Gli Scritti di Maria Valtorta

214. La mère de Judas se confie à la Mère de Jésus, arrivée à Kérioth avec Simon le Zélote.

214. La madre di Giuda si confida con la Madre di Gesù, giunta a Keriot con Simone Zelote.

214.1

Jésus est sur le point de se mettre à table, dans la belle maison de Judas, en compagnie de tous ses disciples. Et il dit à la mère de Judas, venue de sa maison de campagne pour recevoir dignement le Maître :

« Non, mère, tu dois rester toi aussi avec nous. Ici, nous sommes en famille. Ce n’est pas le banquet froid et compassé des hôtes d’occasion. Moi, je t’ai pris un fils et je veux que tu me prennes comme fils, de même que, moi, je te prends comme mère, car tu en es bien digne. N’est-ce pas vrai, mes amis, qu’ainsi nous nous sentirons tous plus contents et plus à notre aise ? »

Les apôtres et les deux Marie acquiescent chaleureusement, et la mère de Judas, les yeux scintillant de larmes, doit s’asseoir entre son fils et le Maître qui a en face de lui les deux Marie, et Marziam au milieu.

La servante apporte les mets, que Jésus offre et bénit ; puis il les distribue – car, sur ce point, la mère de Judas reste inflexible – mais en commençant toujours par elle, ce qui émeut toujours plus la femme et rend Judas tout fier, et en même temps pensif.

Les conversations roulent sur divers sujets, et Jésus cherche à intéresser la mère de Judas et à la mettre en relation avec les deux Marie.

214.2

Margziam y joue un grand rôle lorsqu’il déclare qu’il aime déjà bien la mère de Judas “ parce qu’elle s’appelle Marie, comme toutes les femmes qui sont bonnes. ”

« Et celle qui nous attend sur le lac, tu ne l’aimeras pas, petit méchant ? demande Pierre, à moitié sérieux.

– Oh si ! Beaucoup, si elle est bonne.

– Pour cela, tu peux en être certain. Tout le monde le dit, et je dois reconnaître moi aussi que, si elle a toujours été douce avec sa mère et avec moi, c’est vraiment signe qu’elle est bonne. Mais elle ne s’appelle pas Marie, mon fils. Elle a un nom bizarre, car son père lui a donné le nom de ce qui l’avait enrichi : il a voulu l’appeler Porphyrée. La pourpre est belle et précieuse. Mon épouse n’est pas belle, mais sa bonté la rend précieuse. Et moi, je l’ai aimée parce qu’elle est paisible, chaste, silencieuse. Trois vertus… qui ne sont guère faciles à trouver ! Je l’avais remarquée alors qu’elle n’était qu’une petite fille. Je descendais à Capharnaüm avec le poisson et je la voyais travailler silencieusement aux filets ou à la fontaine, ou encore dans le jardin de la maison. Ce n’était pas le papillon distrait qui volette de-ci de-là, ni la poulette étourdie qui se retourne à chaque cocorico du coq. Elle ne levait jamais la tête, même si elle entendait des voix d’homme. Alors, quand je lui ai adressé mes premières salutations, tout amoureux de sa bonté et de ses magnifiques tresses – c’était tout ce qu’elle avait de bien – et aussi… oui, et aussi apitoyé par sa condition d’esclave dans sa famille (elle avait alors seize ans), elle a à peine répondu, en baissant davantage son voile et en restant encore plus à la maison. Ah, il m’en a fallu du temps pour réussir à savoir si elle ne me prenait pas pour un ogre et pour envoyer le paranymphe ! Mais je ne regrette rien. J’aurais pu faire tout le tour de la terre, mais jamais je n’en aurais trouvée une comme elle. N’est-ce pas, Maître, qu’elle est bonne ?

– Très bonne. Et je suis sûr que Marziam l’aimera, même si elle ne s’appelle pas Marie. N’est-ce pas, Marziam ?

– Oui. Elle s’appelle “ maman ”, or les mamans sont bonnes et on les aime. »

214.3

Puis Judas raconte ce qu’il a fait pendant la journée. Je comprends qu’il est allé prévenir sa mère de leur arrivée et que, ensuite, il a commencé à parler dans les campagnes de Kérioth en compagnie d’André. Il ajoute :

« Mais je voudrais que, demain, vous veniez tous. Je ne veux pas être le seul à briller. Nous irons, autant que possible, un Judéen avec un galiléen. Moi, par exemple avec Jean, et Simon avec Thomas. Si l’autre Simon pouvait venir ! Quant à vous deux (il désigne les fils d’Alphée), vous pouvez y aller ensemble. J’ai dit, même à ceux qui ne voulaient pas le savoir, que vous étiez les frères du Maître. Vous deux aussi (il montre Philippe et Barthélemy), vous pouvez aller ensemble. J’ai dit que Nathanaël est un rabbin venu à la suite du Maître. Cela fait bonne impression. Et… il reste vous trois. Mais dès l’arrivée de Simon le Zélote on pourra faire un couple de plus. Et puis nous alternerons, parce que je veux qu’ils vous connaissent tous… »

Judas est plein d’entrain.

« J’ai parlé sur le Décalogue, Maître, en cherchant à mettre en lumière spécialement les points auxquels je sais que cette région est plus infidèle…

– N’aie pas la main lourde, Judas, je t’en prie. Garde toujours à l’esprit que la douceur obtient plus que l’intransigeance et que tu es un homme, toi aussi. Examine-toi donc, et vois comme il t’est facile à toi aussi de tomber et comment tu te fâches pour des reproches trop directs, intervient Jésus tandis que la mère de Judas baisse la tête en rougissant.

– Ne crains rien, Maître, je m’efforce de t’imiter en tout. Cependant, dans le village que nous apercevons par cette porte même – ils déjeunent portes ouvertes et l’on découvre un bel horizon de cette pièce surélevée –, il y a un infirme qui voudrait guérir et qu’on ne peut transporter. Voudrais-tu venir avec moi ?

– Demain, Judas, demain matin sans faute. Et s’il y a d’autres malades, prévenez-moi ou conduisez-moi à eux.

– Veux-tu vraiment combler de bienfaits ma patrie, Maître ?

– Oui, pour qu’on ne puisse pas dire que j’ai été injuste envers ceux qui ne m’ont pas fait de mal. Je fais du bien même aux méchants ! Par conséquent, pourquoi pas aux habitants honnêtes de Kérioth ? Je veux laisser de moi un souvenir indélébile…

– Mais comment ? Nous ne reviendrons plus ici ?

– Nous reviendrons encore, mais…

214.4

– Voici ta Mère, ta Mère avec Simon ! » s’écrie l’enfant qui voit Marie et Simon monter l’escalier qui mène à la terrasse où se trouve la pièce.

Tous se lèvent et vont à la rencontre des deux arrivants. Bruits d’exclamations, de salutations, de sièges qu’on remue. Mais rien ne détourne Marie de saluer en premier Jésus, puis la mère de Judas qui s’est profondément inclinée et que Marie, au contraire, relève et embrasse comme si c’était une chère amie retrouvée après une longue absence.

Ils rentrent dans la pièce, et Marie, la mère de Judas, ordonne à la servante d’apporter de nouveaux plats pour ceux qui viennent d’arriver.

« Voici, mon Fils, la salutation d’Elise » dit Marie, qui remet à Jésus un petit rouleau qu’il ouvre et lit.

Il dit ensuite :

« Je le savais, j’en étais certain. Merci, Maman, pour Elise et pour moi. Tu es vraiment la santé des infirmes !

– Moi ? Toi, mon Fils, pas moi.

– Toi, et tu es ma plus grande aide. »

Puis il se tourne vers les apôtres et vers les femmes disciples :

« Elise écrit : “ Reviens, ma Paix. Je veux non seulement t’aimer mais te servir. ” Ainsi, nous avons relevé une femme de l’angoisse, de la mélancolie, et nous avons gagné en elle un disciple. Nous reviendrons, oui.

– Elle veut connaître aussi les femmes disciples. Elle reprend lentement, mais régulièrement. Pauvre chérie ! Elle a encore des moments de défaillance et de peur. N’est-ce pas, Simon ? Un jour, elle a voulu essayer de sortir avec moi, mais elle a vu un ami de son Daniel… et nous avons eu beaucoup de mal à calmer son chagrin. Mais Simon est si bon ! Puisqu’elle éprouve le désir de rentrer dans le monde, mais que le monde de Bet-çur est chargé de trop de souvenirs pour elle, il m’a suggéré d’appeler Jeanne. Et il est allé l’appeler lui-même. Elle était revenue à Béther après les fêtes, auprès de ses splendides roseraies de Judée. Simon dit qu’il lui semblait rêver en traversant ces collines couvertes de rosiers, il croyait être au paradis. Elle est venue aussitôt. Elle a pu comprendre une mère qui pleure ses fils et compatir à ses souffrances ! Elise s’est beaucoup attachée à elle et, moi, je suis venue. Jeanne veut la persuader de sortir de Bet-çur et de l’accompagner dans son château. Et elle y parviendra, car elle est douce comme une colombe, mais ferme comme du granit quand elle le veut.

– Nous irons à Bet-çur au retour, puis nous nous séparerons. Vous, les femmes disciples, vous resterez quelque temps avec Elise et Jeanne. Nous, nous parcourrons la Judée et nous nous retrouverons à Jérusalem pour la Pentecôte. »…

214.5

… Marie la très sainte et Marie, mère de Judas, sont ensemble. Non pas dans la maison de ville, mais dans celle de campagne. Elles sont seules. Jésus et les apôtres sont dehors. Les femmes disciples et l’enfant sont dans la splendide pommeraie, et l’on entend leurs voix se mêler au bruit du linge que l’on bat au lavoir. Peut-être font-elles la lessive pendant que l’enfant joue.

La mère de Judas, assise dans une pièce dans la pénombre à côté de Marie, lui confie :

« Ces jours paisibles resteront en moi comme un doux rêve. Ils sont vraiment trop courts ! Je comprends qu’il ne faut pas être égoïste et qu’il est juste que vous alliez chez cette pauvre femme et vers tant d’autres malheureux. Mais si je pouvais ! Si je pouvais arrêter le temps, ou venir avec vous !… Mais cela m’est impossible. Je n’ai pas de parents en dehors de mon fils et je dois m’occuper des biens de la maison…

– Je comprends… Tu souffres de te séparer de ton fils. Nous les mères, nous voudrions rester toujours avec nos enfants. Mais nous les donnons pour une bien grande cause et nous ne les perdons pas. La mort elle-même ne nous enlève pas nos enfants, s’ils sont et si nous sommes en grâce aux yeux de Dieu. Mais nous les avons encore sur la terre, même si la volonté de Dieu les arrache à notre sein pour les donner au monde, pour le bien de ce monde. Nous pouvons toujours les atteindre et le seul écho de leurs œuvres est déjà pour nous comme une caresse au cœur, car leurs œuvres sont le parfum de leurs âmes.

214.6

– Qu’est ton Fils, pour toi, Femme ? » questionne doucement Marie, mère de Judas.

Marie répond avec assurance :

« C’est ma joie.

– Ta joie ! »

A ces mots, la mère de Judas fond en larmes en se courbant sur elle-même, comme pour cacher son chagrin. Son front touche pour ainsi dire ses genoux, tant elle est repliée sur elle-même.

« Pourquoi pleures-tu, ma pauvre amie ? Pourquoi ? Dis-le-moi. Je suis heureuse dans ma maternité, mais je sais comprendre aussi les mères qui ne le sont pas…

– Oui, les mères qui ne sont pas heureuses ! J’en suis une. Ton Fils est ta joie… Le mien est ma douleur. Il l’était, du moins. Maintenant, depuis qu’il est avec ton Fils, il m’afflige moins. Ah ! De tous ceux qui prient pour ton saint Fils, pour son bien et son triomphe, il n’y en a pas une, après toi – qui es bienheureuse –, qui prie autant que cette malheureuse qui te parle… Dis-moi la vérité : que penses-tu de mon fils ? Nous sommes deux mères, l’une en face de l’autre. Entre nous, il y a Dieu. Et nous parlons de nos fils. Tu ne peux que trouver facile de parler du tien. Moi… moi, je dois me faire violence pour parler du mien. Pourtant, quel bien ou quelle douleur cette conversation peut m’apporter ! Et même si c’est de la douleur, ce sera toujours un soulagement d’en avoir parlé…

Cette femme de Bet-çur a été rendue presque folle par la mort de ses fils, n’est-ce pas ? Mais, moi, je te jure que, parfois, j’ai pensé et pense encore en regardant mon Judas, beau, en pleine santé, intelligent, mais qui n’est ni bon ni vertueux, qui n’a pas l’âme droite, dont les sentiments ne sont pas sains, que je préférerais le pleurer mort plutôt que de le savoir… de le savoir très mal vu de Dieu. Toi, dis-moi, que penses-tu de mon fils ? Sois franche. Cela fait plus d’un an que cette question me brûle le cœur. Mais à qui le demander ? Aux habitants ? Eux, ils ignoraient encore que le Messie est sur terre et que Judas voulait aller avec lui. Moi, je le savais. Il me l’avait dit en venant ici, après la Pâque, exalté, violent, comme toujours quand il fait un caprice et comme toujours plein de mépris pour les conseils de sa mère. A ses amis de Jérusalem ? Une sainte prudence et une pieuse espérance me retenaient de le faire. Je ne voulais pas leur dire, à eux que je ne peux pas aimer parce qu’ils sont tout sauf des saints : “ Judas suit le Messie. ” Et j’espérais que son caprice passerait comme tant d’autres, comme tous, en me causant, bien sûr, larmes et chagrins comme à plus d’une jeune fille ici et ailleurs dont il s’est entiché, mais qu’il n’a jamais épousée. Tu ne sais pas qu’il y a des endroits où il ne va plus parce qu’il pourrait s’y trouver à juste titre châtié ? Même son engagement au Temple fut un caprice. Il ne sait pas ce qu’il veut. Il ne l’a jamais su. Son père — que Dieu lui pardonne — l’a pourri. Les deux hommes de la maison ne m’ont jamais écoutée. Je n’ai eu qu’à pleurer et à réparer par des humiliations de toutes sortes… A la mort de Joanna — bien que personne ne l’ait dit, je sais, moi, qu’elle est morte de chagrin quand, après l’avoir attendu pendant toute sa jeunesse, elle a su par Judas qu’il ne voulait pas se marier, alors qu’il était notoire qu’à Jérusalem il avait envoyé des amis pour demander sa fille à une femme riche qui possédait des comptoirs jusqu’à Chypre — j’ai dû beaucoup pleurer, beaucoup, à cause des reproches que me fit la mère de la jeune morte, comme si j’avais été complice de mon fils. Non. Je ne le suis pas, mais je ne suis rien auprès de lui.

L’an dernier, quand le Maître est venu ici, je me suis rendu compte que, lui, il avait compris… et je fus sur le point de parler. Mais il est douloureux pour une mère de devoir dire : “ Méfie-toi de mon fils. Il est avide, il a le cœur dur, c’est un vicieux, un orgueilleux, un instable. ” Et il l’est bien. Moi…, moi je prie pour que ton Fils, lui qui fait tant de miracles, en fasse un pour mon Judas… Mais toi, toi, dis-moi : que penses-tu de lui ? »

214.7

Marie, qui est restée silencieuse, avec une expression de douloureuse pitié devant ces lamentations maternelles auxquelles son âme droite ne peut apporter de démenti, dit doucement :

« Pauvre mère !… Qu’est-ce que je pense ? Oui, ton fils n’a pas l’âme limpide de Jean, il n’est pas le doux André, il n’a pas la fermeté de Matthieu qui a voulu se convertir et qui l’a fait. C’est… un instable, oui, c’est cela. Mais nous prierons beaucoup pour lui, toi et moi. Ne pleure pas. Peut-être que, dans ton amour de mère qui voudrait pouvoir être fière de ton enfant, tu le vois pire qu’il n’est…

– Non, non ! Je vois juste et j’ai tellement peur ! »

La pièce est emplie des plaintes de la mère de Judas ; dans la pénombre, la blancheur du visage de Marie ressort : elle est devenue plus pâle, après ces aveux maternels qui avivent tous les soupçons de la Mère du Seigneur.

Mais elle se domine. Elle attire à elle la malheureuse mère et la caresse, alors que celle-ci, une fois rompues les digues qui la retenaient, raconte confusément, fiévreusement, toutes les duretés, les exigences, les violences de Judas, avant d’achever :

« Je rougis pour lui quand je me vois l’objet des attentions affectueuses de ton Fils ! Je ne le lui demande pas. Mais je suis sûre que, au-delà de la bonté qu’elles expriment, il agit ainsi pour signifier par ses actes à Judas : “ Souviens-toi que c’est ainsi qu’on doit traiter une mère. ” Maintenant, maintenant il me paraît être toute bonté… Ah, si c’était vrai ! Aide-moi, aide-moi par ta prière, toi qui es sainte, pour que mon fils ne soit pas indigne de la grande grâce que Dieu lui a accordée ! S’il ne veut pas m’aimer, s’il ne veut pas m’être reconnaissant, à moi qui l’ai enfanté et élevé, cela n’est rien. Mais qu’il sache aimer réellement Jésus, qu’il sache le servir avec fidélité et reconnaissance. Si cela ne devait pas être, alors… alors que Dieu lui ôte la vie. Je préfère l’avoir au tombeau… je l’aurais enfin car, depuis qu’il a été en âge de raisonner, il m’a bien peu appartenu. Mort plutôt que mauvais apôtre. Puis-je faire cette prière ? Qu’en dis-tu ?

– Prie le Seigneur d’agir pour le mieux. Ne pleure plus. J’ai vu des prostituées et des païens aux pieds de mon Fils et, avec eux, des publicains et des pécheurs. Tous étaient devenus des agneaux par sa grâce. Espère, Marie, espère. Les peines des mères sauvent les enfants, ne le sais-tu pas ?… »

Tout s’achève sur cette question pleine de pitié.

214.1

Gesù è per andare a mensa nella bella casa di Giuda insieme a tutti i suoi. E dice alla madre di Giuda, venuta dalla sua casa di campagna per ospitare degnamente il Maestro: «No, madre, anche tu devi stare con noi. Qui siamo come una famiglia. Non è il banchetto freddo e compassato degli ospiti casuali. Io ti ho preso un figlio e voglio che tu mi prenda come un figlio, così come Io ti prendo come una madre, perché ne sei ben degna. Non è vero, amici, che così ci sentiremo tutti più contenti e più a nostro agio?».

Gli apostoli e le due Marie annuiscono con calore. E la madre di Giuda, con un grande luccichio nelle pupille, deve sedersi fra suo figlio e il Maestro, che ha di fronte le due Marie con Marziam al centro.

La servente porta le vivande e Gesù offre e benedice e poi spartisce, perché su questo la madre di Giuda è inflessibile. E spartisce sempre cominciando da lei, cosa che sempre più commuove la donna e inorgoglisce Giuda, e nello stesso tempo lo fa pensoso.

I discorsi vertono su diversi argomenti, e Gesù cerca interessarne la madre di Giuda e di affiatarla con le due discepole.

214.2

Molto a questo serve Marziam, che dichiara che lui vuole già molto bene anche alla madre di Giuda «perché si chiama Maria come tutte le donne che sono buone».

«E a quella che ci aspetta là sul lago non vorrai bene, cattivello?», chiede Pietro semiserio.

«Oh! molto bene, se sarà buona».

«Per questo ne puoi essere sicuro. Lo dicono tutti e lo devo dire anche io che, se è sempre stata mansueta con sua madre e con me, è proprio segno che è buona. Ma non si chiama Maria, figlio. Ha uno strambo nome, perché il padre le mise quello della cosa che gli aveva dato ricchezza e Porfirea la volle chiamare. La porpora è bella e preziosa. Mia moglie non è bella, ma è preziosa per la sua bontà. E io le ho voluto bene perché era tanto quieta, casta, silenziosa. Tre virtù… eh! non sono facili a trovarsi! L’avevo sbirciata fin da quando era una fanciulla. Scendevo a Cafarnao col pesce e la vedevo alle reti, oppure alla fonte, o anche nell’orto di casa lavorare e tacere, e non era la svagata farfalla che vola qua e là, e neppure la sventata gallinella che gira l’occhio per ogni chicchiricchì di gallo. Non alzava mai il capo anche se sentiva voci d’uomo e quando io, innamorato della sua bontà e delle sue splendide trecce, le sue uniche bellezze, e anche… sì, e anche impietosito per la sua condizione di schiava in famiglia, le ho rivolto i primi saluti – allora aveva sedici anni – lei ha risposto a mala pena, calando ancora di più il suo velo e ritirandosi ancora di più in casa. Eh! ce n’è voluto per capire se non le parevo un orco e per mandare avanti il paraninfo!… Ma non me ne pento. Potevo girare tutta la Terra, ma un’altra così non la trovavo. Non è vero, Maestro, che è buona?».

«Molto buona. E sono sicuro che Marziam l’amerà anche se non si chiama Maria. Non è vero, Marziam?».

«Sì. Quella si chiama “mamma”, e le mamme sono buone e si amano».

214.3

Poi Giuda racconta quanto ha fatto nella giornata. Comprendo che è andato lui ad avvisare la madre della loro venuta, e che poi ha iniziato a parlare nelle campagne di Keriot avendo a compagno Andrea. Dice poi: «Domani vorrei veniste tutti, però. Non voglio brillare da me. Andremo, per quanto si può, un giudeo e un galileo. Io con Giovanni, per esempio, e Simone con Tommaso. Se venisse l’altro Simone! Però voi due (e accenna ai figli di Alfeo) potete andare da voi. Ho detto anche a chi non lo voleva sapere che siete i fratelli del Maestro. E anche voi due (e accenna Filippo e Bartolomeo) potete andare insieme. Ho detto che Natanaele è un rabbi venuto al seguito del Maestro. È cosa che fa impressione. E… rimanete voi tre. Ma appena viene lo Zelote si potrà fare una coppia di più. E poi ci alterneremo perché voglio vi conoscano tutti…». Giuda è pieno di brio. «Ho parlato sul decalogo, Maestro, cercando di illustrare specialmente le parti in cui so che questa zona più manca…».

«Non avere la mano pesante, Giuda. Te ne prego. Abbi sempre presente che ottiene di più la dolcezza che l’intransigenza e che sei uomo tu pure. Perciò esaminati e rifletti come è facile anche a te cascare e come ti irriti per rimproveri troppo aperti», dice Gesù mentre la madre di Giuda piega la testa avvampando nel volto.

«Non temere, Maestro. Mi sforzo di imitare Te in tutto.

Però, nel paese che vediamo anche da quella porta (mangiano a porte aperte e si vede un bell’orizzonte da questa camera sopraelevata) vi è un infermo che vorrebbe guarire. E non lo si può trasportare. Potresti venire con me?».

«Domani, Giuda. Domani mattina senza fallo. E se vi sono altri malati ditemelo o conducetemeli».

«Vuoi proprio beneficare la mia patria, Maestro?».

«Sì. Perché non si dica che sono stato ingiusto verso chi non mi ha fatto del male. Benefico anche i malvagi! Perché allora non i buoni di Keriot? Voglio lasciare un ricordo indelebile di Me…».

«Ma come? Non torniamo più qui?».

«Ci torneremo ancora, ma…».

214.4

«Ecco la Madre, la Madre con Simone!», trilla il bambino che vede Maria e Simone salire la scala che conduce alla terrazza su cui è la stanza.

Tutti si alzano in piedi e vanno incontro ai due che giungono. Rumore di esclamazioni, di saluti, di sedili smossi. Ma nulla distrae Maria dal salutare per primo Gesù e poi la madre di Giuda, che si è profondamente inchinata e che Maria invece rialza e abbraccia come fosse una cara amica ritrovata dopo un’assenza.

Rientrano nella stanza e Maria di Giuda ordina alla servente nuovi cibi per i sopraggiunti.

«Ecco, Figlio, il saluto di Elisa», dice Maria e dà un piccolo rotolo a Gesù, che lo apre e legge, dicendo poi: «Lo sapevo. Ne ero certo. Grazie, Mamma. Per Me e per Elisa. Tu sei veramente la Salute degli infermi!».

«Io? Tu, Figlio. Non io».

«Tu; e sei il mio più grande aiuto». Poi si volge agli apostoli e alle discepole e dice: «Elisa scrive: “Torna, mia Pace. Ti voglio non solo amare, ma servire”. E così abbiamo levato dalla angoscia, dalla melanconia una creatura, e ci siamo guadagnati una discepola. Ci torneremo, sì».

«Vuole conoscere anche le discepole. Viene lentamente, ma senza soste. Povera cara! Ha ancora dei momenti di smarrimento pauroso. Vero, Simone? Un giorno volle provare ad uscire con me, ma vide un amico del suo Daniele… e faticammo molto a calmare il suo pianto. Ma Simone è così bravo! E mi ha suggerito, posto che mostra il desiderio di ritornare nel mondo, ma che il mondo di Betsur è troppo pieno di ricordi per lei, di chiamare Giovanna. È andato lui a chiamarla. Era tornata, dopo le feste, a Bètér presso i suoi splendidi roseti di Giudea. Dice Simone che gli è sembrato un sogno, attraversando quelle colline tutte a roseto, che gli pareva d’essere nel Paradiso. È venuta subito. Lei può capire e compatire una madre che piange i figli! Elisa le si è molto affezionata ed io sono venuta. Giovanna la vuole persuadere ad uscire da Betsur e ad andare nel suo castello. E ci riuscirà, perché è dolce come una colomba ma ferma come un granito nei suoi voleri».

«Andremo a Betsur nel ritorno e poi ci separeremo. Voi discepole resterete con Elisa e Giovanna per qualche tempo. Noi andremo per la Giudea e ci ritroveremo a Gerusalemme per la Pentecoste»…

214.5

…Maria Ss. e Maria madre di Giuda sono insieme. Non nella casa di città, ma in quella di campagna. Sono sole. Gli apostoli con Gesù sono fuori, le discepole col bambino sono per lo splendido pometo e si sentono le loro voci unite al rumore di panni sbattuti sui lavatoi. Forse fanno il bucato mentre il bambino giuoca.

La madre di Giuda, seduta in una stanza in penombra a fianco di Maria, parla alla stessa: «Questi giorni di pace rimarranno come un dolce sogno in me. Troppo brevi! Troppo!

Comprendo che non si deve essere egoisti e che è giusto che voi andiate da quella povera donna e da tanti altri infelici. Ma se potessi! Se potessi fermare il tempo, o venire con voi!… Ma non posso. Non ho parenti all’infuori di mio figlio e devo curare i beni della casa…».

«Comprendo… Separarti dal figlio ti è dolore. Noi madri vorremmo sempre essere con i figli. Ma noi li diamo per una ben grande ragione e non li perdiamo. Neppure la morte ce li leva i figli, se sono loro, e se siamo noi, in grazia agli occhi di Dio. Ma noi li abbiamo ancora sulla Terra, anche se la volontà di Dio li strappa al nostro seno per darli al mondo per il suo bene. Possiamo sempre raggiungerli, e anche l’eco delle loro opere ci dà come una carezza al cuore, perché le loro opere sono il profumo della loro anima».

214.6

«Cosa è tuo Figlio per te, Donna?», chiede piano Maria di Giuda.

E Maria Ss., sicura, risponde: «È la mia gioia».

«La tua gioia!!!…», e poi uno scoppio di pianto mentre la madre di Giuda si curva su se stessa come per nascondere questo pianto. Tocca quasi con la fronte i ginocchi tanto si curva su se stessa.

«Perché piangi, mia povera amica? Perché? Dillo a me. Io sono felice nella mia maternità, ma so capire anche le madri non felici…».

«Sì. Non felici! E io ne sono una. Tuo Figlio è la tua gioia… Il mio è il mio dolore. Lo è stato almeno. Ora, da quando è con tuo Figlio, meno mi affligge. Oh! fra tutti quelli che pregano per la tua santa Creatura, acciò abbia bene e trionfo, non ce ne è una, dopo te, beata, che preghi quanto questa infelice che ti parla… Dimmi il vero: che pensi tu di mio figlio? Siamo due madri, l’una di fronte all’altra; fra noi è Dio. E parliamo dei nostri figli. Tu non puoi che trovare facile parlare del tuo. Io… io devo far forza a me stessa per parlarne. Ma pure quanto bene, o quanto dolore, mi può venire da questo parlarne! E anche se è dolore sarà sempre un sollievo averne parlato… Quella donna di Betsur fu quasi folle per la morte dei figli, non è vero? Ma io ti giuro che delle volte ho pensato e penso, guardando il mio Giuda bello, sano, intelligente, ma non buono, non virtuoso, non dritto di animo, non sano di sentimenti, che preferirei piangerlo morto piuttosto che saperlo… che saperlo molto inviso a Dio. Tu, dimmi, che pensi di mio figlio? Sii schietta. È più di un anno che questa domanda mi brucia il cuore. Ma a chi chiedere? Ai cittadini? Essi non sapevano ancora che il Messia era e che Giuda voleva andare con Lui. Io lo sapevo. Me lo aveva detto venendo qui dopo la Pasqua, esaltato, violento, come sempre quando lo prende un capriccio e come sempre sprezzante dei consigli di sua madre. Ai suoi amici di Gerusalemme? Una santa prudenza e una pia speranza me ne trattenevano. Non volevo dire a quelli, che io non posso amare perché tutto sono fuorché santi: “Giuda segue il Messia”. E speravo che il capriccio cadesse come tanti altri, come tutti, costando magari lacrime e desolazioni, come per più di una fanciulla che qui e altrove egli innamorò di sé e poi mai prese per sposa. Non sai che ci sono luoghi dove egli non va più perché potrebbe incontrare un giusto castigo? Anche l’essere del Tempio fu un capriccio. Non sa ciò che si vuole. Mai. Suo padre, Dio lo perdoni, lo ha guastato. Io non ho mai avuto voce presso i due uomini della mia casa. Ho solo dovuto piangere e riparare con umiliazioni d’ogni sorta… Quando è morta Joanna – e, benché nessuno lo dicesse, io so che morì di dolore quando, dopo aver aspettato per tutta la sua giovinezza, Giuda dichiarò che egli non voleva moglie, mentre poi era noto che a Gerusalemme aveva mandato amici ad interrogare una donna ricca e con empori fino a Cipro per la figlia sua – io ho dovuto piangere molto, molto per i rimproveri della madre della fanciulla morta, come se io fossi complice del figlio mio. No. Non lo sono. Ma non sono nulla presso di lui. Lo scorso anno, quando fu qui il Maestro, compresi che Egli aveva capito… e fui per parlare. Ma è doloroso, doloroso è per una madre dover dire: “Temi di mio figlio. È un avido, un duro di cuore, un vizioso, un superbo, un instabile”. E questo è. Io… io prego perché un miracolo, Lui che ne fa tanti, tuo Figlio lo faccia sul mio Giuda… Ma tu, tu, dimmi: che pensi di lui?».

214.7

Maria, che è sempre rimasta zitta e con espressione di pietoso dolore davanti a questo lamento materno, al quale non può il suo animo retto dare smentita, dice piano: «Povera madre!… Che penso? Sì, tuo figlio non è l’anima limpida di Giovanni, né il mite Andrea, né il fermo Matteo che si è voluto cambiare ed è cambiato. È… instabile, sì, è così. Ma pregheremo tanto per lui, io e te. Non piangere. Forse nel tuo amore di madre, che vorrebbe potersi gloriare del figlio, tu lo vedi più deforme di quanto non sia…».

«No! No! Io vedo giusto e ho tanta paura».

La stanza è piena del pianto della madre di Giuda, e nella penombra biancheggia il volto di Maria, fatto più pallido da questa confessione materna che acuisce tutti i sospetti della Madre del Signore.

Ma Ella si domina. Attira a sé la madre non felice e la carezza mentre questa, rotte le dighe di ogni ritegno, narra confusamente, affannosamente, tutte le durezze, le esigenze, le violenze di Giuda, e termina: «Io arrossisco per lui quando mi vedo fatta segno ad atti di amore di tuo Figlio! Io non glielo chiedo. Ma sono sicura che, oltre che per la sua bontà, Egli lo fa per dire, con l’atto, a Giuda: “Ricordati che così si tratta la madre”. Ora, ora pare tutto buono… Oh! fosse vero! Aiutami, aiutami con la preghiera, tu che sei santa, perché mio figlio non sia un indegno della grande grazia che Dio gli ha concesso! Se non mi vuole amare, se non sa essere riconoscente a me, che l’ho partorito e allevato, non è nulla. Ma che sappia amare, realmente, Gesù; che sappia servirlo con fedeltà e riconoscenza. Se ciò non deve essere, allora… allora Dio gli levi la vita. Preferisco averlo nel sepolcro,… lo avrei finalmente, perché da quando ebbe la ragione ben poco fu mio. Morto, anziché cattivo apostolo. Posso pregare così? Che dici tu?».

«Prega il Signore che faccia per il meglio. Non piangere più. Ho visto meretrici e gentili ai piedi del Figlio mio, e con essi pubblicani e peccatori. Divenuti tutti agnelli per la sua Grazia. Spera, Maria, spera. Le pene delle madri salvano i figli, non lo sai?…».

E con questa pietosa domanda cessa ogni cosa.