155.1
Jésus dit :
« Petit Jean, viens avec moi. Je veux te faire écrire une instruction pour les consacrés d’aujourd’hui. Regarde et écris. »
155.1
Jésus dit :
« Petit Jean, viens avec moi. Je veux te faire écrire une instruction pour les consacrés d’aujourd’hui. Regarde et écris. »
155.2
Jésus est encore à Césarée Maritime. Il n’est plus sur la place d’hier mais plus à l’intérieur, à un endroit d’où l’on voit pourtant le port et les navires. Beaucoup d’entrepôts et de boutiques s’élèvent ici. Des nattes couvertes de produits variés se trouvent par terre, à même le sol, de sorte que j’en conclus que je suis près des marchés qui se tenaient peut-être au voisinage du port et des magasins pour la commodité des navigateurs et de ceux qui viennent acheter les marchandises apportées par bateaux. L’endroit bourdonne des allées et venues de la foule.
Jésus attend avec Simon et ses cousins que les autres aient pris les vivres dont ils ont besoin. Des enfants regardent avec curiosité Jésus, qui les caresse doucement tout en parlant avec ses apôtres. Jésus dit :
« Il me déplaît de voir qu’on est mécontent que j’aille auprès des païens. Mais je ne peux faire autre chose que mon devoir et être bon avec tout le monde. Efforcez-vous d’être bons, au moins vous trois et Jean ; les autres vous suivront par imitation.
– Mais comment faire pour être bon avec tout le monde ? Ces gens nous méprisent, nous oppriment, ne nous comprennent pas, ont plein de vices…, dit Jacques, fils d’Alphée, en s’excusant.
– Comment faire ? Tu es content d’être né d’Alphée et de Marie ?
– Oui, bien sûr. Pourquoi me demandes-tu cela ?
– Et si Dieu t’avait interrogé avant ta conception, aurais-tu voulu naître d’eux ?
– Mais oui. Je ne comprends pas…
– Et si, au contraire, tu étais né d’un païen, qu’est-ce que tu aurais dit en t’entendant accuser d’avoir voulu naître d’un païen ?
– J’aurais dit… j’aurais dit : “ Je n’en suis pas responsable. Je suis né de lui, mais j’aurais pu naître d’un autre. ” J’aurais dit : “ Il n’est pas juste de m’accuser. Si je ne fais pas de mal, pourquoi me haïssez-vous ? ”
– Tu l’as dit. Eux aussi, que vous méprisez en tant que païens, peuvent dire la même chose. Tu n’as pas de mérite à être né d’Alphée, qui est un vrai juif. Tu dois seulement en remercier l’Eternel parce qu’il t’a fait un grand don, et par reconnaissance et humilité chercher à amener au vrai Dieu ceux qui ne l’ont pas reçu.
155.3
Il faut être bon.
– Il est difficile d’aimer ceux qu’on ne connaît pas !
– Non. Regarde. Toi, petit, viens ici. »
Un garçon d’environ huit ans, qui jouait dans un coin avec deux autres camarades, s’approche. C’est un garçon robuste aux cheveux noirs alors que son teint est très blanc.
« Qui es-tu ?
– Je suis Lucius, Caïus Lucius, fils de Caïus Marius, je suis romain, fils du décurion de garde resté ici après avoir été blessé.
– Et ceux-ci, qui sont-ils ?
– Ce sont Isaac et Tobie. Mais on ne doit pas le dire, parce qu’ils seraient punis.
– Pourquoi ?
– Parce qu’ils sont hébreux, et moi romain, et on ne peut pas.
– Mais tu restes avec eux. Pourquoi ?
– Parce que nous nous aimons bien. Nous jouons toujours ensemble aux dés, ou à sauter. Mais on le fait en cachette.
– Et moi, tu m’aimerais bien ? Je suis hébreu, moi aussi, et je ne suis pas un enfant. Réfléchis : je suis un maître, on pourrait dire, un prêtre.
– Et qu’est-ce que cela peut me faire ? Si tu m’aimes bien, je t’aime bien, et je t’aime bien parce que tu m’aimes bien.
– Comment le sais-tu ?
– Parce que tu es bon. Celui qui est bon aime bien.
– Voilà, mes amis, le secret pour aimer : être bon. Alors on aime sans se demander si un tel a la même foi ou non. »
Et Jésus, tenant par la main le petit Caïus Lucius, s’en va distribuer quelques caresses aux enfants hébreux qui, apeurés, se sont cachés derrière une porte cochère ; il leur dit :
« Les enfants bons sont des anges. Les anges ont une seule patrie : le paradis. Ils ont une seule religion : celle du Dieu unique. Ils ont un seul temple : le cœur de Dieu. Aimez-vous bien, comme des anges, toujours.
– Mais si on nous voit, on nous frappe… »
Jésus hoche tristement la tête sans répondre…
155.4
Une femme grande et plantureuse appelle Lucius qui quitte Jésus en s’écriant : « Maman ! » et il lance à la femme :
« J’ai un grand ami, tu sais ? C’est un maître ! … »
Au lieu de s’éloigner avec son fils, la femme vient vers Jésus et l’interroge :
« Salut. C’est toi, l’homme de Galilée qui parlait hier au port ?
– Oui, c’est moi.
– Alors attends-moi là. Je reviens tout de suite. »
Et elle s’en va avec l’enfant.
Entre-temps les autres apôtres sont arrivés, sauf Matthieu et Jean. Ils demandent :
« Qui était-ce ?
– Une romaine, je crois, répondent Simon et les autres.
– Et que voulait-elle ?
– Elle nous a dit d’attendre ici. Nous n’allons pas tarder à le savoir. »
Cependant, des gens se sont approchés et attendent avec curiosité.
La femme revient avec d’autres romains.
« Tu es donc le Maître ? » interroge un homme qui semble être le serviteur d’une maison riche. Après confirmation, il demande :
« Cela t’ennuierait-il de guérir la petite fille d’une amie de Claudia ? L’enfant est mourante car elle s’étouffe et le médecin ne sait pas de quoi elle meurt. Hier soir, elle était en bonne santé. Ce matin, elle est à l’agonie.
– Allons-y. »
Ils font quelques pas dans une rue qui mène à l’endroit où ils étaient hier et arrivent au portail grand ouvert d’une maison habitée, semble-t-il, par des romains.
« Attends un moment. »
L’homme entre rapidement et revient aussitôt en disant :
« Viens. »
155.5
Mais, avant même que Jésus puisse entrer, une jeune femme d’aspect distingué, mais visiblement au désespoir en sort. Elle tient dans les bras une petite fille de quelques mois qui s’abandonne, livide comme un noyé. A mon avis, elle a une diphtérie aiguë et est sur le point de mourir. La femme se réfugie sur la poitrine de Jésus, comme un naufragé sur un écueil. Ses pleurs sont tels qu’elle ne peut parler.
Jésus prend l’enfant qui a de petits mouvements convulsifs dans ses menottes cireuses aux ongles déjà violets. Il la lève. Sa petite tête pend sans force, en arrière. Sa mère, sans montrer le moindre orgueil d’une romaine devant un hébreu, s’est laissée glisser dans la poussière aux pieds de Jésus, et elle sanglote, le visage levé, les cheveux à moitié dénoués, les bras tendus agrippés au vêtement et au manteau de Jésus. Derrière et autour d’eux, des romains de la maison et des hébreux de la ville regardent.
Jésus mouille son index droit avec de la salive, le glisse dans la petite bouche haletante, et l’enfonce profondément. La fillette se débat et devient encore plus noire. Sa mère crie : « Non ! Non ! » et semble se tordre sous un couteau qui la transperce. Les gens retiennent leur souffle.
Mais le doigt de Jésus sort avec un amas de membranes purulentes. La fillette ne se débat plus et après avoir versé quelques larmes, se calme avec un sourire innocent, agitant ses menottes et remuant les lèvres comme un oiseau qui pépie en battant des ailes, dans l’attente de la becquée.
« Prends-la, femme. Donne-lui ton lait. Elle est guérie. »
La mère est tellement abasourdie qu’elle prend la petite et, restant comme elle est, dans la poussière, elle l’embrasse, la caresse, lui donne le sein, folle, oublieuse de tout ce qui n’est pas sa petite fille.
Un romain demande à Jésus :
« Mais comment as-tu pu ? Je suis le médecin du proconsul et je suis savant. J’ai essayé d’enlever l’obstacle, mais il était vraiment trop enfoncé ! Et toi… juste comme ça…
– Tu es savant, mais tu n’as pas le vrai Dieu avec toi. Qu’il en soit béni ! Adieu. »
Jésus fait mine de s’éloigner.
155.6
A ce moment, un petit groupe de juifs éprouve le besoin d’intervenir.
« Comment t’es-tu permis d’aborder des étrangers ? Ils sont corrompus, impurs, et quiconque les approche devient comme eux. »
Jésus les regarde – ils sont trois – fixement, avec sévérité, puis il parle :
« N’es-tu pas Aggée ? L’homme d’Azot venu ici au mois de Tisri dernier pour chercher à conclure des affaires avec un marchand qui réside près des fondations de la vieille source ? Et toi, n’es-tu pas Joseph de Rama, venu ici pour consulter le médecin romain et, comme moi, tu sais pourquoi ? Alors ? Vous ne vous croyez pas impurs ?
– Le médecin n’est jamais un étranger. Il soigne le corps, et le corps est le même pour tous.
– L’âme aussi, et même plus que le corps. Du reste, qu’est-ce que j’ai soigné ? Le corps innocent d’une enfant, et c’est de la même manière que j’espère guérir les âmes des étrangers, qui, elles, ne sont pas innocentes. Comme médecin et comme Messie, je peux donc aborder n’importe qui.
– Non. Tu ne le peux pas.
– Non, Aggée ? Et toi, pourquoi fais-tu des affaires avec un marchand romain ?
– Nos seuls contacts, ce sont la marchandise et l’argent.
– Et, sous prétexte que tu ne touches pas sa chair, mais seulement ce que sa main a touché, tu penses ne pas te contaminer ! Ah ! Hommes aveugles et cruels !
155.7
Ecoutez tous. Dans le livre du prophète dont cet homme porte justement le nom, il est dit[1] : “ Demande donc aux prêtres une décision, en ces termes : ‘ Si un homme porte de la chair sanctifiée dans le pan de son vêtement et touche avec son vêtement du pain, un mets, du vin, de l’huile et toute sorte d’aliment, cela deviendra-t-il saint ? ’ Et les prêtres ont répondu : ‘ Non. ’ Alors Aggée dit : ‘ Si quelqu’un, rendu impur par un cadavre, touche à tout cela, cela deviendra-t-il impur ? ’ Et les prêtres ont répondu : ‘ Oui. ’ ”
Par cette façon d’agir rusée, trompeuse et incohérente, vous excluez et condamnez le bien et vous n’acceptez que ce qui favorise vos intérêts. Alors vous n’avez plus ni mépris ni dégoût. C’est pour vous éviter un dommage personnel que vous décidez si telle chose est impure ou rend impur, et si telle autre ne l’est pas. Vous êtes des bouches mensongères car si, d’après vous, ce qui est sanctifié au contact d’une chair sainte ou une chose sainte ne sanctifie pas ce qu’il touche, comment pouvez-vous professer que ce qui a touché une chose impure puisse rendre impur ce qu’il touche ?
Vous ne comprenez pas que vous vous contredisez, ministres menteurs d’une Loi de vérité qui en tirez parti en la tordant comme une corde à seule fin d’en sortir quelque chose qui serve vos intérêts. Vous êtes des pharisiens hypocrites qui sous un prétexte religieux déversez votre rancœur humaine, tout humaine, des profanateurs de ce qui appartient à Dieu, des ennemis de l’Envoyé de Dieu que vous insultez. En vérité, en vérité je vous dis que chacun de vos actes, chacune de vos conclusions, chacune de vos démarches est mue par tout un mécanisme astucieux auquel servent de roues, de ressorts, de poids et de tirants, vos égoïsmes, vos passions, vos manques de sincérité, vos haines, votre soif de domination, vos envies.
C’est honteux ! Avides, tremblants de peur, haineux, vous vivez dans la peur orgueilleuse qu’un autre vous soit supérieur, même s’il n’est pas de votre caste. Et vous méritez alors d’être comme celui qui vous inspire la peur et la colère ! Comme le dit Aggée, d’un tas de vingt boisseaux vous en faites un de dix et d’un tas de cinquante barils vous en faites un de vingt pour empocher la différence alors que, pour l’exemple à donner à l’homme et pour l’amour de Dieu, vous devriez ne rien enlever au tas de boisseaux et au tas de barils, mais y ajouter une part de vos biens pour ceux qui ont faim. Vous méritez que le vent brûlant, que la rouille et la grêle rendent stériles toutes les œuvres de vos mains.
Quels sont parmi vous ceux qui viennent à moi ? Ceux qui pour vous ne sont que fumier et immondices, ces ignorants complets qui ne savent même pas que le vrai Dieu existe, eux viennent vers ceux à qui Dieu se rend présent dans les paroles et dans les œuvres. Mais vous, vous ! Vous vous êtes fait une niche et vous y demeurez. Vous êtes arides, froids comme des idoles en attente d’encens et d’adorations. Et puisque vous vous prenez pour des dieux, il vous paraît inutile de penser au vrai Dieu comme il convient, et il vous semble dangereux que d’autres que vous osent ce que vous n’osez pas. En vérité, il vous est impossible de l’oser, puisque vous êtes des idoles, des serviteurs de l’Idole. Mais celui qui ose peut, parce que ce n’est pas lui, mais Dieu qui agit en lui.
155.8
Allez ! Rapportez à ceux qui vous ont envoyés sur mes talons que je méprise les marchands qui ne considèrent pas que vendre des marchandises ou la patrie ou le Temple à ceux dont ils reçoivent de l’argent les contamine. Dites-leur que j’éprouve du dégoût pour les brutes qui ont seulement le culte de leur propre chair, de leur propre sang, et qui, quand il s’agit de leur guérison, ne tiennent pas les visites à un médecin étranger pour contaminantes. Dites-leur qu’il y a une seule mesure, et qu’elle est la même pour tous. Rapportez-leur que moi, le Messie, le Juste, le Conseiller, l’Admirable, celui sur qui descendra l’Esprit du Seigneur avec ses sept dons, celui qui ne jugera pas selon les apparences, mais selon ce qui se cache dans les cœurs, celui qui ne condamnera pas sur un ouï-dire, mais d’après les voix spirituelles qu’il entendra au-dedans de chaque homme, celui qui prendra la défense des humbles et jugera les pauvres avec justice, celui que je suis, – parce que je suis cela –, est déjà en train de juger et de frapper les hommes qui sur la Terre ne sont que terre ; et le souffle de ma respiration fera mourir l’impie et détruira son repaire, alors qu’il sera vie et lumière, liberté et paix pour ceux qui, poussés par un désir de justice et de foi, viendront à ma montagne sainte se rassasier de la science du Seigneur.
Cela est d’Isaïe[2], n’est-ce pas ?
Mon peuple ! Tout vient d’Adam, et Adam vient de mon Père. Tout est donc œuvre du Père, et j’ai le devoir de vous réunir tous au Père. Et moi, je te les conduis, Père saint, éternel, puissant, je t’amène tes fils errants après les avoir rassemblés en les appelant d’une voix pleine d’amour, en les rassemblant sous mon bâton de berger semblable à celui que Moïse éleva contre les serpents dont la morsure était mortelle. Pour que tu aies ton Royaume et ton peuple. Et je ne fais pas de différence entre les hommes parce qu’au fond de chaque vivant je vois un point plus brillant que le feu : l’âme, une étincelle qui vient de toi, éternelle Splendeur. O mon éternel désir ! O mon inlassable volonté !
C’est cela que je veux, c’est de cela que je brûle : une terre qui tout entière chante ton Nom. Une humanité qui t’appelle Père. Une rédemption qui les sauve tous. Une volonté fortifiée qui les rende tous soumis à ta volonté. Un triomphe éternel qui remplisse le paradis d’un hosanna sans fin… O multitude des Cieux !… Voici que je vois le sourire de Dieu… et cela est une compensation pour toute la dureté des hommes. »
155.9
Les trois hommes se sont enfuis sous la grêle des reproches. Tous les autres, romains ou hébreux, sont restés, bouche bée. La femme romaine avec la petite fille rassasiée de lait – qui dort tranquillement sur le sein de sa mère – est restée là où elle était, presque aux pieds de Jésus, et elle pleure de joie maternelle et d’émotion spirituelle. Un grand nombre pleurent à la conclusion irrésistible de Jésus qui paraît flamboyer dans son extase.
Baissant les yeux et son esprit du Ciel sur la terre, Jésus voit la foule, voit la mère… et en passant, après un geste d’adieu à tous, il effleure de la main la jeune romaine comme pour la bénir de sa foi. Et il s’en va avec ses disciples pendant que les gens, encore sous le coup de l’émotion, restent sur place…
155.10
(La jeune romaine, si ce n’est pas une ressemblance fortuite, est l’une des celles qui étaient avec Jeanne, femme de Kouza, sur le chemin du Calvaire[3]. Comme personne n’a dit son nom, je n’en suis pas sûre.)
155.1
Dice Gesù: «Piccolo Giovanni, vieni con Me ché ti devo fare scrivere una lezione per i consacrati di oggi. Vedi e scrivi».
155.2
Gesù è ancora a Cesarea Marittima. Non è più in quella piazza di ieri ma in un luogo più interno, dal quale però ancora si vedono il porto e le navi. Qui sono molti fóndachi e botteghe e, dato che anche per terra, in questo spazio terroso, sono stuoie con merci varie, arguisco essere presso i mercati, che forse erano situati vicino al porto e ai magazzini per comodità dei naviganti e degli acquirenti le merci portate per mare. Vi è molto brusio e andare e venire di folla.
Gesù aspetta con Simone e i cugini che gli altri abbiano preso le cibarie che abbisognano. Dei bambini guardano curiosamente Gesù che li accarezza dolcemente mentre parla con i suoi apostoli. Dice Gesù: «Mi spiace vedere il malcontento perché avvicino gentili. Ma Io non posso che fare ciò che devo ed essere buono con tutti. Sforzatevi ad essere buoni almeno voi tre e Giovanni; gli altri vi verranno dietro per imitazione».
«Ma come si fa ad essere buoni con tutti? Infine essi ci sprezzano e opprimono, non ci capiscono, sono pieni di vizi…», si scusa Giacomo d’Alfeo.
«Come si fa? Tu sei contento di essere nato da Alfeo e da Maria?».
«Sì. Certo. Perché me lo chiedi?».
«E se fossi stato interrogato da Dio prima di essere concepito, avresti voluto nascere da loro?».
«Ma sì. Non capisco…».
«E se invece fossi nato da un pagano, sentendoti accusare di esser voluto nascere da un pagano, che avresti detto?».
«Avrei detto… avrei detto: “Io non ho colpa di questa cosa.
Sono nato da lui, ma avrei potuto nascere da un altro”. Avrei detto: “Siete ingiusti nell’accusa. Se non faccio del male, perché mi odiate?”».
«Lo hai detto. Anche questi, che voi sprezzate perché pagani, possono dire la stessa cosa. Tu non hai merito ad esser nato da Alfeo, vero israelita. Ne devi ringraziare solo l’Eterno perché ti ha fatto un grande dono, e per riconoscenza ed umiltà cercare di portare al Dio vero altri che non hanno questo dono.
155.3
Buoni bisogna essere».
«È difficile amare chi non si conosce!».
«No. Guarda. Tu, piccino, vieni qui».
Si accosta un bambino di un otto anni circa, che giuoca in un angolo con altri due maschietti. Un bambino robusto e molto bruno di capelli mentre ha carne bianchissima.
«Chi sei?».
«Sono Lucio, Caio Lucio di Caio Mario, romano sono, figlio del decurione di guardia, qui rimasto dopo la ferita».
«E quelli chi sono?».
«Sono Isacco e Tobia. Ma non si deve dirlo perché non si può. Sarebbero percossi».
«Perché?».
«Perché loro sono ebrei e io sono romano. Non si può».
«Ma tu ci stai con loro. Perché?».
«Perché ci vogliamo bene. Giuochiamo sempre insieme ai dadi e al saltarello. Ma si sta nascosti».
«E a Me vorresti bene? Sono ebreo anche Io e non sono un bambino. Pensa: sono un maestro, come dire un sacerdote».
«E a me che mi preme? Se mi vuoi bene, io ti voglio bene. E bene ti voglio perché Tu mi vuoi bene».
«Come lo sai?».
«Perché sei buono. Chi è buono vuole bene».
«Ecco, amici. Il segreto per amare. Essere buoni. Allora si ama senza pensare se questo è o non è di una fede».
E Gesù, tenendo per mano il piccolo Caio Lucio, va a carezzare i piccoli ebrei che si sono spaventati e nascosti dietro un androne, e dice loro: «I buoni bambini sono angeli. Gli angeli hanno una sola patria: il Paradiso. Hanno una sola religione: quella dell’unico Dio. Hanno un solo tempio: il Cuore di Dio. Vogliatevi bene, da angeli, sempre».
«Ma se ci vedono ci picchiano…».
Gesù crolla mestamente il capo e non ribatte…
155.4
Una donna alta e formosa chiama Lucio e questo lascia Gesù gridando: «La mamma!», e alla donna grida: «Ho un amico grande, sai? È un maestro!…».
La donna non si allontana col figlio, ma anzi viene verso Gesù e lo interroga: «Salve. Sei Tu l’uomo di Galilea che ieri parlò al porto?».
«Sono Io».
«Attendimi qui, allora. Farò presto», e se ne va col suo piccolo.
Anche gli altri apostoli sono intanto giunti, tutti meno Matteo e Giovanni, e chiedono: «Chi era?».
«Una romana, credo», rispondono Simone e gli altri.
«E che voleva?».
«Ha detto di aspettare qui. Lo sapremo».
Della gente intanto è venuta vicino e curiosa attende.
Torna la donna con altri romani. «Tu dunque sei il Maestro?», chiede uno che pare un servo di casa signorile. E avutane conferma chiede: «Ti sarebbe ribrezzo curare una piccola figlia di un’amica di Claudia? La bambina è morente perché soffoca, né il medico sa di che muore. Ieri sera sana. Questa mattina in agonia».
«Andiamo».
Fanno pochi passi per una via che va verso il posto di ieri e giungono al portone spalancato di una casa che sembra abitata da romani.
«Attendi un momento». L’uomo entra veloce e quasi subito si riaffaccia dicendo: «Vieni».
155.5
Ma prima ancora che Gesù possa entrare, ne esce una giovane di aspetto signorile, ma in una condizione di strazio più che visibile. Ha sulle braccia una creaturina di pochi mesi abbandonata, livida come uno che affoga. Io direi che aveva una difterite mortale e che è agli ultimi attimi di vita. La donna si rifugia sul petto di Gesù come un naufrago su uno scoglio. Il suo pianto è tale che non la lascia parlare.
Gesù prende la creaturina, che ha dei piccoli moti convulsivi nelle manine ceree dalle unghiette già violacee, e la alza. Il capino spenzola all’indietro senza forza. La madre, senza più superbia di romana rispetto all’ebreo, è scivolata ai piedi di Gesù, nella polvere, e singhiozza col volto levato, i capelli mezzi disciolti, le braccia tese che brancicano la veste e il mantello di Gesù. Dietro e intorno, romani della casa e ebree della città che guardano.
Gesù bagna il suo indice destro con la sua saliva e lo mette nella bocchina anelante, lo ficca in giù. La bambina si dibatte e diviene più nera ancora. La madre urla: «No! No!» e pare una che si torca sotto una lama che la trapassi. La gente trattiene il respiro.
Ma il dito di Gesù esce insieme ad un ammasso di membrane purulente e la bambina non si dibatte più e, dopo un piccolo versolino di pianto, si calma in un sorriso innocente, agitando le manine e muovendo le labbra come un uccellino che pigoli sbattendo le alucce in attesa della imboccata.
«Prendi, donna. Dàlle il latte. È guarita».
La madre è talmente sbalordita che prende la piccolina e stando come è, nella polvere, se la bacia, se la carezza, le dà il seno, folle, dimentica di tutto che non sia la sua piccina.
Un romano chiede a Gesù: «Ma come hai potuto? Io sono il medico del Proconsole e dotto sono. Ho cercato rimuovere l’ostacolo. Ma era giù, troppo giù!… E Tu… così…».
«Dotto sei. Ma con te non è il Dio vero. Ne sia Egli benedetto! Addio». E Gesù fa per andare.
155.6
Ma ecco che un gruppetto di israeliti sente il bisogno di intervenire. «Come ti sei permesso di accostare degli stranieri? Corrotti, impuri sono, e chiunque li avvicini si rende tale».
Gesù li guarda – sono in tre – fisso, severo, e poi parla:
«Non sei tu Aggeo? L’uomo di Azoto qui venuto lo scorso tisri a cercare di stringere affari col mercante che sta alle fondamenta del vecchio fontanile? E tu non sei Giuseppe di Rama, venuto qui per consultare il medico romano, e tu ne sai, come Io so, il perché? E allora? Non vi sentite voi impuri?».
«Il medico non è mai straniero. Cura il corpo, e il corpo è uguale per tutti».
«L’anima lo è con più ragione del corpo. Del resto, che ho Io curato? Il corpo innocente di un pargolo, e con questo mezzo spero curare le anime non innocenti degli stranieri. Come medico e come Messia posso dunque avvicinare chiunque».
«Non lo puoi».
«No, Aggeo? E tu perché tratti col mercante romano?».
«Non lo avvicino che con la merce e il denaro».
«E poiché non tocchi la sua carne, ma solo quello che fu dalla sua mano toccato, non ti pare di contaminarti. Oh! ciechi e crudeli!
155.7
Udite tutti. Proprio nel libro del Profeta di cui costui porta il nome è detto[1]: “Rivolgi ai sacerdoti questa questione sulla Legge: ‘ Se un uomo porta della carne santificata nel lembo del suo vestito e con esso tocca poi vino o pietanze, pane o olio o altri alimenti, saranno questi santificati? ’. E i sacerdoti risposero: ‘ No ’. Allora Aggeo disse: ‘ Se uno, immondo a causa di un morto, toccherà una di queste cose, sarà essa contaminata? ’. E i sacerdoti risposero: ‘ Sì ’”.
Per questa subdola, menzognera, incoerente maniera di agire, voi precludete e condannate il Bene e solo accettate ciò che è vostro utile. Allora cessa lo sdegno, lo schifo, il ribrezzo. Voi distinguete, purché ciò non vi porti a danno personale, se questo è immondo e rende immondo, o se quell’altro non lo è. E come potete, bocche di menzogna, professare che se ciò che è santificato dall’aver toccato carne santa, o cosa santa, non santifica ciò che tocca; ciò che ha toccato cosa immonda possa rendere immondo ciò che tocca?
Non capite che vi smentite, bugiardi ministri di una Legge di Verità, profittatori della stessa che torcete come canapo a seconda che vi preme trarne un utile, ipocriti farisei che sotto il pretesto religioso sfogate il vostro livore umano, tutto umano, profanatori di ciò che è di Dio, insultatori e nemici del Messo di Dio? In verità, in verità vi dico che ogni vostro atto, ogni vostra conclusione, ogni vostro movimento ha per movente tutto un meccanismo astuto a cui fanno da ruote e da molle, da pesi e tiranti, i vostri egoismi, le vostre passioni, le vostre insincerità, i vostri odi, le vostre seti di sopraffare, le vostre invidie.
Vergogna! Avidi, tremebondi, astiosi, voi vivete nella paura orgogliosa che uno vi superi pur non essendo della vostra casta. E meritate, allora, di essere come quell’uno che vi fa paura e ira! Voi che, come dice Aggeo, di un mucchio di venti moggia ne fate uno di dieci, e di cinquanta barili venti, intascando l’utile della differenza, mentre, e per l’esempio da dare all’uomo e per l’amore da dare a Dio, dovreste al mucchio delle moggia e al mucchio dei barili non levare ma aggiungere del vostro a pro di chi ha fame, meritate di essere steriliti col vento infocato e con la ruggine e la grandine in tutte le opere delle vostre mani.
Chi sono fra voi quelli che vengono a Me? Questi, questi che per voi sono sterco e immondezza, queste supreme ignoranze che neppure sanno esservi il vero Dio, vengono a chi questo Dio porta presente nelle parole e nelle opere. Ma voi, ma voi! Voi vi siete fatti una nicchia, e lì state. Aridi, freddi come idoli in attesa degli incensi e delle adorazioni. E, poi che dèi vi credete, vi pare inutile pensare al vero Iddio, così come va pensato, e pericoloso vi sembra che altri, che voi non siete, osino ciò che voi non osate. Voi non lo potete, in verità, osarlo, perché siete idoli. E perché siete servi dell’Idolo. Ma colui che osa può, perché non lui ma Dio in lui opera.
155.8
Andate! Riferite a chi vi ha messo alle mie calcagna che Io ho sdegno dei mercanti che non reputano contaminazione vendere le merci o la patria o il Tempio a coloro da cui hanno denaro. Dite a costoro che Io ho ribrezzo per i bruti che hanno solo il culto della propria carne e del proprio sangue, e per la guarigione di questi non reputano contaminazione avvicinare il medico straniero. Dite che uguale è la misura e non vi sono due misure. Dite che Io, il Messia, il Giusto, il Consigliere, l’Ammirabile, Quello che avrà su di Lui lo Spirito del Signore nei suoi sette doni, Quello che non giudicherà per quello che apparisce agli occhi ma per quello che è segreto dei cuori, Quello che non condannerà per quello che sente cogli orecchi ma per le voci spirituali che udrà nell’interno di ogni uomo, Quello che prenderà le difese degli umili e giudicherà con giustizia i poveri, Quello che Io sono, perché questo Io sono, già sta giudicando e percuotendo quelli che sulla Terra solo terra sono, e il soffio del mio respiro farà morire l’empio e sterminerà il suo covo, mentre sarà Vita e Luce, Libertà e Pace per coloro che, desiderosi di giustizia e di fede, verranno al mio monte santo, a saziarsi della Scienza del Signore.
Questo è Isaia[2], non è vero? Il mio popolo! Tutto viene da Adamo, e Adamo viene dal Padre mio. Tutto è dunque opera del Padre e tutti ho il dovere di radunare al Padre. Ed Io te li conduco, o Padre santo, eterno, potente, Io te li conduco i figli erranti dopo averli radunati chiamandoli con le voci dell’amore, radunandoli sotto la mia verga pastorale simile a quella che Mosè alzò contro i serpenti di morte. Perché Tu abbia il tuo Regno ed il tuo popolo. Né faccio distinzioni, perché in fondo ad ogni vivente Io vedo un punto che splende più del fuoco: l’anima, una scintilla di Te, eterno Splendore. O mio eterno desiderio! O mio instancabile volere!
Questo voglio. Di questo ardo. Una Terra che canti tutta il tuo Nome. Una umanità che ti chiami Padre. Una redenzione che tutti salvi. Una volontà fortificata che faccia tutti ubbidienti alla volontà tua. Un trionfo eterno che empia il Paradiso di un osanna senza fine… Oh! moltitudine dei Cieli!… Ecco. Io vedo il sorriso di Dio… e questo è il premio contro ogni durezza umana».
155.9
I tre sono fuggiti sotto la grandine dei rimproveri. Gli altri, tutti, romani o ebrei, sono rimasti a bocca aperta. La donna romana, con la piccolina sazia di latte che dorme placida nel grembo materno, è rimasta là dove era, quasi ai piedi di Gesù, e piange di gioia materna e di commozione spirituale. Molti piangono per la travolgente chiusa di Gesù, che pare fiammeggiare nella sua estasi.
E Gesù, abbassando gli occhi e lo spirito dal Cielo alla Terra, vede la folla, vede la madre… e nel passare, dopo un gesto di addio a tutti, sfiora con la mano la giovane romana, come a benedirla per la sua fede. E se ne va, coi suoi, mentre la gente, ancora stupita, resta dove è…
155.10
(La giovane romana, se non è una fortuita somiglianza, è una delle romane che erano con Giovanna di Cusa sulla via del Calvario[3]. Posto che qui nessuno l’ha chiamata a nome, sono incerta).