595.1
« Vous avez entendu aujourd’hui des païens et des juifs parler, et vous avez vu comment les premiers se sont inclinés devant moi et comment les seconds, pour un peu, m’auraient frappé. Toi, Pierre, tu allais en venir aux mains en les voyant envoyer contre moi des agneaux, des béliers et des bouvillons pour me faire tomber par terre dans les excréments. Toi, Simon, qui as beau être prudent, tu as insulté les membres les plus haineux du Sanhédrin qui me poussaient impoliment en me lançant : “ Ecarte-toi, démon, laisse passer les envoyés de Dieu. ” Et lorsque Sadoq, avec un ricanement méprisant, a foncé sur moi en lançant intentionnellement son lourd char contre moi, toi, Jude, mon cousin, et toi, Jean, mon préféré, vous avez crié, et vous m’avez protégé, le premier en attrapant le cheval par la bride, le second en se mettant devant moi pour recevoir le choc des brancarts du char.
Je vous remercie de votre amour qui vous pousse à vous élever[1] contre ceux qui outragent l’Homme désarmé. Mais vous verrez bien d’autres affronts et d’autres actes de cruauté. Quand cette lune reviendra dans le ciel pour la seconde fois après ce soir, les offenses, qui pour le moment sont verbales, ou à peines ébauchées quand elles sont matérielles, deviendront concrètes et plus nombreuses que les boutons que portent actuellement les arbres fruitiers et qui ne cessent de se multiplier dans leur hâte de fleurir.