Gli Scritti di Maria Valtorta

504. Marziam préparé à la séparation.

504. Marziam preparato al distacco. Ritorno

504.1

« Levez-vous, et partons. Retournons au fleuve et cherchons une barque. Toi, Pierre, vas-y avec Jacques. Il faut qu’elle nous emmène aux alentours de Bethabara. Nous resterons un jour chez Salomon, puis…

– Mais… on n’allait pas à Nazareth ?

– Non. J’ai pris cette décision pendant la nuit. Je suis désolé pour vous, mais je dois revenir en arrière.

– Je suis content ! » s’écrie Marziam. « Je vais pouvoir rester encore avec toi !

– Oui, bien que, mon pauvre enfant, tu vives à mes côtés de bien tristes jours !

– C’est justement pour ça que j’aime rester en ta compagnie : pour te donner de l’amour. Je ne veux que cela. Je ne demande rien de plus. »

Jésus lui dépose un baiser sur le front.

« Et nous repassons par Bethabara ? demande Matthieu.

– Non. Nous traversons le fleuve dans la barque de quelque pêcheur. »

504.2

Pierre revient avec Jacques :

« Pas de barque avant ce soir, Maître… Et… dois-je le dire ?

– Oui.

– Des hommes sont passés par ici… Ils doivent avoir payé grassement ou fait de fortes menaces… Je ne crois pas que ce soir non plus tu trouves une barque… Ils sont impitoyables… »

Pierre soupire.

« Peu importe. Mettons-nous en route… et le Seigneur nous aidera. »

La saison est mauvaise, tout n’est que pluie et gadoue. La route est boueuse près de la berge, à la pluie s’ajoute la rosée de la nuit, abondante tout au long du fleuve. Malgré tout, ils avancent sur l’étroite levée de terre qui borde la route, moins bourbeuse et moins exposée aux gouttes de la pluie, fine mais continue, grâce à une rangée de peupliers qui les abritent quelque peu… quand un coup de vent ne précipite pas d’un coup toutes les gouttes d’eau retenues par les branches.

« C’est un temps de saison ! observe philosophiquement Thomas en relevant son vêtement.

– Hé oui ! approuve Barthélemy en soupirant.

– Nous nous sécherons quelque part. Ils ne seront pas tous… excités contre nous, dit Pierre.

– Nous pourrons toujours trouver une barque… Mais ce n’est pas sûr ! ajoute Jacques, fils d’Alphée.

– Si nous avions de l’argent, nous trouverions tout. Mais il n’a pas voulu que j’aille vendre à Jéricho ! lance Judas.

– Tais-toi, je t’en prie. Le Maître est si affligé ! Tais-toi ! supplie Jean.

– Je me tais. Mieux, je ne peux que me réjouir de son ordre. Ainsi, on ne pourra pas dire que c’est moi qui ai envoyé ces sadducéens des alentours de Jéricho. »

Il regarde Pierre, mais Pierre, plongé dans ses pensées, ne voit rien et ne répond pas.

Inlassablement, ils marchent sous une bruine fine comme le brouillard dans la journée grisâtre. De temps en temps, ils échangent quelques mots, mais ils donnent surtout l’impression de se parler à eux-mêmes : leurs paroles semblent conclure un dialogue avec quelque interlocuteur invisible.

« Nous devrons bien finir par nous arrêter quelque part.

– C’est partout la même chose, car eux, ils viennent partout.

– Persécution pour persécution, il vaut mieux s’arrêter dans une ville. Au moins, nous n’y serons pas trempés.

– Mais à quoi veulent-ils donc en venir ?

– Pauvre Marie ! Si elle savait !

– Dieu très-haut, protège tes serviteurs ! »… et ainsi de suite…

Puis ils se rassemblent et discutent à voix basse.

Jésus est en avant, seul… Seul ! Jusqu’au moment où Marziam et Simon le Zélote le rejoignent.

« Les autres sont descendus sur la grève pour voir s’il y a une barque… On ferait plus vite. Tu nous permets de venir avec toi ?

– Venez. De quoi parliez-vous à l’instant ?

– De ta souffrance.

– Et de la haine des hommes. Que pouvons-nous faire pour te soulager et pour juguler la haine ? demande Simon le Zélote.

– Pour alléger ma douleur, il y a votre amour… Quant à la haine… nous ne pouvons que la supporter… Elle cesse avec la vie de la terre… et cette pensée donne de la patience et du courage

pour nous y aider.

504.3

Margziam, mon enfant ! Pourquoi es-tu troublé ?

– Parce que cela me rappelle Doras…

– Tu as raison. Il est temps que je te renvoie à la maison…

– Non ! Jésus ! Non ! Pourquoi veux-tu me punir d’un mal que je n’ai pas fait ?

– Mon intention n’est pas de te punir, mais de te préserver… Je ne veux pas que tu te rappelles Doras. Qu’est-ce que ce souvenir suscite en toi intérieurement ? Réponds… »

Marziam pleure, la tête penchée, puis il la relève et dit :

« Tu as raison. Mon esprit n’est pas encore capable de voir et de pardonner. Mais pourquoi m’éloignes-tu ? Si tu souffres, je dois à plus forte raison rester à tes côtés. Et pourtant c’est toi qui m’as toujours consolé ! Je ne suis plus cet enfant naïf qui te disait l’an dernier : “ Ne me fais pas voir ta douleur. ” Je suis vraiment un homme, maintenant. Permets-moi de rester, Seigneur ! Ah ! dis-le-lui, toi, Simon !

– Le Maître sait ce qui est bon pour nous. Et peut-être… peut-être veut-il te confier quelque charge… Je ne sais pas… Je dis ma pensée…

– Tu as raison. Je l’aurais bien gardé, et avec joie, jusqu’aux encénies. Mais… ma Mère est seule là-bas. La rumeur de la haine est si forte ! Elle pourrait craindre plus qu’il ne faut. Ma Mère est seule, et elle pleure certainement. Tu iras chez elle lui dire que je la salue et que je l’attends désormais, après les encénies. Et tu ne lui révéleras rien d’autre, Marziam.

– Mais si elle m’interroge ?

– Oh ! tu peux ne pas mentir en racontant… que la vie de son Jésus est comme ce ciel d’Etanim : nuages et pluie, parfois la bourrasque, mais il ne manque pas de jours de soleil. Comme hier, comme peut-être demain. Se taire n’est pas mentir. Tu lui raconteras les miracles que tu as vus. Tu lui apprendras qu’Elise est avec moi, qu’Ananias m’a accueilli comme un père, qu’à Nobé je suis

dans la maison d’un bon juif. Garde le silence sur le reste.

504.4

Ensuite, tu iras chez Porphyrée et tu y resteras jusqu’à ce que je t’appelle. »

Marziam redouble de larmes.

« Pourquoi pleures-tu ainsi ? N’es-tu pas content d’aller chez Marie ? Hier, tu l’étais… dit Simon.

– Hier, oui, car tous y allaient. Je pleure aussi parce que je redoute de ne plus te voir… Oh ! Seigneur ! Seigneur ! Jamais plus il n’y aura de moments heureux comme l’étaient ces derniers jours!

– Nous nous reverrons, Marziam. Je te le promets.

– Quand ? Pas avant la Pâque. C’est long ! »

Jésus se tait.

« Vraiment, tu ne veux pas de moi avant la Pâque ? »

Jésus passe un bras autour de ses épaules encore chétives et l’attire à lui.

« Pourquoi vouloir connaître l’avenir ? Nous existons aujourd’hui. Demain, nous n’existons plus. Même le plus riche et le plus puissant des hommes ne peut ajouter un jour à sa vie. Elle est, comme tout l’avenir, dans les mains de Dieu…

– Mais pour Pâque je dois venir au Temple. Je suis juif. Tu ne peux pas me faire pécher !

– Tu ne pécheras pas, et le premier péché que tu dois me promettre de ne jamais faire, c’est la désobéissance. Tu obéiras, toujours. A moi maintenant, à celui qui te parlera en mon nom, ensuite. Me le promets-tu ? Souviens-toi que moi, ton Maître et ton Dieu, j’ai obéi à mon Père et que je le ferai jusqu’à la… fin de mes journées. »

Jésus s’exprime de façon solennelle. Marziam, comme fasciné, dit :

« J’obéirai. Je le jure devant toi et le Dieu éternel. »

Un silence. Puis Simon le Zélote demande :

« Est-ce qu’il part seul ?

– Non, bien sûr : avec des disciples. Nous en trouverons d’autres en plus d’Isaac.

– Tu envoies aussi Isaac en Galilée ?

– Oui, il reviendra avec ma Mère. »

504.5

On les hèle du fleuve. Les trois hommes traversent la route et se dirigent vers l’eau.

« Regarde, Maître, nous avons trouvé et ils ne demandent rien. Ce sont des parents d’un miraculé. Mais ils portent du sable à ce village. Il faut aller jusque-là à pied, puis ils nous prendront. »

– Que Dieu les en récompense. Nous serons ce soir chez Ananias. »

Pierre, tout content, remonte vers la route et voit le visage troublé de Marziam.

« Qu’est-ce que tu as ? Qu’a-t-il fait ?

– Rien de mal, Simon. Je lui ai dit que, arrivé au premier endroit où je trouverai des disciples, je le renverrai à la maison ; cela l’attriste.

– A la maison… Oui !… Mais c’est juste… La saison… »

Pierre réfléchit. Puis il regarde Jésus et le tire par la manche pour qu’il se baisse jusqu’à sa bouche. Pierre lui parle à l’oreille :

« Maître, mais pourquoi l’envoies-tu sans attendre…

– A cause de la saison, tu l’as dit.

– Et puis ?

– Simon, je ne veux pas te mentir : l’autre motif est qu’il vaut mieux que Marziam ne s’empoisonne pas le cœur…

– Tu as raison, Maître. S’empoisonner le cœur… Voilà ! C’est exactement ce qui finit par arriver. »

Il hausse la voix :

« Le Maître a vraiment raison. Tu iras là-bas et… nous nous verrons à la Pâque. Enfin… ça viendra vite… Une fois Casleu passé… Ah ! dans peu de temps, ce sera le beau mois de Nisan. Oui, certainement ! Il a raison… »

La voix de Pierre se fait moins assurée. Il répète lentement et avec tristesse :

« Il a raison… » et en se parlant à lui-même : « Que sera-t-il arrivé d’ici Nisan ? »

Il se frappe le front de la main, l’air désolé.

504.6

Ils avancent par un temps humide. Il cesse de pleuvoir jusqu’au moment où, avec de la boue jusqu’aux genoux, ils montent dans cinq petites barques mouillées et sableuses qui redescendent en suivant le courant. Alors la pluie reprend et, en frappant l’eau calme du fleuve qui reflète les nuages grisâtres, elle y dessine des cercles qui se font et se défont continuellement en un jeu de facettes nacrées.

Le paysage ressemble à un désert. Sur les berges, dans les minuscules bourgades, on ne voit pas âme qui vive. La pluie ferme les habitations et vide les routes. Aussi, quand au début du crépuscule ils débarquent à l’endroit où se trouve le petit village de Salomon, ils trouvent la rue silencieuse et déserte et arrivent à la maison sans être vus de personne.

Ils frappent, ils appellent : rien. On n’entend que le roucoulement des colombes, le bêlement des brebis et le bruit de la pluie.

« Il n’y a personne. Que faisons-nous ?

– Allez aux maisons du village. D’abord à celle du petit Mickaël » ordonne Jésus.

Et pendant que les apôtres les plus jeunes s’y rendent rapidement, Jésus reste près de la maison avec les plus âgés ; ils observent et commentent :

« Tout est fermé… La grille elle-même est bien attachée, barricadée. Regarde ! Il y a jusqu’à un gros clou et les fenêtres sont closes comme pour la nuit. Quelle tristesse ! Et cette plainte des brebis et des colombes ? Il est peut-être malade ? Qu’en penses-tu, Maître ? »

Jésus secoue la tête. Il est las et triste…

504.7

Les apôtres reviennent en courant. André arrive le premier et, alors qu’il se trouve encore à quelques mètres, il crie :

« Il est mort… Ananias est mort… On ne peut entrer dans la maison : elle n’est pas encore purifiée… Depuis quelques heures, il est au tombeau. Si nous avions pu venir hier… La femme, la mère de Mickaël, va venir.

– Mais qu’est-ce qui nous poursuit ? ! éclate Barthélemy.

– Pauvre vieux ! Il était si heureux ! Il se trouvait si bien ! Mais comment ? Quand est-il tombé malade ? »

Ils parlent tous à la fois.

La femme survient et, en se tenant à distance de tout le monde, elle dit :

« Seigneur, la paix soit avec toi. Ma maison t’est ouverte. Mais… je ne sais pas si… J’ai préparé le mort. C’est pour cela que je reste loin. Je peux pourtant t’indiquer ceux qui vous accueilleront.

– Oui, femme. Que Dieu te récompense, et avec toi ceux qui font preuve de pitié envers les voyageurs. Mais comment l’homme est-il mort ?

– Je l’ignore. Il n’a pas été malade. Avant-hier, il allait bien. Oui, vraiment il allait bien. Mickaël était venu le matin même prendre les deux brebis et les mettre avec les nôtres. C’était convenu ainsi. Et à sexte, je lui avais apporté des vêtements que je lui avais lavés. Il était à table et il mangeait, en très bonne santé. Le soir encore, Mickaël avait ramené les brebis et lui avait puisé deux brocs d’eau, et il lui avait donné deux fouaces qu’il s’était faites. Hier matin, mon fils est venu pour les brebis. Tout était fermé comme maintenant, et personne n’a répondu aux cris de l’enfant. Il a poussé la grille, mais sans arriver à l’ouvrir. Elle était bien fermée. Alors Mickaël a eu très peur et il s’est hâté de venir me trouver. Mon mari et moi, nous sommes accourus avec d’autres. Nous avons ouvert la grille, frappé à la cuisine… puis nous avons forcé la porte… Il était encore assis près du foyer, la tête penchée sur la table, la lampe encore toute proche, mais éteinte comme lui, un coutelas à ses pieds, une écuelle en bois à moitié incisée… La mort l’a pris ainsi… Il souriait… Il était en paix… Ah ! quel visage de juste il avait ! Il paraissait même plus beau… Moi… Il y a peu de temps que je m’occupais de lui, mais je m’étais attachée… et je pleure…

– Il est en paix. Tu l’as dit toi-même. Ne pleure pas ! Où l’avez-vous mis ?

– Nous savions que tu l’aimais beaucoup, par conséquent nous l’avons mis dans le tombeau que Lévi s’est construit depuis peu. Le seul, car Lévi est riche. Nous, nous ne le sommes pas. C’est là, au fond, de l’autre côté de la route. Maintenant, si tu veux, nous allons tout purifier et…

– Oui. Tu prendras les brebis et les colombes. Le reste, conserve-le pour mes disciples et moi, pour que je puisse y séjourner quelquefois. Que Dieu te bénisse, femme.

504.8

Allons au tombeau.

– Tu veux le ressusciter ? s’étonne Thomas.

– Non. Pour lui, ce ne serait pas une joie. Là où il est, il est plus heureux. Il le désirait, d’ailleurs… »

Mais Jésus est vraiment accablé. Il semble que tout concoure à augmenter sa tristesse. Au seuil des habitations, des femmes regardent et saluent en commentant.

Ils sont vite arrivés au tombeau, un petit cube récemment construit. Jésus prie tout près de lui. Puis il se retourne, les yeux humides, et dit :

« Allons… dans les maisons du village. Dans notre maisonnette, il n’y a plus personne qui nous attende pour nous bénir… Mon Père ! La solitude enveloppe ton Fils, le vide se fait de plus en plus vaste et plus ténébreux. Ceux qui m’aiment s’en vont, et il reste ceux qui me haïssent… Mon Père ! Que ta volonté soit toujours faite et bénie !… »

Ils retournent vers le village, et deux ici, trois là, ils entrent dans les maisons de ceux qui n’ont pas touché le mort pour y trouver un abri et se restaurer.

504.1

«Alzatevi e partiamo. Andiamo di nuovo al fiume e cerchiamo una barca. Va’ tu, Pietro, con Giacomo. Che ci porti sin presso Betabara. Sosteremo un giorno da Salomon e poi…».

«Ma non si andava a Nazaret?».

«No. Nella notte ho deciso. Mi spiace per voi. Ma devo tornare indietro».

«Io sono felice!», esclama Marziam. «Starò ancora con Te!».

«Sì, per quanto, povero fanciullo, tu vedi ben tristi giorni al mio fianco!».

«È bene perciò che amo restare con Te. Per darti amore. Questo solo io voglio. Non chiedo di più».

Gesù lo bacia sulla fronte.

«E ripassiamo da Betabara?», chiede Matteo.

«No. Traversiamo il fiume con la barca di qualche pescatore».

504.2

Torna Pietro con Giacomo. «Nessuna barca, Maestro, sino a sera… E… lo devo dire?».

«Dillo».

«E sono passati di qui alcuni… Devono avere pagato bene o minacciato forte… Non credo che a sera troverai barca ugualmente… Sono spietati…». Pietro sospira.

«Non importa. Mettiamoci in cammino… e il Signore ci aiuterà».

La stagione è brutta, piove, c’è fango. La strada è motosa lungo l’argine, la pioggia si aumenta della rugiada della notte, abbondante lungo il fiume. Ma vanno lo stesso sullo stretto rialzo che costeggia la via, meno motoso e meno soggetto allo stillicidio della pioggiolina minuta ma continua, per un filare di pioppi che riparano alquanto, quando però un soffio di vento non fa precipitare di colpo tutte le gocce d’acqua trattenute fra i rami.

«Eh! ormai è il suo tempo!», dice filosoficamente Tommaso rialzandosi la veste.

«È il suo tempo!», conferma Bartolomeo e sospira.

«Ci asciugheremo in qualche luogo. Non saranno tutti… eccitati contro di noi», dice Pietro.

«Potremo sempre trovare una barca… Non è detto!», aggiunge Giacomo d’Alfeo.

«Se avessimo molto denaro si troverebbe tutto. Ma non ha voluto che andassi a vendere a Gerico!», dice Giuda di Keriot.

«Taci! Te ne prego. Il Maestro è tanto afflitto! Taci!», supplica Giovanni.

«Taccio. Anzi non faccio che rallegrarmi del suo ordine. Così non si può dire che quei sadducei di presso a Gerico li ho mandati io», e guarda Pietro. Ma Pietro è assorto e non vede né risponde.

Vanno, vanno sotto la pioggiolina fina come nebbia, nella giornata grigiastra. Ogni tanto parlano fra loro. Ma sembra parlino con se stessi, tanto le parole sembrano conclusioni ad un dialogo con un invisibile interlocutore.

«Dovremo finire a fermarci in qualche luogo».

«Tutti i luoghi sono uguali, perché in tutti vengono loro».

«Persecuzione per persecuzione, meglio è stare in città. Almeno non ci si bagna».

«Ma a cosa vogliono arrivare?».

«Povera Maria! Se sapesse!».

«Dio altissimo, proteggi i tuoi servi!», e così via… Poi si uniscono e discutono sottovoce.

Gesù è davanti, solo… Solo! Finché lo raggiunge Marziam con lo Zelote.

«Gli altri sono scesi sul greto. Per vedere se c’è barca… Si farebbe più presto. Ci vuoi con Te?».

«Venite. Di che parlavate prima?».

«Del tuo soffrire».

«E dell’odio degli uomini. Cosa possiamo fare per sollevarti e per frenare l’odio?», chiede lo Zelote.

«Per il mio dolore c’è il vostro amore… Per l’odio… non c’è che sopportarlo… È una cosa che cessa con la vita della Terra… e questo pensiero dà pazienza e fortezza nel sopportarlo.

504.3

Marziam! Fanciullo! Perché sei turbato?».

«Perché questo mi ricorda Doras…».

«Hai ragione. È tempo che Io ti rimandi a casa…».

«No! Gesù! No! Perché mi vuoi punire di un male che non ho fatto?».

«Non punire. Ma preservare… Io non voglio che tu ricordi Doras. Cosa si alza in te dietro a questo ricordo? Rispondi…».

Marziam piange a capo chino, poi alza il viso e dice: «Hai ragione. Lo spirito mio non è capace di vedere e perdonare, non è ancora capace. Ma perché mi allontani? Se Tu soffri, io con più ragione ti devo stare vicino. Mi hai pur consolato, Tu, sempre! Non sono più il fanciullo stolto che lo scorso anno ti diceva: “Non farmi vedere il tuo dolore”. Sono un vero uomo, ora. Lascia che io resti! Signore! Oh! diglielo tu, Simone!».

«Il Maestro sa ciò che è bene per noi. E forse… Egli ti vuole dare qualche incarico… Non so… Dico il mio pensiero…».

«Hai detto bene. Lo avrei tenuto, e con tanta gioia, fin oltre le Encenie. Ma… Mia Madre è sola lassù. Il rumore dell’odio è forte tanto. Potrebbe temere più del bisogno. È sola mia Madre. E certo piange. Tu andrai da Lei a dirle che Io la saluto e che l’attendo ormai. Per dopo le Encenie. E non dirai altro, Marziam».

«Ma se mi interroga?».

«Oh! puoi non mentire dicendo… che la vita del suo Gesù è come questo cielo di etamin. Nuvole e pioggia, talora bufera. Ma non mancano i giorni di sole. Come ieri, come forse domani. Tacere non è mentire. Le dirai i miracoli che hai visto. Le dirai che Elisa è con Me. Che Anania mi ha accolto come un padre. Che a Nobe sono in casa di un buon israelita. Il resto… Sul resto stia il silenzio.

504.4

E poi andrai da Porfirea. E vi starai finché Io non ti chiamo».

Marziam piange più forte.

«Perché piangi così? Non sei contento di andare da Maria? Ieri lo eri…», dice Simone.

«Ieri sì. Perché andavamo tutti. E poi piango perché ho paura di non vederti più… Oh! Signore! Signore! Mai più sarà per me felice il giorno come lo fu in questi giorni!».

«Ci vedremo ancora, Marziam. Te lo prometto».

«Quando? Non prima di Pasqua. È lungo!». Gesù tace. «Veramente non mi vuoi prima di Pasqua?».

Gesù gli passa un braccio intorno alle spalle ancora esili e se lo attira a Sé. «Perché vuoi sapere il futuro? Oggi siamo. Domani non siamo più. L’uomo, anche il più ricco e potente, non può aggiungere un giorno alla sua vita. Essa, e tutto il futuro, è nelle mani di Dio…».

«Ma per Pasqua io devo venire al Tempio. Sono israelita. Tu non puoi farmi peccare!».

«Tu non peccherai. E il primo peccato che mi devi promettere di non fare mai è quello della disubbidienza. Tu ubbidirai. Sempre. A Me ora, a chi ti parlerà in mio Nome poi. Lo prometti? Ricordati che Io, tuo Maestro e Dio, ho ubbidito al Padre mio e ubbidirò sino alla… fine del mio giorno». Gesù è solenne nel dire queste ultime parole.

Marziam, quasi affascinato, dice: «Ubbidirò. Lo giuro. Davanti a Te e a Dio eterno».

Un silenzio. Poi lo Zelote chiede: «Va in su da solo?».

«No certamente. Con dei discepoli. Ne troveremo altri oltre Isacco».

«Mandi in Galilea anche Isacco?».

«Sì. Tornerà indietro con mia Madre».

504.5

Chiamano dal fiume. I tre si spostano, traversano la via, vanno verso l’acqua.

«Guarda, Maestro. Abbiamo trovato. E non vogliono nulla. Son parenti di un miracolato. Ma portano rena a quel paese. Bisogna andare fin là a piedi, poi ci prendono».

«Dio li compensi. Saremo a sera da Anania».

Pietro, contento, risale verso la via e vede il viso turbato di Marziam. «Che hai? Che ha fatto?».

«Nulla di male, Simone. Gli ho detto che, giunto al primo luogo dove troverò discepoli, lo rimanderò a casa. Ed egli se ne rattrista».

«A casa… Già!… Ma è giusto… La stagione…». Pietro riflette. Poi guarda Gesù e lo tira per la manica, facendolo abbassare sino alla sua bocca. Gli parla all’orecchio: «Maestro, ma perché lo mandi senza attendere…».

«Per la stagione, lo hai detto».

«E poi?».

«Simone, non ti voglio mentire. E poi perché è bene che Marziam non si avveleni il cuore…».

«Hai ragione, Maestro. Avvelenarsi il cuore… Ecco! È proprio quello che finisce ad avvenire». Alza la voce: «Il Maestro ha proprio ragione. Tu andrai e… ci vedremo a Pasqua. Infine… viene presto… Passato casleu… Oh! in breve tempo è il bel nisam. Sì, certo! Ha ragione…». La voce di Pietro si fa meno sicura. Ripete lentamente e con mestizia: «Ha ragione…», e parlando a se stesso: «Che sarà accaduto da qui a nisam?». Si batte la mano sulla fronte con mossa desolata.

504.6

E vanno, vanno nell’umida giornata. Non piove più sino a che, fangosi sino alle ginocchia, non montano in cinque piccole barche umide e renose che scendono di nuovo seguendo la corrente. Allora la pioggia riprende e, battendo sull’acqua calma del fiume che riflette il cielo bigio di nuvole, vi disegna tanti cerchi che si fanno e si sfanno di continuo, con un giuoco di sfaccettii madreperlacei.

Sembra un paesaggio deserto. Sugli argini, nelle minuscole borgate fluviali, non si vede anima viva. La pioggia fa chiuse le case, deserte le vie. Cosicché, quando nel primo crepuscolo sbarcano là dove è il paesello di Salomon, trovano silenziosa e vuota la via, e giungono alla casa senza esser visti da nessuno.

Bussano. Chiamano. Niente. Solo il tubare dei colombi, e il belare delle pecorelle, e il rumore della pioggia. «Non c’è nessuno. Che facciamo?».

«Andate alle case del paese. A quella del piccolo Micael per prima», ordina Gesù.

E, mentre gli apostoli più giovani vanno via lesti, Gesù coi più anziani resta presso la casa e osservano e commentano.

«Tutto chiuso… Anche il cancello ben legato e assicurato. Guarda! C’è persino un grosso chiodo. E le finestre chiuse a notte. Che tristezza! E quel lagno di pecore e di colombi? Che sia malato? Che ne pensi, Maestro?».

Gesù crolla il capo. È stanco e triste…

504.7

Tornano di corsa gli apostoli. Andrea è il primo a venire e grida, mentre ancora è lontano qualche metro: «È morto… Anania è morto… Non si può entrare nella casa perché ancora non è purificata… Da poche ore è nel sepolcro. Se potevamo venire ieri… Ora viene la donna, la madre di Micael».

«Ma cosa ci perseguita?!», prorompe Bartolomeo.

«Povero vecchio! Era così felice! Stava così bene! Ma come? Quando si è ammalato?». Parlano tutti insieme.

Sopraggiunge la donna e, stando a distanza da tutti, dice: «Signore, la pace sia con Te. La mia casa ti è aperta. Ma… io non so se… Ho preparato il morto. Per questo ti sto lontana. Però ti posso indicare le case che ti accoglieranno».

«Sì, donna. Dio ti compensi, e con te chi usa pietà ai viandanti. Ma come morì l’uomo?».

«Oh! non so. Non fu malato. Ieri l’altro stava bene. Sì, certo. Stava bene. Micael era venuto al mattino a prendere le due pecore per unirle alle nostre. Era stabilito. E io gli avevo portato a sesta delle vesti che gli avevo lavate. Era a tavola e mangiava, tutt’affatto sano. A sera ancora Micael aveva riportato le pecore e gli aveva preso due brocche d’acqua, e lui gli aveva regalato due focaccine che si era fatto. Ieri mattina mio figlio venne per le pecore. Era tutto chiuso come ora e nessuno rispose ai gridi del fanciullo. Egli spinse il cancello, ma non riuscì ad aprirlo. Era proprio chiuso. Allora si spaventò Micael e corse da me. Io e lo sposo corremmo e con noi altri. Abbiamo aperto il cancello, abbiamo bussato alla cucina… abbiamo forzato la porta… Era ancora seduto presso il focolare col capo reclinato sul tavolo, la lucerna ancora vicina, ma spenta come lui, un coltelluccio ai piedi, una scodella di legno mezza incisa… La morte lo ha preso così… Sorrideva… Era in pace… Oh! che viso da giusto gli era venuto! Pareva perfino più bello… Io… È poco che di lui mi curavo. Ma mi ci ero affezionata… e piango…».

«Egli è in pace. Tu stessa l’hai detto. Non piangere! Dove lo avete messo?».

«Sapevamo che lo amavi tanto e allora lo abbiamo messo nel sepolcro che Levi si è costruito da poco. L’unico, perché Levi è ricco. Noi non siamo ricchi. Là, in fondo, oltre la via. Ora, se Tu vuoi, purificheremo tutto e…».

«Sì. Prenderai le pecore e i colombi, e il resto conservatelo per Me e i miei. Che Io possa sostarvi qualche volta. Dio ti benedica, donna.

504.8

Andiamo al sepolcro».

«Lo vuoi risuscitare?», chiede stupito Tommaso.

«No. Per lui non sarebbe gioia. Là dove è, è più felice. Lo desiderava d’altronde…». Ma Gesù è molto accasciato. Sembra che tutto si unisca per aumentare la sua mestizia.

Sulle porte delle case, delle donne guardano e salutano commentando.

Presto è raggiunto il sepolcro: un piccolo cubo di fresco costruito. Gesù prega vicino ad esso. Poi si volge, con un umidore di pianto negli occhi, e dice: «Andiamo… Nelle case del paese. Nella nostra casetta non c’è più chi ci attende per benedirci… Padre mio! La solitudine fascia il Figlio tuo, il vuoto si fa sempre più vasto e più fosco. Coloro che mi amano se ne vanno, e restano coloro che mi odiano… Padre mio! La tua volontà sia sempre fatta e benedetta!…».

Ritornano verso il paese, e due qui, tre là, entrano nelle case di quelli che non hanno toccato il morto, per trovare ricovero e ristoro.