disait à tous : “ Levez-vous. ” Qu’il se lève lui, maintenant… »

Au-delà de la porte, il y a un torrent et un petit pont. C’est une nouvelle fatigue pour Jésus de marcher sur ces planches disjointes sur lesquelles rebondit plus fortement le long bois de la croix. C’est aussi une nouvelle mine de projectiles pour les Juifs. Les pierres du torrent volent et frappent le pauvre Martyr…

608.5

Alors commence la montée du Calvaire. Ce chemin nu, sans un brin d’ombre, couvert de pierres disjointes, attaque directement la montée.

Ici aussi, à l’époque où je lisais, j’ai lu que le Calvaire n’avait que quelques mètres de hauteur. Possible. Ce n’est certainement pas une montagne. Mais c’est une colline, et certainement pas plus basse que ne l’est, à Florence, le mont aux Croix par rapport à Lungami, là où se trouve la basilique San Miniato. On dira : “ C’est bien peu de chose ! ” Oui, pour quelqu’un qui est en bonne santé et fort, c’est peu de chose. Mais il suffit d’avoir le cœur faible pour sentir si c’est peu ou beaucoup !… Je sais qu’après avoir eu le cœur malade — même quand c’était encore bénin —, je ne pouvais gravir cette pente sans souffrir beaucoup, et je devais m’arrêter à chaque instant ; or je n’avais pas de fardeau sur les épaules. Et je crois que Jésus avait le cœur très malade, surtout après la flagellation et la sueur de sang… et je ne contemple rien autre.

Jésus éprouve donc une douleur aiguë dans la montée, due au poids de la croix qui, longue comme elle est, doit être très lourde.

Une pierre dépasse, et, épuisé comme il l’est, il lève trop peu le pied, bute et tombe sur le genou droit mais parvient à se relever à l’aide de la main gauche. La foule pousse des cris de joie… Il se relève. Il avance de plus en plus courbé et haletant, congestionné, fiévreux…

L’écriteau, qui ballotte devant lui, lui gêne la vue ; son long vêtement, maintenant qu’il avance courbé, traîne par terre par devant et gêne sa marche. Il bute de nouveau et tombe sur les deux genoux, en se blessant de nouveau là où il est déjà blessé. La croix lui échappe des mains et tombe, après lui avoir frappé fortement le dos, l’obligeant à se pencher pour la relever et à peiner pour la remettre sur ses épaules. Cela permet de voir nettement, sur son épaule droite, la plaie causée par le frottement de la croix, qui a ouvert les plaies nombreuses de la flagellation et en a fait une seule, qui transsude de l’eau et du sang, de sorte que la tunique est toute tachée à cet endroit. Les gens vont jusqu’à applaudir, heureux de ces mauvaises chutes.

Longinus incite à se hâter, et les soldats, à coups de plat de dague, invitent le pauvre Jésus à avancer. On reprend la marche avec une lenteur de plus en plus grande malgré tous les efforts.

Jésus semble tout à fait ivre tant sa marche est chancelante, et il heurte tantôt un rang de soldats, tantôt l’autre, occupant toute la route. Les gens le remarquent et crient :

« Sa doctrine lui est montée à la tête. Vois, vois comme il titube ! »

Et d’autres, qui ne sont pas du peuple, mais des prêtres et des scribes, ricanent :

« Non ! Ce sont les festins pris dans la maison de Lazare qui lui montent encore à la tête. Ils étaient bons ? Maintenant, mange notre nourriture… » et d’autres phrases semblables.

608.6

Longinus, qui se retourne de temps en temps, a pitié et ordonne une halte de quelques minutes. Mais il est tellement insulté par la populace que le centurion commande aux troupes de charger. Devant les lances qui brillent et menacent, la foule montre sa lâcheté, et elle s’éloigne en criant et en descendant çà et là sur la montagne.

C’est alors que je revois sortir de derrière des décombres, peut-être de quelque muret éboulé, le petit groupe des bergers. Désolés, bouleversés, poussiéreux, déchirés, ils appellent le Maître par la seule force de leurs regards. Et lui tourne la tête, les voit… Il les fixe comme si c’étaient des visages d’anges, paraît se désaltérer et se fortifier de leurs larmes, et il sourit… On redonne l’ordre d’avancer, et Jésus passe juste devant eux et entend leurs pleurs angoissés. Il tourne avec difficulté la tête sous le joug de la croix et leur sourit de nouveau… Ses réconforts… Dix visages… une halte sous le soleil brûlant…

Et aussitôt, la douleur de la troisième chute complète. Et cette fois, ce n’est pas qu’il bute : il tombe par un soudain fléchissement de ses forces. C’est une syncope. Il s’affale de tout son long et se frappe le visage sur les pierres disjointes, restant dans la poussière, sous la croix retombée sur lui. Les soldats essaient de le relever. Mais comme il paraît mort, ils vont le rapporter au centurion. Pendant qu’ils vont et viennent, Jésus revient à lui, et lentement, avec l’aide de deux soldats dont l’un relève la croix et l’autre aide le Condamné à se relever, il reprend sa place. Mais il est manifestement épuisé.

« Arrangez-vous pour qu’il ne meure que sur la croix ! crie la foule.

– Si vous le faites mourir avant, vous en répondrez au Proconsul, souvenez-vous-en. Le coupable doit arriver vivant au supplice » disent les chefs des scribes aux soldats.

Ceux-ci les foudroient de leurs regards féroces, mais, par discipline, ils ne parlent pas.

608.7

Longinus, cependant, redoute, tout comme les Juifs, que le Christ meure en route et il ne veut pas avoir d’ennuis. Sans avoir besoin que quelqu’un le lui rappelle, il sait quel est son devoir de préposé à l’exécution et il y pourvoit. Ce faisant, il désoriente les Juifs qui sont déjà accourus en avant par la route qu’ils ont rejointe de tous les côtés de la montagne en transpirant, en se griffant pour passer à travers les rares buissons épineux du mont aride et brûlé, en tombant sur les détritus qui l’encombrent comme si c’était un lieu de déblai pour Jérusalem, sans sentir d’autre peine que celle de perdre un halètement du Martyr, un de ses regards douloureux, un geste même involontaire de souffrance, et sans autre peur que celle de ne pas arriver à avoir une bonne place.

Longinus donne donc l’ordre de prendre le chemin le plus long, qui monte en lacets au sommet et qui est beaucoup moins raide. Il semble que ce sentier, à force d’être parcouru, soit devenu un chemin praticable.

Ce croisement des deux itinéraires se trouve à peu près à mi-hauteur. Mais je vois que, plus haut, à quatre reprises, la voie directe est coupée par celle qui monte moins rapidement, mais qui, en compensation, est beaucoup plus longue. Et sur cette route, il y a des gens qui montent, mais qui ne participent pas à l’indigne chahut des obsédés qui suivent Jésus pour jouir de ses tourments : ce sont des femmes pour la plupart, en larmes et voilées, ainsi que quelques petits groupes d’hommes, très peu nombreux en vérité mais qui ont beaucoup plus d’avance sur les femmes, puisqu’ils sont sur le point de disparaître de la vue là où le chemin fait le tour de la montagne.

De ce côté, le Calvaire a une sorte de pointe en forme de museau, alors que de l’autre la paroi tombe à pic. Je vais essayer de donner une idée de son aspect de profil. Mais il faut que je tourne la page, car cela me serait difficile ici par manque de place[2].

Les hommes disparaissent derrière la pointe rocheuse et je les perds de vue.

608.8

Les gens qui suivaient Jésus hurlent de rage. Ils trouvaient plus beau de le voir tomber. Avec des imprécations obscènes adressées au Condamné et à ceux qui le conduisent, certains se mettent à suivre le cortège judiciaire tandis que d’autres montent presque en courant par la voie pentue pour se dédommager de leur déception par une excellente place au sommet.

Les femmes, qui s’avancent en pleurant, se retournent en entendant les cris, et voient que le cortège tourne de leur côté. Elles s’arrêtent alors en s’adossant au mont, par crainte d’être jetées en bas par les Juifs violents. Elles abaissent encore plus leurs voiles sur leurs visages ; il y en a même une qui est complètement voilée, comme une musulmane, ne laissant libres que ses yeux très noirs. Elles sont vêtues très richement et ont pour les défendre un vieil homme robuste dont, enveloppé dans son manteau comme il l’est, je ne distingue pas le visage. Je ne vois que sa longue barbe, plutôt blanche que noire, qui sort de son manteau foncé.

Quand Jésus arrive à leur hauteur, elles sanglotent plus fort et se courbent en profondes salutations. Puis elles s’avancent résolument. Les soldats voudraient les repousser de leurs lances, mais celle qui est couverte comme une musulmane écarte un instant son voile devant l’enseigne arrivé à cheval pour voir quel est ce nouvel obstacle. Il donne l’ordre de la laisser passer. Je ne puis voir son visage ni son vêtement, car elle a déplacé son voile avec la rapidité de l’éclair, et son habit est complètement caché par un manteau qui tombe jusqu’à terre, lourd, fermé complètement par une série de fibules. La main, qui apparaît un instant pour déplacer le voile, est blanche et belle, et c’est, avec ses yeux noirs, tout ce que l’on voit de cette grande matrone, certainement influente puisque l’officier de Longinus lui obéit ainsi.

608.9

Elles s’approchent de Jésus en pleurant et s’agenouillent à ses pieds, tandis qu’il s’arrête, suffoquant… Il parvient pourtant à sourire aux saintes femmes et à l’homme qui les escorte ; celui-ci se découvre pour montrer qu’il est le berger Jonathas, mais les gardes ne le laissent pas passer, seules les femmes le peuvent.

L’une d’elles est Jeanne, femme de Kouza. Elle a la mine plus défaite que lorsqu’elle était mourante[3]. De rouge, elle n’a que les traces de ses larmes, car son visage est blanc comme neige, et ses doux yeux noirs sont brouillés au point de prendre une teinte violet foncé comme certaines fleurs. Elle tient dans les mains une amphore d’argent et l’offre à Jésus. Mais lui refuse. D’ailleurs, son essoufflement est si grand qu’il ne pourrait même plus boire. De la main gauche, il s’essuie la sueur et le sang qui lui tombent dans les yeux, coulent le long de ses joues rouges et de son cou aux veines gonflées par le battement essoufflé du cœur, et trempent tout son vêtement sur la poitrine.

Une autre femme, accompagnée d’une jeune servante portant un coffret, l’ouvre, en tire un tissu de lin très blanc, carré, et l’offre au Rédempteur. Il l’accepte, et comme il ne peut avec une seule main le faire par lui-même, la femme pleine de pitié l’aide à le poser sur son visage, en veillant à ne pas heurter la couronne d’épines. Jésus presse le linge frais sur son pauvre visage et l’y tient comme s’il y trouvait un grand réconfort.

Puis il rend le linge et dit :

« Merci Jeanne, merci Nikê… Sarah… Marcella… Elise… Lydia… Anne… Valeria… et toi… Mais… ne pleurez pas… sur moi… filles de… Jérusalem… mais sur les péchés… les vôtres et ceux… de votre ville… Bénie… Jeanne… de n’avoir… plus d’enfants… Vois… c’est une pitié de Dieu… de ne pas… de ne pas avoir d’enfants… qui auraient pu… souffrir de… cela. Et toi aussi… Elisabeth… Mieux… comme cela… que parmi les déicides… Et vous… mères… pleurez sur… vos enfants, car… cette heure ne passera pas… sans châtiment… Et quel châtiment, s’il en est ainsi pour… l’Innocent… Vous pleurerez alors… d’avoir conçu… allaité et… d’avoir encore… vos enfants… Les mères… de ce moment-là… pleureront parce que… en vérité, je vous le dis… heureux sera … celui qui alors… tombera… sous les décombres… le premier. Je vous bénis… Rentrez… chez vous… Priez… pour moi. Adieu, Jonathas… Reconduis-les… »

Et, au milieu d’un cri aigu de pleurs féminins et d’imprécations juives, Jésus se remet en marche.

608.10

Il est de nouveau trempé de sueur. Les soldats aussi transpirent, tout comme les deux autres condamnés, car le soleil de ce jour d’orage est brûlant comme la flamme, et le flanc de la montagne devenu brûlant lui aussi ajoute à la chaleur du soleil.

Il est facile d’imaginer l’effet de ce soleil sur le vêtement de laine de Jésus, en contact avec les blessures des fouets, et d’en être horrifié… Mais lui ne profère pas une plainte. Seulement, bien que la route soit beaucoup moins raide et n’ait pas ces pierres disjointes, si dangereuses pour son pied qui traîne maintenant, Jésus titube toujours plus fort, allant heurter un rang de soldats puis le rang opposé, et fléchissant de plus en plus vers la terre.

Ils pensent résoudre cet inconvénient en lui passant une corde à la taille et en la tenant par les deux bouts comme si c’étaient des rênes. Oui, cela le soutient, mais ne lui enlève pas son fardeau. Au contraire, la corde, en heurtant la croix, la déplace continuellement sur l’épaule et la fait frapper la couronne d’épines qui désormais a fait du front de Jésus un tatouage sanglant. De plus, cette corde frotte la taille où se trouvent tant de blessures et doit sûrement les rouvrir. Aussi la tunique blanche se colore-t-elle à la taille d’un rosé pâle. Pour l’aider, ils le font souffrir plus encore.

608.11

Le chemin continue, il fait le tour de la colline, puis revient presque en avant vers la voie pentue. Là se trouve Marie avec Jean, à l’endroit que j’indique par la lettre M. Je suppose que Jean l’a amenée en ce lieu ombragé, derrière la pente du mont, pour qu’elle se repose un peu. C’est la partie la plus escarpée. Il n’y a que ce chemin qui la côtoie. Au-dessus comme en contrebas, la pente est forte. C’est pourquoi les cruels la négligent. Là, il y a de l’ombre — je pense que c’est le nord —, et Marie est à l’abri du soleil. Elle se tient debout, adossée au flanc de la colline, mais elle est déjà épuisée. Elle aussi halète, pâle comme une morte dans son vêtement bleu très foncé, presque noir.

Jean la regarde avec un air de pitié désolée. Lui aussi a perdu toute trace de couleur avec sa mine terreuse ; ses yeux sont las et écarquillés, il est dépeigné et il a les joues creuses comme s’il avait été malade. Les autres femmes : Marie et Marthe, sœurs de Lazare, Marie, femme d’Alphée et Marie, femme de Zébédée, Suzanne de Cana, la maîtresse de la maison et d’autres encore que je ne connais pas[4], se tiennent au milieu du chemin et guettent le passage du Sauveur. Ayant vu que Longinus arrive, elles courent trouver Marie pour lui annoncer la nouvelle. Majestueuse dans sa douleur, Marie, soutenue par le coude par Jean, se détache de la côte de la colline et se met résolument au milieu du chemin. Elle ne s’écarte qu’à l’arrivée de Longinus qui, du haut de son cheval, regarde la femme pâle et le blond jeune homme qui l’accompagne, l’air blafard, avec ces doux yeux de ciel comme elle. Et Longinus hoche la tête en la dépassant, suivi des onze cavaliers.

Marie essaie de passer entre les soldats à pied, mais ceux-ci, qui ont chaud et sont pressés, cherchent à la repousser de leurs lances, d’autant plus que, du chemin pavé, des pierres volent pour protester contre tant de pitié. Ce sont encore les Juifs qui lancent des imprécations à cause de l’arrêt provoqué par les saintes femmes :

« Vite ! Demain, c’est la Pâque[5]. Il faut que tout soit fini avant ce soir ! Vous qui méprisez notre Loi, vous êtes complices ! Oppresseurs ! A mort les envahisseurs et leur Christ ! Ils l’aiment ! Voyez comme ils l’aiment ! Mais prenez-le ! Emmenez-le dans votre ville maudite ! Nous vous le cédons ! Nous n’en voulons pas ! Les charognes aux charognes ! La lèpre aux lépreux ! »

608.12

Longinus se lasse et éperonne son cheval, suivi des dix lanciers, contre la canaille qui l’insulte et qui fuit une seconde fois. C’est alors qu’il voit une charrette arrêtée, montée certainement des jardins potagers qui se trouvent au pied de la montagne, et qui attend avec son chargement de salades que la foule soit passée pour descendre vers la ville. Je pense qu’un peu de curiosité chez Simon de Cyrène et ses fils l’ont fait monter jusqu’ici, car il n’était vraiment pas nécessaire pour lui de le faire. Les deux fils, allongés sur le tas de légumes, rient de voir les Juifs en fuite. L’âne effrayé, veut reculer. Debout à côté de lui, l’homme regarde attentivement le cortège. Il est robuste et doit avoir entre quarante et cinquante ans.

Longinus le dévisage. Il pense qu’il peut lui être utile et lui ordonne :

« Homme, viens ici. »

Simon de Cyrène fait mine de ne pas entendre, mais avec Longinus, il n’est pas question de plaisanter. Il réitère son ordre de telle façon que l’homme jette les rênes à un de ses fils et s’approche du centurion.

« Tu vois cet homme ? » lui demande-t-il.

A ces mots, il se retourne pour indiquer Jésus et voit à son tour Marie qui supplie les soldats de la laisser passer. Il en a pitié et crie :

« Laissez passer la femme. »

Puis il reprend :

« Ainsi chargé, il ne peut plus avancer. Toi, tu es fort. Prends sa croix et porte-la à sa place jusqu’au sommet.

– Je ne peux pas… J’ai l’âne… il est rétif… les garçons ne savent pas le retenir. »

Mais Longinus rétorque :

« Dépêche-toi, si tu ne veux pas perdre l’âne et gagner vingt coups en guise de punition. »

Simon n’ose plus réagir. Il crie aux garçons :

« Allez vite à la maison et dites que j’arrive tout de suite. »

Puis il va vers Jésus.

608.13

Il le rejoint juste au moment où Jésus se tourne vers sa Mère : c’est alors seulement qu’il la voit venir, car il avance tout courbé et les yeux presque clos comme s’il était aveugle. Il s’écrie :

« Maman ! »

C’est le premier mot depuis qu’il est torturé qui exprime sa douleur. Il y a dans ce cri l’aveu de sa terrible souffrance spirituelle, morale et physique. C’est le cri déchiré et déchirant d’un enfant qui meurt seul, au milieu de ses persécuteurss et sous les pires tortures… et qui arrive à avoir peur même de sa propre respiration. C’est la plainte d’un enfant qui délire et que meurtrissent des visions de cauchemar… Il demande sa mère, la seule dont le baiser frais calme l’ardeur de la fièvre, celle dont la voix fait fuir les fantômes et dont l’étreinte rend la mort moins effrayante…

Marie porte la main à son cœur comme si elle avait reçu un coup de poignard. Elle vacille légèrement, mais elle se reprend, hâte le pas et, les bras tendus vers son Enfant martyrisé, elle s’écrie :

« Mon Fils ! »

Mais elle dit cela d’une telle manière que le cœur, s’il n’est pas de pierre, se fend à la vue de cette douleur.

Je vois chez les Romains eux-mêmes un mouvement de pitié… et pourtant ce sont des hommes d’armes habitués aux tueries, marqués de cicatrices. Mais ces mots : “ Maman ! ” et “ Mon fils ! ” sont toujours les mêmes, ils sont dits et compris partout, et soulèvent partout des flots de pitié… à moins d’avoir un cœur de hyène…

Simon de Cyrène éprouve lui aussi cette pitié… Il voit que Marie ne peut embrasser son Fils à cause de la croix, et qu’après avoir tendu les mains, elle les laisse retomber, certaine de ne pouvoir le faire. Elle le regarde seulement, essayant de sourire de son sourire martyr, pour le réconforter, alors que ses lèvres tremblantes boivent ses larmes. Lui, tordant la tête de sous le joug de la croix, cherche à son tour à lui sourire et à lui envoyer un baiser de ses pauvres lèvres blessées et fendues par les coups et la fièvre. A cette vue, Simon se hâte d’enlever la croix, ce qu’il fait avec la délicatesse d’un père, pour ne pas heurter la couronne d’épines et ne pas frotter les plaies.

Mais Marie ne peut embrasser son Fils… L’attouchement, même le plus léger, serait une torture sur les chairs déchirées, et Elle s’en abstient. Et puis… les sentiments les plus saints ont une pudeur profonde et ils veulent le respect ou du moins la compassion. Or ici, ce sont la curiosité et surtout le mépris qui règnent. Leur étreinte se borne donc à être celle de leurs deux âmes angoissées.

608.14

Le cortège reprend sa marche sous la poussée des flots d’un peuple furieux qui les presse, les sépare, et repousse Marie contre la colline, l’exposant au mépris de tout un peuple…

Maintenant, Simon de Cyrène suit Jésus avec la croix. Et Jésus, libéré de ce fardeau, marche mieux. Il halète fortement, portant souvent la main à son cœur comme s’il éprouvait une grande douleur, une blessure à la région sterno-cardiaque. Maintenant qu’il le peut, puisqu’il n’a plus les mains liées, il repousse ses cheveux tombés en avant, tout gluants de sang et de sueur, jusque derrière les oreilles, pour sentir l’air sur son visage congestionné, et il délace le cordon du cou qui le fait souffrir quand il respire… Sa marche est plus facile.

Marie s’est retirée avec les femmes. Elle suit le cortège une fois qu’il est passé, puis, par un raccourci, elle se dirige vers le sommet de la colline, sans se soucier des imprécations de la plèbe cannibale. Maintenant que Jésus est libre, le dernier lacet du chemin est assez vite parcouru et ils sont proches du sommet, bondé de tout un peuple vociférant.

Longinus s’arrête et il ordonne que tous, inexorablement, soient repoussés plus bas, pour dégager le lieu de l’exécution. Une moitié de la centurie exécute l’ordre en accourant sur place et en repoussant sans pitié tous ceux qui s’y trouvent, se servant pour cela de leurs dagues et de leurs lances. Sous la grêle des coups de plat et des bâtons, les Juifs s’enfuient du sommet. Ils voudraient bien se placer sur l’esplanade qui est au-dessous, mais ceux qui y ont déjà pris place ne cèdent pas, de sorte que des rixes féroces ont lieu. Ils semblent tous fous.

608.15

Comme je l’ai dit[6] l’an dernier, le sommet du Calvaire a la forme d’un trapèze irrégulier, légèrement plus élevé d’un côté, à partir duquel la colline descend rapidement pendant un peu plus de la moitié de sa hauteur. Sur cette petite place, on a déjà préparé trois trous profonds renforcés de briques ou d’ardoises, creusés exprès, en somme. Tout près d’eux se trouvent des pierres et de la terre, prêtes pour butter les croix. D’autres trous, en revanche, ont été laissés pleins de pierres. On comprend qu’ils les vident d’une fois sur l’autre selon le nombre de ceux qui servent.

Sous la cime trapézoïdale, du côté où il n’y a pas de déclivité, s’étend une sorte de plate-forme en pente douce qui constitue une seconde petite place. De celle-ci partent deux larges sentiers qui longent le sommet, de sorte que celui-ci est isolé et surélevé d’au moins deux mètres de tous les côtés.

Les soldats, qui ont repoussé la foule, apaisent les disputes à coups persuasifs de lances, et dégagent le terrain pour que le cortège puisse passer sans encombre dans le bout de chemin qui reste, puis ils font la haie pendant que les trois condamnés, encadrés par les cavaliers, et protégés en arrière par l’autre demi-centurie, arrivent au point où ils doivent s’arrêter : au pied du balcon naturel et surélevé qui forme le sommet du Golgotha.

608.16

Pendant ce temps, j’aperçois les Marie à l’endroit que j’indique par un M, et un peu en arrière d’elles Jeanne, femme de Kouza, avec quatre autres femmes de tout à l’heure. Les autres se sont retirées, d’elles-mêmes probablement, car Jonathas est là, derrière sa maîtresse. Celle que nous appelons Véronique et que Jésus a appelée Nikê est partie. Sa servante manque aussi, tout comme la femme complètement voilée à laquelle les soldats obéirent. Je vois Jeanne, la vieille femme qu’on appelle Elise, Anne — c’est la maîtresse de la maison où Jésus est allé aux vendanges[7], la première année —, et deux que je ne saurais identifier. Derrière ces femmes et les Marie, je vois les fils d’Alphée Joseph et Simon, ainsi qu’Alphée, fils de Sarah, avec le groupe des bergers. Ils ont lutté contre ceux qui voulaient les repousser en les insultant, et la force de ces hommes, multipliée par leur amour et leur douleur, s’est montrée si violente qu’ils ont vaincu ; ils ont ainsi pu former un demi-cercle libre contre les Juifs lâches qui n’osent que lancer des cris de mort et tendre le poing. Mais rien de plus, car les bâtons des bergers sont noueux et lourds, et ces hommes courageux ne manquent ni de force ni d’adresse. Je ne me trompe pas : il faut un réel courage pour rester aussi peu nombreux, alors qu’ils sont connus comme Galiléens ou fidèles au Galiléen, contre toute une population hostile. De tout le Calvaire, c’est le seul endroit où l’on ne blasphème pas le Christ !

Des trois côtés de la colline qui descendent en pente douce vers la vallée, ce n’est qu’une fourmilière. On ne voit même plus la terre jaunâtre et nue et, sous le soleil qui disparaît et revient, on croit voir un pré fleuri de corolles de toutes les couleurs tant sont serrés les couvre-chefs et les manteaux des sadiques qui le couvrent. Au-delà du torrent, il y a foule sur le chemin, et encore au-delà des murs. Les terrasses les plus proches sont elles aussi bondées. Le reste de la ville est nu… vide… silencieux. Tout est ici : tout l’amour et toute la haine. Tout le Silence qui aime et pardonne, toute la Clameur qui hait et lance des imprécations.

608.17

Pendant que les hommes préposés à l’exécution préparent leurs instruments en achevant de vider les trous, et que les condamnés attendent dans leur carré, les Juifs réfugiés dans le coin opposé aux Marie les insultent. Ils insultent même la Mère de Jésus :

« A mort les Galiléens ! A mort ! Galiléens ! Maudits Galiléens ! A mort le blasphémateur galiléen ! Clouez sur la croix même le sein qui l’a porté ! Chassez les vipères qui enfantent les démons ! A mort ! Purifiez Israël des femmes qui s’allient au bouc !… »

Longinus, qui est descendu de cheval, se retourne et voit Marie… Il ordonne de faire cesser ce chahut. La demi-centurie qui se tenait derrière les condamnés, charge la racaille et désencombre complètement la seconde petite place, tandis que les Juifs s’échappent dans les hauteurs en s’écrasant les uns les autres. Les onze cavaliers descendent aussi de cheval, et l’un d’eux prend les onze chevaux en plus de celui du centurion et les mène à l’ombre, derrière la côte.

Le centurion se dirige vers le sommet. Jeanne, femme de Kouza, s’avance, l’arrête. Elle lui donne l’amphore et une bourse, puis se retire en pleurant, pour aller vers le coin de la colline avec les autres.

608.18

Là-haut, tout est prêt. On fait monter les condamnés. Jésus passe encore une fois près de sa Mère, qui pousse un gémissement qu’elle cherche à réfréner en mettant son manteau sur sa bouche.

Les Juifs la voient et se moquent d’elle.

Jean, le doux Jean, qui a passé un bras derrière les épaules de Marie pour la soutenir, se retourne avec un regard féroce, son œil en est phosphorescent. S’il n’avait pas dû protéger les femmes, je crois qu’il aurait pris à la gorge l’un ou l’autre de ces lâches.

A peine les condamnés sont-ils sur le plateau fatal que les soldats entourent la place de trois côtés. Seul reste vide celui qui surplombe.

Le centurion donne à Simon de Cyrène l’ordre de partir, mais c’est de mauvaise grâce qu’il s’exécute, et je pense que ce n’est pas par sadisme, mais par amour. Il s’arrête même près des Galiléens, et partage avec eux les insultes dont la foule abreuve le petit nombre de fidèles au Christ. Les deux larrons jettent par terre leurs croix en blasphémant.

Jésus se tait. Le chemin de croix est terminé.

608.1

Pasa un poco de tiempo[1] así. No más de una media hora, quizás incluso menos. Luego, Longino, encargado de presidir la ejecución, da sus órdenes.

Pero, antes de que conduzcan a Jesús a la calle para recibir la cruz y ponerse en camino, Longino, que le ha mirado dos o tres veces con una curiosidad que ya se tiñe de compasión, y con esa mirada práctica de la persona que no es nueva en determinadas cosas, se acerca con un soldado y ofrece a Jesús un alivio: una copa de vino, creo (porque vierte de una cantimplora militar un líquido blondo-róseo claro). «Te confortará. Debes tener sed. Y fuera hace sol. El camino es largo».

Mas Jesús responde: «Que Dios te premie por tu piedad, pero no te prives tú de ello».

«Yo estoy sano y fuerte… Tú… No me privo… Y además… aunque así fuera, lo haría con gusto, por confortarte… Un sorbo… para que yo vea que no aborreces a los paganos».

Jesús no insiste en rechazarlo y bebe un sorbo de esa bebida. Tiene ya desatadas las manos. Tampoco tiene ya la caña ni la clámide. Así que puede beber sin ayuda. Luego ya no quiere más, a pesar de que esa bebida fresca y buena debe significar un gran alivio de la fiebre, que empieza a manifestarse en unas estrías rojas que se encienden en las pálidas mejillas y en los labios secos, agrietados.

«Toma, toma. Es agua y miel. Da fuerzas. Calma la sed… Me produces compasión… sí… compasión… No eres Tú hebreo al que habría que matar… ¡En fin!… Yo no te odio… y trataré de hacerte sufrir sólo lo inevitable».

Pero Jesús no bebe otra vez… Verdaderamente tiene sed… Esa tremenda sed de las personas exangües y de los que tienen fiebre… Sabe que no es bebida que contenga narcótico y bebería con ganas. Pero no quiere sufrir menos. Y yo comprendo —por luz interna, como lo que acabo de decir— que aún más que el agua melar le alivia la piedad del romano.

«Que Dios te bendiga por este alivio» dice. Y sonríe. Todavía sonríe… una sonrisa lastimosa, con esa boca suya hinchada, herida, que a duras penas puede contraerse (es que también, entre la nariz y el pómulo derecho se está hinchando mucho la fuerte contusión del golpe que ha recibido en el patio interior después de la flagelación).

608.2

Llegan los dos ladrones, cada uno de ellos rodeados por una decuria de soldados.

Es hora de ponerse en marcha. Longino da las últimas órdenes.

Una centuria se dispone en dos filas, distantes unos tres metros entre ellas, y sale así a la plaza, donde otra centuria ha formado un cuadrado para contener a la gente, de forma que no obstaculice a la comitiva. En la pequeña plaza ya hay hombres a caballo: una decuria de caballería mandada por un joven suboficial que lleva las enseñas. Un soldado de a pie lleva de la brida el caballo negro del centurión. Longino sube a la silla y va a su lugar, unos dos metros por delante de los once de a caballo.

Traen las cruces. Las de los dos ladrones son más cortas; la de Jesús, mucho más larga. Según mi apreciación, el palo vertical no tiene menos de cuatro metros.

Veo que la traen ya formada. Sobre esto leí —cuando leía… o sea, hace años— que la cruz fue compuesta en la cima del Gólgota. Que a lo largo del camino los condenados llevaban sólo los dos palos, en haz, sobre los hombros. Todo es posible. Pero yo veo una auténtica cruz, bien armada, sólida, perfectamente encajada en la intersección de los dos brazos y bien reforzada con clavos y tuercas en aquéllos. Efectivamente, si pensamos que estaba destinada a sostener un peso considerable, como es el cuerpo de un adulto, incluso en las convulsiones finales, también de considerable fuerza, se comprende que no podían improvisarla en la estrecha e incómoda cima del Calvario.

Antes de darle la cruz, le pasan a Jesús, por el cuello, la tabla con la inscripción “Jesús Nazareno Rey de los Judíos”. Y la cuerda que la sujeta se engancha en la corona, que se mueve y que araña donde no estaba ya arañado, y que penetra en otros sitios, causando nuevo dolor, haciendo brotar más sangre. La gente se ríe, de sádica alegría, e insulta y blasfema.

Ya están preparados. Longino da la orden de marcha. «Primero el Nazareno, detrás los dos ladrones. Una decuria alrededor de cada uno, haciendo de ala y refuerzo. Será responsable el soldado que no impida agresión mortal a los condenados».

608.3

Jesús baja los tres peldaños que conectan el vestíbulo con la plaza. Y se ve, inmediatamente, que está muy debilitado. Se tambalea al bajar los tres peldaños: estorbado por la cruz, que calca en el hombro, llagado del todo; estorbado por la tabla de la inscripción, que oscila delante y va serrando en el cuello; estorbado por los vaivenes imprimidos al cuerpo por el largo palo de la cruz, que bota en los peldaños y en las escabrosidades del suelo.

Los judíos se ríen viéndole tambalearse como si estuviera borracho, y gritan a los soldados: «Empujadle, para que se caiga. ¡Que muerda el polvo el blasfemo!». Pero los soldados se limitan a cumplir con su deber, o sea, ordenan al Condenado que se ponga en el centro de la calle y camine.

Longino aguija al caballo y la comitiva empieza a moverse con lentitud. Longino quisiera acortar, tomando el camino más breve para ir al Gólgota, porque no está seguro de la resistencia del Condenado. Pero esta gentuza furiosa —y llamarlos “gentuza” es incluso honroso— no quiere que se haga así. Los más zorros ya se han apresurado a adelantarse, hasta la bifurcación de la calle (una parte va hacia las murallas, la otra hacia la ciudad), y se amotinan y gritan cuando ven que Longino trata de tomar la de las murallas. «¡No te está permitido! ¡No te está permitido! ¡Es ilegal! ¡La Ley dice que los condenados deben ser vistos desde la ciudad donde pecaron!». Los judíos que van en la cola de la comitiva se percatan de que delante se intenta privarlos de un derecho, y unen sus gritos a los de sus compinches.

Intentando calmar los ánimos, Longino tuerce por la vía que va hacia la ciudad, y recorre un trecho de aquélla. Pero hace señas a un decurión de que se acerque (digo “decurión” porque es el suboficial, pero quizás es —diríamos nosotros— su oficial de ordenanza) y le dice algo reservadamente. Éste vuelve hacia atrás al trote y, a medida que va llegando a la altura de cada uno de los jefes de decuria, transmite la orden. Luego vuelve donde Longino para informar de que la orden está cumplida. Acto seguido se pone en el sitio en que estaba: en la fila, detrás de Longino.

608.4

Jesús camina jadeante. Cada bache del camino es una insidia para su pie incierto, una tortura para su espalda lacerada, para su cabeza coronada de espinas y herida por un Sol cenital exageradamente caliente que de vez en cuando se esconde tras un entrecielo plúmbeo de nubes, pero que, aun oculto, no deja de abrasar. Está congestionado por la fatiga, la fiebre y el calor. Pienso que también la luz y los gritos deben torturarle, y, si bien no puede taparse los oídos para no oír esos gritos descompuestos, sí que cierra los ojos para no ver la vía deslumbradora de sol… Pero se ve obligado a abrirlos, porque tropieza en piedras y pisa en baches, y cada tropezón es causa de dolor porque mueve bruscamente la cruz, que choca con la corona, que se descoloca en el hombro llagado y extiende la llaga y hace aumentar el dolor.

Los judíos ya no pueden golpearle directamente. Pero todavía le alcanza alguna piedra y algún golpe con algún palo: lo primero, en las plazas llenas de gente; lo segundo, en las vueltas, por las callejuelas hechas de escalones que suben y bajan, ora uno, ora tres, ora más, por los continuos desniveles de la ciudad. En esos lugares la comitiva, por fuerza, aminora el paso y siempre hay alguno dispuesto a desafiar a las lanzas romanas con tal de dar un nuevo retoque a esa obra maestra de tortura que ya es Jesús.

Los soldados, como pueden, le defienden. Pero incluso al querer defenderle le golpean, porque las largas astas de las lanzas, blandidas en tan poco espacio, le golpean y le hacen tropezar. Pero, llegados a un determinado lugar, los soldados hacen una maniobra impecable y, a pesar de los gritos y las amenazas, la comitiva tuerce bruscamente por una calle que va directamente hacia las murallas, cuesta abajo, una calle que acorta mucho el camino hacia el lugar del suplicio.

Jesús jadea cada vez más. El sudor surca su rostro, junto con la sangre que rezuma de las heridas de la corona de espinas. El polvo se adhiere a este rostro húmedo poniéndole extrañas manchas. Y es que ahora también hace viento: sucesión de ráfagas separadas por largos intervalos en que se deposita el polvo —introduciéndose en los ojos y en las gargantas— que la racha ha levantado formando torbellinos cargados de detritos.

Junto a la puerta Judicial está ya apiñada una multitud: son los que han tenido la previsión de buscarse con tiempo un buen sitio para ver. Pero, poco antes de llegar a ella, Jesús ya da señales de no tenerse en pie. Sólo la rápida intervención de un soldado —contra el que Jesús casi se derrumba— impide que vaya al suelo. La chusma se ríe y grita: «¡Déjale! Decía a todos: “Levántate”. Pues que ahora se levante Él…».

Al otro lado de la puerta hay un pequeño torrente y un puentecito. Nuevo esfuerzo para Jesús el pasar por esas tablas separadas en que rebota aún más fuertemente el largo palo de la cruz. Y nueva mina de proyectiles para los judíos: vuelan piedras del torrente que golpean al pobre Mártir…

608.5

Empieza la subida del Calvario. Es un camino desnudo que acomete directamente la subida, pavimentado con piedras no unidas, sin un hilo de sombra.

Respecto a este punto, cuando leía, también leí que el Calvario tenía pocos metros de altura. Bueno, pues, será así… Ciertamente, no es una montaña; pero una colina, sí; en cualquier caso, no es más bajo que, respecto a los Lungarni, el monte donde está la basílica de San Miniato, en Florencia. Alguno dirá: “¡Poca cosa!”. Sí, para uno sano y fuerte es poca cosa. Pero basta tener el corazón débil para sentir si es poca o mucha… Yo sé que, cuando se me enfermó el corazón, aunque todavía fuera en forma benigna, ya no podía subir aquella cuesta sin sufrir mucho y teniendo que pararme cada poco… y no tenía ningún peso a la espalda. Y creo que Jesús después de la flagelación y el sudor de sangre debía tener el corazón muy mal… y no tengo en cuenta más que estas dos cosas.

Jesús, por tanto, subiendo y con el peso de la cruz —que siendo tan larga debe pesar mucho—, sufre agudamente.

Encuentra una piedra saliente. Estando agotado, levanta muy poco el pie, y tropieza. Cae sobre la rodilla derecha. De todas formas, logra sujetarse con la mano izquierda. La gente grita de contento… Se pone en pie de nuevo. Continúa. Cada vez más encorvado y jadeante, congestionado, febril…

El cartel, que le va bailando delante, le obstaculiza la visión. La túnica, que, ahora que va encorvado, arrastra por el suelo por la parte de delante, le estorba el paso. Tropieza otra vez y cae sobre las dos rodillas, hiriéndose de nuevo en donde ya lo estaba; y la cruz, que se le va de las manos y cae al suelo, tras haberle golpeado fuertemente en la espalda, le obliga a agacharse, para levantarla, y a esforzarse en cargarla sobre las espaldas. Mientras hace esto, aparece netamente visible en el hombro derecho la llaga causada por el roce de la cruz, que ha abierto las muchas llagas de los azotes y las ha unificado en una sola que rezuma suero y sangre, de forma que la túnica blanca está en ese sitio del todo manchada. La gente llega incluso a aplaudir por el contento de verle caer tan mal…

Longino incita a acelerar el paso, y los soldados, con golpes dados de plano con las dagas, instan al pobre Jesús a continuar. Se reanuda la marcha, con una lentitud cada vez mayor, a pesar de todas las incitaciones.

Jesús, disponiendo de todo el camino, se tambalea tanto, que parece completamente ebrio. Va chocándose en las dos filas de soldados, ora contra una, ora contra otra. La gente ve esto y grita: «Se le ha subido a la cabeza su doctrina. ¡Mira, mira como se tambalea!». Y otros —que no son pueblo, sino sacerdotes y escribas— dicen burlonamente: «No. Son los festines, todavía humeantes, en casa de Lázaro. ¿Eran buenos? Ahora come nuestra comida…», y otras frases parecidas.

608.6

Longino, que se vuelve de vez en cuando, siente compasión y ordena una parada de algunos minutos. La chusma le insulta tanto, que el centurión ordena a los soldados la carga. La masa vil, ante las lanzas refulgentes y amenazadoras, se distancia gritando, bajando sin orden ni concierto por el monte.

Es aquí donde vuelvo a ver, entre la poca gente que ha quedado, al grupito de los pastores, apareciendo tras unas ruinas (quizás de algún murete derrumbado). Desolados, desencajados los rostros, llenos de polvo del camino, lacerados sus vestidos, reclaman con la fuerza de sus miradas la atención de su Maestro. Y Él vuelve la cabeza, los ve… los mira fijamente como si fueran caras de ángeles. Parece calmar su sed y recuperar fuerzas con el llanto de ellos, y sonríe… Se da de nuevo la orden de ponerse en marcha y Jesús pasa justamente por delante de ellos, oyendo su llanto angustioso. Vuelve a duras penas la cabeza bajo el yugo de la cruz y vuelve a sonreír… Sus consuelos… Diez caras… un alto bajo el sol de fuego…

Y en seguida el dolor de la tercera, completa caída. Esta vez no es que tropiece, sino que es que cae por repentino decaimiento de las fuerzas, por síncope. Cae a lo largo. Se golpea la cara contra las piedras desunidas. Permanece en el suelo, bajo la cruz, que se le cae encima. Los soldados tratan de levantarle. Pero, dado que parece muerto, van a informar al centurión. Mientras van y vuelven, Jesús vuelve en sí y, lentamente, con la ayuda de dos soldados, de los cuales uno levanta la cruz y el otro ayuda al Condenado a ponerse en pie, se pone de nuevo en su lugar. Pero está totalmente agotado.

«¡Atentos a que muera en la cruz!» grita la muchedumbre.

«Si se os muere antes, responderéis ante el Procónsul. Tenedlo presente. El reo debe llegar vivo al suplicio» dicen los jefes de los escribas a los soldados.

Éstos, aunque por disciplina no hablan, los fulminan con furiosas miradas.

608.7

Pero Longino tiene el mismo miedo que los judíos de que Cristo muera por el camino, y no quiere problemas. Sin necesidad de que nadie se lo recuerde, sabe cuál es su deber como comandante de la ejecución, y toma las medidas oportunas al respecto; concretamente da la orden de tomar el camino más largo, que sube en espiral orillando el monte y que, por tanto, tiene menos desnivel, desorientando a los judíos, los cuales ya se han adelantado presurosos por el camino, al que han llegado desde todas las partes del monte, sudando, arañándose al pasar junto a los escasos y espinosos matorrales de este monte yermo y requemado, cayendo en los montones de escombros (como si fuera para Jerusalén una escombrera), sin sentir dolor alguno, sino el de perderse un jadeo del Mártir, una mirada suya de dolor, un gesto aun involuntario de sufrimiento, sin sentir temor alguno, sino el de no conseguir un buen sitio.

El camino tomado por Longino parece un sendero que, a fuerza de haber sido recorrido, se ha transformado en un camino bastante cómodo.

El cruce de los dos caminos está localizado, aproximadamente, en la mitad del monte. Pero observo que más arriba, en cuatro puntos, el camino directo se ve cortado por este que asciende con menos desnivel, aunque con un recorrido mucho más largo; y en este camino hay personas que suben, pero que no participan del indigno jolgorio de los posesos que siguen a Jesús para gozar de sus tormentos. La mayor parte son mujeres, que van llorando veladas. También algún grupito de hombres —en verdad, muy exiguos— que, muy por delante de las mujeres, están para desaparecer de la vista cuando el camino, en su recorrido, orillando el monte, tuerce.

Aquí el Calvario tiene una especie de punta en su caprichosa estructura: de forma de morro por una parte, escarpada por la otra. Trataré de darle una idea de su aspecto tomado de perfil. Pero tengo que volver la página, porque aquí me viene mal por falta de espacio[2].

Los hombres desaparecen tras la punta rocosa y los pierdo de vista.

608.8

La gente que seguía a Jesús grita de rabia. Era más bonito para ellos verle caer. Con repugnantes imprecaciones contra el Condenado y contra el que que le guía, parte de ellos se ponen a seguir a la comitiva judicial, y otra parte prosigue, casi corriendo, hacia arriba por el camino empinado, para desquitarse, con un magnífico puesto en la cima, de la desilusión que han experimentado.

Las mujeres, que van llorando —y que se encuentran en el punto que señalo con la letra D — se vuelven al oír los gritos, y ven que la comitiva tuerce por ahí. Se detienen entonces, y, temiendo que los violentos judíos las arrojen ladera abajo, se pegan bien al monte. Cubren aún más su cara con los velos. Una va completamente velada, como una musulmana, dejando descubiertos sólo los ojos, negrísimos. Van muy ricamente vestidas, custodiadas por un viejo robusto cuya cara, yendo él todo envuelto en su capa, no distingo; veo sólo su larga barba, más blanca que negra, por fuera de su obscurísima y grande capa.

Cuando Jesús llega a su altura, ellas lloran más fuerte y se inclinan con profunda reverencia. Luego se aproximan resueltamente. Los soldados quisieran mantenerlas a distancia sirviéndose de las astas. Pero la que estaba del todo tapada como una musulmana aparta un instante el velo ante el alférez, que ha llegado a caballo para ver qué obstáculo nuevo es éste. Y el alférez da la orden de dejarla pasar. No puedo ver ni su cara ni su vestido, porque ha apartado el velo con la rapidez de un relámpago y el vestido está enteramente oculto bajo un manto largo que llega hasta los pies, un manto tupido y completamente cerrado por una serie de hebillas. La mano que un instante sale para apartar el velo es blanca y hermosa; y es, junto con los negrísimos ojos, la única cosa que se ve de esta alta dama, que, sin duda, es persona influyente, a juzgar por la forma en que el lugarteniente de Longino la obedece.

608.9

Se acercan a Jesús llorando y se arrodillan a sus pies mientras Él se detiene jadeante… Jesús, a pesar de todo, sabe sonreír a estas mujeres compasivas y al hombre que las escolta, que se descubre para mostrar que es Jonatán. Pero a él los soldados no le dejan pasar; sólo a las mujeres.

Una de ellas es Juana de Cusa, y está más maltrecha que cuando agonizaba[3]. De rojo presenta sólo los surcos del llanto. Todo el resto de la cara es níveo, con esos dulces ojos negros que, tan empañados como están, parecen ahora de un violeta obscurísimo, como ciertas flores. Tiene en su mano una ánfora de plata, y se la ofrece a Jesús, el cual no la acepta. Pero es que, además, su jadeo es tan fuerte, que ni siquiera podría beber. Con la mano izquierda se seca el sudor y la sangre que le caen en los ojos y que, deslizándose por las mejillas lívidas y por el cuello (cuyas venas están túrgidas con el afanoso palpitar del corazón), humedecen toda la pechera de la túnica.

Otra mujer —a su lado tiene una joven sirviente— abre una arqueta que ésta lleva en los brazos y saca un lienzo finísimo, cuadrado, que le ofrece al Redentor. Jesús lo acepta. Y, dado que no puede por sí solo con una mano, esta mujer compasiva le ayuda a ponérselo en el rostro, con cuidado de no chocar en la corona. Y Jesús aplica el fresco lienzo a su pobre faz. Lo mantiene así como si en ello hallara un gran alivio.

Luego devuelve el lienzo y habla: «Gracias, Juana. Gracias, Nique,… Sara,… Marcela,… Elisa,… Lidia,… Ana,… Valeria,… y a ti… Pero… no lloréis… por mí… hijas de… Jerusalén… sino por los pecados… vuestros y… de vuestra ciudad… Da gracias… Juana… por no tener… ya hijos… Mira… es compasión de Dios… el no… no tener hijos… para que… sufran por… esto. Y también… tú, Isabel… Mejor… como sucedió… que entre los deicidas… Y vosotras… madres… llorad por… vuestros hijos, porque… esta hora no pasará… sin castigo… ¡Y qué castigo, si esto es así para… el Inocente!… Lloraréis entonces… el haber concebido… amamantado y el… tener todavía… a los hijos… Las madres… en aquella hora… llorarán porque… en verdad os digo… que será dichoso… el que en aquella hora… caiga primero… bajo los escombros… Os bendigo… Marchaos… a casa… orad… por mí. Adiós, Jonatán… llévatelas…».

Y en medio de un alto clamor de llanto femenino y de imprecaciones judías, Jesús reanuda su camino.

608.10

Jesús está otra vez todo mojado de sudor. Sudan también los soldados y los otros dos condenados, porque el sol de este día borrascoso abrasa como el fuego, y la ladera ardiente del monte aumenta el calor solar.

Fácil es imaginarse lo que significará este sol en la túnica de lana de Jesús puesta sobre las heridas de los azotes… y horrorizarse… Pero no emite un solo quejido. Eso sí —a pesar de que el camino esté mucho menos empinado y no tenga esas piedras desunidas, tan peligrosas para sus pies, que en realidad ya sólo se arrastran—, se tambalea cada vez más, y otra vez vuelve a ir de una fila de soldados a la otra, chocándose, y encorvándose cada vez más.

Piensan que será una solución pasarle una cuerda por la cintura y tenerlo sujeto por los cabos como si fueran riendas. Sí, esto lo sostiene, pero no le alivia el peso. Es más, la cuerda, chocando en la cruz hace que ésta se mueva continuamente en el hombro y que golpee en la corona, que verdaderamente ha hecho ya de la frente de Jesús un tatuaje sangrante. Además, la cuerda va rozando la cintura, donde hay muchas heridas, y ciertamente las abrirá de nuevo; tanto es así que la túnica blanca se tiñe, en la zona de la cintura, de un rojo pálido. Por ayudarle, le hacen sufrir más todavía.

608.11

El camino prosigue. Dobla la ladera del monte. Vuelve casi al frente, hacia el camino escarpado. Aquí, en el sitio que señalo con la letra M, está María con Juan. Yo diría que Juan la ha llevado a ese lugar de sombra, detrás de la escarpa del monte, para procurarle un poco de alivio. Es la parte más abrupta, sólo orillada por ese camino. Hacia arriba y hacia abajo, la ladera, sea hacia arriba, sea hacia abajo, tiene áspero declive, de forma que, por este motivo, los crueles judíos la han descartado. Allí hay sombra porque yo diría que es la parte septentrional. Y María, estando pegada al monte, se ve al amparo del sol. Está apoyada en la ladera térrea; de pie, pero ya exhausta. Jadea también ella, pálida como una muerta, con su vestido azul obscurísimo, casi negro. Juan la mira con una piedad desolada. También él ha perdido todo rastro de color y está térreo. Sus ojos, cansados y abiertísimos. Despeinado. Ahondados los carrillos, como por enfermedad.

Las otras mujeres (María y Marta de Lázaro, María de Alfeo y de Zebedeo, Susana de Caná, la dueña de la casa y otras que no conozco[4]) están en medio del camino y observan si viene el Salvador. Y, cuando ven que llega Longino, se acercan a María para avisarla. Entonces María, sujetada de un codo por Juan, majestuosa en medio de su dolor, se separa de la pared del monte y se pone resueltamente en medio del camino, apartándose sólo cuando llega Longino, quien desde su caballo negro mira a esta pálida Mujer y a su acompañante rubio, pálido, de mansos ojos de cielo como Ella. Y Longino menea la cabeza mientras la sobrepasa seguido por los once que van a caballo.

María trata de pasar por entre los soldados de a pie. Pero éstos, que tienen calor y prisa, tratan de rechazarla con las lanzas (y mucho más si se considera que desde el camino solado vuelan piedras como protesta contra tantos gestos de compasión). Son los judíos, que siguen imprecando por la pausa causada por las pías mujeres. Dicen: «¡Rápido! Mañana es Pascua. ¡Hay que acabar todo esto antes de que anochezca! ¡Cómplices! ¡Burladores de nuestra Ley! ¡Opresores! ¡Muerte a los invasores y a su Cristo! ¡Le quieren! ¡Fijaos cómo le quieren! ¡Pues lleváoslo! ¡Metedle en vuestra maldita Urbe! ¡Os lo cedemos! ¡Nosotros no queremos tenerle! ¡Las carroñas para las carroñas! ¡Las lepras para los leprosos!».

608.12

Longino se cansa y espolea al caballo, seguido por los diez lanceros, contra la jauría insultante, que por segunda vez huye. Y, haciendo esto, Longino ve parado un pequeño carro (sin duda, ha subido desde los huertos que están al pie del monte), un pequeño carro que espera con su carga de verduras a que pase la turba para bajar a la ciudad. Creo que un poco de curiosidad propia y de los hijos ha hecho al Cireneo subir hasta allí, porque de ninguna manera tenía necesidad de hacerlo. Los dos hijos, tumbados encima del montón glauco de las verduras, miran cómo huyen los judíos y se ríen de ellos. El hombre, sin embargo, un hombre robustísimo de unos cuarenta o cincuenta años, en pie, junto al burro que, asustado, trata de recular, mira atentamente hacia la comitiva.

Longino le mira detenidamente. Piensa que le puede servir. Ordena: «Hombre, ven aquí».

El Cireneo finge no oír. Pero con Longino no se juega. Repite la orden de una forma que el hombre lanza los ramales a uno de sus hijos y se acerca.

«¿Ves a ese hombre?» pregunta. Y al decirlo se vuelve para señalar a Jesús. Y, en esto, ve a María, suplicando a los soldados que la dejen pasar. Siente compasión de ella y grita: «Dejad pasar a la Mujer». Luego vuelve a hablarle al Cireneo: «No puede proseguir cargado así. Tú eres fuerte. Toma su cruz y llévala por Él hasta la cima».

«No puedo… Tengo el burro… es rebelde… Los chicos no saben dominarle…».

Pero Longino dice: «Ve, si no quieres perder el asno y ganarte veinte golpes de castigo».

El Cireneo ya no se atreve a oponer más resistencia. Da una voz a los muchachos: «Id a casa. Pronto. Decid que llego en seguida», luego se acerca a Jesús.

608.13

Llega en el preciso momento en que Jesús se vuelve hacia su Madre —sólo entonces Él la ve venir, y es que caminaba tan encorvado y con los ojos tan cerrados, que era como si estuviera ciego—, y grita: «¡Mamá!».

Es la primera palabra que expresa su sufrimiento, desde cuando está siendo torturado. Y es que en ese grito se contiene la confesión de todo su tremendo dolor, de cada uno de sus dolores, de espíritu, de su parte moral, de su carne. Es el grito desgarrado y desgarrador de un niño que muere solo, entre verdugos, entre las peores torturas… y que hasta de su propia respiración siente miedo. Es el lamento de un niño delirante angustiado por visiones de pesadilla… Y llama a la madre, a la madre, porque sólo el fresco beso de ella calma el ardor de la fiebre, y su voz ahuyenta a los fantasmas, y su abrazo hace menos temible la muerte…

María se lleva la mano al corazón como si hubiera sentido una puñalada. Se tambalea levemente. Pero se recupera, acelera el paso y, mientras va hacia su Criatura lacerada tendiendo hacia Él los brazos, grita: «¡Hijo!». Pero lo dice de una forma tal, que el que no tiene corazón de hiena lo siente traspasado por ese dolor.

Veo que incluso entre los romanos —y son hombres de armas, no noveles en materia de muertes, marcados por cicatrices…— hay un impulso de piedad. Y es que la palabra “¡Mamá!” y la palabra “¡Hijo!” conservan siempre su valor y lo conservan para todos aquellos que —lo repito— no son peores que las hienas, y son pronunciadas y comprendidas en todas partes, y en todas partes provocan olas de piedad…

El Cireneo siente esta piedad… Y dado que ve que María no puede, a causa de la cruz, abrazar a su Hijo y que después de haber tendido los brazos los deja caer de nuevo convencida de no poder hacerlo —y se limita a mirarle, queriendo expresar una sonrisa, una sonrisa que es martirial, para infundirle ánimo, mientras sus temblorosos labios beben el llanto; y Él, torciendo la cabeza bajo el yugo de la cruz, trata, a su vez, de sonreírle y de enviarle un beso con los pobres labios heridos y abiertos por los golpes y la fiebre—, pues se apresura a quitar la cruz (y lo hace con delicadeza de padre, para no chocar con la corona o rozar las llagas).

Pero María no puede besar a su Criatura… Hasta el más leve toque sería una tortura en esa carne lacerada. María se abstiene de hacerlo, y, además… los sentimientos más santos tienen un pudor profundo, requieren respeto o, al menos, compasión, mientras que aquí lo que hay es curiosidad y, sobre todo, escarnio: se besan sólo las dos almas angustiadas.

608.14

La comitiva, que se pone de nuevo en marcha, movida por las ondas del gentío furibundo que desde atrás empuja, los separa, y aparta a la Madre —blanco de las burlas de todo un pueblo— contra la pared del monte…

Ahora, detrás de Jesús, va el Cireneo con la cruz. Jesús, libre de ese peso, prosigue mejor. Jadea fuertemente, se lleva frecuentemente la mano al corazón, como sintiendo un gran dolor, como si tuviera ahí una herida, en la región esternocardiaca; y ahora, que puede hacerlo por no tener atadas las manos, se echa hacia atrás, hasta por detrás de las orejas, el pelo que le caía por delante empapado de sangre y sudor, para sentir aire en su cara cianótica, y se desata el cordón del cuello por la dificultad de respiración… Pero puede andar mejor.

María se ha retirado con las mujeres. Se pone al final de la comitiva una vez que ésta ha pasado, y luego, por un atajo, se dirige hacia la cima del monte, desafiando las injurias de la chusma inhumana.

Ahora que Jesús está libre, recorren con bastante brevedad la última espira del monte. Ya están cercanos a la cima, toda llena de gentío vociferante.

Longino se detiene y da la orden de que todos, implacablemente, sean apartados más hacia abajo, para que la cima, lugar de ejecución, esté libre. Y media centuria pone por obra la orden: vienen al sitio y rechazan sin piedad a todos los que allí se encuentran, haciendo uso para ello de dagas y astas. Bajo la granizada de cimbronazos y palos, los judíos de la cima huyen. Intentan colocarse en la explanada que está más abajo; pero los que ya están en ella no ceden, siendo así que se encienden riñas furibundas entre la gente. Parecen todos locos.

608.15

Como le dije [5]el año pasado, el Calvario, en su cima, tiene la forma de un trapecio irregular levemente más alto por el lado A, tras el cual el monte desciende a pico hasta más de la mitad de su ladera. En este espacio están ya preparados tres agujeros profundos, recubiertos por dentro de ladrillo o pizarra; en definitiva, hechos con este fin concreto. Al lado de ellos hay piedras y tierra ya preparadas para calzar las cruces. De otros agujeros, sin embargo, no han sacado las piedras. Se ve que los van vaciando según el número que se requiere cada vez.

Más abajo de la cima trapezoidal, por la parte en que el monte no desciende con fuerte desnivel, hay una especie de plataforma que constituye un rellano de suave declive. De éste salen dos anchos senderos que bordean la cima, quedando así ésta aislada por todos los lados y elevada al menos dos metros.

Los soldados que han apartado de la cima a la gente dominan con persuasivos golpes de astas las riñas y abren paso para que la comitiva pueda marchar sin obstáculos en el último trecho del camino. Y se quedan allí formando cordón mientras los tres condenados encuadrados por los soldados de a caballo y protegidos por la otra media centuria por detrás, llegan hasta el punto en que los detienen: al pie de ese palco natural elevado que es la cima del Gólgota.

608.16

Mientras se desarrollan estos hechos, advierto la presencia de las Marías en el punto que señalo con una M. Un poco detrás de ellas, están Juana de Cusa y otras cuatro de las damas de antes. Las otras se han marchado. Deben haberse ido solas, porque Jonatán está ahí, detrás de su señora. Ya no está la mujer a la que nosotros llamamos Verónica y Jesús ha llamado Nique, y, lo mismo que ella, falta también su doméstica; y tampoco está la mujer que iba completamente velada y fue obedecida por los soldados. Veo a Juana, a la anciana de nombre Elisa, a Ana (es la dueña de aquella casa a donde Jesús va durante la vendimia del primero año[6]) y a otras dos que no sé identificar mejor.

Detrás de estas mujeres y de las Marías, veo a José y a Simón de Alfeo, y a Alfeo de Sara junto con el grupo de los pastores. Han peleado con los que querían cerrarles el paso y los insultaban, y la fuerza de estos hombres, multiplicada por el amor y el dolor, ha sido tan violenta que han vencido y han creado una semicírculo libre contra el que los vilísimos judíos no se atreven sino a lanzar gritos de muerte y a amenazar con los puños; no más, porque los cayados de los pastores son nudosos y pesados y a estos jabatos —no hablo impropiamente llamándolos así, porque se requiere un gran valor para enfrentarse a toda una población hostil, siendo pocos, conocidos como galileos o seguidores del Galileo— no les falta ni fuerza ni tino. ¡Es el único punto de todo el Calvario donde no se blasfema contra el Cristo!

El monte hormiguea de gente en los tres lados que no descienden con fuerte declive. Ya no se ve la tierra amarillenta y desnuda, la cual, bajo el sol que aparece y se oculta, parece un prado florecido lleno de corolas de todos los colores, debido a que está cubierta por una gran cantidad de gorros y mantos de esos sádicos. Pasado el torrente, por el camino, más gente; dentro del recinto de las murallas, más gente; en las terrazas, más gente. El resto de la ciudad, despoblado… vacío… silencioso: todo está aquí, todo el amor y todo el odio; todo el Silencio que ama y perdona, todo el Clamor que odia e impreca.

608.17

Mientras los hombres encargados de la ejecución preparan sus instrumentos y terminan de vaciar los agujeros, y mientras los condenados esperan en el centro de su cuadrado, los judíos, refugiados en el ángulo opuesto a las Marías, insultan a éstas, y también a la Madre: «¡Muerte a los galileos! ¡Muerte! ¡Galileos! ¡Galileos! ¡Malditos! Muerte al blasfemo galileo. ¡Clavad en la cruz también al vientre que le llevó! ¡Fuera las víboras que dan a luz a los demonios! ¡Muerte a ellas! ¡Limpiad Israel de las hembras que se unen con el macho cabrío!…».

Longino, que ha desmontado del caballo, se vuelve y ve a la Madre… Ordena que se haga cesar ese barullo… La media centuria que estaba detrás de los condenados carga contra la chusma y libera del todo el rellano inferior. Y los judíos se echan a correr por el monte, pisándose unos a otros. Echan pie a tierra también los otros soldados. Uno de ellos toma los once caballos además del del centurión y los lleva a la sombra, a espaldas de la ladera B del monte.

El centurión se encamina hacia la cima. Juana de Cusa se acerca a él, le para; le da el ánfora y una bolsa, luego se retira llorando, y va al saliente del monte, donde están las otras.

608.18

Arriba está todo preparado. Se hace subir a los condenados. Jesús pasa otra vez cerca de su Madre, la cual emite un gemido que Ella misma trata de ahogar llevándose a la boca el manto.

Los judíos ven esto y se ríen, y se burlan. Juan, el manso Juan, que tiene un brazo pasado por los hombros de María para sostenerla, se vuelve con una mirada fiera, una mirada incluso fosforescente; si no debiera tutelar a las mujeres, yo creo que cogería a alguno de esos cobardes por el cuello.

En cuanto llegan los condenados al palco malhadado, los soldados circundan la explanada por tres de sus lados. Sólo queda vacío el lado que desciende a pico.

El centurión da al Cireneo la orden de que se vaya. Y éste se marcha, a regañadientes ahora. No diría que por sadismo, sino por amor. Tanto es así, que se para junto a los galileos y comparte con ellos los insultos que la muchedumbre propina a este escuálido grupo de fieles del Cristo.

Los dos ladrones, blasfemando, arrojan al suelo sus cruces. Jesús calla.

La vía dolorosa ha terminado.


Notes

  1. Un certain temps… Cela doit s’entendre de la fin de la vision (604.35) qui précède immédiatement dans l’ordre de la rédaction (le 25 mars 1945).
  2. manque de place : L’esquisse de Maria Valtorta — que nous reproduisont sur la page suivante pour motif de mise en page — porte les mentions suivantes : Porte Judiciaire au centre des murs de la ville. Légèrement au dessus, en parallèle, le mot torrent est indiqué deux fois, et à l’extrémitié de la droite : jardins potagers. A gauche, il est écrit la légende suivante : Le Calvaire. Le sentier quadrillé est le plus raide. Il a été abandonné, à cause de l’état de Jésus, là où se trouve la marque rouge (qui va de la Porte Judiciaire au premier croisement). En rouge, le chemin en spirale emprunté par Jésus (à partir de ce premier croisement). Les endroits marqués par les lettres D et M sont expliqués dans le texte. Outre le chemin en rouge, Maria Valtorta a peint le mont en jaune et le torrent en bleu.
  3. lorsqu’elle était mourante, en 102.7.
  4. je ne connais pas : la date de cette vision précède en effet celle de la plupart des visions de la vie publique de Jésus.
  5. Pâque, c’est-à-dire : ce jour de sabbat était un grand jour, comme en Jn 19,31.
  6. Comme je l’ai dit (au Père Migliorini) l’an dernier, dans la vision décrite le 18 février 1944, qui fait partie d’une “ Passion ” plus concise. C’est ce que nous expliquons dans la note de 587.13.
  7. où Jésus est allé aux vendanges, la première année, au chapitre 108.

Notas

  1. un poco de tiempo, desde el final de la última visión (del 25 de marzo de 1945) en 604.35.
  2. espacio. En el bosquejo que MV pone a continuación pero que se coloca en la página si guiente por exigencias de la paginación, se lee, al pie, Puerta Judicial (Porta Giudiziaria), en el centro de las murallas de la Ciudad (mura della Città).Un poco más abajo, en paralelo, está escrita dos veces la palabra Torrente (Torrente), y en el extremo derecho huertos (ortaglie). La leyenda de la izquierda dice: El Calvario. El camino cuadriculado es el empinado, abandonado, por el estado de Jesús, donde termina la señal roja. El rojo es el de trazado en espiral que luego siguió Jesús. (Il Calvario. La via quadrettata è quella ripida, abbandonata, per lo stato di Gesù, dove cessa il segno rosso. Quella rossa la via a spirale fatta poi da Gesù). La señal roja acompaña al camino cuadriculado desde la puerta Judicial hasta el primer cruce con el camino en espiral, que a partir de ahí está recalcado con lapicero rojo y presenta, en dos puntos distintos, las letras D y M, cuya explicación aparece en el texto. El monte está coloreado con lapicero amarillo y el torrente con lapicero azul oscuro.
  3. cuando agonizaba, en 102.7.
  4. no conozco, porque la fecha de la presente visión precede a la de la mayor parte de las visiones de la vida pública de Jesús.
  5. Como le dije (al Padre Migliorini) el año pasado, en la visión descrita el 18 de febrero de 1944, que forma parte de una “Pasión” más compendiada, come se explica en una nota de 587.13.
  6. durante la vendimia del primer año, en el capítulo 108. La observación puesta entre paréntesis al pie de la página del cuaderno autógrafo parece haber sido añadida posteriormente por MV.