Gli Scritti di Maria Valtorta

380. Les apôtres exhortés à aimer,

380. Gli apostoli esortati ad amare,

380.1

C’est un groupe de montagnes dont la seule occupation semble être de s’élever toujours plus haut. Et chaque étape — pour ainsi dire — de son effort est marquée par une chaîne escarpée de collines rocheuses, aux pentes très fortes entaillées de vallées étroites comme des incisions gigantesques couronnées de crêtes sauvages. De là, on peut entrevoir incidemment des parties de la Mer Morte, située au sud-est de l’endroit où se trouvent les apôtres avec le Maître. On ne peut voir ni le Jourdain et sa vallée fertile et paisible, ni Jéricho, et pas davantage les autres villes. Il n’y a que des montagnes et encore des montagnes qui se dressent en direction de la Samarie, et la sombre Mer Morte entre deux escarpements montagneux.

En bas, un torrent coule d’ouest en est, sans aucun doute vers le Jourdain. On entend de grands cris de faucons et des corassements de corbeaux dans le ciel bleu clair, de bruyants pépiements d’oiseaux dans les feuillages des pentes sauvages. Le vent qui siffle dans les gorges apporte des odeurs et de lointaines rumeurs, qui recouvrent même les bruits proches suivant qu’ils sont légers ou intenses. Des tintements de sonnaille montent de la route, qui passe certainement dans la vallée. On entend bêler des brebis qui paissent sur les plateaux, ou encore des bruits d’eau qui goutte des roches ou de torrents qui grondent. Mais la saison est bonne, sèche, tiède, les pentes sont émaillées de fleurs sur l’émeraude de l’herbe ; d’autres fleurs, en grappes ou en festons, pendent des troncs et des feuillages, donnant aux lieux un air de gaieté…

Les visages des treize hommes ici réunis sont très joyeux, d’une joie surnaturelle. Ils ont oublié le monde. Il est loin… Les âmes ont repris leur équilibre secoué par tant de heurts, elles ont pu rentrer dans le halo de Dieu, c’est-à-dire dans la paix. Et elle se lit sur les visages.

380.2

Mais le séjour est fini, et Jésus en parle. Et Pierre répète sa prière du mont Thabor :

« Pourquoi ne pas rester ici ? Il est beau d’être ici avec toi !

– Parce que le travail nous attend, Simon, fils de Jonas. Nous ne pouvons pas être seulement des contemplatifs. Le monde nous attend pour être instruit. Les ouvriers du Seigneur ne peuvent s’arrêter tant qu’il y a des champs à ensemencer.

– Dans ce cas… moi qui m’améliore un peu quand je m’isole ainsi, je ne serai jamais capable… Le monde est si grand ! Comment pourrons-nous le travailler tout entier et réussir, avant de mourir, à le rassembler en toi ?

– Vous ne le travaillerez sûrement pas tout entier. Il y faudra des siècles et des siècles et, quand une partie sera acquise, Satan y entrera pour ruiner ce qui a été fait. Ce sera donc une tâche permanente jusqu’à la fin des siècles.

– Alors comment pourrai-je me préparer à mourir ? »

Pierre est vraiment désolé ! Mais Jésus le rassure en l’embrassant :

« Tu en auras le temps. Il n’en faut pas beaucoup. Il suffit d’un acte de recueillement parfait pour être prêt à paraître devant Dieu. Mais tu en auras tout le temps. Du reste, sache que l’exécution de la volonté de Dieu est toujours une préparation pour mourir saintement. Si Dieu te veut actif et si tu obéis, tu te prépares mieux par cette action obéissante que si tu t’enfermais dans les rochers les plus solitaires pour prier et contempler. En es-tu convaincu ?

– Bien sûr, puisque tu le dis ! Alors que devons-nous faire ?

– Eparpillez-vous dans les chemins des vallées. Rassemblez ceux qui seront là à m’attendre. Prêchez le Seigneur et la foi jusqu’à ce que je vienne.

– Tu restes seul ?

– Mais oui ! Ne craignez rien.

380.3

Vous voyez que le mal sert parfois au bien. Ici, Elie a été nourri par des corbeaux[1]. Nous, nous pouvons dire que des vautours féroces nous ont nourris.

– Penses-tu que ce soit un mouvement de conversion ?

– Non. Mais même si leur charité provient de la pensée que, en faisant preuve de générosité, ils nous auraient obligés à ne pas les trahir…

– Mais nous ne les aurions pas trahis ! s’exclame André.

– Non, mais ces malheureux voleurs ne le savent pas. Chargés de crimes comme ils le sont, rien de spirituel n’agit en eux.

– Seigneur, tu disais que la charité… que voulais-tu dire ? demande Jean.

– Je voulais dire que la charité dont ils ont fait preuve à notre égard ne restera pas sans récompense, du moins chez les meilleurs. La conversion qui ne s’est pas produite maintenant peut se faire lentement, mais elle est possible. C’est pour cela que je vous ai recommandé : “ Ne repoussez pas leurs offrandes. ” Et je les ai acceptées bien que, pour moi, elles aient la puanteur du péché.

– Tu n’en as même pas mangé…

– Mais je n’ai pas vexé ces pécheurs en les repoussant. Ils avaient un début de mouvement de bonté. Pourquoi le détruire ? Ce torrent, là au fond, ne provient-il pas de la source qui coule de cet escarpement ? Souvenez-vous-en toujours. C’est une leçon pour votre vie future, quand je ne serai plus parmi vous. Si, au cours de vos voyages apostoliques, vous rencontrez des délinquants, ne faites pas comme les pharisiens, qui méprisent tout le monde et ne se soucient pas de commencer par se mépriser eux-mêmes, corrompus comme ils le sont. Mais approchez-les avec un grand amour. Je voudrais pouvoir dire avec “ un amour infini ”. Je le dis même. Et il est possible que cela se produise, même si l’homme est “ fini, limité ” dans ses actes.

380.4

Savez-vous comment l’homme peut avoir un amour infini ? En étant totalement uni à Dieu au point de ne faire qu’un avec lui. Alors, la créature disparaissant dans le Créateur, c’est vraiment le Créateur qui agit, or il est infini. Et c’est ainsi que doivent être mes apôtres : unis à leur Dieu par la puissance de l’amour qui se rapproche de son origine au point de ne faire qu’un avec elle. Vous convertirez moins les cœurs par votre manière de parler que par votre manière d’aimer. Si vous vous trouvez en face de pécheurs, aimez-les. Si vous souffrez à cause de disciples dévoyés, cherchez à les sauver par l’amour. Souvenez-vous de la parabole de la brebis perdue. Pendant des siècles, elle sera le doux appel adressé aux pécheurs. Mais ce sera aussi un ordre sûr donné à mes prêtres : vous devrez aller à la recherche des égarés pour les ramener au Bercail, et cela de toutes les manières possibles, par tous les sacrifices, quitte à y laisser votre vie en essayant de sauver une âme, avec toute la patience possible.

L’amour vous donnera la joie. Il vous dira : “ N’aie pas peur. ” Il vous donnera un pouvoir d’expansion dans le monde comme moi-même je n’en ai pas eu. A l’avenir, l’amour des justes ne doit plus être placé comme un signe extérieur sur le cœur et sur le bras, comme dit[2] le Cantique des Cantiques, mais il doit être dans le cœur. Il doit être le levier qui pousse l’âme à toute action. Et chaque acte doit surabonder en charité, d’une charité qui ne se contente pas d’aimer Dieu ou le prochain d’une manière seulement mentale : elle doit descendre dans l’arène pour lutter contre les ennemis de Dieu, et aimer Dieu et le prochain concrètement, par des actions même matérielles. Car elles conduisent à des actions plus vastes et plus parfaites qui aboutissent à la rédemption et à la sanctification de nos frères.

Par la contemplation, on aime Dieu, mais par l’action on aime son prochain ; ces deux amours ne sont pas séparés, car il n’y a qu’un seul amour, et en aimant notre prochain nous aimons Dieu, qui nous demande cet amour et qui nous a donné notre prochain comme frère.

380.5

Les prêtres à venir et vous-mêmes ne pourrez pas vous prétendre mes amis si leur charité et la vôtre ne se tourne pas tout entière vers le salut des âmes, pour lesquelles je me suis incarné et pour lesquelles je souffrirai. Je vous donne l’exemple de la façon dont on aime. Mais ce que je fais, vous devez l’imiter, et de même ceux qui viendront après vous. L’ère nouvelle arrive, et c’est l’ère de l’amour. Je suis venu allumer ce feu dans les cœurs, et il croîtra encore après ma Passion et mon Ascension, et il vous embrasera quand l’Amour du Père et du Fils descendra pour vous consacrer au ministère.

Très divin Amour ! Pourquoi tardes-tu à consumer la Victime, à ouvrir les yeux et les oreilles de mon troupeau, à délier les langues et les membres, pour qu’il aille parmi les loups et enseigne que Dieu est charité, et que celui qui n’a pas en lui-même la charité n’est qu’une brute ou un démon ? Oh ! viens, Esprit très doux et très fort, et embrase la terre, non pour la détruire, mais pour la purifier. Embrase les cœurs ! Fais-en d’autres moi-même, des Christs, c’est-à-dire des âmes qui ont reçu l’onction de l’amour, agissant par amour, saints et sanctifiant par amour.

Bienheureux ceux qui aiment parce qu’ils seront aimés : leur âme ne cessera pas un seul moment de chanter pour Dieu avec les anges jusqu’au moment où ils chanteront l’éternelle gloire dans la lumière des Cieux. Qu’il en soit ainsi de vous, mes amis. Maintenant, allez et faites avec amour ce que je vous ai dit. »

380.1

Da un gruppo montagnoso, che pare occupato e preoccupato di elevarsi sempre più — ed ogni, dirò così, fase del suo sforzo è segnata da un’a­spra catena di colline rocciose, dalle coste dirupate, a picco, tagliate da valli strette come tagli giganteschi, incoronate da creste selvagge — si possono intravvedere incidentalmente squarci di mar Morto, messo a sud est del luogo dove sono gli apostoli col Maestro. Il Giordano e la sua vallata fertile e pacifica non si vedono, e non si vede Gerico né altre città. Solo monti e monti che si alzano in direzione della Samaria, e il cupo mar Morto fra due squarci pontuti di monte. In basso, un torrente in direzione ovest-est, che va certo al Giordano. Grande stridere di falchi e gracchiare di corvi nel cielo di un azzurro vivo. Grande cinguettio di uccelli fra le fronde delle pendici selvagge. Un flautare di venti per le gole, portanti odori e rumori lontani, oppure soverchianti anche quelli vicini, a seconda che sono lievi o intensi. Qualche rumore di sonagli che sale dalla strada che certo è a valle. Qualche belato di pecora che pascola sui pianori. Qualche rumore d’acque che stillano e che scrosciano da rocce e da torrenti. Ma la stagione è buona, asciutta, tiepida, le pendici sono tutte uno smalto di fiori sullo smeraldo dell’erba, e ancora fiori, a grappoli e festoni, pendono dai tronchi e dalle fronde, e lieto è l’aspetto del luogo.

Lietissimi, di una letizia soprannaturale, sono i volti dei tredici lì raccolti. Il mondo è stato dimenticato. È lontano… Gli spiriti hanno ripreso l’equilibrio scosso da tanti urti, hanno potuto rientrare nell’alone di Dio, ossia della pace. E pace si legge sui volti.

380.2

Ma la sosta è finita e Gesù ne parla. E Pietro ripete la sua preghiera del Tabor: «Oh! perché non rimaniamo qui? È bello stare qui con Te!».

«Perché il lavoro ci attende, Simone di Giona. Non possiamo essere soltanto dei contemplativi. Il mondo ci aspetta per essere ammaestrato. Non possono sostare gli operai del Signore finché ci sono campi da seminare».

«Ma allora… io, che divento un poco buono solo quando mi isolo così, non potrò mai… Il mondo è tanto grande! Come potremo lavorarlo tutto e prima di morire riuscire a raccogliersi[1] in Te?».

«Non lo lavorerete certo tutto. Secoli e secoli ci vorranno. E quando una parte sarà lavorata, Satana vi entrerà a sciupare il fatto. Sarà perciò un lavoro continuo fino alla fine dei secoli».

«Oh! allora come potrò prepararmi a morire?». Pietro è proprio sconsolato.

Gesù lo rassicura abbracciandolo e dicendo: «Ne avrai il tempo. Non occorre molto. Basta un attimo di raccoglimento perfetto per prepararsi a comparire davanti a Dio. Ma tu ne avrai tutto il tempo. Del resto, sappi che la esecuzione del volere di Dio è sempre preparazione alla morte in santità. Se Dio ti vuole attivo e tu ubbidisci, tu ti prepari meglio nell’azione ubbidiente che se ti chiudessi fra le rocce più solitarie a pregare e contemplare. Ne sei persuaso?».

«Certo! Lo dici Tu! Allora che dobbiamo fare?».

«Spargervi per le vie delle valli. Radunare chi sarà ad attendermi, predicare il Signore e la Fede finché Io verrò».

«Resti solo?».

«Ma sì. Non temete.

380.3

Vedete che il male serve al bene qualche volta. Qui Elia fu sfamato dai corvi[2]. Noi possiamo dire che gli avvoltoi feroci ci sfamarono».

«Pensi che sia stato un movimento di conversione?».

«No. Ma la carità, sia pure mossa dal pensiero che usando generosità ci avrebbero messi in condizioni di non tradirli…».

«Ma noi non li avremmo traditi!», esclama Andrea.

«No. Ma essi, gli infelici ladroni, non lo sanno. Nulla di spirituale opera in loro, carichi come sono di delitti».

«Signore, Tu dicevi che la carità… Che volevi dire?», chiede Giovanni.

«Volevo dire: la carità che ci hanno usata non sarà senza ricompensa, almeno nei migliori. La conversione, non avvenuta ora, può operarsi lentamente, ma può venire. È per questo che vi ho detto: “Non respingeteli nelle loro offerte”. E le ho accettate benché mi sapessero fetore di peccato».

«Ma Tu neppure ne hai mangiato…».

«Ma non ho mortificato i peccatori col respingerli. Avevano un movimento iniziale di bontà. Perché distruggerlo? Quel torrente là in fondo non ha inizio dalla sorgiva che goccia da quel dirupo? Ricordatevelo sempre. È lezione per la vostra vita futura. Per quando Io non sarò più fra voi. Se troverete sulle vie dei vostri viaggi apostolici dei delinquenti, non siate come i farisei, i quali sprezzano tutti e non si curano di sprezzare per primi sé stessi, corrotti come sono. Ma avvicinateli con amore grande. Vorrei poter dire con “infinito amore”. Lo dico, anzi. Ed è possibile che ciò avvenga anche se l’uomo è “finito, limitato” nei suoi atti e azioni.

380.4

­Sapete come l’uomo può possedere infinito amore? Essendo talmente unito a Dio da essere tutt’uno con Dio. Allora veramente, scomparendo la creatura nel Creatore, opera il Creatore, il quale è infinito. E così, uni col loro Dio per potenza di amore che tanto si stringe all’Origine da fondersi ad essa, devono essere gli apostoli miei. Non sarà per come parlerete, ma per come amerete che convertirete i cuori. Troverete peccatori? Amateli. Soffrirete per discepoli che si traviano? Cercate di salvarli con l’amore. Ricordate la parabola della pecorella smarrita. Oh! per secoli e secoli essa sarà il richiamo dolcissimo lanciato ai peccatori. Ma sarà anche l’ordine sicuro dato ai sacerdoti miei. Con ogni arte, con ogni sacrificio, anche a costo di perdere la vita nel tentativo di salvare un’anima, con ogni pazienza, voi dovrete andare cercando gli smarriti per riportarli all’Ovile. L’amore vi darà gaudio. Vi dirà: “Non temere”. Vi darà un potere di espansione nel mondo quale Io stesso non ebbi.

Non deve più l’amore dei giusti futuri essere messo come un segno esteriore sul cuore e sul braccio, come dice[3] il Cantico dei Cantici. Ma deve essere messo nel cuore. Deve essere la leva che spinge l’anima ad ogni azione. E ogni azione deve essere sovrabbondanza della carità che non si appaga più di amare Dio o il prossimo soltanto mentalmente, ma scende nell’agone, in lotta con i nemici di Dio, per amare Dio e prossimo anche contingentalmente, in azioni anche materiali, vie ad azioni più vaste e perfette che terminano alla redenzione e santificazione dei fratelli. Per la contemplazione si ama Dio, ma per l’azione si ama il prossimo; né i due amori sono scissi perché uno solo è l’amore, e amando il prossimo amiamo Dio che ci comanda questo amore e che il prossimo ci ha dato per fratello.

380.5

­Non potrete voi, e non potranno dire i sacerdoti futuri, di essere miei amici se la carità vostra e di loro non si volgerà tutta alla salvezza delle anime per le quali Io mi sono incarnato e per le quali patirò. Io vi do l’esempio di come si ama. Ma ciò che Io faccio, voi, e quelli che verranno dopo di voi, dovete fare. Il nuovo tempo viene. Quello dell’amore. Io sono venuto a gettare questo fuoco nei cuori, ed esso crescerà ancora dopo la mia Passione e Ascensione e vi incendierà quando l’Amore del Padre e del Figlio scenderà a consacrarvi al ministero.

Divinissimo Amore! A che tardi a consumare la Vittima e ad aprire gli occhi e le orecchie, a sciogliere le lingue e le membra a questo mio gregge, onde vada fra i lupi e insegni che Dio è Carità e che chi non ha in sé carità non è che un bruto e un demone? Oh! vieni, Spirito dolcissimo e fortissimo, e incendia la Terra, non per distruggerla ma per purificarla. Incendia i cuori! Fànne degli altri Me, dei Cristi, ossia degli unti dall’a­mo­re, operanti per amore, santi e santificanti per amore.

Beati coloro che amano perché saranno amati, e non cesserà un momento la loro anima di cantare a Dio insieme agli angeli fino a che canteranno l’eterna gloria nella luce dei Cieli. Così sia di voi, amici miei. Ora andate e fate con amore ciò che vi ho detto».


Notes

  1. Elie a été nourri par des corbeaux, selon le récit de 1 R 17, 2-6.
  2. dit, en Ct 8, 6.

Note

  1. riuscire a raccogliersi, espressione troppo immediata, starebbe per riuscire a farlo raccogliere.
  2. sfamato dai corvi, come è detto in: 1 Re 17, 2-6.
  3. dice, in: Cantico dei cantici 8, 6.