Gli Scritti di Maria Valtorta

467. La parabole de la distribution des eaux.

467. Parabola della distribuzione delle acque.

467.1

Manifestement, la nouvelle que le Maître est là et qu’il va parler avant le soir s’est répandue. Les alentours de la maison fourmillent de gens qui parlent tout bas, sachant que le Maître se repose ; comme ils ne veulent pas le réveiller, ils attendent patiemment sous les arbres qui les défendent du soleil, mais pas de la chaleur, encore forte. Il n’y a pas de malades, à ce qu’il me semble, mais comme toujours il y a des enfants, et Anne leur fait distribuer des fruits pour qu’ils restent tranquilles.

Mais Jésus ne dort pas longtemps, et le soleil est encore haut sur l’horizon quand il apparaît, écartant le rideau et souriant à la foule. Il est seul. Les apôtres continuent probablement à dormir. Jésus se dirige vers les gens pour aller se placer du côté de la margelle basse d’un puits. Ce puits sert certainement à l’irrigation des arbres de ce verger, car de petits canaux en partent en éventail pour aller d’arbre en arbre. Il s’assied sur la margelle, et se met aussitôt à parler.

467.2

« Ecoutez cette parabole.

Un riche seigneur avait beaucoup de gens qui dépendaient de lui, répartis ici et là dans ses possessions. Ces dernières n’étaient pas toutes riches en eau et en terres fertiles. Il y avait aussi des endroits qui souffraient de l’aridité et, plus que les lieux, c’étaient les personnes qui souffraient car, si le terrain était couvert de plantations qui résistaient à la sécheresse, les cultivateurs ressentaient péniblement la rareté de l’eau. Le riche seigneur avait au contraire, à l’endroit où il habitait, un lac toujours rempli, alimenté par des sources souterraines.

Un jour, le seigneur se décida à faire un voyage à travers ses possessions. Il vit que certaines, les plus proches du lac, avaient de l’eau en abondance ; les autres, éloignées, en étaient privées : ils n’avaient que le peu de pluie que Dieu leur envoyait. Il vit aussi que ceux qui en avaient à profusion n’étaient pas bons à l’égard de leurs frères qui en manquaient, et ils lésinaient même sur le moindre seau d’eau en invoquant comme excuse la crainte de rester eux mêmes à sec. Le seigneur réfléchit. Il prit une décision : “ Je vais dévier le trop-plein de mon lac vers les plus proches, et je leur donnerai l’ordre de ne plus refuser l’eau à mes serviteurs éloignés qui souffrent de la sécheresse du sol. ”

Il entreprit tout de suite les travaux. Il fit creuser des canaux qui amenaient la bonne eau du lac à ses propriétés les plus proches, où il fit creuser de grandes citernes, de façon que le précieux liquide s’y rassemble en quantité, augmentant ainsi les ressources en eau du lieu. De celles-ci, il fit partir des canaux moins importants pour alimenter d’autres citernes plus éloignées. Ensuite, il appela ceux qui vivaient au plus près, et il leur dit : “ Souvenez-vous que ce que j’ai fait n’a pas pour but de vous donner du superflu, mais de favoriser par votre intermédiaire ceux qui manquent même du nécessaire. Soyez donc miséricordieux comme je le suis. ” Et il les congédia.

467.3

Le temps passant, le riche seigneur entreprit un nouveau voyage à travers toutes ses possessions. Il vit que les plus proches s’étaient embellies et qu’elles n’étaient pas seulement riches en plantes utiles, mais aussi en plantes ornementales, en piscines, en fontaines, en bassins établis dans les maisons un peu partout et dans le voisinage.

“ Vous avez fait de ces demeures des maisons de riches ” observa le seigneur. “ Même moi, je n’ai pas tant de beautés superflues. ” Et il demanda : “ Mais les autres viennent-ils ? Leur avez-vous donné abondamment ? Les petits canaux sont-ils alimentés ?

– Oui, ils ont eu tout ce qu’ils ont demandé. Ils sont même exigeants, ils ne sont jamais contents, ils n’ont ni prudence ni mesure, ils viennent réclamer à toutes les heures comme si nous étions leurs serviteurs, et nous devons nous défendre pour protéger ce que nous avons. Ils ne se contentaient plus des canaux et des petites citernes, ils viennent jusqu’aux grandes.

– C’est la raison pour laquelle vous avez entouré vos propriétés de clôtures et mis en chacune des chiens féroces ?

– Oui, seigneur. Ils entraient sans précautions, ils prétendaient tout nous enlever et abîmaient tout…

– Mais leur avez-vous réellement donné ? Vous savez que c’est pour eux que j’ai fait cela, et que je vous ai établis comme intermédiaires entre le lac et leurs terres arides ? Je ne comprends pas… J’avais fait prendre suffisamment d’eau du lac pour qu’il y en ait pour tous, mais sans gaspillage.

– Et pourtant, crois bien que nous ne leur en avons jamais refusé. ”

Le seigneur se dirigea vers ses possessions plus lointaines. Les grands arbres adaptés à l’aridité du sol étaient verts et feuillus. “ Ils ont dit vrai ”, pensa le seigneur en les apercevant de loin qui frémissaient au vent. Mais il s’en approcha et vit par dessous le terrain brûlé ; les herbes que broutaient péniblement des brebis épuisées étaient presque sèches, les jardins près des maisons envahis par le sable. Puis il vit les premiers cultivateurs, souffrants, l’œil fébrile, et humiliés… Ils le regardaient et baissaient la tête en s’éloignant comme s’ils avaient peur de lui.

Etonné de cette attitude, il les appela. Ils s’approchèrent en tremblant.

“ Que craignez-vous ? Ne suis-je plus votre bon seigneur qui a pris soin de vous et qui, par des travaux prévoyants, vous a soulagé de la pénurie de l’eau ? Pourquoi ces visages de malades ? Pourquoi ces terres arides ? Pourquoi les troupeaux sont-ils si chétifs ? Et pourquoi semblez-vous avoir peur de moi ? Parlez sans crainte, dites à votre seigneur ce qui vous fait souffrir. ”

Un homme prit la parole au nom de tous :

“ Seigneur, nous avons eu une grande déception et beaucoup de peine. Tu nous avais promis du secours, or nous avons perdu même ce que nous possédions auparavant ainsi que tout espoir en toi.

– Comment ? Pourquoi ? N’ai-je pas fait venir l’eau en grande quantité aux plus proches, en leur donnant l’ordre de vous faire profiter de cette abondance ?

– C’est ce que tu as dit ? Vraiment ?

– Bien sûr. La montée du sol m’empêchait de faire arriver l’eau directement jusqu’ici, mais avec de la bonne volonté, vous pouviez aller aux petits canaux des citernes, avec des outres et des ânes, et prendre autant d’eau que vous vouliez. N’aviez-vous pas assez d’ânes et d’outres ? Et n’étais-je pas là pour vous les donner ?

– Voilà ! Moi, je l’avais bien dit ! J’ai dit : ‘ Ce ne peut être le seigneur qui a donné l’ordre de nous refuser l’eau ’. Si nous y étions allés !

– Nous avons eu peur. Ils nous disaient que l’eau était une récompense pour eux et que nous étions punis. ”

Et ils racontèrent à leur bon maître que les fermiers des possessions bénéficiaires avaient prétendu que le seigneur, pour punir les serviteurs des terres arides qui ne savaient pas produire davantage, avait donné l’ordre de mesurer non seulement l’eau des citernes, mais même celle des puits primitifs. De cette façon, si auparavant ils en avaient pour eux et leurs terres, jusqu’à deux cents mesures[1] par jour qu’il leur fallait porter péniblement sur un long parcours, ils n’en avaient maintenant que cinquante. En outre, pour obtenir cette quantité pour les hommes et pour les animaux, ils devaient aller aux ruisselets voisins des lieux bénis, là où débordait l’eau des jardins et des bains, pour y prendre une eau trouble, et ils mouraient. Ils mouraient de maladie et de soif, les jardins mouraient et aussi les brebis…

“ Oh ! c’en est trop ! Il faut que cela finisse. Prenez votre mobilier et vos animaux et suivez-moi. Vous allez vous fatiguer un peu, épuisés comme vous l’êtes, mais ensuite ce sera la paix. Je vais marcher lentement, pour permettre à votre faiblesse de me suivre. Je suis un bon maître, un père pour vous, et je pourvois aux besoins de mes enfants. ”

Et il se mit lentement en chemin, suivi de la triste foule de ses serviteurs et de leurs animaux, tout heureux cependant du réconfort de l’amour de leur bon maître.

467.4

Ils arrivèrent aux terres bien pourvues en eau. Le maître choisit quelques hommes parmi les plus forts, et il leur dit :

“ Allez en mon nom demander de quoi vous désaltérer.

– Et s’ils lancent les chiens contre nous ?

– Je suis derrière vous, ne craignez rien. Allez dire que c’est moi qui vous envoie et qu’ils ne doivent pas fermer leur cœur à la justice, car toutes les eaux appartiennent à Dieu, et les hommes sont frères. Qu’ils ouvrent tout de suite les canaux. ”

Ils s’y rendirent, et le maître les suivit. Ils se présentèrent à un portail. Le maître resta caché derrière le mur de clôture. Ils appelèrent. Les fermiers accoururent.

“ Que voulez-vous ?

– Ayez pitié de nous, nous mourons. Le maître nous envoie avec l’ordre de prendre l’eau qu’il a fait venir pour nous. Il dit que c’est Dieu qui la lui a donnée ; et que lui vous l’a donnée pour nous, car nous sommes frères, de sorte qu’il vous demande d’ouvrir immédiatement les canaux.

– Ah ! Ah ! ” dirent en riant les sans-cœur. “ Des frères, cette troupe de déguenillés ? Vous mourez ? Tant mieux. Nous prendrons vos terrains, nous y amènerons l’eau. Alors, oui, nous l’amènerons et nous rendrons ces lieux fertiles. L’eau pour vous ? Imbéciles ! L’eau nous appartient.

– Pitié, nous mourons. Ouvrez, c’est l’ordre du maître. ”

Les cruels fermiers se consultèrent, puis ils dirent : “ Attendez un moment ” et ils s’en allèrent en courant. Puis ils revinrent et ouvrirent, mais ils avaient des chiens et de lourdes matraques… Les pauvres prirent peur. “ Entrez, entrez… Vous n’entrez pas, maintenant que nous vous avons ouvert ? Ensuite vous direz que nous n’étions pas généreux… ”

Un imprudent entra et une grêle de coups de bâtons tombèrent sur lui, pendant que les chiens détachés s’élançaient sur les autres.

Le maître sortit alors de derrière le mur.

“ Que faites-vous, misérables ? Maintenant, je vous connais, vous et vos animaux, et je vous frappe. ”

Et il lança des flèches contre les chiens et entra ensuite, l’air sévère et courroucé.

“ C’est ainsi que vous exécutez mes ordres ? C’est pour cela que je vous ai donné ces richesses ? Appelez tous vos proches, je veux vous parler. Quant à vous ” ajouta-t-il en s’adressant aux serviteurs assoiffés, “ entrez avec vos femmes et vos enfants, vos brebis et vos ânes, vos pigeons et vos autres animaux, buvez, rafraîchissez-vous et cueillez ces fruits juteux. Et vous, petits innocents, courez parmi les fleurs. Profitez-en. La justice est dans le cœur du bon maître et la justice sera pour tous. ”

Et pendant que les assoiffés couraient aux citernes et se plongeaient dans les piscines, que les bestiaux allaient aux bassins, et que tout était allégresse pour eux, les autres accouraient de tous côtés, craintifs.

467.5

Le maître monta sur le bord d’une citerne et dit :

“ J’avais fait ces travaux et je vous avais rendus dépositaires de mes ordres et de ces trésors, car je vous avais choisis pour être mes ministres. Vous avez échoué dans l’épreuve. Vous paraissiez bons. Vous vous deviez de l’être, car le bien-être devrait rendre bons, reconnaissants envers le bienfaiteur, et je vous avais toujours favorisés en vous donnant la location de ces terres bien irriguées. L’abondance et mon élection vous ont rendus durs de cœur, plus secs que les terres que vous avez fait devenir complètement arides, plus malades que ces assoiffés. Eux en effet, avec l’eau peuvent guérir, alors que vous, avec votre égoïsme, avez brûlé votre âme qui aura beaucoup de mal à guérir, et c’est bien difficilement que reviendra en vous l’eau de la charité. Maintenant, je vous punis. Allez dans leurs terres et souffrez ce qu’eux ont souffert.

– Pitié, Seigneur ! Pitié pour nous ! Tu veux donc nous faire périr ? Tu as moins de pitié pour nous, les hommes, que nous pour les animaux ?

– Et eux, que sont-ils ? Ne sont-ils pas des hommes, vos frères ? Quelle pitié aviez-vous ? Ils vous demandaient de l’eau, vous leur donniez des coups de bâtons et des sarcasmes. Ils vous demandaient ce qui m’appartient et que je vous avais confié, or vous le refusiez en disant que c’était à vous. A qui est l’eau ? Moi-même, je ne prétends pas que l’eau du lac m’appartient, bien que le lac m’appartienne. L’eau est à Dieu. Qui de vous a créé une seule goutte de rosée ? Allez !… Et je vous dis, à vous qui avez souffert : soyez bons. Faites-leur ce que vous auriez voulu qu’il vous soit fait. Ouvrez les canaux qu’eux ont fermés et faites-leur couler l’eau dès que vous le pourrez. Je fais de vous mes distributeurs pour ces frères coupables auxquels je laisse la possibilité et le temps de se racheter. Et c’est le très-haut Seigneur, plutôt que moi, qui vous confie la richesse de ses eaux pour que vous deveniez la providence de ceux qui en manquent. Si vous savez le faire avec amour et justice, en vous contentant du nécessaire, en donnant le superflu aux malheureux, en vous montrant justes, en n’appelant pas vôtre ce qui est don reçu ou plutôt don confié, grande sera votre paix, et l’amour de Dieu et le mien seront toujours avec vous. ”

467.6

La parabole est finie, et tout le monde peut la comprendre. Je veux vous dire par là que l’homme riche est dépositaire de la richesse que Dieu lui accorde avec l’ordre de la redistribuer à ceux qui souffrent. Réfléchissez à l’honneur que Dieu vous fait en vous appelant à collaborer à l’œuvre de la Providence en faveur des pauvres, des malades, des veuves, des orphelins. Il pourrait faire pleuvoir de l’argent, des vêtements, des vivres sur les pas des pauvres. Mais dans ce cas, il enlèverait au riche de grands mérites : ceux de la charité envers leurs frères. Tous les riches ne peuvent être savants, mais tous peuvent être bons. Tous ne peuvent soigner les malades, ensevelir les morts, visiter les malades et les prisonniers. Mais tous les riches, ou même simplement ceux qui ne sont pas pauvres, peuvent donner un pain, une gorgée d’eau, un vêtement qu’on ne porte plus, accueillir près du feu celui qui tremble de froid, ou sous son toit l’homme sans maison, et qui est sous la pluie ou en plein soleil. L’indigent, c’est celui qui manque du nécessaire pour vivre. Les autres, qui ont des moyens limités, sans être pauvres, sont même riches par rapport à ceux qui meurent de faim, de privations ou de froid.

Je m’en vais. Je ne puis faire de bien aux pauvres dans ces parages. Et mon cœur souffre en pensant qu’ils perdent un ami… Eh bien, moi qui vous parle — et vous savez qui je suis —, je vous demande d’être la providence des pauvres privés de leur Ami miséricordieux. Faites l’aumône, et aimez-les en mon nom, en souvenir de moi… Continuez mon œuvre. Soulagez par cette promesse mon cœur accablé : engagez-vous à toujours me reconnaître dans les pauvres, à les accueillir comme les plus vrais représentants du Christ qui est pauvre, qui a voulu être pauvre pour l’amour des plus malheureux sur la terre, et pour expier, par ses privations et son poignant amour, les prodigalités injustes et les égoïsmes des hommes.

Souvenez-vous ! La charité, la miséricorde sont récompensées éternellement. Souvenez-vous ! La charité, la miséricorde absolvent des fautes. Dieu pardonne beaucoup à celui qui aime, et l’amour pour les indigents qui ne peuvent rien donner en échange est le plus méritoire aux yeux de Dieu. Rappelez-vous les paroles que je vous dis jusqu’à la fin de votre vie, ainsi vous serez sauvés et bienheureux dans le royaume de Dieu.

Que ma bénédiction descende sur ceux qui reçoivent la parole du Seigneur et la mettent en pratique. »

467.7

Les apôtres, Marziam et les disciples sont sortis tout doucement de la maison pendant qu’il parlait ; ils forment un groupe compact derrière la foule. Mais dès que Jésus a fini de parler, ils s’avancent, recueillent en passant l’obole que beaucoup offrent, et apportent l’argent à Jésus.

Derrière eux se glisse un homme chétif qui a bien triste mine. Il avance, la tête si penchée que je ne puis voir son visage. Il va aux pieds de Jésus et, en se battant la poitrine, il gémit :

« J’ai péché, Seigneur, et tu m’as puni. Je l’ai bien mérité. Mais donne-moi au moins ton pardon avant de partir. Aie pitié de Jacob le pécheur ! »

Il lève la tête, et je reconnais, à son nom plus qu’à son aspect ravagé, le paysan favorisé[2] une fois, et puni à une autre occasion à cause de sa dureté envers les deux orphelins.

« Mon pardon ! Tu voulais guérir de cela autrefois, et tu t’inquiétais parce que ton grain était abîmé. Eux ont semé pour toi. Serais-tu donc privé de pain ?

– J’en ai suffisamment.

– Et n’est-ce pas là un signe de pardon, peut-être? »

Jésus est très sévère.

« Non, je préférerais mourir de faim, mais avoir l’âme en paix. Avec le peu que j’avais, j’ai essayé de réparer… J’ai prié et pleuré… Mais toi seul peut pardonner et donner la paix à mon âme. Seigneur, je ne te demande que le pardon… »

Jésus le regarde fixement… Il lui fait lever la tête, que l’homme a baissée, et il le sonde de ses yeux splendides en restant un peu penché sur lui… Puis il dit :

« Va, tu obtiendras ou non mon pardon selon la façon dont tu vivras dans le temps qui te reste.

– Mon Seigneur, non, pas comme ça ! Tu as pardonné des fautes plus grandes…

– Ce n’étaient pas des personnes qui avaient reçu des bienfaits comme toi, et elles n’avaient pas péché contre des innocents. Le pauvre est toujours sacré, mais la veuve et l’orphelin plus encore. Tu ne connais pas la Loi ?… »

L’homme pleure. Il voulait un pardon immédiat.

Jésus résiste :

« Tu es descendu deux fois et tu ne t’es pas pressé de remonter… Souviens-toi. Ce que tu t’es permis, toi, un homme, Dieu peut se le permettre. Dieu est toujours très bon s’il te dit qu’il ne te refuse pas absolument le pardon, mais le fait dépendre de ta façon de vivre jusqu’à la mort. Va.

– Bénis-moi, au moins… Pour que j’aie davantage la force d’être juste.

– J’ai déjà béni.

– Non, pas ainsi. Bénis-moi en particulier. Tu vois mon cœur… »

Jésus lui pose la main sur la tête et lui dit :

« J’ai parlé. Mais que cette caresse te persuade que, si je suis sévère, je ne te déteste pas. La sévérité de mon amour a pour but de te sauver, de te traiter en ami malheureux, non parce que tu es pauvre, mais parce que tu as été mauvais. Souviens-toi que je t’ai aimé, que j’ai eu pitié de ton âme, et que ce souvenir te rende désireux de m’avoir pour ami, un ami qui ne soit plus sévère.

– Quand, Seigneur ? Où te trouverai-je, si tu dis que tu t’en vas ?

– Dans mon Royaume.

– Quel royaume ? Où le fondes-tu ? J’y viendrai…

– Mon Royaume sera dans ton cœur si tu le rends bon, puis il sera au Ciel. Adieu. Je dois partir parce que le soir vient, et je dois bénir ceux que je quitte. »

Après l’avoir congédié, Jésus se tourne vers les disciples et les maîtres de maison, qu’il bénit un par un.

467.8

Puis, après avoir confié l’argent à Judas, il reprend la route vers le sud-ouest, en direction de Capharnaüm et le groupe disparaît dans la nature verdoyante…

« Tu marches trop vite, Maître ! » s’écrie Pierre. « Nous sommes fourbus. Nous avons déjà parcouru tant de stades…

– Tiens bon, Simon. Nous serons bientôt en vue de Chorazeïn. Vous y entrerez et irez dans les quelques maisons qui nous sont amies, et spécialement chez la veuve. Vous direz au petit Joseph que je veux le saluer à l’aube. Vous me l’amènerez sur la route qui monte vers Giscala…

– Mais tu n’entres pas dans Chorazeïn ?

– Non, je vais prier sur la montagne.

– Tu es à bout, tu es pâle… Pourquoi te négliges-tu ?… Et pourquoi ne viens-tu pas avec nous ?… Pourquoi n’entres-tu pas dans la ville ?… »

Ils l’accablent de questions. Leur affection est parfois fatigante.

Mais Jésus est patient… et patiemment, il répond :

« Vous le savez bien : la prière est mon repos. Et être dans la foule m’épuise quand je n’y suis pas pour guérir ou évangéliser. J’irai donc sur la montagne, là où je suis allé d’autres fois. Vous connaissez l’endroit.

– Sur le sentier qui mène chez Joachim ?

– Oui, vous savez où me trouver. A l’aube, je viendrai à votre rencontre…

– Et… nous irons vers Giscala ?

– C’est la bonne route pour avancer en direction de la frontière syro-phénicienne. J’ai dit à Afec que je m’y rendrais. Je le ferai donc.

– C’est que… Tu ne te rappelles pas la dernière fois ?

– Ne crains rien, Simon. Ils ont changé de manière. Pour le moment, ils m’honorent…

– Oh ! Ils t’aiment, alors ?

– Non, ils me haïssent plus encore qu’avant. Mais, ne pouvant m’abattre par la force, ils essaient d’y parvenir par la ruse. Ils essaient de séduire l’Homme… Et pour séduire, ils se servent des honneurs, même s’ils sont faux. Et même…

467.9

Venez tous près de moi » dit-il ensuite aux autres qui, voyant que Jésus parlait avec Pierre en particulier, avançaient en groupe.

Ils se réunissent. Jésus reprend :

« Je disais à Simon — et je vous le dis à tous, car je n’ai pas de secret pour mes amis — que mes ennemis ont changé de façon de me nuire, mais pas d’opinion à mon sujet. Aussi, de même qu’auparavant ils utilisaient l’insulte et la menace, ils se servent maintenant des honneurs. A mon égard, mais sûrement aussi envers vous. Soyez donc forts et sages. Ne vous laissez pas tromper par des paroles mensongères, par des cadeaux, par des séductions. Rappelez-vous ce que dit[3] le Deutéronome : “ Les cadeaux aveuglent les yeux des sages et altèrent les paroles des justes. ” Rappelez-vous Samson : il était nazir de Dieu depuis sa naissance, dès le sein de sa mère, qui le conçut et le forma dans l’abstinence par l’ordre de l’ange pour qu’il devienne un juste juge d’Israël. Mais où a fini tant de bien ? Et comment ? Et par qui ? C’est bien par les honneurs et l’argent, et par des femmes payées dans ce but, que sa force fut abattue pour faire le jeu des ennemis.

Maintenant, prenez garde, veillez pour n’être pas surpris par le mensonge et pour ne pas servir les ennemis, même inconsciemment. Sachez vous garder libres comme les oiseaux qui préfèrent une nourriture frugale et une branche pour se reposer, plutôt que des cages dorées où la nourriture est abondante et où il y a un nid confortable, mais où le caprice des hommes les retient prisonniers. Pensez que vous êtes mes apôtres, donc des serviteurs de Dieu seul, comme moi je suis voué uniquement à la Volonté du Père. Ils chercheront à vous séduire — peut-être l’ont-ils déjà fait —, en vous prenant chacun par votre point faible, car les serviteurs du Mal sont rusés, étant instruits par le Malin. Ne croyez pas à leurs paroles : elles ne sont pas sincères. Si elles l’étaient, je serais le premier à vous dire : “ Saluons-les comme nos bons frères. ” Au contraire, il faut se défier de leurs actions et prier pour qu’ils deviennent bons. Moi, je le fais. Je prie pour vous, afin que vous ne soyez pas trompés par cette nouvelle tactique, et pour eux, afin qu’ils cessent d’ourdir des complots contre le Fils de l’homme et d’offenser Dieu son Père. Et vous, imitez-moi. Priez beaucoup l’Esprit-Saint, qu’il vous donne des lumières pour y voir clair. Soyez purs si vous voulez l’avoir pour ami. Avant de vous quitter, je veux vous fortifier. Je vous absous si jusqu’à présent vous avez péché. Je vous absous de tout. A l’avenir, soyez bons, sages, chastes, humbles et fidèles.

Que la grâce de mon absolution vous fortifie…

467.10

Pourquoi pleures-tu, André ? Et toi, pourquoi te troubles-tu, mon frère ?

– Parce que cela ressemble à un adieu… répond André.

– Crois-tu donc que je vous saluerais si brièvement ? Ce n’est qu’un conseil pour ces temps. Je vois que vous êtes tous troublés. Cela ne doit pas se produire. Le trouble fragilise la paix. Or vous devez toujours être paisibles. Vous êtes au service de la Paix, et elle vous aime tant, qu’elle vous a choisis comme ses premiers serviteurs. Elle vous aime. Vous devez donc être sûrs qu’elle vous aidera toujours, même quand vous serez restés seuls. La Paix, c’est Dieu. Si vous êtes fidèles à Dieu, il sera en vous. Et dans ce cas, qu’avez-vous à craindre ? Qui pourra vous séparer de Dieu, si vous ne vous mettez pas en situation de le perdre ? Seul le péché sépare de Dieu. Mais le reste : tentations, persécutions, mort, même la mort, ne séparent pas de Dieu. Au contraire, elles unissent davantage à lui, car toute tentation vaincue vous fait monter d’un degré vers le Ciel, les persécutions vous obtiennent un redoublement d’amour protecteur de Dieu et la mort d’un saint ou d’un martyr n’est qu’une union avec le Seigneur Dieu. En vérité, je vous dis[4] que, hormis les fils de perdition, aucun de mes grands disciples ne mourra plus, avant que j’aie ouvert les portes des Cieux. Aucun donc de mes disciples fidèles ne devra attendre l’étreinte de Dieu après être passé de cet exil de ténèbres aux lumières de l’autre vie. Je ne vous dirais pas cela si ce n’était pas vrai. Vous voyez. Même aujourd’hui, vous avez vu quelqu’un qui, après l’égarement, est revenu sur les chemins de la justice. Il ne faudrait pas pécher, mais Dieu est miséricordieux et il pardonne à l’homme qui se repent. Et celui qui se repent peut surpasser même celui qui n’a pas péché, si son repentir est absolu, et héroïque la vertu qui succède au repentir. Il sera si doux de se retrouver là-haut ! Vous voir monter vers moi et, moi, courir à votre rencontre pour vous embrasser, et vous conduire à mon Père en disant : “ Voici un des mes bien-aimés. Il m’a toujours aimé et il t’a donc toujours aimé à partir du moment où je lui ai parlé de toi. Maintenant, il est venu. Bénis-le, mon Père, et que ta bénédiction soit sa couronne resplendissante. ” Mes amis… Amis ici, et amis au Ciel. Ne pensez-vous pas que tout sacrifice est léger pour obtenir cette joie éternelle ?

467.11

Vous voilà désormais rassérénés. Séparons-nous ici. Je monte là-haut. Quant à vous, soyez bons… Donnons-nous un baiser… »

Et il les embrasse un par un. Judas pleure en l’embrassant. Il a attendu d’être le dernier, lui qui cherche toujours à passer en premier, et il reste enlacé à Jésus, lui donnant plusieurs baisers et lui murmurant dans les cheveux près de l’oreille :

« Prie, prie, prie pour moi… »

Ils se séparent. Jésus part vers la colline et les autres poursuivent la route jusqu’à Chorazeïn, dont on aperçoit déjà les maisons blanchesm dans la verdure des arbres.

467.12

Jésus dit :

« Vous placerez ici la vision du 23 septembre 1944. Je n’ai pas de meilleur repos que de dire : “ J’ai sauvé quelqu’un qui allait périr ”, et c’est la dictée qui suit. »

467.1

Certo si è diffusa la notizia che c’è il Maestro e che parlerà avanti sera, e i dintorni della casa sono formicolanti di gente che bisbiglia, perché sa che il Maestro riposa e non lo vuole destare. Aspettano pazienti sotto le piante, difesi dal sole ma non dal calore, che è forte ancora. Non ci sono malati, almeno così mi pare, ma, come sempre, ci sono bambini, e Anna per tenerli quieti fa distribuire delle frutta.

Ma Gesù non ha sonno lungo, ed è ancor alto il sole quando appare scostando la tenda e sorridendo alla folla. È solo. Gli apostoli probabilmente continuano a dormire. Gesù si avvia verso la gente, andando a mettersi verso la sponda bassa di un pozzo che certo serve ad irrigare le piante di questo frutteto, perché canaletti di irrigazione partono a raggiera dal pozzo allungandosi poi fra tronco e tronco. Si siede sull’orlo basso e inizia subito a parlare.

467.2

«Udite questa parabola.

Un ricco signore aveva molti dipendenti sparsi in molti luoghi dei suoi possedimenti, i quali non erano tutti ricchi di acque e di terre feconde. C’erano anche dei luoghi che pativano per mancanza d’acque, e più dei luoghi pativano le persone, perché, se il terreno era coltivato con piante che resistevano all’asciuttore, la gente soffriva molto per le acque scarse. Il ricco signore aveva invece, proprio nel luogo dove lui abitava, un lago ricco d’acque, che vi sgorgavano da sotterranee sorgenti.

Un giorno il signore volle fare un viaggio per tutti i suoi possedimenti e vide che alcuni, i più vicini al lago, erano ricchi di acque; gli altri, lontani, ne erano privi: solo quella poca che Dio mandava con le piogge. E vide anche che quelli che avevano acque abbondanti non erano buoni coi fratelli privi d’acque e lesinavano anche una secchia d’acqua con la scusa di temere di rimanere privi di acque. Il signore pensò. E decise così: “Farò deviare le acque del mio lago a quelli più vicini, dando loro l’ordine di non rifiutare più l’acqua ai miei servi lontani e che sono sofferenti per la siccità del suolo”.

E intraprese i lavori subito, facendo scavare canali che portavano l’acqua buona del lago ai possessi più vicini, dove fece scavare grandi cisterne, di modo che l’acqua si adunasse abbondante, aumentando la ricchezza d’acque che già era nel luogo, e da queste fece partire canali minori per alimentare altre cisterne più lontane. E poi chiamò coloro che vivevano in questi luoghi e disse: “Ricordatevi che ciò che ho fatto non l’ho fatto per dare a voi il superfluo, ma per favorire attraverso voi quelli che mancano anche del necessario. Siate perciò misericordiosi come io lo sono”, e li congedò.

467.3

Passò del tempo e il ricco signore volle fare un nuovo viaggio per tutti i suoi possessi. Vide che quelli più prossimi si erano abbelliti e non solo erano ricchi di piante utili, ma anche di piante ornamentali, di vasche e piscine e fontane, messe per ogni dove delle case e presso le case.

“Avete fatto di queste dimore delle case di ricchi”, osservò il signore. “Neppure io ho tante bellezze superflue”; e chiese ancora: “Ma gli altri vengono? Avete dato a loro con abbondanza? I canali minori sono nutriti?”.

“Sì. Quanto hanno chiesto hanno avuto. E sono anche esigenti, non sono mai contenti, non hanno prudenza e misura, vengono a tutte le ore a chiedere, come se noi fossimo i loro servi, e ci dobbiamo difendere per tutelare le cose nostre. Non si contentavano più dei canali e delle piccole cisterne. Venivano fino alle grandi”.

“È per questo che avete cintato i luoghi e messo in ognuno questi cani feroci?”.

“Per questo, signore. Entravano senza riguardo e pretendevano levarci tutto e sciupavano…”.

“Ma voi avete realmente dato? Lo sapete che per essi ho fatto questo, e voi vi ho fatti intermediari fra il lago e le loro terre aride. Non capisco… Avevo fatto prendere dal lago tanto da averne per tutti, ma senza sciupio”.

“Eppure, credi che noi non abbiamo mai negato l’acqua”.

Il signore si diresse ai possessi più lontani. Le alte piante adatte al suolo arido erano verdi e fronzute. “Hanno detto il vero”, disse il signore vedendole fremere al vento da lontano. Ma, come si avvicinò ad esse e poi si inoltrò sotto di esse, vide il terreno arso, morte quasi le erbe che brucavano a fatica pecore anelanti, sabbiose le ortaglie presso le case, e poi vide i primi coltivatori, patiti, l’occhio febbrile e avviliti… Lo guardavano e abbassavano il capo ritirandosi come per paura.

Egli, stupito di quel contegno, li chiamò a sé. Si accostarono tremanti. “Di che temete? Non sono più il vostro signore buono che ha avuto cura di voi e con provvidente lavoro vi ha sollevato dalla miseria d’acque? Perché quei volti di malati? Perché queste terre aride? Perché i greggi sono così sparuti? E voi perché sembrate paurosi di me? Parlate senza timore. Dite al vostro signore ciò che vi fa soffrire”.

Un uomo parlò per tutti. “Signore, noi abbiamo avuto una grande delusione e molta pena. Tu ci avevi promesso soccorso e noi abbiamo perduto anche quello che avevamo prima e abbiamo perduto la speranza in te”.

“Come? Perché? Non ho fatto venire l’acqua abbondante ai più vicini dando ordine che l’abbondanza fosse per voi?”.

“Così hai detto? Proprio?”.

“Così. Certamente. Non potevo, per ragioni di suolo, far giungere sin qui l’acqua direttamente. Ma con buona volontà potevate andare ai piccoli canali delle cisterne, andarvi con otri e asini a prenderne quanta volevate. Non vi bastavano gli asini e gli otri? E io non c’ero per darveli?”.

“Ecco! Io lo avevo detto! Ho detto: ‘Non può essere il signore che ha dato l’ordine di negarci l’acqua’. Se eravamo andati!”.

“Abbiamo avuto paura. Ci dicevano che l’acqua era un premio per loro e noi eravamo castigati”.

E raccontarono al buon padrone che i conduttori dei possessi beneficati avevano detto loro che il signore, per punire i servi delle terre aride che non sapevano produrre di più, aveva dato l’ordine di misurare non solo l’acqua delle cisterne ma quella dei primitivi pozzi, di modo che, se prima ne avevano anche duecento bati[1] al giorno per loro e le terre, presi con gran fatica di strada e di peso, ora più neppur cinquanta ne avevano, e per averne tanto per gli uomini e gli animali dovevano andare nei rigagnoli di confine ai luoghi benedetti, là dove traboccavano le acque dei giardini e dei bagni, e prendere quel­l’acqua motosa, e morivano. Morivano di malattia e di sete, e morivano gli ortaggi e le pecore…

“Oh! questo è troppo! E deve finire. Prendete le vostre masserizie e i vostri animali e seguitemi. Faticherete un poco, esausti come siete, ma poi sarà la pace. Io andrò piano per permettere alla vostra debolezza di seguirmi. Io sono un padrone buono, un padre per voi, e ai miei figli provvedo”. E si pose in cammino lentamente, seguito dalla triste turba dei suoi servi e degli animali, che però già giubilavano per il ristoro dell’amore del buon padrone.

467.4

Giunsero alle terre ricchissime d’acque. Ai confini di esse.

Il padrone prese qualcuno fra i più forti e disse: “Andate in mio nome a chiedere ristoro”.

“E se ci lanciano contro i cani?”.

“Io sono dietro voi. Non temete. Andate dicendo che io vi mando e che non chiudano il cuore alla giustizia, perché le acque sono di Dio e tutti gli uomini sono fratelli. Che aprano subito i canali”.

Andarono. E il padrone dietro. Si presentarono ad un cancello. E il padrone rimase nascosto dietro il muro di cinta. Chiamarono. Accorsero i conduttori.

“Che volete?”.

“Abbiate misericordia di noi. Moriamo. Ci manda il padrone coll’ordine di prendere le acque che ha fatto venire per noi. Dice che le acque a lui le ha date Dio ed egli a voi per noi, perché siamo fratelli, e di aprire subito i canali”.

“Ah! Ah!”, risero i crudeli. “Fratelli questa turba di cenciosi? Morite? Tanto meglio. Prenderemo i vostri luoghi, vi porteremo là le acque. Allora sì che le porteremo! E faremo quei luoghi buoni. Le acque per voi? Stolti siete! Le acque sono nostre”.

“Pietà. Moriamo. Aprite. Lo ordina il padrone”.

I cattivi conduttori si consultarono fra loro, poi dissero: “Attendete un momento”, e corsero via. Poi tornarono e aprirono. Ma avevano i cani e pesanti randelli… I poveri ebbero paura. “Entrate, entrate… Non entrate ora che vi abbiamo aperto? Poi direte che non fummo generosi…”. Un incauto entrò e una grandine di bastonate gli piovve addosso mentre i cani, levati di catena, si avventavano sugli altri.

Il padrone uscì da dietro al muro. “Cosa fate, crudeli? Ora vi conosco, voi e i vostri animali, e vi colpisco”, e con le frecce frecciò i cani ed entrò poi, severo e irato. “Così è che eseguite i miei ordini? Per questo vi ho dato queste ricchezze? Chiamate tutti i vostri. Vi voglio parlare. E voi”, disse rivolto ai servi assetati, “entrate con le vostre donne e bambini, pecore e asini, colombi e ogni animale, e bevete, e rinfrescatevi, e cogliete queste frutta succose, e voi, piccoli innocenti, correte fra i fiori. Godete. Giustizia è nel cuore del buon padrone e giustizia sarà per tutti”. E mentre gli assetati correvano alle cisterne, si tuffavano nelle piscine, e il bestiame alle vasche, e tutto era tripudio per essi, gli altri accorrevano da ogni parte paurosi.

467.5

Il padrone salì sull’orlo di una cisterna e disse: “Avevo fatto questi lavori e vi avevo fatto depositari del mio comando e di questo tesoro perché vi avevo eletti a miei ministri. Nella prova avete fallito. Parevate buoni. Dovevate esserlo, perché il benessere dovrebbe rendere buoni, riconoscenti verso il benefattore, ed io vi avevo sempre beneficato dandovi la conduzione di queste terre irrigue. L’abbondanza e l’elezione vi ha fatti duri di cuore, aridi più delle terre che avete reso del tutto aride, malati più di questi arsi di sete. Perché essi con l’acqua possono guarire, mentre voi con l’egoismo avete arso il vostro spirito e difficilmente guarirà e con molta fatica tornerà in voi l’acqua della carità. Ora io vi punisco. Andate nelle terre di questi e soffrite ciò che essi soffrirono”.

“Pietà, signore! Pietà di noi! Ci vuoi dunque far perire? Meno pietoso tu per noi uomini che noi per gli animali?”.

“E questi che sono? Non sono uomini vostri fratelli? Che pietà aveste? Vi chiedevano acqua, deste colpi di bastone e sarcasmo. Vi chiedevano ciò che è mio e che io avevo dato, e voi lo negaste dicendolo ‘vostro’. Di chi le acque? Neppur io dico che l’acqua del lago è mia se anche mio è il lago. L’acqua è di Dio. Chi di voi ha creato una sola goccia di rugiada? Andate!… E a voi dico, a voi che avete sofferto: siate buoni. Fate loro ciò che avreste voluto a voi fatto. Aprite i canali che essi hanno chiuso e fate defluire le acque ad essi, non appena potrete. Vi faccio i miei distributori a questi colpevoli fratelli, ai quali lascio il modo e il tempo di redimersi. E il Signore altissimo più di me vi affida la ricchezza delle sue acque, perché voi diveniate la provvidenza di chi ne è privo. Se saprete far questo con amore e giustizia, accontentandovi del necessario, dando il superfluo ai miseri, essendo giusti, non dicendo vostro ciò che è dono avuto, e più che dono deposito, grande sarà la vostra pace, e l’amore di Dio e il mio saranno sempre con voi”.

467.6

La parabola è finita e ognuno la può capire. Vi dico solo che chi è ricco è il depositario di questa ricchezza che Dio gli concede con l’ordine di essere distributore di essa a chi soffre. Pensate quale onore vi fa Dio chiamandovi a soci nell’opera della Provvidenza in favore dei poveri, malati, vedove, orfani. Dio potrebbe far piovere denaro, vesti, cibi sui passi del povero. Ma allora leverebbe all’uomo ricco dei grandi meriti: quelli della carità ai fratelli. Non tutti i ricchi possono essere dotti, ma tutti possono essere buoni. Non tutti i ricchi possono curare i malati, seppellire i morti, visitare gli infermi e i carcerati. Ma tutti i ricchi, o anche semplicemente chi non è povero, può dare un pane, un sorso d’acqua, una veste smessa, accogliere presso la fiamma chi trema, sotto il tetto chi non ha casa ed è nella pioggia o nel solleone. Il povero è chi manca del necessario per vivere. Gli altri non sono poveri, sono di mezzi ristretti, ma sempre ricchi rispetto a chi muore di fame, di stenti, di freddo.

Io me ne vado. Io non posso più beneficare i poveri di questi luoghi. E il mio cuore soffre pensando che essi perdono un amico… Ebbene, Io che vi parlo, e voi sapete chi sono, vi chiedo di essere la provvidenza dei poveri che restano senza il loro Ami­co misericordioso. Fate elemosina e amateli in mio Nome, per mio ricordo… Siate i miei continuatori. Sollevate il mio cuore accasciato con questa promessa: che nei poveri vedrete sempre Me e che li accoglierete come i più veri rappresentanti di Cristo, che è povero, che volle essere povero per amore dei più infelici della Terra e per espiare con le sue ristrettezze e col suo struggente amore le prodigalità ingiuste e gli egoismi degli uomini.

Ricordate! La carità, la misericordia è premiata in eterno. Ricordate! La carità, la misericordia è assoluzione dalle colpe. Dio molto perdona a chi ama. E l’amore agli indigenti che non possono ricambiare è l’amore più meritorio agli occhi di Dio. Ricordate queste mie parole sino all’estremo della vita, e sarete salvi e beati nel Regno di Dio.

La mia benedizione scenda su chi accetta la parola del Signore e la fa azione».

467.7

Gli apostoli e Marziam coi discepoli sono usciti pian piano di casa mentre Egli parlava e sono in un mucchio compatto dietro alla gente. Ma si fanno avanti quando Gesù ha finito di parlare, raccogliendo nel passare l’obolo che molti offrono. E portano questi denari a Gesù.

Dietro a loro si insinua un uomo patito e di ben povero aspetto. Procede così a capo chino che non posso vederlo in viso. Va ai piedi di Gesù e, battendosi il petto, geme: «Io ho peccato, Signore, e Tu mi hai punito. L’ho meritato. Ma almeno dàmmi il tuo perdono prima di partire. Abbi pietà di Giacobbe peccatore!». Alza il viso e riconosco, più perché si nomina che per l’aspetto distrutto, il contadino beneficato[2] una volta, punito un’altra per la sua durezza verso i due orfanelli.

«Il mio perdono! Tu volevi guarigione da questo, un tempo. E ti crucciavi perché i grani erano sciupati. Questi seminarono per te. Sei forse senza pane?».

«Ho il sufficiente».

«E non è forse perdono?». Gesù è molto severo.

«No. Vorrei morire di fame ma sentire che l’animo è in pace. Ho cercato nel mio poco di riparare… Ho pregato e pianto… Ma Tu solo puoi perdonare e dare pace al mio spirito. Signore, non ti chiedo che perdono…».

Gesù lo guarda fissamente… Gli fa alzare il volto che l’uomo ha reclinato e lo trivella con i suoi occhi splendenti, stando un poco curvo su di lui… Poi dice: «Va’. Avrai o non avrai il perdono a seconda di come vivrai nel tempo che ti resta».

«Oh! Signor mio! Non così! Hai perdonato a colpe più gran­di…».

«Non erano persone beneficate come tu eri stato e non avevano peccato contro gli innocenti. Sempre sacro il povero, ma sacri più di tutti l’orfano e le vedove. Non conosci la Legge?…».

L’uomo piange. Voleva un subito perdono.

Gesù resiste: «Sei sceso due volte e non hai avuto fretta di risalire… Ricorda. Ciò che ti sei permesso, tu, uomo, può permettersi Dio. E sempre molto buono è Dio se ti dice che non ti nega il perdono assolutamente, ma lo condiziona al tuo modo di vivere sino alla morte. Va’».

«Benedicimi almeno… Perché io abbia più forza di esser giusto».

«Ho benedetto già».

«No, così no. A me in particolare. Vedi il mio cuore…».

Gesù gli posa la mano sul capo e dice: «Ho detto. Ma questa carezza ti persuada che, se sono severo, non ti odio. Il mio amore severo è per salvarti, è per trattarti da amico infelice, non perché sei povero, ma perché fosti cattivo. Ricorda che ti ho amato, che ho avuto compassione del tuo spirito, e questo ricordo ti faccia voglioso di avermi amico non più severo».

«Quando, Signore? Dove ti troverò se Tu dici che vai via?».

«Nel mio Regno».

«Quale? Dove lo fondi? Io ci verrò…».

«Il mio Regno sarà nel tuo cuore se lo farai buono, e poi sarà in Cielo. Addio. Devo partire perché cala la sera e devo benedire chi lascio», e Gesù lo congeda rivolgendosi poi ai discepoli e ai padroni di casa, che benedice uno a uno.

467.8

Poi riprende il cammino dopo aver dato a Giuda i denari… Il verde della campagna lo inghiotte, mentre cammina verso sud-ovest in direzione di Cafarnao…

«Cammini troppo, Maestro!», esclama Pietro. «Noi siamo stanchi. Tanti stadi abbiamo già fatto…».

«Sii buono, Simone. Presto saremo alle viste di Corozim. Voi ci entrerete andando in quelle poche case che ci sono amiche e specialmente nella casa della vedova. E direte al piccolo Giuseppe che lo voglio salutare all’alba. Me lo condurrete sulla via che sale verso Giscala…».

«Ma Tu non vieni in Corozim?».

«No. Vado a pregare sul monte».

«Sei sfinito. Sei pallido. Perché ti trascuri? E perché non vieni con noi? Perché non entri in città?». Lo subissano di domande. Il loro affetto è talora pesante.

Ma Gesù è paziente… e pazientemente risponde: «Voi lo sapete! Per Me l’orazione è riposo. Fatica è stare fra la gente quando non vi sto per guarire o per evangelizzare. Andrò dunque sul monte. Là dove altre volte sono andato. Voi sapete il luogo».

«Sul sentiero che va da Gioacchino?».

«Sì. Sapete dove trovarmi. All’alba vi verrò incontro…».

«E… andremo verso Giscala?».

«È la via giusta per andare verso i confini siro-fenici. Ho detto ad Afec che vi sarei andato. Vi andrò».

«È perché… Non ricordi l’altra volta?».

«Non temere, Simone. Hanno cambiato modi. Al momento mi onorano…».

«Oh! Ti amano allora?».

«No. Mi odiano più di prima. Ma, non potendo abbattermi con le loro forze, cercano di farlo coi loro inganni. Tentano sedurre l’Uomo… E per sedurre si usano gli onori, anche se falsi.

Anzi…

467.9

Venite tutti qui vicino», dice poi agli altri, che procedevano in gruppo vedendo che Gesù parlava con Pietro in privato.

Si riuniscono. Gesù dice: «Dicevo a Simone — e lo dico a tutti, perché non ho segreti per i miei amici — dicevo a Simone che coloro che mi sono nemici hanno mutato maniera per nuocermi, ma non hanno mutato il loro pensiero verso di Me. Perciò, come prima usavano l’insulto e la minaccia, ora usano gli onori. Per Me, e certo anche per voi. Siate forti e sapienti. Non vi lasciate ingannare dalle parole bugiarde, non dai doni, e non dalle seduzioni. Ricordate ciò che dice[3] il Deuteronomio: “I donativi accecano gli occhi dei savi ed alterano le parole dei giusti”. Ricordate Sansone. Era nazareo di Dio sino dalla nascita, sin dal seno della madre, che lo concepì e formò in astinenza per ordine dell’angelo, onde fosse un giusto giudice di Israele. Ma tanto bene dove finì? E come? E per chi? E non altre volte, con onori e monete, e con donne prezzolate, fu abbattuta la virtù per fare il giuoco dei nemici? Ora voi siate accorti e vigilate per non essere presi d’inganno e servire i nemici anche inconsciamente. Sappiate tenervi liberi come gli uccelli, che preferiscono il cibo parco e la frasca per il riposo alle dorate gabbie, dove il cibo è molto, e comodo è il giaciglio, ma dove sono prigionieri del capriccio degli uomini. Pensate che voi siete i miei apostoli, servi perciò solo a Dio, così come Io sono servo solo alla volontà del Padre. Cercheranno di sedurvi, forse lo hanno già fatto, prendendovi ognuno per il punto più debole, perché i servi del Male sono astuti essendo istruiti dal Maligno. Non credete alle loro parole. Non sono sincere. Se lo fossero, Io vi direi per il primo: “Salutiamo costoro come nostri buoni fratelli”. Invece bisogna diffidare delle loro azioni e pregare per loro, perché buoni diventino. Io lo faccio. Prego per voi, che non siate tratti in inganno dalla nuova guerra, e per essi. Perché cessino di ordire inganni al Figlio dell’uomo e offese a Dio suo Padre. E voi imitatemi. Pregate molto lo Spirito Santo. Egli vi dia luci per vedere. E siate puri se volete averlo amico. Io, prima di lasciarvi, vi voglio fortificare. Vi assolvo se avete fin qui peccato. Di tutto vi assolvo. Siate buoni in avvenire. Buoni, sapienti, casti, umili e fedeli. La grazia della mia assoluzione vi fortifichi…

467.10

Perché piangi, Andrea? E tu perché ti turbi, fratello mio?».

«Perché questo mi sembra un addio…», dice Andrea.

«E credi che con così poche parole vi saluterei? Non è che un consiglio per questi tempi. Vedo che siete tutti turbati. Ciò non vi deve accadere. Il turbamento turba la pace. La pace deve essere sempre in voi. Voi siete a servizio della Pace, ed Essa vi ama tanto che vi ha eletti come primi suoi servi. Vi ama. Dovete perciò pensare che vi aiuterà sempre, anche quando sarete rimasti soli. La Pace è Dio. Se voi sarete fedeli a Dio, Egli sarà in voi. E con Lui in voi, di che avete a temere? E chi potrà separarvi da Dio se voi non vi mettete in condizioni di perderlo? Solo il peccato separa da Dio. Ma il resto: tentazioni, persecuzioni, morte, neppur la morte, separano da Dio. Ma anzi a Lui più uniscono, perché ogni tentazione vinta alza di un gradino verso il Cielo, perché le persecuzioni vi ottengono un raddoppiato amore protettivo di Dio, e la morte del santo o del martire non è che fusione con il Signore Iddio. In verità vi dico[4] che, meno i figli della perdizione, nessuno dei miei grandi discepoli morrà più prima che Io abbia aperto le porte dei Cieli. Perciò nessuno dei miei discepoli fedeli dovrà attendere l’abbraccio di Dio dopo esser trapassato da questo esilio caliginoso alle luci dell’altra vita. Non vi direi questo se non fosse vero. Voi vedete. Anche oggi avete visto uno che, dopo un traviamento, è tornato nelle vie della giustizia. Non bisognerebbe peccare. Ma Dio è misericordioso e perdona a chi si pente. E chi si pente può superare anche chi non ha peccato, se il suo pentimento è assoluto ed è eroica la sua virtù susseguente al pentimento. Sarà così dolce trovarci lassù! Vedervi salire a Me, e corrervi Io incontro ad abbracciarvi, portandovi dal Padre mio dicendo: “Ecco un mio diletto. Egli mi ha sempre amato e perciò ti ha sempre amato da quando Io gli ho detto di Te. Ora è venuto. Benedicilo, Padre mio, e la tua benedizione sia la sua corona splendente”. Amici miei… Amici qui e amici in Cielo. Non vi pare che ogni sacrificio sia leggero per ottenere questa eterna gioia?

467.11

Siete rasserenati, ormai. Dividiamoci qui. Io salgo lassù e voi siate buoni… Diamoci un bacio…». E li bacia uno per uno.

Giuda piange nel baciarlo. Ha atteso di essere l’ultimo, lui che cerca sempre di essere il primo, e sta avviticchiato a Gesù, baciandolo più volte e sussurrandogli fra i capelli, presso l’orecchio: «Prega, prega, prega per me…».

Si separano, andando Gesù verso il colle e gli altri proseguendo verso Corozim, che già biancheggia fra il verde degli alberi.

467.12

Dice Gesù: «Qui metterete la visione del 23 settembre 1944: Non ho riposo migliore che dire: “Ho salvato uno che periva”, e il dettato che segue».


Notes

  1. mesures : il s’agit d’une mesure de capacité pour les liquides, (mentionnée par exemple en 1 R 7, 26.38), qui pouvait correspondre à 36,44 litres. Une autre mesure est le log, rencontré en 382.6.
  2. favorisé, en 110.5/6 ; puni, en 298.2/6 et en 338.1 ; de cela se rapporte au pardon.
  3. dit : en Dt 16, 19.
  4. je vous dis, comme déjà en 346.10.

Note

  1. bati sta per bat, misura di capacità per i liquidi (menzionata, ad esempio, in 1 Re 7, 26.38) che poteva corrispondere a 36,44 litri. Altra misura è log, vista in 382.6.
  2. beneficato, in 110.5/6; punito, in 298.2/6 e 338.1; da questo, cioè dal perdono.
  3. dice, in: Deuteronomio 16, 19.
  4. vi dico, come già in 346.10.