The Writings of Maria Valtorta

504. Marziam préparé à la séparation.

504. Marjiam is prepared for the parting. Return

504.1

« Levez-vous, et partons. Retournons au fleuve et cherchons une barque. Toi, Pierre, vas-y avec Jacques. Il faut qu’elle nous emmène aux alentours de Bethabara. Nous resterons un jour chez Salomon, puis…

– Mais… on n’allait pas à Nazareth ?

– Non. J’ai pris cette décision pendant la nuit. Je suis désolé pour vous, mais je dois revenir en arrière.

– Je suis content ! » s’écrie Marziam. « Je vais pouvoir rester encore avec toi !

– Oui, bien que, mon pauvre enfant, tu vives à mes côtés de bien tristes jours !

– C’est justement pour ça que j’aime rester en ta compagnie : pour te donner de l’amour. Je ne veux que cela. Je ne demande rien de plus. »

Jésus lui dépose un baiser sur le front.

« Et nous repassons par Bethabara ? demande Matthieu.

– Non. Nous traversons le fleuve dans la barque de quelque pêcheur. »

504.2

Pierre revient avec Jacques :

« Pas de barque avant ce soir, Maître… Et… dois-je le dire ?

– Oui.

– Des hommes sont passés par ici… Ils doivent avoir payé grassement ou fait de fortes menaces… Je ne crois pas que ce soir non plus tu trouves une barque… Ils sont impitoyables… »

Pierre soupire.

« Peu importe. Mettons-nous en route… et le Seigneur nous aidera. »

La saison est mauvaise, tout n’est que pluie et gadoue. La route est boueuse près de la berge, à la pluie s’ajoute la rosée de la nuit, abondante tout au long du fleuve. Malgré tout, ils avancent sur l’étroite levée de terre qui borde la route, moins bourbeuse et moins exposée aux gouttes de la pluie, fine mais continue, grâce à une rangée de peupliers qui les abritent quelque peu… quand un coup de vent ne précipite pas d’un coup toutes les gouttes d’eau retenues par les branches.

« C’est un temps de saison ! observe philosophiquement Thomas en relevant son vêtement.

– Hé oui ! approuve Barthélemy en soupirant.

– Nous nous sécherons quelque part. Ils ne seront pas tous… excités contre nous, dit Pierre.

– Nous pourrons toujours trouver une barque… Mais ce n’est pas sûr ! ajoute Jacques, fils d’Alphée.

– Si nous avions de l’argent, nous trouverions tout. Mais il n’a pas voulu que j’aille vendre à Jéricho ! lance Judas.

– Tais-toi, je t’en prie. Le Maître est si affligé ! Tais-toi ! supplie Jean.

– Je me tais. Mieux, je ne peux que me réjouir de son ordre. Ainsi, on ne pourra pas dire que c’est moi qui ai envoyé ces sadducéens des alentours de Jéricho. »

Il regarde Pierre, mais Pierre, plongé dans ses pensées, ne voit rien et ne répond pas.

Inlassablement, ils marchent sous une bruine fine comme le brouillard dans la journée grisâtre. De temps en temps, ils échangent quelques mots, mais ils donnent surtout l’impression de se parler à eux-mêmes : leurs paroles semblent conclure un dialogue avec quelque interlocuteur invisible.

« Nous devrons bien finir par nous arrêter quelque part.

– C’est partout la même chose, car eux, ils viennent partout.

– Persécution pour persécution, il vaut mieux s’arrêter dans une ville. Au moins, nous n’y serons pas trempés.

– Mais à quoi veulent-ils donc en venir ?

– Pauvre Marie ! Si elle savait !

– Dieu très-haut, protège tes serviteurs ! »… et ainsi de suite…

Puis ils se rassemblent et discutent à voix basse.

Jésus est en avant, seul… Seul ! Jusqu’au moment où Marziam et Simon le Zélote le rejoignent.

« Les autres sont descendus sur la grève pour voir s’il y a une barque… On ferait plus vite. Tu nous permets de venir avec toi ?

– Venez. De quoi parliez-vous à l’instant ?

– De ta souffrance.

– Et de la haine des hommes. Que pouvons-nous faire pour te soulager et pour juguler la haine ? demande Simon le Zélote.

– Pour alléger ma douleur, il y a votre amour… Quant à la haine… nous ne pouvons que la supporter… Elle cesse avec la vie de la terre… et cette pensée donne de la patience et du courage

pour nous y aider.

504.3

Margziam, mon enfant ! Pourquoi es-tu troublé ?

– Parce que cela me rappelle Doras…

– Tu as raison. Il est temps que je te renvoie à la maison…

– Non ! Jésus ! Non ! Pourquoi veux-tu me punir d’un mal que je n’ai pas fait ?

– Mon intention n’est pas de te punir, mais de te préserver… Je ne veux pas que tu te rappelles Doras. Qu’est-ce que ce souvenir suscite en toi intérieurement ? Réponds… »

Marziam pleure, la tête penchée, puis il la relève et dit :

« Tu as raison. Mon esprit n’est pas encore capable de voir et de pardonner. Mais pourquoi m’éloignes-tu ? Si tu souffres, je dois à plus forte raison rester à tes côtés. Et pourtant c’est toi qui m’as toujours consolé ! Je ne suis plus cet enfant naïf qui te disait l’an dernier : “ Ne me fais pas voir ta douleur. ” Je suis vraiment un homme, maintenant. Permets-moi de rester, Seigneur ! Ah ! dis-le-lui, toi, Simon !

– Le Maître sait ce qui est bon pour nous. Et peut-être… peut-être veut-il te confier quelque charge… Je ne sais pas… Je dis ma pensée…

– Tu as raison. Je l’aurais bien gardé, et avec joie, jusqu’aux encénies. Mais… ma Mère est seule là-bas. La rumeur de la haine est si forte ! Elle pourrait craindre plus qu’il ne faut. Ma Mère est seule, et elle pleure certainement. Tu iras chez elle lui dire que je la salue et que je l’attends désormais, après les encénies. Et tu ne lui révéleras rien d’autre, Marziam.

– Mais si elle m’interroge ?

– Oh ! tu peux ne pas mentir en racontant… que la vie de son Jésus est comme ce ciel d’Etanim : nuages et pluie, parfois la bourrasque, mais il ne manque pas de jours de soleil. Comme hier, comme peut-être demain. Se taire n’est pas mentir. Tu lui raconteras les miracles que tu as vus. Tu lui apprendras qu’Elise est avec moi, qu’Ananias m’a accueilli comme un père, qu’à Nobé je suis

dans la maison d’un bon juif. Garde le silence sur le reste.

504.4

Ensuite, tu iras chez Porphyrée et tu y resteras jusqu’à ce que je t’appelle. »

Marziam redouble de larmes.

« Pourquoi pleures-tu ainsi ? N’es-tu pas content d’aller chez Marie ? Hier, tu l’étais… dit Simon.

– Hier, oui, car tous y allaient. Je pleure aussi parce que je redoute de ne plus te voir… Oh ! Seigneur ! Seigneur ! Jamais plus il n’y aura de moments heureux comme l’étaient ces derniers jours!

– Nous nous reverrons, Marziam. Je te le promets.

– Quand ? Pas avant la Pâque. C’est long ! »

Jésus se tait.

« Vraiment, tu ne veux pas de moi avant la Pâque ? »

Jésus passe un bras autour de ses épaules encore chétives et l’attire à lui.

« Pourquoi vouloir connaître l’avenir ? Nous existons aujourd’hui. Demain, nous n’existons plus. Même le plus riche et le plus puissant des hommes ne peut ajouter un jour à sa vie. Elle est, comme tout l’avenir, dans les mains de Dieu…

– Mais pour Pâque je dois venir au Temple. Je suis juif. Tu ne peux pas me faire pécher !

– Tu ne pécheras pas, et le premier péché que tu dois me promettre de ne jamais faire, c’est la désobéissance. Tu obéiras, toujours. A moi maintenant, à celui qui te parlera en mon nom, ensuite. Me le promets-tu ? Souviens-toi que moi, ton Maître et ton Dieu, j’ai obéi à mon Père et que je le ferai jusqu’à la… fin de mes journées. »

Jésus s’exprime de façon solennelle. Marziam, comme fasciné, dit :

« J’obéirai. Je le jure devant toi et le Dieu éternel. »

Un silence. Puis Simon le Zélote demande :

« Est-ce qu’il part seul ?

– Non, bien sûr : avec des disciples. Nous en trouverons d’autres en plus d’Isaac.

– Tu envoies aussi Isaac en Galilée ?

– Oui, il reviendra avec ma Mère. »

504.5

On les hèle du fleuve. Les trois hommes traversent la route et se dirigent vers l’eau.

« Regarde, Maître, nous avons trouvé et ils ne demandent rien. Ce sont des parents d’un miraculé. Mais ils portent du sable à ce village. Il faut aller jusque-là à pied, puis ils nous prendront. »

– Que Dieu les en récompense. Nous serons ce soir chez Ananias. »

Pierre, tout content, remonte vers la route et voit le visage troublé de Marziam.

« Qu’est-ce que tu as ? Qu’a-t-il fait ?

– Rien de mal, Simon. Je lui ai dit que, arrivé au premier endroit où je trouverai des disciples, je le renverrai à la maison ; cela l’attriste.

– A la maison… Oui !… Mais c’est juste… La saison… »

Pierre réfléchit. Puis il regarde Jésus et le tire par la manche pour qu’il se baisse jusqu’à sa bouche. Pierre lui parle à l’oreille :

« Maître, mais pourquoi l’envoies-tu sans attendre…

– A cause de la saison, tu l’as dit.

– Et puis ?

– Simon, je ne veux pas te mentir : l’autre motif est qu’il vaut mieux que Marziam ne s’empoisonne pas le cœur…

– Tu as raison, Maître. S’empoisonner le cœur… Voilà ! C’est exactement ce qui finit par arriver. »

Il hausse la voix :

« Le Maître a vraiment raison. Tu iras là-bas et… nous nous verrons à la Pâque. Enfin… ça viendra vite… Une fois Casleu passé… Ah ! dans peu de temps, ce sera le beau mois de Nisan. Oui, certainement ! Il a raison… »

La voix de Pierre se fait moins assurée. Il répète lentement et avec tristesse :

« Il a raison… » et en se parlant à lui-même : « Que sera-t-il arrivé d’ici Nisan ? »

Il se frappe le front de la main, l’air désolé.

504.6

Ils avancent par un temps humide. Il cesse de pleuvoir jusqu’au moment où, avec de la boue jusqu’aux genoux, ils montent dans cinq petites barques mouillées et sableuses qui redescendent en suivant le courant. Alors la pluie reprend et, en frappant l’eau calme du fleuve qui reflète les nuages grisâtres, elle y dessine des cercles qui se font et se défont continuellement en un jeu de facettes nacrées.

Le paysage ressemble à un désert. Sur les berges, dans les minuscules bourgades, on ne voit pas âme qui vive. La pluie ferme les habitations et vide les routes. Aussi, quand au début du crépuscule ils débarquent à l’endroit où se trouve le petit village de Salomon, ils trouvent la rue silencieuse et déserte et arrivent à la maison sans être vus de personne.

Ils frappent, ils appellent : rien. On n’entend que le roucoulement des colombes, le bêlement des brebis et le bruit de la pluie.

« Il n’y a personne. Que faisons-nous ?

– Allez aux maisons du village. D’abord à celle du petit Mickaël » ordonne Jésus.

Et pendant que les apôtres les plus jeunes s’y rendent rapidement, Jésus reste près de la maison avec les plus âgés ; ils observent et commentent :

« Tout est fermé… La grille elle-même est bien attachée, barricadée. Regarde ! Il y a jusqu’à un gros clou et les fenêtres sont closes comme pour la nuit. Quelle tristesse ! Et cette plainte des brebis et des colombes ? Il est peut-être malade ? Qu’en penses-tu, Maître ? »

Jésus secoue la tête. Il est las et triste…

504.7

Les apôtres reviennent en courant. André arrive le premier et, alors qu’il se trouve encore à quelques mètres, il crie :

« Il est mort… Ananias est mort… On ne peut entrer dans la maison : elle n’est pas encore purifiée… Depuis quelques heures, il est au tombeau. Si nous avions pu venir hier… La femme, la mère de Mickaël, va venir.

– Mais qu’est-ce qui nous poursuit ? ! éclate Barthélemy.

– Pauvre vieux ! Il était si heureux ! Il se trouvait si bien ! Mais comment ? Quand est-il tombé malade ? »

Ils parlent tous à la fois.

La femme survient et, en se tenant à distance de tout le monde, elle dit :

« Seigneur, la paix soit avec toi. Ma maison t’est ouverte. Mais… je ne sais pas si… J’ai préparé le mort. C’est pour cela que je reste loin. Je peux pourtant t’indiquer ceux qui vous accueilleront.

– Oui, femme. Que Dieu te récompense, et avec toi ceux qui font preuve de pitié envers les voyageurs. Mais comment l’homme est-il mort ?

– Je l’ignore. Il n’a pas été malade. Avant-hier, il allait bien. Oui, vraiment il allait bien. Mickaël était venu le matin même prendre les deux brebis et les mettre avec les nôtres. C’était convenu ainsi. Et à sexte, je lui avais apporté des vêtements que je lui avais lavés. Il était à table et il mangeait, en très bonne santé. Le soir encore, Mickaël avait ramené les brebis et lui avait puisé deux brocs d’eau, et il lui avait donné deux fouaces qu’il s’était faites. Hier matin, mon fils est venu pour les brebis. Tout était fermé comme maintenant, et personne n’a répondu aux cris de l’enfant. Il a poussé la grille, mais sans arriver à l’ouvrir. Elle était bien fermée. Alors Mickaël a eu très peur et il s’est hâté de venir me trouver. Mon mari et moi, nous sommes accourus avec d’autres. Nous avons ouvert la grille, frappé à la cuisine… puis nous avons forcé la porte… Il était encore assis près du foyer, la tête penchée sur la table, la lampe encore toute proche, mais éteinte comme lui, un coutelas à ses pieds, une écuelle en bois à moitié incisée… La mort l’a pris ainsi… Il souriait… Il était en paix… Ah ! quel visage de juste il avait ! Il paraissait même plus beau… Moi… Il y a peu de temps que je m’occupais de lui, mais je m’étais attachée… et je pleure…

– Il est en paix. Tu l’as dit toi-même. Ne pleure pas ! Où l’avez-vous mis ?

– Nous savions que tu l’aimais beaucoup, par conséquent nous l’avons mis dans le tombeau que Lévi s’est construit depuis peu. Le seul, car Lévi est riche. Nous, nous ne le sommes pas. C’est là, au fond, de l’autre côté de la route. Maintenant, si tu veux, nous allons tout purifier et…

– Oui. Tu prendras les brebis et les colombes. Le reste, conserve-le pour mes disciples et moi, pour que je puisse y séjourner quelquefois. Que Dieu te bénisse, femme.

504.8

Allons au tombeau.

– Tu veux le ressusciter ? s’étonne Thomas.

– Non. Pour lui, ce ne serait pas une joie. Là où il est, il est plus heureux. Il le désirait, d’ailleurs… »

Mais Jésus est vraiment accablé. Il semble que tout concoure à augmenter sa tristesse. Au seuil des habitations, des femmes regardent et saluent en commentant.

Ils sont vite arrivés au tombeau, un petit cube récemment construit. Jésus prie tout près de lui. Puis il se retourne, les yeux humides, et dit :

« Allons… dans les maisons du village. Dans notre maisonnette, il n’y a plus personne qui nous attende pour nous bénir… Mon Père ! La solitude enveloppe ton Fils, le vide se fait de plus en plus vaste et plus ténébreux. Ceux qui m’aiment s’en vont, et il reste ceux qui me haïssent… Mon Père ! Que ta volonté soit toujours faite et bénie !… »

Ils retournent vers le village, et deux ici, trois là, ils entrent dans les maisons de ceux qui n’ont pas touché le mort pour y trouver un abri et se restaurer.

504.1

«Get up and let us go. Let us go back to the river and look for a boat. Peter, go with James and get a boat that will take us near Bethabara. We shall stay for a day at Solomon’s and then…»

«But were we not to go to Nazareth?»

«No. I made up My mind during the night. I am sorry for you. But I must go back.»

«I am happy!» exclaims Marjiam. «I shall be staying longer with You!»

«Yes, although, My poor child, you see very sad days with Me!»

«So it is a good thing that I love to be with You. To love You. That is all I want. I do not ask for anything else.» Jesus kisses his forehead.

«And are we passing through Bethabara again? asks Matthew.

«No. We shall cross the river in the boat of some fisherman.»

504.2

Peter comes back with James. «No boats, Master, until this evening… And… must I tell You?»

«Tell Me.»

«Some people must have passed through here… And they must have paid well or uttered strong threats… I don’t think that even this evening You will find a boat… They are merciless…» says Peter with a sigh.

«It does not matter. Let us set forth… and the Lord will help us.»

The weather is bad, it is raining. The road is muddy, along the embankment the dew of the night, plentiful near the river, in­creases the dampness of the rain. But they proceed just the same on the rise in the ground skirting the road, as it is not so muddy and is less exposed to the droplets of the very fine but persisting rain being somewhat protected by a row of poplars, except when a breath of wind causes all the drops of water retained by the branches to fall suddenly.

«Eh! The rainy season has come!» says Thomas philosophically lifting the hem of his garment.

«It has indeed!» confirms Bartholomew with a sigh.

«We shall dry ourselves somewhere. They will not be all… excited against us» says Peter.

«We may still find a boat… You never know!» adds James of Alphaeus.

«If we had much money we could find anything. But He did not want me to go to Jericho to sell…» says Judas of Kerioth.

«Keep quiet, please! The Master is so depressed! Be silent.» implores John.

«I will keep quiet. Nay, I can but rejoice at His order. So no one can say that those Sadducees from near Jericho were sent by me,» and he looks at Peter. But Peter is engrossed in thought and he neither sees nor replies.

They go on, walking in the drizzle, which is as thin as fog in the dull day. Now and again they speak to one another. But they seem to be speaking to themselves, so much their words sound like con­clusions of dialogues with invisible interlocutors.

«We shall have to end up by stopping somewhere.»

«All places are alike, because they come to all of them.»

«If we are to be persecuted, we may as well stay in town. At least we shall not get wet.»

«But what are they aiming at?»

«Poor Mary! If She knew!»

«Most High God, protect Your servants!» and so forth… They then join together and talk in low voices.

Jesus is at the front, alone… all alone until Marjiam joins Him with the Zealot.

«The others have gone down to the exposed river-bed to see if there is a boat… It would be quicker. Can we stay with You?»

«Come. What were you speaking of previously?»

«Of Your suffering.»

«And of the hatred of men. What can we do to comfort You and repress their hatred?» asks the Zealot.

«For My grief there is your love… For hatred… one can only put up with it… It is a thing that will come to an end with the life of the Earth… and this thought gives one patience and strength to bear it.

504.3

Marjiam! My child! Why are you upset?»

«Because this reminds me of Doras…»

«You are right. It is time for Me to send you home…»

«No! Jesus! No! Why do You want to punish me if I have not done anything wrong?»

«I am not punishing you, I am preserving you… I do not want you to remember Doras. To which feelings does that remembrance give rise in your heart? Tell Me…»

Marjiam weeps with lowered head, he then looks up and says: «You are right. My spirit is not capable of seeing and forgiving, it is not yet capable. But why are You sending me away? If You are suffering, it is all the more reasonable that I should be near You. You have always comforted me! I am no longer the foolish boy who last year used to say to You: “Don’t let me see Your sorrow”. I am a man, now. Let me stay! Lord! Oh! will you tell Him, Simon!»

«The Master knows what is good for us. And perhaps… He wants to entrust you with a task… I don’t know… It’s only a thought of mine…»

«You are right. I would have let him stay and with so much joy until after the feast of the Dedication. But… But My Mother is lonely up there. The noise of hatred is so loud. She might be afraid more than is necessary. My Mother is all alone. And She certainly weeps. You will go to Her and tell Her that I send Her My love and I am waiting for Her now. After the Dedication. And you shall not say anything else, Marjiam.»

«And if She asks me?»

«Oh! You can avoid telling a lie saying… that the life of Her Jesus is like this sky in Ethanim: clouds and rain, at times a storm. But there are also sunny days. As yesterday, as tomorrow, perhaps. To be silent is not to lie. You will tell Her of the miracles that you have seen. That Eliza is with Me. That Ananias welcomes Me in his house as if he were My father. That at Nob I am in the house of a good Israelite. The rest… Be silent about the rest.

504.4

And then you will go to Porphirea. And you will stay there until I send for you.»

Marjiam is weeping louder.

«Why are you weeping thus? Are you not happy to go to Mary’s? Yesterday you were…» says Simon.

«Yes, yesterday I was, because we were all going. And I am weeping because I am afraid I shall not see You any more… Oh! Lord! Lord! Never again shall I be as happy as I have been these past days!»

«We shall meet again, Marjiam. I promise you.»

«When? Not before Passover. It’s a long time!» Jesus is silent. «Do You really not want me before Passover?»

Jesus throws an arm around his still slender shoulders and draws him to Himself. «Why do you wish to know the future? We are to­day. Tomorrow we are no longer. Man, even the richest and mightiest one, cannot add one day to his life. It is, as well as all the future, in the hands of God…»

«But for Passover I have to come to the Temple. I am an Israelite. You cannot make me commit sin!»

«You will not sin. And the first sin which you must promise Me not to commit is that of disobedience. You shall obey. Always. Me now, and who will speak to you in My Name later. Do you promise that? Remember that I, your Master and God, obeyed My Father and I will obey Him until the… end of My day.» Jesus is solemn in speaking these last words.

Marjiam, almost fascinated, says: «I will obey. I swear it. Before You and before eternal God.»

There is silence. Then the Zealot asks: «Will he go by himself?»

«Certainly not. With some of the disciples. We shall find more besides Isaac.»

«Are You sending Isaac also to Galilee?»

«Yes, and he will come back with My Mother.»

504.5

They are being called from the river. The three move, cross the road and go towards the river.

«Look, Master. We have found one and they do not want anything. They are the relatives of a man healed miraculously. But they are carrying sand to that village. We have to go over there on foot, and then they will take us.»

«May God reward them. We shall be at Ananias’ this evening» Peter is happy and he goes back up to the road and sees that Marjiam is upset.

«What is the matter with you? What have you done?»

«Nothing wrong, Simon. I told him that when we arrive at the first place where there are disciples, I will send him home. And he has become sad.»

«Home… Of course!… That’s right… The weather…» Peter is pen­sive. Then he looks at Jesus, he plucks His sleeve making Him lower His head towards his mouth. He says in His ear: «Master why are You sending him without waiting…»

«Because of the season, as you said.»

«Then?»

«Simon, I will tell you the truth. It is better for Marjiam not to poison his heart…»

«You are right, Master. To embitter one’s heart… That is just what happens in the end.» He raises his voice: «The Master is quite right. You will go and we will meet again at Passover. After all… it will not be long… Once Chislev is over… Oh! beautiful Nisan will soon be here. Of course! He is right…» Peter’s voice is no longer so steady. He repeats slowly and sadly: «He is right…» and speaking to himself: «What will happen from now until Nisan?» He strikes his forehead with his hand disconsolately.

504.6

And they proceed in the damp day. It does not rain until, in mud up to their knees, they get in five small damp boats, overspread with sand, going downstream again. It begins to rain again, and the raindrops, hitting the calm water of the river, which reflects the sky grey with clouds, draw many circles that appear and dissolve continuously with a play of pearly facets.

It looks like a deserted landscape. On the embankments, in the river villages, there is not a soul to be seen. Because of the rain houses are closed and roads deserted. So that when at twilight they land where Solomon’s village is, they find the road silent and emp­ty, and they arrive at the house without being seen by anybody. They knock. They call. No reply. Only the cooing of doves, the bleating of sheep and the noise of rain.

«There is nobody inside. What shall we do?»

«Go to the houses in the village. To little Michael’s first» orders Jesus.

And while the younger apostles go away quickly, Jesus with the elder ones remains near the house watching and making comments.

«Everything is closed… Also the gate is well tied and secured. Look. There is even a big nail. And the windows are closed as at night time. How sad! And that lamentation of sheep and doves? Will he be ill? What do You think, Master?»

Jesus shakes His head. He is tired and sad…

504.7

The apostles come back running. Andrew is the first to arrive and while he is still a few metres away he shouts: «He is dead… Ananias is dead… We cannot go into the house because it has not yet been purified… He was buried a few hours ago. If we could have come yesterday… The woman, Michael’s mother, is coming now.»

«What is persecuting us?!» exclaims Bartholomew.

«Poor old man! He was so happy! And so well! What happened? When was he taken ill?» They are all speaking at the same time.

The woman arrives and remaining at a distance from everybody she says: «Lord, peace be with You. My house is open to You… I do not know whether… I prepared the dead man. That is why I am staying away from you. But I can show You the houses that will welcome You.»

«Yes, woman. May God reward you, and those who take pity on wayfarers. But how did he die?»

«Oh! I don’t know. He was not ill. The day before yesterday he was all right. Yes, he was certainly well. Michael came in the morning to take his two sheep and join them to ours. That was the arrangement. And at the sixth hour I took back to him some clothes that I had washed for him. He was sitting at the table eating, perfectly sound. In the evening Michael took the sheep back to him and fetched two pitchers of water for him, and Ananias gave him two buns he had baked. Yesterday morning my son came for the sheep. Everything was closed as it is now and no one replied to the cries of the boy. He pushed the gate but he could not open it. It was locked. Michael then became frightened and he ran back to me. My husband and I with other people ran here. We opened the gate and knocked at the kitchen door… we forced the door… He was sitting near the fireplace with his head reclined on the table the lamp was still near him, but it was out, there was a little knife at his feet with a wooden bowl half carved… That’s how he died… A smile hovered on his lips… He was in peace… Oh! how his countenance had become that of a just man! He even look­ed more handsome… I.. I had taken care of him only for a short time. But I had become fond of him… and I weep…»

«He is in peace. You said that yourself. Do not weep! Where have you put him?»

«We knew that You loved him so much, so we put him in the sepulchre that Levi built for himself recently. The only one, because Levi is a wealthy man. We are not. Down there, beyond the road. Now, if You wish so, we will purify everything and…»

«Yes. You will take the sheep and the doves, and keep the rest for My disciples and Me. So that I may stay here occasionally. May God bless you, woman.

504.8

Let us go to the sepulchre.»

«Do You want to raise him from the dead?» asks Thomas quite astonished.

«No. It would not be a joy for him. He is happier where he is. In any case that is what he wished…»

Jesus is very depressed. Everything seems to combine to in­crease His sadness. At the doors of their houses, some women look and greet Him making comments.

The sepulchre is soon reached: a small cube built recently. Jesus prays near it. He then turns around, with tears welling in His eyes and says: «Let us go… to the houses in the village. In our little house there is no longer anyone waiting for us to bless us… O My Father! Solitude envelops Your Son, void is becoming deeper and deeper and gloomier and gloomier. Those who love Me, die, and those who hate Me, remain… O My Father! May Your will always be done and blessed!…»

They go to the village and two here, three there, they enter the houses of those who have not touched the corpse, to have shelter and refreshment.