Jésus commence à parler :
« Ceux qui parcourent les voies du Seigneur, les voies indiquées par le Seigneur, et avec une bonne volonté, finissent par le trouver. En ce qui vous concerne, cela s’est produit après avoir fait votre devoir de juifs fidèles pour la Pâque sainte. Et voici que la Sagesse vous parle, comme vous le désirez, à cette bifurcation où la bonté divine nous fait nous rencontrer.
Les carrefours que l’homme rencontre sur le chemin de sa vie sont bien nombreux, et les carrefours surnaturels encore plus que les matériels. Chaque jour, la conscience se trouve en face de bifurcations ou de carrefours entre le bien et le mal. Et il lui faut choisir avec soin pour ne pas se tromper. Si cela arrive, elle doit savoir revenir humblement en arrière lorsqu’on la rappelle et qu’on l’avertit. Et si le chemin du mal ou tout simplement celui de la tiédeur lui paraît plus beau, elle doit savoir choisir la voie raboteuse, mais assurée, du bien.
Ecoutez une parabole.
Un groupe de pèlerins, venus de régions lointaines pour chercher du travail, se trouva aux frontières d’un Etat. Il y avait là des embaucheurs envoyés par divers patrons. Certains cherchaient des hommes pour les mines et d’autres pour des champs et des bois, d’autres encore voulaient trouver des serviteurs d’un riche infâme, ou des soldats pour un roi qui résidait au sommet d’une montagne, dans son château auquel on accédait par une route très escarpée.
Le roi voulait avoir des troupes, mais il exigeait qu’elles ne soient pas tant de violence que de sagesse, afin de les envoyer dans les villes sanctifier ses sujets. Aussi vivait-il là-haut, comme dans un ermitage, pour former ses serviteurs sans que les distractions mondaines les corrompent en freinant ou en anéantissant leur formation spirituelle. Il ne promettait pas d’importantes gratifications ni une vie facile, mais il donnait l’assurance que le servir procurerait sainteté et récompense.
Ainsi parlaient ses envoyés à ceux qu’ils rejoignaient aux frontières. De leur côté, les envoyés des patrons de mines ou des propriétaires de champs disaient :
“ Ce ne sera pas une vie facile, mais vous serez libres et vous gagnerez de quoi vous payer quelques distractions. ”
Ceux qui cherchaient des serviteurs pour le maître infâme promettaient immédiatement une nourriture abondante, des loisirs, des jouissances, des richesses :
“ II vous suffit de consentir à ses caprices exigeants — oh ! nullement pénibles ! — et vous profiterez de la vie comme autant de satrapes. ”
Les pèlerins se consultèrent mutuellement. Ils ne voulaient pas se séparer… Ils demandèrent :
“ Mais les champs et les mines, le palais du jouisseur et celui du roi sont-ils voisins ? ”
“– Oh, non ! ” répondirent les embaucheurs. “ Venez à ce carrefour et nous vous montrerons les différentes routes. ”
Ils s’y rendirent.
“ Regardez : cette route splendide, ombragée, fleurie, plane, avec des sources fraîches, descend au palais du seigneur ” dirent les embaucheurs de serviteurs.
“ – Regardez : cette voie est poussiéreuse et traverse des campagnes paisibles mène aux champs. Elle est exposée au soleil, mais vous voyez qu’elle est belle malgré tout ” dirent les embaucheurs pour les champs.
“ – Regardez : celle ainsi sillonnée par de lourdes roues et couverte de taches sombres indique la direction des mines. Elle n’est ni belle ni désagréable… ” dirent ceux qui embauchaient pour les mines.
“ – Regardez : ce sentier escarpé, taillé dans le roc, brûlé par le soleil, couvert de ronces et entrecoupé de ravins qui ralentissent la marche, mais permettent de se défendre plus aisément contre les attaques des ennemis, ce sentier conduit vers l’orient, à ce château sévère mais sacré, où les esprits se forment au bien ” dirent les envoyés du roi.