Gli Scritti di Maria Valtorta

385. Parabole du carrefour et

385. Parabola del quadrivio

385.1

La petite troupe, accrue du vieillard qui s’admire dans le vêtement d’un apôtre de petite taille, sort de la maisonnette.

« Si tu veux rester, père… » va lui dire Jésus.

Mais le vieil homme l’interrompt :

« Non, non. Je viens moi aussi. Laisse-moi venir ! J’ai mangé hier ! J’ai dormi cette nuit, et dans un lit ! Je n’ai plus de douleur au cœur ! Je suis aussi fort qu’un jeune homme…

– Alors viens. Tu resteras avec moi, avec Barthélemy et mon frère Jude. Quant à vous, marchez deux par deux, comme on l’a dit. Soyez tous de retour avant sexte. Allez, et que la paix soit avec vous. »

Ils se séparent, les uns partant vers le fleuve, les autres vers les campagnes. Jésus les laisse partir puis, le dernier, il se met en route. Il traverse lentement le village, remarqué par les pêcheurs qui reviennent du fleuve ou qui s’y rendent, et par les ménagères actives qui se sont levées à l’aube pour frotter la lessive, arroser les jardins ou faire le pain. Mais personne ne parle.

385.2

Seul un jeune garçon, qui pousse vers le fleuve sept brebis, interroge le vieillard :

« Où vas-tu, Ananias ? Tu quittes le village ?

– Je vais avec le Rabbi, mais je reviens avec lui. Je suis son serviteur.

– Non. Tu es mon père. Tout vieillard juste est un père et une bénédiction pour l’endroit qui l’héberge et pour celui qui le secourt. Bienheureux ceux qui aiment et honorent les vieillards » dit Jésus d’un air solennel.

L’enfant le regarde, intimidé, puis il murmure :

« Moi, je donnais toujours un peu de mon pain à Ananias… » comme pour dire : « Ne me fais pas un reproche que je ne mérite pas.

– Oui, Mikaël était bon avec moi. Il était l’ami de mes petits-enfants… et il l’est resté aussi du grand-père. Sa mère aussi n’est pas mauvaise et me secourait, mais elle a onze enfants, et ils vivent tous de la pêche… »

Des femmes s’approchent avec curiosité et écoutent.

« Dieu aidera toujours celui qui fait son possible pour le pauvre. Et il y a toujours moyen d’aider. Bien souvent, dire : “ Je ne peux rien faire ”, c’est mentir. Car, quand on le veut, on trouve toujours quelque bouchée superflue, quelque couverture usagée, quelque vêtement mis de côté pour les offrir à ceux qui n’en ont pas. Et le Ciel récompense les dons. Dieu te rendra, Mikaël, les bouchées que tu as données au vieillard. »

Jésus fait une caresse à l’enfant et se met en route.

Vexées, les femmes restent sur place, puis elles interrogent le garçon qui dit ce qu’il sait. Et la crainte s’empare des femmes regardantes qui avaient fermé leur cœur aux besoins du vieillard…

385.3

Pendant ce temps, Jésus, arrivé à la dernière maison, se dirige vers un carrefour qui permet de se rendre de la route principale au hameau. De là, on voit qu’il passe sur cette route des caravanes qui reviennent vers les villes de Décapole et de Pérée.

« Allons-y et prêchons. Veux-tu le faire, toi aussi, père ?

– Je n’en suis pas capable. Que dois-je dire ?

– Tu le peux. Ton âme connaît la sagesse du pardon et de la fidélité à Dieu, et aussi la résignation aux heures de souffrance. Et tu sais que Dieu secourt celui qui espère en lui. Va et dis-le aux pèlerins.

– Ah ! cela, oui !

– Jude, va avec lui. Moi, je reste avec Barthélemy au carrefour. »

En effet, arrivé là, il se met à l’ombre d’un groupe de platanes feuillus et attend patiemment.

Les champs aux alentours portent de belles moissons et de beaux vergers. Comme ils sont pleins de fraîcheur à cette heure matinale, on les contemple avec plaisir. Les caravanes passent sur la route… Peu de gens regardent les deux hommes adossés au tronc des platanes. Peut-être les prennent-ils pour des voyageurs fatigués. Néanmoins, certains reconnaissent Jésus et le montrent du doigt ou s’inclinent en le saluant.

Enfin, un homme arrête son âne et ceux de sa famille ; il en descend, et se dirige vers Jésus :

« Que Dieu soit avec toi, Rabbi ! Je suis d’Arbel. Je t’ai entendu cet automne. Voici mon épouse, et sa sœur veuve, et encore ma mère. Cet homme âgé est son frère et ce jeune homme est le frère de ma femme. Et voici tous nos enfants. Ta bénédiction, Maître ! J’ai appris que tu as parlé au gué. Mais j’y suis arrivé le soir… Tu n’auras pas une parole pour nous ?

– La Parole ne se refuse jamais. Mais attends quelques minutes parce que d’autres vont arriver… »

En effet, les habitants du village rejoignent tout doucement la bifurcation. D’autres, qui sont déjà passés sur la route en direction du nord, reviennent sur leurs pas ; d’autres encore, intrigués, s’arrêtent et descendent de leurs montures, ou même restent en selle. Il se forme un petit auditoire qui ne cesse d’augmenter. Jude, fils d’Alphée, revient aussi avec le vieillard, en compagnie de deux malades et de personnes en bonne santé.

385.4

Jésus commence à parler :

« Ceux qui parcourent les voies du Seigneur, les voies indiquées par le Seigneur, et avec une bonne volonté, finissent par le trouver. En ce qui vous concerne, cela s’est produit après avoir fait votre devoir de juifs fidèles pour la Pâque sainte. Et voici que la Sagesse vous parle, comme vous le désirez, à cette bifurcation où la bonté divine nous fait nous rencontrer.

Les carrefours que l’homme rencontre sur le chemin de sa vie sont bien nombreux, et les carrefours surnaturels encore plus que les matériels. Chaque jour, la conscience se trouve en face de bifurcations ou de carrefours entre le bien et le mal. Et il lui faut choisir avec soin pour ne pas se tromper. Si cela arrive, elle doit savoir revenir humblement en arrière lorsqu’on la rappelle et qu’on l’avertit. Et si le chemin du mal ou tout simplement celui de la tiédeur lui paraît plus beau, elle doit savoir choisir la voie raboteuse, mais assurée, du bien.

Ecoutez une parabole.

Un groupe de pèlerins, venus de régions lointaines pour chercher du travail, se trouva aux frontières d’un Etat. Il y avait là des embaucheurs envoyés par divers patrons. Certains cherchaient des hommes pour les mines et d’autres pour des champs et des bois, d’autres encore voulaient trouver des serviteurs d’un riche infâme, ou des soldats pour un roi qui résidait au sommet d’une montagne, dans son château auquel on accédait par une route très escarpée.

Le roi voulait avoir des troupes, mais il exigeait qu’elles ne soient pas tant de violence que de sagesse, afin de les envoyer dans les villes sanctifier ses sujets. Aussi vivait-il là-haut, comme dans un ermitage, pour former ses serviteurs sans que les distractions mondaines les corrompent en freinant ou en anéantissant leur formation spirituelle. Il ne promettait pas d’importantes gratifications ni une vie facile, mais il donnait l’assurance que le servir procurerait sainteté et récompense.

Ainsi parlaient ses envoyés à ceux qu’ils rejoignaient aux frontières. De leur côté, les envoyés des patrons de mines ou des propriétaires de champs disaient :

“ Ce ne sera pas une vie facile, mais vous serez libres et vous gagnerez de quoi vous payer quelques distractions. ”

Ceux qui cherchaient des serviteurs pour le maître infâme promettaient immédiatement une nourriture abondante, des loisirs, des jouissances, des richesses :

“ II vous suffit de consentir à ses caprices exigeants — oh ! nullement pénibles ! — et vous profiterez de la vie comme autant de satrapes. ”

Les pèlerins se consultèrent mutuellement. Ils ne voulaient pas se séparer… Ils demandèrent :

“ Mais les champs et les mines, le palais du jouisseur et celui du roi sont-ils voisins ? ”

“– Oh, non ! ” répondirent les embaucheurs. “ Venez à ce carrefour et nous vous montrerons les différentes routes. ”

Ils s’y rendirent.

“ Regardez : cette route splendide, ombragée, fleurie, plane, avec des sources fraîches, descend au palais du seigneur ” dirent les embaucheurs de serviteurs.

“ – Regardez : cette voie est poussiéreuse et traverse des campagnes paisibles mène aux champs. Elle est exposée au soleil, mais vous voyez qu’elle est belle malgré tout ” dirent les embaucheurs pour les champs.

“ – Regardez : celle ainsi sillonnée par de lourdes roues et couverte de taches sombres indique la direction des mines. Elle n’est ni belle ni désagréable… ” dirent ceux qui embauchaient pour les mines.

“ – Regardez : ce sentier escarpé, taillé dans le roc, brûlé par le soleil, couvert de ronces et entrecoupé de ravins qui ralentissent la marche, mais permettent de se défendre plus aisément contre les attaques des ennemis, ce sentier conduit vers l’orient, à ce château sévère mais sacré, où les esprits se forment au bien ” dirent les envoyés du roi.

385.5

Les pèlerins examinaient. Ils calculaient… Ils étaient tentés par plusieurs solutions dont une seule était totalement bonne. Peu à peu, ils se séparèrent. Ils étaient dix : trois penchèrent pour les champs… et deux pour les mines. Ceux qui restaient se regardèrent et deux d’entre eux dirent :

“ Venez avec nous chez le roi. Nous n’aurons pas de gros gains et nous ne profiterons pas de la vie sur cette terre, mais nous serons saints pour l’éternité. ”

“ – Ce sentier-là ? Il faudrait être fou ! Aucun rendement ? Pas de jouissance ? Ce n’était pas la peine de tout quitter et de nous exiler pour obtenir encore moins que ce que nous avions dans notre patrie. Nous voulons gagner de l’argent et profiter de la vie… ”

“ – Mais vous perdrez le Bien éternel ! N’avez- vous pas entendu que le maître est infâme ? ”

“ – Fariboles ! Après quelque temps nous le quitterons, mais nous aurons mené la belle vie et nous serons riches. ”

“ – Vous ne vous en libérerez plus. Les premiers ont mal fait de suivre l’attrait de l’argent. Mais vous ! Vous suivez l’attrait du plaisir. Ah ! n’échangez pas votre sort éternel contre une heure qui s’enfuit ! ”

“ – Vous êtes des imbéciles, si vous croyez à des promesses idéales. Nous, nous marchons vers la réalité. Adieu !… ”

Et ils prirent vivement la belle route ombragée, fleurie, agrémentée de sources fraîches, en pente douce, au bout de laquelle brillait au soleil le palais magique du jouisseur.

Les deux hommes qui restaient s’engagèrent dans le sentier escarpé en pleurant et en priant. Après quelques pas, ils faillirent se décourager tant il était difficile. Mais ils persévérèrent. Et la chair se faisait de plus en plus légère à mesure qu’ils avançaient. La fatigue se trouvait allégée par une étrange jubilation. Ils arrivèrent, haletants, égratignés, au sommet de la montagne et furent admis en présence du roi. Ce dernier leur exposa tout ce qu’il exigeait d’eux pour en faire des hommes valeureux et acheva :

“ Pensez-y pendant huit jours, puis vous me donnerez votre réponse. ”

Ils réfléchirent beaucoup et soutinrent de durs combats contre le Tentateur qui voulait les effrayer, contre la chair qui disait : “ Vous me sacrifiez ”, contre le monde dont les souvenirs les séduisaient encore. Mais ils vainquirent. Ils restèrent. Ils devinrent des héros du bien.

385.6

Arriva la mort, c’est-à-dire la glorification. Du haut des Cieux, ils virent dans l’abîme ceux qui étaient allés chez le patron infâme. Enchaînés même au-delà de la vie, ils gémissaient dans l’obscurité de l’enfer.

“ Dire qu’ils voulaient être libres et profiter de la vie !” s’exclamèrent les deux saints.

Les trois damnés, effrayants, les virent et les maudirent, maudirent tout, et Dieu pour commencer, en clamant :

“ Vous nous avez tous trompés ! ”

“ – Non, vous ne pouvez pas dire cela. On vous avait avertis du danger. Vous avez voulu votre mal ” répondirent les bienheureux, qui restaient sereins même en entendant les railleries et les blasphèmes obscènes lancés contre eux.

Ils virent aussi les travailleurs des champs et des mines en diverses régions du purgatoire ; eux aussi les virent et leur dirent :

“ Nous n’avons été ni bons ni mauvais, et maintenant nous expions notre tiédeur. Priez pour nous ! ”

“ – Oui, nous le ferons ! Mais pourquoi donc n’êtes-vous pas venus avec nous ? ”

“ – C’est que si nous n’avons pas été des démons, nous sommes des pauvres hommes… Nous n’avons pas fait preuve de générosité. Nous avons préféré ce qui passe — bien qu’honnête — à ce qui est éternel et saint. Maintenant, nous apprenons à connaître et à aimer avec justice. ”

La parabole est finie. Tout homme est à un perpétuel carrefour. Bienheureux ceux qui se montrent fermes et généreux dans la volonté de suivre les chemins du bien. Que Dieu soit avec eux, et que Dieu touche et convertisse ceux qui ne le sont pas et les amène à l’être. Allez en paix.

385.7

– Et les malades ?

– Qu’a donc cette femme ?

– Des fièvres malignes qui lui tordent les os. Elle est allée jusqu’aux eaux miraculeuses de la Grande Mer, mais sans nul soulagement. »

Jésus se penche sur la malade et lui demande :

« Qui crois-tu que je sois ?

– Celui que je cherchais : le Messie de Dieu. Aie pitié de moi qui t’ai tant cherché !

– Que ta foi te donne la santé des membres comme celle du cœur. Et toi, homme ? »

L’homme ne répond pas. La femme qui l’accompagne parle pour lui :

« Un cancer lui ronge la langue. Il ne peut parler, et il meurt de faim. »

En effet l’homme est un vrai squelette.

« As-tu la foi qui peut te guérir ? »

De la tête, l’homme fait signe que oui.

« Ouvre la bouche » ordonne Jésus.

Il approche son visage de l’horrible bouche rongée par le cancer, souffle dedans, et dit :

« Je veux ! »

Un moment d’attente puis deux cris :

« Mes os redevenus sains ! Marie, je suis guéri ! Regardez ! Regardez ma bouche. Hosanna ! Hosanna ! »

Il veut se lever, mais vacille à cause de sa faiblesse.

« Donnez-lui à manger, ordonne Jésus, qui fait mine de se retirer.

– Ne t’en va pas ! D’autres malades vont arriver ! D’autres reviendront sur leurs pas… Pour eux, pour eux aussi ! crie la foule.

– Chaque matin, de l’aurore à l’heure de sexte, je viendrai ici. Que quelques hommes de bonne volonté s’occupent de rassembler les pèlerins.

– Moi, moi, Seigneur ! disent plusieurs.

– Que Dieu vous bénisse pour cela. »

Et Jésus retourne vers le village avec ses premiers compagnons et d’autres, arrivés par petits groupes pendant qu’il parlait, tous suivis de quelques personnes.

385.8

« Mais où sont Pierre et Judas ? demande Jésus.

– Ils sont allés à la ville voisine avec beaucoup d’argent. Ils font des achats…

– Oui. Judas a accompli un miracle et il est en fête, précise en souriant Simon le Zélote.

– André aussi, et il a une brebis en souvenir. Il a guéri la jambe cassée d’un berger, qui l’a récompensé de cette manière. Nous la donnerons au père. Le lait fait du bien aux vieillards… » dit Jean en caressant Ananias, radieux.

Ils rentrent et préparent un peu de nourriture…

Ils allaient s’asseoir à table quand, chargés comme des ânes et suivis d’une charrette remplie de ces claies qui servent de lits aux pauvres de Palestine, arrivent les deux manquants.

« Pardon, Maître. Mais il fallait tout cela. Maintenant, nous serons bien » dit Pierre.

Et Judas :

« Remarque que nous avons pris le strict nécessaire, propre et pauvre, comme tu l’aimes. »

Et ils se mettent à décharger pour congédier le charretier.

« Douze lits et douze nattes… quelques nappes… ici, les graines… là, les colombes, et puis l’argent. Et demain, beaucoup de monde. Ouf ! quelle chaleur ! Mais maintenant tout va bien. Qu’est-ce que tu as fait, Maître ?… »

Et pendant que Jésus fait son récit, ils s’asseyent à table, heureux.

385.1

­­La piccola turba esce dalla casetta, aumentata del vecchio che si ammira nella veste di qualche apostolo di piccola statura.

«Se vuoi rimanere, padre…», sta per dire Gesù.

Ma il vecchio lo interrompe: «No, no. Vengo anche io. Oh! lasciami venire! Ho mangiato ieri! Ho dormito questa notte e in un letto! E non c’è più il dolore nel cuore! Sono forte come un giovane…».

«E allora vieni. Starai con Me, con Bartolomeo e mio fratello Giuda. Voi, due per due, spargetevi come si è detto. Avanti sesta tutti qui di nuovo. Andate e la pace sia con voi».

Si separano andando chi verso il fiume, chi verso le campagne. Gesù li lascia andare avanti e poi, per ultimo, si avvia Lui. Attraversa lentamente il paese, notato dai pescatori che tornano dal fiume o ci vanno, e dalle massaie solerti che si sono alzate all’alba per i bucati, per innaffiare gli orticelli o fare il pane. Ma nessuno parla.

385.2

­Solo un fanciulletto, che spinge verso il fiume sette pecorelle, interroga il vecchio: «Dove vai, Anania? Lasci il paese?».

«Vado col Rabbi. Ma torno con Lui. Sono il suo servo».

«No. Sei il mio padre. Ogni vecchio giusto è un padre e una benedizione per il luogo che l’ospita e per chi lo soccorre. Beati quelli che amano e onorano i vecchi», dice Gesù con aspetto solenne.

Il fanciullo lo guarda intimorito, poi mormora: «Io, del mio pane, ne davo sempre un poco ad Anania…», come per dire: «Non mi rimproverare, ché non lo merito».

«Sì. Micael era buono con me. Era amico dei miei nipoti… e lo è rimasto anche del nonno. Anche sua madre non è cattiva e soccorrerebbe. Ma ha undici figli e vivono tutti con la pesca…».

Delle donne si avvicinano curiose e ascoltano.

«Dio aiuterà sempre chi fa ciò che può al povero. E sempre c’è modo di aiutare. Molte volte il dire: “Non posso” è menzogna. Perché volendo si trova sempre il boccone superfluo, la coperta sdruscita, la veste dismessa per porgerla a chi non l’ha. E il Cielo compensa del dono. Dio ti renderà, o Micael, i bocconi dati al vecchio». Gesù carezza il fanciullo e si incammina.

Le donne restano mortificate dove erano e poi interrogano il fanciullo che dice ciò che sa. E la paura prende le avare donne che hanno chiuso il cuore ai bisogni del vecchio…

385.3

Intanto Gesù, giunto all’ultima casa, si dirige verso un bivio che dalla strada maestra piega verso il villaggetto. Si vede da qui che sulla strada passano carovane di ritorno verso le città della Decapoli e della Perea.

«Andiamo là e predichiamo. Vuoi farlo tu pure, padre?».

«Non sono capace. Che devo dire?».

«Sei capace. La tua anima sa la sapienza del perdonare e dell’essere fedele a Dio e rassegnato anche nelle ore del dolore. E sai che Dio soccorre chi spera in Lui. Va’ e dillo ai pellegri­ni».

«Oh! questo sì!».

«Giuda, va’ con lui. Io resto con Bartolomeo al bivio».

E infatti, giunto là, si mette all’ombra di un ciuffo di platani fronzuti e attende, paziente.

I campi intorno sono belli di messi e di frutteti. Freschi nell’ora mattutina. L’occhio li guarda con piacere. E le carovane passano per la via… Pochi guardano i due addossati ai tronchi dei platani. Forse li credono viandanti stanchi. Ma qualcuno c’è che riconosce Gesù e lo accenna, oppure si inchina salutando.

Infine c’è il primo che ferma il suo asinello e quelli dei parenti, e smonta dirigendosi a Gesù: «Dio sia con Te, o Rabbi! Sono di Arbela. Ti ho udito all’autunno. Questa è mia moglie, questa sua sorella vedova, e mia madre. Questo uomo anziano è suo fratello. E quello giovane è il fratello di mia moglie. Ed ecco i figli di noi tutti. La tua benedizione, Maestro. Ho saputo che hai parlato al guado. Ma sono giunto là a sera… Non una parola a noi?».

«La Parola non si nega mai. Ma attendi qualche minuto perché altri stanno venendo…».

Infatti, mogi mogi, stanno raggiungendo il bivio gli abitanti del villaggio, e altri, già passati per la via, diretti a nord, tornano indietro; altri, incuriositi, si fermano scendendo dalle cavalcature o anche rimanendo in sella. Si forma un piccolo uditorio che sempre aumenta.

Tornano anche Giuda d’Alfeo col vecchio, e con loro sono due malati e diversi sani.

385.4

Gesù inizia a parlare.

«Coloro che percorrono le vie del Signore, le vie indicate dal Signore, e le percorrono con volontà buona, finiscono col trovare il Signore. Voi trovate il Signore venendo dall’aver fatto il vostro dovere di fedeli israeliti per la Pasqua santa. Ed ecco che la Sapienza vi parla, come desiderate, a questo crocicchio dove la bontà divina ci fa incontrare. Tanti sono i crocicchi che l’uomo incontra sulla via della sua vita. Ancor più crocicchi soprannaturali che crocicchi materiali. Ogni giorno la coscienza è messa di fronte ai bivi e ai quadrivi del Bene e del Male. E deve scegliere con attenzione per non errare. E, se erra, deve saper tornare umilmente indietro quando uno lo richiama e l’avverte. E se anche gli pare più bella la via del Male, o anche semplicemente della tiepidezza, deve saper scegliere la via scabra ma sicura del Bene.

Udite una parabola.

Un gruppo di pellegrini, venuti da lontane regioni in cerca di lavoro, si trovò ai confini di uno stato. A questi confini erano dei procacciatori di lavoro mandati da diversi padroni. Vi era chi cercava uomini per le miniere e chi per campi e boschi, chi servi per un ricco infame e chi soldati per un re che stava in cima ad un monte, nel suo castello al quale si accedeva per una strada molto erta.

Il re voleva milizie, ma esigeva che le stesse fossero non tanto milizie di violenza quanto di sapienza, per mandarle poi per le città a santificare i suoi sudditi. Per questo viveva lassù, come in un romitaggio, per formare i suoi servi senza che le distrazioni mondane li corrompessero rallentando o annullando la formazione del loro spirito. Non prometteva alte mercedi. Non prometteva vita comoda. Ma dava assicurazione che dal suo servizio sarebbe scaturita santità e premio. Così dicevano i suoi messi a quelli che giungevano alle frontiere. Invece i messi dei padroni delle miniere o dei campi dicevano: “Non sarà vita comoda, ma però sarete liberi e guadagnerete di che darvi un poco di sollazzo”. E quelli che cercavano servi per un padrone infame promettevano addirittura cibo abbondante, ozio, godimenti, ricchezze: “Basta che acconsentiate ai suoi capricci — oh! per nulla penosi! — e godrete come tanti satrapi”.

I pellegrini si consultarono fra loro. Dividersi non volevano… Chiesero: “Ma i campi e le miniere, il palazzo dell’uomo gaudente e quello del re, sono vicini?”.

“Oh! no!”, risposero i procacciatori. “Venite a quel quadrivio e vi mostreremo le diverse strade”.

Andarono.

“Ecco! Questa splendida via, ombrosa, fiorita, liscia, con fonti fresche, discende al palazzo del signore”, dissero i procacciatori dei servi.

“Ecco! Questa che è polverosa, fra campi sereni, conduce ai campi. C’è sole, ma vedete che è bella ancora”, dissero quelli dei campi.

“Ecco! Questa così solcata da ruote pesanti e sparsa di chiazze scure segna la direzione delle miniere. Non è né bella né brutta…”, dissero quelli delle miniere.

“Ecco, questo sentiero ripido, tagliato fra rocce che il sole accende, sparso di pruni e burroni che rallentano l’andare ma in compenso fanno difesa facile contro gli assalti dei nemici, conduce a oriente, al castello severo, diremmo quasi sacro, dove gli spiriti si formano al Bene”, dissero quelli del re.

385.5

E i pellegrini guardavano, guardavano. Calcolavano… Tentati da molte cose delle quali solo una era totalmente buona. E lentamente si divisero. Erano dieci. Tre piegarono verso i campi… e due verso le miniere. I superstiti si guardarono e due dissero: “Venite con noi. Dal re. Non guadagneremo e non godremo sulla Terra, ma saremo santi in eterno”.

“Quel sentiero lì? Fossimo matti! Non guadagnare? Non godere? Non valeva la pena di lasciare tutto e venire in esilio per avere ancor meno di ciò che avevamo nella patria nostra. Noi vogliamo guadagnare e godere…”.

“Ma perderete il Bene eterno! Non avete sentito che è padrone infame?”.

“Fole! Dopo un poco lo lasceremo, ma avremo goduto e saremo ricchi”.

“Non ve ne libererete più. Male hanno fatto i primi seguendo l’avidità del denaro. Ma voi! Voi seguite l’avidità del piacere. Oh! non mutate per un’ora fuggente la sorte eterna!”.

“Siete degli stolti e credete alle promesse ideali. Noi andiamo alla realtà. Addio!…”, e di corsa presero la bella via ombrosa, fiorita, ricca d’acque, liscia, in fondo alla quale brillava al sole il magico palazzo del guadente.

I due superstiti presero, piangendo e pregando, l’erto sentiero. E dopo pochi metri quasi si sconfortarono, tanto era difficile. Ma perseverarono. E la carne parve sempre più lieve più essi procedevano, la fatica si faceva consolata da un giubilo strano. Giunsero anelanti, graffiati, in cima al monte e furono ammessi al cospetto del re, il quale disse loro tutto quanto esigeva per farne i suoi prodi e terminò dicendo: “Pensateci per otto giorni e poi rispondete”.

Ed essi molto pensarono e dure lotte sostennero col Tentatore che voleva sgomentarli, con la carne che diceva: “Voi mi sacrificate”, col mondo i cui ricordi seducevano ancora. Ma vinsero. Rimasero. Divennero eroi del Bene.

385.6

Venne la morte, ossia la glorificazione. Dall’alto dei Cieli videro nel profondo quelli che erano andati dal padrone infame. Incatenati anche oltre la vita, gemevano nel buio dell’inferno. “E volevano essere liberi e godere!”, dissero i due santi.

E i tre dannati li videro e, orridi, li maledissero e maledissero tutti, Dio per il primo, dicendo: “Ci avete tutti ingannati!”.

“No. Non lo potete dire. Vi era stato detto il pericolo. Avete voluto il vostro male”, risposero i beati, sereni anche vedendo e udendo gli scherni osceni e le oscene bestemmie lanciate ad essi.

E videro quelli dei campi e delle miniere in diverse regioni purgative, e quelli li videro e dissero: “Non fummo né buoni né cattivi, ed ora espiamo la tiepidezza nostra. Pregate per noi!”.

“Oh! lo faremo! Ma perché mai non siete venuti con noi?”.

“Perché fummo non demoni, ma uomini… Ingenerosi fummo. Amammo il transitorio, anche se onesto, più dell’eterno e santo. Ora impariamo a conoscere e ad amare con giustizia”.

La parabola è finita. Ogni uomo è al quadrivio. Ad un perpetuo quadrivio. Beati quelli che sono fermi e generosi nel volere seguire le vie del Bene. Dio sia con essi. E Dio tocchi e converta chi così non è, e lo porti ad esser tale. Andate in pa­ce».

385.7

­«E i malati?».

«Che ha la donna?».

«Febbri maligne che le torcono le ossa. È andata fino alle acque miracolose del Mar Grande. Ma senza sollievo».

Gesù si china sulla malata e le chiede: «Chi credi tu che Io sia?».

«Colui che cercavo. Il Messia di Dio. Pietà di me che ti ho cercato tanto!».

«La tua fede ti dia salute alle membra come al cuore. E tu, uomo?».

L’uomo non risponde. Per lui parla la donna che l’accompagna: «Un cancro gli rode la lingua. Non può parlare e muore di fame». Infatti l’uomo è uno scheletro.

«Hai fede che ti possa guarire?».

L’uomo accenna di sì col capo.

«Apri la tua bocca», ordina Gesù. E accosta il suo viso all’orrida bocca rósa dal cancro. Alita in essa. Dice: «Voglio!».

Un momento di attesa e poi due gridi: «Le mie ossa tornate sane!»; «Maria, io sono guarito! Guardate! Guardate la mia boc­ca. Osanna! Osanna!», e vuole alzarsi ma vacilla per debolezza.

«Dategli da mangiare», ordina Gesù. E fa per ritirarsi.

«Non te ne andare! Altri malati verranno! Altri torneranno indietro… Anche a loro, anche a loro!», grida la folla.

«Ogni mattina dall’aurora all’ora di sesta Io verrò qui. Qualche volonteroso provveda a radunare i pellegrini».

«Io, io, Signore!», dicono in diversi.

«Dio vi benedica, perciò».

E Gesù piega verso il paese coi suoi primi compagni e con gli altri, venuti alla spicciolata mentre parlava, e tutti con della gente.

385.8

­«Ma dove sono Pietro e Giuda di Keriot?», chiede Gesù.

«Sono andati alla città vicina. Pieni di denaro. Fanno acquisti…».

«Sì. Giuda ha operato miracolo ed è in festa», osserva sorridendo Simone Zelote.

«Anche Andrea, e ha una pecora a ricordo. Ha guarito la gamba rotta ad un pastore e lui l’ha compensato così. La daremo al padre. Il latte fa bene ai vecchi…», dice Giovanni accarezzando il vecchietto, che è beato.

Rientrano in casa e preparano un poco di cibo…

Stanno per sedersi a tavola quando, carichi come asini e seguiti da un carretto carico di quei graticci che servono da letti per i poveri di Palestina, giungono i due mancanti.

«Perdona, Maestro. Ma questo ci voleva. Ora andremo be­ne», dice Pietro.

E Giuda: «Osserva. Abbiamo preso il puro necessario, pulito e povero. Come a Te piace», e lavorano a scaricare, congedando il carrettiere.

«Dodici lettucci e dodici stuoie. Qualche stoviglia. Qui i semi. Qua i colombi. Là i denari. E domani molta gente. Auf! che caldo! Ma ora va tutto bene. Che hai fatto, Maestro?…».

E, mentre Gesù narra, si siedono a tavola, contenti.