Gli Scritti di Maria Valtorta

122. Les discours de la Belle Eau :

122. I discorsi dell’Acqua Speciosa: “Onora il padre e la madre”.

122.1

Jésus marche à pas lents sur la rive du fleuve. Le jour pointe à travers la brume d’une triste journée d’hiver qui stagne sur les roseaux de la rive. Il n’y a personne, à perte de vue, sur les deux rives du Jourdain. Rien qu’un brouillard à fleur d’eau, le bruissement de l’eau contre les roseaux, le clapotis des eaux qui coulent, plutôt boueuses à cause des pluies des jours précédents. Quelques cris d’oiseau, brefs, tristes comme cela arrive après la période des amours. La saison et le manque de nourriture les rendent mélancoliques.

Jésus les écoute et paraît s’intéresser beaucoup à l’appel d’un petit oiseau qui, avec la régularité d’une horloge, tourne la tête vers le nord et pousse un « cuicui ? » plaintif, puis la tourne vers le sud et répète son « cuicui ? » interrogateur. Finalement le petit oiseau semble avoir obtenu une réponse avec le « tchip » qui vient de l’autre rive et il s’envole de l’autre côté du fleuve avec un petit cri de joie. Jésus fait un geste comme pour dire : « Tant mieux ! », puis il reprend sa promenade.

122.2

« Je te dérange, Maître ? demande Jean qui vient du côté des prés.

– Non. Que veux-tu ?

– Je voulais te dire… il me semble que c’est une nouvelle qui peut te soulager et je suis venu tout de suite, aussi pour te demander conseil.

J’étais en train de balayer nos pièces et Judas est arrivé. Il m’a dit : “ Je vais t’aider. ” J’en ai été surpris, car il fait toujours ce travail de mauvais gré, même quand on le lui ordonne… mais je ne lui ai rien dit de plus que ceci : “ Oh ! Merci ! J’aurai plus vite fini, et ce sera mieux fait. ” Il s’est alors mis à balayer et nous avons vite terminé. Puis il a dit : “ Allons au bois. Ce sont toujours les plus âgés qui apportent le bois. Ce n’est pas bien. Allons-y, nous. Je ne sais pas très bien m’y prendre, mais si tu m’apprends… ” Et nous y sommes allés. Et pendant que j’étais là à faire les fagots avec lui, il m’a dit : “ Jean, je veux te dire quelque chose. ”

“ Parle ”, lui ai-je répondu. Je pensais que ce serait une critique.

Au contraire, il a dit : “ Toi et moi nous sommes les plus jeunes. Il faudrait être plus unis. Tu as presque peur de moi, et tu as raison car, moi, je ne suis pas bon. Mais, crois-le bien… je ne le fais pas exprès. Parfois, j’éprouve le besoin d’être mauvais. C’est peut-être que, étant fils unique, j’ai été gâté. Mais je voudrais devenir bon. Les plus âgés, je le sais, ne me voient pas d’un bon œil. Les cousins de Jésus sont choqués… oui, j’ai eu beaucoup de manquements à leur égard, et aussi à l’égard de leur cousin. Mais toi, tu es bon et patient. Aime-moi. Fais tout comme si j’étais un frère pour toi, mauvais, certes, mais qu’il faut aimer malgré tout. Le Maître aussi dit qu’il faut agir ainsi. Quand tu vois que je n’agis pas très bien, dis-le-moi. Et puis ne me laisse pas toujours seul. Quand je vais au village, accompagne-moi. Tu m’aideras à ne pas mal agir. Hier, j’ai beaucoup souffert. Jésus m’a parlé et je l’ai regardé. Dans ma sotte rancœur, je ne regardais ni moi-même ni les autres. Hier, j’ai regardé, et j’ai vu… Ils ont raison de dire que Jésus souffre… et je me rends compte que j’en suis responsable moi aussi. Je ne veux plus qu’il en soit ainsi. Viens avec moi. Viendras-tu ? M’aideras-tu à être moins mauvais ? ”

C’est ce qu’il m’a dit et, je l’avoue, j’avais le cœur qui battait comme celui d’un oiseau attrapé par un gamin. Il battait de joie, parce que je suis content qu’il devienne bon, et j’étais heureux pour toi aussi, mais mon cœur battait aussi un peu par peur… car je ne voudrais pas devenir comme Judas. Mais ensuite, il m’est venu à l’esprit ce que tu avais dit le jour où tu as pris Judas, et j’ai répondu : “ Oui, je t’aiderai. Mais je dois obéir, et si j’ai d’autres ordres… ” Je pensais : maintenant, je vais le rapporter au Maître et si, lui, il le veut, je le fais. S’il ne le veut pas, je me ferai donner l’ordre de ne pas m’éloigner de la maison.

– Ecoute, Jean : moi, je te laisse aller. En revanche, tu dois me promettre que si tu sens quelque chose qui te trouble, tu viendras me le dire. Tu m’as donné beaucoup de joie, Jean.

122.3

Voilà Pierre avec son poisson. Va, Jean. »

Jésus se tourne vers Pierre :

« Bonne pêche ?

– Hum ! Pas tellement, du menu fretin… mais on tire parti de tout. C’est Jacques qui bougonne parce qu’un animal a rompu le cordage et un filet est perdu. Je lui ai répondu : “ Ne fallait-il pas qu’il mange aussi ? Aie pitié de cette pauvre bête. ” Mais Jacques ne l’entend pas de cette oreille…, dit Pierre en riant.

– C’est ce que je dis de l’un de vos frères. Or vous ne savez pas l’épauler.

– Tu parles de Judas ?

– Je parle de Judas… Il a de bons désirs et des inclinations perverses. Mais, dis-moi un peu, toi qui es un pêcheur expérimenté : si je voulais aller en barque sur le Jourdain et rejoindre le lac de Génésareth, comment pourrais-je m’y prendre ? est-ce que j’y parviendrais ?

– Ah ! Ce serait une rude besogne ! Mais tu y parviendrais avec une petite barque à fond plat… Ce serait long et fatigant, tu sais ! Il faudrait sans cesse sonder le fond, faire attention aux rives et aux bas-fonds, aux branchages qui flottent, au courant. La voile ne sert à rien dans ces cas-là, au contraire… Mais veux-tu revenir au lac en suivant le fleuve ? Sache qu’à contre-courant c’est difficile. Il faut être à plusieurs, sans quoi…

– Tu l’as dit. Pour aller vers le bien, un homme vicieux doit remonter le courant et il ne peut y arriver tout seul. Judas est exactement l’un de ceux-ci. Or vous, vous ne l’aidez pas. Le pauvre s’en va tout seul, il heurte les bas-fonds, s’y échoue, s’empêtre dans les branchages qui flottent, est pris dans les tourbillons. D’autre part, s’il sonde le fond, il ne peut, en même temps, tenir le gouvernail ou la rame. Pourquoi donc lui reprocher de ne pas avancer ? Vous avez pitié des étrangers et pas de lui, votre compagnon. Ce n’est pas juste.

122.4

Vois-tu là-bas Jean et lui qui vont au village chercher du pain et des légumes ? Il a demandé comme une grâce de ne pas y aller seul. Et il l’a demandé à Jean parce qu’il n’est pas sot et qu’il sait ce que vous, les plus âgés, vous pensez de lui.

– Et tu l’y as envoyé ? Et si Jean tournait mal lui aussi ?

– Qui ? Mon frère ? Pourquoi tournerait-il mal ? demande Jacques qui arrive avec le filet repêché dans les roseaux.

– Parce que Judas va avec lui.

– Depuis quand ?

– Depuis aujourd’hui, et c’est moi qui l’ai permis.

– Alors, si c’est toi qui le permets…

– Oui, je vous le conseille même à tous. Vous le laissez trop seul. Ne soyez pas des juges pour lui seul. Il n’est pas pire que bien d’autres. Mais il est le plus gâté, et ce depuis l’enfance.

– Oui, c’est vrai, ça doit être cela. S’il avait eu pour père Zébédée et pour mère Salomé, il ne serait pas ce qu’il est. Mes parents sont bons. Mais ils se souviennent qu’ils ont des droits et des devoirs à l’égard de leurs fils.

– Ce que tu dis est juste. Ce sera justement le sujet de mon discours d’aujourd’hui.

122.5

Maintenant, allons-y. Je vois déjà des gens qui arrivent sur les prés.

– Moi, je ne sais pas comment nous arriverons désormais à vivre. Il n’y a plus d’heure pour manger, prier, se reposer… et il y a toujours plus de monde, dit Pierre, partagé entre l’admiration et l’ennui.

– Tu t’en plains ? C’est signe qu’il y a encore des personnes qui recherchent Dieu.

– Oui, Maître, mais tu en souffres. Tu es même resté hier sans manger et sans autre couverture cette nuit que ton manteau. Si ta Mère le savait !

– Elle bénirait Dieu de m’amener tant de fidèles.

– Et elle me réprimanderait, moi à qui elle a fait des recommandations » conclut Pierre.

Philippe et Barthélemy arrivent vers eux, en gesticulant. A la vue de Jésus, ils se hâtent et disent :

« Oh ! Maître, comment allons-nous faire ? C’est un vrai pèlerinage : des malades, des gens qui pleurent, des pauvres sans ressources qui viennent de loin.

– Nous achèterons du pain. Les riches donnent des oboles. Il n’y a qu’à les employer.

– Les jours sont courts. L’appentis est déjà encombré de personnes qui bivouaquent. Les nuits sont froides et humides.

– Tu as raison, Philippe. Nous nous entasserons tous dans une seule pièce. Nous pouvons le faire et nous organiserons les deux autres pour ceux qui ne peuvent rentrer chez eux dans la soirée.

– J’ai compris ! Bougonne Pierre. Bientôt nous devrons demander à nos hôtes la permission de changer de vêtements. Ils nous envahiront tellement qu’ils nous feront fuir, nous.

– Tu verras d’autres fuites, mon Pierre !

122.6

Qu’a-t-elle, cette femme ? »

Ils sont déjà dans la cour et Jésus remarque une femme qui pleure.

« Je ne le sais pas. Elle était là déjà hier, et hier aussi elle pleurait. Quand tu parlais avec Manahen, elle a failli venir à ta rencontre, puis elle s’en est allée. Elle doit habiter au village ou dans le voisinage, puisqu’elle est revenue. Elle ne paraît pas malade…

– Que la paix soit avec toi, femme », dit Jésus, en passant auprès d’elle.

Elle répond doucement : « Et avec toi. » Rien d’autre.

Il doit y avoir au moins trois cents personnes. Sous l’appentis il y a des estropiés, des aveugles, des muets ; il y en a un qui est tout agité par un tremblement ; il y a un tout jeune garçon, manifestement hydrocéphale, qu’un homme tient par la main. Il ne fait que geindre, baver, remuer la tête, l’air hébété.

« C’est peut-être le fils de cette femme ? demande Jésus.

– Je l’ignore. Simon s’occupe des pèlerins et il est au courant. »

On appelle Simon le Zélote et on l’interroge. Mais l’homme n’est pas avec la femme. Elle est seule.

« Elle ne fait que pleurer et prier. Elle m’a demandé, il y a peu de temps : “ Est-ce que le Maître guérit aussi les cœurs ? ” explique Simon.

– Ce sera quelque femme trahie » commente Pierre.

Pendant que Jésus se dirige vers les malades, Barthélemy et Matthieu se rendent à la purification avec de nombreux pèlerins.

La femme pleure dans son coin et ne bouge pas.

122.7

Jésus ne refuse le miracle à personne. Comme il est beau, celui du simplet à qui, par son souffle, il infuse l’intelligence, en tenant sa grosse tête entre ses longues mains. Tout le monde se presse autour d’eux. Même la femme voilée – peut-être parce qu’il y a beaucoup de monde – ose s’approcher un peu et se tient auprès de la femme en pleurs.

Jésus dit au simple d’esprit :

« Je veux en toi la lumière de l’intelligence pour qu’elle te conduise à la lumière de Dieu. Ecoute : dis avec moi : “ Jésus. ” Dis-le, je le veux. »

Le pauvret qui auparavant geignait comme une bête, et rien d’autre, bredouille avec peine : « Jésus », ou plutôt : « Jegiu. »

« Encore, ordonne Jésus en tenant toujours entre ses mains la tête difforme et en le maîtrisant du regard.

– Jés-sus.

– Encore !

– Jésus ! » dit finalement le simplet.

Son œil n’est plus inexpressif, sa bouche a un sourire différent.

« Homme, dit Jésus au père. Tu as eu la foi, ton fils est guéri. Interroge-le. Le nom de Jésus est miraculeux contre les maladies et les passions. »

L’homme dit à son fils :

« Qui suis-je ? »

Et le garçon :

« Mon père. »

L’homme serre son fils sur son cœur et explique :

« Il est né comme ça. Ma femme est morte en le mettant au monde et lui, il était handicapé mental et ne parlait pas. Maintenant, voyez. J’ai eu la foi, oui. Je viens de Joppé. Que dois-je faire pour toi, Maître ?

– Etre bon, et ton fils avec toi. Rien de plus.

– Et t’aimer. Oh ! Allons tout de suite le dire à la mère de ta mère. C’est elle qui m’a décidé à venir. Qu’elle soit bénie ! »

Les deux hommes repartent, tout heureux. Il ne reste de l’infirmité passée du garçon que sa grosse tête. L’expression et la parole sont normales.

122.8

« Mais c’est par ta volonté qu’il est guéri, ou par la puissance de ton Nom ? demandent plusieurs.

– Par la volonté du Père, toujours bienveillant pour le Fils. Mais mon nom aussi est salut. Vous le savez : Jésus veut dire Sauveur. Il y a la santé de l’âme et celle du corps. Celui qui invoque le Nom de Jésus avec une vraie foi se relève des maladies et du péché car, dans toute maladie spirituelle ou physique, il y a la griffe de Satan. Il crée les maladies physiques pour amener à la révolte et au désespoir par la souffrance de la chair, et les maladies morales ou spirituelles pour conduire à la damnation.

– Alors, selon toi, dans toutes les afflictions du genre humain, Belzébuth n’est pas étranger.

– Il n’y est pas étranger. C’est par lui que la maladie et la mort sont entrées dans le monde. C’est par lui également que sont entrés dans le monde le crime et la corruption. Quand vous voyez une personne tourmentée par quelque malheur, pensez que c’est par Satan qu’elle souffre. Quand vous voyez qu’une personne est cause de malheur, pensez aussi qu’elle est un instrument de Satan.

– Mais les maladies viennent de Dieu.

– Les maladies sont un désordre dans l’ordre. Dieu, en effet, a créé l’homme en bonne santé et parfait. Le désordre amené par Satan dans l’ordre donné par Dieu a suscité les infirmités de la chair et les conséquences qui en découlent, à savoir la mort ou bien les hérédités funestes. L’homme a hérité d’Adam et d’Eve le péché originel, mais pas cela seulement. Et le péché s’étend toujours plus, embrassant les trois branches de l’homme : la chair toujours plus vicieuse et par là faible et malade, le moral toujours plus orgueilleux et par là plus corrompu, l’âme toujours plus incrédule, c’est-à-dire toujours plus idolâtre. A cause de cela, il faut, comme je l’ai fait avec ce simple d’esprit, enseigner le nom qui met Satan en fuite, le graver dans l’esprit et dans le cœur, le mettre sur le moi comme un sceau de propriété.

– Mais est-ce que tu nous possèdes ? Qui es-tu, pour te croire aussi grand ?

– S’il en était ainsi ! Mais non. Si je vous possédais, vous seriez déjà sauvés. Et ce serait mon droit. Car moi, je suis le Sauveur et je devrais posséder ceux que j’ai sauvés. Mais je sauverai ceux qui auront foi en moi.

122.9

– Jean-Baptiste – d’auprès de qui je viens –, m’a dit : “ Va auprès de celui qui parle et baptise près d’Ephraïm et de Jéricho. Lui, il a le pouvoir de lier et de délier, tandis que moi, je ne puis que dire : fais pénitence pour rendre à ton âme l’agilité qui lui permettra de suivre le chemin du salut. ” »

C’est un des miraculés qui parle. Auparavant il marchait avec des béquilles, mais il n’en a désormais plus besoin pour se déplacer.

« Jean-Baptiste ne souffre-t-il pas que la foule le quitte ? » demande quelqu’un.

Celui qui venait de parler répond :

« Souffrir ? Il dit à tous : “ Allez ! Allez ! Moi je suis l’astre qui descend. Lui, il est l’astre qui monte et se fixe dans son éternelle splendeur. Pour ne pas rester dans les ténèbres, allez vers lui avant que mon lumignon ne s’éteigne. ”

– Ce n’est pas ce que disent les pharisiens ! Eux, ils sont pleins de rancœur parce que tu attires les foules. Le sais-tu ?

– Je le sais » répond brièvement Jésus.

Il s’ensuit une discussion sur les raisons ou du moins la façon d’agir des pharisiens. Mais Jésus coupe court par un : « Ne critiquez pas » qui n’admet pas de réplique.

122.10

Barthélemy et Matthieu reviennent avec ceux qu’ils ont baptisés.

Jésus commence à parler.

« Que la paix soit avec vous tous.

Puisque maintenant vous venez ici dès le matin, j’ai pensé qu’il serait plus pratique que je vous parle de Dieu le matin et que vous partiez à midi. J’ai pensé aussi à loger les pèlerins qui ne peuvent pas retourner chez eux dans la soirée. Je suis pèlerin, à mon tour, et je ne possède que le minimum indispensable que m’a donné la piété d’un ami. Jean possède encore moins que moi. Mais vers Jean vont des personnes en bonne santé ou simplement peu malades, estropiées, aveugles, muettes. Pas des mourants ou de grands fiévreux comme vers moi. Ils vont à lui pour le baptême de pénitence. Vous venez aussi à moi pour obtenir la guérison physique. La Loi dit[1] :

“ Aime ton prochain comme toi-même. ” Je pense et je dis : comment montrerais-je mon amour pour mes frères si je fermais mon cœur à leurs besoins, même physiques ? Et je conclus : je leur donnerai ce qu’on m’aura donné. Je tendrai la main aux riches, je quêterai pour recevoir le pain des pauvres. En renonçant à mon lit, j’accueillerai celui qui est fatigué et souffrant.

Nous sommes tous frères. Or l’amour ne se prouve pas par des mots mais par des actes. Celui qui ferme son cœur à son semblable a un cœur de Caïn. Celui qui n’a pas d’amour est rebelle au commandement de Dieu. Nous sommes tous frères. Et pourtant je vois et vous voyez que, à l’intérieur même des familles – là où un même sang, une même chair scellent la fraternité qui nous vient d’Adam –, il existe haines et désaccords. Les frères s’opposent à leurs frères, les enfants à leurs parents, les conjoints deviennent des ennemis l’un pour l’autre.

Mais, pour n’être pas toujours de mauvais frères, et des époux un jour adultères, il faut apprendre dès le premier âge le respect de la famille, cet organisme qui est à la fois le plus petit et le plus grand du monde. Le plus petit par rapport à l’organisme d’une cité, d’une région, d’une nation, d’un continent. Mais le plus grand parce que le plus ancien et parce qu’il fut établi par Dieu quand l’idée de patrie, de pays n’existait pas encore. Mais déjà le noyau familial était vivant et actif, source pour la race et pour les races, petit royaume dont l’homme est le roi, la femme la reine et les fils des sujets. Un royaume peut-il durer si la division et l’inimitié prévalent chez ses habitants ? Impossible. Et en vérité une famille ne se maintient pas sans obéissance, respect, économie, bonne volonté, amour du travail et affection.

122.11

“ Honore ton père et ta mère ” dit le Décalogue.

Comment les honore-t-on ? Pourquoi doit-on les honorer ?

L’honneur suppose une obéissance véritable, un amour sans faille, un respect confiant, une crainte respectueuse qui n’exclut pas la confiance, mais en même temps ne nous fait pas traiter les personnes âgées comme si nous étions des esclaves et des inférieurs. On doit les honorer car, après Dieu, nos parents nous ont donné la vie et ont subvenu à tous nos besoins matériels, ils ont été les premiers maîtres et les premiers amis du jeune être arrivé sur la terre.

On dit : “ Que Dieu te bénisse ”, on dit : “ merci ” à quelqu’un qui ramasse un objet tombé ou nous donne un morceau de pain. Et à ceux qui se tuent au travail pour nous rassasier, pour tisser nos vêtements et les tenir propres, à ceux qui se lèvent pour surveiller notre sommeil, se refusent le repos pour nous soigner, nous font un lit de leur sein lors de nos fatigues les plus douloureuses, nous ne dirions pas, avec amour : “ Que Dieu te bénisse ” et “ merci ” ?

Ce sont nos maîtres. Un maître, on le craint et on le respecte. Mais le maître nous prend en charge quand nous savons déjà ce qui est indispensable pour nous conduire, nous nourrir et dire les choses essentielles, et il nous laisse quand le plus dur enseignement de la vie, c’est-à-dire “ le savoir-vivre ”, doit nous être encore enseigné. Et ce sont nos parents qui nous préparent à l’école d’abord, puis à la vie.

Ce sont nos amis. Quel ami peut être plus ami qu’un père ? Quelle amie plus amie qu’une mère ? Pouvez-vous avoir peur d’eux ? Pouvez-vous dire : “ Il me trahit, elle me trahit ” ? Et pourtant, voici le jeune homme sot et la jeune fille encore plus sotte qui prennent pour amis des étrangers, ferment leur cœur à leur père et à leur mère et se gâtent l’esprit et le cœur par des relations imprudentes, pour ne pas dire coupables, qui sont cause de larmes pour leurs parents, des larmes qui coulent comme des gouttes de plomb fondu sur leur cœur. Ces larmes, pourtant, je vous le dis, ne tombent pas dans la poussière et l’oubli. Dieu les recueille et les compte. Le martyre d’un père que l’on méprise sera récompensé par le Seigneur. Mais le supplice qu’un fils inflige à son père ne sera pas non plus oublié, même si ses parents, poussés par leur amour douloureux, implorent la pitié de Dieu pour leur fils coupable.

“ Honore ton père et ta mère si tu veux vivre longuement sur la terre ”, est-il dit. Et j’ajoute : “ Et éternellement dans le Ciel. ” le châtiment de vivre peu sur la terre pour avoir fait tort à ses parents serait trop léger ! L’au-delà n’est pas une fable et, dans l’au-delà, on sera récompensé ou puni d’après la vie que l’on aura menée sur la terre. Celui qui pèche contre son père, pèche contre Dieu, car Dieu a donné en faveur du père un commandement d’amour, et celui qui ne l’aime pas pèche. Aussi perd-il de cette façon plus que la vie matérielle, mais aussi la vraie vie dont je vous ai parlé : il va à la rencontre de la mort, il est déjà mort puisque son âme n’est plus en grâce auprès de son Seigneur. Il porte déjà le crime en lui, parce qu’il blesse l’amour le plus saint après celui de Dieu. Il porte en lui les germes des futurs adultères car un mauvais fils devient un époux infidèle. Il a en lui des tendances à la perversion sociale, parce que d’un mauvais fils sort un futur voleur, un assassin sinistre et violent, un froid usurier, un libertin séducteur, un jouisseur cynique, l’être répugnant qui trahit sa patrie, ses amis, ses enfants, son épouse, tout le monde. Or pouvez-vous avoir de l’estime et de la confiance pour celui qui n’a pas hésité à trahir l’amour d’une mère, et s’est moqué des cheveux blancs d’un père ?

122.12

Cependant, écoutez encore, car au devoir des enfants correspond un semblable devoir des parents. Malédiction aux enfants coupables ! Mais malédiction aussi aux parents coupables ! Agissez de façon que vos enfants ne puissent vous critiquer ni vous imiter dans le mal. Faites-vous aimer par un amour donné avec justice et miséricorde. Dieu est miséricorde. Que les parents, qui viennent tout de suite après Dieu, soient miséricorde. Soyez l’exemple et le réconfort de vos enfants. Soyez pour eux la paix et leur guide. Soyez leur premier amour. Une mère est toujours la première image de l’épouse que nous voudrions avoir. Un père a, pour ses jeunes filles, le visage dont elles rêvent pour époux. Faites surtout que vos fils et vos filles choisissent sagement leurs futurs conjoints, en pensant à leur mère, à leur père, et en voulant retrouver chez eux ce qui se trouve en leur père, en leur mère : une vertu vraie.

Si je devais parler jusqu’à épuiser ce sujet, le jour et la nuit n’y suffiraient pas. J’abrège donc par amour pour vous. Pour le reste, que l’Esprit éternel vous le dise. Moi, je jette la semence et puis je m’en vais. Mais chez les bons, la semence fera pousser des racines et produira un épi. Allez. Que la paix soit avec vous. »

122.13

Ceux qui partent s’en vont rapidement. Ceux qui restent entrent dans la troisième pièce. Ils mangent leur pain ou celui que les disciples leur offrent au nom de rudimentaire. On a disposé des planches et de la paille sur des chevalets rudimentaires et les pèlerins peuvent y dormir.

La femme voilée s’en va d’un pas rapide. Celle qui pleurait auparavant et a continué de pleurer pendant que Jésus parlait, tourne sur place, incertaine, puis se décide à partir.

Jésus entre dans la cuisine pour prendre sa nourriture, mais à peine a-t-il commencé de manger que l’on frappe à la porte.

André, qui en est le plus près, se lève et sort dans la cour. Il parle, puis rentre :

« Maître, une femme, celle qui pleurait, te demande. Elle dit qu’elle doit partir et qu’elle doit te parler.

– Mais si c’est comme ça, comment et quand va manger le Maître ? s’exclame Pierre.

– Il fallait lui dire de revenir plus tard, dit Philippe.

– Silence. Je mangerai après. Continuez, vous autres. »

Jésus sort. La femme est là, dehors.

« Maître… un mot… Tu as dit… Oh ! Viens derrière la maison ! Il m’est pénible de parler de ma souffrance ! »

Jésus la satisfait sans mot dire. C’est seulement quand il arrive derrière la maison qu’il demande :

« Que désires-tu de moi ?

– Maître… je t’ai écouté d’abord quand tu parlais parmi nous… et puis je t’ai écouté quand tu as prêché. On dirait que tu as parlé pour moi. Tu as dit que dans toute maladie physique ou morale, il y a Satan… J’ai un fils qui a le cœur malade. S’il t’avait entendu quand tu parlais des parents ! C’est mon tourment. Il s’est fourvoyé avec de mauvais camarades et il est… il est exactement comme tu dis… un voleur… il l’est à la maison pour l’instant, mais… Il aime les rixes… il veut dominer… Jeune comme il est, il se ruine en débauche et en ripailles. Mon mari veut le chasser. Moi… moi, je suis sa mère… et je souffre à en mourir. Tu vois comme je suis angoissée ? Mon cœur se brise sous tant de douleur. C’est depuis hier que je veux te parler car… j’espère en toi, mon Dieu. Mais je n’osais rien dire. C’est si pénible pour une mère d’avouer : “ Mon fils est un vaurien ” ! »

La femme pleure, courbée et douloureuse, devant Jésus.

« Ne pleure plus. Il va guérir de son mal.

– S’il pouvait t’entendre, oui. Mais il ne veut pas t’écouter. Ah ! Il ne guérira jamais !

– Mais as-tu de la foi pour lui ? Le veux-tu pour lui ?

– C’est à moi que tu le demandes ? Je suis venue de Haute-Pérée pour te prier en sa faveur…

– Alors, va ! Quand tu arriveras chez toi, ton fils viendra à ta rencontre, repenti.

– Mais comment ?

– Comment ? Crois-tu que Dieu ne puisse faire ce que je lui demande ? Ton fils est là-bas. Je suis ici. Mais Dieu est partout. Je dis à Dieu : “ Père, pitié pour cette mère. ” Et Dieu fera retentir son appel dans le cœur de ton fils. Va, femme. Un jour je passerai dans la région de ton village et toi, fière de ton garçon, tu viendras à ma rencontre avec lui. Quand il pleurera sur tes genoux en te demandant pardon et en te racontant la lutte mystérieuse d’où il est sorti avec une âme nouvelle, et qu’il te demandera comment cela est arrivé, dis-lui : “ C’est par Jésus que tu es né une seconde fois, au bien, cette fois. ” Parle-lui de moi. Si tu es venue vers moi, cela veut dire que tu sais. Fais en sorte que lui, il sache et pense à moi pour trouver en lui la force qui sauve. Adieu. Paix à la mère qui a eu foi, au fils qui revient, au père joyeux, à la famille rassemblée. Va. »

La femme s’en va vers le village et tout prend fin.

122.1

Gesù passeggia lentamente su e giù lungo la sponda del fiume. Il giorno si deve essere fatto da poco, perché la nebbia di una triste giornata invernale stagna ancora sui canneti delle rive. Non c’è nessuno, a perdita d’occhio, sulle due sponde del Giordano. Solo nebbietta bassa, fruscio di acqua contro i canneti, borbottio di acque che per le piogge cadute i giorni avanti sono piuttosto motose, e qualche richiamo di uccelli, corto, triste, come lo è quando è cessata la stagione degli amori e i pennuti sono intristiti per la stagione e il poco cibo.

Gesù li ascolta e pare interessarsi molto al richiamo di un uccellino, che con una regolarità di orologio piega il capino verso nord e dice un «ciruit?» lamentoso, e poi piega il capino a sud e ripete il suo interrogativo «ciruit?» senza risposta. Finalmente l’uccelletto pare avere avuto una risposta nel «cip» che viene dall’altra sponda e frulla via, attraverso il fiume, con un piccolo strido di gioia. Gesù fa un gesto come per dire: «Meno male!», poi riprende la passeggiata.

122.2

«Ti disturbo, Maestro?», chiede Giovanni che viene dai prati.

«No. Che vuoi?».

«Volevo dirti… mi pare che sia una notizia che ti possa dare sollievo e sono venuto subito, anche per consigliarmi con Te. Ero a scopare i nostri stanzoni ed è venuto Giuda di Keriot. Mi ha detto: “Ti aiuto”. Sono rimasto stupito perché fa sempre poco volentieri anche il comandato di queste umili cose… ma non ho detto nulla più che questo: “Oh! grazie! Farò più presto e meglio”. Lui si è messo a scopare e abbiamo fatto presto. Allora ha detto: “Andiamo nel bosco. Sono sempre i vecchi che portano le legna. Non sta bene. Andiamo noi. Io non so molto fare. Ma se mi insegni…”. E siamo andati. E mentre ero lì che legavo con lui le fascine mi ha detto: “Giovanni, ti voglio dire una cosa”. “Parla”, ho detto. E pensavo che fosse qualche critica. Invece ha detto: “Io e te siamo i più giovani. Bisognerebbe stare più uniti. Tu hai quasi paura di me, ed hai ragione perché io non sono buono. Ma credi… non lo faccio apposta. Delle volte ho il bisogno di essere cattivo. Forse perché, unico come ero, mi hanno viziato. E vorrei diventare buono. I vecchi, lo so, mi guardano poco bene. I cugini di Gesù sono urtati perché… sì, io ho mancato molto con loro, e anche con il loro cugino. Ma tu sei buono e paziente. Voglimi bene. Fa’ conto che io sia un fratello, cattivo, sì, ma che bisogna amare anche se cattivo. Lo dice anche il Maestro che bisogna fare così. Quando mi vedi fare poco bene, dimmelo. E poi non mi lasciare sempre solo. Quando vado in paese, vieni anche tu. Mi aiuterai a non fare del male. Ieri ho sofferto molto. Gesù mi ha parlato ed io l’ho guardato. Nel mio sciocco rancore non guardavo né me stesso né gli altri. Ieri ho guardato e ho visto… Hanno ragione di dire che Gesù è sofferente… ed io sento che ne ho colpa anche io. Non voglio più averla. Vieni con me. Ci verrai? Mi aiuterai ad essere meno cattivo?”. Così ha detto, e io, te lo confesso, avevo il cuore che mi batteva come quello di un passero preso da un ragazzo. Batteva di gioia perché ho piacere che lui diventi buono, per Te ne ho piacere, e batteva un poco di paura perché… non vorrei diventare come è Giuda. Ma poi mi è venuto in mente quanto mi avevi detto il giorno che prendesti Giuda, e ho risposto: “Sì, che ti aiuterò. Ma io devo ubbidire, e se ho altri ordini…”. Pensavo: ora lo dico al Maestro e se Lui vuole lo faccio, se non vuole mi farò dare ordine di non andare lontano dalla casa».

«Senti, Giovanni. Io ti lascio andare. Però mi devi promettere che se senti che qualche cosa ti turba, tu me lo vieni a dire. Mi hai dato tanta gioia, Giovanni.

122.3

Ecco qua Pietro col suo pesce. Vai, Giovanni».

Gesù si volge a Pietro: «Buona pesca?».

«Umh! Non molto. Pesciolini… Ma tutto fa. C’è Giacomo che brontola perché qualche animale ha roso la fune e si è persa una rete. Ho detto: “E lui non doveva mangiare? Abbi compatimento per la povera bestia”. Ma Giacomo non la intende così…», ride Pietro.

«Quello che dico Io di uno che è un fratello. E quello che voi non sapete fare».

«Parli di Giuda?».

«Parlo di Giuda. Egli ne soffre. Ha desideri buoni e tendenze perverse. Ma dimmi un poco tu, esperto pescatore. Quando Io volessi andare in barca sul Giordano e raggiungere il lago di Genezaret come potrei fare? Ci riuscirei?».

«Eh! sarebbe un lavorone! Ma ci riusciresti con barchette piatte… Faticoso, sai? Lungo! Bisognerebbe sempre misurare il fondo, avere occhio alle rive e alle secche, ai boschetti galleggianti, alla corrente. La vela non serve in questi casi, anzi… Ma vuoi tornare sul lago seguendo il fiume? Guarda che contro corrente si va male. Bisogna essere in molti, se no…».

«Tu l’hai detto. Quando uno è un vizioso, per andare al Bene deve andare contro corrente, e non può, da solo, uno riuscire. Giuda è proprio uno di questi. E voi non lo aiutate. Il meschino va su, solo, e urta nel fondale, sfrega sulle secche, si impiglia nei boschetti galleggianti, viene preso dai gorghi. D’altronde, se misura il fondo, non può contemporaneamente tenere il timone o il remo. Perché allora lo si rimprovera se non procede? Avete pietà degli estranei e di lui, vostro compagno, no? Non è giusto.

122.4

Vedi là Giovanni e lui che vanno al paese a prendere pane e verdure? Egli ha chiesto in grazia di non andare solo. E l’ha chiesto a Giovanni, perché non è sciocco e sa come voi vecchi la pensate su lui».

«E Tu lo hai mandato? E se si guasta anche Giovanni?».

«Chi? Mio fratello? Perché si guasta?», chiede Giacomo che giunge con la rete ripescata contro un canneto.

«Perché Giuda va con lui».

«Da quando?».

«Da oggi, ed Io l’ho permesso».

«Allora, se lo permetti Tu…».

«Sì, lo consiglio anzi a tutti. Lo lasciate troppo solo. Non siate dei giudici per lui solo. Non è peggiore di tanti. Ma è più viziato, fin dall’infanzia».

«Sì, deve essere così. Se avesse avuto per padre e madre Zebedeo e Salome, così non sarebbe. I miei parenti sono buoni. Ma si ricordano di avere un diritto e un dovere sui figli».

«Hai detto giusto. Oggi parlerò proprio di questo. 5 Ora andiamo. Vedo già della gente che si muove sui prati».

«Io non so come faremo più a vivere. Non c’è più ora di mangiare, di pregare, di riposare… e la gente aumenta sempre», dice Pietro fra ammirato e seccato.

«Te ne duoli? Segno che vi è ancora ricerca di Dio».

122.5

«Sì, Maestro. Ma Tu ne soffri. Sei rimasto anche senza mangiare ieri, e questa notte senza altre coperture che il tuo mantello. Se lo sapesse tua Madre!».

«Benedirebbe Dio che mi porta tanti fedeli».

«E rampognerebbe me al quale si è raccomandata», finisce Pietro.

Vengono in giù verso di loro, gesticolando, Filippo e Bartolomeo. Vedono Gesù e affrettano il passo dicendo: «Oh! Maestro! Ma come facciamo? C’è un vero pellegrinaggio; e malati, e piangenti, e poveri senza mezzi che vengono da lontano».

«Compreremo pane. I ricchi dànno oboli. Non c’è che da usarli».

«Le giornate sono brevi. La tettoia è già ingombra di gente in bivacco. Le notti sono umide e fredde».

«Hai ragione, Filippo. Ci stringeremo tutti in uno stanzone.

Possiamo farlo, e attrezzeremo gli altri due per coloro che non possono raggiungere le case entro sera».

«Ho capito! Fra poco dovremo chiedere agli ospiti il permesso di mutarci la veste. Saranno così invadenti che ci faranno fuggire noi», brontola Pietro.

«Vedrai altre fughe, Pietro mio!

122.6

Che ha quella donna?».

Ormai sono già sull’aia e Gesù nota una donna piangente.

«Mah! C’era anche ieri, e anche ieri piangeva. Quando Tu parlavi con Mannanen si è mossa per venirti incontro, poi se ne è andata. Deve stare al paese, o qui vicino, perché è tornata. Malata non pare…».

«La pace sia con te, donna», dice Gesù passandole accosto.

E lei risponde piano: «E con Te». Null’altro.

Ci saranno almeno quelle trecento persone. Sotto la tettoia sono degli zoppi, ciechi, muti; uno tutto agitato da un tremito; un giovinetto palesemente idrocefalo, tenuto per mano da un uomo. Non fa che mugolare, sbavare, dimenare il suo testone dall’espressione ebete.

«È forse figlio di quella donna?», chiede Gesù.

«Non so. Simone si occupa dei pellegrini, e sa».

Chiamano lo Zelote e l’interrogano. Ma l’uomo non è con la donna. Essa è sola. «Non fa che piangere e pregare. E mi ha chiesto poco fa: “Guarisce anche i cuori il Maestro?”», spiega lo Zelote.

«Sarà qualche moglie tradita», commenta Pietro.

Mentre Gesù va verso i malati, Bartolomeo con Matteo vanno alla purificazione con molti pellegrini.

La donna nel suo angolo piange e non si muove.

122.7

Gesù non nega a nessuno il miracolo. Bello quello dell’ebete al quale infonde intelletto con l’alito, tenendo poi il testone fra le sue lunghe mani. Tutti si affollano. Anche la velata, forse perché c’è molta gente, osa avvicinarsi alquanto e si pone presso la donna piangente.

Gesù dice al cretino: «Io voglio in te la luce dell’intelletto per fare via alla luce di Dio. Odi, di’ con Me: “Gesù”. Dillo. Lo voglio».

L’ebete, che prima mugolava come una bestia, null’altro che un mugolio, farfuglia a fatica: «Gesù», anzi: «Gegiù».

«Ancora», ordina Gesù tenendo sempre fra le mani la testa deforme e dominandolo col suo sguardo.

«Ges-sù».

«Ancora».

«Gesù!», dice finalmente il cretino. E l’occhio non è più così vuoto d’espressione, la bocca ha un sorriso diverso.

«Uomo», dice Gesù al padre. «Hai avuto fede! Tuo figlio è guarito. Interrogalo. Il nome di Gesù è miracolo contro i morbi e le passioni».

L’uomo dice al figlio: «Chi sono io?».

E il ragazzo: «Il padre mio».

L’uomo si stringe al cuore il figlio e spiega: «Mi è nato così.

La sposa m’è morta nel parto e lui era impedito nella mente e nella favella. Ora vedete. Ho avuto fede, sì. Vengo da Joppe.

Che devo fare per Te, Maestro?».

«Essere buono. E con te il figlio tuo. Nulla più».

«E amarti. Oh! andiamo subito a dirlo alla madre di tua madre. È lei che mi ha persuaso a questo. Che sia benedetta!».

I due vanno felici. Della passata sventura non resta che la grossa testa del ragazzo. L’espressione e la parola sono normali.

122.8

«Ma è guarito per volontà tua o per potere del Nome tuo?», chiedono in molti.

«Per volontà del Padre, sempre benigno al Figlio. Ma anche il mio Nome è salvezza. Voi lo sapete: Gesù vuol dire Salvatore.

La salvezza è dell’anima e dei corpi. Chi dice il Nome di Gesù con vera fede risorge dai morbi e dal peccato, perché in ogni malattia spirituale o fisica è l’unghia di Satana, il quale crea le malattie fisiche per portare alla ribellione e alla disperazione attraverso la sofferenza della carne, e quelle morali o spirituali per portare alla dannazione».

«Allora secondo Te in ogni afflizione del genere umano non è estraneo Belzebù».

«Non è estraneo. Per lui malattia e morte sono entrate nel mondo. E delitto e corruzione ugualmente per lui sono entrati nel mondo. Quando vedete uno tormentato da qualche sventura, pensate pure che egli soffre per Satana. Quando vedete che uno è causa di sventura, pensate anche che egli è strumento di Satana».

«Ma le malattie vengono da Dio».

«Le malattie sono un disordine nell’ordine. Perché Dio ha creato l’uomo sano e perfetto. Il disordine, portato da Satana nell’ordine dato da Dio, ha portato seco le infermità della carne e le conseguenze delle stesse, ossia la morte, oppure le ereditarietà funeste. L’uomo ha ereditato da Adamo ed Eva la macchia di origine. Ma non quella sola. E la macchia sempre più si estende abbracciando i tre rami dell’uomo: la carne sempre più viziosa e perciò debole e malata, il morale sempre più superbo e perciò corrotto, lo spirito sempre più incredulo ossia sempre più idolatra. Perciò occorre, come ho fatto Io con quel deficiente, insegnare il Nome che fuga Satana, scolpirlo nella mente e nel cuore, metterlo sull’io come un sigillo di proprietà».

«Ma Tu ci possiedi? Chi sei, che tanto ti credi?».

«Fosse così! Ma non è. Vi possedessi, sareste già salvi. E sarebbe il mio diritto. Perché Io sono il Salvatore e dovrei avere i miei salvati. Ma coloro che avranno fede in Me li salverò».

122.9

«Giovanni… – io vengo da Giovanni – mi ha detto: “Vai da Colui che parla e battezza presso Efraim e Gerico. Egli ha il potere di sciogliere e legare, mentre io non posso che dirti: fa’ penitenza, per rendere agile l’anima tua a seguire la salute”», dice uno dei miracolati, che prima si reggeva sulle stampelle ed ora si muove spedito.

«Non ne soffre il Battista di perdere la folla?», chiede uno.

E quello che ha parlato prima risponde: «Soffrire? Dice a tutti: “Andate! Andate! Io sono l’astro che scende. Egli l’astro che sale e si fissa eterno nel suo splendore. Per non rimanere nelle tenebre andate a Lui prima che il mio lucignolo si spenga”».

«Non dicono così i farisei! Loro sono pieni di astio perché Tu attiri le folle. Lo sai?».

«Lo so», risponde brevemente Gesù.

Si attacca una disputa sulla ragione o meno del modo di agire dei farisei. Ma Gesù la tronca con un: «Non criticate» che non ammette replica.

122.10

Tornano Bartolomeo e Matteo coi battezzati. Gesù inizia a parlare.

«La pace sia con voi tutti.

Ho pensato, posto che ora venite qui sin dal mattino, e più comodo vi è partire a metà giorno, di parlarvi di Dio al mattino. Ho anche pensato ad alloggiare i pellegrini che non possono tornare alle case entro sera. Io sono pellegrino a mia volta e non possiedo che il minimo indispensabile datomi dalla pietà di un amico. Giovanni ha ancora meno di Me. Ma da Giovanni vanno persone sane o semplicemente poco malate, rattratti, ciechi, muti. Ma non morenti o febbrili come da Me. Vanno da lui per battesimo di penitenza. Da Me venite anche per guarigione di corpi. La Legge dice[1]: “Ama il tuo prossimo come te stesso”. Io penso e dico: come mostrerei di amare i fratelli se chiudessi il mio cuore ai loro bisogni anche fisici? E concludo: darò loro ciò che mi fu dato. Stendendo la mano ai ricchi chiederò per il pane dei poveri, levandomi il letto accoglierò in esso lo stanco e il sofferente.

Siamo tutti fratelli. E l’amore non si prova a parole, ma a fatti. Colui che chiude il cuore al suo simile ha cuor di Caino. Colui che non ha amore è un ribelle al comando di Dio. Siamo tutti fratelli. Eppure Io vedo, e voi vedete, che anche nell’interno delle famiglie – là dove il sangue uguale ribadisce, anche col sangue e la carne, la fratellanza che ci viene da Adamo – vi sono odi e attriti. I fratelli sono contro i fratelli, i figli contro ai genitori, i consorti l’uno all’altro nemici.

Ma per non essere malvagi fratelli sempre, e adulteri sposi un giorno, bisogna imparare sino dalla prima età il rispetto verso la famiglia, organismo che è il più piccolo ed il più grande del mondo. Il più piccolo rispetto all’organismo di una città, di una regione, di una nazione, di un continente. Ma il più grande perché il più antico; perché messo da Dio quando ancora il concetto di patria, di paese non esisteva, ma già era vivo e operante il nucleo famigliare, sorgente alla razza e alle razze, piccolo regno in cui l’uomo è re, la donna regina, sudditi i figli. Può mai un regno durare se diviso e nemico fra i suoi singoli abitanti? Non può durare. E in verità non dura una famiglia se non c’è ubbidienza, rispetto, economia, buona volontà, operosità, amore.

122.11

“Onora il padre e la madre”, dice il decalogo. Come si onorano? Perché si devono onorare?

Si onorano con vera ubbidienza, con esatto amore, con confidente rispetto, con un timore riverenziale che non preclude la confidenza ma nello stesso tempo non ci fa trattare i maggiori come fossimo servi ed inferiori. Si devono onorare perché, dopo Dio, i datori della vita e di tutte le necessità materiali della vita, i primi maestri, i primi amici del giovane essere nato alla Terra, sono il padre e la madre.

Si dice: “Dio ti benedica”, si dice: “grazie” a quello che ci raccoglie un oggetto caduto o ci dà un tozzo di pane. Ed a questi che si spezzano nel lavoro per sfamarci, per tesserci le vesti e tenerle monde, per questi che si alzano per scrutare il nostro sonno, si negano riposo per curarci, ci fanno letto del loro seno nelle nostre stanchezze più dolorose, non diremo, con l’amore: “Dio ti benedica”, “grazie”?

Sono i nostri maestri. Il maestro è temuto e rispettato. Ma esso ci prende quando già sappiamo l’indispensabile per reggerci e nutrirci e dire le cose essenziali, e ci lascia quando il più arduo insegnamento della vita, ossia “il vivere”, ci deve ancora essere insegnato. E sono il padre e la madre che ci preparano alla scuola prima, alla vita poi.

Sono i nostri amici. Ma quale amico può essere più amico di un padre? E quale più amica di una madre? Potete tremare di essi? Potete dire: “Sarò tradito da lui, da lei”? Eppure ecco il giovane stolto e la ancora più stolta fanciulla che si fanno amici degli estranei, e chiudono il cuore al padre e alla madre, e si guastano mente e cuore con contatti che sono imprudenti se pure non sono colpevoli, cagione di lacrime paterne e materne che rigano come gocce di piombo fuso il cuore dei genitori. Quelle lacrime però, Io ve lo dico, non cadono nella polvere e nell’oblio. Dio le raccoglie e le numera. Il martirio di un genitore calpestato avrà premio dal Signore. Ma l’atto del figlio suppliziatore di un genitore neppure sarà dimenticato, anche se il padre e la madre supplicano, nel loro dolente amore, pietà di Dio per il figlio colpevole.

“Onora il padre e la madre se vuoi vivere lungamente sulla Terra”, è detto. “Ed eternamente in Cielo”, Io aggiungo. Troppo poco sarebbe il castigo di vivere poco qui per avere mancato ai genitori! L’al di là non è fola, e nell’al di là si avrà premio o castigo a seconda di come vivemmo. Chi manca ad un genitore manca a Dio, perché Dio ha dato per il genitore comando d’amore, e chi non ama pecca. Perde perciò così, più della vita materiale, la vera vita di cui vi ho parlato, e va incontro ad una morte, ha anzi già la morte avendo l’anima in disgrazia del suo Signore, ha già in sé il delitto perché ferisce l’amore più santo dopo Dio, ha già in sé i germi dei futuri adultèri perché da cattivo figlio viene perfido sposo, ha già in sé gli stimoli del pervertimento sociale perché da un figlio cattivo sboccia il futuro ladro, il truce e violento assassino, il freddo strozzino, il libertino seduttore, il gaudente cinico, il ripugnante traditore della patria, degli amici, dei figli, della sposa, di tutti. E potete aver stima e fiducia in colui che ha saputo tradire l’amore di una madre e deridere i capelli bianchi di un padre?

122.12

Però, udite ancora, però al dovere dei figli corrisponde un pari dovere dei genitori. Maledizione al figlio colpevole! Ma maledizione anche al colpevole genitore. Fate che i figli non vi possano criticare e copiare nel male. Fatevi amare per un amore dato con giustizia e misericordia. Dio è Misericordia. I genitori, secondi a Dio solo, siano misericordia. Siate esempio e conforto dei figli. Siate pace e guida. Siate il primo amore dei vostri figli. Una madre è sempre la prima immagine della sposa che noi vorremmo. Un padre per le figlie giovinette ha il volto che esse sognano per lo sposo. Fate che soprattutto i figli e le figlie scelgano con saggia mano i reciproci consorti pensando alla madre, al padre, e volendo nel consorte ciò che è nel padre, nella madre: una virtù verace.

Se avessi a parlare finché è esaurito l’argomento, non basterebbe il giorno e la notte. Onde abbrevio per amore di voi. Il resto ve lo dica lo Spirito eterno. Io getto il seme e poi passo. Ma il seme nei buoni getterà radica e farà spiga. Andate. La pace sia con voi».

122.13

Chi parte se ne va svelto. Chi resta entra nel terzo stanzone e mangia il suo pane o quello che i discepoli offrono in nome di Dio. Su rustici cavalletti sono state messe assi e paglia e là possono dormire i pellegrini.

La donna velata va via con passo svelto; l’altra che piangeva fin da prima, e che ha sempre pianto mentre Gesù parlava, si aggira incerta e poi si decide ad andarsene.

Gesù entra nella cucina per prendere il suo cibo. Ma ha appena cominciato a mangiare che viene bussato alla porta.

Si alza Andrea, più vicino ad essa, ed esce nella corte. Parla e poi rientra: «Maestro, una donna, quella che piangeva, ti vuole. Dice che deve andare via e che deve parlarti».

«Ma a questo modo come e quando mangia il Maestro?», esclama Pietro.

«Dovevi dirle di venire più tardi», dice Filippo.

«Silenzio. Mangerò dopo. Andate avanti voi».

Gesù esce. La donna è lì fuori.

«Maestro… una parola… Tu hai detto… Oh! vieni dietro la casa! È penoso dire il mio dolore!».

Gesù l’accontenta senza parlare. Solo quando è dietro alla casa chiede: «Che vuoi da Me?».

«Maestro… io ti ho sentito prima, quando parlavi fra noi…

e poi ti ho sentito quando predicavi. Sembra Tu abbia parlato per me. Tu hai detto che in ogni malattia fisica o morale è Satana… Io ho un figlio malato nel cuore. Ti avesse udito quando dicevi dei genitori! È il mio tormento. Si è sviato con cattivi compagni ed è… è proprio come Tu dici… ladro… in casa per ora, ma… È rissoso… prepotente… Giovane come è, si rovina con lussurie e crapule. Mio marito lo vuole cacciare. Io… io sono la madre… e soffro a morirne. Vedi come ansa il mio petto?

È il cuore che mi si spezza per tanto dolore. È da ieri che voglio parlarti perché… spero in Te, mio Dio. Ma non osavo dire niente. È così doloroso per una mamma dire: “Ho un figlio crudele”!». La donna piange, curva e dolente, davanti a Gesù.

«Non piangere più. Egli guarirà dal suo male».

«Se potesse udirti, sì. Ma lui non vuole udirti. Oh! non guarirà mai!».

«Ma hai fede tu per lui? Hai volontà tu per lui?».

«E me lo chiedi? Vengo dall’Alta Perea per pregarti per lui…».

«E allora va’. Quando giungerai alla casa tuo figlio ti verrà incontro pentito».

«Ma come?».

«Come? E credi che Dio non possa ciò che Io chiedo? Tuo figlio è là. Io sono qua. Ma Dio è dovunque. Io dico a Dio: “Padre, per questa madre pietà”. E Dio tuonerà il suo richiamo nel cuore di tuo figlio. Vai, donna. Un giorno passerò per le contrade del tuo paese e tu, orgogliosa del tuo maschio, mi verrai incontro insieme a lui. E quando egli ti piangerà sui ginocchi, chiedendoti perdono e narrandoti la sua misteriosa lotta da cui è uscito con un’anima nuova, e ti chiederà come avvenne, tu digli: “È per Gesù che sei rinato al Bene”. Parlagli di Me. Se a Me sei venuta, è segno che sai. Fa’ che egli sappia e mi pensi per avere seco la forza che salva. Addio. La pace alla madre che ebbe fede, al figlio che torna, al padre contento, alla famiglia ricomposta. Va’».

La donna se ne va verso il paese e tutto ha fine.


Notes

  1. dit en : Lv 19, 18.

Note

  1. dice, in: Levitico 19, 18.