J’ignore si c’est spontanément ou si elle a été avertie par quelqu’un, Porphyrée se tient déjà sur la petite plage de Capharnaüm quand les barques y accostent. Il y en a trois au lieu de deux, ce qui me fait penser que, à Capharnaüm, quelqu’un est déjà allé à l’avance prévenir de l’arrivée du Maître et prendre une barque pour les femmes et Marziam. Et avec Porphyrée se trouvent les filles de Philippe et Myriam, fille de Jaïre, en plus de la mère de Jacques et Jean.
Je vois Porphyrée entrer dans l’eau jusqu’à mi-jambe, sans souci des petites vagues du lac, encore un peu agité, qui parcourent la grève dans une course un peu folle et désordonnée. Elle se penche à l’intérieur de la barque où se trouve Marziam et l’embrasse :
« Je t’aimerai bien aussi pour lui. Je t’aimerai bien pour tous, mon fils chéri ! »
Elle dit cela d’une voix très émue et, sitôt que la barque est arrêtée et que ceux qui s’y trouvaient en descendent, Porphyrée serre Marziam contre elle, ne cédant à personne le devoir de faire sentir au jeune homme qu’il est très aimé.
Elle va de même se joindre au groupe de l’autre barque pour vénérer le Maître, et cela avant que les habitants de Capharnaüm et les nombreux disciples, qui attendent depuis longtemps l’arrivée de Jésus, ne s’emparent du Maître et ôtent aux femmes disciples la joie de l’avoir pour elles.
Celles-ci se pressent autour du Maître en un groupe compact, et seuls les enfants de Capharnaüm peuvent rompre le cercle qu’elles forment en glissant de force leurs petits corps entre deux jupes pour arriver à Jésus, qui se dirige lentement vers sa maison.