Gli Scritti di Maria Valtorta

422. La mauvaise humeur de Judas

422. Malumori dell’Iscariota, che provoca

422.1

La grève blanchit dans la nuit sans lune, mais éclairée par des milliers d’étoiles, ces étoiles invraisemblablement larges d’un ciel d’Orient. Ce n’est pas une lumière intense comme celle de la lune, mais déjà une douce lueur qui permet à celui dont l’œil est fait à l’obscurité de voir où il marche et ce qui l’entoure. Ici, à droite des voyageurs qui remontent vers le nord en longeant le fleuve, la faible clarté stellaire éclaire la bordure végétale formée par les roseaux, les saules et les arbres de haute futaie. Comme la lumière est très pâle, cela ressemble à une muraille compacte, continue, sans interruption, sans possibilité de pénétration, à peine rompue là où le lit d’un ruisseau ou d’un torrent, complètement à sec, trace une ligne blanche qui part vers l’orient et disparaît au premier coude du minuscule affluent asséché. A leur gauche, en revanche, les voyageurs distinguent le reflet des eaux tranquilles et sereines, qui descendent vers la Mer Morte en murmurant, soupirant, bruissant. Et entre la ligne brillante des eaux couleur d’indigo, dans la nuit, et la masse noire opaque des herbes, des arbustes et des arbres, la bande claire de la grève, tantôt plus large, tantôt plus étroite, est parfois interrompue par une minuscule mare, reste d’une ancienne crue, avec encore un peu d’eau stagnante que le sol peu à peu absorbe ; et il y reste des touffes d’herbes encore vertes alors qu’ailleurs elles se sont desséchées sur la grève, certainement brûlante aux heures de soleil.

Ces nappes d’eau ou les touffes de joncs secs qui peuvent blesser les pieds nus dans les sandales, obligent les apôtres à se séparer de temps à autre pour ensuite se réunir en groupe autour du Maître. Lui avance de son pas allongé, toujours majestueux, le plus souvent en silence, le regard levé vers les étoiles plutôt que penché vers le sol.

Les apôtres, eux, sont loin de se taire. Ils discutent, récapitulent les événements de la journée, en tirent des conclusions ou bien en prévoient les développements futurs. Quelque rare parole de Jésus, souvent dite pour répondre à une question directe ou pour corriger quelque raisonnement défectueux ou peu charitable, ponctue le bavardage des douze.

Et la marche se poursuit dans la nuit, en rythmant le silence nocturne d’un élément nouveau sur ces rives désertes : les voix humaines et le bruit des pas. Les rossignols se taisent dans les feuillages, étonnés d’entendre des sons discordants et désagréables se mêler, en le troublant, à l’accompagnement habituel de leurs solos de virtuoses : le chuchotis des eaux et de la brise.

422.2

Mais une question directe, qui ne concerne pas le passé mais l’avenir, vient rompre, avec la violence d’une révolte — sans parler du ton plus aigu des voix agitées par le dédain ou la colère —, la paix non seulement de la nuit, mais celle, plus intime, des cœurs. Philippe demande s’ils arriveront chez eux, et dans combien de jours. Un secret besoin de repos, un désir inexprimé mais sous-entendu d’affections familiales se cache dans cette simple question de l’apôtre déjà âgé, qui est époux et père en plus d’être apôtre, et qui a des intérêts dont il doit s’occuper…

Jésus se rend compte de tout cela et il se retourne pour regarder Philippe. Il s’arrête pour l’attendre, car Philippe est un peu en arrière avec Matthieu et Nathanaël. Arrivé près de lui, il lui passe un bras autour des épaules en lui disant :

« Bientôt, mon ami. Mais je demande à ta bonté un autre petit sacrifice, si toutefois tu ne désires pas te séparer auparavant de moi…

– Moi, me séparer ? Jamais !

– Dans ce cas… je vais t’éloigner encore quelque temps de Bethsaïde. Je veux me rendre à Césarée Maritime, en passant par la Samarie. Au retour, nous irons à Nazareth, et ceux qui n’ont pas de famille en Galilée resteront avec moi. Après un certain temps, je vous rejoindrai à Capharnaüm… Et là, je vous évangéliserai pour vous rendre encore plus capables. Mais, si tu crois que ta présence à Bethsaïde est nécessaire… vas-y, Philippe. Nous nous retrouverons là…

– Non, Maître. Il est plus nécessaire de rester avec toi ! Mais, tu sais… Il est doux d’être chez moi… avec mes filles… Je pense qu’à l’avenir je ne les aurai pas beaucoup avec moi… et je voudrais profiter un peu de leur chaste douceur. Mais si je dois choisir entre elles et toi, c’est toi que je choisis… et pour plusieurs raisons…, conclut Philippe en soupirant.

– Et tu fais bien, mon ami, car je te serai enlevé avant tes filles…

– Oh ! Maître ! dit l’apôtre, attristé.

– C’est comme ça, Philippe » termine Jésus en déposant un baiser sur les tempes de l’apôtre.

422.3

Judas, qui a marmonné entre ses dents depuis que Jésus a parlé de Césarée, élève la voix comme si d’avoir vu le baiser donné à Philippe lui avait fait perdre le contrôle de ses actes :

« Que de marches inutiles ! Moi, je ne sais vraiment pas quel besoin il y a d’aller à Césarée ! »

Ses paroles ont une impétuosité débordante de fiel. Il semble vouloir sous-entendre : “ Tu es bien stupide d’y aller. ”

« Ce n’est pas toi, mais le Maître qui doit juger de la nécessité de ce que nous faisons, lui répond Barthélemy.

– Oui, hein ? Comme si lui se rendait bien compte des nécessités naturelles !

– Eh ! Tu es fou, ou quoi ? Tu sais de qui tu parles ? lui demande Pierre en le secouant par le bras.

– Je ne suis pas fou. Je suis le seul qui soit sain d’esprit, et je sais parfaitement ce que je dis.

– Et tu en dis de belles !

– Prie Dieu de ne pas les retenir contre toi !

– La modestie n’est pas ton fort !

– Tu donnes l’impression de redouter qu’on puisse te reconnaître pour ce que tu es, en allant à Césarée » disent ensemble et respectivement Jacques, fils de Zébédée, Simon le Zélote, Thomas, et Jude, fils d’Alphée.

Judas répond à ce dernier :

« Je n’ai rien à craindre, et vous n’avez rien à savoir. Mais je suis las de voir qu’on va d’erreur en erreur et qu’on se ruine : heurts avec les membres du Sanhédrin, disputes avec les pharisiens, il ne manque plus que les romains…

– Comment ? Mais, il n’y a pas deux lunes de cela, tu étais fou de joie, tu étais plein d’assurance, tu étais… tu étais tout, car tu avais pour amie Claudia ! » observe ironiquement Barthélemy qui, tout en étant le plus… intransigeant, est le seul à ne pas se refuser à des contacts avec les romains, mais uniquement pour obéir au Maître.

Judas reste muet un instant, car la logique de la réflexion est évidente et, à moins de paraître incohérent, il ne peut démentir ses propres paroles. Mais il se reprend :

« Ce n’est pas pour les Romains que je dis cela. Je veux dire pour les Romains comme ennemis. Elles — car au fond elles ne sont que quatre dames romaines, cinq ou six au maximum —, elles ont promis de l’aide et seront fidèles à leurs promesses.

422.4

Mais c’est parce que cela augmentera la hargne de ses ennemis ; or le Maître ne le comprend pas, et…

– Leur hargne a déjà atteint son point culminant, Judas. Tu le sais aussi bien que moi, sinon même mieux, dit calmement Jésus en appuyant sur le “ mieux ”.

– Moi ? Moi ? Que veux-tu dire ? Qui sait les choses mieux que toi ?

– Tu viens de dire que toi seul connais les nécessités et la façon de se comporter à leur égard…, rétorque Jésus.

– Pour les choses naturelles, oui. Mais j’affirme que tu connais les choses surnaturelles mieux que tous.

– C’est vrai. Mais, justement, je te faisais remarquer que tu es plus au courant que moi des choses, laides si tu veux, avilissantes si tu veux, naturelles, comme la rancœur de mes ennemis, leurs projets…

– Moi, je ne sais rien ! Je ne sais rien. Je le jure sur mon âme, sur ma mère, sur Yahvé…

– Assez ! Il est dit de ne pas jurer[1], lui intime Jésus, avec une sévérité qui semble durcir jusqu’aux traits de son visage, les raidissant comme ceux d’une statue.

– Eh bien, je ne vais pas jurer ! Mais comme je ne suis pas un esclave, qu’il me soit permis de dire qu’il n’est pas nécessaire, qu’il n’est pas utile, qu’il est même dangereux d’aller à Césarée, de parler avec les romaines…

– Et qui te dit que cela arrivera ? demande Jésus.

– Qui ? Mais tout ! Tu as besoin de t’assurer d’une chose. Tu es sur les traces d’une… » Il s’interrompt, comprenant que la colère le fait trop parler.

422.5

Puis il reprend : « Et moi, je te dis que tu devrais penser aussi à nos intérêts. Tu nous as tout enlevé : maison, gains, affections, tranquillité. Nous sommes des persécutés pour ta cause, et nous le serons aussi par la suite. Car, tu l’annonces sur tous les tons, un beau jour tu t’en iras. Mais nous, nous resterons, nous serons ruinés, nous…

– Toi, tu ne seras pas persécuté lorsque je ne serai plus parmi vous. Moi qui suis la Vérité, je te l’affirme. Et je te rappelle que j’ai pris ce que vous m’avez donné spontanément, d’une manière insistante. Tu ne peux donc pas m’accuser de vous avoir enlevé d’autorité un seul de vos cheveux qui tombent quand vous les peignez. Pourquoi m’accuses-tu ? »

Jésus est déjà moins sévère ; il est maintenant d’une tristesse qui veut ramener à la raison avec douceur. Je crois aussi que la miséricorde qu’il montre, si pleine, si divine, sert à refréner les autres qui n’en feraient sûrement pas preuve envers le coupable.

Judas lui-même s’en rend compte et, dans un de ces brusques revirements de son âme, sollicitée par deux forces contraires, il se jette à terre et se frappe la tête et la poitrine en criant :

« Parce que je suis un démon ! Je suis un démon ! Sauve-moi, Maître, comme tu sauves tant de possédés. Sauve-moi ! Sauve-moi !

– Que ta volonté d’être sauvé ne reste pas lettre morte !

– Elle existe, tu le vois. Je veux être sauvé.

– Par moi. Tu exiges que je fasse tout. Mais je suis Dieu, et je respecte ton libre arbitre. Je te donnerai la force pour arriver à “ vouloir ”. Mais vouloir n’être pas esclave, cela doit venir de toi.

– Je le veux ! Je le veux ! Mais ne va pas à Césarée ! N’y va pas !

422.6

Ecoute-moi, comme tu as écouté[2] Jean quand tu voulais aller à Acor. Nous avons tous les mêmes droits. Nous te servons tous de la même manière. Tu es obligé de nous satisfaire à cause de ce que nous faisons… Traite-moi comme Jean ! Je le veux ! Quelle différence y a-t-il entre lui et moi ? »

Jacques intervient :

« Il y a l’esprit ! Mon frère n’aurait jamais parlé comme tu le fais. Mon frère ne…

– Silence, Jacques. C’est moi qui parle et à tous. Quant à toi, relève-toi et comporte-toi en homme, comme moi je te traite, non comme un esclave qui gémit aux pieds de son maître. Sois un homme, puisque tu tiens tant à être traité comme Jean — or, en vérité, il est plus qu’un homme, parce qu’il est chaste et plein d’amour.

Allons, il est tard et je veux passer le fleuve à l’aube. C’est à cette heure que les pêcheurs rentrent après avoir retiré les nasses, et il est plus facile de trouver une embarcation. La lune en ses derniers jours lève toujours plus haut son fin croissant. Grâce à sa plus grande lumière, nous pouvons avancer plus rapidement.

422.7

Ecoutez : en vérité, je vous dis que personne ne doit se vanter de faire son devoir et exiger des faveurs spéciales pour ce qui est une obligation.

Judas a rappelé que vous m’avez tout donné ; et il m’a dit qu’en retour, j’ai le devoir de vous satisfaire pour ce que vous faites.

Mais rendez-vous un peu compte : il y a parmi vous des pêcheurs, des propriétaires terriens, plus d’un qui possède un atelier, et Simon le Zélote qui avait un serviteur. Eh bien, quand les employés de la barque, ou les journaliers qui vous aidaient à l’oliveraie, à la vigne ou dans les champs, ou encore les apprentis de l’atelier, ou simplement le fidèle domestique qui s’occupait de la maison ou de la table, avaient fini leur travail, vous mettiez-vous par hasard à les servir ?

Et n’en est-il pas ainsi dans toutes les maisons et toutes les affaires ? Quel homme, ayant un serviteur qui laboure ou qui fait paître, ou un ouvrier à l’atelier, lui dit quand il a fini le travail : “ Passe tout de suite à table ” ? Personne. Au contraire, soit qu’il revienne des champs, soit qu’il ait déposé ses outils, tout maître dit : “ Fais-moi à dîner, mets-toi en tenue et, avec des vêtements propres, sers-moi pendant que je mange et que je bois. Ton tour viendra ensuite. ” Et on ne peut pas dire que cela soit de la dureté de cœur. Car l’employé doit servir son maître, et ce dernier n’a aucune obligation envers lui sous prétexte qu’il a obéi aux ordres reçus le matin. En effet, si le maître a le devoir de se montrer humain à l’égard de son serviteur, celui-ci a aussi le devoir de ne pas être paresseux et dilapidateur, mais de coopérer au bien-être de celui qui l’habille et le nourrit. Supporteriez-vous que vos matelots, vos ouvriers agricoles ou autres sous-ordres, vous disent : “ A ton tour de me servir, puisque, moi, j’ai travaillé ” ? Je ne crois pas.

Il en va de même pour vous : quand vous regardez ce que vous avez accompli et ce que vous accomplirez pour moi — et, à l’avenir, ce que vous ferez pour poursuivre mon œuvre et continuer à servir votre Maître —, vous verrez que vous êtes toujours restés en-deçà de ce qu’il était juste de faire pour être au niveau de tout ce que vous avez reçu de Dieu. Vous devrez donc toujours dire : “ Nous sommes des serviteurs inutiles, puisque nous n’avons fait que notre devoir. ” Si vous raisonnez ainsi, vous ne sentirez plus de prétentions ni de mécontentements s’élever en vous, et vous agirez avec justice. »

Jésus se tait. Tous réfléchissent.

422.8

Pierre donne un coup de coude à Jean, qui médite, ses yeux bleu clair fixés sur l’eau, qui passe de la couleur indigo à l’argent azuré sous les rayons de la lune, et il lui dit :

« Demande-lui quand on fait plus que son devoir. Moi, je voudrais y arriver…

– Moi aussi, Simon. Je pensais justement à cela » lui répond Jean avec son beau sourire sur les lèvres. Et il demande à haute voix : « Maître, dis-moi : l’homme, ton serviteur, ne pourra-t-il jamais faire plus que son devoir, pour te montrer, par ce “ plus ”, qu’il t’aime totalement ?

– Mon petit enfant, Dieu t’a tant accordé, que, en toute justice, ton héroïsme serait toujours bien peu de chose. Mais le Seigneur est si bon qu’il ne mesure pas ce que vous lui donnez, selon sa mesure infinie, mais selon la mesure limitée des capacités humaines. Et quand il voit que vous avez donné sans parcimonie, dans une mesure bien pleine, débordante, généreuse, alors il dit : “ Ce serviteur m’a donné plus que son devoir ne le lui imposait. Aussi vais-je lui accorder la surabondance de mes récompenses. ”

– Comme je suis content ! Moi, alors, je te donnerai une mesure débordante pour obtenir cette surabondance ! s’écrie Pierre.

– Oui, tu le feras, vous le ferez. Tout homme aimant la vérité, la lumière, en fera autant. Et il sera avec moi surnaturellement heureux. »

422.1

­Il greto biancheggia infatti nella notte illune ma chiarissima di migliaia di stelle, di larghe, inverosimilmente larghe stelle di cielo d’Oriente. Non è il lume intenso come quello della luna, ma è già una fosforescenza dolce che permette, a chi ha l’occhio assuefatto al buio, di vedere dove cammina e ciò che lo circonda. Qui, alla destra dei viandanti che risalgono verso nord costeggiando il fiume, la mite luminosità stellare mostra il limite vegetale fatto di canneti, salici e poi alberi alti e, poiché è lume molto lieve, essi sembrano fare una muraglia compatta, continua, senza interruzione, senza possibilità di penetrazione, appena rotta là dove il letto di un ruscello o di un torrente, completamente disseccati, mette una riga bianca che si addentra verso oriente e scompare alla prima curva del minuscolo affluente ora asciutto. Alla sinistra, invece, i camminatori discernono il luccichio delle acque che scendono verso il mar Morto borbottando, sospirando, frusciando, quiete e serene. E fra la linea lucente delle acque d’indaco, nella notte, e la massa nero-opaca delle erbe, arbusti e alberi, la striscia chiara del greto, dove più larga, dove più stretta, talora interrotta da un minuscolo stagno, residuo della passata piena, ancora dotato di un poco d’acqua in via di riassorbimento e nel quale fanno ciuffo ancor verde le erbe che altrove sono disseccate nell’a­sciut­to­re del greto, certo ardente nelle ore di sole.

Gli apostoli sono costretti da questi piccoli stagni, oppure da grovigli di falaschi secchi ma pericolosi come lame al piede seminudo nei sandali, a separarsi ogni tanto per poi riunirsi in gruppo intorno al Maestro loro, che va col suo passo lungo, sempre maestoso, tacendo per lo più, con lo sguardo levato alle stelle più che curvato al suolo. Gli apostoli no, non tacciono. Parlano fra di loro, riepilogando gli avvenimenti della giornata, traendone conclusioni oppure prevedendone gli svolgimenti futuri. Qualche rara parola di Gesù, sovente detta per rispondere a una diretta domanda oppure per correggere qualche ragione storta o non caritativa, punteggia il chiacchiericcio dei dodici. E il cammino procede nella notte, ritmando il silenzio notturno di un elemento nuovo su quelle rive deserte: le voci umane e lo scalpiccio dei passi. E tacciono gli usignoli fra le fronde, stupiti che suoni discordi e aspri si mescolino, turbando, all’abituale rumore delle acque e delle brezze, soliti accompagnamenti ai loro a-soli virtuosi.

422.2

­Ma una domanda diretta, non concernente ciò che è stato ma ciò che deve avvenire, rompe con la violenza di una ribellione, oltre che col tono più acuto delle voci agitate da sdegno o da ira, la pace non solo della notte ma quella più intima dei cuori. Filippo domanda se e fra quanti giorni saranno alle loro case. Un latente bisogno di riposo, un non detto ma sottinteso desiderio di affetti famigliari è nella semplice domanda del­l’apostolo già anzianotto, che è marito e padre oltre che apostolo, che ha degli interessi da curare…

Gesù sente tutto questo e si volge a guardare Filippo, si ferma per attenderlo, essendo Filippo un poco indietro con Matteo e Natanaele, e avutolo vicino lo cinge con un braccio dicendogli: «Presto, amico mio. Però chiedo alla tua bontà un altro piccolo sacrificio, sempre che[1] tu non ti voglia separare prima da Me…».

«Io? Separarmi? Mai!».

«E allora… ti allontano di ancor qualche tempo da Betsaida. Io voglio andare a Cesarea Marittima passando per la Samaria. Al ritorno andremo a Nazaret e resteranno con Me quelli che sono senza famiglia in Galilea. Poi, dopo qualche tempo, vi raggiungerò a Cafarnao… E là vi evangelizzerò per farvi più ancora capaci. Ma se tu credi che la tua presenza a Betsaida sia necessaria… va’ pure, Filippo. Ci ritroveremo là…».

«No, Maestro. È più necessario stare con Te! Ma sai… È dolce la casa… e le figlie… Penso che non le avrò molto con me in futuro… e vorrei godere un poco della loro casta dolcezza. Ma se devo scegliere fra loro e Te, scelgo Te… e per più motivi…», termina sospirando Filippo.

«E bene fai, amico. Perché Io ti sarò tolto prima delle figlie tue…».

«Oh! Maestro!…», dice con pena l’apostolo.

«Così è, Filippo», termina Gesù baciando sulla tempia l’apostolo.

422.3

Giuda Iscariota, che ha borbottato fra i denti da quando Ge­sù ha nominato Cesarea, alza la voce come se vedere il bacio dato a Filippo gli facesse perdere il controllo delle sue azioni. E dice: «Quante cose inutili! Io non so proprio che necessità ci sia di andare a Cesarea!», e lo dice con un’irruenza piena di bile; pare voglia sottintendere: «e Tu che ci vai sei uno stolto».

«Non sei tu che devi giudicare delle necessità delle cose che facciamo, ma il Maestro», gli risponde Bartolomeo.

«Sì, eh? Quasi che Lui vedesse chiare le necessità natura­li!».

«Ohè! Sei folle o sei sano? Sai di chi parli?», gli chiede Pietro scuotendolo per un braccio.

«Non sono folle. Sono l’unico che ho il cervello sano. E so ciò che mi dico».

«Belle cose che dici!», «Prega Dio che non te le calcoli!», «La modestia non ti è amica!», «Si direbbe che hai paura che ti si possa conoscere per quel che sei, andando a Cesarea», dicono insieme e rispettivamente Giacomo di Zebedeo, Simone Zelote, Tommaso e Giuda d’Alfeo.

L’Iscariota si rivolta verso quest’ultimo: «Non ho nulla da temere e voi non avete nulla da conoscere. Ma io sono stanco di vedere che si passa di errore in errore e ci si rovina. Urti coi sinedristi, dispute coi farisei. Ora ci mancano i romani…».

«Come? Ma se non sono due lune che tu eri esaltato di gioia, eri sicuro, eri, eri, eri… tutto eri perché avevi amica Claudia!», osserva ironico Bartolomeo che, essendo il più… intransigente, è quello che solo per ubbidienza al Maestro non si ribella a contatti con i romani.

Giuda resta per un momento ammutolito perché la logica della ironica domanda è evidente e, a meno di non apparire illogici, non si può smentire ciò che si era detto prima. Ma poi si riprende: «Non è per i romani che dico questo. Voglio dire per i romani come nemici. Esse, perché in fondo non sono che quattro donne romane, quattro, cinque, sei al massimo, esse ci hanno promesso aiuto e lo daranno.

422.4

Ma è perché ciò aumenterà l’astio dei nemici suoi, e Lui non lo capisce e…».

«Il loro astio è completo, Giuda. E tu lo sai come Me e anche meglio di Me», dice calmo Gesù calcando sul «meglio».

«Io? Io? Che vuoi dire? Chi sa le cose meglio di Te?».

«Or ora hai detto che tu solo conosci le necessità e il come usare in esse…», gli ribatte Gesù.

«Ma per le cose naturali, sì. Io dico che Tu conosci le cose spirituali meglio di tutti».

«Ciò è vero. Ma appunto ti dicevo che tu conosci meglio di Me le cose, brutte se vuoi, avvilenti se vuoi, naturali, quali l’astio dei miei nemici, quali i loro propositi…».

«Io non so nulla! Nulla so io. Lo giuro sulla mia anima, su mia madre, su Jeové…».

«Basta! È detto di non giurare[2]», intima Gesù con una severità che pare indurirgli persino i tratti del volto in una perfezione di statua.

«Ebbene non giurerò. Ma mi sarà lecito dire, perché non sono uno schiavo, che non è necessario, che non è utile, che è anzi pericoloso andare a Cesarea, parlare con le romane…».

«E chi ti dice che ciò avverrà?», chiede Gesù.

«Chi? Ma tutto! Tu hai bisogno di sincerarti di una cosa. Tu sei sulle peste di una…», si ferma comprendendo che l’ira lo fa troppo parlare.

422.5

Poi riprende: «Ed io ti dico che Tu dovresti pensare anche ai nostri interessi. Tu ci hai levato tutto. Casa, guadagni, affetti, tranquillità. Siamo dei perseguitati in causa tua e lo saremo anche dopo. Perché Tu, lo dici in tutti i modi, un bel momento te ne andrai. Ma noi restiamo. Ma noi resteremo rovinati, ma noi…».

«Tu non sarai perseguitato dopo che Io non sarò fra voi. Te lo dico Io, che sono la Verità. E ti dico che Io ho preso ciò che spontaneamente, insistentemente mi avete dato. Dunque non mi puoi accusare di avervi levato con prepotenza uno solo dei capelli che vi cadono quando li ravviate. Perché mi accusi?». Gesù è già meno severo, è adesso di una mestizia che vuol ricondurre con dolcezza alla ragione, e credo che questa sua misericordia, così piena, così divina, sia freno agli altri che non l’avrebbero, no, per il colpevole.

Anche Giuda sente questo e, con uno di quei bruschi trapassi della sua anima presa da due forze contrarie, si getta a terra colpendosi al capo, al petto e urlando: «Perché sono un demonio. Un demonio io sono. Salvami, Maestro, come salvi tanti indemoniati. Salvami! Salvami!».

«Non sia inerte la tua volontà di esser salvato».

«C’è. Lo vedi. Io voglio essere salvato».

«Da Me. Pretendi che Io faccia tutto. Ma Io sono Dio e rispetto il tuo libero arbitrio. Ti darò le forze per giungere a “volere”. Ma volere non essere schiavo deve venire da te».

«Lo voglio! Lo voglio! Ma non andare a Cesarea! Non andare!

422.6

Ascolta me come hai ascoltato[3] Giovanni quando volevi andare ad Acor. Abbiamo tutti gli stessi diritti. Ti serviamo tutti ugualmente. Tu hai l’obbligo di accontentarci per quello che facciamo… Trattami come Giovanni! Lo voglio! Che c’è di diverso fra me e lui?».

«L’animo c’è! Mio fratello non avrebbe mai parlato come tu parli. Mio fratello non…».

«Silenzio, Giacomo. Parlo Io. E a tutti. E tu alzati e procedi da uomo, quale Io ti tratto, non da schiavo gemente ai piedi del padrone. Sii uomo, posto che tanto ci tieni ad essere trattato come Giovanni, il quale, in verità, è da più di un uomo, perché è casto ed è saturo di Carità. Andiamo. È tardi. E all’alba voglio passare il fiume. A quell’ora rientrano i pescatori che hanno ritirato le nasse ed è facile trovare un traghetto. La luna nei suoi ultimi giorni alza sempre più il suo arco sottile. Possiamo, alla sua aumentata luce, andare più spediti.

422.7

Udite. In verità vi dico che nessuno deve vantarsi di fare il proprio dovere ed esigere per questo, che è un obbligo, speciali favori.

Giuda ha ricordato che tutto mi avete dato. E mi ha detto che per questo Io ho il dovere di accontentarvi per quello che fate. Ma sentite un po’. Fra voi sono dei pescatori, dei possidenti di terra, più d’uno che ha un’officina, e lo Zelote che aveva un servo. Orbene. Quando i garzoni della barca, o gli uomini che come servi vi aiutavano nell’uliveto, vigneto, o fra i campi, o gli apprendisti dell’officina, o semplicemente il servo fedele che curava la casa e la mensa, finivano i loro lavori, voi vi mettevate forse a servirli? E così non è in tutte le case e le incombenze? Chi degli uomini, avendo un servo ad arare o a pascere, o un operaio nell’officina, gli dice quando finisce il lavoro: “Va’ subito a tavola”? Nessuno. Ma, sia che torni dai campi, come che abbia deposto gli arnesi del lavoro, ogni padrone dice: “Fammi da mangiare, ripulisciti e con veste pulita e cinta servimi mentre io mangio e bevo. Dopo mangerai e berrai tu”. Né si può dire che ciò sia durezza di cuore. Perché il servo deve servire il padrone, né il padrone gli resta obbligato perché il servo ha fatto ciò che al mattino il padrone aveva ordinato. Perché, se è vero che il padrone ha il dovere di essere umano col proprio servo, così il servo ha il dovere di non essere infingardo e dilapidatore, ma di cooperare al benessere del padrone che lo veste e lo sfama. Sopportereste voi che i vostri garzoni di barca, i contadini, gli operai, il servo di casa, vi dicessero: “Servimi perché io ho lavorato”? Non credo.

Così anche voi, guardando ciò che avete fatto e che fate per Me — e, in futuro, guardando ciò che farete per continuare la mia opera e continuare a servire il Maestro vostro — dovete sempre dire, perché vedrete anche che avete sempre fatto molto meno di quanto era giusto fare per essere a pari col molto avuto da Dio: “Siamo servi inutili, perché non abbiamo fatto che il nostro dovere”. Se così ragionerete, vedrete che non sentirete più pretese e malumori sorgere in voi, e agirete con giustizia».

Gesù tace. Tutti riflettono.

422.8

Pietro urta col gomito Giovanni, che riflette tenendo gli occhi celesti fissi sulle acque che dal color indaco passano ad un argento azzurro per la luna che le tocca, e gli dice: «Chiedigli quando è che uno fa più che il suo dovere. Vorrei giungere a fare di più del mio dovere, io…».

«Io pure, Simone. Pensavo proprio a questo», gli risponde Giovanni col suo bel sorriso sulle labbra, e chiede forte: «Maestro, dimmi: l’uomo tuo servo non potrà mai fare più del suo dovere, per dirti con questo “più” che ti ama completamen­te?».

«Fanciullo, Dio ti ha dato tanto che, per giustizia, ogni tuo eroismo sarebbe sempre poco. Ma il Signore è così buono che misura ciò che gli date non con la sua misura infinita. Lo misura con la misura limitata della capacità umana. E quando vede che avete dato senza parsimonia, con una misura colma, traboccante, generosa, allora dice: “Questo mio servo mi ha dato più di quanto era suo dovere. Perciò Io gli darò la superabbondanza dei miei premi”».

«Oh! come sono contento! Io allora ti darò misura straripante per avere questa sovrabbondanza!», esclama Pietro.

«Sì. Tu me la darai. Voi me la darete. Tutti quelli che sono amanti della Verità, della Luce, me la daranno. E con Me saranno soprannaturalmente felici».


Notes

  1. ne pas jurer : c’est le précepte de Lv 19, 12, repris par Jésus (en 172.3).
  2. tu as écouté, en 379.2.

Note

  1. sempre che, invece di dato che, è correzione di MV su una copia dattiloscritta.
  2. non giurare è il precetto di “non spergiurare” (Levitico 19, 12) riformato da Gesù (in 172.3).
  3. hai ascoltato, in 379.2.