C’est une pluvieuse matinée d’hiver. Jésus est déjà levé et, dans son atelier, il travaille à de petits objets. Mais il y a dans un coin de la pièce un tout nouveau métier à tisser, pas très grand mais bien tourné.
Marie entre avec une tasse fumante de lait.
« Bois, Jésus. Il y a si longtemps que tu es levé ! Le temps est froid et humide …
– Oui. Mais, au moins, j’ai pu tout finir… Ces huit jours de fête avaient paralysé le travail… »
Jésus s’est assis sur l’établi de menuisier, un peu de biais, et il boit son lait pendant que Marie observe le métier et le caresse de la main.
« Tu le bénis, Maman ? demande Jésus en souriant.
– Non, je le caresse parce que c’est toi qui l’as fait. La bénédiction, tu la lui as donnée en le fabriquant. Tu as eu une bonne idée. Il rendra service à Syntica. Elle est très adroite pour le tissage. Et il lui servira pour approcher des femmes et des jeunes filles. Qu’as-tu fait d’autre, car je vois des copeaux d’olivier, me semble-t-il, près du tour ?
– J’ai fabriqué des objets utiles pour Jean d’En-Dor. Tu vois ? Un étui pour les styles et une petite table pour écrire. Et puis ces pupitres pour y renfermer ses livres. Je n’aurais pas pu faire cela si Simon, fils de Jonas, n’avait pas pensé à un petit char. Mais maintenant, nous pourrons y charger aussi ces meubles… et eux sentiront que je les ai aimés jusque dans ces petites attentions…
– Tu souffres de les éloigner, n’est-ce pas ?
– Je souffre… Pour moi et pour eux. J’ai attendu jusqu’à présent pour leur en parler… et c’est déjà beaucoup que Simon ne soit pas encore arrivé avec Porphyrée… C’est le moment de parler… Une souffrance qui m’est restée sur le cœur tous ces jours et qui a même attristé les lumières des nombreuses lampes… Une souffrance que maintenant je dois faire subir aux autres… Ah ! Maman, j’aurais voulu être seul à en souffrir !
– Mon bon Fils ! »
Marie lui caresse la main pour le consoler.