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Je ne vois pas la ville d’Hesbon. Jésus et ses disciples en sortent déjà et, à voir les visages des apôtres, je comprends que ce fut une déception. Ils sont suivis, ou plutôt poursuivis, à la distance de quelques mètres par une foule vociférante et menaçante…
« Ces lieux qui entourent la mer Salée sont maudits comme la mer elle-même, dit Pierre.
– Quel endroit ! Rien n’a changé depuis l’époque de Moïse, et tu es trop bon de ne pas le punir comme il le fut alors[1]. Mais il le mériterait bien, et il faudrait en venir à bout par les puissances du Ciel ou par celles de la Terre. Tous, jusqu’au dernier homme et la dernière localité, lance Nathanaël, visiblement irrité.
Une lueur de mépris passe dans ses yeux profonds. La race hébraïque ressort fortement chez cet apôtre maigre et âgé, et ce sentiment de dédain le fait ressembler fortement aux nombreux rabbis et pharisiens qui s’opposent toujours à Jésus.
Jésus se retourne et lève la main pour dire :
« Paix ! Paix ! Ils seront eux aussi attirés à la Vérité. Mais il nous faut faire preuve de paix et de compassion. Nous ne sommes jamais venus ici, ils ne nous connaissent pas. D’autres endroits furent ainsi la première fois, mais ils ont changés par la suite.
– Ces lieux sont comme Massada[2] : des repaires de vendus ! Retournons au Jourdain » insiste Pierre.
Mais Jésus poursuit sa marche sur la route milliaire qu’il vient de reprendre, en direction du sud. Les habitants les plus enflammés contre lui ne cessent de le talonner, en attirant l’attention des voyageurs.