The Writings of Maria Valtorta

633. Apparition sur les rives du lac

633. Jesus appears on the shores of the lake.

633.1

Une nuit calme, une chaleur étouffante, pas un souffle de vent. Des milliers d’étoiles scintillantes constellent le ciel serein. Le lac, calme et immobile au point de sembler être un vaste bassin à l’abri des vents, reflète la gloire de ce ciel. Sur les rives, les arbres forment un bloc sans frémissement. Le lac est si paisible que l’on n’entend qu’un très léger bruissement sur le rivage. Quelques barques naviguent au large, à peine plus visibles qu’une forme vague. Leur lanterne attachée au mât de la voile pour éclairer l’intérieur de la petite embarcation fait parfois naître une petite étoile à peu de distance de l’eau.

Je ne sais de quelle partie du lac il s’agit. Je suppose cependant que c’est la rive la plus méridionale, là où le lac s’apprête à redevenir fleuve. Aux alentours de Tarichée, dirais-je. J’ai beau ne pas distinguer la ville — qui m’est cachée par un groupe d’arbres qui s’avance dans le lac pour former un petit promontoire montueux —, je me fie aux petites étoiles des lanternes des barques qui se détachent des rives du lac pour s’éloigner vers le nord. Et je précise “ aux alentours ” de Tarichée, parce qu’il y a là un groupe de cabanes, si peu nombreuses qu’elles ne forment même pas un village, au pied du petit promontoire. Ce sont de pauvres maisons, de pêcheurs certainement, contruites presque sur le rivage.

Des barques sont tirées au sec sur la petite plage, d’autres, déjà prêtes pour naviguer, sont à l’eau près de la rive et si immobiles qu’elles paraissent fixées au sol, au lieu de se balancer.

633.2

Pierre sort la tête de l’une de ces masures. La lumière tremblante d’un feu allumé dans la cuisine enfumée éclaire par derrière le rude visage de l’apôtre, en le faisant ressortir comme un dessin. Il regarde le ciel, il regarde le lac… Il s’avance jusqu’au bord de l’eau puis, en tunique courte et les pieds nus, il y entre jusqu’à mi-cuisses, tend son bras musclé et caresse le bord d’une barque. Les fils de Zébédée le rejoignent.

« Belle nuit !

– La lune sera bientôt là.

– Soir de pêche.

– Mais avec les rames.

– Il n’y a pas de vent.

– Que faisons-nous ? »

Ils parlent lentement, par phrases détachées, comme des hommes habitués à la pêche et aux manœuvres des voiles et des filets qui demandent de l’attention, et donc peu de paroles.

« Ce serait bien d’y aller. Nous pourrions vendre une partie de la pêche. »

André, Thomas et Barthélemy viennent les rejoindre.

« Quelle chaude nuit ! s’exclame Barthélemy.

– Y aura-t-il de la tempête ? Vous vous souvenez de cette fameuse nuit ? demande Thomas.

– Oh non ! Le calme plat, du brouillard peut-être, mais pas de tempête. Moi… moi, je vais pêcher. Qui vient avec moi ?

– Nous venons tous. Nous serons peut-être mieux au large » déclare Thomas, qui transpire et ajoute : « La femme avait besoin de ce feu, mais c’est comme si nous avions été aux thermes…

– Je vais l’annoncer à Simon. Il est tout seul, là-bas » propose Jean.

633.3

Pierre prépare déjà la barque avec André et Jacques.

« Allons-nous jusqu’à la maison ? Ce serait une bonne surprise pour ma mère… demande Jacques.

– Non. Je ne sais pas si je peux faire venir Marziam. Avant de… de la… bref, avant d’aller à Jérusalem — on était encore à Ephraïm —, le Seigneur m’a dit qu’il voulait faire la seconde Pâque avec Marziam. Mais il ne m’en a plus parlé par la suite…

– Il me semble, à moi, qu’il a dit oui, intervient André.

– Oui. La seconde Pâque, oui. Mais le faire venir avant, je ne sais s’il le veut. J’ai fait tant d’erreurs que… Oh ! viens-tu toi aussi ?

– Oui, Simon-Pierre. Cette pêche me rappellera bien des souvenirs…

– Hé ! à tous elle rappellera beaucoup de choses… Et des jours qui ne reviendront plus… Nous naviguions avec le Maître dans cette barque, sur le lac… Je l’aimais comme si elle avait été un palais de roi et il me semblait que je ne pourrais vivre sans elle. Mais maintenant que Jésus n’est plus dans la barque… voilà… je suis dedans et je n’en tire plus aucune joie, dit Pierre.

– Personne n’a plus la joie des moments passés. Ce n’est plus la même vie. Et même en regardant en arrière… entre ces heures passées et les heures présentes, il y a au milieu ce temps horrible… soupire Barthélemy.

– Prêts. Venez. Toi au gouvernail, et nous aux rames. Allons vers la baie d’HHipposs. C’est un bon endroit. Oh hisse ! Oh hisse !»

Pierre donne le départ, et la barque glisse sur l’eau paisible. Barthélemy est au gouvernail, Thomas et Simon le Zélote servent de mousses, prêts à jeter les filets qu’ils ont déjà étendus. La lune se lève — plus exactement, elle passe au-dessus des monts de Gadara (si je ne fais pas erreur) ou de Gamla, en somme ceux qui se trouvent sur la côte orientale, mais vers le sud du lac —, et le lac en reçoit le rayonnement qui forme une route de diamant sur les eaux tranquilles.

« Elle nous accompagnera jusqu’au matin.

– S’il ne vient pas de brume.

– Les poissons quittent le fond, attirés par la lune.

– Si nous faisons bonne pêche, cela tombera bien, car nous sommes à court d’argent. Nous achèterons du pain et nous apporterons des poissons et du pain à ceux qui sont sur la montagne. »

Cela est dit avec des mots lents… et de longues pauses après chaque mot.

« Tu navigues bien, Simon. Tu n’as pas perdu la main !… admire Simon le Zélote.

– Oui…

633.4

Malédiction !

– Mais qu’as-tu ? demandent les autres.

– J’ai… J’ai que le souvenir de cet homme — Judas — me poursuit partout. Je me souviens de ce jour où nous luttions avec deux barques à qui naviguerait le mieux, et lui…

– De mon côté, je pensais que l’une des premières fois que j’ai eu la vision de son abîme de perfidie, ce fut cette fois où nous avons rencontré, ou plutôt abordé, les barques des Romains. Vous vous en souvenez ? reprend Simon.

– Hé ! si on se rappelle ! Mais… Jésus le défendait… et nous… entre les défenses du Maître et les duplicités de… de notre compagnon, on n’a jamais bien compris… remarque Thomas.

– Hum ! Moi, plus d’une fois… Mais il disait : “ Ne juge pas, Simon ! ”

– Jude l’a toujours soupçonné.

– Ce que je n’arrive pas à croire, c’est que celui-ci n’en ait jamais rien su » lance Jacques en donnant un coup de coude à son frère.

Mais Jean baisse silencieusement la tête.

« Désormais tu peux en parler, dit Thomas.

– Je m’efforce d’oublier. C’est l’ordre que j’ai reçu. Pourquoi voulez-vous me faire désobéir ?

– Tu as raison. Laissons-le tranquille, intervient Simon le Zélote pour le défendre.

633.5

– Descendez les filets. Doucement… Ramez, vous ! Ramez lentement. Tourne à gauche, Barthélemy. Accoste. Vire. Accoste. Vire. Le filet est tendu ? Oui ? Levez les rames et attendons » ordonne Pierre.

Comme le lac est beau dans la paix de la nuit, sous le baiser de la lune ! Il est d’une pureté paradisiaque. La lune s’y reflète et lui donne l’aspect du diamant, sa phosphorescence tremble sur les collines, les découvre et semble couvrir de neige les villes de la rive…

De temps en temps, ils sortent le filet. Une cascade de diamants tombe en produisant des arpèges sur l’argent du lac. Vide. Ils le plongent de nouveau, ils se déplacent… Ils n’ont vraiment pas de chance…

Les heures passent. La lune se couche, tandis que la lueur de l’aube se fraie un chemin, incertain, vert-azur… Une brume de chaleur fume du côté des rives, particulièrement vers l’extrémité sud du lac. Elle voile Tibériade et Tarichée. C’est une brume basse, peu épaisse, que le premier rayon de soleil fera disparaître. Pour l’éviter, ils préfèrent longer la rive orientale du lac, où elle est moins épaisse. A l’ouest, en revanche, elle arrive du marécage qui s’étend au-delà de Tarichée sur la rive droite du Jourdain, et s’épaissit comme si le marécage fumait. Les apôtres, qui connaissent bien le lac, naviguent en veillant à éviter les dangers de ses hauts fonds.

633.6

« Vous, sur la barque ! N’avez-vous rien à manger ? »

De la rive leur provient une voix d’homme, une voix qui les fait sursauter.

Ils haussent les épaules en répondant à haute voix : “ Non ”, mais poursuivent entre eux :

« Nous avons toujours l’impression de l’entendre !…

– Jetez le filet à droite de la barque, et vous allez trouver. »

La droite, c’est vers le large. Ils jettent le filet, un peu perplexes. Aussitôt, ils sentent des secousses et un poids qui fait pencher la barque du côté du filet.

« Mais c’est le Seigneur ! s’écrie Jean.

– Le Seigneur, tu crois ? demande Pierre.

– Tu en doutes ? Il nous a semblé que c’était sa voix, mais ceci en est la preuve. Regarde le filet ! C’est comme la dernière fois[1] ! C’est lui, te dis-je. Mon Jésus ! Où es-tu ? »

Tous essaient d’apercevoir une silhouette derrière les voiles de la brume, après avoir bien assuré le filet pour le traîner dans le sillage de la barque, car c’est une manœuvre dangereuse de vouloir le lever. Ils rament pour atteindre le rivage. Mais Thomas doit prendre la rame de Pierre, qui a enfilé en toute hâte sa courte tunique sur ses braies très courtes. C’était d’ailleurs son unique vêtement, comme c’est celui des autres, sauf Barthélemy. Il s’est jeté dans le lac et fend à grandes brasses l’eau paisible, précédant la barque. Le premier, il pose le pied sur la petite plage déserte où, sur deux pierres, à l’abri d’un buisson épineux, luit un feu de brindilles. Et là, tout près du feu, se trouve Jésus, souriant et bienveillant.

« Seigneur ! Seigneur ! »

Pierre est essoufflé par l’émotion et ne peut rien dire d’autre. Ruisselant d’eau comme il l’est, il n’ose pas même toucher le vêtement de son Jésus et reste prosterné sur le sable, en adoration, avec la tunique qui lui colle au corps.

La barque frotte sur le sable et s’arrête. Tous sont debout, excités de joie…

633.7

« Apportez ici quelques-uns de ces poissons. Le feu est prêt. Venez et mangez » leur enjoint Jésus.

Pierre court à la barque et aide à hisser le filet. Il saisit dans le tas frétillant trois gros poissons. Il les frappe sur le bord de la barque pour les tuer et les éventre avec son couteau, les rince et les porte auprès du feu, les installe dessus et surveille leur cuisson. Mais ses mains tremblent, oh ! pas de froid ! Les autres restent à adorer le Seigneur, un peu loin de lui, craintifs comme toujours devant lui, le Ressuscité, si divinement puissant.

« Voilà du pain. Vous avez travaillé toute la nuit et vous êtes fatigués. Vous allez reprendre des forces. Est-ce prêt, Pierre ?

– Oui, mon Seigneur » répond Pierre d’une voix encore plus rauque que d’habitude.

Penché sur le feu, il essuie ses yeux qui dégouttent comme si la fumée les faisait pleurer en les irritant en même temps que la gorge. Mais cette voix et ces larmes ne sont pas dues à la fumée…

Il apporte les poissons, qu’il a étendus sur une feuille râpeuse, probablement une feuille de courge qu’André lui a remise après l’avoir rincée dans le lac.

Jésus offre et bénit. Il rompt le pain, coupe les poissons et les distribue en faisant huit parts, et il y goûte lui aussi. Ils mangent avec le respect avec lequel ils accompliraient un rite. Jésus les regarde et sourit. Mais il se tait lui aussi, jusqu’au moment où il demande :

« Où sont les autres ?

– Sur la montagne, là où tu l’as dit. De notre côté, nous sommes venus pêcher, car nous n’avons plus d’argent et nous ne voulons pas abuser de la générosité des disciples.

– Vous avez bien fait. Mais dorénavant, vous, les apôtres, vous resterez sur la montagne en prière pour édifier les disciples par votre exemple. Envoyez ceux-ci à la pêche. Quant à vous, il vaudra mieux que vous restiez là en prière et pour écouter ceux qui ont besoin de conseils ou peuvent venir pour vous donner des nouvelles. Gardez les disciples dans l’unité. Je viendrai bientôt.

– Nous agirons ainsi, Seigneur.

– Marziam n’est pas avec toi ?

– Tu ne m’avais pas dit de le faire venir si vite.

– Fais-le venir. Son obéissance est finie.

– Je le ferai venir, Seigneur. »

633.8

Après un temps de silence, Jésus, qui était resté la tête penchée pour réfléchir, se redresse et fixe les yeux sur Pierre. Il l’observe avec son regard des heures de plus grand miracle et de plus grand commandement. Pierre en tressaille presque de peur et se rejette un peu en arrière… Mais Jésus pose la main sur l’épaule de Pierre pour le retenir de force, et il lui demande, en le tenant ainsi :

« Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ?

– Bien sûr, Seigneur ! Tu sais que je t’aime, répond Pierre avec assurance.

– Pais mes agneaux… Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ?

– Oui, mon Seigneur. Tu sais bien que je t’aime. »

Sa voix est moins ferme, elle est même un peu étonnée par la répétition de cette question.

« Pais mes agneaux… Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ?

– Seigneur… Tu sais tout … Tu sais si je t’aime… »

La voix de Pierre tremble car, s’il est sûr de son amour, il a l’impression que Jésus, lui, ne l’est pas.

« Pais mes brebis. Ta triple profession d’amour a effacé ta triple négation. Tu es entièrement pur, Simon, fils de Jonas et moi, je te le dis : prends le vêtement de grand-prêtre et porte la sainteté du Seigneur au milieu de mon troupeau. Mets ta ceinture sur tes vêtements et reste ainsi jusqu’à ce que, de pasteur, tu deviennes-toi aussi agneau. En vérité, je te dis que lorsque tu étais plus jeune, tu te ceignais toi-même et tu allais où tu voulais, mais quand tu auras vieilli, tu étendras les mains, un autre te ceindra et te conduira là où tu ne voudrais pas. Mais maintenant, c’est moi qui te dis : “ Mets ta ceinture et suis-moi. ” Lève-toi et viens. »

Jésus se lève et Pierre en fait autant pour aller au bord de l’eau. Les autres éteignent le feu en l’étouffant sous le sable.

633.9

Mais Jean, après avoir ramassé les restes de pain, suit Jésus. Pierre entend le bruit de ses pas et tourne la tête. Il voit Jean et demande en le montrant à Jésus :

« Et de lui, qu’arrivera-t-il ?

– Si je veux[2] qu’il reste jusqu’à mon retour, que t’importe ? Toi, suis-moi. »

Les voilà sur la rive. Pierre voudrait encore parler, mais la majesté de Jésus, les paroles qu’il a entendues le retiennent. Il s’agenouille et adore, imité par les autres. Jésus les bénit et les congédie. Ils montent dans la barque et s’éloignent en ramant. Jésus les regarde partir.

633.1

A calm sultry night. There is not a breath of wind. The stars, large and throbbing, crowd the clear sky. The lake, so calm and still, as to look like a very large basin sheltered from winds, reflects with its surface the glory of that sky that palpitates with stars. The trees along the shores form a block with no rustling. The lake is so calm that its surge on the shore is reduced to a very light lapping. Some boats off-shore, hardly visible as roaming forms, that at times place little stars at a short distance from the waves, with their tiny lights tied to the masts of the sails, to illuminate the interiors of the small hulls.

I do not know which part of the lake it is. I should say the more southern one, where the lake is about to become a river again. At the outskirts of Tarichea, I should say, not because I can see the town, which is hidden by a group of trees, that stretch on the lake forming a little hilly promontory, but because I am led to think so by the little stars of the lights of the boats, that move away northwards, when they depart from the shores of the lake. I say outskirts, because there is a little group of poor houses gathered there at the foot of the little promontory, but they are so few that they cannot even be considered a village. They are poor houses, almost on the shore, certainly of fishermen.

Some boats are beached on the little shore; others are already prepared to sail, in the water, near the shore, and they are so still as to seem fixed to the ground, instead of floating.

633.2

Peter puts his head out of a hovel. The flickering light of a fire lit in the smoky kitchen illuminates the sturdy figure of the apostle from behind, making it show up like a drawing. He looks at the sky, he looks at the lake… He comes forward, as far as the edge of the shore. Then – he is wearing a short tunic and is bare – bare-foot, he paddles in the water up to half his thigh, and stretching out his brawny arm, he caresses the gunwale of a boat. Zebedee’s sons join him.

«Lovely night.»

«It will soon be moonlight.»

«Fishing night.»

«But with oars.»

«There is no wind.»

«What shall we do?»

They speak slowly, with detached sentences, like men accustomed to fishing and to the manoeuvres of sails and nets, for which attention is required and so, few words.

«We ought to go. We could sell part of the catch.»

Andrew, Thomas and Bartholomew come and join them on the shore.

«What a warm night!» exclaims Bartholomew.

«Will there be a storm? Do you remember that night?» asks Thomas.

«Oh! no! Calm, fog perhaps, but no storm. I… I am going fishing. Who is coming with me?»

«We are all coming. Perhaps it will be cooler out there» says Thomas, who is perspiring, and he adds: «The woman needed that fire, but it was like being at the hot baths…»

«I am going to tell Simon. He is all alone over there» says John.

633.3

Peter is already preparing the boat with Andrew and James.

«Shall we go as far as our house? A surprise for my mother…» asks James.

«No. I do not know whether I can get Marjiam to come. Before… before… Well, yes! Before going to Jerusalem – we were still at Ephraim – the Lord told me that He wanted to celebrate the second Passover with Marjiam. But later He said nothing to me…»

«I think He said that He would» says Andrew.

«Yes. The second Passover, yes. But I do not know whether He wants the boy to come here first. I have made so many mistakes that… Oh! are you coming, too?»

«Yes, Simon of Jonah. This fishing will remind me of many things…»

«Eh! it will remind everybody of many things… Things that will never come back again… We used to go out on the lake with the Master in this boat… And I loved it as if it were a royal palace, and I thought I could not live without it. But now that He is no longer here, well, I am in the boat and I do not enjoy it» says Peter.

«No one has the joy of past things. It no longer is the same life. And also in looking back… between the hours of the past and the present ones there is always that dreadful period of time…» says Bartholomew with a sigh.

«We are ready. Come. You at the rudder and we at the oars. We are going towards the bend of Hippos. It is a good spot. Pull-ho! Pull-ho!»

Peter sets the rate and the boat slides on the calm water, with Bartholomew at the rudder. Thomas and the Zealot act as servants ready to cast the net, which they have already spread out. The moon rises, that is, she is over the mountains of Gadara (if I am not mistaken) or Gamala, that is, the ones on the eastern shore towards the south of the lake, and the lake is illuminated by her rays that trace a road of diamonds on the still water.

«She will be with us until morning.»

«If there is no mist.»

«The fish leave the bottom attracted by the moon.»

«If we have a good catch, it will be a blessing, because we have no more money. We will buy bread and will take fish and bread to those who are up the mountain.» Words uttered slowly, with long pauses between one voice and the next one.

«You row very well, Simon. You have not lost the stroke!…» says the Zealot admiring him.

633.4

«Yes… Damn!»

«What is the matter with you?» the others ask him.

«The… The matter is that the recollection of that man haunts me everywhere. I remember that day when in two boats we competed to see who was the best oarsman, and he…»

«I instead was thinking that one of the first times that I had the vision of his abyss of wickedness, was when we met, or rather, we came into collision with the boats of the Romans. Do you remember?» says the Zealot.

«Eh! we do remember! However!… He defended him… and we… what with the defensive attitude of the Master, what with the double-dealing of… of our companion, we never clearly understood…» says Thomas.

«H’m! I more than once… But He would say: “Do not judge, Simon!”»

«Thaddeus always suspected him.»

«What I cannot believe is that this fellow here never knew anything about it» says James, poking his brother in the ribs.

But John, bending his head, is silent.

«Now he can speak…» says Thomas.

«I am trying to forget. That is what I have been ordered. Why do you want me to disobey?»

«You are right. Let us leave him alone» says the Zealot defending him.

633.5

«Cast the net. Slowly. Row. Row slowly. Turn to port, Bartholomew. Haul. Veer. Haul. Veer. Is the net spread? Is it? Oars up and let us wait» orders Peter.

How beautiful is the placid lake in the peace of the night, kissed by the moon! So pure that it is paradisiac. The moon from the sky is fully reflected in it and gives it the appearance of diamonds, her phosphorescence quivers on the hills, it discloses them and makes the towns on the shores as white as snow… Now and again they haul the net. A cascade of diamonds playing arpeggios on the silver of the lake. It is empty. They cast it again. They change place. No luck… Hours go by. The moon sets, while the light of dawn begins to appear, uncertain, green-blue… A heat mist steams towards the shores, particularly towards the southern end of the lake. Tiberias is veiled with it, and Tarichea is also veiled with it. A low fog, not dense, that will melt in the early sun. In order to avoid it they prefer to go along the eastern side, where it is less dense, whilst to the west, as it comes from the marsh beyond Tarichea on the right bank of the Jordan, it thickens as if the marsh were steaming. They row carefully to avoid possible dangers of the depth, familiar as they are with the lake.

633.6

«You, on the boat! Have you anything to eat?» shouts a man’s voice from the shore. A voice that makes them start.

But they shrug their shoulders, replying in a loud voice: «No»; then they say to one another: «We always seem to be hearing Him!…»

«Cast the net on the right-hand side of the boat and you will find them.»

The right-hand side is off-shore. They cast the net, rather perplexedly. Jerks, weight that makes the boat bend on the side where the net hangs.

«But that is the Lord!» shouts John.

«The Lord, are you sure?» asks Peter.

«And do you doubt it? We thought it was His voice, but this is the proof of it. Look at the net! It is like that time! I tell you that it is He! Oh! my Jesus! Where are You?»

They all open their eyes wide to see through the veils of fog, after fastening the net safely to drag it in the wake of the boat, as it would be a dangerous manoeuvre to try to hoist it and they row to go back to shore. But Thomas has to take the oar of Peter who, after hurriedly slipping on his short tunic over his very short trousers, the only garment he had on, like that of all the others, except Bartholomew, jumps into the water and swims with vigorous strokes in the calm water, preceding the boat. He is the first to set foot on the desert little beach, where on two stones sheltered by a thorny bush, a fire of dry twigs is gaily blazing. And near the fire, there is Jesus, smiling and benign.

«Lord! Lord!» Peter is breathless because of his emotion and is unable to say anything else. Dripping wet, as he is, he dare not even touch the tunic of his Jesus, and prostrated on the sand with his tunic sticking to him, he adores.

The boat rubs on the shingly shore and stops. They are all standing, excited with joy…

633.7

«Bring some of those fish here. The fire is ready. Come and have something to eat» orders Jesus.

Peter runs to the boat and helps the others to heave the net, and he gets hold of three big fish in the wriggling heap, he beats them on the gunwale of the boat to kill them and guts them with his knife. But his hands shake, oh! not with cold! He rinses the fish, he takes them where the fire is and puts them on it, and he watches them cooking. The others are worshipping the Lord, a little away from Him, timorous, as always, of Him Who has risen so divinely powerful.

«Here you are. Here is the bread. You have worked all night and you are tired. Now you will take some refreshment. Is it ready, Peter?»

«Yes, my Lord» says Peter in a voice that is more hoarse than usual, bent over the fire, and he wipes his eyes, which are wet with tears, as if the smoke made them weep, irritating them and his throat at the same time. But it is not the smoke that is the cause of that voice and of those tears… He takes the fish, which he has laid on a rough leaf, it looks like the leaf of a gourd, handed to him by Andrew after he had rinsed it in the lake.

Jesus offers and blesses, He breaks the bread and the fish, making eight portions which He hands out, and He tastes some as well. They eat with the respect with which they would fulfil a rite. Jesus looks at them and smiles. But He also is silent, until He asks: «Where are the others?»

«On the mountain. Where You said. And we came to fish, because we have no more money and we do not want to take advantage of the disciples.»

«You are doing the right thing. But from now on, you apostles will stay on the mountain in prayer, edifying the disciples with your example. Send them fishing. It is better for you to remain there in prayer and to listen to those who are in need of advice or may come to give you information. Keep the disciples in a very united group. I will come soon.»

«We will do that, Lord.»

«Is Marjiam not with you?»

«You did not tell me to make him come so soon.»

«Make him come. The time of his obedience is over.»

«I will make him come, Lord.»

633.8

There is silence. Then Jesus, Who had been with His head bent a little, thinking, looks up and fixes His eyes on Peter. He looks at him with the glance of the moments when He worked the greatest miracles or was most authoritative. Peter is startled, almost frightened and he withdraws a little… But Jesus, laying a hand on Peter’s shoulder, holds him firmly and while holding him so, He asks him: «Simon of Jonah, do you love Me?»

«Certainly, Lord! You know that I love You» replies Peter decidedly.

«Feed My lambs… Simon of Jonah, do you love Me?»

«Yes, my Lord. And You know that I love You.» His voice is not so bold, and he is rather surprised at the repetition of the question.

«Feed My lambs… Simon of Jonah, do you love Me?»

«Lord… You know everything… You know whether I love You…» Peter’s voice trembles, as he is sure of his love, but he is under the impression that Jesus is not sure.

«Feed My sheep. Your treble profession of love has cancelled your treble denial. You are completely pure, Simon of Jonah, and I say to you: put on the pontificals and take the Holiness of the Lord among My flock. Fasten your clothes at your waist and keep them fastened, until from Shepherd you also become lamb. I solemnly tell you that when you were young, you put on your own belt and you went where you liked, but when you grow old, you will stretch out your hands and somebody else will put a belt round you and will take you where you would rather not go. But now it is I Who say to you: “Gird yourself and follow Me on My own way”. Stand up and come.»

Jesus stands up and Peter stands up going towards the shore, and the others begin to put out the fire smothering it under the sand.

633.9

But John, after picking up the remains of the bread, follows Jesus. Peter hears the shuffling of steps and turns round. He sees John, and pointing him out to Jesus, he asks: «And what will happen to him?»

«If I want him to stay[1] until I come back, what does it matter to you? You are to follow Me.»

They are on the shore. Peter would like to go on speaking, but Jesus’ majesty and the words he has heard detain him. He kneels down, imitated by the others and adores. Jesus blesses them and dismisses them. They get on the boat and go away rowing. Jesus looks at them go.


Notes

  1. C’est comme la dernière fois, allusion à la première pêche miraculeuse (Lc 5, 1-11), en 65.2.
  2. Si je veux… Le sens de cette réplique, que Jean rapporte en Jn 21, 21-23, pourrait être donné en 508.2.

Notes

  1. If I want him to stay… the sense of this reply, also testified by John 21:21-23 might be found in 508.2.