The Writings of Maria Valtorta

356. En route pour Gadara.

356. Towards Gadara. The heresies of Judas Iscariot

356.1

Jésus est déjà sur la rive orientale du Jourdain. Et, d’après ce que je comprends, cette ville que l’on voit en haut d’une colline, c’est Gadara. Et c’est aussi la première ville qu’ils atteignent après leur débarquement sur la rive sud-est du lac de Galilée. Ils sont venus là, en effet, pour éviter de descendre à Hippos où ils avaient été précédés par les barques qui transportaient des personnes hostiles à Jésus. Je pense qu’ils ont donc débarqué juste en face de Tarichée, là où le Jourdain sort du lac.

« Tu connais le chemin le plus court pour aller à Gadara, n’est-ce pas ? Tu t’en souviens ? demande Jésus.

– Et comment ! Quand nous serons aux sources chaudes au-dessus du Yarmouk, la rivière, nous n’aurons qu’à suivre la route, répond Pierre.

– Et où trouves-tu les sources ? demande Thomas.

– Oh ! Il suffit d’avoir du nez pour les trouver. On les sent un mille avant d’y être ! Dit Pierre, en fronçant le nez de dégoût.

– Je ne savais pas que tu avais des douleurs… insinue Judas.

– Des douleurs, moi ? Et depuis quand ?

– Eh ! Si tu connais si bien les sources chaudes au-dessus du Yarmouk, tu as dû y aller.

– Je n’ai jamais eu besoin de sources, moi, pour bien me porter ! Les poisons des os sont sortis de moi avec les sueurs de mon honnête travail… et comme, du reste, j’ai connu le travail plutôt que le plaisir, il est entré très peu de poisons en moi…

– C’est à moi que s’adresse cette remarque, n’est-ce pas ? Bien sûr ! Je suis coupable de tout ! Dit Judas, vexé.

– Mais qui t’a mordu ? Tu interroges, donc je te réponds comme j’aurais répondu au Maître ou à un compagnon. Et je crois qu’aucun d’eux, pas même Matthieu qui a… été un jouisseur, ne l’aurait mal pris.

– Eh bien, moi je le prends mal !

– Je ne te savais pas aussi susceptible. Mais je te prie de m’excuser de l’insinuation que tu supposes. Pour l’amour du Maître, tu sais ? Du Maître qui est déjà si affligé par des étrangers et qui n’a pas besoin de l’être par nous. Regarde-le, au lieu de te monter la tête sur des impressions, et tu verras qu’il a besoin de paix et d’amour. »

Jésus garde le silence. Il se contente de regarder Pierre et lui sourit avec reconnaissance.

356.2

Judas ne répond pas à la juste observation de Pierre. Il est renfermé et irrité. Il veut se montrer poli, mais le dépit, la mauvaise humeur, la désillusion qu’il a dans le cœur transpirent de son regard, de sa voix, de son visage, et jusque de sa démarche pleine de volonté de puissance. Il fait claquer ses semelles, les frappe avec colère contre le sol, comme pour donner libre cours à tout ce qui bout en lui.

Mais il s’efforce de paraître calme et de se montrer poli. Il n’y parvient pas, mais il essaie… Il demande à Pierre :

« Alors comment connais-tu cet endroit ? Peut-être y es-tu allé pour ta femme ?

– Non, j’y suis passé quand, au mois d’Etamin[1], nous sommes venus en Auranitide avec le Maître. J’ai accompagné la Mère et les femmes disciples jusqu’aux terres de Kouza. C’est pourquoi, en venant de Bozra, je suis passé par ici, répond Pierre sincèrement et prudemment.

– Tu étais seul ? demande ironiquement Judas.

– Pourquoi ? Crois-tu que je n’en vaille pas plusieurs, quand il s’agit d’être à la hauteur et de faire un travail de confiance, et en plus de le faire par amour ?

– Oh ! Quel orgueil ! J’aurais bien voulu te voir !

– Tu aurais vu un homme sérieux qui accompagnait de saintes femmes.

– Mais est-ce que tu étais vraiment seul ? demande Judas, qui se livre à une véritable enquête.

– J’étais avec les frères du Seigneur.

– Ah, nous y voilà ! Les aveux commencent !

– Et tu commences à me porter sur les nerfs ! Peut-on savoir ce que tu as ?

– C’est vrai. C’est honteux, dit Jude.

– Et il est temps d’en finir, renchérit Jacques, fils de Zébédée.

– Il ne t’est pas permis de te moquer de Simon, dit Barthélemy sur un ton de reproche.

– Tu devrais te souvenir qu’il est notre chef à tous » achève Simon le Zélote.

Jésus se tait.

« Oh ! Moi, je ne me moque de personne, je n’ai rien. Mais cela m’amuse de le taquiner un peu…

– Ce n’est pas vrai ! Tu mens ! Tu poses des questions sournoises parce que tu veux arriver à établir quelque chose. L’homme perfide croit que tout le monde est comme lui. Ici, il n’y a pas de secrets. Nous y étions tous, nous avons tous fait la même chose : ce qu’avait ordonné le Maître. Rien d’autre. Tu comprends ? dit Jude, qui est exaspéré.

– Silence. On dirait des femmes qui se querellent. Vous avez tous tort et j’ai honte de vous » dit sévèrement Jésus.

356.3

Il s’établit un profond silence pendant qu’ils se dirigent vers la ville sur la colline. Thomas rompt le silence en disant :

« Quelle puanteur !

– Ce sont les sources. Voilà le Yarmouk, et ces constructions sont les thermes des Romains. Plus loin, il y a une belle route toute pavée qui mène à Gadara. Les Romains veulent voyager dans de bonnes conditions. Gadara est une belle ville ! Dit Pierre.

– Elle sera encore plus belle parce qu’ici nous ne trouverons pas certaines… personnes, du moins pas en grand nombre » bougonne Matthieu entre ses dents.

Ils franchissent le pont sur la rivière en respirant les odeurs âcres des eaux sulfureuses. Ils longent les thermes en passant entre les véhicules romains et prennent une belle route faite de larges pavés qui mène au sommet de la colline à la ville, superbe à l’intérieur de ses murs d’enceinte.

Jean s’approche du Maître :

« Est-ce vrai qu’à l’emplacement de ces eaux on a précipité autrefois un condamné dans les entrailles du sol ? Ma mère nous le disait, quand nous étions petits, pour nous faire comprendre que l’on ne doit pas pécher, sinon l’enfer s’ouvre sous les pieds de celui qui est maudit de Dieu et l’engloutit. Et ensuite, pour le rappeler et comme avertissement, il reste des fissures par lesquelles sortent ces odeurs, cette chaleur et ces eaux infernales. J’aurais peur de m’y baigner…

– Peur de quoi, mon enfant ? Tu n’en serais pas corrompu. Il est plus facile d’être infecté par les hommes qui ont en eux l’enfer d’où émanent puanteurs et poisons. Mais ne se corrompent que ceux qui ont tendance à l’être d’eux-mêmes.

– Pourrais-je en être corrompu, moi ?

– Non. Même si tu étais dans une troupe de démons, non.

– Pourquoi ? Qu’a-t-il de différent des autres, lui ? demande aussitôt Judas de Kérioth.

– Il est pur à tous points de vue, donc il voit Dieu » répond Jésus.

Judas a un mauvais rire. Mais Jean revient à sa question :

« Alors ces sources ne sont pas des bouches de l’enfer ?

– Non. Au contraire, ce sont de bons traitements placés là par le Créateur pour ses enfants. L’enfer n’est pas renfermé dans la terre. Il est sur la terre, Jean. Dans le cœur des hommes. Et il se complète ailleurs.

356.4

– Mais l’enfer existe-t-il réellement ? demande Judas.

– Mais que dis-tu là ? demandent ses compagnons, scanda­lisés.

– Je dis : existe-t-il vraiment ? Moi, je n’y crois pas, et je ne suis pas le seul.

– Païen ! S’écrient-ils avec horreur.

– Non. Juif. Nous sommes nombreux en Israël à ne pas croire à cette légende.

– Mais alors comment fais-tu pour croire au paradis ?

– Et à la justice de Dieu ?

– Où mets-tu les pécheurs ?

– Comment expliques-tu Satan ? s’écrient les uns et les autres.

– Je dis ce que je pense. On m’a reproché, tout à l’heure, d’être un menteur. Je vous montre que je suis sincère, même si vous en êtes scandalisés et si cela me rend odieux à vos yeux. D’ailleurs, je ne suis pas le seul en Israël à être de cet avis, depuis qu’Israël a fait des progrès dans le domaine de la science par ses relations avec les hellénistes et les Romains. Et le Maître, le seul dont je respecte le jugement, ne peut le reprocher ni à moi ni à Israël, lui qui protège les Grecs et les Romains et en est ouvertement l’ami… Moi, je pars de ce concept philosophique : si tout est contrôlé par Dieu, tous nos actes sont le fait de sa volonté, et par conséquent, il doit tous nous récompenser de la même façon puisque nous ne sommes que des automates mus par lui. Nous sommes des êtres privés de volonté. Le Maître le dit aussi : “ La volonté du Très-Haut. La volonté du Père. ” Voilà l’unique volonté. Et elle est tellement infinie qu’elle écrase et anéantit la volonté limitée des créatures. Donc le bien comme le mal que nous semblons faire, c’est en réalité Dieu qui le fait, puisque c’est lui qui l’impose. Par conséquent, il ne nous punira pas du mal et ainsi il exercera sa justice parce que nos fautes ne sont pas volontaires, mais imposées par Celui qui veut que nous les commettions, pour que le bien et le mal existent sur la terre. L’homme méchant sert à l’expiation de ceux qui le sont moins. Il souffre par lui-même de ne pouvoir être considéré comme bon, et c’est ainsi qu’il expie sa part de faute. Jésus l’a dit. L’enfer est sur la terre et dans le cœur des hommes. Satan, moi, je ne le sens pas. Il n’existe pas. J’y croyais autrefois, mais depuis quelque temps, je suis sûr que, tout cela, c’est de la blague. Quand on en est persuadé, on trouve la paix. »

Judas débite ces… théories avec un tel aplomb qu’il en coupe le souffle aux autres…

356.5

Jésus se tait, et Judas le taquine :

« N’ai-je pas raison, Maître ?

– Non. »

Son “ non ” est tellement sec qu’on dirait une explosion.

« Et pourtant moi… Satan, je ne le sens pas et je n’admets pas le libre-arbitre, le Mal. Tous les sadducéens sont avec moi, et il y en a encore beaucoup d’autres, d’Israël ou non. Non, Satan n’existe pas. »

Jésus le regarde, d’un regard qui est si complexe que l’on ne peut l’analyser. C’est le regard d’un juge, d’un médecin, de quelqu’un qui souffre, qui est stupéfait… C’est tout à la fois…

Sur sa lancée, Judas achève :

« C’est sans doute parce que je suis meilleur que les autres, plus parfait, que j’ai surmonté la terreur des hommes pour Satan. »

Jésus garde le silence. Et lui l’excite :

« Mais parle ! Pourquoi ne suis-je pas terrorisé devant lui ? »

Jésus garde le silence.

« Tu ne réponds pas, Maître ? Pourquoi ? As-tu peur ?

– Non. Je suis la Charité. Et la Charité retient son jugement jusqu’à ce qu’elle soit obligée de le rendre… Laisse-moi, et retire-toi » dit-il enfin parce que Judas essaye de l’étreindre, et il termine en un souffle, serré de force dans les bras du blasphémateur : « Tu m’inspires du dégoût ! Satan, tu ne le vois ni ne le sens car il ne fait qu’un avec toi. Va-t’en, démon ! »

Effronté, Judas lui donne un baiser et rit, comme si le Maître lui avait dit en secret quelque éloge. Il revient vers les autres qui se sont arrêtés, abasourdis, et leur dit :

« Vous voyez ? J’ai su ouvrir le cœur du Maître et je le rends heureux parce que je lui montre ma confiance et j’en reçois une instruction. Vous, au contraire !… Vous n’osez jamais parler. C’est que vous êtes des orgueilleux. Ah ! De tous je serai celui qui apprendra le plus de choses de lui. Et je pourrai parler… »

356.6

Ils sont arrivés aux portes de la ville. Ils y entrent tous ensemble, car Jésus les a attendus. Mais alors qu’ils franchissent l’entrée, Jésus ordonne :

« Que mes frères et Simon aillent en avant rassembler les gens.

– Pourquoi pas moi, Maître ? Tu ne me donnes plus de missions ? Elles ne sont plus nécessaires maintenant ? Tu m’en as donné deux de suite et qui ont duré des mois…

– Et tu t’en es plaint en disant que je voulais t’éloigner. Maintenant, tu te plains parce que je te garde auprès de moi ? »

Judas ne sait que répondre et il se tait. Il part en avant avec Thomas, Simon le Zélote, Jacques, fils de Zébédée, et André. Jésus s’arrête pour laisser passer Philippe, Barthélemy, Matthieu et Jean, comme s’il voulait rester seul. Ils le laissent faire.

Mais le cœur affectueux de Jean, qui a eu plusieurs fois les larmes aux yeux pendant les discussions et les blasphèmes de Judas, le pousse peu après à se retourner à temps pour voir que Jésus, ne se croyant pas observé dans la ruelle solitaire et assombrie par les arcades successives qui la couvrent, porte les mains à son front en un geste de douleur, et se courbe comme quelqu’un qui souffre beaucoup. Le blond Jean quitte ses compagnons et revient vers son Maître :

« Qu’as-tu, mon Seigneur ? Tu souffres encore tant, comme quand nous t’avons retrouvé à Aczib ? O mon Seigneur !

– Ce n’est rien, Jean, rien ! Aide-moi par ton amour, et tais-toi avec les autres. Prie pour Judas.

– Oui, Maître. Il est très malheureux, n’est-ce pas ? Il est dans les ténèbres, et il ne sait pas qu’il s’y trouve. Il croit avoir trouvé la paix… Est-ce vraiment la paix ?

– Il est très malheureux, dit Jésus, accablé.

– Ne sois pas ainsi abattu, Maître. Pense au grand nombre de pécheurs, endurcis dans le péché, qui sont redevenus bons. Il en sera de même pour Judas. Ah ! Tu le sauveras sûrement ! Je vais passer cette nuit en prière pour lui. Je dirai au Père de faire de moi un homme qui sait seulement aimer, je ne veux plus que cela. Je songeais à donner ma vie pour toi, ou à faire briller ta puissance par mes œuvres. Maintenant, plus rien de cela. Je renonce à tout, je choisis la vie la plus humble et la plus commune et je demande au Père de donner tout ce que j’ai à Judas… pour le satisfaire… et pour qu’ainsi il se tourne vers la sainteté… Seigneur… je devrais te dire des choses… Je crois savoir pourquoi Judas est comme cela.

– Viens cette nuit. Nous prierons ensemble et nous parlerons.

– Et le Père m’écoutera ? Il acceptera mon sacrifice ?

– Le Père te bénira. Mais tu en souffriras…

– Oh, non ! Il suffit que je te voie content… et que Judas… et que Judas…

– Oui, Jean.

356.7

Ils nous appellent. Courons. »

La ruelle fait place à une belle rue. La rue devient une artère décorée de portiques et de fontaines et elle est ornée de places plus belles l’une que l’autre. Elle croise une avenue pareille et il y a sûrement au fond un amphithéâtre. Et des gens atteints de diverses maladies sont déjà rassemblés dans un coin des portiques en attendant le Sauveur.

Pierre vient à la rencontre de Jésus :

« Ils ont gardé la foi en ce que nous avons dit de toi, au mois d’Etamin. Ils sont venus immédiatement.

– Et moi, je vais récompenser leur foi immédiatement. Allons. »

Et dans le crépuscule déjà avancé qui teint les marbres de rouge, il va guérir ceux qui l’attendent avec confiance.

356.1

Jesus is already beyond the Jordan. And from what I understand, the town I can see on top of a green hill, is Gadara and it is the first town they reach after landing on the south-east coast of the lake of Galilee. In fact that is where they landed, as they did not disembark at Hippo, where they were preceded by the boats carrying the people hostile to Jesus. I think that they set ashore opposite Tarichea, where the Jordan flows out of the lake.

«You know the shortest road to Gadara, do you not? Do you remember it?» asks Jesus.

«Of course I do! When we are at the hot springs near the river Yarmuk, all we have to do is to follow the road» replies Peter.

«And where will you find the springs?» asks Thomas.

«Oh! Your nose will tell you where they are. They smell a mile away!» exclaims Peter turning up his nose in disgust.

«I did not know that you were troubled with pains…» remarks Judas Iscariot.

«Pains? Me? Never!»

«Hey! If you are so familiar with the hot springs at the Yarmuk, you must have been there.»

«I never needed hot springs to be fit! The poison in my bones always came out with the perspiration of my honest work… in any case, as I worked more than I enjoyed myself, there was always very little poison in me…»

«That one is for me, isn’t it? I am guilty of everything…» says Judas angrily.

«Who bit you? You asked me a question and I replied to you, as I would have replied to the Master or to a companion. And I think that none of them, not even Matthew… who was a pleasure-seeking person, would have taken it amiss.»

«Well, I do!»

«I did not know that you are so touchy. But I apologise for the assumed insinuation. For the Master’s sake, you know. He is so distressed by strangers that there is no need for us to vex Him further. Instead of running after your own touchiness, look at Him, and you will realize how much He needs peace and love.»

Jesus does not speak. He simply looks at Peter and smiles gratefully.

356.2

Judas does not reply to Peter’s fair remark. He is taciturn and irritated. He wants to appear kind, but the anger, bad mood, and disappointment of his heart are clearly revealed by his eyes, voice and countenance, and even by his overbearing gait, as he stamps the ground angrily giving vent to what boils within him.

But he strives to look calm and be kind, he does not succeed, but he tries… He asks Peter: «Well, then, how do you know these places? Perhaps you have been here for your wife?»

«No, we passed here when in the month of Ethanim we came to Hauran with the Master. I took His Mother and the women disciples to Chuza’s estate. Coming via Bozrah, we passed by here» replies Peter sincerely and wisely.

«Were you alone?» asks Judas ironically.

«Why? Do you think that I by myself am not as good as several people when it is the case of showing how valient you are, and there is an important task to be done and one does it with all goodwill?»

«Oh! How proud you are! I would have loved to see you!»

«You would have seen a serious man accompanying holy women.»

«But were you really alone?» asks Judas with the true attitude of an inquisitor.

«I was with the Lord’s brothers.»

«Ah! You are beginning to make admissions!»

«And you are beginning to get on my nerves! Can you tell me what is the matter with you?»

«That’s true. It is a shame» says Thomas.

«It’s time you stopped it» corroborates James of Zebedee.

«It is not right for you to sneer at Simon» states Bartholomew reproachingly.

«You ought to remember that he is the Head of us all» concludes the Zealot.

Jesus is silent.

«Oh! I am not sneering at anybody, and nothing is the matter with me. I just like to tease him a little…»

«That is not true! You are a liar! You ask sly questions because you want to reach some conclusion. A sly man thinks that everybody is sly. We have no secrets. We were all there, and we all did the same thing: what the Master told us. And there is nothing else. Is that clear?» shouts the other Judas who is really angry.

«Be quiet. You are like quarrelsome women. You are all wrong. And I am ashamed of you» says Jesus severely.

356.3

There is total silence while they go towards the town on the hill. Thomas breaks the silence exclaiming: «What a dreadful smell!»

«It’s the springs. That is the Yarmuk and those buildings are the Roman Thermae. Beyond them there is a beautiful paved road that takes one to Gadara. Romans like to travel in comfort. Gadara is beautiful!» says Peter.

«It is even more beautiful because we will not find certain… beings here, at least not many of them» grumbles Matthew between his teeth.

They cross the bridge over the river in the pungent smell of sulphur water. They pass near the Thermae, among Roman vehicles, and they take a beautiful road, paved with large slabs, which takes to the town on the top of the hill, a beautiful town enclosed by walls.

John approaches the Master and asks: «Is it true that in old days a damned soul was hurled down into the bowels of the earth where those waters are? My mother used to tell us that when we were little children to make us understand that one must not commit sin, otherwise hell opens under the feet of a soul cursed by God and swallows the sinner. And then in memory and as a warning, cracks remain through which smell, heat and water of hell come up. I would be afraid to bathe in there…»

«Afraid of what, boy? It would not infect you. It is easier to be infected by those men who have hell within themselves and exhale the stench and poison of hell. But only those are contaminated who are inclined to become so by themselves.»

«Could I be contaminated?»

«No. Not even if you were among a crowd of demons.»

«Why not? What has he got which is different from everybody else?» asks Judas of Kerioth at once.

«He is pure in every way and thus he can see God» replies Jesus and Judas laughs maliciously.

John asks once again: «So those springs are not mouths of hell?»

«No. On the contrary they are good things made by God for His children. Hell is not enclosed in the earth. It is on the earth, John, in the hearts of men. And it expands further there.»

356.4

«But does Hell really exist?» asks the Iscariot.

«What are you saying?» ask his companions who are thoroughly scandalised.

«I am asking: does it really exist? I don’t believe it does, and I am not the only one.»

«Heathen!» they shout with horror.

«No. Israelite. Many of us in Israel do not believe such nonsense.»

«Well, how can you believe in Paradise?», «And in God’s justice?», «Where do you put sinners?», «What about Satan?» many of the apostles object shouting.

«I say what I think. A short while ago I was blamed for being a liar. I am proving that I am sincere, even if what I say scandalises you and makes me hateful in your eyes. In any case I am not the only one in Israel, since Israel has improved in knowledge through contacts with Hellenists and Romans, who are of such opinion. And the Master, the only one whose opinion I respect, cannot reproach me or Israel, as He protects Romans and Greeks and is openly their friend… I base myself on the following philosophical concept. If everything is controlled by God, everything we do depends on His will, and He must reward us all in the same way, because we are only automata moved by Him. We are beings devoid of will. The Master Himself says so: “The Will of the Most High. The Will of the Father”. That is the only Will. And it is so infinite that it crushes and destroys the limited will of creatures. Consequently, both the Good and the Evil, which we appear to do, is done by God, Who imposes it on us. Thus He will not punish us for evil deeds and His justice will be administered that way, because our sins are not voluntary but they are imposed by Him Who wants us to commit them, so that both good and evil may be on the earth. He who is bad is the means of expiation for those who are not so bad. And he suffers within himself as he cannot be considered good, and thus expiates his part of sin. Jesus said so. Hell is on the earth and in the hearts of men. I do not perceive Satan. He does not exist. Once I believed he existed. But for some time I have convinced myself that it is a lot of nonsense. And one attains peace through such belief.»

Judas expounds such… theory with so much ostentation that the others stand breathless with astonishment…

356.5

Jesus is silent. And Judas teases Him: «Am I not right, Master?»

«No.» His «no» is so sharp that it sounds like an explosion.

«And yet I… I do not perceive Satan, neither do I admit free will or Evil. And all the Sadducees are of my opinion as well as many other people in Israel. No, Satan does not exist.»

Jesus looks at him. His glance is so complex that it cannot be analyzed. It is the glance of a Judge, of a Doctor, of a grieved astonished man… There is everything in it…

Judas, who is already launched out, concludes: «Perhaps it is because I am better and more perfect than the others, that I have overcome the terror of men for Satan.»

And Jesus is silent. But Judas teases Him: «Speak! Why am I not terrified?»

Jesus keeps silent.

«Are You not replying, Master? Why? Are You afraid?»

«No. I am Charity. And Charity withholds its opinion until it is compelled to give it… Leave Me and go away» He says at last, because Judas tries to embrace Him, and when He is held by force in the arms of the blasphemer, He whispers to him: «You disgust Me! You do not see or perceive Satan, because he is all one with you. Go away, you demon!»

Judas kisses Him impudently and laughs, as if the Master had praised him secretly. He goes back to the others who are so aghast that they have stopped and he says to them: «See? I know how to open the Master’s heart. And I make Him happy by showing Him my confidence and I learn. You, instead!… You never dare speak to Him. Because you are proud. Oh! I will know more about Him than anybody else. And I will be able to speak…»

356.6

They reach the gates of the town. They all go in together, because Jesus has waited for them. But while going through the entrance hall, Jesus commands: «My brothers and Simon, go ahead and gather the people.»

«Why not I, Master? Are You not giving me any more missions to fulfil? Are they no longer necessary now? You gave me two, one after the other, and they lasted for months…»

«And you complained and said that I wanted to keep you away. Are you now complaining because I want to keep you with Me?»

Judas does not know what to reply and is silent. He goes ahead with Thomas, the Zealot, James of Zebedee and Andrew. Jesus stops to let Philip, Bartholomew, Matthew and John pass, as if He wished to be left alone. They do not interfere.

But the loving heart of John, whose eyes have often been shining with tears during the blasphemous dispute of Judas, compels the apostle to turn round shortly afterwards, just in time to see Jesus press His forehead with His hands, with a gesture of sorrow, and bend forward like one in great pain. Jesus does so thinking He was unobserved in the little lonely street, which is also dark owing to the many arches across it. Fair-headed John leaves his companions and goes back to his Master: «What is the matter, my Lord? Are You suffering once again as when we found You at Achzib? Oh! My Lord!»

«It is nothing, John! Help Me with your love. And do not say anything to the others. Pray for Judas.»

«Yes, Master. He is very unhappy, is he not? He is in darkness, and does not know. He thinks that he has attained peace… Is it peace?»

«He is very unhappy» says Jesus dejectedly.

«Don’t be so sad, Master. Think of how many sinners have become good, although they were hardened in sin. Judas will do the same. Oh! You will certainly save him! I will spend the night praying for that. I will tell the Father to make me capable only of loving, I do not want anything else. I was hoping to give my life for You or to make Your power shine through my work. Now no longer so. I renounce everything, I choose the most humble and common life and I will ask the Father to give what is mine to Judas… to make him happy… so that he may turn to holiness… Lord… I should tell You something… I think I know why Judas is like that.»

«Come tonight. We will pray together and speak.»

«And will the Father listen to me? Will He accept my sacrifice?»

«The Father will bless you. But you will suffer…»

«Oh! No! It is enough for me to see that You are happy… and that Judas… and that Judas…»

«Yes, John.

356.7

Look, they are calling us. Let us run.»

The little street becomes a beautiful one, adorned with porches and fountains. And it is embellished with beautiful squares: each one being more beautiful than the others. It crosses another main street, which is just as beautiful, and at the end of it there is an amphitheatre. Several sick people have already gathered in a corner of the porches waiting for the Saviour.

Peter comes towards Jesus: «They have retained faith in what we told them about You in the month of Ethanim. They came at once.»

«And I will reward their faith at once. Let us go.»

And while the sun is setting and tingeing the marble buildings with red, He goes to heal those who are waiting for Him with faith.


Notes

  1. Etamin, appelé ailleurs Tisri, correspond au 20 septembre/ 20 octobre environ.