Pour mesurer la culpabilité d’un pécheur, il faut prendre en considération les circonstances qui précèdent, préparent, justifient, expliquent la faute elle-même. Qui ai-je frappé ? Qu’est-ce que j’ai frappé ? Où ai-je frappé ? Avec quels moyens ai-je frappé ? Pourquoi ai-je frappé ? Comment ai-je frappé ? Quand ai-je frappé ? : c’est ce que celui qui a tué doit se demander avant de se présenter à Dieu pour lui demander pardon.
Qui ai-je frappé ? Un homme. Je ne prends pas en considération le fait qu’il soit riche ou pauvre, libre ou esclave. Pour moi, il n’existe pas d’esclaves ou de puissants. Tous sont des hommes créés par un Etre unique, par conséquent tous sont égaux. En fait, devant la majesté de Dieu, même le plus puissant monarque de la Terre n’est que poussière. Et à ses yeux comme aux miens, il n’existe qu’un seul esclavage, celui du péché et donc sous la domination de Satan. La Loi antique distingue les hommes libres des esclaves et se livre à des considérations subtiles selon que la mort a été immédiate ou qu’il y a eu un jour ou deux de survie, et de même si la femme enceinte est morte du coup qui l’a frappée ou si la mort n’a atteint que le fruit de son sein. Mais tout cela a été dit lorsque la lumière de la perfection était encore bien lointaine. Maintenant, elle est parmi vous et vous dit : “ Quiconque frappe mortellement l’un de ses semblables pèche. ” Et il ne pèche pas seulement à l’égard de l’homme, mais aussi contre Dieu.
Qu’est-ce que l’homme ? L’homme est l’être souverain que Dieu a créé pour être le roi de la création. Il l’a créé à son image et à sa ressemblance, en lui donnant la ressemblance spirituelle et en tirant son image de l’image parfaite de sa pensée parfaite. Regardez dans l’air, sur la terre et dans les eaux. Y voyez-vous donc un animal ou une plante qui, aussi beaux soient-ils, égalent l’homme ? L’animal court, mange, boit, dort, engendre, travaille, chante, vole, rampe, grimpe, mais il n’a pas la parole. L’homme aussi sait courir et sauter, et il est si agile au saut qu’il rivalise avec l’oiseau. Il sait nager, et il est si rapide à la nage qu’on dirait un poisson. Il sait ramper, et ressemble en cela à un reptile. Il sait grimper, et paraît être un singe. Il sait chanter au point qu’on dirait un oiseau. Il sait engendrer et se reproduire. Mais, en plus, il sait parler.
Et ne dites pas : “ Tout animal a son langage. ” Certes, l’un mugit, l’autre bêle, un troisième brait, un autre encore gazouille, un dernier fait des trilles. Mais, du premier bovin au dernier, ce sera toujours le même et unique mugissement ; de même, le mouton bêlera jusqu’à la fin du monde et l’âne braira comme le fit le premier âne. Le passereau répètera toujours son court gazouillement pendant que l’alouette et le rossignol rediront le même hymne, la première au soleil, le second à la nuit étoilée. Même au dernier jour de la terre, ils en sera ainsi. L’homme, au contraire, parce qu’il n’a pas seulement une luette et une langue, mais un ensemble complexe de nerfs dont le centre est au cerveau, siège de l’intelligence, sait saisir des sensations nouvelles, en faire l’objet de ses réflexions et leur donner un nom.
Adam appela chien son ami et lion celui qui lui parut plus ressemblant avec son épaisse crinière toute hérissée au-dessus de son visage à peine barbu. Il appela brebis l’agnelle qui le saluait doucement, et donna le nom d’oiseau à cette fleur empennée qui volait comme un papillon, mais émettait un doux chant que le papillon ne possède pas. Et puis, au cours des siècles, les descendants d’Adam créèrent sans cesse de nouveaux mots au fur et à mesure qu’ils “ connurent ” les œuvres de Dieu dans les créatures ou à mesure que, grâce à l’étincelle divine qui est en eux, ils n’engendrèrent pas seulement des enfants, mais créèrent aussi des objets utiles ou nuisibles à leurs enfants eux-mêmes, selon qu’ils étaient avec Dieu ou contre Dieu. Ceux qui créent et produisent de bonnes choses sont avec Dieu. Ceux qui créent des choses mauvaises qui nuisent à leur prochain sont contre Dieu. Dieu venge ses enfants torturés par le mauvais génie humain.