Gli Scritti di Maria Valtorta

542. Les juifs chez Lazare.

542. I giudei nella casa di Lazzaro.

542.1

Bien que brisée par la douleur et la fatigue, Marthe est toujours la maîtresse de maison qui sait accueillir et recevoir, et elle fait honneur à chacun avec une distinction parfaite. Ainsi, après avoir conduit tout ce petit monde dans une des salles, elle donne des ordres pour que l’on apporte les rafraîchissements d’usage et que ses hôtes aient tout le confort nécessaire.

Les serviteurs circulent, mélangeant des boissons chaudes ou des vins précieux et offrant des fruits magnifiques, des dattes blondes comme la topaze, des raisins secs — quelque chose qui ressemble à nos raisins de Damas, dont les grappes sont d’une perfection fantastique —, du miel filant, le tout dans des amphores, des coupes, des plats, des plateaux de grand prix. Et Marthe surveille attentivement que personne ne soit laissé de côté ; elle va jusqu’à contrôler ce que les serviteurs offrent à chacun, en fonction de l’âge et peut-être des individus dont les goûts lui sont connus. C’est ainsi qu’elle arrête un serviteur qui se dirigeait vers Elchias avec une amphore remplie de vin et une coupe, pour lui dire : “ Tobie, pas de vin, mais de l’eau de miel et du jus de dattes. ” Et à un autre : “ Jean préférera sûrement du vin. Offre-lui le vin blanc de raisin sec. ” Elle se charge elle-même de présenter au vieux scribe Chanania du lait chaud abondamment sucré avec du miel blond en disant :

« Ce sera bon pour ta toux. Tu t’es sacrifié pour venir, souffrant comme tu l’es, de plus par ce temps froid.

542.2

Je suis émue de vous voir si prévenants.

– C’est notre devoir, Marthe. Euchérie était de notre race, une vraie juive qui nous a tous honorés.

– L’honneur fait à la mémoire vénérée de ma mère me touche au fond du cœur. Je répéterai à Lazare ces paroles.

– Mais nous voulons le saluer, un si bon ami ! lance, faux comme toujours, Elchias qui s’est approché.

– Le saluer ? Ce n’est pas possible. Il est trop épuisé.

– Nous ne le dérangerons pas, n’est-ce pas, vous tous ? Il nous suffit d’un adieu du seuil de sa chambre, intervient Félix.

– Vraiment, je ne le peux pas. Nicomède, le médecin, s’oppose à toute fatigue et à toute émotion.

– Un regard à l’ami mourant ne peut le tuer, Marthe, dit Ben Calba Scheboua. Nous aurions trop de peine de ne pas l’avoir salué ! »

Marthe est soucieuse, hésitante. Elle regarde vers la porte, peut-être pour voir si Marie vient à son aide. Mais Marie est absente.

Les juifs remarquent son inquiétude et Sadoq, le scribe, le fait remarquer à Marthe :

« On dirait que notre venue te trouble, femme.

– Non, non, pas du tout. Comprenez ma douleur. Cela fait des mois que je vis auprès d’un mourant et… je ne sais plus… je ne sais plus me comporter comme autrefois aux fêtes…

– Oh ! ce n’est pas une fête ! dit Elchias. Nous ne voulions même pas pour nous tant d’honneurs ! Mais peut-être… Peut-être veux-tu nous cacher quelque chose, et c’est pour cela que tu ne nous montres pas Lazare et que tu nous interdis sa chambre. Hé ! Hé ! On sait bien ! Mais n’aie pas peur ! La chambre d’un malade est un asile sacré pour quiconque, crois-le bien !

542.3

– Il n’y a rien à cacher dans la chambre de notre frère. Il n’y a rien de caché. Elle n’accueille qu’un mourant auquel la simple pitié demande qu’on lui épargne tout souvenir pénible. Or toi, Elchias, et vous tous, vous êtes pour Lazare des souvenirs pénibles, dit Marie de sa splendide voix d’orgue, en apparaissant sur le seuil, sa main tenant écarté le rideau pourpre.

– Marie ! gémit Marthe, suppliante, pour l’arrêter.

– Non, ma sœur, laisse-moi parler… » Elle s’adresse aux autres : « Et pour vous retirer tout doute, que l’un de vous — ce sera un seul souvenir du passé qui revient pour l’affliger — m’accompagne, si la vue d’un mourant ne le dégoûte pas et si la puanteur de la chair qui meurt ne lui donne pas la nausée.

– Et toi, tu n’es pas un souvenir affligeant ? » lance ironiquement l’hérodien, que j’ai déjà vu je ne sais où, en quittant son coin pour venir en face de Marie.

Marthe pousse un gémissement. Marie a le regard d’un aigle menacé. Ses yeux lancent des éclairs. Elle se redresse, hautaine, oubliant la fatigue et la douleur qui la courbaient, et avec l’expression d’une reine offensée, elle rétorque :

« Oui, moi aussi je suis un souvenir. Mais non pas de douleur, comme tu dis. Je suis le souvenir de la miséricorde de Dieu. Et en me voyant, Lazare meurt en paix, car il sait qu’il remet son esprit entre les mains de l’infinie Miséricorde.

– Ha ! Ha ! Ha ! Ce n’était pas ainsi que tu parlais autrefois ! Ta vertu ! Tu pourrais la mettre bien en vue de celui qui ne te connaît pas…

– Mais pas sous tes yeux, n’est-ce pas ? Au contraire, je la mets justement sous tes yeux, pour te prouver que l’on devient comme ceux que l’on fréquente. Autrefois, malheureusement, je te fréquentais, et j’étais comme toi. Maintenant, je fréquente le Saint et je deviens honnête.

– Une chose détruite ne se reconstruit pas, Marie.

– En effet le passé — c’est-à-dire toi, vous tous —, vous ne pouvez plus le reconstruire. Vous ne pouvez pas reconstruire ce que vous avez détruit. Pas toi qui m’inspires du dégoût, pas vous qui au temps de la douleur avez offensé mon frère, et qui maintenant, dans un but pas bien clair, voulez montrer que vous êtes ses amis.

– Tu es bien audacieuse, femme ! Le Rabbi t’aura peut-être chassé plusieurs démons, mais il ne t’a pas rendue douce ! dit un homme d’environ quarante ans.

– Non, Jonathas, fils d’Hanne. Il ne m’a pas rendue faible, mais forte de l’audace d’une personne honnête, qui a voulu le redevenir et qui a rompu tout lien avec le passé pour se faire une nouvelle vie.

542.4

Allons ! Lequel vient voir Lazare ? »

Elle est impérieuse comme une reine, elle les domine tous par sa franchise, impitoyable jusque contre elle-même. Marthe, au contraire, est angoissée, elle a les larmes aux yeux, elle regarde fixement Marie d’un air suppliant pour qu’elle se taise.

« Moi, je viens ! » dit avec un soupir de victime Elchias, faux comme un serpent.

Ils sortent ensemble. Les autres s’adressent à Marthe :

« Ta sœur !… Toujours ce sale caractère… Elle ne devrait pas… Elle a tant à se faire pardonner ! » s’exclame Uriel, le rabbi vu à Giscala, celui qui a frappé[1] d’une pierre Jésus.

Blessée par ces mots, Marthe retrouve sa force et lance :

« Dieu lui a pardonné ! Tout autre pardon est sans valeur après celui-là. Et sa vie actuelle est un exemple pour le monde. »

Mais l’audace de Marthe a vite fait de tomber et fait place aux larmes. Elle pleure en gémissant :

« Vous êtes cruels ! Envers elle… et envers moi… Vous n’avez pitié ni de la douleur passée, ni de la douleur actuelle. Pourquoi êtes-vous venus ? Pour offenser et faire souffrir ?

– Non, femme. Non. Uniquement pour saluer un grand juif qui meurt. Pour nulle autre raison, sois-en sûre ! Il ne faut pas mal interpréter nos intentions, qui sont droites. Nous avons appris, par Joseph et Nicodème, l’aggravation de l’état de Lazare, et nous sommes venus… comme eux, les deux grands amis du Rabbi et de Lazare. Pourquoi voulez-vous nous traiter différemment, nous qui aimons comme eux le Rabbi et Lazare ? Vous n’êtes pas justes. Peux-tu donc soutenir qu’eux, ainsi que Jean, Eléazar, Philippe, Josué et Joachim, ne sont pas venus prendre des nouvelles de Lazare, et que Manahen lui-même n’est pas venu ?…

– Je ne soutiens rien, mais je m’étonne que vous soyez aussi bien informés de tout. Je ne pensais pas que même l’intérieur des maisons était surveillé par vous. Je ne savais pas qu’il existait un précepte nouveau en plus des six cent treize : celui d’enquêter, d’épier

l’intimité des familles…

542.5

Oh ! excusez-moi ! Je vous offense ! La douleur m’affole et vous l’exaspérez.

– Nous te comprenons, femme ! Et c’est parce que nous avons pensé que vous étiez affolées que nous sommes venus vous donner un bon conseil : envoyez chercher le Maître. Même hier sept lépreux sont venus louer le Seigneur parce que le Rabbi les a guéris. Appelez-le aussi pour Lazare.

– Mon frère n’est pas lépreux, s’écrie Marthe, bouleversée. C’est pour cela que vous avez voulu le voir ? C’est pour cela que vous êtes venus ? Non, il n’est pas lépreux ! Regardez mes mains ! Je le soigne depuis des années et il n’y a pas de lèpre sur moi. J’ai la peau rougie par les aromates, mais je n’ai pas de lèpre. Je ne…

– Du calme, femme, du calme ! Qui prétend que Lazare est lépreux ? Et qui vous soupçonne d’un péché aussi horrible que celui de cacher un lépreux ? Et crois-tu que, malgré votre puissance, nous ne vous aurions pas frappés si vous aviez péché ? Nous sommes capables de passer jusque sur le corps d’un père et d’une mère, d’une épouse et des enfants, afin de faire respecter les préceptes. Je te l’affirme, moi, Jonathas, fils d’Uziel.

– Mais certainement ! C’est exact ! » intervient Archélaüs. « Et maintenant, poussés par le bien que nous te voulons, l’amour que nous avions pour ta mère, et celui que nous avons pour Lazare, nous te recommandons d’appeler le Maître. Tu secoues la tête ? Veux-tu dire que désormais c’est trop tard ? Comment ? Tu n’as pas foi en lui, toi, Marthe, disciple fidèle ? C’est grave! Commencerais-tu, toi aussi, à douter ?

– Tu blasphèmes, scribe. Moi, je crois au Maître comme au Dieu vrai.

– Alors, pourquoi ne veux-tu pas essayer ? Il a ressuscité les morts… Du moins, c’est ce qu’on prétend… Peut-être ne sais-tu pas où il se trouve ? Si tu veux, nous allons le chercher, nous allons t’aider, insinue Félix.

– Mais non ! » s’exclame Sadoq pour l’éprouver. « Dans la maison de Lazare on sait sûrement où est le Rabbi. Dis-le franchement, femme, nous partirons à sa recherche et nous te l’amènerons, et nous serons présents au miracle pour nous en réjouir avec toi, avec vous tous. »

Marthe est hésitante, presque tentée de céder. Les autres la pressent tant qu’elle confie :

« Je ne sais pas où il se trouve… Je ne le sais vraiment pas… Il est parti il y a plusieurs jours, et il nous a saluées comme quelqu’un qui part pour longtemps… Ce serait un réconfort pour moi de savoir où il est… Au moins de le savoir… Mais je ne le sais pas, en vérité…

– Pauvre femme ! Mais nous t’aiderons… Nous te l’amènerons, propose Cornélius.

542.6

– Non ! Il ne faut pas. Le Maître… c’est de lui que vous parlez, n’est-ce pas ? Le Maître a dit que nous devons espérer au-delà de ce qu’il est possible d’espérer, et en Dieu seul. C’est ce que nous allons faire » tonne Marie, qui revient avec Elchias.

Celui-ci la quitte aussitôt et se penche pour parler avec trois pharisiens.

« Mais il meurt, à ce que j’entends raconter ! dit l’un de ces trois, qui est Doras.

– Et alors ? Qu’il meure ! Je ne m’opposerai pas au décret de Dieu et je ne désobéirai pas au Rabbi.

– Et que veux-tu espérer au-delà de la mort, espèce de folle ? persifle l’hérodien.

– Quoi ? Mais la Vie ! »

C’est un cri de foi absolue.

« La vie ? Ha ! Ha ! Sois sincère. Tu sais que devant une mort véritable son pouvoir est nul, et dans ton stupide amour pour lui, tu ne veux pas que cela paraisse.

– Sortez tous ! Ce serait à Marthe de le dire, mais elle a peur de vous. Moi, je crains seulement d’offenser Dieu qui m’a pardonné, et je le fais donc à la place de Marthe. Sortez tous ! Il n’y a pas de place dans cette maison pour ceux qui haïssent Jésus Christ. Dehors ! Rentrez dans vos tanières ténébreuses ! Dehors, tous ! Ou je vous ferai chasser par les serviteurs comme un troupeau de gueux immondes. »

Dans sa colère, elle est imposante. Lâches à l’extrême, les juifs s’esquivent devant cette femme. Il est vrai qu’elle ressemble à un archange irrité…

La salle se désencombre et les regards de Marie, à mesure qu’ils franchissent le seuil un par un en passant devant elle, créent une immatérielle fourche Caudine sous laquelle doit s’abaisser l’orgueil des juifs vaincus. Enfin, la pièce est vide.

542.7

Marthe s’écrase sur le tapis et éclate en sanglots.

« Pourquoi pleures-tu, ma sœur ? Je n’en vois pas la raison…

– Oh ! tu les as offensés… et eux t’ont offensée, nous ont offensées… Maintenant, ils vont se venger… et…

– Mais tais-toi, sotte femmelette ! Sur qui veux-tu qu’ils se vengent ? Sur Lazare ? Auparavant, ils doivent délibérer, et avant qu’ils ne décident… On ne se venge pas sur un gulal[2] ! Sur nous ? Avons-nous donc besoin de leur pain pour vivre ? Nos biens, ils n’y toucheront pas : sur eux se projette l’ombre de Rome. Sur quoi, alors ? Et même s’ils le pouvaient, ne sommes-nous pas deux femmes jeunes et fortes ? Ne pouvons-nous pas travailler ? Est-ce que Jésus n’est pas pauvre ? N’a-t-il pas été un ouvrier ? Ne serions-nous pas plus semblables à lui en étant pauvres et travailleuses ? Mais glorifie-toi de le devenir ! Espère-le ! Demande-le à Dieu !

– Mais ce qu’ils t’ont dit…

– Ha ! Ha ! Ce qu’ils m’ont dit ! C’est la vérité. Je me le dis moi aussi. J’ai été une femme impure. Aujourd’hui, je suis l’agnelle du Pasteur ! Et le passé est mort. Allons, viens auprès de Lazare. »

542.1

Per quanto affranta di dolore e di fatica, Marta è sempre la signora che sa accogliere e ospitare, dando onore con quella signorilità perfetta della vera signora. Così, ora, dopo avere condotto in una delle sale la comitiva, impartisce ordini perché siano portati quei rinfreschi che sono d’uso e gli ospiti abbiano quanto può essere di conforto.

I servi circolano mescendo bevande calde o vini pregiati e offrendo frutta bellissime, datteri biondi come topazi, uva secca, una specie del nostro zibibbo, di una perfezione di grappoli fantastica, miele filante, tutto in anfore, calici, piatti, vassoi preziosi. E Marta sorveglia attenta perché nessuno resti trascurato, ma anzi, a seconda dell’età, e forse anche dell’individuo, i cui umori le sono ben noti, regola l’offerta dei servi. Così ella ferma un servo, che si dirige ad Elchia con un’anfora colma di vino e un calice, e gli dice: «Tobia, non vino, ma acqua di miele e succo di datteri». E a un altro: «Certo Giovanni preferisce il vino. Offrigli il bianco dell’uva passita». E personalmente al vecchio scriba Canania offre latte caldo, che abbondantemente dolcifica con il biondo miele dicendo: «Gioverà alla tua tosse. Ti sei sacrificato per venire, sofferente come sei, e nella rigida giornata.

542.2

Sono commossa di vedervi così premurosi».

«Dovere nostro, Marta. Eucheria era della nostra stirpe. Una vera giudea che ha onorato noi tutti».

«L’onore alla venerata memoria della madre mia mi tocca il cuore. Ripeterò a Lazzaro queste parole».

«Ma noi vogliamo salutarlo. Un così buon amico!», dice, falso come sempre, Elchia che si è avvicinato.

«Salutarlo? Non è possibile. È sfinito troppo».

«Oh! non lo disturberemo. Non è vero, voi tutti? Ci basta solo un addio, dalla soglia della sua camera», dice Felice.

«Non posso, non posso proprio. Nicomede si oppone ad ogni fatica ed emozione».

«Uno sguardo all’amico morente non lo può uccidere, Mar­ta», dice Callascebona. «Troppo ci dorrebbe non averlo salutato!».

Marta è agitata, titubante. Guarda verso la porta, forse per vedere se Maria viene a darle aiuto. Ma Maria è assente.

I giudei osservano questa sua agitazione, e Sadoc, lo scriba, lo osserva a Marta: «Si direbbe che la nostra venuta ti agita, donna».

«No. No, affatto. Compatite al mio dolore. Sono mesi che vivo presso chi muore e… non so più… non so più muovermi come un tempo nelle feste…».

«Oh! non è una festa! Non volevamo neppure che tu ci onorassi così! Ma forse… Forse ci vuoi celare qualche cosa, e per questo non ci mostri Lazzaro e ci interdici la sua camera. Eh! Eh! Si sa! Ma non temere! La camera di un malato è asilo sacro a chiunque, credilo…», dice Elchia.

542.3

«Non vi è nulla da celare in camera di nostro fratello. Nulla vi è nascosto. Essa accoglie soltanto un morente al quale sarebbe pietà risparmiare ogni ricordo penoso. E tu, Elchia, e tutti voi siete ricordi penosi per Lazzaro», dice Maria con la sua splendida voce d’organo, apparendo sulla soglia e tenendo scostata la tenda porpurea con la mano.

«Maria!», geme Marta supplichevole, per frenarla.

«Nulla, sorella. Lasciami dire…». Si rivolge agli altri: «E per levarvi ogni dubbio, un di voi — sarà un solo ricordo del passato che torna a dar dolore — venga meco, se la vista di un morente non lo disgusta e il fetore delle carni che muoiono non lo nausea».

«E tu non sei un ricordo che dà dolore?», dice ironico l’erodiano, che ho già visto non so dove, lasciando il suo angolo e mettendosi di fronte a Maria.

Marta ha un gemito. Maria ha uno sguardo d’aquila inquieta. I suoi occhi balenano. Si raddrizza altera, dimenticando la stanchezza e il dolore che le curvavano la persona, e con una espressione di regina offesa dice: «Sì. Io pure sono un ricordo. Ma non di dolore come tu dici. Sono il ricordo della Misericordia di Dio. E, me vedendo, Lazzaro muore con pace, perché sa di rendere il suo spirito nelle mani dell’infinita Misericordia».

«Ah! Ah! Ah! Non erano queste le parole di un tempo! La tua virtù! A chi non ti conosce potresti porla in vista…».

«Ma non a te, non è vero? Invece proprio a te la pongo sotto gli occhi, per dirti che si diventa come coloro che si praticano. Allora, sventuratamente, io avvicinavo te ed ero come te. Ora avvicino il Santo e divengo onesta».

«Cosa distrutta non si ricostruisce, Maria».

«Infatti il passato, tu, voi tutti, non potete più ricostruirlo. Non potete ricostruire ciò che avete distrutto. Non tu che mi fai ribrezzo. Non voi che avete offeso, al tempo del dolore, il mio fratello, ed ora, per bieco scopo, volete mostrare che siete i suoi amici».

«Oh! Sei audace, donna. Il Rabbi ti avrà scacciato molti demoni, ma mite non ti ha fatta!», dice uno sui quarant’anni.

«No, Gionata ben Anna. Non mi ha fatta debole. Ma più forte, dell’audacia di chi è onesto, di chi ha voluto tornare onesto e ha distrutto ogni legame col passato per farsi una nuova vita.

542.4

Avanti! Chi viene da Lazzaro?». È imperiosa come una regina. Li domina tutti con la sua franchezza, spietata anche contro se stessa. Marta, invece, è angosciata, con le lacrime negli occhi che fissano supplichevoli Maria perché stia zitta.

«Verrò io!», dice con un sospiro di vittima Elchia, falso come una serpe. Escono insieme.

Gli altri si volgono a Marta: «Tua sorella!… Sempre quel carattere. Non dovrebbe. Ha tanto da farsi perdonare», dice Uriel, il rabbi visto a Giscala, quello che là ha colpito[1] con sassi Gesù.

Marta, sotto la sferza di queste parole, ritrova la sua forza e dice: «L’ha perdonata Iddio. Ogni altro perdono non ha valore dopo quello. E la sua vita attuale è d’esempio al mondo». Ma l’audacia di Marta presto cade e si muta in pianto. Geme fra le lacrime: «Siete crudeli! Verso lei… e verso me… Non avete pietà né del dolore passato, né del dolore attuale. Perché siete venuti? Per offendere e dare dolore?».

«No, donna. No. Unicamente per salutare il grande giudeo che muore. Non per altro! Non per altro! Non devi prendere a male le rette intenzioni nostre. Abbiamo saputo da Giuseppe e Nicodemo dell’aggravamento e siamo venuti… come essi, i due grandi amici del Rabbi e di Lazzaro. Perché volete trattarci in maniera diversa, noi che amiamo il Rabbi e Lazzaro come essi? Non siete giuste. Puoi forse dire che essi, con Giovanni, Eleazar, Filippo, Giosuè e Gioachino, non sono venuti a sentire di Lazzaro, e che anche Mannaen non è venuto?…».

«Non dico nulla. Ma stupisco che voi sappiate tutto così bene. Non pensavo che anche l’interno delle case fosse sorvegliato da voi. Non sapevo che vi fosse un precetto nuovo oltre i seicentotredici: quello di indagare, di spiare nell’intimo delle famiglie…

542.5

Oh! scusate! Io vi offendo! Il dolore mi dissenna e voi lo acuite».

«Oh! ti comprendiamo, donna! E perché vi pensiamo dissennate, siamo venuti a darvi un consiglio buono. Mandate a chiamare il Maestro. Anche ieri sette lebbrosi vennero a lodare il Signore perché il Rabbi li ha guariti. Chiamatelo anche per Lazzaro».

«Non è lebbroso mio fratello», grida Marta convulsa. «Per questo lo avete voluto vedere? Per questo siete venuti? No. Non è lebbroso! Guardate le mie mani. Io lo curo da anni e non è lebbra su me. Ho la pelle arrossata dagli aromi, ma non ho lebbra. Non ho…».

«Pace! Pace, donna. E chi ti dice che Lazzaro è lebbroso? E chi sospetta in voi un peccato così orrendo come quello di occultare un lebbroso? E credi tu che, nonostante la vostra potenza, non vi avremmo colpiti se aveste peccato? Anche sul corpo del padre e della madre e della sposa e dei figli noi siamo capaci di passare, pur di far ubbidire ai precetti. Io te lo dico. Io, Gionata di Uziel».

«Ma certo! Così è! E ora ti diciamo, per il bene che ti vogliamo, per l’amore che avevamo a tua madre, per quello che abbiamo a Lazzaro: chiamate il Maestro. Scuoti il capo? Vuoi dire che è tardi ormai? Come? Non hai fede in Lui, tu, Marta, discepola fedele? È grave ciò! Cominci tu pure a dubitare?», dice Archelao.

«Tu bestemmi, o scriba. Io credo nel Maestro come al Dio vero».

«E allora perché non vuoi provare? Egli ha risuscitato i morti… Almeno così si dice… Forse non sai dove è? Se vuoi, te lo cerchiamo noi, ti aiutiamo noi», insinua Felice.

«Ma no! Certo in casa di Lazzaro si sa dove è il Rabbi. Dillo con schiettezza, o donna, e noi partiremo a cercartelo e te lo condurremo, e staremo presenti al miracolo per gioire con te, con voi tutti», dice tentatore Sadoc.

Marta è titubante, quasi tentata a cedere. Gli altri incalzano mentre lei dice: «Dove sia non so… Non so proprio… È partito giorni or sono e ci ha salutate come chi va via per lungo tempo… Mi sarebbe conforto sapere dove è… Almeno saperlo… Ma non so, in verità…».

«Povera donna! Ma noi ti aiuteremo… Te lo condurremo», dice Cornelio.

542.6

«No! Non occorre. Il Maestro… Voi parlate di Lui, non è vero? Il Maestro ha detto che dobbiamo sperare oltre lo sperabile, e in Dio solo. E noi lo faremo», tuona Maria che torna con Elchia, che la lascia subito chinandosi a parlare con tre farisei.

«Ma egli muore, a quel che sento!», dice uno di essi, che è Doras.

«E con ciò? Muoia! Io non ostacolerò il decreto di Dio e non disubbidirò al Rabbi».

«E che vuoi sperare oltre la morte, o dissennata?», deride l’erodiano.

«Che? La Vita!». La voce è un grido di fede assoluta.

«La Vita? Ah! Ah! Sii sincera. Tu sai che davanti ad un vero morire nullo è il suo potere, e nel tuo stolto amore per Lui non vuoi che ciò appaia».

«Uscite tutti! Toccherebbe a Marta di farlo. Ma essa vi teme. Io temo soltanto di offendere Dio che mi ha perdonata. E lo faccio perciò in luogo di Marta. Uscite tutti. Non vi è posto in questa casa per quelli che odiano Gesù Cristo. Fuori! Alle vostre tane tenebrose! Fuori tutti! O vi farò cacciare dai servi come una mandra di pezzenti immondi».

È imponente nella sua ira. I giudei se la svignano, vili al­l’estre­mo, davanti alla donna. Vero è che quella donna pare un arcangelo irato…

La sala si sgombra e gli sguardi di Maria, man mano che uno varca la soglia passandole davanti, creano una immateriale forca caudina sotto la quale deve abbassarsi la superbia dei vinti giudei. La sala resta vuota finalmente.

542.7

Marta si accascia sul tappeto in uno scoppio di pianto.

«Perché piangi, sorella? Non ne vedo la ragione…».

«Oh! tu li hai offesi… ed essi ti hanno, ci hanno offese… e ora si vendicheranno… e…».

«Ma taci, stolta femmina! Su chi vuoi che si vendichino? Su Lazzaro? Prima devono deliberare, e avanti che decidano…

Oh! su un gulal[2] non ci si vendica! Su noi? E abbiamo bisogno del loro pane per vivere? Gli averi non ce li toccheranno. Si proietta su essi l’ombra di Roma. E su che allora? E se anche fosse che potessero, non siamo noi due giovani e forti? Non potremo lavorare? Non è forse povero Gesù? Non è forse stato operaio Gesù nostro? Non saremmo più simili a Lui, essendo povere e lavoratrici? Ma glòriati di divenirlo! Speralo! Chiedilo a Dio!».

«Ma ciò che ti hanno detto…».

«Ah! Ah! Ciò che mi hanno detto! È la verità. Me la dico io pure. Sono stata una immonda. Ora sono l’agnella del Pastore! E il passato è morto. Su, vieni da Lazzaro».


Notes

  1. frappé, avec Sadoq et d’autres, en 340.8.
  2. gulal (ou golal, comme en 583.4) : Maria Valtorta fait suivre ce mot d’un point d’interrogation, comme si elle en ignorait le sens. en général, ce mot se traduit par “ corps sans vie ”.

Note

  1. ha colpito, con Sadoc ed altri, in 340.8.
  2. gulal (o golal, come in 583.4), parola che MV fa seguire da un punto interrogativo, come se si chiedesse cosa significa, starebbe ad indicare qualcosa da rigettare, simile allo sterco menzionato in: 1 Re 14, 10.