Los Escritos de Maria Valtorta

81. Rencontre avec les bergers Jean, Mathias et Siméon au gué du Jourdain.

81. En el vado del Jordán con los pastores Simeón,

81.1

Je revois le gué du Jourdain : la verte avenue qui longe le fleuve sur ses deux berges, très fréquentée par les voyageurs en raison de son ombrage. Des files d’ânons accompagnés par des hommes vont et viennent. Sur le bord du fleuve, trois hommes font paître quelques brebis. Sur la route, Joseph regarde en haut et en bas.

Au loin, là où une route débouche sur cette avenue fluviale, Jésus apparaît avec trois disciples. Joseph appelle les bergers, et ceux-ci poussent les brebis sur la route en les faisant cheminer sur la berge herbeuse. Ils vont rapidement à la rencontre de Jésus.

« Moi, je n’ose guère… Que lui dirai-je en guise de salutation ?

– Oh, il est si bon ! Tu lui diras : “ Que la paix soit avec toi ! ” Lui aussi salue toujours de cette manière.

– Lui, oui… mais nous…

– Et moi, qui suis-je ? Je ne suis même pas un de ses premiers adorateurs, et il m’aime tellement, tellement !

– Lequel est-ce ?

– Le plus grand, le plus blond.

– Nous lui parlerons de Jean-Baptiste, Mathias ?

– Oh oui !

– Ne croira-t-il pas que nous le lui avons préféré ?

– Mais non, Siméon. S’il est le Messie, il voit dans les cœurs et il verra dans le nôtre qu’en Jean-Baptiste nous ne cherchions que lui.

– Tu as raison. »

Les deux groupes sont maintenant à quelques mètres l’un de l’autre. Jésus sourit déjà de son sourire qu’on ne saurait décrire. Joseph presse le pas. Les brebis se mettent à trotter, elles aussi, poussées par les pâtres.

« Que la paix soit avec vous » dit Jésus en levant les bras comme pour les étreindre. Et il précise : « Que la paix soit avec vous, Siméon, Jean et Mathias, mes fidèles et les fidèles de Jean le prophète ! Paix à toi, Joseph », puis il l’embrasse sur la joue. Les trois autres sont maintenant à genoux. « Venez, mes amis, sous ces arbres, sur la grève du fleuve et parlons. »

Ils descendent et Jésus s’assied sur une souche qui dépasse, les autres par terre. Jésus sourit et les regarde très attentivement, un par un :

« Laissez-moi connaître vos visages. Vos âmes, je les connais déjà, comme des âmes de justes qui recherchent le bien qu’ils aiment, contre tous les intérêts du monde. Je vous apporte le salut d’Isaac, d’Elie et de Lévi. Et un autre salut : celui de ma Mère.

81.2

Avez-vous des nouvelles de Jean-Baptiste ? »

Les hommes, jusqu’alors rendus muets par la timidité, se rassurent. Ils retrouvent la parole :

« Il est encore en prison, et notre cœur tremble pour lui, car il est aux mains d’un homme cruel, dominé par une créature infernale et entouré d’une cour corrompue. Nous l’aimons… Tu sais que nous l’aimons et qu’il mérite notre amour. Depuis que tu as quitté Bethléem, nous avons été frappés par les hommes… mais plus que par leur haine, nous étions désolés, abattus comme des arbres que le vent a brisés pour t’avoir perdu, toi. Nous avons ensuite traversé des années de peine, comme quelqu’un qui aurait les paupières cousues, cherchant le soleil et ne pouvant le voir parce qu’il est lui aussi en prison et ne peut pas même le reconnaître à la tiédeur qu’il sent sur sa peau. C’est alors que nous avons pris conscience que Jean-Baptiste était l’homme de Dieu prédit[1] par les prophètes pour préparer le chemin de son Christ, et nous sommes allés à lui. Nous nous sommes dit : “ S’il le précède, en allant vers lui, nous le trouverons. ” Car c’est toi, Seigneur, celui que nous cherchions.

– Je le sais, et vous m’avez trouvé. Je suis avec vous.

– Joseph nous a dit que tu es venu chez Jean-Baptiste. Nous n’y étions pas ce jour-là. Peut-être étions-nous allés quelque part pour lui. Dans les services spirituels qu’il nous demandait, nous le servions avec beaucoup d’amour, de même que nous l’écoutions avec amour malgré sa grande sévérité, parce que, même s’il n’était pas toi, le Verbe, c’étaient tout de même les paroles de Dieu qu’il disait.

– Je le sais.

81.3

Et lui, vous ne le connaissez pas ? dit-il en montrant Jean.

– Nous le voyions avec d’autres Galiléens dans les foules les plus fidèles à Jean-Baptiste. Et, sauf erreur, tu es celui dont le nom est Jean et dont il disait, à nous ses intimes : “ Voilà : je suis le premier, lui le dernier. Ensuite ce sera : lui le premier et moi le dernier. ” On n’a jamais compris ce qu’il voulait dire. »

Jésus se tourne vers Jean, à sa gauche, et l’attire contre son cœur avec un sourire encore plus lumineux… Il explique :

« Il voulait dire qu’il était le premier à dire : “ Voici l’Agneau ”, et que Jean serait le dernier des amis du Fils de l’homme à parler aux foules de l’Agneau ; mais que, dans le cœur de l’Agneau, Jean est le premier parce qu’il lui est cher plus que tout autre homme. Voilà ce que Jean-Baptiste voulait dire. Mais, quand vous le verrez – car vous le verrez encore et le servirez encore, jusqu’à l’heure dite –, assurez-le qu’il n’est pas le dernier dans le cœur du Christ. C’est moins par le sang que par la sainteté qu’il est aimé autant que Jean. Et vous, gardez-en le souvenir. Si l’humilité du saint lui fait proclamer qu’il est “ le dernier ”, la Parole de Dieu le proclame pareil au disciple qui m’est cher. Dites-lui que j’aime Jean parce qu’il porte son nom et que je retrouve en lui les traits de Jean-Baptiste chargé de préparer les âmes au Christ.

– Nous le lui dirons… Mais le verrons-nous encore ?

– Vous le reverrez.

81.4

– Oui, Hérode n’ose le tuer par crainte du peuple et, dans cette cour avide et corrompue, il serait facile d’obtenir sa libération si nous avions beaucoup d’argent. Mais… mais malgré la grande somme d’argent donnée par des amis, il nous en manque encore beaucoup. Et nous redoutons de ne pas arriver à temps… alors, il sera quand même tué.

– Combien pensez-vous qu’il vous manque pour le racheter ?

– Pas pour le racheter, Seigneur. Hérodiade le hait trop et elle domine trop Hérode pour penser qu’on puisse arriver à le racheter. Mais… je crois savoir que tous ceux qui ambitionnent le trône sont réunis à Machéronte. Tous veulent profiter, tous veulent dominer, des ministres jusqu’aux serviteurs. Mais pour faire le coup, il faut de l’argent… Nous aurions même trouvé un homme qui laisserait sortir Jean-Baptiste en échange d’une grosse somme. Hérode même le désire peut-être… parce qu’il a peur. Rien que pour cela. Peur du peuple et peur de sa femme. Ainsi il satisferait le peuple, et sa femme ne l’accuserait pas de l’avoir irritée.

– Et combien demande cette personne ?

– Vingt talents d’argent, or nous n’en avons que douze et demi.

81.5

– Judas, tu as dit que ces bijoux sont très beaux.

– Beaux et de grande valeur.

– Combien peuvent-ils valoir ? Il me semble que tu t’y entends.

– Oui, je m’y entends. Pourquoi veux-tu savoir leur valeur, Maître ? Veux-tu les vendre ? Pourquoi ?

– Peut-être… Dis-moi, combien peuvent-ils valoir ?

– Vendus dans de bonnes conditions, au moins… au moins six talents.

– En es-tu sûr ?

– Oui, Maître. Le collier à lui seul, gros et lourd, vaut au moins trois talents. Je l’ai bien examiné. Et aussi les bracelets… Je me demande comment les poignets fins d’Aglaé pouvaient en supporter le poids.

– C’était des menottes pour elle, Judas.

– C’est vrai, Maître… mais beaucoup voudraient avoir de ces menottes-là !

– Tu crois ? Qui ?

– Mais… beaucoup !

– Oui, beaucoup qui n’ont de l’homme que le nom… Connaîtrais-tu un acheteur éventuel ?

– En somme, tu veux les vendre ? Et pour Jean-Baptiste ? Mais, regarde : c’est de l’or maudit !

– Oh ! Incohérence humaine ! Tu viens de dire, avec un désir évident, que beaucoup voudraient avoir cet or, et puis tu l’appelles maudit ? Judas, Judas !… C’est de l’or maudit, oui, maudit. Mais elle a dit : “ Il sera sanctifié en servant au pauvre et au saint. ” C’est pour cela qu’elle l’a donné, pour que le bénéficiaire prie pour sa pauvre âme qui, comme une chrysalide, est en train de pousser dans la semence de son cœur. Qui est plus saint et plus pauvre que Jean-Baptiste ? Il est, par sa mission, l’égal d’Elie, mais pour ce qui est de la sainteté, il est plus grand qu’Elie. Il est plus pauvre que moi. Moi, j’ai une Mère et une maison… Quand on en a – qui plus est pures et saintes comme les miennes –, on n’est jamais un délaissé. Lui n’a plus de maison et même plus le tombeau de sa mère. Tout a été violé, profané par la perversité humaine.

81.6

Quel est donc l’acheteur ?

– Il y en a un à Jéricho et beaucoup à Jérusalem. Mais celui de Jéricho ! Ah ! C’est un rusé levantin, batteur d’or, usurier, brocan­teur, entremetteur, un voleur sûrement, homicide peut-être… certainement poursuivi par Rome. Il se fait appeler Isaac pour paraître hébreu, mais son vrai nom est Diomède. Je le connais bien…

– On le voit ! » interrompt Simon le Zélote qui parle peu, mais observe tout. Et il demande :

« Comment as-tu fait pour si bien le connaître ?

– Mais… tu sais… Pour faire plaisir à des amis influents. Je suis allé le voir… et j’ai fait des affaires… Nous, au Temple… tu sais…

– Oui !… vous faites tous les métiers » conclut Simon avec une froide ironie.

Judas rougit, mais se tait.

« Peut-il acheter ? demande Jésus.

– Je crois. L’argent ne lui manque jamais. Bien sûr, il faut savoir vendre car c’est un grec astucieux et s’il voit qu’il a affaire à une personne honnête, à une… colombe qui sort du nid, il la plume à souhait. Mais s’il a affaire à un vautour comme lui…

– Vas-y toi, Judas. Tu es le type qu’il faut. Tu as la ruse du renard et la rapacité du vautour. Oh ! Pardonne-moi, Maître. J’ai parlé avant toi ! Ajoute Simon le Zélote.

– Je suis de ton avis et je dis donc à Judas d’y aller. Jean, accompagne-le, nous nous retrouverons au coucher du soleil. Le lieu du rendez-vous sera près de la place du marché. Va et fais pour le mieux. »

Judas se lève aussitôt. Jean a les yeux implorants d’un petit chien que l’on chasse. Mais Jésus a repris la conversation avec les bergers et ne s’en aperçoit pas. Et Jean se met en route à la suite de Judas.

81.7

« Je voudrais vous être agréable, dit Jésus.

– Tu nous le seras toujours, Maître. Que le Très-Haut te bénisse pour nous ! Cet homme est ton ami ?

– Il l’est. Il ne te paraît pas possible qu’il le soit ? »

Jean, le berger, baisse la tête et se tait. Le disciple Simon prend la parole :

« Seul celui qui est bon sait voir. Moi, je ne suis pas bon et je ne vois pas ce que voit la Bonté. Je vois l’extérieur. Celui qui est bon pénètre jusqu’à l’intérieur. Toi aussi, Jean, tu vois comme moi, mais le Maître est bon… et il voit…

– Que vois-tu, Simon, en Judas ? Je t’ordonne de parler.

– Voilà : je pense, en le regardant, à certains endroits mystérieux qui semblent être des antres de fauves ou des marais fétides. On n’en voit qu’un grand enchevêtrement et on les évite de loin par peur. Alors que… alors qu’il y a aussi, par derrière, des tourterelles et des rossignols et le sol abonde en sources bienfaisantes et en herbes salutaires. Je veux croire que Judas est comme cela. … Je le crois parce que tu l’as pris, toi qui sais…

– Oui. Moi qui sais… Il y a beaucoup de replis dans le cœur de cet homme… Néanmoins il ne manque pas de bons côtés. Tu l’as vu à Bethléem, et aussi à Kérioth. Si ce bon côté humain, qui n’est que bonté humaine, s’élevait à la hauteur d’une bonté spirituelle, alors Judas serait tel que tu voudrais qu’il soit. Il est jeune…

– Jean aussi est jeune…

– Et dans ton cœur tu achèves : et il est meilleur. Mais Jean, c’est Jean ! Aime-le, Simon, ce pauvre Judas… Je t’en prie. Si tu l’aimes… il te paraîtra meilleur.

– Je m’y efforce, pour toi… Mais c’est lui qui brise tous mes efforts comme on le fait des roseaux d’une rivière… Mais, Maître, je n’ai qu’une loi : faire ce que tu veux. C’est pourquoi j’aime Judas, en dépit de quelque chose qui crie en moi, contre lui et dans ma conscience.

– Quoi donc, Simon ?

– Je ne sais pas exactement… Quelque chose comme le cri de la sentinelle dans la nuit… et qui me dit : “ Ne dors pas ! Sois vigilant ! ” Je ne sais pas… Cela n’a pas de nom. Mais c’est… c’est un cri qui s’élève en moi contre lui.

– N’y pense plus, Simon, n’essaye pas de le préciser. Certaines vérités ne sont pas bonnes à connaître… et leur connaissance pourrait être pour toi cause de méprises. Laisse faire ton Maître. Toi, donne-moi ton amour et pense qu’il me fait plaisir… »

Et tout s’achève.

81.1

Vuelvo a ver el vado del Jordán, el camino verde que sigue el curso del río por ambas partes, muy recorrido de viandantes por tener sombra. Filas de asnos van y vienen, y hombres con ellos. En el margen del río tres hombres pastorean algunas, pocas, ovejas. En el camino, José, que está esperando, mira a un lado y a otro.

A lo lejos, en el punto en que otra estrada empalma con ésta del río, se ve aparecer a Jesús con los tres discípulos. José llama a los pastores. Éstos ponen en movimiento por el camino a las ovejas, haciéndolas avanzar por la orilla herbosa. Rápidamente se dirigen hacia Jesús.

«Yo casi no me atrevo... ¿Con qué palabras le voy a saludar?».

«¡Oh, es muy bueno! Dile: “La paz sea contigo”. Él saluda siempre así».

«Él sí... pero nosotros…».

«¿Y yo quién soy? No soy ni siquiera uno de sus primeros adoradores, y me quiere mucho... muchísimo».

«¿Quién es?».

«Aquél más alto y rubio».

«¿Le hablamos del Bautista, Matías?».

«¡Sí!».

«¿No pensará que le hemos preferido antes que a Él?».

«No, hombre, Simeón. Si es el Mesías, ve dentro de los corazones y en el nuestro verá que en el Bautista seguíamos buscándole a Él».

«Tienes razón».

Los dos grupos están ya a pocos metros el uno del otro. Ya sonríe Jesús, con esa sonrisa suya indescriptible. José acelera el paso. Las ovejas, por su parte, se ponen a trotar azuzadas por los pastores.

«La paz sea con vosotros» dice Jesús alzando los brazos como para abrazar, y especifica: «¡Paz a ti Simeón, Juan y Matías, mis fieles y fieles de Juan el Profeta!; paz a ti, José» y le besa en la mejilla. Los otros tres ahora están de rodillas. «Venid, amigos. Debajo de estos árboles, sobre el guijarral del río. Hablemos».

Bajan. Jesús se sienta en una gruesa raíz que sobresale del terreno, los otros en el suelo. Jesús sonríe y los mira fijamente, fijamente, uno a uno: «Dejad que conozca vuestros rostros. Los corazones ya los conozco como corazones de justos que van tras el Bien, al que amáis frente a todas las utilidades del mundo. Os traigo el saludo de Isaac, Elías y Leví, y otro saludo: el de mi Madre.

81.2

¿Tenéis noticias del Bautista?».

Los hombres, que hasta este momento no habían podido hablar por lo azorados que estaban, toman de nuevo seguridad y encuentran palabras: «Está todavía en la cárcel. Nuestro corazón tiembla por él, porque está en manos de un hombre cruel dominado por un ser infernal y circundado de una corte corrompida. Nosotros le queremos... Tú sabes que le queremos y que él merece nuestro amor. Después de que Tú te alejaste de Belén, padecimos la agresión de los hombres... Pero, más que su odio, lo que nos hacía sentirnos desolados, abatidos, como árboles tronchados por el viento, era el haberte perdido a ti. Luego, después de años de sufrimiento (como quien tuviera los párpados cosidos y buscara el sol y no lo pudiera ver, porque además estuviera dentro de una cárcel y ni siquiera el tibio calor que sintiera en su carne se lo mostrara), oímos que el Bautista era el hombre de Dios anunciado por los Profetas para preparar los caminos a su Cristo, y fuimos adonde él diciéndonos a nosotros mismos: “Si él le precede, yendo adonde él le encontraremos”, porque era a ti, Señor, a quien buscábamos».

«Lo sé. Y me habéis encontrado. Yo estoy con vosotros».

«José nos ha dicho que fuiste donde el Bautista. Nosotros no estábamos allí ese día; quizás habíamos ido, por él, a alguna parte. Le servíamos con mucho amor en los servicios de alma que él nos pedía, como con amor le escuchábamos, aunque fuera muy severo, porque no eras Tú-Verbo; pero decía siempre palabras de Dios».

«Lo sé.

81.3

¿No le conocéis a éste?» y señala a Juan.

«Le vimos con otros galileos entre las muchedumbres más fieles al Bautista. Si no nos equivocamos, tú te llamas Juan y eres aquél de quien él decía, a nosotros, sus íntimos: “Ved: yo, el primero; él, el último; mas luego será: él el primero y yo el último”. Y nunca comprendimos qué quería decir».

Jesús se vuelve hacia su izquierda, donde está Juan, le estrecha contra su corazón, con una sonrisa aún más luminosa, y explica: «Quería decir que sería el primero en declarar: “Éste es el Cordero”, y que éste será el último de los amigos del Hijo del hombre que hablará del Cordero a las multitudes; pero que, en el corazón del Cordero, éste es el primero, porque le ama más que a ningún otro hombre. Esto quería decir. Pero cuando le veáis al Bautista — le veréis aún y todavía le serviréis hasta la hora signada — decidle que no es él el último en el corazón del Cristo. No tanto por la sangre cuanto por la santidad, a él le quiero como a éste. Y vosotros acordaos de esto. Si la humildad del santo se proclama “última”, la Palabra de Dios le proclama compañero del discípulo que amo. Decidle que amo a éste porque tiene su nombre y porque en él encuentro los signos del Bautista, preparador de corazones para Cristo».

«Se lo diremos... Pero, ¿le volveremos a ver?».

«Le veréis».

81.4

«Sí. Herodes no osa matarle por miedo al pueblo. En esa corte de avidez y corrupción sería fácil liberarle si tuviésemos mucho dinero. Pero... pero, por mucho que haya — los amigos han dado —, falta una buena cantidad todavía, y tenemos mucho miedo de no llegar a tiempo... y que le maten».

«¿Cuánto creéis que os falta para el rescate?».

«No para el rescate, Señor. Le resulta demasiado odioso a Herodías y ella es demasiado dueña de Herodes como para poder pensar en llegar a un rescate. Pero... en Maqueronte se han dado cita, yo creo, todos los codiciosos del reino. Todos quieren gozar, todos quieren sobresalir, desde los ministros a los siervos; y para ello hace falta dinero... Ya hemos encontrado a quien por una importante suma dejaría salir al Bautista. Incluso Herodes quizás lo desea... porque tiene miedo, no por otra cosa, miedo al pueblo y miedo a la mujer. Así haría que el pueblo se sintiese contento y no le acusaría la mujer de no haberla complacido».

«Y ¿cuánto pide esta persona?».

«Veinte talentos de plata. Sólo tenemos doce y medio».

81.5

«Judas, dijiste que esas joyas eran muy bonitas».

«Bonitas y muy valiosas».

«¿Cuánto podrán valer? Me parece que tú entiendes de eso».

«Sí que entiendo. ¿Por qué quieres saber su valor, Maestro? ¿Las quieres vender? ¿Por qué?».

«Quizás... Di, ¿cuánto podrán valer?».

«Si se venden bien... al menos... al menos seis talentos».

«¿Estás seguro?».

«Sí, Maestro. Sólo el collar, con lo grueso que es y el peso que tiene, siendo de oro purísimo, vale al menos tres talentos; le he mirado bien. Y también las pulseras... No sé ni siquiera cómo las muñecas finas de Áglae podían soportarlas».

«Eran sus cepos, Judas».

«Es verdad, Maestro... ¡Pero muchos quisieran tener cepos como éstos!».

«¿Tú crees? ¿Quién?».

«En fin... ¡muchos!».

«Sí, muchos que de hombre sólo tienen el nombre... Y, ¿sabrías de un posible comprador?».

«En definitiva, ¿los quieres vender? ¿Para el Bautista? ¡Mira que es oro maldito!».

«¡La incoherencia humana!... Has dicho hace un momento, con claro deseo, que muchos querrían tener ese oro, ¡¿y ahora le llamas maldito?! ¡Judas, Judas!... Es maldito, sí, es maldito, pero ya lo ha dicho ella: “Se santificará sirviendo para quien es pobre y santo”, y lo ha dado para esto, para que el que reciba el beneficio ruegue por su pobre alma, que, cual embrión de futura mariposa, se dilata en la semilla del corazón. ¿Quién más santo y pobre que el Bautista? Él es como Elías por la misión, pero más grande que Elías por la santidad. Él es más pobre que Yo. Yo tengo una Madre y una casa... Cuando se tiene estas cosas, y además puras y santas como las tengo Yo, no se es nunca un desvalido. Él ya no tiene casa, y ni siquiera tiene el sepulcro de su madre. Todo violado, profanado por la perversidad humana.

81.6

¿Quién es, pues, el comprador?».

«Hay uno en Jericó y muchos en Jerusalén. ¡¡¡Pero el de Jericó!!!... Es un astuto levantino batidor de oro, usurero, estafador, mercader de amor, ciertamente ladrón, quizás homicida... con toda seguridad perseguido por Roma. Se hace llamar Isaac para parecer hebreo, pero su verdadero nombre es Diomedes. Le conozco bien».

«¡Ya lo vemos!» interrumpe Simón Zelote, que habla poco pero que observa todo. Y pregunta: «¿Cómo es que le conoces tan bien?».

«En fin... ya sabes... Para complacer a unos amigos poderosos. Fui a él... hice algunos tratos... Nosotros los del Templo... ya sa­bes…».

«¡Ya!... trabajáis en todo» termina Simón con fría ironía. Judas se pone rojo de ira, pero se calla.

«¿Puede comprar?» pregunta Jesús.

«Yo creo que sí. El dinero no le falta nunca. Ciertamente hay que saber vender porque ese griego es astuto y si ve que está tratando con una persona honesta, un... pichón, le despluma bien desplumado. Pero si se encuentra delante un buitre como él…».

«Ve tú, Judas; eres el tipo de persona adecuado; tienes la astucia del zorro y la rapacidad del buitre. ¡Oh, perdona, Maestro; he hablado antes que Tú!» dice Simón Zelote.

«Soy de tu misma opinión, y, por tanto, le digo a Judas que vaya. Juan, ve con él. Nosotros os alcanzaremos al ponerse el Sol. El lugar de nuestra próxima cita es la plaza del mercado. Ve y saca el mayor partido posible».

Judas se levanta inmediatamente. Juan tiene ojos suplicantes, como los de un perrito ahuyentado. Mas Jesús se dirige de nuevo a los pastores y no ve esta mirada implorante. Juan se pone en camino detrás de Judas.

81.7

«Querría ser para vosotros motivo de alegría» dice Jesús.

«Lo serás siempre, Maestro. Que el Altísimo te bendiga por nosotros. ¿Ese hombre es amigo tuyo?».

«Lo es. ¿No te parece que pueda serlo?».

El pastor Juan baja la cabeza y calla. Habla el discípulo Simón: «Sólo quien es bueno sabe ver. Yo no soy bueno y no veo lo que la Bondad ve. Veo lo externo. El bueno desciende también a lo interno. Tú también, Juan, ves como yo. Pero el Maestro es bueno... y ve…».

«¿Qué ves, Simón, en Judas? Te ordeno hablar».

«Bueno, pienso, cuando le miro, en ciertos lugares misteriosos que parecen cavernas de fieras y lagunas de fiebre muertas; uno no ve más que una gran maraña, y pasa temeroso dando un gran rodeo. Y, sin embargo... sin embargo, dentro hay tórtolas y ruiseñores y el suelo es rico en aguas y yerbas saludables. Yo quiero creer que Judas es así... Lo creo porque Tú le has tomado contigo. Tú, que sabes…».

«Sí. Yo, que sé... Hay muchos pliegues en el corazón de ese hombre... Pero también tiene lados buenos. Lo has visto en Belén y en Keriot. Este lado bueno, completamente humano, hay que elevarlo a una bondad espiritual. Entonces Judas será como tú quisieras que fuera. Es joven…».

«También Juan es joven…».

«Y tú concluyes en tu corazón: “y es mejor”. ¡Pero, Juan es Juan! Ámale a este pobre Judas, Simón... Te lo ruego. Si le amas... te parecerá más bueno».

«Me esfuerzo en hacerlo... por ti... Pero es él quien rompe mis esfuerzos como a cañas del río... No obstante, Maestro, yo tengo una sola ley: hacer lo que Tú quieres. Por eso le amo a Judas, a pesar de que algo grite en mí contra él y hacia mí mismo».

«¿Qué, Simón?».

«No lo sé con precisión... Algo parecido al grito del soldado de guardia durante la noche... algo que me dice: “¡No duermas! ¡Observa!”. No lo sé... No tiene nombre esto, pero existe... existe en mí contra él».

«No pienses más en ello, Simón. No te esfuerces en definirlo. El conocer ciertas verdades perjudica... y podrías errar en tu conocimiento. Deja que tu Maestro actúe. Tú dame tu amor y piensa que eso me hace feliz…».

Y todo concluye.


Notes

  1. prédit en : Is 40, 3-5.