Gli Scritti di Maria Valtorta

325. Les huit apôtres retrouvent Jésus près d’Aczib.

325. Gli otto apostoli si riuniscono a Gesù presso Aczib.

325.1

Jésus – un Jésus très maigre et pâle, très triste, je dirais même souffrant – se tient sur le sommet – juste sur le sommet – le plus haut d’une petite montagne sur laquelle il y a aussi un village. Mais Jésus n’est pas dans le village qui se trouve au sommet, tourné du côté de la pente sud-est. Jésus se tient au contraire sur un petit éperon, le plus élevé, tourné vers le nord-ouest, en réalité plus ouest que nord[1].

Jésus, en regardant comme il le fait de plusieurs côtés, voit donc une chaîne ondulée de montagnes dont les extrémités nord-ouest et sud-ouest plongent leurs derniers contrefort dans la mer, au sud-ouest avec le mont Carmel, qui s’estompe au loin, dans la journée sereine, et au nord-ouest avec un cap tranchant comme un éperon de navire qui ressemble beaucoup aux Apuanes italiennes avec ses veines rocheuses qui blanchissent au soleil. De cette chaîne ondulée de montagnes descendent des torrents et des ruisseaux – tous en crue à cette saison – qui, à travers la plaine côtière, courent se jeter dans la mer. Près de la large baie de Sycaminon, le plus abondant d’entre eux, le Kishon, débouche dans la mer après avoir fait une sorte de miroir d’eau au confluent d’un autre ruisselet, près de son embouchure. Le soleil, au midi d’une journée sereine, produit des scintillements de topaze ou de saphir sur la surface de leurs eaux, tandis que la mer n’est qu’un immense saphir veiné de légers colliers de perles.

Le printemps du sud se manifeste déjà par les feuilles nouvelles qui sortent des bourgeons éclos, tendres, brillantes, je dirais même virginales tant elles sont fraîches, ignorantes de la poussière et des tempêtes, de la morsure des insectes et des contacts humains. Les branches des amandiers sont déjà des flocons d’écume blanche rosée, si soyeux, si aériens, qu’ils donnent l’impression qu’ils vont se détacher des rameaux sur lesquels ils sont nés pour voyager dans l’air serein comme de petits nuages. Et même les champs de la plaine, étroite mais fertile, qui s’étend du cap du nord-ouest à celui du sud-ouest, présente l’aspect légèrement verdoyant de blés en herbe, ce qui enlève toute tristesse aux champs dénudés encore il y a peu.

Jésus regarde. De l’endroit où il est, il voit trois chemins : celui qui vient du village et qui aboutit là, un sentier pour les piétons seulement, et deux autres qui descendent du village en bifurquant dans deux directions opposées : vers le nord-ouest et vers le sud-ouest.

Combien Jésus a dû souffrir ! Il est marqué par la pénitence beaucoup plus que lorsqu’il a jeûné au désert. C’était alors un homme qui avait pâli, mais encore jeune et fort ; maintenant, c’est un homme épuisé par un ensemble de souffrances qui accablent à la fois les forces physiques et les forces morales. Son regard est très triste, d’une tristesse tout à la fois douce et sévère. Ses joues amaigries font ressortir encore davantage la spiritualité de son profil, de son front haut, de son nez long et droit, de ses lèvres absolument exemptes de sensualité. Un visage angélique tant il exclut la matérialité. Il a la barbe plus longue qu’à l’ordinaire. Elle a poussé jusque sur les joues, jusqu’à se confondre avec les cheveux qui tombent sur les oreilles, de sorte que dans son visage il n’y a de visible que le front, les yeux, le nez et les pommettes fines et d’une couleur d’ivoire sans la moindre trace de rose. Ses cheveux sont peignés d’une manière rudimentaire, ils sont ternes et gardent, en souvenir de la caverne où il est resté, des débris de feuilles sèches et de brindilles accrochées dans ses longues mèches. Sa tunique et son manteau, chiffonnés et salis, indiquent, eux aussi, l’endroit sauvage où ils ont été portés et où ils ont servi sans arrêt.

325.2

Jésus regarde… Le soleil de midi le réchauffe et il semble en éprouver du plaisir car il fuit l’ombre de quelques rouvres pour se mettre en plein soleil, mais bien que celui-ci soit net, resplendissant, il n’allume aucun éclat sur ses cheveux poussiéreux, dans ses yeux fatigués, et ne donne pas de couleur à ses joues creuses.

Ce n’est pas le soleil qui le revigore et avive ses couleurs, mais c’est la vue de ses chers apôtres qui montent en gesticulant et en regardant vers le village, de la route qui vient du nord-ouest, la plus plate. Alors se produit la métamorphose. Son regard redevient vivant et son visage paraît moins émacié sous l’effet d’une trace de rose qui s’étend sur les joues et plus encore par le sourire qui l’illumine. Il desserre ses bras, qui étaient croisés, et s’écrie : « Mes chers amis ! » Il le dit en levant la tête, en tournant les yeux sur ce qui l’entoure, comme pour communiquer sa joie aux plantes, aux arbres, au ciel serein, à l’air qui déjà se ressent du printemps.

Il resserre étroitement son manteau autour du corps pour qu’il ne s’accroche pas aux buissons et descend rapidement par un raccourci à la rencontre de ceux qui montent et qui ne l’ont pas encore aperçu. Lorsqu’il est à portée de voix, il les appelle pour les arrêter dans leur marche vers le village.

Ils entendent l’appel lointain. Peut-être que, de l’endroit où ils se trouvent, ils ne peuvent voir Jésus, dont l’habit foncé se confond avec le feuillage du bois qui couvre la pente. Ils regardent autour d’eux, font des gestes… Jésus les appelle de nouveau… Finalement, dans une clairière du bois, il se présente à leurs yeux dans le soleil, les bras légèrement tendus comme si déjà il voulait les embrasser.

C’est alors un grand cri qui se répercute sur la côte :

« Le Maître ! »

Une course rapide s’engage sur la pente en dehors du chemin. On s’égratigne, on trébuche, on s’essouffle, sans plus sentir le poids des sacs, la fatigue de la marche, emporté par la joie de le revoir…

325.3

Naturellement, les premiers à arriver sont les plus jeunes et les plus agiles, c’est-à-dire les deux fils d’Alphée, au pas assuré des gens nés sur les collines, puis Jean et André qui courent comme deux faons, en riant de bonheur. Et ils tombent à ses pieds, à la fois affectueux et respectueux, heureux, heureux, heureux… Puis arrive Jacques, fils de Zébédée, et enfin, presque ensemble, les trois qui sont les moins entraînés à la course et à la montagne, Matthieu, Simon le Zélote et, en bon dernier, Pierre.

Mais il se fraie un chemin – ah, oui ! Comme il se fraie un chemin ! – pour arriver au Maître qu’entourent à genoux les premiers arrivés, qui ne se lassent pas de baiser les vêtements ou les mains qu’il leur a abandonnées. Tout essoufflé, il attrape énergiquement Jean et André, attachés aux vêtements de Jésus comme des huîtres à un rocher, et les écarte pour pouvoir tomber aux pieds de Jésus :

« Oh, mon Maître ! Je reviens enfin à la vie ! Je n’en pouvais plus. J’ai vieilli et je suis amaigri comme si j’avais été très malade. Regarde si ce n’est pas vrai, Maître… »

Et il lève la tête pour que Jésus le regarde. Mais, ce faisant, il voit combien Jésus est changé et il se lève en s’écriant :

« Maître ! Mais qu’as-tu fait ? Abrutis ! Mais regardez ! Vous ne voyez rien, vous ? Jésus a été malade !…

325.4

Maître, mon Maître, qu’est-ce que tu as eu ? Dis-le à ton Simon !

– Rien, mon ami.

– Rien ? Avec ce visage ? Alors on t’a fait du mal ?

– Mais non, Simon.

– Ce n’est pas possible ! Tu as été souffrant ou persécuté ! Moi, j’ai l’œil !…

– Moi aussi. Et je te vois émacié et vieilli, en effet. Pourquoi donc l’es-tu ? » demande en souriant le Seigneur à son Pierre qui le scrute comme s’il voulait lire la vérité sur les cheveux, la peau, la barbe de Jésus.

« Mais j’ai souffert, moi ! Et je ne le nie pas. Crois-tu qu’il m’ait été agréable de voir tant de douleur ?

– Tu l’as dit ! Moi aussi, j’ai souffert pour la même raison…

– Rien que pour cela, Jésus ? demande Jude, apitoyé et affectueux.

– A cause de la douleur, oui, mon frère, la douleur causée par la nécessité de renvoyer…

– Et à cause de la douleur d’y avoir été contraint par…

– Je t’en prie !… Silence ! Sur ma blessure, le silence m’est plus cher que toute parole qui veut me consoler en disant : “ Moi, je sais pourquoi tu as souffert. ” D’ailleurs, sachez-le tous, j’ai souffert de beaucoup de choses, pas de celle-là seulement. Et si Jude ne m’avait pas interrompu, je vous l’aurais dit. »

Jésus est austère à ces mots. Tous en restent interdits. Mais Pierre est le premier à se reprendre :

« Et où es-tu allé, Maître ? Qu’as-tu fait ?

– Je suis resté dans une grotte… à prier … à méditer … à fortifier mon esprit, pour vous obtenir la force, à vous dans votre mission, à Jean et à Syntica dans leurs souffrances.

– Mais où, où ? Sans vêtement, sans argent ! Comment as-tu fait ? »

Simon est agité.

« Dans une grotte, on n’a besoin de rien.

– Mais la nourriture, le feu, le lit ? Tout en somme ! J’espérais qu’au moins on t’aurait donné l’hospitalité comme à un voyageur égaré, à Jiphtaël ou ailleurs, bref dans une maison. Et cela me tranquillisait un peu. Pourtant, hein ? Dites-le, vous, si ce n’était pas pour moi un tourment de penser qu’il était sans vêtement, sans nourriture, sans moyen de s’en procurer, et surtout sans le désir de s’en procurer. Ah ! Mon Jésus ! Tu ne devais pas faire ça ! Et tu ne le feras plus jamais ! Je ne te quitterai plus une seule heure. Je vais me coudre à ton vêtement pour te suivre comme ton ombre, que tu le veuilles ou non. Je serai séparé de toi seulement si je meurs.

– Ou si moi, je meurs.

– Ah non ! Pas toi ! Tu ne dois pas mourir avant moi. Ne me dis pas cela. Tu veux m’attrister tout à fait ?

– Non. Au contraire, je veux me réjouir avec toi, avec tous, en cette belle heure qui me ramène mes chers amis, mes amis préférés. Voyez : je suis déjà mieux, car votre amour sincère me nourrit, me réchauffe, me console de tout. »

Et il les caresse, un par un, tandis que leurs visages resplendissent d’un sourire bienheureux, leurs yeux luisent, et leurs lèvres tremblent d’émotion en entendant ces mots, et ils demandent :

« Vraiment, Seigneur ?

– Il en est vraiment ainsi, Maître ?

– Nous te sommes si chers ?

– Oui, si chers !

325.5

Avez-vous de la nourriture avec vous !

– Oui. J’avais le sentiment que tu serais à bout, et j’en ai pris en chemin. J’ai du pain et de la viande rôtie, j’ai du lait, des fromages et des pommes, et en plus une gourde de vin généreux et des œufs pour toi. Pourvu qu’ils ne soient pas cassés…

– Eh bien ! Asseyons-nous ici, sous ce beau soleil, et mangeons. Et tout en mangeant, vous me raconterez… »

Ils s’asseyent au soleil, sur un talus. Pierre ouvre son sac, regarde ses trésors :

« Tout est intact ! » s’écrie-t-il. « Même le miel d’Antigonée. Mais non ! Je l’avais bien dit ! Même si, au retour, on nous avait mis dans un tonneau qu’un fou aurait roulé, ou sur une barque sans rames, trouée par dessus le marché, en une heure de tempête, nous serions arrivés sains et saufs… Mais à l’aller ! Je suis de plus en plus convaincu que c’était le démon qui nous faisait d’abord obstacle. Pour nous empêcher d’aller avec ces malheureux…

– Bien sûr ! Au retour, il n’avait plus de but…, explique Simon le Zélote.

– Maître, tu as fait pénitence pour nous ? demande Jean, qui oublie de manger pour contempler Jésus.

– Oui, Jean. Je vous ai suivis par la pensée : j’ai eu conscience de vos dangers et de vos peines. Je vous ai aidés comme je l’ai pu…

– Ah moi ! Je l’ai senti ! Je vous l’ai même dit. Vous vous en souvenez ?

– Oui, c’est vrai, approuvent-ils tous.

– Eh bien ! Maintenant vous me rendez ce que je vous ai donné.

– Tu as jeûné, Seigneur ? demande André.

– Forcément ! Même s’il avait voulu manger, sans argent, dans une grotte, comment voulais-tu qu’il fasse ? lui répond Pierre.

– A cause de nous ! Comme j’en ai de la peine ! Dit Jacques.

– Oh, non ! Ne vous en affligez pas ! Ce n’est pas pour vous seuls, c’est aussi pour le monde entier.

325.6

Ce que j’ai fait quand j’ai commencé ma mission, je l’ai refait maintenant. A cette époque, à la fin, j’ai été secouru par les anges. Maintenant, je le suis par vous. Et, croyez-le, cela m’est une double joie. Car, chez les anges, la charité s’impose, mais chez les hommes, il est moins facile de la trouver. Vous, vous en faites preuve. Et, d’hommes que vous étiez, vous êtes devenus des anges par amour pour moi, ayant choisi la sainteté à l’encontre de tout. Pour cela, vous faites ma joie à la fois comme Dieu et comme Homme-Dieu, car vous me donnez ce qui est de Dieu : la charité, et ce qui est du Rédempteur : votre élévation à la perfection. Cela me vient de vous, et c’est plus nourrissant que tout autre aliment. A cette époque aussi, dans le désert, j’ai été nourri par l’amour après avoir jeûné, et j’en ai été restauré. C’est la même chose maintenant, la même chose ! Nous avons tous souffert, vous comme moi. Mais la souffrance n’a pas été inutile. Je crois, je sais qu’elle vous a davantage servi qu’une année entière d’enseignement. La souffrance, la méditation du mal que peut faire l’homme à son semblable, la pitié, la foi, l’espérance, la charité dont vous avez dû faire preuve, et tout seuls, vous ont mûris comme des enfants qui deviennent hommes…

– Oh, oui ! Je suis devenu vieux, moi. Je ne serai jamais plus le Simon, fils de Jonas, que j’étais au départ. J’ai compris combien notre mission est douloureuse dans sa beauté… soupire Pierre.

325.7

– Eh bien ! Maintenant nous sommes ici, ensemble, racontez donc…

– Parle, toi, Simon. Tu sauras mieux parler que moi, dit Pierre à Simon le Zélote.

– Non. Toi, en brave chef, fais le rapport au nom de tous » répond l’autre.

Et Pierre commence, en disant :

« Mais vous, vous allez m’aider. »

Il fait un récit ordonné des faits jusqu’au départ d’Antioche. Puis il raconte le retour :

« Nous souffrions tous, tu sais ? Je n’oublierai jamais les dernières paroles des deux disciples… »

Pierre essuie du dos de la main deux grosses larmes qui coulent à l’improviste…

« Cela m’a paru être le dernier cri de quelqu’un qui se noie… Mais… Allez, à vous de continuer… moi, je ne peux pas… »

Il se lève et s’écarte un peu pour dominer son émotion.

Simon le Zélote prend la parole :

« Aucun de nous n’a parlé pendant une grande partie de la route… Nous ne le pouvions pas. Nous avions mal à la gorge tant elle était gonflée par les larmes… Et nous ne voulions pas pleurer… parce que si nous avions commencé, même un seul, c’en aurait été fini. Moi, j’avais pris les rênes parce que Pierre, pour ne pas montrer qu’il souffrait, s’était mis au fond du char en fouillant les sacs. Nous nous sommes arrêtés à un petit village à mi-chemin entre Antioche et Séleucie. Même si le clair de lune augmentait à mesure que la nuit avançait, nous nous sommes arrêtés là parce que nous ne connaissions pas le lieu. Et nous avons sommeillé au milieu de nos affaires. Nous n’avons pas mangé, personne, parce que… nous ne le pouvions pas. Nous pensions à Jean d’En-Dor et à Syntica… A la première lueur de l’aube, nous avons passé le pont et nous sommes arrivés avant l’heure de tierce à Séleucie. Nous avons ramené le char et le cheval à l’hôtelier et – c’était vraiment un brave homme – nous avons profité de ses conseils pour le navire. Il a dit : “ Je vais venir au port moi-même. Je connais et on me connaît. ” Et il l’a fait. Il a trouvé trois bateaux en partance pour ces ports-ci. Mais sur l’un, il y avait certains… individus que nous n’avons pas voulu avoir comme voisins. L’homme, qui l’avait appris par le maître du navire, nous l’a dit. L’autre était d’Ascalon, mais il ne voulait pas faire escale pour nous à Tyr, à moins de payer une somme que nous n’avions plus. Le troisième était une petite embarcation chargée de bois brut, une pauvre barque avec un équipage réduit et, je crois, très misérable. C’est pourquoi, bien qu’il aille à Césarée, il a consenti à s’arrêter à Tyr, moyennant le paiement d’une journée de vivres et de salaire pour tout l’équipage. Cela nous convenait. Pour être franc, Matthieu et moi nous avions un peu peur. C’est une époque de tempêtes… et tu sais ce qui s’est passé à l’aller. Mais Simon-Pierre a dit : “ Il n’arrivera rien ” et nous y sommes montés. On avait l’impression que les voiles du bateau étaient des anges, tant la marche était régulière et rapide. Il nous a fallu deux fois moins de temps qu’à l’aller pour arriver à Tyr, et le patron fut si aimable qu’il nous a permis de mettre notre barque à la remorque jusqu’aux environs de Ptolémaïs. Pierre, André et Jean y sont descendus pour les manœuvres, mais c’était très simple… pas comme à l’aller… A Ptolémaïs, nous nous sommes séparés, et nous étions si contents que nous lui avons donné de l’argent en plus de ce qui était convenu avant de descendre tous dans la barque où étaient déjà nos affaires. Nous sommes restés un jour à Ptolémaïs, puis nous sommes venus ici… Mais nous n’oublierons jamais ce que nous avons souffert. Pierre a raison.

– N’avons-nous pas raison aussi de dire que le démon ne nous a gênés qu’à l’aller ? demandent plusieurs.

– Vous avez raison.

325.8

A présent, écoutez : votre mission est terminée. Nous allons maintenant retourner à Jiphtaël pour attendre Philippe et Nathanaël ; et il faut faire vite. Puis les autres arriveront… En attendant, nous évangéliserons ici, aux confins de la Phénicie, et en Phénicie même. Mais quant à ce qui est arrivé, c’est enseveli pour toujours dans nos cœurs. On ne donnera de réponse à aucune question.

– Même pas à Philippe et à Nathanaël ? Ils savent que nous sommes venus avec toi…

– C’est moi qui parlerai. J’ai beaucoup souffert, mes amis, vous l’avez vu. J’ai payé de ma souffrance la paix de Jean et de Syntica. Faites que ma souffrance ne soit pas inutile. Ne mettez pas un fardeau de plus sur mes épaules. J’en ai déjà tant !… Et leur poids croît, jour après jour, heure après heure… Confiez à Nathanaël que j’ai beaucoup souffert, ainsi qu’à Philippe. Et qu’ils soient bons. Dites-le aux deux autres. Mais n’ajoutez rien. Dire que vous avez compris que j’ai souffert et que je vous l’ai confirmé, c’est la vérité. Il ne faut pas en raconter davantage. »

Jésus parle avec peine… Les huit apôtres le regardent avec tristesse et Pierre se permet de caresser sa tête, en restant derrière lui. Jésus lève la tête et regarde son honnête Simon avec un sourire d’affectueuse tristesse. Pierre dit :

« Ah ! Je ne peux pas te voir comme ça ! J’ai l’impression que la joie de notre réunion a disparu, et qu’il n’en reste que la sainteté, et elle seule ! Pour le moment… allons à Aczib. Tu changeras de vêtement, tu te raseras les joues, et tu te peigneras les cheveux. Mais pas comme ça ! Je ne peux pas te voir comme ça… Tu sembles être… quelqu’un qui a échappé à des mains cruelles, que l’on a poursuivi, qui n’en peut plus… Tu me rappelles Abel[2] de Bethléem de Galilée, arraché à ses ennemis…

– Oui, Pierre. Mais c’est le cœur de ton Maître que l’on a malmené… et il ne guérira jamais plus… De plus en plus, au contraire, il sera blessé. Partons… »

325.9

Jean soupire :

« Cela ne me plaît pas… J’aurais voulu raconter à Thomas, qui aime tant ta Mère, le miracle de la chanson et de l’onguent…

– Tu le diras un jour… Pas maintenant. Un jour, vous rapporterez tout. Alors vous pourrez parler. Moi-même, je vous dirai : “ Allez dire tout ce que vous savez. ” Mais en attendant, sachez voir dans le miracle la vérité : la puissance de la foi. Aussi bien Jean que Syntica ont calmé la mer et guéri l’homme, pas par les paroles, pas par l’onguent, mais par la foi avec laquelle ils ont mis en œuvre le nom de Marie et l’onguent qu’elle avait préparé. Et aussi : cela est arrivé parce qu’autour de leur foi, il y avait la vôtre, à vous tous, et votre charité. Charité envers le blessé, charité envers le Crétois. Vous vouliez garder l’un en vie, donner la foi à l’autre. Mais s’il est encore facile de guérir les corps, il est plus difficile de guérir les âmes… Il n’y a pas de maladies plus difficiles à vaincre que celles de l’esprit… »

Et Jésus soupire profondément.

Ils arrivent en vue d’Aczib. Pierre part en avant avec Matthieu pour trouver un logement. Les autres le suivent, groupés autour de Jésus. Le soleil descend rapidement au moment où ils entrent dans le village…

325.1

Gesù — un Gesù molto magro e pallido, molto mesto, direi sofferente — è sulla cima, proprio sulla cima più alta di un monticello sul quale è anche un paese. Ma Gesù non è nel paese che è in vetta, sì, ma volto sulla pendice sud-est. Gesù, invece, è su uno speroncello, il più alto, volto a nord-ovest. Più ovest che nord, veramente.

Gesù, guardando come fa da più lati, vede perciò una catena ondulata di monti che all’estremo nord-ovest e sud-ovest tuffa l’ultima propaggine in mare: a sud-ovest col Carmelo, che sfuma lontano nella giornata serena; a nord-ovest con un capo tagliente come uno sperone di nave, molto simile alle nostre Apuane per vene rocciose biancheggianti al sole. Da questa catena ondulata di monti scendono torrenti e fiumicelli, tutti ben colmi d’acque in questa stagione, che per la pianura costiera corrono a gettarsi nel mare. Presso l’ampia baia di Sicaminon, il più rigoglioso di essi, il Kison, sfocia a mare dopo aver quasi fatto uno specchio d’acqua alla confluenza di un altro fiumiciattolo, presso la foce. Il sole meridiano di una giornata serena trae luccichii di topazi o di zaffiri dai corsi d’acqua, mentre il mare è un immenso zaffiro venato di leggere collane di perle.

La primavera del sud si delinea già con le foglie novelle che erompono dalle gemme dischiuse, tenere, lucide, direi verginali tanto sono novelle, ignare di polvere e di tempeste, di morsi di insetti e di contatti d’uomo. E i rami dei mandorli sono già fiocchi di spuma bianco-rosata, così soffici, così aerei, che dànno l’impressione abbiano a staccarsi dal tronco natale e veleggiare per l’aria serena come piccole nubi. Anche i campi della pianura, non vasta ma fertile, compresa fra il capo a nord-ovest e quello a sud-ovest, mostrano un tenero verzicare di grani che levano ogni tristezza ai campi, solo poco tempo prima nudi.

Gesù guarda. Dal punto dove è, vede tre strade. Quella che esce dal paese e viene a finire lì, una stradetta adatta solo a persone, e altre due che dal paese scendono biforcandosi in direzione opposta: verso nord-ovest, verso sud-ovest.

Che Gesù patito è mai! Segnato dalla penitenza molto più di quando digiunò nel deserto. Allora era l’uomo impallidito ma ancora giovane e gagliardo. Ora è l’uomo emunto da un complesso soffrire che accascia tanto le forze fisiche come le forze morali. Il suo occhio è molto mesto, una mestizia dolce e severa insieme. Le gote, assottigliate, fanno ancor più risaltare la spiritualità del suo profilo, della fronte alta, del naso lungo e diritto, della bocca dalle labbra assolutamente prive di sensualità. Un viso angelico, tanto esclude la materialità. Ha la barba più lunga del solito, cresciuta anche sulle guance fino a confondersi con i capelli che cadono sulle orecchie, di modo che del suo volto sono visibili solo la fronte, gli occhi, il naso e gli zigomi sottili e di un color avorio senz’ombra di roseo. Ha i capelli ravviati rudimentalmente, resi opachi e conservanti, per ricordo dell’antro dove è stato, tante piccole parti di foglie secche e di stecchi rimasti aggrovigliati nella lunga capigliatura. E la veste e il mantello, spiegazzati e polverosi, denunciano, pure loro, il luogo selvaggio in cui furono portati e usati senza sosta.

325.2

Gesù guarda… Il sole del mezzodì lo scalda, e sembra che Egli ne abbia piacere perché sfugge l’ombra di alcuni roveri per venire proprio al sole, ma per quanto sia un sole netto, splendente, non accende splendori nei suoi capelli polverosi, nei suoi occhi stanchi, né dà colore al suo viso smagrito.

Non è il sole che lo ristora e avviva nei colori. Ma è la vista dei suoi cari apostoli, che salgono gesticolando e guardando verso il paese dalla strada che viene da nord-ovest, la più piana. Allora avviene la metamorfosi. L’occhio gli si avviva e il viso pare divenire meno macilento per una sfumatura di roseo che si stende sulle gote e più per il sorriso che lo illumina. Disserra le braccia che aveva conserte ed esclama: «I miei cari!».

Lo dice alzando il volto, girando l’occhio sulle cose, quasi a comunicare a steli e piante, al cielo sereno, all’aria che già sa di primavera, la sua gioia.

Raccoglie il mantello ben stretto intorno al corpo, perché non si impigli nei cespugli, e scende rapido per una scorciatoia incontro a loro che salgono e che non lo hanno ancora visto. Quando è a portata di voce li chiama, per arrestarli nel loro andare verso il paese.

Essi sentono il richiamo lontano. Forse dal punto dove sono non possono vedere Gesù, il cui abito scuro si confonde col folto del bosco che copre la pendice. Si guardano intorno, gestiscono… Gesù li chiama di nuovo… Infine una radura nel bosco lo mostra ai loro occhi, nel sole, con le braccia un po’ tese, come già li volesse abbracciare. Allora è un grande grido che si ripercuote sulla costa: «Il Maestro!», e una grande corsa su per i greppi, lasciando la via, graffiandosi, inciampando, ansando, senza sentire il peso delle sacche, la fatica dell’andare… portati dalla gioia di rivederlo.

325.3

Naturalmente i primi ad arrivare sono i più giovani e i più agili, ossia i due figli di Alfeo dal passo sicuro di chi è nato sui colli, e Giovanni e Andrea che corrono come due cerbiatti, ridendo felici. E gli cadono ai piedi, amorosi e riverenti, felici, felici, felici… Poi arriva Giacomo di Zebedeo; ultimi, quasi insieme, i tre meno esperti di corse e di montagne, Matteo e lo Zelote; e ultimo, proprio ultimo, Pietro.

Ma si fa largo — oh! se si fa largo! — per giungere al Maestro stretto alle gambe dai primi arrivati, che non si stancano di baciargli le vesti o le mani che Egli ha abbandonato a loro. Prende energicamente Giovanni e Andrea, attaccati, come ostriche ad uno scoglio, alle vesti di Gesù, e ansando per la fatica fatta li scansa tanto da poter cadere lui ai piedi di Gesù dicendo: «Oh! Maestro mio! Ora torno a vivere, finalmente!

Non ne potevo più. Sono invecchiato e smagrito come fossi stato malato forte. Guarda se non è vero, Maestro…», e alza il capo per farsi guardare da Gesù. Ma nel farlo vede lui il mutamento di Gesù e sorge in piedi gridando: «Maestro!? Ma che hai fatto? Stolti! Ma guardate! Non vedete niente voi? Gesù è stato malato!…

325.4

Maestro, Maestro mio, che hai avuto? Dillo al tuo Simone!».

«Nulla, amico».

«Nulla? Con quel viso? Allora ti hanno fatto del male?».

«Ma no, Simone».

«Non è possibile! O malato o perseguitato sei stato! Ho gli occhi io!…».

«Io pure. E vedo te smagrito e invecchiato, infatti. Perché, allora, tu sei così?», chiede sorridendo il Signore al suo Pietro, che lo scruta come volesse leggere la verità dai capelli, dalla pelle, dalla barba di Gesù.

«Ma io ho sofferto, io! E non lo nego. Credi che sia stato piacevole vedere tanto dolore?».

«Lo hai detto! Io pure ho sofferto per lo stesso motivo…».

«Proprio solo per quello, Gesù?», chiede impietosito e affettuoso Giuda di Alfeo.

«Per il dolore, sì, fratello mio. Per il dolore causato dalla necessità di mandare via…».

«E per il dolore di esservi stato costretto da…».

«Ti prego!… Silenzio! Mi è più caro il silenzio sulla mia ferita di ogni parola che voglia consolare dicendomi: “Io so perché hai sofferto”. Del resto, sappiatelo tutti, ho sofferto di molte cose, non di questa sola. E se Giuda non mi avesse interrotto ve lo avrei detto». Gesù è austero nel dire questo. Tutti ne restano intimoriti.

Ma Pietro è il primo a riprendersi e chiede: «E dove sei stato, Maestro? Che hai fatto?».

«Sono stato in una grotta… a pregare… a meditare… a fortificare lo spirito mio, a ottenervi fortezza, a voi nella vostra missione, a Giovanni e Sintica nel loro soffrire».

«Ma dove, dove? Senza vesti, senza denaro! Come hai fatto?». Simone è agitato.

«In una grotta non necessitavo di nulla».

«Ma il cibo? Ma il fuoco? Ma il letto? Ma… tutto insomma!

Io ti speravo almeno ospite, come un pellegrino smarrito, a Jiftael, altrove, in una casa insomma. E questo mi dava un poco di pace. Ma però, eh? Ditelo voi se non era il mio tormento il pensiero che Lui era senza vesti, senza cibo, senza modo di procurarselo, senza, soprattutto questo, senza volontà di procurarselo. Ah! Gesù! Questo non lo dovevi fare! E non me lo farai mai più! Non ti lascerò più per un’ora. Mi cucirò alla tua veste per venirti dietro come un’ombra, sia che Tu voglia o che Tu non voglia. Solo se muoio sarò separato da Te».

«O se Io muoio».

«Oh! Tu no. Tu non devi morire prima di me. Non lo dire. Mi vuoi rattristare del tutto?».

«No. Anzi mi voglio con te, con tutti, rallegrare in questa bell’ora che mi riporta i miei cari, prediletti amici. Vedete! Sto già meglio perché il vostro amore sincero mi nutre, mi scalda, mi consola di tutto».

E li carezza uno per uno, mentre i loro volti splendono in un sorriso beato e gli occhi luccicano e tremano le labbra per l’emozione di queste parole, mentre chiedono: «Davvero, Signore?», «Proprio così, Maestro?», «Tanto cari ti siamo?».

«Sì. Tanto cari.

325.5

Avete cibo con voi?».

«Sì. Me lo sentivo che Tu eri sfinito e l’ho preso per via. Ho pane e carne arrostita, ho latte e formaggi e mele, più una borraccia con vino generoso e uova per Te. Purché non si siano rotte…».

«Ebbene, sediamo allora qui, a questo bel sole, e mangiamo. Mentre mangiamo mi direte…».

Si siedono al sole su un balzo e Pietro apre la sua sacca, osserva i suoi tesori: «Tutto salvo!», esclama. «Anche il miele di Antigonio. Macché! Se l’ho detto io! Anche se al ritorno ci fossimo messi in una botte e fatti rotolare da un matto, o su una barca senza remi, bucata magari, in ora di tempesta, saremmo arrivati sani e salvi… Ma nell’andare! Sempre più mi convinco che prima era il Demonio che ci ostacolava. Per non farci andare con quei poverini…».

«Già! ora non aveva più scopo…», conferma lo Zelote.

«Maestro, hai fatto penitenza per noi?», chiede Giovanni che si dimentica di mangiare per contemplare Gesù.

«Sì, Giovanni. Vi ho seguiti col pensiero. Ho sentito i vostri pericoli e le vostre afflizioni. Vi ho aiutati come ho potuto…».

«Oh! io l’ho sentito! Ve l’ho anche detto. Ve lo ricordate?».

«Sì. È vero», confermano tutti.

«Ebbene, ora voi mi rendete ciò che vi ho dato».

«Hai digiunato, Signore?», chiede Andrea.

«Per forza! Anche se avesse voluto mangiare, senza denaro, in una grotta, come volevi che mangiasse?», gli risponde Pietro.

«Per causa nostra! Come ne ho dolore!», dice Giacomo d’Alfeo.

«Oh! no! Non ve ne affliggete! Non per voi soli. Anche per tutto il mondo.

325.6

Come ho fatto quando iniziai la missione, così ho fatto ora. Allora fui, alla fine, soccorso dagli angeli. Ora lo sono da voi. E, credetelo, mi è duplice gioia. Perché negli angeli è inderogabile il ministero di carità. Ma negli uomini è meno facile a trovarsi. Voi lo esercitate. E da uomini siete, per mio amore, divenuti angeli, avendo scelto santità contro ogni cosa. Perciò mi fate felice come Dio e come Uomo-Dio. Perché mi date ciò che è di Dio: la Carità; e mi date ciò che è del Redentore: la vostra elevazione alla Perfezione. Questo mi viene da voi ed è più nutriente d’ogni cibo. Anche allora, nel deserto, fui nutrito di amore dopo il digiuno. E ne fui ristorato. Così ora, così ora! Abbiamo tutti sofferto. Io e voi. Ma non è stata inutile sofferenza. Io credo, Io so che essa vi ha giovato più di un intero anno di ammaestramento. Il dolore, la meditazione di ciò che può fare l’uomo di male ad un suo simile, la pietà, la fede, la speranza, la carità che avete dovuto esercitare, e da soli, vi hanno maturati come fanciulli che divengono uomini…».

«Oh! sì! Sono diventato vecchio, io. Non sarò mai più il Simone di Giona che ero alla partenza. Ho capito come è dolorosa, faticosa, nella sua bellezza, la nostra missione…», sospira Pietro.

«Ebbene, ora siamo qui, insieme.

325.7

Narrate dunque…».

«Parla tu, Simone. Sai dire meglio di me», dice Pietro allo Zelote.

«No. Tu, da bravo capo, riferisci per tutti», risponde l’altro. E Pietro comincia, dicendo a premessa: «Ma voi aiutatemi». Racconta con ordine fino alla partenza da Antiochia. Poi inizia il racconto del ritorno: «Soffrivamo tutti, sai? Non dimenticherò mai le ultime voci di quei due…». Pietro si asciuga col dorso della mano due lacrimoni che rotolano improvvisi… «Mi sono sembrati l’ultimo grido di uno che affoga… Mah! Insomma, dite voi… io non posso…», e si alza andando un po’ in là per domare la sua emozione.

Parla Simone Zelote: «Non abbiamo parlato, nessuno, per molta via… Non potevamo parlare… La gola ci doleva per tanto che era gonfia di pianto… E non volevamo piangere… perché se avessimo cominciato, anche uno solo, sarebbe stata finita. Avevo preso le redini io perché Simone di Giona, per non fare vedere che soffriva, si era messo in fondo al carro rovistando nelle sacche. Ci siamo fermati ad un paesino a mezza via fra Antiochia e Seleucia. Per quanto la luna si facesse chiara più la notte si faceva alta, pure, non pratici come eravamo, ci siamo fermati lì. E abbiamo sonnecchiato fra le nostre robe. Non abbiamo mangiato, nessuno, perché… non potevamo. Pensavamo a quei due… Alla prima luce dell’alba abbiamo passato il ponte e siamo arrivati prima dell’ora di terza a Seleucia. Abbiamo riportato il carro e il cavallo all’albergatore e — era tanto un buon uomo — ci siamo consigliati con lui per la nave. Ha detto: “Vengo al porto io. Sono conosciuto e conosco”. E così ha fatto. Ha trovato tre navigli in partenza per questi porti. Ma su uno erano certi… esseri che non abbiamo voluto avere vicini. Ce lo ha detto l’uomo, che lo aveva saputo dal padrone della nave. La seconda era di Ascalona e non voleva fare scalo per noi a Tiro, a meno di una somma che non avevamo più. La terza era un navicello ben meschino, carico di legname greggio. Una povera barca, con poca ciurma e, credo, con molta miseria. Per questo, pure essendo diretta a Cesarea, acconsentì a fermarsi a Tiro, previo sborso di una giornata di vitto e di paga per tutta la ciurma. Ci conveniva. Io, veramente, e con me Matteo, avevo un poco paura. È tempo di tempeste… e Tu sai cosa si trovò nell’andare. Ma Simon Pietro disse: “Non accadrà nulla”. E vi montammo. Pareva che gli angeli fossero le vele della nave, tanto andava liscia e veloce. Meno della metà del tempo impiegato nell’andare ci tenemmo a giungere a Tiro, e lì fu così buono il padrone che ci concesse di rimorchiare la barca fino presso a Tolemaide. Dentro vi scesero Pietro e Andrea con Giovanni, per le manovre. Ma era molto semplice… Non come nell’andare… A Tolemaide ci separammo. Ed eravamo così contenti che gli abbiamo dato ancora denaro oltre il pattuito, prima di scendere tutti nella barca dove erano già le nostre cose. A Tolemaide abbiamo sostato un giorno, poi siamo venuti qui… Ma non dimenticheremo mai il sofferto. Simone di Giona ha ragione».

«Non abbiamo ragione, anche, di dire che il Demonio ci ostacolava solo nell’andare?», chiedono in più d’uno.

«Avete ragione.

325.8

Ora ascoltate. La vostra missione è finita. Ora torneremo verso Jiftael, in attesa di Filippo e Natanaele. E occorre farlo presto. Poi verranno gli altri… Intanto evangelizzeremo qui, ai confini della Fenicia, nella Fenicia stessa. Però quanto è avvenuto è seppellito per sempre nei nostri cuori. A nessuna domanda sarà data risposta».

«Neppure a Filippo e Natanaele? Essi sanno che siamo venuti con Te…».

«Parlerò Io. Ho molto sofferto, amici, e voi lo avete visto. Ho pagato con la mia sofferenza la pace di Giovanni e Sintica. Fate che il mio soffrire non sia inutile. Non aggravate le mie spalle di un peso. Ne ho già tanti!… E il loro peso cresce giorno per giorno, ora per ora… Dite a Natanaele che ho molto sofferto. Ditelo a Filippo, e che siano buoni. Ditelo agli altri due. Ma non dite di più. Dire che avete capito che ho sofferto, e che ve l’ho confermato, è verità. Non occorre di più».

Gesù parla stancamente… Gli otto lo guardano dolenti, e Pietro osa accarezzarlo sulla testa, standogli alle spalle. Gesù alza il capo e guarda il suo onesto Simone con un sorriso di una mestizia affettuosa.

«Oh! non posso vederti così! Mi sembra, ho la sensazione che la gioia della nostra unione sia cessata e che di essa resti la santità, solo quella! Intanto… Andiamo ad Aczib. Ti muterai la veste, ti raderai le guance e ordinerai i capelli. Così no, non così! Non ti posso vedere così… Mi sembri… uno sfuggito da mani crudeli, un percosso, un esausto… Mi sembri Abele[1] di Betlemme di Galilea, liberato dai suoi nemici…».

«Sì, Pietro. Ma è il cuore del tuo Maestro che è malmenato… e quello non guarirà mai più… Sempre più, anzi, sarà ferito. Andiamo…».

325.9

Giovanni sospira: «Mi spiace… Avrei voluto raccontare a Toma, tanto amante della Madre tua, il miracolo della canzone e dell’unguento…».

«Lo dirai un giorno… Non ora. Tutto direte un giorno. Allora potrete parlare. Io stesso vi dirò: “Andate a dire tutto ciò che sapete”. Ma intanto sappiate vedere nel miracolo la verità. Questa: la potenza della fede. Tanto Giovanni come Sintica hanno calmato il mare e guarito l’uomo non per le parole, non per l’unguento. Ma per la fede con la quale hanno usato il nome di Maria e l’unguento fatto da Lei. E anche: ciò avvenne perché intorno alla loro fede era la vostra, di tutti voi, e la vostra carità. Carità verso il ferito. Carità verso il cretese. All’uno voleste conservare la vita, all’altro dare la fede. Ma se è ancora facile curare i corpi, è ben dura cosa curare gli animi… Non vi è morbo più difficile a debellare di quello spirituale…», e Gesù sospira forte.

Sono in vista di Aczib. Pietro va avanti con Matteo per trovare alloggio. Lo seguono gli altri, stretti intorno a Gesù. Il sole cala rapidamente, mentre entrano in paese…


Notes

  1. plus ouest que nord. Suivent sur le manuscrit original les mots Le lieu est comme ça et une esquisse de Maria Valtorta que nous reproduisons sur la page suivante. On y lit, sur le versant ouest (du haut vers le bas) : Mer Méditerranée, Ptolémaïs, Sycaminon, Kishon, le mont Carmel ; et sur le versant est : Aczib, là en bas ce doit être Jiphtaël. On y voit aussi les quatre points cardinaux.
  2. Abel : le jeune protagoniste de l’épisode relaté en 248.5/11.

Note

  1. Abele, il giovane protagonista dell’episodio narrato in 248.5/11.