Los Escritos de Maria Valtorta

633. Apparition sur les rives du lac

633. Aparición en la orilla del lago

633.1

Une nuit calme, une chaleur étouffante, pas un souffle de vent. Des milliers d’étoiles scintillantes constellent le ciel serein. Le lac, calme et immobile au point de sembler être un vaste bassin à l’abri des vents, reflète la gloire de ce ciel. Sur les rives, les arbres forment un bloc sans frémissement. Le lac est si paisible que l’on n’entend qu’un très léger bruissement sur le rivage. Quelques barques naviguent au large, à peine plus visibles qu’une forme vague. Leur lanterne attachée au mât de la voile pour éclairer l’intérieur de la petite embarcation fait parfois naître une petite étoile à peu de distance de l’eau.

Je ne sais de quelle partie du lac il s’agit. Je suppose cependant que c’est la rive la plus méridionale, là où le lac s’apprête à redevenir fleuve. Aux alentours de Tarichée, dirais-je. J’ai beau ne pas distinguer la ville — qui m’est cachée par un groupe d’arbres qui s’avance dans le lac pour former un petit promontoire montueux —, je me fie aux petites étoiles des lanternes des barques qui se détachent des rives du lac pour s’éloigner vers le nord. Et je précise “ aux alentours ” de Tarichée, parce qu’il y a là un groupe de cabanes, si peu nombreuses qu’elles ne forment même pas un village, au pied du petit promontoire. Ce sont de pauvres maisons, de pêcheurs certainement, contruites presque sur le rivage.

Des barques sont tirées au sec sur la petite plage, d’autres, déjà prêtes pour naviguer, sont à l’eau près de la rive et si immobiles qu’elles paraissent fixées au sol, au lieu de se balancer.

633.2

Pierre sort la tête de l’une de ces masures. La lumière tremblante d’un feu allumé dans la cuisine enfumée éclaire par derrière le rude visage de l’apôtre, en le faisant ressortir comme un dessin. Il regarde le ciel, il regarde le lac… Il s’avance jusqu’au bord de l’eau puis, en tunique courte et les pieds nus, il y entre jusqu’à mi-cuisses, tend son bras musclé et caresse le bord d’une barque. Les fils de Zébédée le rejoignent.

« Belle nuit !

– La lune sera bientôt là.

– Soir de pêche.

– Mais avec les rames.

– Il n’y a pas de vent.

– Que faisons-nous ? »

Ils parlent lentement, par phrases détachées, comme des hommes habitués à la pêche et aux manœuvres des voiles et des filets qui demandent de l’attention, et donc peu de paroles.

« Ce serait bien d’y aller. Nous pourrions vendre une partie de la pêche. »

André, Thomas et Barthélemy viennent les rejoindre.

« Quelle chaude nuit ! s’exclame Barthélemy.

– Y aura-t-il de la tempête ? Vous vous souvenez de cette fameuse nuit ? demande Thomas.

– Oh non ! Le calme plat, du brouillard peut-être, mais pas de tempête. Moi… moi, je vais pêcher. Qui vient avec moi ?

– Nous venons tous. Nous serons peut-être mieux au large » déclare Thomas, qui transpire et ajoute : « La femme avait besoin de ce feu, mais c’est comme si nous avions été aux thermes…

– Je vais l’annoncer à Simon. Il est tout seul, là-bas » propose Jean.

633.3

Pierre prépare déjà la barque avec André et Jacques.

« Allons-nous jusqu’à la maison ? Ce serait une bonne surprise pour ma mère… demande Jacques.

– Non. Je ne sais pas si je peux faire venir Marziam. Avant de… de la… bref, avant d’aller à Jérusalem — on était encore à Ephraïm —, le Seigneur m’a dit qu’il voulait faire la seconde Pâque avec Marziam. Mais il ne m’en a plus parlé par la suite…

– Il me semble, à moi, qu’il a dit oui, intervient André.

– Oui. La seconde Pâque, oui. Mais le faire venir avant, je ne sais s’il le veut. J’ai fait tant d’erreurs que… Oh ! viens-tu toi aussi ?

– Oui, Simon-Pierre. Cette pêche me rappellera bien des souvenirs…

– Hé ! à tous elle rappellera beaucoup de choses… Et des jours qui ne reviendront plus… Nous naviguions avec le Maître dans cette barque, sur le lac… Je l’aimais comme si elle avait été un palais de roi et il me semblait que je ne pourrais vivre sans elle. Mais maintenant que Jésus n’est plus dans la barque… voilà… je suis dedans et je n’en tire plus aucune joie, dit Pierre.

– Personne n’a plus la joie des moments passés. Ce n’est plus la même vie. Et même en regardant en arrière… entre ces heures passées et les heures présentes, il y a au milieu ce temps horrible… soupire Barthélemy.

– Prêts. Venez. Toi au gouvernail, et nous aux rames. Allons vers la baie d’HHipposs. C’est un bon endroit. Oh hisse ! Oh hisse !»

Pierre donne le départ, et la barque glisse sur l’eau paisible. Barthélemy est au gouvernail, Thomas et Simon le Zélote servent de mousses, prêts à jeter les filets qu’ils ont déjà étendus. La lune se lève — plus exactement, elle passe au-dessus des monts de Gadara (si je ne fais pas erreur) ou de Gamla, en somme ceux qui se trouvent sur la côte orientale, mais vers le sud du lac —, et le lac en reçoit le rayonnement qui forme une route de diamant sur les eaux tranquilles.

« Elle nous accompagnera jusqu’au matin.

– S’il ne vient pas de brume.

– Les poissons quittent le fond, attirés par la lune.

– Si nous faisons bonne pêche, cela tombera bien, car nous sommes à court d’argent. Nous achèterons du pain et nous apporterons des poissons et du pain à ceux qui sont sur la montagne. »

Cela est dit avec des mots lents… et de longues pauses après chaque mot.

« Tu navigues bien, Simon. Tu n’as pas perdu la main !… admire Simon le Zélote.

– Oui…

633.4

Malédiction !

– Mais qu’as-tu ? demandent les autres.

– J’ai… J’ai que le souvenir de cet homme — Judas — me poursuit partout. Je me souviens de ce jour où nous luttions avec deux barques à qui naviguerait le mieux, et lui…

– De mon côté, je pensais que l’une des premières fois que j’ai eu la vision de son abîme de perfidie, ce fut cette fois où nous avons rencontré, ou plutôt abordé, les barques des Romains. Vous vous en souvenez ? reprend Simon.

– Hé ! si on se rappelle ! Mais… Jésus le défendait… et nous… entre les défenses du Maître et les duplicités de… de notre compagnon, on n’a jamais bien compris… remarque Thomas.

– Hum ! Moi, plus d’une fois… Mais il disait : “ Ne juge pas, Simon ! ”

– Jude l’a toujours soupçonné.

– Ce que je n’arrive pas à croire, c’est que celui-ci n’en ait jamais rien su » lance Jacques en donnant un coup de coude à son frère.

Mais Jean baisse silencieusement la tête.

« Désormais tu peux en parler, dit Thomas.

– Je m’efforce d’oublier. C’est l’ordre que j’ai reçu. Pourquoi voulez-vous me faire désobéir ?

– Tu as raison. Laissons-le tranquille, intervient Simon le Zélote pour le défendre.

633.5

– Descendez les filets. Doucement… Ramez, vous ! Ramez lentement. Tourne à gauche, Barthélemy. Accoste. Vire. Accoste. Vire. Le filet est tendu ? Oui ? Levez les rames et attendons » ordonne Pierre.

Comme le lac est beau dans la paix de la nuit, sous le baiser de la lune ! Il est d’une pureté paradisiaque. La lune s’y reflète et lui donne l’aspect du diamant, sa phosphorescence tremble sur les collines, les découvre et semble couvrir de neige les villes de la rive…

De temps en temps, ils sortent le filet. Une cascade de diamants tombe en produisant des arpèges sur l’argent du lac. Vide. Ils le plongent de nouveau, ils se déplacent… Ils n’ont vraiment pas de chance…

Les heures passent. La lune se couche, tandis que la lueur de l’aube se fraie un chemin, incertain, vert-azur… Une brume de chaleur fume du côté des rives, particulièrement vers l’extrémité sud du lac. Elle voile Tibériade et Tarichée. C’est une brume basse, peu épaisse, que le premier rayon de soleil fera disparaître. Pour l’éviter, ils préfèrent longer la rive orientale du lac, où elle est moins épaisse. A l’ouest, en revanche, elle arrive du marécage qui s’étend au-delà de Tarichée sur la rive droite du Jourdain, et s’épaissit comme si le marécage fumait. Les apôtres, qui connaissent bien le lac, naviguent en veillant à éviter les dangers de ses hauts fonds.

633.6

« Vous, sur la barque ! N’avez-vous rien à manger ? »

De la rive leur provient une voix d’homme, une voix qui les fait sursauter.

Ils haussent les épaules en répondant à haute voix : “ Non ”, mais poursuivent entre eux :

« Nous avons toujours l’impression de l’entendre !…

– Jetez le filet à droite de la barque, et vous allez trouver. »

La droite, c’est vers le large. Ils jettent le filet, un peu perplexes. Aussitôt, ils sentent des secousses et un poids qui fait pencher la barque du côté du filet.

« Mais c’est le Seigneur ! s’écrie Jean.

– Le Seigneur, tu crois ? demande Pierre.

– Tu en doutes ? Il nous a semblé que c’était sa voix, mais ceci en est la preuve. Regarde le filet ! C’est comme la dernière fois[1] ! C’est lui, te dis-je. Mon Jésus ! Où es-tu ? »

Tous essaient d’apercevoir une silhouette derrière les voiles de la brume, après avoir bien assuré le filet pour le traîner dans le sillage de la barque, car c’est une manœuvre dangereuse de vouloir le lever. Ils rament pour atteindre le rivage. Mais Thomas doit prendre la rame de Pierre, qui a enfilé en toute hâte sa courte tunique sur ses braies très courtes. C’était d’ailleurs son unique vêtement, comme c’est celui des autres, sauf Barthélemy. Il s’est jeté dans le lac et fend à grandes brasses l’eau paisible, précédant la barque. Le premier, il pose le pied sur la petite plage déserte où, sur deux pierres, à l’abri d’un buisson épineux, luit un feu de brindilles. Et là, tout près du feu, se trouve Jésus, souriant et bienveillant.

« Seigneur ! Seigneur ! »

Pierre est essoufflé par l’émotion et ne peut rien dire d’autre. Ruisselant d’eau comme il l’est, il n’ose pas même toucher le vêtement de son Jésus et reste prosterné sur le sable, en adoration, avec la tunique qui lui colle au corps.

La barque frotte sur le sable et s’arrête. Tous sont debout, excités de joie…

633.7

« Apportez ici quelques-uns de ces poissons. Le feu est prêt. Venez et mangez » leur enjoint Jésus.

Pierre court à la barque et aide à hisser le filet. Il saisit dans le tas frétillant trois gros poissons. Il les frappe sur le bord de la barque pour les tuer et les éventre avec son couteau, les rince et les porte auprès du feu, les installe dessus et surveille leur cuisson. Mais ses mains tremblent, oh ! pas de froid ! Les autres restent à adorer le Seigneur, un peu loin de lui, craintifs comme toujours devant lui, le Ressuscité, si divinement puissant.

« Voilà du pain. Vous avez travaillé toute la nuit et vous êtes fatigués. Vous allez reprendre des forces. Est-ce prêt, Pierre ?

– Oui, mon Seigneur » répond Pierre d’une voix encore plus rauque que d’habitude.

Penché sur le feu, il essuie ses yeux qui dégouttent comme si la fumée les faisait pleurer en les irritant en même temps que la gorge. Mais cette voix et ces larmes ne sont pas dues à la fumée…

Il apporte les poissons, qu’il a étendus sur une feuille râpeuse, probablement une feuille de courge qu’André lui a remise après l’avoir rincée dans le lac.

Jésus offre et bénit. Il rompt le pain, coupe les poissons et les distribue en faisant huit parts, et il y goûte lui aussi. Ils mangent avec le respect avec lequel ils accompliraient un rite. Jésus les regarde et sourit. Mais il se tait lui aussi, jusqu’au moment où il demande :

« Où sont les autres ?

– Sur la montagne, là où tu l’as dit. De notre côté, nous sommes venus pêcher, car nous n’avons plus d’argent et nous ne voulons pas abuser de la générosité des disciples.

– Vous avez bien fait. Mais dorénavant, vous, les apôtres, vous resterez sur la montagne en prière pour édifier les disciples par votre exemple. Envoyez ceux-ci à la pêche. Quant à vous, il vaudra mieux que vous restiez là en prière et pour écouter ceux qui ont besoin de conseils ou peuvent venir pour vous donner des nouvelles. Gardez les disciples dans l’unité. Je viendrai bientôt.

– Nous agirons ainsi, Seigneur.

– Marziam n’est pas avec toi ?

– Tu ne m’avais pas dit de le faire venir si vite.

– Fais-le venir. Son obéissance est finie.

– Je le ferai venir, Seigneur. »

633.8

Après un temps de silence, Jésus, qui était resté la tête penchée pour réfléchir, se redresse et fixe les yeux sur Pierre. Il l’observe avec son regard des heures de plus grand miracle et de plus grand commandement. Pierre en tressaille presque de peur et se rejette un peu en arrière… Mais Jésus pose la main sur l’épaule de Pierre pour le retenir de force, et il lui demande, en le tenant ainsi :

« Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ?

– Bien sûr, Seigneur ! Tu sais que je t’aime, répond Pierre avec assurance.

– Pais mes agneaux… Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ?

– Oui, mon Seigneur. Tu sais bien que je t’aime. »

Sa voix est moins ferme, elle est même un peu étonnée par la répétition de cette question.

« Pais mes agneaux… Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ?

– Seigneur… Tu sais tout … Tu sais si je t’aime… »

La voix de Pierre tremble car, s’il est sûr de son amour, il a l’impression que Jésus, lui, ne l’est pas.

« Pais mes brebis. Ta triple profession d’amour a effacé ta triple négation. Tu es entièrement pur, Simon, fils de Jonas et moi, je te le dis : prends le vêtement de grand-prêtre et porte la sainteté du Seigneur au milieu de mon troupeau. Mets ta ceinture sur tes vêtements et reste ainsi jusqu’à ce que, de pasteur, tu deviennes-toi aussi agneau. En vérité, je te dis que lorsque tu étais plus jeune, tu te ceignais toi-même et tu allais où tu voulais, mais quand tu auras vieilli, tu étendras les mains, un autre te ceindra et te conduira là où tu ne voudrais pas. Mais maintenant, c’est moi qui te dis : “ Mets ta ceinture et suis-moi. ” Lève-toi et viens. »

Jésus se lève et Pierre en fait autant pour aller au bord de l’eau. Les autres éteignent le feu en l’étouffant sous le sable.

633.9

Mais Jean, après avoir ramassé les restes de pain, suit Jésus. Pierre entend le bruit de ses pas et tourne la tête. Il voit Jean et demande en le montrant à Jésus :

« Et de lui, qu’arrivera-t-il ?

– Si je veux[2] qu’il reste jusqu’à mon retour, que t’importe ? Toi, suis-moi. »

Les voilà sur la rive. Pierre voudrait encore parler, mais la majesté de Jésus, les paroles qu’il a entendues le retiennent. Il s’agenouille et adore, imité par les autres. Jésus les bénit et les congédie. Ils montent dans la barque et s’éloignent en ramant. Jésus les regarde partir.

633.1

Es una noche tranquila y sofocante. No hay una brizna de viento. Las estrellas, extendidas, titilantes, atestan el cielo sereno. El lago, calmo e inmóvil —tanto, que parece una vastísima pila resguardada de los vientos— refleja en su superficie la gloria de ese cielo que palpita por los astros que lo pueblan. Los árboles de las orillas son un bloque sin susurros. Tan quieto está el lago, que sus olas, en la orilla, se reducen a un levísimo murmullo. Hay alguna barca, lago adentro, apenas visible como forma errante que, a trechos, con su farolito atado en el mástil de la vela para dar claridad al interior del bote, pone una estrellita a poca distancia de la superficie de las aguas.

No sé qué parte del lago es. Yo diría que se trata de la parte más meridional, donde el lago se prepara a ser de nuevo río; diría que se trata de la periferia de Tariquea: no porque vea la ciudad —me lo impide una espesura arbórea que penetra en el lago formando un pequeño promontorio montuoso—, sino porque lo deduzco de las estrellitas de las luces de las barcas, que se alejan hacia el Norte separándose de las orillas del lago. Y digo “periferia” porque una pequeña agrupación de casuchas —tan pocas, que no constituyen siquiera una aldea— están allí concentradas, al pie del pequeño promontorio; casas pobres, situadas casi en la playa, pertenecientes, sin duda, a pescadores.

Hay algunas barcas fuera del agua, en la pequeña playa, y otras en el agua, junto a la orilla, preparadas ya para navegar, pero tan quietas que, en vez de estar flotando, parecen estar clavadas en el suelo.

633.2

Por la puerta de una de estas casuchas, Pedro asoma la cabeza. La luz oscilante de una lumbre encendida en la cocina humosa ilumina por detrás la figura torosa del apóstol, haciéndola resaltar como un boceto. Mira al cielo, mira al lago… Avanza hasta el límite de la playa. Luego —lleva una túnica corta y va descalzo— entra en el agua, hasta medio muslo, y acaricia el borde de una barca extendiendo su brazo musculoso.

Se unen a él los hijos de Zebedeo.

«Bonita noche».

«Dentro de poco saldrá la Luna».

«Noche de pesca».

«Pero con remos».

«No hay viento».

«¿Qué hacemos?».

Hablan bajo, con frases cortadas, como hombres acostumbrados a la pesca y a las maniobras de las velas y las redes, que requieren atención y, por tanto, pocas palabras.

«Convendría salir. Venderíamos parte de la pesca».

Se unen a ellos, en la orilla, Andrés, Tomás y Bartolomé.

«¡Qué calor esta noche!» exclama Bartolomé.

«¿Habrá tormenta? ¿Os acordáis de aquella noche?» pregunta Tomás.

«¡No! Calma chicha. Quizás niebla. Pero no tormenta. Yo… yo voy a pescar. ¿Quién viene conmigo?».

«Vamos todos. Quizás se esté mejor allá dentro» dice Tomás, que suda; y añade: «A la mujer le hacía falta esa lumbre, pero es como si hubiéramos estado en las termas calientes…».

«Voy a decírselo a Simón, que está allí todo solo» dice Juan.

633.3

Pedro ya prepara la barca, junto con Andrés y Santiago.

«¿Vamos hasta casa? Una sorpresa para mi madre…» pregunta Santiago.

«No. No sé si puedo traer a Margziam. Antes de… de la… ¡bueno, sí!… antes de ir a Jerusalén —estábamos todavía en Efraím— el Señor me dijo que quería celebrar la segunda Pascua con Margziam. Pero luego no me ha vuelto a decir nada más…».

«A mí me parece que ha dicho que sí» dice Andrés.

«Sí. La segunda Pascua, sí. Pero hacerle venir antes, no sé si quiere. He cometido tantos errores, que… ¡Ah, ¿vienes también tú?!».

«Sí, Simón de Jonás. Me recordará muchas cosas esta pesca…».

«¡Ya, claro! A todos nos recordará muchas cosas… Cosas que ya no volverán… Ibamos con el Maestro en esta barca por el lago… Y yo la apreciaba como si fuera un palacio, y me parecía que no podía vivir sin ella. Pero, ahora que Él no está en la barca… pues… estoy en ella y no me produce alegría» dice Pedro.

«Ya ninguno siente alegría por las cosas pasadas. Ya no es la misma vida. Y, además, mirando hacia atrás… entre aquellas horas pasadas y estas presentes, están en medio esos momentos horren­dos…» suspira Bartolomé.

«Preparados. Venid. Tú, al timón; nosotros, a los remos. Vamos hacia la curva de Ippo. Es buen sitio. ¡Upa! ¡Op! ¡Upa! ¡Op!».

Pedro dirige la boga y la barca se desliza por las aguas quietas. Bartolomé al timón. Tomás y el Zelote haciendo de mozos ayudantes, preparados para echar las redes (ya las tienen extendidas). Se alza la Luna, o sea, supera los montes de Gadara, si no me equivoco, o Gamala (en fin, los que están en la costa oriental, pero hacia el sur del lago), y el rayo de la Luna incide en el lago y traza un camino de diamantes sobre las aguas quietas.

«Nos acompañará hasta la mañana».

«Si no viene bruma».

«Los peces dejan el fondo atraídos por la luna».

«Bueno será que tengamos buena pesca. Porque ya no tenemos dinero. Compraremos pan, y a los que están en el monte les llevaremos pescado y pan».

Palabras lentas, con pausas largas entre una y otra voz.

«Remas bien, Simón. ¡No has perdido la boga!…» dice el Zelote, admirado.

«Sí…

633.4

¡Maldición!».

«¿Qué te pasa?» preguntan los otros.

«Lo que me pasa… es que el recuerdo de ese hombre me persigue por todas partes. Me acuerdo de aquel día que íbamos con dos barcas viendo a ver quién remaba mejor, y él…».

«Yo, sin embargo, pensaba que una de las primeras veces que tuve la visión de su abismo de perfidia fue aquella vez que encontramos, o mejor: que chocamos, las barcas de los romanos. ¿Os acordáis?» dice el Zelote.

«¡Claro que nos acordamos! ¡En fin!… Él le defendía… y nosotros… entre las defensas del Maestro y la doblez del… del nuestro, nunca comprendimos bien…» dice Tomás.

«¡Mmm! Yo, más de una vez… Pero Él decía: “¡No juzgues, Simón!”».

«Judas Tadeo siempre sospechó de él».

«Lo que no puedo creer es que éste no haya sabido nunca nada» dice Santiago, dando un codazo a su hermano. Pero Juan agacha la cabeza y calla.

«Ya lo puedes decir…» dice Tomás.

«Me esfuerzo en olvidar. Es la orden que he recibido. ¿Por qué queréis hacerme desobedecer?».

«Tienes razón. Dejémosle en paz» dice el Zelote saliendo en defensa de Juan.

633.5

«Echad las redes. Lentamente… Remad vosotros. Boga lento. Vira a la izquierda, Bartolomé. Acércate. Vira. Acércate. Vira. ¿Extendida la red? ¿Sí? Arriba los remos y esperamos» ordena Pedro.

¡Qué hermosura la de este lago, encantador, en la paz de la noche, bajo el beso de la Luna! Verdaderamente es paradisíaco, por su pureza. La Luna se refleja toda desde el cielo y viste de diamante las aguas. Su fosforescencia parpadea sobre las colinas y las muestra; viste de nieve las ciudades de las orillas…

De tanto en tanto sacan la red: cascada de diamantes y arpegios sobre la plata del lago; vacía. La sumergen de nuevo. Cambian de posición. No tienen suerte…

Las horas pasan. La Luna se pone, mientras la luz del alba se abre camino, incierta, verdeazul… Una cálida bruma, cerca de las orillas, huma, especialmente hacia el extremo sur del lago. Tiberíades se vela de bruma, y también Tariquea. Es una niebla baja, poco densa, que el primer sol disolverá. Para evitarla, prefieren costear el lado de Oriente, donde es menos densa (mientras que en el lado occidental, al venir del aguazal que hay más allá de Tariquea en la ribera derecha del Jordán, se hace más densa, como si el aguazal humara). Bogan atentos para evitar algún peligro del fondo, de este lago que ellos bien conocen.

633.6

«¡Vosotros, los de la barca! ¿Tenéis algo para comer?». Una voz masculina viene de la orilla. Una voz que los estremece.

Pero se encogen de hombros y responden con fuerte voz: «No». Y luego comentan entre ellos: «¡Siempre nos parece oírle!…».

«Echad las redes a la derecha y encontraréis».

La derecha está lago adentro. Echan la red, con un poco de perplejidad. Sacudidas, peso que hace inclinar la barca hacia el lado de la red.

«¡Pero si es el Señor!» grita Juan.

«¿El Señor, dices?» pregunta Pedro.

«¿Pero lo dudas? Nos ha parecido su voz. Pero ésta es la prueba. ¡Mira la red! ¡Como aquella vez! ¡Te digo que es Él! ¡Oh, Jesús mío! ¿Dónde estás?».

Todos aguzan la vista, queriendo perforar los velos de la niebla, después de haber asegurado bien la red para arrastrarla tras la estela de la barca, puesto que pretender izarla sería una maniobra peligrosa; y reman para ir a la orilla. Pero Tomás debe agarrar el remo de Pedro, el cual, de prisa y corriendo, se ha puesto la túnica corta encima del cortísimo calzón —que era su único vestido, como es también el único de los otros, excepto de Bartolomé—, se ha echado a nadar al lago, y ahora hiende con grandes brazadas el agua quieta, precediendo a la barca, de forma que es el primero en llegar a la playita desierta, donde, sobre dos piedras protegidas por un matorral espinoso, brilla un fuego de hornija. Y allí, cerca del fuego, está Jesús, sonriente y benévolo.

«¡Señor! ¡Señor!». Pedro jadea a causa de la emoción y no puede decir nada más. Chorrea agua, de forma que no se atreve siquiera a tocar la túnica de su Jesús, y permanece postrado en la arena, con la túnica pegada a sus carnes, adorando.

La barca roza el fondo del guijarral y se detiene. Todos están de pie, inquietos por la alegría…

633.7

«Traed aquí algunos de esos peces. La lumbre está preparada. Venid y comed» ordena Jesús.

Pedro corre hasta la barca y ayuda a izar la red. Mete la mano en el montón de peces zigzagueantes y agarra tres de ellos, grandes. Los golpea contra el borde de la barca, para matarlos, y los vacía con su cuchillo. Pero le tiemblan las manos (no de frío, ciertamente). Los enjuaga, los lleva a donde está el fuego, los coloca encima y vigila cómo se asan. Los otros están adorando al Señor, un poco separados de Él; temerosos ante Él, como siempre, ahora que, resucitado, se le ve tan divinamente poderoso.

«Mirad, aquí está el pan. Habéis trabajado toda la noche y estáis cansados. Ahora recuperaréis fuerzas. ¿Ya está, Pedro?».

«Sí, mi Señor» dice Pedro con una voz aún más ronca de lo habitual, inclinado hacia el fuego, y se seca los ojos, que gotean, como si el humo, irritándolos, les hiciera llorar, al mismo tiempo que irrita también la garganta. Pero no es el humo el que produce esa voz y esas lágrimas…

Lleva el pescado. Lo ha dispuesto encima de una hoja rasposa —parece una hoja de calabaza— que le ha llevado Andrés después de haberla enjuagado en el lago.

Jesús hace el ofrecimiento y bendice, parte el pan y los peces. Hace ocho partes. Lo distribuye. Él también lo prueba. Comen con la reverencia con que celebrarían un rito. Jesús los mira y sonríe. Pero guarda silencio también Él, hasta que pregunta: «¿Dónde están los otros?».

«En el monte. Donde dijiste. Nosotros hemos venido para pescar porque ya no tenemos dinero y no queremos abusar de los discípu­los».

«Hacéis bien. Pero, de ahora en adelante, vosotros, los apóstoles, estaréis en el monte, en oración, edificando con el ejemplo a los discípulos. Enviadlos a ellos a pescar. Conviene que vosotros estéis allí en oración, y también para escuchar a los que necesiten un consejo o puedan ir a daros noticias. Tened muy unidos a los discípulos. Pronto iré Yo».

«Lo haremos, Señor».

«¿Margziam no está contigo?».

«No me dijiste que le trajera tan pronto».

«Dispón que venga. Su obediencia ha terminado».

«Así lo haré, Señor».

633.8

Un momento de silencio. Luego Jesús, que había estado un poco con la cabeza agachada, pensando, alza la cabeza y clava la mirada en Pedro. Le mira con su mirada de las horas de más poderosos milagros y de más poderoso imperio. Pedro se sobresalta, casi de miedo, y se echa un poco hacia atrás… Pero Jesús, poniendo una mano en el hombro de Pedro, le sujeta fuertemente y, teniéndole así, le pregunta: «Simón de Jonás, ¿me quieres?».

«¡Sí, Señor! Tú sabes que te quiero» responde Pedro con seguridad.

«Apacienta mis corderos… Simón de Jonás, ¿me quieres?».

«Sí, mi Señor. Y Tú sabes que te quiero». En la voz hay menos sentido de seguridad; es más, hay un poco de estupor por la repetición de la pregunta.

«Apacienta mis corderos… Simón de Jonás, ¿me quieres?».

«Señor… Tú lo sabes todo… Tú sabes… sabes si te quiero…», le tiembla la voz a Pedro, que está seguro de su amor, pero que tiene la impresión de que Jesús no esté seguro.

«Apacienta mis ovejas. Tu triple profesión de amor ha borrado tu triple negación. Estás todo puro, Simón de Jonás. Y Yo te digo: asume la vestidura pontifical y lleva a mi rebaño la Santidad del Señor. Cíñete las vestiduras a tu cintura y tenlas bien ceñidas, hasta que, de Pastor, también tú pases a ser cordero. En verdad te digo que cuando eras más joven tú solo te ceñías e ibas a donde querías, pero, cuando seas anciano, extenderás las manos y otro te ceñirá y te llevará a donde no querrías ir. Pero ahora soy Yo el que te dice: “Cíñete y sígueme por mi mismo camino”. Álzate y ven».

Se alza Jesús y se alza Pedro. Van hacia la orilla. Los otros se ponen a apagar el fuego ahogándolo bajo la arena.

633.9

Pero Juan, recogidos los restos del pan, sigue a Jesús. Pedro oye el roce de los pasos y vuelve la cabeza. Ve a Juan y, señalándoselo a Jesús, dice: «¿Y de él qué será?».

«Si quiero que permanezca hasta que Yo regrese, ¿a ti qué? Tú sígueme».

Ya están en la orilla. Pedro quisiera decir todavía algo, pero la majestuosidad de Jesús y las palabras que ha oído le retienen. Se arrodilla —imitado en esto por los otros— y adora. Jesús los bendice y se despide de ellos, que suben a la barca y se marchan remando. Jesús los mira mientras se alejan.


Notes

  1. C’est comme la dernière fois, allusion à la première pêche miraculeuse (Lc 5, 1-11), en 65.2.
  2. Si je veux… Le sens de cette réplique, que Jean rapporte en Jn 21, 21-23, pourrait être donné en 508.2.