Gli Scritti di Maria Valtorta

356. En route pour Gadara.

356. Verso Gadara.

356.1

Jésus est déjà sur la rive orientale du Jourdain. Et, d’après ce que je comprends, cette ville que l’on voit en haut d’une colline, c’est Gadara. Et c’est aussi la première ville qu’ils atteignent après leur débarquement sur la rive sud-est du lac de Galilée. Ils sont venus là, en effet, pour éviter de descendre à Hippos où ils avaient été précédés par les barques qui transportaient des personnes hostiles à Jésus. Je pense qu’ils ont donc débarqué juste en face de Tarichée, là où le Jourdain sort du lac.

« Tu connais le chemin le plus court pour aller à Gadara, n’est-ce pas ? Tu t’en souviens ? demande Jésus.

– Et comment ! Quand nous serons aux sources chaudes au-dessus du Yarmouk, la rivière, nous n’aurons qu’à suivre la route, répond Pierre.

– Et où trouves-tu les sources ? demande Thomas.

– Oh ! Il suffit d’avoir du nez pour les trouver. On les sent un mille avant d’y être ! Dit Pierre, en fronçant le nez de dégoût.

– Je ne savais pas que tu avais des douleurs… insinue Judas.

– Des douleurs, moi ? Et depuis quand ?

– Eh ! Si tu connais si bien les sources chaudes au-dessus du Yarmouk, tu as dû y aller.

– Je n’ai jamais eu besoin de sources, moi, pour bien me porter ! Les poisons des os sont sortis de moi avec les sueurs de mon honnête travail… et comme, du reste, j’ai connu le travail plutôt que le plaisir, il est entré très peu de poisons en moi…

– C’est à moi que s’adresse cette remarque, n’est-ce pas ? Bien sûr ! Je suis coupable de tout ! Dit Judas, vexé.

– Mais qui t’a mordu ? Tu interroges, donc je te réponds comme j’aurais répondu au Maître ou à un compagnon. Et je crois qu’aucun d’eux, pas même Matthieu qui a… été un jouisseur, ne l’aurait mal pris.

– Eh bien, moi je le prends mal !

– Je ne te savais pas aussi susceptible. Mais je te prie de m’excuser de l’insinuation que tu supposes. Pour l’amour du Maître, tu sais ? Du Maître qui est déjà si affligé par des étrangers et qui n’a pas besoin de l’être par nous. Regarde-le, au lieu de te monter la tête sur des impressions, et tu verras qu’il a besoin de paix et d’amour. »

Jésus garde le silence. Il se contente de regarder Pierre et lui sourit avec reconnaissance.

356.2

Judas ne répond pas à la juste observation de Pierre. Il est renfermé et irrité. Il veut se montrer poli, mais le dépit, la mauvaise humeur, la désillusion qu’il a dans le cœur transpirent de son regard, de sa voix, de son visage, et jusque de sa démarche pleine de volonté de puissance. Il fait claquer ses semelles, les frappe avec colère contre le sol, comme pour donner libre cours à tout ce qui bout en lui.

Mais il s’efforce de paraître calme et de se montrer poli. Il n’y parvient pas, mais il essaie… Il demande à Pierre :

« Alors comment connais-tu cet endroit ? Peut-être y es-tu allé pour ta femme ?

– Non, j’y suis passé quand, au mois d’Etamin[1], nous sommes venus en Auranitide avec le Maître. J’ai accompagné la Mère et les femmes disciples jusqu’aux terres de Kouza. C’est pourquoi, en venant de Bozra, je suis passé par ici, répond Pierre sincèrement et prudemment.

– Tu étais seul ? demande ironiquement Judas.

– Pourquoi ? Crois-tu que je n’en vaille pas plusieurs, quand il s’agit d’être à la hauteur et de faire un travail de confiance, et en plus de le faire par amour ?

– Oh ! Quel orgueil ! J’aurais bien voulu te voir !

– Tu aurais vu un homme sérieux qui accompagnait de saintes femmes.

– Mais est-ce que tu étais vraiment seul ? demande Judas, qui se livre à une véritable enquête.

– J’étais avec les frères du Seigneur.

– Ah, nous y voilà ! Les aveux commencent !

– Et tu commences à me porter sur les nerfs ! Peut-on savoir ce que tu as ?

– C’est vrai. C’est honteux, dit Jude.

– Et il est temps d’en finir, renchérit Jacques, fils de Zébédée.

– Il ne t’est pas permis de te moquer de Simon, dit Barthélemy sur un ton de reproche.

– Tu devrais te souvenir qu’il est notre chef à tous » achève Simon le Zélote.

Jésus se tait.

« Oh ! Moi, je ne me moque de personne, je n’ai rien. Mais cela m’amuse de le taquiner un peu…

– Ce n’est pas vrai ! Tu mens ! Tu poses des questions sournoises parce que tu veux arriver à établir quelque chose. L’homme perfide croit que tout le monde est comme lui. Ici, il n’y a pas de secrets. Nous y étions tous, nous avons tous fait la même chose : ce qu’avait ordonné le Maître. Rien d’autre. Tu comprends ? dit Jude, qui est exaspéré.

– Silence. On dirait des femmes qui se querellent. Vous avez tous tort et j’ai honte de vous » dit sévèrement Jésus.

356.3

Il s’établit un profond silence pendant qu’ils se dirigent vers la ville sur la colline. Thomas rompt le silence en disant :

« Quelle puanteur !

– Ce sont les sources. Voilà le Yarmouk, et ces constructions sont les thermes des Romains. Plus loin, il y a une belle route toute pavée qui mène à Gadara. Les Romains veulent voyager dans de bonnes conditions. Gadara est une belle ville ! Dit Pierre.

– Elle sera encore plus belle parce qu’ici nous ne trouverons pas certaines… personnes, du moins pas en grand nombre » bougonne Matthieu entre ses dents.

Ils franchissent le pont sur la rivière en respirant les odeurs âcres des eaux sulfureuses. Ils longent les thermes en passant entre les véhicules romains et prennent une belle route faite de larges pavés qui mène au sommet de la colline à la ville, superbe à l’intérieur de ses murs d’enceinte.

Jean s’approche du Maître :

« Est-ce vrai qu’à l’emplacement de ces eaux on a précipité autrefois un condamné dans les entrailles du sol ? Ma mère nous le disait, quand nous étions petits, pour nous faire comprendre que l’on ne doit pas pécher, sinon l’enfer s’ouvre sous les pieds de celui qui est maudit de Dieu et l’engloutit. Et ensuite, pour le rappeler et comme avertissement, il reste des fissures par lesquelles sortent ces odeurs, cette chaleur et ces eaux infernales. J’aurais peur de m’y baigner…

– Peur de quoi, mon enfant ? Tu n’en serais pas corrompu. Il est plus facile d’être infecté par les hommes qui ont en eux l’enfer d’où émanent puanteurs et poisons. Mais ne se corrompent que ceux qui ont tendance à l’être d’eux-mêmes.

– Pourrais-je en être corrompu, moi ?

– Non. Même si tu étais dans une troupe de démons, non.

– Pourquoi ? Qu’a-t-il de différent des autres, lui ? demande aussitôt Judas de Kérioth.

– Il est pur à tous points de vue, donc il voit Dieu » répond Jésus.

Judas a un mauvais rire. Mais Jean revient à sa question :

« Alors ces sources ne sont pas des bouches de l’enfer ?

– Non. Au contraire, ce sont de bons traitements placés là par le Créateur pour ses enfants. L’enfer n’est pas renfermé dans la terre. Il est sur la terre, Jean. Dans le cœur des hommes. Et il se complète ailleurs.

356.4

– Mais l’enfer existe-t-il réellement ? demande Judas.

– Mais que dis-tu là ? demandent ses compagnons, scanda­lisés.

– Je dis : existe-t-il vraiment ? Moi, je n’y crois pas, et je ne suis pas le seul.

– Païen ! S’écrient-ils avec horreur.

– Non. Juif. Nous sommes nombreux en Israël à ne pas croire à cette légende.

– Mais alors comment fais-tu pour croire au paradis ?

– Et à la justice de Dieu ?

– Où mets-tu les pécheurs ?

– Comment expliques-tu Satan ? s’écrient les uns et les autres.

– Je dis ce que je pense. On m’a reproché, tout à l’heure, d’être un menteur. Je vous montre que je suis sincère, même si vous en êtes scandalisés et si cela me rend odieux à vos yeux. D’ailleurs, je ne suis pas le seul en Israël à être de cet avis, depuis qu’Israël a fait des progrès dans le domaine de la science par ses relations avec les hellénistes et les Romains. Et le Maître, le seul dont je respecte le jugement, ne peut le reprocher ni à moi ni à Israël, lui qui protège les Grecs et les Romains et en est ouvertement l’ami… Moi, je pars de ce concept philosophique : si tout est contrôlé par Dieu, tous nos actes sont le fait de sa volonté, et par conséquent, il doit tous nous récompenser de la même façon puisque nous ne sommes que des automates mus par lui. Nous sommes des êtres privés de volonté. Le Maître le dit aussi : “ La volonté du Très-Haut. La volonté du Père. ” Voilà l’unique volonté. Et elle est tellement infinie qu’elle écrase et anéantit la volonté limitée des créatures. Donc le bien comme le mal que nous semblons faire, c’est en réalité Dieu qui le fait, puisque c’est lui qui l’impose. Par conséquent, il ne nous punira pas du mal et ainsi il exercera sa justice parce que nos fautes ne sont pas volontaires, mais imposées par Celui qui veut que nous les commettions, pour que le bien et le mal existent sur la terre. L’homme méchant sert à l’expiation de ceux qui le sont moins. Il souffre par lui-même de ne pouvoir être considéré comme bon, et c’est ainsi qu’il expie sa part de faute. Jésus l’a dit. L’enfer est sur la terre et dans le cœur des hommes. Satan, moi, je ne le sens pas. Il n’existe pas. J’y croyais autrefois, mais depuis quelque temps, je suis sûr que, tout cela, c’est de la blague. Quand on en est persuadé, on trouve la paix. »

Judas débite ces… théories avec un tel aplomb qu’il en coupe le souffle aux autres…

356.5

Jésus se tait, et Judas le taquine :

« N’ai-je pas raison, Maître ?

– Non. »

Son “ non ” est tellement sec qu’on dirait une explosion.

« Et pourtant moi… Satan, je ne le sens pas et je n’admets pas le libre-arbitre, le Mal. Tous les sadducéens sont avec moi, et il y en a encore beaucoup d’autres, d’Israël ou non. Non, Satan n’existe pas. »

Jésus le regarde, d’un regard qui est si complexe que l’on ne peut l’analyser. C’est le regard d’un juge, d’un médecin, de quelqu’un qui souffre, qui est stupéfait… C’est tout à la fois…

Sur sa lancée, Judas achève :

« C’est sans doute parce que je suis meilleur que les autres, plus parfait, que j’ai surmonté la terreur des hommes pour Satan. »

Jésus garde le silence. Et lui l’excite :

« Mais parle ! Pourquoi ne suis-je pas terrorisé devant lui ? »

Jésus garde le silence.

« Tu ne réponds pas, Maître ? Pourquoi ? As-tu peur ?

– Non. Je suis la Charité. Et la Charité retient son jugement jusqu’à ce qu’elle soit obligée de le rendre… Laisse-moi, et retire-toi » dit-il enfin parce que Judas essaye de l’étreindre, et il termine en un souffle, serré de force dans les bras du blasphémateur : « Tu m’inspires du dégoût ! Satan, tu ne le vois ni ne le sens car il ne fait qu’un avec toi. Va-t’en, démon ! »

Effronté, Judas lui donne un baiser et rit, comme si le Maître lui avait dit en secret quelque éloge. Il revient vers les autres qui se sont arrêtés, abasourdis, et leur dit :

« Vous voyez ? J’ai su ouvrir le cœur du Maître et je le rends heureux parce que je lui montre ma confiance et j’en reçois une instruction. Vous, au contraire !… Vous n’osez jamais parler. C’est que vous êtes des orgueilleux. Ah ! De tous je serai celui qui apprendra le plus de choses de lui. Et je pourrai parler… »

356.6

Ils sont arrivés aux portes de la ville. Ils y entrent tous ensemble, car Jésus les a attendus. Mais alors qu’ils franchissent l’entrée, Jésus ordonne :

« Que mes frères et Simon aillent en avant rassembler les gens.

– Pourquoi pas moi, Maître ? Tu ne me donnes plus de missions ? Elles ne sont plus nécessaires maintenant ? Tu m’en as donné deux de suite et qui ont duré des mois…

– Et tu t’en es plaint en disant que je voulais t’éloigner. Maintenant, tu te plains parce que je te garde auprès de moi ? »

Judas ne sait que répondre et il se tait. Il part en avant avec Thomas, Simon le Zélote, Jacques, fils de Zébédée, et André. Jésus s’arrête pour laisser passer Philippe, Barthélemy, Matthieu et Jean, comme s’il voulait rester seul. Ils le laissent faire.

Mais le cœur affectueux de Jean, qui a eu plusieurs fois les larmes aux yeux pendant les discussions et les blasphèmes de Judas, le pousse peu après à se retourner à temps pour voir que Jésus, ne se croyant pas observé dans la ruelle solitaire et assombrie par les arcades successives qui la couvrent, porte les mains à son front en un geste de douleur, et se courbe comme quelqu’un qui souffre beaucoup. Le blond Jean quitte ses compagnons et revient vers son Maître :

« Qu’as-tu, mon Seigneur ? Tu souffres encore tant, comme quand nous t’avons retrouvé à Aczib ? O mon Seigneur !

– Ce n’est rien, Jean, rien ! Aide-moi par ton amour, et tais-toi avec les autres. Prie pour Judas.

– Oui, Maître. Il est très malheureux, n’est-ce pas ? Il est dans les ténèbres, et il ne sait pas qu’il s’y trouve. Il croit avoir trouvé la paix… Est-ce vraiment la paix ?

– Il est très malheureux, dit Jésus, accablé.

– Ne sois pas ainsi abattu, Maître. Pense au grand nombre de pécheurs, endurcis dans le péché, qui sont redevenus bons. Il en sera de même pour Judas. Ah ! Tu le sauveras sûrement ! Je vais passer cette nuit en prière pour lui. Je dirai au Père de faire de moi un homme qui sait seulement aimer, je ne veux plus que cela. Je songeais à donner ma vie pour toi, ou à faire briller ta puissance par mes œuvres. Maintenant, plus rien de cela. Je renonce à tout, je choisis la vie la plus humble et la plus commune et je demande au Père de donner tout ce que j’ai à Judas… pour le satisfaire… et pour qu’ainsi il se tourne vers la sainteté… Seigneur… je devrais te dire des choses… Je crois savoir pourquoi Judas est comme cela.

– Viens cette nuit. Nous prierons ensemble et nous parlerons.

– Et le Père m’écoutera ? Il acceptera mon sacrifice ?

– Le Père te bénira. Mais tu en souffriras…

– Oh, non ! Il suffit que je te voie content… et que Judas… et que Judas…

– Oui, Jean.

356.7

Ils nous appellent. Courons. »

La ruelle fait place à une belle rue. La rue devient une artère décorée de portiques et de fontaines et elle est ornée de places plus belles l’une que l’autre. Elle croise une avenue pareille et il y a sûrement au fond un amphithéâtre. Et des gens atteints de diverses maladies sont déjà rassemblés dans un coin des portiques en attendant le Sauveur.

Pierre vient à la rencontre de Jésus :

« Ils ont gardé la foi en ce que nous avons dit de toi, au mois d’Etamin. Ils sont venus immédiatement.

– Et moi, je vais récompenser leur foi immédiatement. Allons. »

Et dans le crépuscule déjà avancé qui teint les marbres de rouge, il va guérir ceux qui l’attendent avec confiance.

356.1

Gesù è già nell’Oltre-Giordano. E da quello che comprendo è, questa che si vede in alto di una collina tutta verde, la città di Gadara, e anche è la prima città che toccano dopo essere sbarcati sulla sponda sud-orientale del lago di Galilea, perché lì sono sbarcati, lasciando di scendere a Ippo dove erano stati preceduti dalle barche portanti gli ostili a Gesù. Penso siano sbarcati perciò proprio di fronte a Tarichea, allo sbocco del Giordano dal lago.

«Tu la sai la via più breve per andare a Gadara, non è vero?

Te la ricordi?», chiede Gesù.

«E come! Quando saremo alle sorgenti calde sul Yarmoc non avremo che seguire la via», risponde Pietro.

«E le sorgenti dove le trovi?», chiede Tommaso.

«Oh! basta avere naso per trovarle. Puzzano qualche miglio avanti di esserci!», esclama Pietro arricciando con disgusto il naso.

«Non sapevo che tu soffrivi di dolori…», osserva Giuda Iscariota.

«Dolori io? E quando mai?».

«Eh! sei così pratico delle sorgenti calde sul Yarmoc che ci devi essere stato».

«Mai avuto bisogno di sorgenti, io, per stare bene! I veleni dalle ossa mi sono usciti colle sudate dell’onesto lavoro… e del resto, avendo più lavorato che goduto, dei veleni ne sono entrati pochi, sempre pochi in me…» «Questa è per me, non è vero? Già! Io sono colpevole di tutte le cose!…», dice inquieto Giuda.

«Ma chi ti ha morso? Tu chiedi, io rispondo, a te come avrei risposto al Maestro o a un compagno. E credo che nessuno di loro, neppure Matteo che… è stato un gaudente, se ne sarebbe avuto a male».

«Ebbene, io me ne ho a male!».

«Non ti sapevo così delicato. Ma della supposta insinuazione te ne chiedo scusa. Per amore del Maestro, sai? Del Maestro che ha già tante afflizioni dagli estranei senza avere bisogno di averne altre da noi. Guardalo, invece di correre dietro alle tue sensibilità, e vedrai che ha bisogno di pace e di amore».

Gesù non parla. Guarda soltanto Pietro e gli sorride riconoscente.

356.2

Giuda non risponde in merito all’osservazione giusta di Pietro. È chiuso e inquieto. Vuole mostrarsi cortese, ma la stizza, il malumore, la delusione che ha in cuore gli trapelano dallo sguardo, dalla voce, dall’espressione e persino dall’andatura prepotente, che fa un grande sbatacchio di suole come per sfogarsi, percuotendo con ira il suolo per dare uno sfogo a tutto quello che gli bolle dentro.

Ma si sforza a parere calmo e a voler fare il cortese, non ci riesce, ma tenta… Chiede a Pietro: «E allora come conosci questi luoghi? Forse ci sei stato per tua moglie?».

«No, ci sono passato quando nell’etamin siamo venuti in Auranite col Maestro. Io ho accompagnato la Madre e le discepole sino alle terre di Cusa. E perciò, venendo da Bozra, sono passato di qui», risponde sinceramente e prudentemente Pietro.

«Tu solo eri?», chiede ironico Giuda.

«Perché? Credi che io non valga da solo molti, quando è il caso di valere e c’è un lavoro di fiducia da fare e lo si fa con amore, per di più?».

«Oh! quanta superbia! Vorrei averti visto!».

«Avresti visto un uomo serio che accompagnava delle donne sante».

«Ma eri proprio solo?», chiede con vero atto da inquisitore Giuda.

«Ero coi fratelli del Signore».

«Ah! ecco! Cominciano le ammissioni!».

«E cominciano a tirarmi i nervi! Si può sapere che hai?».

«È vero. È una vergogna», dice il Taddeo.

«Ed è ora di finirla», rincara Giacomo di Zebedeo.

«Non ti è lecito schernire Simone», rimprovera Bartolomeo.

«Che, te lo dovresti ricordare, è il capo di noi tutti», termina lo Zelote.

Gesù non parla.

«Oh! io non schernisco nessuno, non ho proprio nulla. Solo mi piace stuzzicarlo un po’…».

«Non è vero! Tu menti! Tu fai domande astute perché vuoi arrivare a stabilire qualcosa. Il subdolo crede tutti subdoli. Qui non ci sono segreti. C’eravamo tutti, abbiamo fatto tutti la stessa cosa: quella ordinata dal Maestro. E non c’è altro. Lo capisci?», grida proprio irato l’altro Giuda.

«Silenzio. Siete pari a femmine litigiose. Avete tutti torto. E mi vergogno di voi», dice severo Gesù.

356.3

Si fa un silenzio fondo mentre vanno verso la città sulla collina.

Rompe il silenzio Tommaso dicendo: «Che cattivo odore!».

«Sono le sorgenti. Quello è lo Yarmoc e quelle costruzioni le terme dei romani. Oltre quelle è una bella via tutta lastricata che va a Gadara. I romani vogliono viaggiare bene. Bella è Gadara!», dice Pietro.

«Sarà anche più bella perché qui non ci troveremo certi…

esseri, in abbondanza almeno», brontola fra i denti Matteo.

Passano il ponte sul fiume fra acri odori di acque solforose. Rasentano le terme, passano fra i veicoli romani, prendono una bella via, pavimentata a larghi lastroni, che conduce alla città in cima alla collina, bella fra la sua cinta di mura.

Giovanni si fa presso al Maestro: «È vero che dove sono quelle acque lì è stato in antico precipitato nelle viscere del suolo un dannato? Mia madre ce lo diceva da piccini, per farci capire che non si deve peccare, se no l’inferno si apre sotto i piedi del maledetto da Dio e lo inghiotte. E poi, per ricordo e ammonizione, restano delle fessure dalle quali esce odore, calore e acque d’inferno. Io avrei paura a bagnarmi in esse…».

«Di che, fanciullo? Non ne saresti corrotto. Più facile è essere corrotti da quegli uomini che hanno dentro l’inferno e ne emanano fetore e veleni. Ma si corrompono solo quelli che hanno già tendenza a farlo da loro».

«Ne potrei essere corrotto io?».

«No. Anche tu fossi in una turba di demoni, no».

«Perché? Cosa ha di diverso dagli altri, lui?», chiede subito Giuda di Keriot.

«Ha che è puro in tutti i modi, e perciò vede Dio», risponde Gesù. E Giuda ride malignamente.

Giovanni torna a chiedere: «Allora non sono bocche dell’inferno quelle sorgenti?».

«No. Sono all’opposto cose buone messe dal Creatore per i suoi figli. L’inferno non è chiuso nella Terra. È sulla Terra, Giovanni. Nel cuore degli uomini. E oltre si completa».

356.4

«Ma c’è proprio l’inferno?», chiede l’Iscariota.

«Ma che dici?», gli chiedono i compagni scandalizzati.

«Dico: c’è proprio? Io, e non sono solo, non ci credo».

«Pagano!», urlano con orrore.

«No. Israelita. Siamo in molti a non credere certe fole, in Israele».

«Ma allora come fai a credere al Paradiso?», «E alla giustizia di Dio?», «Dove metti i peccatori?», «Come spieghi Satana?», urlano in tanti.

«Dico quello che penso. Mi è stato rimproverato di essere un mentitore poco fa. Io dimostro che sono sincero anche se questo vi scandalizza di me e mi rende odioso agli occhi vostri. Del resto non sono solo in Israele, da quando Israele si è progredito nel sapere col contatto degli ellenisti e dei romani, che crede così. Né il Maestro, l’unico del quale rispetto il giudizio, può rimproverare né me né Israele, Lui che protegge ed è palesemente amico di greci e romani… Io parto da questo concetto filosofico. Se tutto è controllato da Dio, tutto ciò che facciamo è per sua volontà, e perciò ci deve premiare tutti a un modo perché non siamo che automi mossi da Lui. Noi siamo esseri privi di volontà. Lo dice anche il Maestro: “La volontà dell’Altissimo. La volontà del Padre”. Ecco l’unica Volontà. Ed è tanto infinita che schiaccia e annulla la volontà limitata delle creature. Perciò tanto il bene che il male, che sembra che noi facciamo, lo fa Dio, perché ce lo impone. Perciò non ci punirà del male e sarà così esercitata la sua giustizia, perché le nostre colpe non sono volontarie ma imposte da chi vuole che le facciamo perché bene e male siano sulla Terra. Chi è cattivo è il mezzo espiativo dei meno cattivi. E per sé soffre di non poter essere considerato buono, e così espia la sua parte di colpa. Gesù l’ha detto. L’inferno è sulla Terra e nel cuore degli uomini. Satana io non lo sento. Non c’è. Lo credevo un tempo. Ma da qualche tempo sono sicuro che tutto è fola. E credere così è giungere alla pace».

Giuda sciorina queste… teorie con una sicumera talmente formidabile che gli altri restano senza fiato…

356.5

Gesù tace. E Giuda lo stuzzica: «Non ho ragione, Maestro?».

«No». Il “no” è così secco che pare uno scoppio.

«Eppure io… Satana non lo sento e non ammetto il libero arbitrio, il Male. E tutti i sadducei sono con me, e con me sono molti altri, d’Israele o meno. No. Satana non c’è».

Gesù lo guarda. Uno sguardo che è così complesso che non si può analizzare. È da giudice e da medico, da addolorato, da sbalordito… c’è tutto…

Giuda, ormai lanciato, termina: «Sarà perché sono meglio degli altri, più perfetto, che ho superato il terrore degli uomini per Satana».

E Gesù zitto. E lui stuzzica: «Ma parla! Perché io non ne ho terrore?». Gesù tace. «Non rispondi, Maestro? Perché? Hai paura?».

«No. Sono la Carità. E la Carità trattiene il suo giudizio fino a che non è obbligata a darlo… Lasciami e ritirati», dice in ultimo, perché Giuda cerca di abbracciarlo, e termina in un soffio, stretto per forza fra le braccia del bestemmiatore: «Mi fai ribrezzo! Satana non lo vedi e senti perché è tutt’uno con te. Va’ via, demonio!».

Giuda, sfrontato, lo bacia e ride, come se il Maestro gli avesse detto in segreto qualche lode.

Torna dagli altri, che si sono fermati esterrefatti, e dice:

«Vedete? Io so aprire il cuore al Maestro. E lo faccio felice perché gli mostro la mia confidenza e ne ho lezione. Voi invece!… Mai osate parlare. Perché siete dei superbi. Oh! io sarò quello che saprà più di tutti di Lui. E potrò parlare…».

356.6

Sono raggiunte le porte della città. Vi entrano tutti insieme perché Gesù li ha attesi. Ma mentre passano l’androne Gesù ordina: «I miei fratelli e Simone vadano avanti ad adunare la gente».

«Perché non io, Maestro? Non mi dài più delle missioni? Non sono più necessarie ora? Me ne hai date due di seguito, e lunghe dei mesi…».

«E te ne sei lamentato dicendo che volevo allontanarti. Ora ti lamenti perché ti tengo vicino?».

Giuda non sa che rispondere e tace. Va avanti con Tommaso, lo Zelote, Giacomo di Zebedeo e Andrea. Gesù si ferma per lasciare passare Filippo, Bartolomeo, Matteo e Giovanni, come volesse stare solo. Lo lasciano fare.

Ma l’amoroso cuore di Giovanni, che ha avuto più volte un luccicare di lacrime negli occhi durante le dispute e le bestemmie di Giuda, fa voltare dopo poco l’apostolo, in tempo per vedere che Gesù, credendosi inosservato nella vietta solitaria e cupa per i continui archivolti che la coprono, si porta le mani alla fronte con un gesto di dolore, curvandosi come chi soffre tanto. Lascia in asso i compagni, il biondo Giovanni, e torna dal Maestro suo: «Che hai, Signor mio? Soffri di nuovo tanto, come quando ti ritrovammo ad Aczib? Oh! mio Signore!».

«Nulla, Giovanni, nulla! Aiutami tu, col tuo amore. E taci con gli altri. Prega per Giuda».

«Sì, Maestro. È molto infelice, non è vero? È nelle tenebre e non sa di esserci. Crede di avere raggiunto la pace… È pace la sua?».

«È molto infelice», dice Gesù accasciato.

«Non ti accasciare così, Maestro. Pensa a quanti peccatori, induriti nel peccato, sono tornati buoni. Così farà Giuda. Oh! Tu lo salverai certo! Questa notte la passerò in orazione per questo. Dirò al Padre di fare di me uno che sa solo amare, non voglio più che questo. Sognavo di dare la vita per Te o di fare brillare la tua potenza attraverso alle mie opere. Ora non più di questo. Rinuncio a tutto, scelgo la vita più umile e comune e chiedo al Padre di dare tutto il mio a Giuda… per farlo contento… e perché così si volga alla santità… Signore… io dovrei dirti delle cose… Io credo sapere perché Giuda è così».

«Vieni questa notte. Pregheremo insieme e parleremo».

«E il Padre mi ascolterà? Accetterà il mio sacrificio?».

«Il Padre ti benedirà. Ma ne soffrirai…».

«Oh! no! Basta che veda Te contento… e che Giuda… e che Giuda…».

«Sì, Giovanni.

356.7

Guarda, ci chiamano. Corriamo».

La vietta diviene una bella via. La via diviene arteria ornata di portici e fontane. E si orna di piazze l’una più bella dell’altra. Si incrocia con un’altra arteria uguale, e certo nel fondo è un anfiteatro. E malati diversi sono già radunati in un angolo dei portici in attesa del Salvatore.

Pietro viene incontro a Gesù: «Hanno conservato la fede in ciò che dicemmo di Te in etamin. Sono venuti subito».

«Ed Io subito premierò la loro fede. Andiamo».

E va, nel tramonto avanzato che tinge di rosso i marmi, a sanare coloro che lo attendono con fede.


Notes

  1. Etamin, appelé ailleurs Tisri, correspond au 20 septembre/ 20 octobre environ.