Gli Scritti di Maria Valtorta

274. Jésus marche sur les eaux.

274. Gesù cammina sulle acque.

274.1

La soirée est avancée. Il fait presque nuit car on y voit à peine sur le sentier qui grimpe sur un coteau où l’on distingue çà et là des arbres. Je crois qu’il s’agit d’oliviers mais, étant donné le peu de lumière, je ne puis l’assurer. Bref, ce sont des arbres de taille moyenne, avec une épaisse frondaison et tordus comme le sont d’ordinaire les oliviers.

Jésus est seul, vêtu de blanc et de son manteau bleu foncé. Il monte et s’engage parmi les arbres. Il marche d’un pas allongé et tranquille, sans hâte, mais du fait de la longueur de ses foulées il fait, sans se presser, beaucoup de chemin. Il marche jusqu’à ce qu’il atteigne une sorte de balcon naturel d’où la vue s’étend sur le lac, bien paisible sous la lumière des étoiles dont les yeux de lumière fourmillent maintenant dans le ciel. Le silence enveloppe Jésus de son étreinte reposante. Il le détache des foules et de la terre et les lui fait oublier, en l’unissant au ciel qui semble s’abaisser pour adorer le Verbe de Dieu et le caresser de la lumière de ses astres.

Jésus prie dans sa pose habituelle : debout, les bras en croix. Il a derrière lui un olivier et paraît crucifié sur ce tronc sombre. La frondaison le dépasse de peu, grand comme il est, et remplace, par une parole qui convient au Christ, l’inscription de la croix. Là-bas, il est écrit : « Roi des juifs », ici : « Prince de la paix ». L’olivier pacifique s’exprime bien pour qui sait voir et entendre.

Jésus prie longuement, puis il s’assied sur le balcon qui sert de base à l’olivier, sur une grosse racine qui dépasse et il prend son attitude habituelle : les mains jointes et les coudes sur les genoux. Il médite. Qui sait quelle divine conversation il échange avec le Père et l’Esprit en ce moment où il est seul et peut être tout à Dieu. Dieu avec Dieu !

Il me semble que plusieurs heures passent ainsi car je vois les étoiles se déplacer et plusieurs sont déjà descendues à l’occident.

274.2

Au moment où un semblant de lumière – ou plutôt de luminosité, parce que cela ne peut encore s’appeler lumière – se dessine à l’extrême horizon du côté de l’orient, un frisson de vent secoue l’olivier. Il s’apaise, puis il reprend plus fort. Avec des pauses syncopées, il devient de plus en plus violent. La lumière de l’aube qui commençait à peine est arrêtée dans sa progression par une masse de nuages noirs qui viennent occuper le ciel, poussée par des rafales de vent toujours plus fortes. Le lac aussi a perdu sa tranquillité. Il me semble qu’il va subir une bourrasque comme celle[1] que j’ai déjà vue dans la vision de la tempête. Le bruissement des feuilles et le grondement des flots remplissent maintenant l’espace, qui était si paisible peu de temps auparavant.

Jésus sort de sa méditation. Il se lève. Il regarde le lac. A la lumière des étoiles qui restent et de cette pauvre aube bien malade, il y cherche des yeux la barque de Pierre et la voit s’avancer péniblement vers la rive opposée, mais sans y arriver. Alors Jésus s’enveloppe étroitement dans son manteau dont il relève le bord, qui traîne et qui le gênerait dans la descente, et il le passe sur sa tête comme si c’était un capuchon. Il descend rapidement, non par la route qu’il avait suivie, mais par un sentier rapide qui rejoint directement le lac. Il va si vite qu’il semble voler.

Il parvient à la rive fouettée par les vagues qui forment sur la grève une bordure bruyante et écumeuse. Il poursuit rapidement son chemin comme s’il ne marchait pas sur l’élément liquide tout agité, mais sur un plancher lisse et solide. Maintenant il devient lui-même lumière. On dirait que le peu de clarté qui parvient encore des rares étoiles qui s’éteignent et de l’aube orageuse se concentre sur lui et forme une sorte de phosphorescence qui éclaire son corps élancé. Il vole sur les flots, sur les crêtes mantes, dans les replis obscurs entre les vagues, les bras tendus en avant. Son manteau se gonfle autour des joues et flotte comme il peut, serré comme il est autour du corps, avec un battement d’ailes.

274.3

Les apôtres le voient et poussent un cri d’effroi que le vent porte à Jésus.

« N’ayez pas peur. C’est moi. »

La voix de Jésus, malgré le vent contraire, se propage sans difficulté sur le lac.

« Est-ce bien toi, Maître ? » demande Pierre. « Si c’est toi, dis-moi de venir à ta rencontre en marchant comme toi sur les eaux. »

Jésus sourit : « Viens » dit-il simplement, comme si c’était la chose la plus naturelle du monde de marcher sur l’eau.

Alors Pierre, à demi-nu puisqu’il ne porte qu’une courte tu­nique sans manches, saute par-dessus bord et se dirige vers Jésus.

Mais quand il est à une cinquantaine de mètres de la barque et à peu près autant de Jésus, il est pris par la peur. Jusque là, il a été soutenu par son élan d’amour. Maintenant l’humanité a raison de lui et… il tremble pour sa vie. Comme quelqu’un qui se trouve sur un sol qui se dérobe ou sur des sables mouvants, il commence à chanceler, à s’agiter, à s’enfoncer. Plus il s’agite, convulsé de peur, plus il s’enfonce.

274.4

Jésus s’est arrêté et le regarde. L’air sérieux, il attend sans même lui tendre la main. Il garde les bras croisés. Il ne fait plus un pas et ne dit plus un mot.

Pierre s’enfonce. Les chevilles disparaissent, puis les jambes, puis les genoux. Les eaux lui arrivent à l’aine, la dépassent, montent vers la ceinture. La terreur se lit sur son visage, une terreur qui paralyse aussi sa pensée. Ce n’est plus qu’une chair qui a peur de se noyer. Il ne pense même pas à nager. A rien. Il est hébété par la peur.

Finalement, il se décide à regarder Jésus. Et il suffit qu’il le regarde pour que son esprit commence à raisonner, à saisir où se trouve le salut.

« Maître, Seigneur, sauve-moi ! »

Jésus desserre les bras et, comme s’il était porté par le vent ou par l’eau, il se précipite vers l’apôtre et lui tend la main en disant :

« Homme de peu de foi ! Pourquoi as-tu douté de moi ? Pourquoi as-tu voulu agir tout seul ? »

Pierre, qui s’est agrippé convulsivement à la main de Jésus, ne répond pas. Il le regarde pour voir si le Maître est en colère, il le regarde avec un reste de peur qui se mêle au repentir qui s’éveille.

Mais Jésus sourit et le tient étroitement par le poignet jusqu’à ce que, après avoir rejoint la barque, ils en franchissent le bord et y entrent. Et Jésus ordonne :

« Rejoignez le rivage. Il est tout trempé. »

Et il sourit en regardant le disciple humilié.

Les vagues s’apaisent pour faciliter l’abordage et la ville, vue l’autre fois du haut d’une colline, apparaît au-delà de la rive.

La vision s’arrête ici.

274.5

Jésus dit :

« Bien des fois, je n’attends même pas qu’on m’appelle quand je vois l’un de mes enfants en danger. Et bien des fois j’accours aussi pour celui qui est envers moi un fils ingrat.

Vous dormez, ou vous êtes pris par les occupations de la vie, par les soucis de la vie. Moi, je veille et je prie pour vous. Ange de tous les hommes, je me tiens penché sur vous et rien ne m’est plus douloureux que de ne pouvoir intervenir parce que vous refusez mon secours, en préférant agir par vous-mêmes ou, ce qui est pire, en demandant de l’aide au Mal. Comme un père qui s’entend dire par un fils : “ Je ne t’aime pas. Je ne veux pas de toi. Sors de ma maison ”, je reste humilié et affligé comme je ne l’ai pas été par mes blessures. Mais si vous ne m’ordonnez pas de partir et si vous êtes seulement distraits par la vie, je suis l’éternel Veilleur, prêt à accourir avant même d’être appelé. Et si j’attends que vous me disiez une parole – parfois je l’attends –, c’est pour m’entendre appeler.

Quelle caresse, quelle douceur de m’entendre appeler par les hommes ! Sentir qu’ils se souviennent que je suis “ le Sauveur ” ! Et je ne te dis pas quelle joie infinie me pénètre et m’exalte quand il y a quelqu’un qui m’aime et m’appelle sans attendre l’heure du besoin. Il m’appelle parce qu’il m’aime plus que toute autre chose au monde et sent qu’il se remplit d’une joie semblable à la mienne rien qu’à m’appeler : “ Jésus, Jésus ”, comme le font les enfants quand ils appellent : “ Maman, maman ” et qu’il leur semble que du miel s’écoule sur leurs lèvres parce que le seul mot “ maman ” apporte avec lui la saveur des baisers maternels.

274.6

Les apôtres voguaient, obéissant à mon commandement d’aller m’attendre à Capharnaüm. Et moi, après le miracle des pains, je m’étais isolé de la foule, mais pas par dédain pour elle ou par lassitude.

Je n’éprouvais jamais de rancœur contre les hommes, même s’ils se montraient méchants à mon égard. C’est seulement quand je voyais la Loi piétinée et la maison de Dieu profanée que j’arrivais à m’indigner. Mais alors, ce n’était pas moi qui étais en cause, mais les intérêts du Père. Et moi, j’étais sur la terre le premier des serviteurs de Dieu pour servir le Père des Cieux.

Je n’étais jamais las de me dévouer aux foules, même si je les voyais fermées, lentes, humaines, au point de faire perdre cou­rage à ceux qui sont les plus confiants dans leur mission. Et même, justement parce qu’ils étaient si déficients, je multipliais mes explications à l’infini, je les prenais vraiment comme des élèves en retard, et je guidais leur âme dans les découvertes et les initiations les plus rudimentaires, comme un maître patient guide les petites mains maladroites des écoliers pour tracer les premières lettres, pour les rendre toujours plus capables de comprendre et de faire. Que d’amour j’ai donné aux foules ! Je les sortais de la chair pour les amener à l’esprit. Je commençais moi aussi par la chair, mais, alors que Satan en part pour les amener à l’enfer, j’en partais pour les conduire au Ciel.

Je m’étais isolé pour remercier le Père du miracle des pains. Ils avaient été plusieurs milliers de personnes à manger et j’avais recommandé de dire “ merci ” au Seigneur. Mais une fois l’aide obtenue, l’homme ne sait pas dire “ merci ”. Je le disais pour eux.

274.7

Et après… après, je m’étais uni à mon Père pour qui j’avais une infinie nostalgie d’amour. J’étais sur la terre, mais comme une dépouille sans vie. Mon esprit s’était jeté à la rencontre de mon Père que je sentais penché sur son Verbe et je lui disais : “ Je t’aime, ô Père saint ! ” C’était ma joie de lui dire : “ Je t’aime. ” Le lui dire comme homme en plus de le lui dire comme Dieu. Lui humilier mon sentiment d’homme, comme je lui offrais ma palpitation de Dieu. Il me semblait être l’aimant qui attirait à lui tous les amours de l’homme – de l’homme capable d’aimer Dieu ne serait-ce qu’un peu –, de les accumuler, de les offrir dans le creux de mon Cœur. Il me semblait être l’Homme à moi seul, c’est-à-dire l’espèce humaine qui revenait, comme aux jours de l’innocence, converser avec Dieu dans la fraîcheur du soir.

Mais bien que ma béatitude fût complète, puisque c’était une béatitude de charité, elle ne m’éloignait pas des besoins des hommes et je me suis rendu compte du danger de mes fils sur le lac. J’ai donc quitté l’Amour pour l’amour. La charité doit être empressée.

Ils m’ont pris pour un fantôme. Ah ! Que de fois, mes pauvres enfants, vous me prenez pour un fantôme, pour un épouvantail ! Si vous pensiez toujours à moi, vous me reconnaîtriez tout de suite. Mais vous avez bien d’autres fantômes dans le cœur et cela vous donne le vertige. Mais moi, je me fais connaître. Ah ! Si vous saviez m’écouter !

274.8

Pourquoi Pierre s’enfonce-t-il, après avoir parcouru plusieurs mètres ? Je l’ai dit : parce que l’humanité domine son esprit.

Pierre était très “ homme ”. S’il s’était agi de Jean, il n’aurait pas eu tant d’audace et n’aurait pas, par inconstance, changé d’idée. La pureté donne de la prudence et de la fermeté. Mais Pierre était “ homme ” dans toute l’acception du mot. Il désirait se distinguer des autres, faire voir que “ personne ” n’aimait le Maître comme lui. Il voulait s’imposer et, pour la seule raison qu’il était l’un des mes disciples, il se croyait déjà au-dessus des faiblesses de la chair. Au contraire, pauvre Simon, dans les épreuves, il donnait des contre-épreuves qui n’avaient rien de sublime. Mais c’était nécessaire pour qu’il devienne plus tard celui qui perpétuerait la miséricorde du Maître dans l’Eglise nais­sante.

Pierre, non seulement se laisse dominer par la peur pour sa vie en danger, mais il devient uniquement, comme tu l’as dit, “ une chair qui tremble ”. Il ne réfléchit plus, il ne me regarde plus. Vous aussi, vous vous comportez de même. Et plus le danger est imminent, plus vous voulez agir par vous-mêmes. Comme si vous pouviez faire quelque chose ! Jamais comme au moment où vous devriez espérer en moi et m’appeler, vous vous éloignez, me serrez le cœur et même me maudissez. Pierre ne me maudit pas, mais il m’oublie et je dois libérer le pouvoir de volonté pour appeler son esprit à moi : pour lui faire lever les yeux vers son Maître et Sauveur.

Je l’absous d’avance de son péché de doute parce que je l’aime, cet homme impulsif qui, une fois confirmé en grâce, saura aller de l’avant, sans plus se troubler ou se lasser, jusqu’au martyre, en jetant inlassablement jusqu’à la mort son filet mystique pour amener les âmes à son Maître.

Et quand il m’appelle, je ne marche pas, je vole à son secours et je le tiens fermement pour le conduire en lieu sûr. Mon re­proche est plein de douceur, parce que je comprends tout ce qui atténue les faiblesses de Pierre. Je suis le meilleur défenseur et le meilleur juge qui soit et qui aura jamais été. Pour tous.

274.9

Je vous comprends, mes pauvres enfants ! Et même si je vous dis un mot de reproche, mon sourire vous l’adoucit. Je vous aime. Voilà tout. Je veux que vous ayez la foi. Mais si vous l’avez, je viens et je vous soustrais au danger. Ah ! Si la terre savait dire : “ Maître, Seigneur, sauve-moi ! ” II suffirait d’un cri, mais de toute la terre, pour qu’instantanément Satan et ses séides tombent vaincus. Mais vous ne savez pas avoir foi. Je vais, multipliant les moyens pour vous amener à la foi. Mais ils tombent dans votre vase comme une pierre dans la vase d’un marais et ils y restent ensevelis.

Vous ne voulez pas purifier les eaux de votre âme, vous aimez être une fange putride. Peu importe. Je fais mon devoir de Sauveur éternel. Et même si je ne peux sauver le monde parce que le monde ne veut pas être sauvé, je sauverai du monde ceux qui, parce qu’ils m’aiment comme je dois être aimé, n’appartiennent plus au monde. »

[…]

274.1

È tarda sera, quasi notte, perché ci si vede appena sul sentiero che si inerpica su un poggio su cui sono sparse delle piante che mi paiono di ulivo. Ma, data la luce, non posso assicurare. Insomma, sono piante non troppo alte, fronzute e contorte come di solito sono gli ulivi.

Gesù è solo. Vestito di bianco e col suo manto azzurro cupo. Sale e si interna fra le piante. Cammina di un passo lungo e sicuro. Non sveltamente, ma per la lunghezza del passo fa molta strada anche andando senza fretta. Cammina sinché giunge ad una specie di balcone naturale, dal quale ci si affaccia sul lago tutto quieto sotto al lume delle stelle, che ormai gremiscono il cielo coi loro occhi di luce. Il silenzio avvolge Gesù col suo abbraccio riposante e lo stacca e smemora dalle folle e dalla terra congiungendolo al cielo, che pare scendere più basso per adorare il Verbo di Dio e carezzarlo con la luce dei suoi astri.

Gesù prega nella sua posa abituale: in piedi e con le braccia aperte a croce. Ha dietro alle sue spalle un ulivo e pare già crocifisso su questo tronco scuro. Le fronde lo sovrastano di poco, alto come è, e sostituiscono con una parola consona al Cristo il cartello della croce. Là: Re dei giudei. Qui: Principe della pace. Il pacifico ulivo dice giusto a chi sa intendere.

Prega a lungo. Poi siede sulla balza che fa base all’ulivo, su un radicone che sporge, e prende la sua attitudine solita, con le mani intrecciate e i gomiti posati sui ginocchi. Medita. Chissà quale divina conversazione Egli intreccia col Padre e lo Spirito in quest’ora in cui è solo e può esser tutto di Dio. Dio con Dio!

Mi pare che molte ore passino così, perché vedo che le stelle cambiano zona e molte già sono tramontate ad occidente.

274.2

Proprio mentre una larva di luce, anzi di luminosità, perché non si può ancora chiamare luce, si disegna all’estremo orizzonte dell’est, un brivido di vento scuote l’ulivo. Poi calma. Poi riprende più forte. A pause sincopate e sempre più violente. La luce dell’alba, appena appena iniziata, stenta a farsi strada per un accumulo di nubi scure che vengono ad occupare il cielo, spinte da raffiche di vento sempre più forte. Anche il lago non è più quieto. Ma, anzi, mi pare che stia mettendo insieme una burrasca come quella[1] già vista nella visione della tempesta. Il rumore delle fronde e il brontolio delle acque empiono ora lo spazio, poco prima tanto quieto.

Gesù si scuote dalla sua meditazione. Si alza. Guarda il lago. Cerca su esso alla luce delle superstiti stelle e della povera alba malata e vede la barca di Pietro, che arranca faticosamente verso la sponda opposta ma che non ce la fa. Gesù si avvolge strettamente nel mantello sollevando il lembo, che cade e che gli darebbe noia nello scendere, sul capo come fosse un cappuccio, e scende di corsa, non per la strada già fatta ma per un sentieruolo rapido che va direttamente al lago. Va così velocemente che pare che voli.

Giunto sulla riva schiaffeggiata dalle acque, che fanno sul greto tutto un orlo di spuma sonante e fioccosa, prosegue il suo cammino veloce come non camminasse su un elemento liquido e tutto in movimento, ma sul più liscio e solido pavimento della terra. Ora diventa Egli luce. Sembra che tutta la poca luce, che ancora viene dalle rare e morenti stelle e dall’alba burrascosa, si converga su Lui e ne venga raccolta come fosforescenza intorno al suo corpo slanciato. Vola sulle onde, sulle creste spumose, nelle pieghe scure fra onda e onda, a braccia tese in avanti, col manto che si gonfia intorno alle sue gote e che svolazza, per quanto può, così stretto come è al corpo, con un palpito d’ala.

274.3

Gli apostoli lo vedono e gettano un grido di paura che il vento porta verso Gesù.

«Non temete. Sono Io». La voce di Gesù, per quanto abbia il vento contrario, si spande sul lago senza fatica.

«Sei proprio Tu, Maestro?», chiede Pietro. «Se sei Tu, dimmi di venirti incontro camminando come Te sulle acque».

Gesù sorride. «Vieni», dice semplicemente, come fosse la cosa più naturale del mondo camminare sull’acqua.

E Pietro, seminudo come è, ossia con una tunichella corta e senza maniche, fa un salto soprabordo e va verso Gesù.

Ma, quando è lontano una cinquantina di metri dalla barca e quasi altrettanto da Gesù, viene preso dalla paura. Fin lì l’ha sorretto il suo impulso d’amore. Ora l’umanità lo soverchia e… trema per la propria pelle. Come uno messo su un suolo scivoloso, o meglio su una sabbia mobile, egli comincia a traballare, ad annaspare, a sprofondare. E più annaspa e ha paura, e più sprofonda.

274.4

Gesù si è fermato e lo guarda. Serio. Attende. Ma non stende neppure una mano, che ha anzi conserte al petto, e non fa più passo o parola.

Pietro sprofonda. Scompaiono i malleoli, gli stinchi, i ginocchi. Le acque son quasi all’inguine, lo superano, montano verso la cintura. E il terrore è sul suo viso. Un terrore che lo paralizza anche nel pensiero. Non è più che una carne che ha paura di affogare. Non pensa neppure di gettarsi a nuoto. Nulla. È inebetito dalla paura.

Finalmente si decide a guardare Gesù. E basta che lo guardi perché la sua mente cominci a ragionare, a capire dove è salvezza. «Maestro, Signore, salvami».

Gesù disserra le braccia e, quasi portato dal vento o dall’onda, si precipita verso l’apostolo e gli tende la mano dicendo:

«Oh, che uomo di poca fede! Perché hai dubitato di Me? Perché hai voluto fare da te?».

Pietro, che si è afferrato convulsamente alla mano di Gesù, non risponde. Lo guarda soltanto per vedere se è in collera, lo guarda con un misto di restante paura e di sorgente pentimento.

Ma Gesù sorride e lo tiene ben stretto per il polso, sino a che, raggiunta la barca, ne scavalcano il bordo e vi entrano. E Gesù comanda: «Andate a riva. Costui è tutto bagnato». E sorride guardando l’umiliato discepolo.

Le onde si spianano per facilitare l’approdo, e la città, vista altra volta dall’alto di una collina, si delinea oltre la riva.

La visione mi cessa qui.

274.5

Dice Gesù:

«Molte volte non attendo neppure d’esser chiamato quando vedo dei miei figli in pericolo. E molte volte accorro anche per chi è meco figlio ingrato.

Voi dormite o siete presi dalle cure della vita, dalle sollecitudini della vita. Io veglio e prego per voi. Angelo di tutti gli uomini, Io sto proteso su voi, e nulla m’è più doloroso del non poter intervenire perché voi negate il mio intervento preferendo fare da voi o, peggio, chiedendo aiuto al Male. Come padre che si vede significare da un figlio: “Non ti amo. Non ti voglio. Esci da casa mia”, Io resto umiliato e addolorato come non lo fui per le ferite. Ma, se appena non mi intimate: “Vattene” e siete solo distratti dalla vita, allora Io sono l’eterno Vegliante che è pronto a venire prima ancora d’esser chiamato. E se aspetto che sol mi diciate una parola — qualche volta l’aspetto — è per sentirmi chiamare.

Che carezza, che dolcezza sentirmi chiamare dagli uomini! Sentire che si ricordano che sono “Salvatore”! Non ti dico poi che infinita gioia mi penetra e esalta quando v’è chi m’ama e mi chiama anche senza attendere l’ora del bisogno. Mi chiama perché ama Me più d’ogni altro al mondo e sente empirsi di una gioia simile alla mia solo a chiamare: “Gesù, Gesù”, come fanno i bambini quando chiamano: “Mamma, mamma” e sembra loro che miele scenda fra le loro labbra, perché la sola parola “mamma” porta con sé il sapore dei baci materni.

274.6

Gli apostoli vogavano ubbidendo al mio comando di andare ad attendermi a Cafarnao. Ed Io, dopo il miracolo dei pani, m’ero isolato dalla folla, non per sdegno di essa o per stanchezza.

Non avevo mai sdegno per gli uomini, neppure se erano meco cattivi. Solo quando vedevo calpestata la Legge e profanata la Casa di Dio giungevo allo sdegno. Ma allora non ero Io in causa, ma gli interessi del Padre. Ed Io ero sulla Terra primo dei servi di Dio per servire il Padre dei Cieli. Non ero mai stanco di dedicarmi alle folle, anche se le vedevo così ottuse, tarde, umane, da far cadere il cuore anche ai più fiduciosi nella loro missione. Anzi, proprio perché erano così deficienti, moltiplicavo le mie lezioni all’infinito, li prendevo proprio come scolari tardivi e ne guidavo lo spirito nelle più rudimentali scoperte e iniziazioni, così come un paziente maestro guida le manine inesperte degli scolari a tracciare i primi segni, per renderli sempre più capaci di comprendere e fare. Quanto amore ho dato alle folle! Le pigliavo dalla carne per portarle allo spirito. Anche Io cominciavo dalla carne. Ma, mentre Satana prende da quella per portare all’Inferno, Io prendevo da quella per portare al Cielo.

Mi ero isolato per ringraziare il Padre del miracolo dei pani. Avevano mangiato in molte migliaia di persone. E avevo raccomandato di dire “grazie” al Signore. Ma, ottenuto l’aiuto, l’uomo non sa dire “grazie”. Lo dicevo Io per loro.

274.7

E dopo… E dopo m’ero fuso col Padre mio, del quale avevo una nostalgia d’amore infinita. Ero sulla Terra, ma come una spoglia senza vita. Il mio spirito si era lanciato incontro al Padre mio, che sentivo curvo sul suo Verbo, e gli diceva: “T’amo, o Padre santo!”. Era la mia gioia dirgli: “T’amo”. Dirglielo da Uomo oltre che da Dio. Umiliargli il sentimento dell’uomo così come gli offrivo il mio palpito di Dio. Mi pareva di essere la calamita che attirava a sé tutti gli amori dell’uomo — dell’uomo capace di amare un pochino Iddio — di accumularli e di offrirli nel cavo del mio Cuore. Mi pareva di essere Io solo, l’Uomo, ossia la razza umana, che tornava come nei giorni innocenti a conversare con Dio nel fresco della sera.

Ma, per quanto la beatitudine fosse completa poiché era beatitudine di carità, non mi astraeva dai bisogni degli uomini. E avvertii il pericolo dei miei figli sul lago. E lasciai l’Amore per l’amore. La carità deve essere sollecita.

Mi hanno preso per un fantasma. Oh! quante volte, poveri figli, mi prendete per un fantasma, un oggetto di paura! Se pensaste sempre a Me, mi riconoscereste subito. Ma avete tante altre larve nel cuore, e questo vi dà il capogiro. Ma Io mi faccio conoscere. Oh! se mi sapeste sentire!

274.8

Perché affonda Pietro dopo aver camminato per molti metri? Lo hai detto: perché l’umanità gli soverchia lo spirito.

Pietro era molto “uomo”. Fosse stato Giovanni, non avrebbe né soverchiamente osato né volubilmente cambiato pensiero. La purezza dà prudenza e fermezza. Ma Pietro era “uomo” in tutta l’estensione del nome. Aveva il desiderio di primeggiare, di far vedere che “nessuno” come lui amava il Maestro, voleva imporsi e, sol perché era uno dei miei, si credeva già al disopra delle debolezze della carne. Invece, povero Simone, nelle prove dava delle controprove non sublimi. Ma era necessario perché fosse poi colui che perpetuava la misericordia del Maestro fra la Chiesa nascente.

Pietro non solo si fa prendere il sopravvento dalla paura per la sua vita in pericolo, ma diviene unicamente, come tu hai detto, “una carne che trema”. Non riflette più, non mi guarda più. Anche voi fate così. E più il pericolo è imminente, e più volete fare da voi. Come se voi poteste fare qualcosa! Mai, come nelle ore in cui dovreste sperare in Me e chiamarmi, vi allontanate, mi serrate il cuore e anche mi maledite. Pietro non mi maledice. Ma mi dimentica, e devo sprigionare imperio di volontà per chiamare a Me il suo spirito: che faccia alzare gli occhi al suo Maestro e Salvatore.

Lo assolvo in anticipo dal suo peccato di dubbio perché lo amo, questo uomo impulsivo che, quando sarà confermato in grazia, saprà procedere senza più turbamenti o stanchezze sino al martirio, gettando instancabile, sino alla morte, la sua mistica rete per portare anime al suo Maestro.

E quando egli mi invoca, non cammino, volo in suo soccorso e lo tengo stretto per condurlo in salvo. Mite il mio rimprovero perché comprendo tutte le attenuanti di Pietro. Sono il difensore e il giudice più buono che sia e che sarà mai stato. Per tutti.

274.9

Vi capisco, poveri figli miei! E se anche vi dico una parola di rimprovero, il mio sorriso ve l’addolcisce. Vi amo. Ecco tutto. Voglio che abbiate fede. Ma, se l’avete, vengo e vi porto fuori dal pericolo. Oh! se sapesse la Terra dire: “Maestro, Signore, salvami!”. Basterebbe un grido, ma di tutta la Terra, perché istantaneamente Satana e i suoi esecutori cadessero vinti. Ma non sapete avere fede. Vado moltiplicando i mezzi per portarvi alla fede. Ma essi cadono fra la vostra melma come sasso nella melma di una palude e vi giacciono sepolti.

Non volete purificare le acque del vostro spirito, amate esser putrido fango. Non importa. Io faccio il mio dovere di Salvatore eterno. E se anche non potrò salvare il mondo, perché il mondo non vuole esser salvato, salverò dal mondo coloro che, per amarmi come devo esser amato, non sono più del mondo».

[…]


Notes

  1. comme celle qui est décrite en 185.3.

Note

  1. come quella, che è descritta in 185.3.