Gli Scritti di Maria Valtorta

273. La première multiplication des pains.

273. La prima moltiplicazione dei pani.

273.1

C’est toujours le même endroit. Toutefois, le soleil ne vient plus de l’est en passant à travers le fourré qui borde le Jourdain en ce lieu sauvage près de l’endroit où les eaux du lac déversent dans le lit du fleuve : il arrive du couchant, tout aussi oblique, en descendant dans une gloire de rouge, et en striant le ciel de ses derniers rayons. Sous cet épais feuillage, la lumière est très adoucie et tend vers les teintes paisibles du soir. Les oiseaux, enivrés du soleil qu’ils ont eu toute la journée, de la nourriture abondante qu’ils ont trouvée dans la campagne voisine, se livrent à une bacchanale de trilles et de chants au sommet des arbres. Le soir tombe avec les pompes finales de la journée.

Les apôtres le font remarquer à Jésus qui donne toujours son enseignement d’après les exemples qui se présentent à lui.

« Maître, le soir approche, l’endroit est désert, éloigné des maisons et des villages, ombragé et humide. Il ne nous sera bientôt plus possible, ici, de nous voir ou de marcher. La lune se lève tard. Renvoie le peuple pour qu’il aille à Tarichée ou dans les villages du Jourdain acheter de la nourriture et chercher un logement.

– Il n’est pas nécessaire qu’ils s’en aillent. Donnez-leur à manger. Ils peuvent dormir ici comme ils ont dormi en m’attendant.

– Il ne nous reste que cinq pains et deux poissons, Maître, tu le sais.

– Apportez-les-moi.

– André, va chercher l’enfant. C’est lui qui garde la bourse. Il y a peu de temps, il était avec le fils du scribe et deux autres, occupé à jouer au roi et à se faire des couronnes de fleurs. »

273.2

André se hâte d’y aller, et Jean accompagné de Philippe se mettent à chercher Marziam dans la foule toujours en déplacement. Ils le trouvent presque en même temps, avec son sac de vivres en bandoulière, une longue branche de clématite enroulée autour de la tête et une ceinture de clématite d’où pend, en guise d’épée, une massette dont la garde est la massette proprement dite, et la lame sa tige. Avec lui, il y en a sept autres pareillement chamarrés, et ils font un cortège au fils du scribe, un enfant très grêle, plus fleuri que les autres qui tient le rôle de roi. Il a ce regard très sérieux de ceux qui ont beaucoup souffert.

« Viens, Marziam. Le Maître te demande ! »

L’enfant plante là ses amis et s’en va rapidement, sans même enlever ses… insignes floraux. Mais les autres le suivent et Jésus est vite entouré d’une couronne d’enfants parés de guirlandes. Il les caresse pendant que Philippe sort du sac un paquet avec du pain, au milieu duquel sont enveloppés deux gros poissons : deux kilos de poissons, guère plus. C’est insuffisant même pour les dix-sept personnes – ou plutôt dix-huit avec Manahen – de la troupe de Jésus.

273.3

On apporte ces vivres au Maître.

« C’est bien. Maintenant apportez-moi des paniers. Dix-sept, un pour chacun. Marziam distribuera la nourriture aux enfants… »

Jésus regarde fixement le scribe, qui est toujours resté à ses côtés, et il lui demande :

« Veux-tu, toi aussi, donner de la nourriture aux affamés ?

– Cela me plairait, mais j’en suis démuni moi aussi.

– Donne la mienne. Je te le permets.

– Mais… tu as l’intention de rassasier presque cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants, avec ces deux poissons et ces cinq pains ?

– Sans aucun doute. Ne sois pas incrédule. Celui qui croit verra s’accomplir le miracle.

– Ah ! Dans ce cas, je veux bien distribuer la nourriture, moi aussi !

– Alors, fais-toi donner un panier, toi aussi. »

Les apôtres reviennent avec des corbeilles et des paniers larges et peu profonds, ou bien profonds et étroits. Le scribe revient avec un panier plutôt petit. On se rend compte que sa foi – ou son manque de foi – lui a fait choisir celui-ci comme le plus grand.

« C’est bien. Mettez tout ici devant et faites asseoir les foules en ordre, en rangs réguliers, autant que possible. »

Pendant ce temps, Jésus élève les pains avec les poissons par dessus, il les offre, prie et bénit. Le scribe ne le quitte pas un instant des yeux. Puis Jésus rompt les cinq pains en dix-huit parts et les deux poissons en dix-huit parts. Il met un morceau de poisson dans chaque panier – un bien petit morceau – et fait des bouchées avec les dix-huit morceaux de pain. Chaque morceau est divisé en plusieurs bouchées. Elles ne sont guère nombreuses : une vingtaine, pas plus. Chaque morceau est placé dans un panier après avoir été fragmenté, avec le poisson.

« Et maintenant prenez et donnez à satiété. Allez-y.

273.4

Va, Marziam, le donner à tes compagnons.

– Oh, comme c’est lourd ! » dit Marziam en soulevant son panier et en allant tout de suite vers ses petits amis. Il marche comme s’il portait un fardeau.

Les apôtres, les disciples, Manahen, le scribe le regardent partir sans savoir que penser… Puis ils prennent les paniers, et en secouant la tête, se disent l’un à l’autre :

« Ce gamin plaisante ! Ce n’est pas plus lourd qu’avant. »

Le scribe regarde aussi à l’intérieur et met la main pour tâter au fond du panier parce qu’il n’y a plus beaucoup de lumière, là, sous le couvert où Jésus se trouve, alors que plus loin, dans la clairière, il fait encore assez clair.

Mais malgré cette constatation, ils se dirigent vers les gens et commencent la distribution. Ils donnent, donnent, donnent… Et de temps à autre, ils se retournent, étonnés, de plus en plus loin, vers Jésus qui, les bras croisés, adossé à un arbre, sourit finement de leur stupeur.

La distribution est longue et abondante… Le seul à ne pas manifester d’étonnement, c’est Marziam qui rit, tout heureux de remplir de pain et de poisson les mains de tant de pauvres enfants. Il est aussi le premier à revenir vers Jésus, en disant :

« J’ai donné beaucoup, beaucoup, beaucoup !… parce que je sais ce qu’est la faim… »

Et il lève son visage, qui n’est plus émacié, mais que ce souvenir fait pâlir, en lui écarquillant les yeux… Mais Jésus lui fait une caresse, et un sourire lumineux revient sur ce visage d’enfant qui s’appuie en toute confiance contre Jésus, son Maître et Protecteur.

Peu à peu, les apôtres et les disciples reviennent, muets de stupeur. Le dernier est le scribe, qui ne dit rien. Mais il fait un geste qui vaut plus qu’un discours : il s’agenouille et baise la frange du vêtement de Jésus.

« Prenez votre part, et donnez m’en un peu. Mangeons la nourriture de Dieu. »

Ils mangent en effet du pain et du poisson, chacun selon son appétit…

273.5

Pendant ce temps, les gens, rassasiés, échangent leurs impressions. Même ceux qui sont autour de Jésus se risquent à parler en regardant Marziam qui, en finissant son poisson, plaisante avec les autres enfants.

« Maître, demande le scribe, pourquoi l’enfant a-t-il tout de suite senti le poids, et nous pas ? J’ai même fouillé à l’intérieur. Il n’y avait toujours que ces quelques bouchées de pain et cet unique morceau de poisson. J’ai commencé à en sentir le poids en m’avançant vers la foule, mais si ç’avait été le poids correspondant à la quantité que j’ai distribuée, il aurait fallu un couple de mulets pour le transport ; pas un panier, mais un char plein, chargé de nourriture. Au début, j’y allais avec parcimonie… puis je me suis mis à donner tant et plus et, pour ne pas être injuste, je suis revenu vers les premiers en faisant une nouvelle distribution parce que je leur avais donné peu de chose. Et pourtant, il y en a eu suffisamment.

– Moi aussi, j’ai senti que le panier s’alourdissait au fur et à mesure que j’avançais, et j’ai donné tout de suite abondamment, car j’ai compris que tu avais fait un miracle, dit Jean.

– Personnellement, au contraire, je me suis arrêté et me suis assis, pour renverser sur mon vêtement le fardeau et me rendre compte… Alors j’ai vu des pains en quantité, et j’y suis allé, raconte Manahen.

– Moi, je les ai même comptés pour ne pas faire piètre figure. Il y avait cinquante petits pains. Je me suis dit : “ Je vais les donner à cinquante personnes, puis je reviendrai. ” Et j’ai compté. Mais, arrivé à cinquante, le poids était toujours le même. J’ai regardé à l’intérieur : il y en avait encore autant. Je suis allé de l’avant et j’en ai donné par centaines. Mais cela ne diminuait jamais » relate Barthélemy.

Thomas dit:

« Moi, je le reconnais, je n’y croyais pas. J’ai pris dans mes mains les bouchées de pain et ce petit morceau de poisson et je les regardais en pensant : “ A quoi cela va servir ? Jésus a voulu plaisanter !… ” Et je les regardais, je les fixais, restant caché derrière un arbre, espérant et désespérant d’en voir le nombre augmenter. Mais c’était toujours la même chose. J’allais revenir quand Matthieu est passé et m’a dit : “ Tu as vu comme ils sont beaux ? ” “ Quoi ? ” ai-je répondu. “ Mais les pains et les poissons !… ” “ Tu es fou ? Moi je vois toujours des petits morceaux de pain. ” “ Va les distribuer avec foi, et tu verras. ” J’ai jeté dans le panier ces quelques bouchées et j’y suis allé avec réticence… Et puis… pardonne-moi, Jésus, car je suis pécheur !

– Non, tu es un esprit du monde. Tu raisonnes comme les gens du monde.

– Moi aussi, Seigneur, dans ce cas » dit Judas. « Au point que j’ai pensé donner une pièce avec le pain en pensant : “ ils iront manger ailleurs. ” J’espérais t’aider à faire meilleure figure. Que suis-je donc, moi ? Comme Thomas ou davantage ?

– Bien plus que Thomas, tu es “ monde. ”

– Pourtant, j’ai pensé faire l’aumône pour être Ciel ! C’étaient mes deniers personnels…

– Aumône à toi-même et à ton orgueil, ainsi qu’aumône à Dieu. Ce dernier n’en a pas besoin et l’aumône à ton orgueil est une faute, pas un mérite. »

Judas baisse la tête et se tait.

« De mon côté, dit Simon le Zélote, je pensais que cette bouchée de poisson, ces bouchées de pain, il me fallait les fragmenter pour qu’elles suffisent. Mais je ne doutais pas qu’elles auraient suffi pour le nombre et la valeur nutritive. Une goutte d’eau, donnée par toi, peut être plus nourrissante qu’un banquet.

– Et vous, qu’en pensiez-vous ? demande Pierre aux cousins de Jésus.

– Nous nous rappelions Cana… et nous ne doutions pas, dit sérieusement Jude.

– Et toi, Jacques, mon frère, tu n’as pensé qu’à cela ?

– Non. J’ai pensé que c’était un sacrement. Comme tu m’en as parlé[1]… Est-ce bien cela ou je me trompe ? »

Jésus sourit :

« Oui et non. A la vérité de la puissance d’une goutte d’eau, exprimée par Simon, il faut ajouter ta pensée pour une figure lointaine. Mais ce n’est pas encore un sacrement. »

273.6

Le scribe garde une croûte de pain entre les doigts.

« Qu’en fais-tu ?

– Un… souvenir.

– Je la garde moi aussi. Je la mettrai au cou de Marziam dans un sachet, dit Pierre.

– Moi, je la porterai à notre mère, dit Jean.

– Et nous ? Nous avons tout mangé… disent les autres, mortifiés.

– Levez-vous. Faites de nouveau le tour avec les paniers, recueillez les restes. Séparez les gens les plus pauvres d’avec les autres et amenez-les moi ici, avec les paniers. Et puis vous, mes disciples, allez tous vers les barques et prenez le large pour vous rendre à la plaine de Génésareth. Je vais congédier les gens après avoir fait une distribution aux plus pauvres, puis je vous rejoindrai. »

Les apôtres obéissent… et reviennent avec douze paniers pleins de restes, et suivis d’une trentaine de mendiants ou de personnes très misérables.

« C’est bien. Allez. »

Les apôtres et les disciples de Jean saluent Manahen et partent avec quelque regret de quitter Jésus. Ils obéissent pourtant. Manahen attend, pour laisser Jésus, que la foule, aux dernières lueurs du jour, s’en aille vers les villages ou cherche un lieu où dormir parmi les joncs hauts et secs. Puis il fait ses adieux. Le scribe est parti avant lui, l’un des premiers même, car, avec son petit garçon, il a suivi les apôtres.

273.7

Lorsque tout le monde s’en est allé ou s’est endormi, Jésus se lève, bénit les dormeurs et se dirige à pas lents vers la péninsule de Tarichée, surélevée de quelques mètres au-dessus du lac, comme si c’était une avancée de colline dans le lac. Lorsqu’il en a atteint la base, et sans entrer dans la ville, mais en la longeant, il gravit le monticule et s’installe sur un rocher, pour prier, face à l’azur et à la blancheur du clair de lune dans la nuit sereine.

273.8

Jésus dit : « Vous placerez ici la vision du 4 mars 1944 : Jésus marche sur les eaux. »

273.1

Il luogo è sempre quello. Soltanto il sole non viene più da oriente, filtrando fra la boscaglia che costeggia il Giordano in questo luogo selvaggio presso lo sbocco delle acque del lago nel letto del fiume, ma viene, ugualmente obliquo, da ponente, mentre cala in una gloria di rosso, sciabolando il cielo coi suoi ultimi raggi. E sotto questo fogliame denso già la luce è molto temperata, tendente alle tinte pacate della sera. Gli uccelli, inebbriati dal sole avuto per tutto il giorno, dal cibo abbondante carpito alle limitrofe campagne, si danno ad un baccanale di trilli e canti, sulle vette delle piante. La sera cala con le pompe finali del giorno.

Gli apostoli lo fanno notare a Gesù, che sempre ammaestra a seconda degli argomenti a Lui esposti. «Maestro, la sera si avvicina. Il luogo è deserto, lontano da case e paesi, ombroso e umido. Fra poco qui non sarà più possibile vederci, né camminare. La luna alza tardi. Licenzia il popolo affinché vada a Tarichea o ai villaggi del Giordano a comprarsi cibo e cercare alloggio».

«Non occorre che se ne vadano. Date loro da mangiare. Possono dormire qui come dormirono attendendomi».

«Non ci sono rimasti che cinque pani e due pesci, Maestro, lo sai».

«Portatemeli».

«Andrea, va’ a cercare il bambino. È lui di guardia alla borsa. Poco fa era col figlio dello scriba e due altri, intento a farsi coroncine di fiori giocando ai re».

273.2

Andrea va sollecito. E anche Giovanni e Filippo si danno a cercare Marziam fra la folla che sempre si sposta. Lo trovano quasi contemporaneamente, con la sua borsa dei viveri a tracolla, un grande tralcio di vitalba girato intorno alla testa e una cintura di vitalba dalla quale pende a far da spada un nocchio: l’elsa è il nocchio[1] vero e proprio, la lama il gambo a canna dello stesso. Con lui sono altri sette, ugualmente bardati, e fanno corteggio al figlio dello scriba, un esilissimo fanciullo dall’occhio molto serio di chi ha tanto sofferto, che più infiorato degli altri fa da re.

«Vieni, Marziam. Il Maestro ti vuole!».

Marziam lascia in asso gli amici e va lesto senza neppure levarsi le sue… insegne floreali. Ma lo seguono anche gli altri e presto Gesù è circondato da una coroncina di fanciulli inghirlandati di fiori. Egli li carezza, mentre Filippo leva dalla borsa un fagotto con del pane, nel centro del quale sono avvolti due grossi pesci: due chili di pesce, poco più. Insufficienti anche ai diciassette, anzi diciotto con Mannaen, della comitiva di Gesù.

273.3

Portano questi cibi al Maestro.

«Va bene. Ora portatemi dei cesti. Diciassette, quanti voi siete. Marziam darà il cibo ai bambini…». Gesù guarda fisso lo scriba, che gli è sempre stato vicino, e chiede: «Vuoi dare anche te il cibo agli affamati?».

«Mi piacerebbe. Ma ne sono privo io pure».

«Dài del mio. Te lo concedo».

«Ma… intendi sfamare un cinquemila uomini, oltre le donne e i bambini, con quei due pesci e quei cinque pani?».

«Senza dubbio. Non essere incredulo. Chi crede vedrà compiersi il miracolo».

«Oh! allora voglio proprio distribuire il cibo anche io!».

«Fàtti dare allora una cesta tu pure».

Tornano gli apostoli con ceste e cestelli larghi e bassi, oppure fondi e stretti. E torna lo scriba con un paniere piuttosto piccolo. Si capisce che la sua fede o la sua incredulità gli hanno fatto scegliere quello come il massimo.

«Va bene. Mettete tutto qui davanti. E fate sedere le turbe con ordine, a linee regolari per quanto si può».

E, mentre ciò avviene, Gesù alza il pane con sopra i pesci, li offre, prega e benedice. Lo scriba non lo abbandona un istante con l’occhio. Poi Gesù spezza i cinque pani in diciotto parti e spezza i due pesci in diciotto parti, e mette il pezzo di pesce — un pezzettino ben meschino — in ogni cesta, e fa a bocconi i diciotto pezzi di pane: ogni pezzo in molti bocconi. Molti relativamente: una ventina, non di più. Ogni pezzo spezzettato, in un cesto, col pesce.

«E ora prendete e date a sazietà. Andate.

273.4

Vai, Marziam, a darlo ai tuoi compagni».

«Uh! come è peso!», dice Marziam alzando il suo cesto e andando subito dai suoi piccoli amici, camminando come chi porta un peso.

Gli apostoli, i discepoli, Mannaen, lo scriba, lo guardano andare, incerti… Poi prendono i cesti e, scuotendo il capo, dicono l’un coll’altro: «Il bambino scherza! Non pesano più di prima». E lo scriba guarda anche dentro e vi mette la mano a frugare nel fondo, perché ormai non c’è più molta luce, lì nel folto dove Gesù è, mentre più là, nella radura, vi è ancora una buona luce.

Ma però, nonostante la constatazione, vanno verso la gente e iniziano a distribuire. E dànno, dànno, dànno. E ogni tanto si volgono stupiti, sempre più lontani, verso Gesù che a braccia conserte, addossato ad un albero, sorride finemente del loro stupore.

La distribuzione è lunga e abbondante… e l’unico che non mostra stupore è Marziam, che ride felice di empire di pane e pesce il grembo di tanti bambini poverelli. È anche il primo a tornare da Gesù dicendo: «Ho dato tanto, tanto, tanto!… perché io so cosa è la fame…», e alza il visetto non più macilento, che nel ricordo però impallidisce sbarrando gli occhi… Ma Gesù lo carezza e il sorriso torna luminoso su quel volto fanciullo che, fidente, si appoggia contro Gesù, suo Maestro e Protettore.

Pian piano tornano gli apostoli e i discepoli, ammutoliti dallo stupore. Ultimo lo scriba che non dice nulla. Ma fa un atto che è più di un discorso. Si inginocchia e bacia l’orlo della veste di Gesù.

«Prendete la vostra parte e datemene un poco. Mangiamo il cibo di Dio».

Mangiano infatti pane e pesce, ognuno secondo il bisogno…

273.5

Intanto la gente satolla si scambia le sue impressioni. Anche chi è intorno a Gesù osa parlare osservando Marziam che, finendo il suo pesce, scherza con altri fanciulli.

«Maestro», chiede lo scriba, «perché il bambino ha sentito subito il peso e noi no? Io ho anche frugato dentro. Erano sempre quei pochi bocconi di pane e quell’unico di pesce. Ho cominciato a sentire il peso andando verso la folla. Ma, se avesse pesato per quanto ne ho dato, ci sarebbe voluto una coppia di muli a portarlo, non già il cesto ma un carro, pieno, stivato di cibo. In principio andavo parco… poi mi sono messo a dare, dare, e per non essere ingiusto sono ripassato dai primi dando di nuovo, perché ai primi avevo dato poco. Eppure è bastato».

«Io pure ho sentito farsi pesante il cesto mentre mi avviavo, ed ho dato subito molto perché ho capito che avevi fatto miracolo», dice Giovanni.

«Io invece mi sono fermato e mi sono seduto per rovesciare in grembo il peso e vedere… E ho visto pani e pani. Allora sono andato», dice Mannaen.

«Io li ho anche contati, perché non volevo fare brutte figure. Erano cinquanta piccoli pani. Ho detto: “Li darò a cinquanta persone e poi tornerò indietro”. E ho contato. Ma arrivato a cinquanta il peso era uguale ancora. Ho guardato dentro. Erano ancora tanti. Sono andato avanti e ne ho dati a centinaia. Ma non diminuivano mai», dice Bartolomeo.

«Io, lo confesso, non credevo e ho preso in mano i bocconi di pane e quel briciolo di pesce, e li guardavo dicendo: “E a chi servono? Gesù ha voluto scherzare!…” e li guardavo, li guardavo stando nascosto dietro un albero, sperando e disperando di vederli crescere. Ma rimanevano sempre gli stessi. Stavo per tornare indietro quando è passato Matteo dicendo: “Hai visto come sono belli?”. “Cosa?” ho detto. “Ma i pani e i pesci!…”. “Sei matto? Io vedo sempre pezzi di pane”. “Va’ a distribuirli con fede e vedrai”. Ho gettato dentro nel cestone quei pochi bocconi e sono andato a riluttanza… E poi… Perdonami, Gesù, perché sono un peccatore!», dice Tommaso.

«No. Sei uno spirito del mondo. Ragioni da mondo».

«Anche io, Signore, allora. Tanto che pensavo dare una moneta insieme al pane pensando: “Mangeranno altrove”», dice l’Iscariota. «Speravo aiutarti a fare una figura migliore. Che sono io, dunque? Come Tommaso o più ancora?».

«Molto più di Tommaso tu sei “mondo”».

«Ma pure ho pensato di fare elemosina per essere Cielo! Erano denari miei privati…».

«Elemosina a te stesso, al tuo orgoglio. Ed elemosina a Dio.

Quest’ultimo non ne ha bisogno, e l’elemosina al tuo orgoglio è colpa, non merito».

Giuda china il capo e tace.

«Io invece pensavo che quel boccone di pesce, che quei bocconi di pane li avrei dovuti sbriciolare per farli bastare. Ma non dubitavo che sarebbero stati sufficienti, né per numero né per nutrimento. Una goccia d’acqua data da Te può esser più nutriente di un banchetto», dice Simone Zelote.

«E voi che pensavate?», chiede Pietro ai cugini di Gesù.

«Noi ricordavamo Cana… e non dubitavamo», dice serio Giuda.

«E tu, Giacomo, fratello mio, questo solo pensavi?».

«No. Pensavo fosse un sacramento, come Tu hai detto[2] a me… È così o sbaglio?».

Gesù sorride: «È e non è. Alla verità della potenza del nutrimento in una goccia d’acqua, detta da Simone, va unito il tuo pensiero per una figura lontana. Ma ancora non è un sacramento».

273.6

Lo scriba conserva una crosta fra le dita.

«Che ne fai?».

«Un… ricordo».

«La tengo anche io. La metterò al collo di Marziam in una piccola borsa», dice Pietro.

«Io la porterò alla madre nostra», dice Giovanni.

«E noi? Abbiamo mangiato tutto…», dicono mortificati gli altri.

«Alzatevi. Girate di nuovo coi cesti, raccogliete gli avanzi, separate fra la gente i più poveri e portatemeli qui insieme ai cesti, e poi andate tutti, voi discepoli miei, alle barche, e prendete il largo andando alla pianura di Genezaret. Io congederò la gente dopo aver beneficato i più poveri e poi vi raggiungerò».

Gli apostoli ubbidiscono… e tornano con dodici panieri colmi di avanzi e seguiti da una trentina di mendicanti o persone molto misere.

«Va bene. Andate pure».

Gli apostoli e quelli di Giovanni salutano Mannaen e se ne vanno con un poco di riluttanza a lasciare Gesù. Ma ubbidiscono. Mannaen attende a lasciare Gesù quando la folla, alle ultime luci del giorno, o si avvia ai villaggi o si cerca un posto per dormire fra gli alti e asciutti falaschi. Poi si accomiata. Prima di lui se ne è andato lo scriba, uno dei primi, anzi, perché, insieme al figlioletto, si è avviato in coda agli apostoli.

273.7

Partiti tutti, oppure caduti nel sonno, Gesù si alza, benedice i dormenti e a passo lento si porta verso il lago, verso la penisoletta di Tarichea, sopraelevata di qualche metro sul lago come fosse un frastaglio di colle spinto nel lago. E, raggiunto che ne ha le basi, senza entrare in città, ma costeggiandola, sale il monticello e si mette su uno scrimolo, in preghiera davanti all’azzurro e al candore della notte serena e lunare.

273.8

Dice Gesù: «Qui metterete la visione del 4 marzo 1944: Gesù che cammina sulle acque».


Notes

  1. tu m’en as parlé en 259.3/6.

Note

  1. nocchio, invece di nocco, tutte e due le volte è correzione nostra.
  2. hai detto, in 259.3/6.