Gli Scritti di Maria Valtorta

596. Le mercredi saint.

596. Mercoledì santo. Il maggiore dei comandamenti,

596.1

Jésus, qui porte son vêtement de lin blanc, entre au Temple, encore plus bondé que les jours précédents. La journée est étouffante.

Il va adorer dans la Cour des Juifs, puis se dirige vers les portiques, suivi d’un cortège de gens. Mais d’autres y ont déjà pris les meilleures places ; ce sont pour la plupart des païens qui, ne pouvant aller au-delà de la première cour, au-delà du Portique des Païens, ont profité du fait que les Hébreux ont suivi le Christ pour s’adjuger les meilleurs places.

Mais un groupe important de pharisiens les dérange. Ils se conduisent avec leur arrogance habituelle, et se fraient un chemin en jouant des coudes pour s’approcher de Jésus, penché sur un malade. Ils attendent qu’il l’ait guéri, puis ils envoient auprès de lui un scribe pour l’interroger.

Ils avaient probablement eu une brève discussion, car Joël, dit Alamot, tenait à aller lui-même interroger le Maître. Mais un pharisien s’y oppose, et d’autres le soutiennent :

« Non. Il est notoire que tu es du parti du Rabbi, bien que tu le gardes secret. Laisse aller Urie…

– Pas Urie, non ! » s’exclame un autre jeune scribe que je ne connais pas. « Urie s’exprime avec trop de véhémence. Il exciterait la foule. C’est moi qui y vais. »

Et, sans écouter davantage les protestations des autres, il se rend auprès du Maître et arrive derrière lui au moment même où Jésus congédie le malade en lui disant :

« Aie foi. Tu es guéri. La fièvre et la souffrance ne reviendront jamais plus.

596.2

– Maître, quel est le plus grand commandement de la Loi ? »

Jésus se retourne et le regarde. Un doux sourire lumineux éclaire son visage, puis il lève la tête — il avait la tête inclinée à cause du scribe qui est de petite taille, et qui reste penché pour lui rendre honneur. Jésus tourne les yeux sur la foule, il scrute le groupe des pharisiens et docteurs, et il aperçoit le visage pâle de Joël à demi caché derrière un gros pharisien richement vêtu. Son sourire s’accentue. C’est comme une lumière qui va caresser le scribe honnête.

Puis il baisse la tête pour regarder son interlocuteur, et il lui répond :

« Le premier[1] de tous les commandements est : “ Ecoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces. ” C’est le premier et suprême commandement. Le second lui est semblable : “ Tu aimeras ton prochain comme toi-même. ” Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-ci. Ils contiennent toute la Loi et les prophètes.

– Maître, tu as répondu avec sagesse et vérité. Il en est bien ainsi. Dieu est unique, et il n’y en a pas d’autre en dehors de lui. L’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute son âme et de toutes ses forces, et aimer son prochain comme soi-même a beaucoup plus de valeur que tous les holocaustes et tous les sacrifices. J’en suis tout à fait persuadé quand je médite ces paroles de David[2] : “ Tu ne prends pas plaisir aux holocaustes ; mon sacrifice, ô Dieu, c’est un esprit brisé. ”

– Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu, car tu as compris quel est l’holocauste qui est agréable à Dieu.

– Mais quel est l’holocauste le plus parfait ? » demande dans un souffle le scribe, comme s’il disait un secret.

Jésus rayonne d’amour en laissant tomber cette perle dans le cœur de l’homme qui s’ouvre à sa doctrine, à la doctrine du Royaume de Dieu, et il lui dit, en se penchant sur lui :

« L’holocauste parfait, c’est d’aimer comme nous-mêmes ceux qui nous persécutent et ne pas avoir de rancœur. Qui fait cela, possédera la paix. Il est dit[3] : les doux posséderont la terre, et ils jouiront de l’abondance de la paix. En vérité, je te dis que celui qui sait aimer ses ennemis atteint la perfection et possède Dieu. »

596.3

Le scribe le salue respectueusement et s’en retourne vers son groupe, qui lui reproche à voix basse d’avoir fait l’éloge du Maître. Ils ajoutent avec colère :

« Que lui as-tu demandé secrètement ? T’aurait-il séduit, toi aussi ?

– J’ai entendu l’Esprit de Dieu parler par sa bouche.

– Tu divagues. Crois-tu peut-être qu’il est le Christ ?

– Je le crois.

– En vérité, d’ici peu nous verrons les écoles de nos scribes se vider, et eux s’en aller errer derrière cet homme. Mais à quoi vois-tu le Christ en lui ?

– Je ne sais pas. Je sais que je sens que c’est lui.

– Espèce de fou ! »

Irrités, ils lui tournent le dos.

Jésus a observé le dialogue et, quand les pharisiens passent devant lui en groupe serré pour s’en aller, il les appelle :

« Ecoutez-moi : je veux vous poser une question. Que vous en semble : de qui le Christ est-il le fils ?

– Ce sera le fils de David » répondent-ils, en insistant sur le “ sera ”, pour bien lui faire comprendre qu’à leurs yeux il n’est pas le Christ.

« Comment donc David, inspiré par Dieu, peut-il l’appeler “ Seigneur ”, lorsqu’il[4] dit : “ Le Seigneur a dit à mon Seigneur : ‘ Siège à ma droite, jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis l’escabeau de tes pieds ’” ? Si donc David appelle le Christ “ Seigneur ”, comment le Christ peut-il être son fils ? »

Ne sachant que répondre, ils s’éloignent en ruminant leur poison.

596.4

Jésus quitte le lieu tout envahi par le soleil, où il se tenait, pour aller plus loin, là où se trouvent les bouches du Trésor, près de la salle du gazophylacium. Ce côté, encore à l’ombre, est occupé par des rabbis qui pérorent avec de grands gestes devant leurs auditeurs hébreux, dont le nombre augmente à mesure que les heures passent et que l’affluence de la foule vers le Temple s’accroît.

Les rabbis s’efforcent de démolir par leurs discours les enseignements que le Christ a donnés les jours précédents ou le matin même. Plus ils voient augmenter la foule des fidèles, plus ils haussent la voix. En effet le lieu, bien que très vaste, fourmille de gens qui vont et viennent en tous sens…

596.5

Jésus me dit : « Insère ici la vision de l’obole de la veuve (du 19 juin 1944), rectifiée[5] comme je te l’indiquerai. »

Ensuite, la vision se poursuit.

Le lundi 19 juin 1944.

596.6

C’est seulement aujourd’hui, et avec insistance, que je vois apparaître la vision suivante.

Au début, je ne vois que des cours et des portiques. Je les reconnais : ce sont des parties du Temple. Jésus est appuyé à une énorme colonne carrée qui soutient une arcade du portique. Il a l’air d’un empereur, tant il est solennel dans son vêtement rouge vif et son manteau, rouge aussi, mais plus foncé. Il me regarde fixement. Je me perds à le contempler, heureuse de sa présence après deux jours sans voir ni entendre.

La vision se prolonge ainsi longtemps, et tant qu’elle dure ainsi, je n’écris pas, car je suis tout à ma joie. Mais maintenant que je vois la scène s’animer, je comprends qu’il y a autre chose, et j’écris.

L’endroit se remplit de gens qui vont et viennent dans tous les sens. Il y a là des prêtres et des fidèles, des hommes, des femmes et des enfants. Les uns passent, d’autres s’arrêtent, écoutent les docteurs ; d’autres encore, qui mènent des agneaux ou portent des colombes, partent dans d’autres directions, peut-être pour les sacrifier.

Jésus reste adossé à sa colonne, il observe sans mot dire. Par deux fois même, il a été interrogé par les apôtres et a fait signe que non, mais il n’a pas parlé. Il regarde avec beaucoup d’attention et, d’après son expression, il semble juger ceux qu’il examine. Son regard et tout son visage me rappellent l’aspect que je lui ai vu dans la vision[6] du Paradis, quand il étudiait les âmes lors du jugement particulier. Maintenant, naturellement, c’est l’homme Jésus ; là-haut, c’était Jésus glorieux, donc encore plus imposant. Mais les changements d’expression de son visage, qui observe intensément, sont les mêmes. Il est sérieux, scrutateur, mais, s’il est parfois d’une sévérité à faire trembler le plus effronté, parfois aussi il est si doux, d’une tristesse si souriante, que son regard paraît être une caresse.

596.7

Il semble ne rien entendre, mais il doit tout écouter. Je m’en rends compte quand, d’un groupe éloigné de quelques mètres et rassemblé autour d’un docteur, s’élève une voix nasillarde qui proclame : “ Ce commandement est plus important que tout autre : que tout ce qui est pour le Temple aille au Temple. Le Temple doit être placé plus haut que les parents et, si quelqu’un veut donner tous ses biens pour la gloire du Seigneur, il peut le faire et il en sera béni, car il n’y a pas de sang ni d’affection supérieure au Temple. ” Jésus tourne lentement la tête dans cette direction et regarde d’un air… dont je ne voudrais pas qu’il s’adresse à moi.

Il paraît tout observer en général. Mais un fait me détrompe : à un moment, un vieillard tremblant s’apprête à gravir les cinq marches d’une espèce de terrasse proche de Jésus qui semble mener à une autre cour plus intérieure ; il appuie son bâton, s’empêtre dans son vêtement, et est à deux doigts de tomber. Aussitôt, Jésus allonge le bras, le saisit et le soutient, et il ne le lâche que lorsqu’il le voit en sûreté. Le vieil homme lève son visage ridé, regarde son grand sauveur et murmure une parole de bénédiction ; Jésus lui sourit et caresse sa tête à moitié chauve. Puis il revient contre sa colonne et s’en écarte encore une fois pour relever un enfant qui glisse de la main de sa mère et tombe à plat ventre, juste à ses pieds, en pleurant, contre la première marche. Il le relève, le caresse, le console. La mère, confuse, remercie. Jésus lui sourit à elle aussi, et lui rend le petit.

Mais il ne sourit pas quand passe un pharisien bouffi d’orgueil, ni quand se présentent en groupe des scribes et d’autres dont je ne sais qui ils sont. Ce groupe salue avec de grands gestes et de profondes courbettes. Jésus les regarde si fixement qu’il semble les transpercer. Il salue, mais sans chaleur. Il a l’air sévère. Un prêtre aussi déambule : ce doit être un gros bonnet, car la foule s’écarte et le salue, et lui passe, fier comme un paon. Jésus porte sur lui un long regard, un regard tel que l’homme, qui est pourtant pétri d’orgueil, baisse la tête. Il ne salue pas, mais il ne résiste pas au regard de Jésus.

596.8

Jésus le quitte des yeux pour observer une pauvre femme, vêtue de marron foncé, qui monte les marches avec un air honteux, et se dirige vers un mur où se trouvent des têtes de lions ou autres animaux du même genre, gueule ouverte. Beaucoup s’y rendent, mais Jésus paraissait jusqu’alors ne pas s’en occuper. Maintenant, au contraire, il suit des yeux la petite femme. Son regard exprime la pitié, et même une grande douceur quand il la voit tendre la main et jeter quelque chose dans la gueule de pierre de l’un de ces lions. Et lorsque la pauvrette, en se retirant, passe près de lui, il prend la parole pour lui dire :

« Paix à toi, femme. »

Celle-ci, stupéfaite, lève la tête.

« Paix à toi » répète Jésus. « Va, car le Très-Haut te bénit. »

La femme reste bouche bée, puis murmure une salutation et s’éloigne.

« Elle est apaisée dans son malheur » dit Jésus, sortant de son silence. « Maintenant, la voilà heureuse, car la bénédiction de Dieu l’accompagne.

596.9

Ecoutez, mes amis, et vous tous qui êtes autour de moi. Voyez-vous cette femme ? Elle n’a offert que deux sous, moins qu’il n’en faut pour payer le repas d’un passereau en cage, et pourtant elle a donné davantage que tous ceux qui, depuis l’ouverture du Temple à l’aurore, ont versé leur obole au Trésor.

Ecoutez : j’ai vu des riches en grand nombre jeter dans ces gueules des sommes capables de la rassasier pendant une année et de revêtir sa pauvreté, qui n’est décente que parce qu’elle est propre. J’ai vu des riches qui, avec une satisfaction visible, y mettaient de quoi rassasier les pauvres de la cité sainte pendant un jour ou plus, et leur faire bénir le Seigneur. Mais, en vérité, je vous dis que personne n’a donné plus qu’elle. Son obole est charité, les autres ne le sont pas. Elle est générosité, les autres ne le sont pas. Elle est sacrifice, les autres ne le sont pas. Aujourd’hui, cette femme ne mangera pas, car elle n’a plus rien. Il lui faudra d’abord travailler pour obtenir un salaire, avant de pouvoir donner du pain à sa faim.

Elle n’a pas de richesses en réserve ; elle n’a pas de parents qui gagnent leur vie pour elle. Elle est seule. Dieu lui a pris parents, mari et enfants, il lui a enlevé le peu de bien qu’ils lui avaient laissé ; plus que Dieu, ce sont d’ailleurs les hommes qui lui ont pris ce qu’il lui restait… ces hommes qui, maintenant, avec de grands gestes — vous les voyez ? —, continuent à jeter à l’intérieur leur superflu, dont une grande partie est extorquée par l’usure aux pauvres mains des faibles et des affamés.

596.10

Eux disent qu’il n’y a pas de sang ni d’affection supérieurs au Temple et, de cette façon, ils enseignent à ne pas aimer leur prochain. Moi, je vous dis qu’au-dessus du Temple, il y a l’amour. La Loi de Dieu est amour, et il n’aime pas ceux qui n’ont pas pitié de leur prochain. L’argent superflu, l’argent souillé par l’usure, par la haine, par la dureté, par l’hypocrisie, ne chante pas les louanges de Dieu et n’attire pas sur le donateur la bénédiction céleste. Dieu le rejette. Un tel homme engraisse cette caisse, mais ce n’est pas de l’or destiné à l’encens : c’est de la boue qui vous submerge, ô ministres qui ne servez pas Dieu, mais votre intérêt ; c’est un lacet qui vous étrangle, ô docteurs qui enseignez une doctrine de votre invention ; c’est un poison qui vous corrode le peu de conscience que vous avez encore, ô pharisiens. Dieu ne veut pas du superflu. Ne soyez pas des Caïns. Dieu ne veut pas ce qui est le fruit de la dureté. Dieu ne veut pas entendre une voix plaintive gémir: “ J’aurais dû rassasier un affamé, mais on m’en a détourné, afin d’étaler du faste dans le Temple. J’aurais dû aider un vieux père, une mère chancelante, mais on me l’a refusé, parce que cette aide n’aurait pas été connue du monde, et je dois tout faire pour être remarqué, afin que le monde voie le donateur. ”

Non, rabbi : tu enseignes que ce sont seulement les restes que l’on doit à Dieu, et qu’il est permis de refuser d’aider son père et sa mère pour donner à Dieu ; or le premier commandement est : “ Aime Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ton intelligence, de toutes tes forces. ” Ce n’est donc pas le superflu, mais notre sang qu’il faut lui donner, en aimant souffrir pour lui. Souffrir, et non pas faire souffrir… Et s’il coûte beaucoup au cœur de l’homme — vicieux par nature — de se dépouiller de ses richesses, c’est justement pour cette raison qu’il faut donner. Par justice : car tout ce que l’on a est dû à la bonté de Dieu. Par amour : car c’est une preuve d’amour de vouloir se sacrifier pour faire la joie de ceux qu’on aime. Souffrir pour offrir, mais souffrir. Non pas faire souffrir, je le répète. Car le second commandement dit : “ Aime ton prochain comme toi-même. ” La loi précise même que, après Dieu, les parents sont les proches à qui nous sommes tenus de rendre honneur et d’apporter notre aide.

596.11

Je vous le dis, en vérité, cette pauvre femme a compris la loi mieux que les sages, et elle est justifiée et bénie plus que quiconque. Car, en dépit de sa pauvreté, elle a tout sacrifié à Dieu, alors que vous, vous donnez le superflu, et seulement pour grandir dans l’estime des hommes. Je sais que vous me haïssez quand vous m’entendez tenir de tels propos. Mais tant que cette bouche pourra parler, elle s’exprimera en ces termes. Vous unissez votre haine contre moi au mépris pour la pauvre femme dont je vante le mérite. Mais ne croyez pas faire de ces deux pierres un double piédestal pour votre orgueil. Ce sera la meule qui vous broiera.

Allons. Laissons les vipères se mordre pour augmenter leur venin. Que celui qui est pur, bon, humble, contrit et qui veut connaître le vrai visage de Dieu, me suive. »

596.12

Jésus dit :

« Quant à toi, à qui rien ne reste puisque tu m’as tout donné, donne-moi ces deux dernières pièces. Par rapport au tout que tu m’as donné, elles sembleront peu de choses aux yeux des étrangers. Mais pour toi qui n’as plus qu’elles, elles représentent tout. Mets-les dans la main de ton Seigneur. Et ne pleure pas, ou du moins ne pleure pas seule. Pleure avec moi, qui suis le seul à pouvoir te comprendre, et qui te comprends sans la brume d’humanité qui voile toujours la vérité. »

[Le 2 avril 1947]

596.13

Les apôtres, les disciples et la foule suivent Jésus en groupes compacts quand il revient à l’endroit de la première enceinte, c’est-à-dire presque à l’abri du mur d’enceinte du Temple, là où il y a un peu de fraîcheur — la journée est en effet absolument étouffante. Comme le sol est ravagé par les sabots des animaux, semé de pierres que les marchands et les changeurs emploient pour fixer leurs enclos et leurs tentes, les rabbis d’Israël n’y viennent pas. Eux qui permettent l’instauration d’un véritable marché au sein du Temple, ils éprouvent du dégoût à porter les semelles de leurs sandales là où sont mal dissimulés les restes des quadrupèdes expulsés des lieux il y a peu de jours…

Jésus, lui, n’en éprouve aucun dégoût, et il se réfugie là, entouré d’un cercle de nombreux auditeurs. Pourtant, avant de parler, il appelle auprès de lui ses apôtres pour leur dire :

« Approchez, et écoutez bien. Hier, vous vouliez savoir beaucoup de choses auxquelles je faisais de vagues allusions quand nous reposions dans le jardin de Joseph. Je vais vous en entretenir maintenant. Soyez donc bien attentifs, car ce sont de grandes leçons pour tous, et surtout pour vous, mes ministres et mes continuateurs.

596.14

Ecoutez : au temps fixé, des scribes et des pharisiens prirent place sur le siège de Moïse. Ce furent de tristes heures pour notre patrie[7].

Une fois l’exil de Babylone terminé et la nation reconstruite grâce à la magnanimité de Cyrus, les dirigeants du pays se rendirent compte de la nécessité de rétablir le culte et la connaissance de la Loi. Car malheur au peuple qui ne s’en sert pas comme défense, guide et soutien contre ces puissants ennemis d’une nation que sont l’immoralité des citoyens, la révolte contre les chefs, la désunion entre les classes et les partis, les péchés contre Dieu et contre le prochain, l’irréligion, car ce sont là des éléments de désagrégation pour eux-mêmes et la cause des punitions célestes qu’ils provoquent !

On vit donc apparaître les scribes, ou docteurs de la Loi, pour instruire le peuple : en effet, les gens ne parlaient plus que la langue chaldéenne — héritage du dur exil — et ne comprenaient plus les Ecritures, rédigées en pur hébreu. Des prêtres vinrent à leur aide, mais en nombre insuffisant pour s’acquitter convenablement de leur devoir d’enseigner les foules. A son tour, un laïcat érudit et consacré pour honorer le Seigneur en le faisant connaître aux hommes et en les amenant à lui, eut sa raison d’être, et il fit aussi du bien. Car, tous, rappelez-vous : même ce qui dégénère au fil du temps à cause de la faiblesse humaine — comme ce fut le cas pour cette institution qui s’est corrompue au cours des siècles —, a toujours quelque chose de bon et, au début du moins, une raison d’être. C’est pourquoi le Très-Haut leur permet de s’élever et de durer, jusqu’au moment où, la dégradation arrivant à son comble, le Très-Haut les disperse.

Vint ensuite l’autre secte des pharisiens, née de la transformation de celle des Hassidéens, qui surgit pour soutenir, par la morale la plus rigide et l’obéissance la plus intransigeante, la Loi de Moïse et l’esprit d’indépendance de notre peuple. Car à cette époque, le parti helléniste tentait de nous rendre esclaves : il s’était formé sous la pression et les séductions commencées au temps d’Antiochus Epiphane et devenues bientôt des persécutions contre ceux qui ne cédaient pas aux pressions du roi. Ce roi était rusé, car, plus que sur ses armes, il comptait sur la désagrégation de la foi dans les cœurs pour régner sur notre patrie.

596.15

Rappelez-vous également ceci : craignez plutôt les alliances faciles et les flatteries d’un étranger que ses légions. En effet, tant que vous resterez fidèles aux lois de Dieu et de la patrie, vous vaincrez, même si vous êtes encerclés par des armées puissantes. Mais quand vous serez corrompus par le poison subtil insinué comme un miel enivrant par l’étranger qui a formé des desseins contre vous, Dieu vous abandonnera à cause de vos péchés, et vous serez vaincus et assujettis, sans que votre faux allié livre la moindre bataille sanglante contre vous.

Malheur à celui qui n’est pas sur le qui-vive comme une sentinelle vigilante, et ne repousse pas les pièges subtils d’un voisin finaud et faux, d’un allié ou d’un maître qui commence sa domination chez les particuliers, en affaiblissant leur cœur et en les corrompant par des us et coutumes qui ne sont pas les nôtres, qui ne sont pas saints, et qui par conséquent nous rendent désagréables au Seigneur ! Malheur ! Rappelez-vous toutes les conséquences subies par la patrie lorsque certains de ses enfants ont adopté les modes de vie de l’étranger pour gagner ses bonnes grâces et en tirer profit. C’est un bon exemple que la charité envers tous, même envers les peuples qui ne partagent pas notre foi, qui n’ont pas nos coutumes, qui nous ont nui au cours des siècles. Mais l’amour pour ces peuples, qui sont toujours notre prochain, ne doit jamais nous faire renier la Loi de Dieu et de notre patrie au nom du calcul des profits qu’on pourra ainsi soutirer à nos voisins. Non. Les étrangers méprisent les hommes serviles jusqu’à répudier les fondations les plus saintes de la patrie. Ce n’est pas en reniant son père et sa mère — Dieu et la patrie —, que l’on obtient le respect et la liberté.

Mais, au bon moment, les pharisiens se dressèrent eux aussi pour ériger une digue contre le débordement des coutumes étrangères. Leur attitude fut profitable car, je le répète, tout ce qui surgit et qui dure a sa raison d’être. Il faut donc la respecter pour ce qu’elle a fait, sinon pour ce qu’elle est actuellement. Si elle est aujourd’hui coupable, il n’appartient pas aux hommes de l’insulter et encore moins de la frapper. Ce rôle revient à d’autres : à Dieu et à Celui qu’il a envoyé ; ce dernier a le droit et le devoir de parler et d’ouvrir vos yeux, pour que, eux comme vous, vous connaissiez la pensée du Très-Haut et agissiez avec justice. C’est à moi de le faire, et à nul autre. En effet, je parle par ordre divin, et je puis parler, n’ayant en moi aucun des péchés qui vous scandalisent quand vous les voyez commis par des scribes et des pharisiens — même si,quand vous le pouvez, vous en faites autant. »

596.16

Jésus, qui avait commencé à parler d’une voix douce, a haussé peu à peu le ton et, à la fin de son développement, elle est puissante comme une sonnerie de trompettes.

Juifs et païens sont attentifs. Si les premiers applaudissent Jésus lorsqu’il rappelle les devoirs envers la patrie et qu’il nomme ouvertement par leurs noms les étrangers qui les ont assujettis et fait souffrir, les seconds admirent l’éloquence du discours et se félicitent d’assister à cet exposé digne d’un grand orateur.

Jésus reprend, en baissant de nouveau la voix :

« Je tenais par ces mots à vous rappeler la raison d’être des scribes et des pharisiens. Je vous ai expliqué comment et pourquoi ils se sont assis sur le siège de Moïse, comment et pourquoi ils tiennent des propos qui ne sont pas vains. Faites donc ce qu’ils disent, mais n’imitez pas leurs actes. Car ils demandent que l’on agisse d’une façon qu’eux-mêmes ne mettent pas en pratique. Certes, ils enseignent les lois d’humanité du Pentateuque, mais ils chargent les autres de fardeaux énormes, impossibles à porter, inhumains, alors que, s’agissant d’eux-mêmes, ils ne lèvent pas le petit doigt pour porter ces fardeaux, pas même pour les toucher.

Leur règle de vie, c’est d’être remarqués et applaudis pour leurs œuvres, qu’ils accomplissent de manière à ce qu’on les voie, pour en être loués. Et ils contreviennent à la loi de l’amour, car ils

aiment à se définir comme des êtres à part, ils méprisent ceux qui ne sont pas de leur secte, et ils exigent de leurs disciples le titre de maîtres et un culte qu’eux-mêmes ne rendent pas à Dieu. En ce qui concerne la sagesse et la puissance, ils se prennent pour des dieux. Ils veulent avoir la première place dans le cœur de leurs disciples, au-dessus des parents. Ils prétendent que leur doctrine surpasse celle de Dieu, et ils exigent qu’on la pratique à la lettre, même si elle altère la vraie Loi ; leur doctrine est pourtant inférieure à cette dernière plus que ne l’est cette montagne comparée à la hauteur du grand Hermon qui domine toute la Palestine. Certains d’entre eux sont hérétiques : il en est qui croient, comme les païens, à la réincarnation et à la fatalité ; d’autres nient ce que les premiers admettent et, de fait sinon effectivement, ils refusent ce que Dieu leur a demandé de croire, quand il s’est défini comme le Dieu unique à qui rendre un culte, et quand il a dit que le père et la mère viennent immédiatement après Dieu et, comme tels, ont le droit d’être obéis plus qu’un maître qui n’est pas divin.

Si maintenant je vous dis[8] : “ Celui qui aime son père et sa mère plus que moi, n’est pas digne du Royaume de Dieu ”, ce n’est pas pour vous inculquer l’indifférence envers vos parents : au contraire, vous leur devez respect et soutien, et il n’est pas permis de les priver d’un secours en prétextant : “ C’est l’argent du Temple ”, de leur refuser l’hospitalité en alléguant : “ Ma charge me le défend ”, ou de leur prendre la vie en disant : “ Je te tue parce que tu aimes le Maître. ” Ce que je vous demande, c’est d’avoir pour vos parents l’amour qu’il convient, c’est-à-dire un amour alliant patience, force et douceur, un amour qui sache choisir entre ma Loi et l’égoïsme ou la violence de la famille, et cela sans arriver à la haine pour le parent qui pèche ou afflige en ne vous suivant pas sur le chemin de Vie que je propose. Aimez vos parents, obéissez-leur en tout ce qui est saint. Mais soyez prêts à mourir — non à donner la mort, mais à mourir — s’ils veulent vous amener à trahir la vocation que Dieu a mise en vous d’être les citoyens du Royaume de Dieu que je suis venu former.

596.17

N’imitez pas les scribes et les pharisiens, divisés bien qu’ils affectent d’être unis. Vous, qui êtes des disciples du Christ, soyez vraiment unis. Que les chefs soient pleins de douceur à l’égard des sujets, les sujets pleins de respect envers les chefs, tous unis dans l’amour. Car vous avez le même but : conquérir mon Royaume et être à ma droite au Jugement éternel. Rappelez-vous qu’un royaume divisé n’est plus un royaume et ne peut subsister. Soyez donc unis dans l’amour pour moi et pour ma doctrine. Que l’uniforme du chrétien — tel sera le nom de mes sujets — soit l’amour et l’union, l’égalité entre vous en ce qui concerne les vêtements, la communauté des biens, la fraternité des cœurs. Soyez un pour tous, et tous pour un. Que celui qui possède, donne humblement. Que celui qui n’a rien, accepte humblement et expose avec simplicité ses besoins à ses frères, avec la conviction qu’ils le sont effectivement ; et que les frères écoutent affectueusement les nécessités de leurs frères, se sentant vraiment tels pour eux.

Souvenez-vous que votre Maître a souvent eu faim, froid, qu’il a connu mille autres besoins et privations, et qu’il en a humblement fait part aux hommes, alors qu’il est le Verbe de Dieu. Rappelez-vous que l’homme miséricordieux sera récompensé, ne serait-ce que pour une gorgée d’eau. Rappelez-vous qu’il vaut mieux donner que recevoir. Que ces trois souvenirs aident le pauvre à trouver la force de demander sans se sentir humilié, en considérant que je l’ai fait avant lui, et de pardonner s’il se voit repoussé, en tenant compte du fait que, bien des fois, on a refusé au Fils de l’homme la place et la nourriture que l’on donne au chien qui garde le troupeau. Et que le riche trouve la générosité de partager ses biens, en pensant que le vil argent — ces odieuses richesses que Satan fait rechercher et qui causent les neufs dixièmes des ruines de ce monde — se change, si on le donne par amour, en un trésor immortel dans le Paradis.

596.18

Revêtez-vous de vos vertus. Qu’elles soient grandes, mais connues de Dieu seul. N’imitez pas les pharisiens, qui portent les phylactères les plus larges et les franges les plus longues, aiment les premières places dans les synagogues, attachent une grande importance aux marques de respect sur les places et veulent que le peuple les appelle : “ Rabbi ”. Vous n’avez qu’un seul Maître : le Christ. Vous, qui à l’avenir serez les nouveaux docteurs — c’est à vous que je m’adresse, mes apôtres et mes disciples —, souvenez-vous que moi seul suis votre Maître. Et je le serai encore quand vous ne me verrez plus parmi vous. Car la Sagesse est la seule source d’enseignement. Ne vous faites donc pas appeler maîtres, car vous êtes vous-mêmes des disciples.

N’exigez pas le nom de Père et ne le donnez à personne sur la terre, parce qu’un seul est le Père de tous : votre Père qui est dans les Cieux. Que cette vérité vous inspire la sagesse de vous sentir vraiment tous frères entre vous, aussi bien ceux qui dirigent que ceux qui sont dirigés, et aimez-vous par conséquent comme de bons frères. Et qu’aucun de ceux qui dirigent ne se fasse appeler guide, car il n’y a qu’un seul guide pour vous tous : le Christ.

Que le plus grand d’entre vous soit votre serviteur. Ce n’est pas s’humilier que d’être le serviteur des serviteurs de Dieu : c’est m’imiter, moi qui ai été doux et humble, toujours prêt à faire preuve d’amour pour mes frères en Adam et à les aider par la puissance que j’ai en moi comme Dieu. Et je n’ai pas humilié la divinité en servant les hommes. En effet, le vrai roi est celui qui sait dominer moins les hommes que les passions de l’homme — et en tête de toutes, le sot orgueil. Souvenez-vous : celui qui s’humilie sera exalté, et celui qui s’exalte sera humilié.

596.19

La Femme[9] dont le Seigneur a parlé dans le second livre de la Genèse, la Vierge dont il est question dans Isaïe, la Mère-Vierge de l’Emmanuel, a prophétisé cette vérité des temps nouveaux en chantant : “ Le Seigneur a renversé les puissants de leur trône et il a élevé les humbles. ” La sagesse de Dieu parlait sur les lèvres de celle qui était Mère de la Grâce et Trône de la Sagesse. Et je répète les paroles inspirées qui m’ont loué, uni au Père et à l’Esprit Saint, dans nos œuvres admirables quand, sans offense pour la Vierge, moi, l’Homme, je me formais dans son sein sans cesser d’être Dieu. Que ce soit une règle pour ceux qui veulent enfanter le Christ dans leur cœur et arriver au Royaume du Christ. Pour ceux qui sont orgueilleux, fornicateurs, idolâtres, qui s’adorent eux-mêmes et leur propre volonté, il n’y aura pas de Jésus Sauveur, pas de Christ Seigneur, et il n’y aura pas de Royaume des Cieux.

596.20

Donc malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui croyez pouvoir fermer par vos sentences impraticables — si elles étaient confirmées par Dieu, ce serait réellement des serrures inviolables pour la majorité des hommes — qui croyez pouvoir fermer le Royaume des Cieux à la face des hommes qui élèvent leur esprit vers lui pour trouver de la force dans leur pénible journée terrestre ! Malheur à vous qui n’y entrez pas, qui ne voulez pas y entrer, car vous n’accueillez pas la Loi du Royaume des Cieux et n’y laissez pas entrer les autres, qui se tiennent devant cette porte que vous, par votre intransigeance, renforcez par des verrous que Dieu n’y a pas mis.

Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui dévorez le bien des veuves sous prétexte de faire de longues prières. Vous en serez sévèrement jugés !

Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui allez par terre et par mer pour faire un seul prosélyte en dépensant des biens qui ne vous appartiennent pas, et, quand vous l’avez, le rendez fils de l’enfer, deux fois pire que vous !

Malheur à vous, guides aveugles, qui dites : “ Si quelqu’un jure par le Temple, son serment ne vaut rien, mais s’il jure par l’or du Temple, il reste lié par son serment. ” Sots et aveugles que vous êtes ! Qu’est-ce qui compte le plus : l’or, ou le Temple qui sanctifie l’or ? Vous prétendez : “ Si quelqu’un jure par l’autel, son serment ne vaut rien, mais s’il jure par l’offrande posée sur l’autel, alors son serment est valide, et il reste lié par son serment. ” Aveugles ! Qu’y a-t-il de plus grand : l’offrande, ou l’autel qui sanctifie l’offrande ? L’homme qui jure par l’autel jure par lui et par tout ce qui est posé dessus, celui qui jure par le Temple jure par lui et par Celui qui l’habite, et celui qui jure par le Ciel jure par le Trône de Dieu et par Celui qui y est assis.

Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui payez la dîme de la menthe et de la rue, de l’anis et du cumin, mais négligez les préceptes les plus graves de la Loi : la justice, la miséricorde et la fidélité. Ce sont elles, les vertus qu’il fallait avoir, sans laisser de côté les détails moins importants !

Guides aveugles, qui filtrez les boissons de crainte de vous contaminer en avalant un moucheron qui s’est noyé, et ensuite avalez un chameau sans vous croire impurs pour autant. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui lavez l’extérieur de la coupe et du plat, mais qui êtes intérieurement remplis de rapines et d’immondices. Pharisien aveugle, lave d’abord l’intérieur de ta coupe et de ton assiette, de façon que l’extérieur aussi devienne propre.

Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui volez dans les ténèbres comme des oiseaux de nuit pour accomplir vos œuvres de péché ou négociez de nuit avec les païens, les voleurs et les traîtres, et ensuite, le matin, après avoir effacé les signes de vos marchés occultes, montez au Temple, bien vêtus.

Malheur à vous, qui enseignez les lois de la charité et de la justice contenues dans le Lévitique, et qui êtes ensuite avides, voleurs, fourbes, calomniateurs, tyranniques, injustes, vindicatifs, haineux jusqu’à en venir à abattre celui qui vous gêne — même s’il est de votre sang —, à répudier la vierge devenue votre épouse, à répudier les enfants que vous avez eus d’elle parce que ce sont des infirmes, et à accuser d’adultère ou de maladie impure votre femme qui ne vous plaît plus, pour être débarrassés d’elle. C’est vous qui êtes rendus impurs par votre cœur libidineux, même si vous ne paraissez pas tels aux yeux des gens qui ne connaissent pas vos débauches. Vous êtes comme des sépulcres blanchis, qui semblent beaux du dehors, mais qui à l’intérieur sont remplis d’ossements de morts et de pourriture. Il en est autant de vous. Oui, c’est la même chose ! Du dehors, vous paraissez justes, mais à l’intérieur vous êtes remplis d’hypocrisie et d’iniquité.

Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui élevez des tombeaux somptueux aux prophètes et embellissez les tombes des justes en alléguant : “ Si nous avions vécu au temps de nos pères, nous n’aurions pas été complices de ceux qui ont versé le sang des prophètes, et nous n’y aurions pas participé. ” Ainsi vous témoignez contre vous que vous êtes les descendants de ceux qui ont tué vos prophètes. A votre tour, du reste, vous comblez la mesure de vos pères… O serpents, race de vipères, comment échapperez-vous à la condamnation de la Géhenne ?

596.21

C’est pour cette raison que je vous dis, moi qui suis la Parole de Dieu : Moi, Dieu, je vous enverrai de nouveaux prophètes, sages et scribes. Vous en tuerez certains, vous en crucifierez d’autres, vous en flagellerez dans vos tribunaux, dans vos synagogues, hors de vos murs, vous les poursuivrez de ville en ville, jusqu’à ce que retombe sur vous tout le sang des justes répandu sur la terre, de celui d’Abel[10] à celui de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre l’atrium et l’autel parce que, par amour pour vous, il vous avait rappelé votre péché afin que vous vous en repentiez et que vous reveniez au Seigneur.

C’est ainsi. Vous haïssez ceux qui veulent votre bien et vous invitent par amour sur les voies de Dieu.

En vérité, je vous dis que tout cela est sur le point d’arriver, le crime et ses conséquences. En vérité, je vous dis que tout cela s’accomplira sur cette génération.

Oh ! Jérusalem ! Jérusalem ! Jérusalem, toi qui lapides ceux qui te sont envoyés et qui tues tes prophètes ! Combien de fois j’ai voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et tu n’as pas voulu !

Maintenant, écoute, Jérusalem ! Ecoutez tous, vous qui me haïssez et haïssez tout ce qui vient de Dieu. Ecoutez, vous qui m’aimez et qui serez entraînés dans le châtiment réservé aux persécuteurs des envoyés de Dieu. Et écoutez vous aussi, vous qui, sans appartenir à ce peuple, êtes attentifs à mes paroles et désirez savoir qui est celui qui vous parle et qui prédit sans avoir besoin d’étudier le vol ou le chant des oiseaux, ni les phénomènes célestes ou les viscères des animaux sacrifiés, ni la flamme et la fumée des holocaustes, puisque tout ce qui doit advenir est présent pour celui qui vous parle. “ Votre maison sera désertée. Moi je vous annonce, déclare le Seigneur, que vous ne me verrez plus jusqu’à ce que vous disiez, vous aussi[11] : “ Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. ” »

596.22

Jésus a chaud, il est visiblement exténué, à la fois en raison de son discours prolongé et tonitruant, et à cause de la chaleur étouffante de cette journée sans vent. Bloqué contre le mur par une multitude, observé par des milliers d’yeux, sentant toute la haine de ceux qui l’écoutent sous les portiques de la Cour des Païens, et tout l’amour — ou du moins l’admiration — qui l’entoure, sans souci du soleil qui tombe sur les dos et les visages rougis et en sueur, il paraît vraiment épuisé. Comme il a besoin de réconfort, il le cherche auprès de ses apôtres et des soixante-douze disciples qui, comme autant de coins, se sont frayé lentement un passage dans la foule et sont arrivés au premier rang, pour former une barrière d’amour fidèle autour de lui.

Il leur dit :

« Sortons du Temple et allons au grand air, sous les arbres. J’ai besoin d’ombre, de silence et de fraîcheur. En vérité, je vous dis que ce lieu semble déjà brûler du feu de la colère céleste. »

Ils lui ouvrent la voie, non sans mal, et peuvent ainsi sortir par la porte la plus proche, où Jésus s’efforce vainement d’en congédier un grand nombre. Mais ils veulent le suivre à tout prix.

596.23

Les disciples, pendant ce temps, examinent le cube du Temple, qui étincelle au soleil de midi, et Jean d’Ephèse fait observer au Maître la puissance de l’édifice :

« Regarde ces pierres et ces constructions !

–Et pourtant, il n’en restera pas pierre sur pierre, dit Jésus.

– Non ? Quand ? Comment ? » demandent plusieurs.

Mais Jésus ne répond pas.

Après être descendu du mont Moriah, il sort de la ville en passant par Ophel et par la porte d’Ephraïm ou du Fumier. Puis il se réfugie d’abord au cœur des jardins du roi — c’est-à-dire tant que ceux qui, sans être apôtres ni disciples, se sont obstinés à le suivre, et s’en vont lentement quand Manahen, qui a fait ouvrir le lourd portail, se présente, l’air imposant, pour lancer à la ronde :

« Partez. Seuls entreront ici ceux que j’y autorise. »

Ombre, silence, parfums de fleurs, arômes de camphre et d’œillets, de cannelle, de lavande et de mille autres plantes odorantes, et bruissements de ruisseaux, certainement alimentés par les sources et citernes voisines, sous des galeries de feuillages, gazouillis d’oiseaux, font de cet endroit un lieu de repos paradisiaque. La ville semble éloignée de plusieurs milles, avec ses rues étroites, assombries par les arcades ou ensoleillées jusqu’à en être éblouissantes, avec ses odeurs et ses puanteurs d’égouts qui ne sont pas toujours nettoyés, et des rues parcourues par trop de quadrupèdes pour être propres, surtout celles d’importance secondaire.

596.24

Le gardien des jardins doit très bien connaître Jésus[12], car il le salue avec un respect mêlé de familiarité, et Jésus lui demande des nouvelles de sa femme et de ses enfants.

L’homme aurait voulu accueillir Jésus chez lui, mais le Maître préfère la paix fraîche, reposante, du vaste jardin du roi, un vrai parc de délices. Et avant que les deux serviteurs de Lazare, toujours aussi infatigables et dévoués, partent chercher les paniers de nourriture, Jésus leur dit :

« Dites à vos maîtresses de venir. Nous resterons ici quelques heures avec ma Mère et les femmes disciples fidèles ; ce sera si doux…

– Tu es très fatigué, Maître ! Ton visage le montre, remarque Manahen.

– Oui, au point que je n’ai pas eu la force d’aller plus loin.

– Mais je t’avais proposé ces jardins plusieurs fois, ces dernier jours. Tu sais combien je suis heureux de pouvoir t’offrir paix et réconfort !

– Je le sais, Manahen.

– Et hier, tu as voulu aller dans ce triste lieu dont les abords sont si arides, si étrangement dépouillés de toute végétation, cette année ! Un endroit si proche de cette triste porte !

– J’ai voulu faire plaisir à mes apôtres. Ce sont des enfants, au fond, de grands enfants. Vois, là-bas, comme ils se restaurent gaiement !… Ils oublient tout de suite ce qui se trame contre moi à l’intérieur de ces murs…

– Ils oublient également ton affliction… Mais il ne semble pas qu’il y ait lieu de s’alarmer. L’endroit me semblait plus dangereux d’autres fois. »

Jésus le regarde en silence. Que de fois je vois Jésus regarder et se taire ainsi, ces derniers temps !

Puis il se met à observer les apôtres et les disciples. Ils ont enlevé leurs couvre-chefs, leurs manteaux et leurs sandales pour se rafraîchir le visage et les membres dans les frais ruisselets, imités par plusieurs des soixante-douze disciples ; ceux-ci sont maintenant beaucoup plus nombreux, je crois, et, tous fraternellement unis par leur idéal, ils s’allongent çà et là pour se délasser, un peu à part pour laisser Jésus se reposer tranquillement.

Manahen aussi se retire pour le laisser en paix. Tous respectent le repos du Maître, extrêmement fatigué. Il s’est réfugié sous une tonnelle de jasmins en fleurs qui fait office de cabane, isolée par un circuit d’eau qui court en bruissant dans un petit canal où plongent herbes et fleurs. C’est un vrai havre de paix auquel on accède par un petit pont large de deux paumes et long de quatre, avec une balustrade fleurie par toute une guirlande de corolles de jasmins.

596.25

Les serviteurs reviennent avec plusieurs autres, car Marthe a voulu pourvoir aux besoins de tous les serviteurs du Seigneur, et ils annoncent que leurs maîtresses ne vont pas tarder à venir.

Jésus fait appeler Pierre :

« Avec mon frère Jacques, bénis, offre et distribue comme je le fais.

– Distribuer oui, mais pas bénir, Seigneur. C’est à toi qu’il revient d’offrir et de bénir, pas à moi.

– Quand tu étais à la tête de tes compagnons, loin de moi, ne le faisais-tu pas ?

– Si. Mais alors… j’y étais obligé. En ce moment, tu es avec nous, et c’est toi qui bénis. Tout me paraît meilleur, quand c’est toi qui offres pour nous et distribues… »

A ce mots, le fidèle Simon étreint son Jésus, assis épuisé dans cette ombre, et il penche la tête sur ses épaules, heureux de pouvoir le serrer et l’embrasser ainsi…

Jésus se lève et lui fait ce plaisir. Il s’avance vers les disciples, offre la nourriture, la bénit, la partage, les regarde manger avec plaisir et leur dit :

« Dormez ensuite, reposez-vous pendant que c’est l’heure, et pour que vous puissiez veiller et prier quand vous aurez besoin de le faire ; ainsi la fatigue et l’épuisement n’accableront pas de sommeil vos yeux et votre esprit quand il sera nécessaire que vous soyez dispos et bien éveillés.

– Tu ne restes pas avec nous ? Tu ne manges rien ?

– Laissez-moi me reposer. C’est de cela seulement que j’ai besoin. Mangez, mangez ! »

Il caresse en passant ceux qu’il trouve sur son chemin, et revient à sa place…

596.26

Douce, suave est la venue de Marie auprès de son Fils. Elle s’avance avec assurance, car Manahen, qui est moins fatigué que les autres, a veillé à côté du portail et lui indique l’endroit où se trouve Jésus.

Les autres femmes — il y a toutes les disciples hébraïques et la seule Valéria comme Romaine — s’arrêtent quelque temps en silence pour ne pas réveiller les disciples, qui dorment à l’ombre des arbre, et ressemblent à des brebis allongées dans l’herbe. C’est l’heure de sexte.

Marie entre sous la tonnelle de jasmins sans faire crisser le petit pont de bois ni le gravier du sol et, avec encore plus de précautions, elle s’approche de son Fils qui, vaincu par la fatigue, s’est endormi. Sa tête est posée sur une table de pierre qui se trouve là, et son bras gauche lui sert d’oreiller sous son visage caché par ses cheveux. Marie s’assied patiemment près de son Fils fatigué. Elle le contemple… longuement… et elle a un sourire douloureux et affectueux, tandis que des larmes tombent sans bruit sur son sein. Mais si ses lèvres sont closes et muettes, son cœur prie avec toute la force qu’il possède ; la puissance de cette prière et de sa souffrance est trahie par ses mains jointes sur ses genoux, serrées, croisées pour ne pas trembler et pourtant secouées d’un léger tremblement. Ces mains ne se disjoignent que pour chasser quelque mouche importune qui veut se poser sur le dormeur et pourrait l’éveiller.

C’est la Mère qui veille son Fils, le dernier sommeil de son Fils qu’elle puisse veiller. Le visage de Marie, en ce mercredi pascal, est différent de celui du jour de la naissance du Seigneur, car la douleur le rend pâle et déprime ses traits ; mais c’est la même pureté du regard affectueux, le même soin tremblant qu’elle avait quand, penchée sur la crèche de Bethléem, elle protégeait de son amour le premier sommeil inconfortable de son Enfant.

Jésus fait un mouvement et Marie essuie rapidement ses yeux pour ne pas montrer ses larmes à son Fils. Mais Jésus ne s’est pas réveillé, il a seulement changé de position, pour se tourner de l’autre côté, et Marie, reprenant son immobilité, continue à le veiller.

596.27

Mais quelque chose brise le cœur de Marie. C’est d’entendre son Jésus pleurer en dormant et, dans un murmure confus — car il parle la bouche serrée contre son bras et son vêtement —, il nomme Judas…

Marie se lève, s’approche, se penche sur son Fils. Elle suit ce murmure confus, les mains pressant son cœur. Le soliloque de Jésus, interrompu par moments, mais pas au point qu’on ne puisse le suivre, fait comprendre qu’il rêve le présent, le passé et l’avenir, jusqu’à ce qu’il se réveille en sursaut comme pour fuir quelque chose d’horrible. Mais il trouve la poitrine de sa Mère, les bras de sa Mère, le sourire de sa Mère, la douce voix de sa Mère, ses baisers, ses caresses et son voile passé légèrement sur son visage pour essuyer ses larmes et sa sueur en disant :

« Tu n’allais pas très bien et tu rêvais… Tu es fatigué et tout en sueur, mon Fils. »

Elle lui peigne ses cheveux en désordre, lui essuie le visage et le tient enlacé, appuyé sur son cœur, puisqu’elle ne peut le prendre sur ses genoux comme quand il était petit.

Jésus lui sourit :

« Tu es toujours la Mère. Celle qui console. Celle qui dédommage de tout. Ma Mère ! »

Il la fait asseoir auprès de lui, et lui abandonne sa main, posée sur ses genoux. Marie prend cette longue main, si distinguée et pourtant si robuste, d’artisan, dans ses petites mains, elle en caresse les doigts et le dos, en lissant les veines qui s’étaient gonflées pendant qu’elle pendait durant le sommeil. Elle essaie de le distraire…

596.28

« Nous sommes venues. Nous sommes toutes là, même Valéria. Les autres sont à l’Antonia. C’est Claudia qui les a demandées : “ elle est profondément triste ”, a confié son affranchie. Elle dit, je ne sais pour quelle raison, qu’elle présage beaucoup de larmes. Superstitions !… Seul Dieu connaît l’avenir…

– Où sont les femmes ?

– Elles sont là, à l’entrée des jardins. Marthe a voulu te préparer des plats solides et des boissons rafraîchissantes en pensant à ton épuisement. Mais moi, regarde : tu aime toujours cela, et je t’en ai apporté. C’est ma contribution. C’est meilleur, car cela vient de ta Maman. »

Elle lui montre du miel et une petite fouace de pain sur laquelle elle l’étend pour le donner à son Fils :

« Comme à Nazareth, lorsque tu prenais un peu de repos à l’heure la plus étouffante, et que tu avais si chaud à ton réveil : je venais alors de la grotte fraîche t’apporter cette collation… »

Elle s’arrête, car sa voix tremble.

Son Fils la regarde, et dit :

« Et quand Joseph était là, tu apportais la collation pour deux, ainsi que l’eau froide de la jarre poreuse, que tu avais gardée dans le courant pour qu’elle soit plus fraîche… Tu y mettais des tiges de menthe sauvage pour augmenter cette impression de fraîcheur… Que de menthe il y avait sous les oliviers ! Et que d’abeilles sur les fleurs de la menthe ! Notre miel avait toujours un peu ce parfum… »

Il pense… il se souvient…

« Nous avons vu Alphée, sais-tu ? Joseph s’est attardé parce qu’il avait un enfant un peu malade. Mais demain, il sera certainement ici avec Simon. Salomé, femme de Simon, garde notre maison et celle de Marie.

596.29

– Maman, quand tu seras seule, avec qui resteras-tu ?

– Avec qui tu diras, mon Fils. Je t’ai obéi, avant même de t’avoir, mon Jésus. Je continuerai à le faire après ton départ. »

Sa voix tremble, mais elle a sur ses lèvres un sourire héroïque.

« Toi, tu sais obéir. Quel repos d’être avec toi ! Car, tu vois, Maman ? Le monde ne peut comprendre, mais je trouve mon repos auprès de ceux qui obéissent… Oui, Dieu se repose auprès des obéissants. Dieu n’aurait pas eu à souffrir, à se fatiguer, si la désobéissance[13] n’était pas entrée dans le monde. Tout arrive parce qu’on n’obéit pas. De là vient la souffrance du monde… De là vient notre douleur.

– Mais aussi notre paix, Jésus. Car nous savons que notre obéissance console l’Eternel. Ah ! quelle importance cette pensée revêt pour moi ! Il m’est accordé, à moi, une créature, de consoler mon Créateur !

– Oh ! Joie de Dieu ! Tu ne sais pas, toi notre joie, ce qu’est pour Nous la parole que tu viens de dire ! Elle dépasse les harmonies des chœurs célestes… Bénie, bénie sois-tu, toi qui m’enseignes l’ultime obéissance et me la rends, par cette pensée, si agréable à accomplir !

– Tu n’as pas besoin que je t’instruise, mon Jésus. J’ai tout appris de toi.

– L’homme Jésus a tout appris de Marie de Nazareth.

– C’était ta lumière qui jaillissait de moi, la Lumière que tu es et qui venait à la Lumière éternelle anéantie sous forme humaine…

596.30

Les frères de Jeanne m’ont rapporté ton discours. Ils étaient remplis d’admiration. Tu as été courageux avec les pharisiens…

– C’est l’heure des suprêmes vérités, Maman. Pour eux, elles restent des vérités mortes, mais pour les autres ce seront des vérités vivantes. Et je dois mener mon dernier combat, par les armes de l’amour et de la rigueur, pour les arracher au Mal.

– C’est vrai. Ils m’ont raconté que Gamaliel, qui se tenait avec les autres dans une des salles des portiques, a lancé, à la fin, alors que beaucoup étaient irrités : “ Quand on ne veut pas s’attirer de reproches, on agit en homme juste ! ” Et il est parti après cette observation.

– Cela me fait plaisir que le rabbi m’ait entendu. Qui te l’a dit ?

– Lazare. Et c’est Eléazar, qui était présent dans la salle avec les autres, qui le lui a raconté. Lazare est venu à sexte. Il a salué, et il est reparti sans écouter ses sœurs, qui voulaient le retenir jusqu’au couchant. Il a demandé que l’on envoie Jean, ou d’autres, pour chercher les fruits et les fleurs qui seront juste à point.

– J’enverrai Jean, demain.

– Lazare vient tous les jours. Mais Marie se fâche, elle dit qu’il ressemble à une apparition. Il monte au Temple, vient, donne ses ordres et repart.

– Lazare aussi sait obéir. C’est moi qui l’en ai prié, car on cherche à le capturer lui aussi. Mais n’en parle pas à ses sœurs. Il ne lui arrivera rien.

596.31

Maintenant, allons trouver les disciples.

– Ne bouge pas. Je vais les appeler. Les disciples somnolent tous…

– Nous les laisserons dormir. La nuit, ils dorment peu, car je les instruis dans la paix de Gethsémani. »

Marie sort et revient avec les femmes, qui semblent n’avoir plus de poids, tant leur démarche est légère.

Elles le saluent avec de profondes marques de respect, et seule Marie, femme de Cléophas, se montre quelque peu familière. Marthe tire d’une grande bourse une amphore poreuse, tandis que Marie sort d’un vase, poreux lui aussi, des fruits frais venus de Béthanie et les dispose sur la table à côté de ce qu’a préparé sa sœur, c’est-à-dire un pigeon grillé sur la flamme, croquant, appétissant. Elle prie Jésus d’y goûter :

« Mange, cette viande est nourrissante. C’est moi qui l’ai préparée. »

Jeanne, de son côté, a apporté du vinaigre rosé. Elle explique :

« II rafraîchit bien, en ces premières chaleurs. Mon époux s’en sert quand il est fatigué, au cours de ses longues chevauchées.

– Nous n’avons rien » disent pour s’excuser Marie Salomé, Marie, femme de Cléophas, Suzanne et Elise.

A leur tour, Nikê et Valéria interviennent :

« Nous non plus. Nous ne savions pas que nous devions venir.

– Vous m’avez donné tout votre cœur. Cela me suffit. Et vous me donnerez encore… »

Il mange les fruits frais, mais surtout il boit la fraîche eau miellée que Marthe lui verse de l’amphore poreuse. C’est un vrai réconfort pour l’Epuisé.

Les femmes ne parlent guère. Elles le regardent se restaurer. Leurs yeux trahissent amour et inquiétude. A l’improviste, Elise se met à pleurer, et elle s’en excuse en disant :

« Je ne sais pas pourquoi, j’ai le cœur envahi de tristesse…

– Nous partageons toutes ce sentiment, même Claudia dans son palais… confie Valéria.

– Je voudrais que ce soit déjà la Pentecôte, murmure Salomé.

– Moi, au contraire, je voudrais arrêter le temps à cette heure, lance Marie de Magdala.

– Tu serais égoïste, Marie, lui répond Jésus.

– Pourquoi, Rabbouni ?

– Parce que tu voudrais pour toi seule la joie de ta rédemption. Il y a des millions d’êtres humains qui attendent cette heure, ou qui seront rachetés grâce à cette heure.

– C’est vrai, je n’y pensais pas… »

Elle penche la tête en se mordant les lèvres pour ne pas faire voir les larmes qui coulent de ses yeux et le tremblement de sa bouche. Mais son naturel courageux et combattant reprend le dessus, et elle poursuit :

« Si tu viens demain, tu pourras prendre le vêtement que tu as envoyé. Il est frais et propre, digne du repas pascal.

– Je viendrai… »

Avec un bon sourire, Il les invite à parler :

596.32

« Vous n’avez rien à me dire ? Vous êtes muettes et tristes. Ne suis-je plus Jésus ?… »

« Oh ! c’est toi ! Mais tu es si grand, ces derniers jours, que je n’arrive plus à te voir comme le bébé que j’ai porté dans mes bras, s’écrie Marie, femme d’Alphée.

– Et moi comme le simple rabbi qui entrait dans ma cuisine pour chercher Jean et Jacques, dit Salomé.

– Moi, je t’ai toujours connu ainsi : le Roi de mon âme ! » proclame Marie de Magdala.

Et Jeanne, pleine d’une douce suavité :

« Pour moi aussi, tu as toujours été divin, depuis le songe où tu m’es apparu, à l’heure de ma mort, pour m’appeler à la vie.

– Tu nous as tout donné, Seigneur. Tout ! soupire Elise, qui a repris son calme.

– Et vous m’avez tout donné

– Trop peu ! protestent-elles toutes.

– Le don ne cesse pas après cette heure. Il cessera seulement quand vous serez avec moi dans mon Royaume, mes disciples fidèles. Vous ne siégerez pas à mes côtés, sur les douze trônes pour juger les douze tribus d’Israël, mais vous chanterez hosanna avec les anges, pour faire un chœur d’honneur à ma Mère. Alors, comme aujourd’hui, le cœur du Christ trouvera sa joie à vous contempler.

– Moi, je suis jeune ! Il me faudra du temps pour monter à ton Royaume. Heureuse Annalia ! s’exclame Suzanne.

– Moi, je suis vieille et heureuse de l’être. J’espère que pour moi la mort sera proche, dit Elise.

– Moi, j’ai des fils… Je voudrais les servir, ces serviteurs de Dieu ! soupire Marie, femme de Cléophas.

– Ne nous oublie pas, Seigneur ! » lance Marie-Madeleine avec une angoisse contenue, je dirais avec un cri de son âme, tant sa voix, qu’elle contient pour ne pas éveiller les dormeurs, a une force plus vibrante qu’un cri.

– Je ne vous oublierai pas. Je viendrai. Toi, Jeanne, tu sais que je peux venir même si je suis très loin… Les autres doivent le croire. Et je vous laisserai quelque chose… un mystère qui me gardera en vous et vous en moi, jusqu’à ce que nous soyons, vous et moi, réunis dans le Royaume de Dieu.

596.33

Maintenant, partez. Vous allez dire que je ne vous ai guère parlé, qu’il était presque inutile de vous faire venir pour si peu. Mais j’ai désiré avoir autour de moi des cœurs qui m’ont aimé sans calcul. Pour moi. Pour moi, Jésus, et non pour le futur Roi d’Israël que l’on rêve. Allez. Et soyez bénies une fois de plus, de même que celles qui ne sont pas ici, mais qui pensent à moi, avec amour : Anne, Myrta, Anastasica, Noémi, et Syntica qui est si loin, ou encore Photinaï, Aglaé et Sarah, Marcelle, les filles de Philippe, Myriam — la fille de Jaïre —, les vierges, les rachetées, les épouses, les mères qui sont venues vers moi, qui ont été pour moi des sœurs et des mères, bien meilleures que les meilleurs des hommes… Toutes, toutes ! Je les bénis toutes. La grâce commence déjà à descendre sur la femme, la grâce et le pardon, par cette bénédiction que je vous donne. Allez… »

Mais, s’il les congédie, il retient un instant sa Mère :

« Avant ce soir, je serai au palais de Lazare. J’ai besoin de te voir encore. Jean sera avec moi. Mais je ne veux que toi, Mère, et les autres Marie, Marthe et Suzanne. Je suis tellement fatigué…

– Il n’y aura que nous. Adieu, mon Fils… »

Ils s’embrassent, ils se séparent… Marie part lentement. Elle se retourne avant de sortir. Elle se retourne avant de quitter le petit pont. Elle se retourne encore tant qu’elle peut voir Jésus… C’est à croire qu’elle ne peut s’éloigner de lui…

596.34

Jésus est de nouveau seul. Il se lève, sort, va appeler Jean qui dort à plat ventre parmi les fleurs comme un enfant, et il lui confie la petite amphore de vinaigre rosé, que Jeanne lui a apporté, en lui annonçant :

« Nous irons ce soir chez ma Mère, mais nous deux seuls.

– J’ai compris. Elles sont venues ?

– Oui. J’ai préféré ne pas vous réveiller…

– Tu as bien fait. Ta joie aura été plus grande. Elles savent t’aimer mieux que nous… dit Jean, éploré.

– Viens avec moi. »

Jean le suit.

« Qu’as-tu ? lui demande Jésus quand ils sont de nouveau dans la pénombre verte de la tonnelle où il reste de la nourriture.

– Maître, nous sommes tous très mauvais. Il n’y a pas d’obéissance en nous… ni de désir de rester avec toi. Même Pierre et Simon le Zélote se sont éloignés, je ne sais où. Et Judas y a trouvé l’occasion d’une querelle.

– Judas aussi est parti ?

– Non, Seigneur. Il prétend qu’il n’en a pas besoin, que lui n’a pas de complices dans les manigances que nous faisons pour essayer de t’obtenir des protections. Mais si je suis allé chez Hanne, si d’autres sont allés trouver des Galiléens qui résident ici, ce n’est pas pour faire du mal !… Et je ne crois pas que Pierre et Simon soient des hommes capables de manèges équivoques…

– N’y prête pas attention. En effet, Judas n’a pas besoin de partir pendant que vous vous reposez. Lui sait quand et où aller pour accomplir tout ce qu’il doit faire.

– Dans ce cas, pourquoi parle-t-il ainsi ? Ce n’est pas bien devant les disciples !

– Ce n’est pas bien, mais c’est ainsi.

596.35

Sois tranquille, toi, mon agneau.

– Moi, ton agneau ? C’est toi, le seul Agneau !

– Oui, toi. Je suis l’Agneau de Dieu, et toi l’agneau de l’Agneau de Dieu.

– Oh ! Une autre fois, dans les premiers jours où j’étais avec toi, tu m’as déjà dit cela. Nous étions seuls tous les deux, comme en cet instant, dans la verdure comme maintenant. C’était la belle saison. »

Ce souvenir réjouit Jean. Et il murmure :

« Je suis toujours, encore l’agneau de l’Agneau de Dieu… »

Jésus lui fait une caresse, et il lui offre un morceau du pigeon rôti resté sur la table, enveloppé d’une feuille de parchemin. Il ouvre ensuite des figues succulentes et les lui tend, joyeux de le voir manger.

Jésus s’est assis de travers sur le bord de la table et il regarde Jean avec une telle intensité que ce dernier lui demande :

« Pourquoi me regardes-tu ainsi ? Parce que je dévore comme un glouton ?

– Non. Parce que tu es comme un enfant… Ah ! mon bien-aimé ! Comme je t’aime pour ton cœur ! »

Jésus s’incline pour baiser les cheveux blonds de l’apôtre, et il lui dit :

« Reste toujours le même, sans orgueil ni amertume dans le cœur, même aux heures où la férocité se déchaînera. N’imite pas les pécheurs, mon enfant. »

596.36

Jean est repris par sa peine :

« Je ne peux pas croire que Simon et Pierre…

– Tu te tromperais, en vérité, si tu les croyais pécheurs. Bois. C’est une bonne et fraîche boisson. C’est Marthe qui l’a préparée… Maintenant, tu t’es restauré. Je suis certain que tu n’avais pas fini ton repas…

– C’est vrai. Les larmes m’étaient venues aux yeux. Car tant que c’est le monde qui nous hait, on comprend. Mais que l’un de nous insinue…

– N’y pense plus. Toi et moi, nous savons que Pierre et Simon sont honnêtes. Et cela suffit. Et tu sais que, malheureusement, Judas est pécheur. Mais garde le silence. Après bien des lustres, quand il sera juste de dire toute la profondeur de ma douleur, tu raconteras les souffrances que m’ont values les actes de cet homme, en plus de ceux de l’apôtre. Allons. Il est temps de quitter cet endroit pour nous rendre au camp des Galiléens et…

– Allons-nous aussi passer cette nuit là-bas ? Et auparavant, allons-nous à Gethsémani ? Judas voulait le savoir. Il dit en avoir assez de dormir sous la rosée, et de devoir prendre un repos si court et si inconfortable.

– Ce sera bientôt fini. Mais je ne vais pas confier à Judas mes intentions…

– Tu n’y es pas tenu. C’est toi qui dois nous guider, et non pas nous qui devons te guider. »

Jean est si éloigné de trahir qu’il ne comprend même pas la raison de prudence pour laquelle, depuis quelques jours, Jésus n’annonce jamais ce qu’il compte faire.

596.37

Les voilà au milieu des dormeurs. Ils les appellent. Ils se réveillent. De son côté, Manahen, une fois sa tâche accomplie, s’excuse auprès du Maître de ne pouvoir rester, et de ne pas l’accompagner le lendemain près de lui au Temple; car il est retenu au palais. Et en disant cela, il regarde fixement Pierre et Simon, qui entre-temps sont de retour ; Pierre fait un signe rapide de la tête, comme pour dire : “ Compris. ”

Ils sortent du jardin. Il fait encore chaud. Le soleil baisse, mais déjà la brise du soir tempère la chaleur et pousse quelques petits nuages dans le ciel pur.

Ils montent par Siloan, en évitant les lieux fréquentés par les lépreux, du moins ceux qui restent et qui n’ont pas su croire en Jésus. Simon le Zélote va leur apporter les restes de leur repas.

596.38

Matthias, l’ex berger, s’approche de Jésus :

« Mon Seigneur et Maître, j’ai beaucoup réfléchi avec mes compagnons à tes paroles, jusqu’au moment où la fatigue nous a pris ; nous nous sommes endormis avant d’avoir pu trouver une réponse aux questions que nous nous posions. Nous voilà maintenant plus sots qu’avant. Si nous avons bien compris les discours de ces derniers jours, tu as prédit que beaucoup de choses allaient être modifiées, bien que la Loi reste inchangée ; tu as dit aussi que l’on devra édifier un nouveau Temple, avec de nouveaux prophètes, sages et scribes, contre lequel on livrera bataille, et qui ne mourra pas, alors que celui-ci, toujours si j’ai bien compris, paraît destiné à périr.

– Il est effectivement destiné à périr. Rappelle-toi la prophétie[14] de Daniel…

– Mais nous, pauvres et peu nombreux comme nous le sommes, comment pourrons-nous l’édifier à nouveau, alors que les rois ont eu du mal à bâtir celui-ci ? Où le construirons-nous ? Pas ici, puisque tu dis que ce lieu restera désert jusqu’à ce qu’ils te bénissent comme envoyé par Dieu.

– C’est bien cela.

– Pas dans ton Royaume. Nous sommes convaincus que ton Royaume est spirituel. Alors comment et où l’établirons-nous ? Tu as dit hier que, lorsqu’ils croiront avoir détruit le vrai Temple — celui-ci n’est donc pas le vrai ? —, ce sera alors qu’il montera triomphant vers la vraie Jérusalem. Où est celle-ci ? Il y a en nous beaucoup de confusion.

– Il en est ainsi. Que les ennemis détruisent donc le vrai Temple. En trois jours, je le relèverai, et il ne connaîtra plus de menace, car il s’élèvera là où l’homme ne peut lui nuire.

596.39

En ce qui concerne le Royaume de Dieu, il est en vous et partout où des hommes croient en moi. Eparpillé pour le moment, il se répandra sur la terre au cours des siècles. Puis il sera éternel, uni, parfait au Ciel. C’est là, dans le Royaume de Dieu, que sera édifié le nouveau Temple, c’est-à-dire là où sont les esprits qui acceptent ma doctrine, la doctrine du Royaume de Dieu, et mettent ses préceptes en pratique.

Comment sera-t-il édifié si vous êtes pauvres et peu nombreux ? Ah ! en vérité, il n’est pas besoin d’argent ni de puissances pour construire l’édifice de la nouvelle demeure de Dieu, individuelle ou collective. Le Royaume de Dieu est en vous. Et l’union de tous ceux qui auront le Royaume de Dieu en eux, de tous ceux qui auront Dieu en eux (Dieu comme grâce, vie, lumière, charité) constituera le grand Royaume de Dieu sur la terre, la nouvelle Jérusalem qui s’étendra jusqu’aux limites du monde et qui, complète et parfaite, sans imperfection, sans ombres, vivra éternellement au Ciel.

Comment ferez-vous pour édifier Temple et cité ? Ce n’est pas vous, mais Dieu qui s’en chargera. Il vous suffit de faire preuve de bonne volonté. C’est faire preuve de bonne volonté que de rester en moi, de vivre ma doctrine, de rester unis. Soyez-moi unis jusqu’à constituer un seul corps dont tous les éléments, même les plus petits, soient nourris par une même humeur. Ce sera un unique édifice reposant sur une base unique et gardé dans l’unité par une cohésion mystique. Mais, sans l’aide du Père, que je vous ai enseigné à prier et que je prierai pour vous avant de mourir, vous ne pourriez rester dans la Charité, dans la Vérité, dans la Vie, c’est-à-dire encore en moi et avec moi en Dieu Père et en Dieu Amour — car nous sommes une unique Divinité –. C’est pourquoi je vous recommande d’avoir Dieu en vous pour pouvoir être le Temple qui ne connaîtra pas de fin. De vous-mêmes, vous ne pourriez rien faire. Si ce n’est pas Dieu qui édifie — et il ne peut édifier là où il ne peut établir sa demeure —, c’est en vain que les hommes s’agitent pour édifier ou reconstruire.

596.40

Le Temple nouveau, mon Eglise, s’élèvera seulement quand votre cœur sera la demeure de Dieu et c’est lui, avec vous comme pierres vivantes, qui édifiera son Eglise.

– Mais n’as-tu pas dit que Simon-Pierre en est le chef, la pierre sur laquelle on édifiera ton Eglise ? Et n’as-tu pas fait comprendre aussi que tu en es la Pierre angulaire ? Qui donc en est le chef ? Elle existe, ou non, cette Eglise ? interrompt Judas.

– J’en suis le Chef mystique, Pierre le chef visible. Car je retourne au Père en vous laissant la vie, la lumière, la grâce, par ma parole, par mes souffrances, et grâce au Paraclet, qui sera l’ami de ceux qui m’ont été fidèles. Je ne fais qu’un avec mon Eglise, mon corps spirituel dont je suis la tête.

La tête contient le cerveau ou esprit. L’esprit est le siège du savoir, le cerveau est ce qui dirige les mouvements des membres par ses commandements immatériels, qui sont plus puissants pour faire mouvoir les membres que toute autre excitation. Observez un mort dans lequel le cerveau est mort : ses membres peuvent-ils bouger ? Observez un homme simple d’esprit. N’est-il pas inerte au point de ne pas avoir ces mouvements instinctifs rudimentaires que possède l’animal le plus inférieur, le ver que nous écrasons en passant ? Observez quelqu’un chez qui la paralysie a rompu tout contact d’un ou de plusieurs membres avec le cerveau. La partie qui n’a plus de lien vital avec la tête peut-elle encore remuer ?

Mais si l’esprit dirige par ses ordres immatériels, ce sont d’autres organes — les yeux, les oreilles, la langue, le nez, la peau — qui lui communiquent les sensations, et ce sont les autres parties du corps qui exécutent et font exécuter ses ordres, quand il est averti par les organes matériels et visibles autant que l’intellect est invisible. Pourrais-je, sans vous dire “ asseyez-vous ”, obtenir que vous vous asseyiez sur la pente de cette montagne ? Même si je pense que je veux que vous vous mettiez assis, vous ne le savez pas tant que je ne traduis pas ma pensée en paroles, en me servant de ma langue et de mes lèvres. Pourrais-je moi-même m’asseoir, si je le pensais seulement parce que je sens la fatigue de mes jambes, mais si celles-ci refusaient de se plier pour prendre cette position ? L’esprit a besoin d’organes et de membres pour faire et pour faire accomplir les opérations que la pensée décide.

Ainsi, dans ce corps spirituel qu’est mon Eglise, je serai l’Intellect, c’est-à-dire la tête, siège de l’intellect ; Pierre et ses collaborateurs seront ceux qui observent les réactions, perçoivent les sensations et les transmettent à l’esprit pour qu’il éclaire et ordonne ce qui convient pour le bien du corps entier, et pour que, ensuite éclairés et dirigés par mon ordre, ils parlent et guident les autres parties du corps. La main qui repousse l’objet susceptible de blesser le corps, ou qui éloigne ce qui, étant corrompu, peut corrompre, le pied qui saute l’obstacle sans vous heurter et vous blesser en vous faisant trébucher, en ont reçu l’ordre de la partie qui dirige. Un enfant, ou même un adulte peut être sauvé d’un danger ou tirer un profit (par exemple dans le domaine de l’instruction, de bonnes affaires, de son mariage, d’une bonne alliance) grâce à un conseil reçu, ou à une parole qu’on lui a dite : c’est par ce conseil et cette parole qu’il évite de se nuire ou qu’il se fait du bien. Il en sera ainsi dans l’Eglise. Le chef, et les chefs, guidés par la Pensée divine, éclairés par la Lumière divine et instruits par la Parole éternelle, donneront ordres et conseils, et les membres agiront pour obtenir la santé et le profit spirituels.

596.41

Mon Eglise existe dès maintenant, parce que d’ores et déjà elle possède sa Tête surnaturelle et sa Tête divine, et elle a ses membres, qui sont les disciples. Elle est encore petite: c’est un germe en formation. Elle est parfaite uniquement dans la Tête qui la dirige. Le reste a encore besoin que Dieu le touche pour atteindre la perfection, et il lui faut du temps pour grandir. Mais en vérité, je vous dis qu’elle existe déjà et qu’elle est sainte, grâce à celui qui en est le Chef et à la bonne volonté des justes qui la composent. Elle est sainte et invincible. L’enfer, composé des démons et des hommes-démons, ne cessera de s’en prendre à elle, il la combattra de multiples manières, mais il ne triomphera pas. L’édifice sera inébranlable.

Mais il n’est pas fait d’une seule pierre. Observez le Temple, là-bas, vaste, beau, dans le soleil couchant. Est-il fait d’une seule pierre ? C’est un ensemble de pierres qui forment une unité harmonieuse, un tout. On dit : le Temple. C’est-à-dire une unité. Mais cette unité est composée des nombreuses pierres qui l’ont formée. Il aurait été inutile de poser des fondations si elles n’avaient pas dû soutenir les murs et le toit. Et il aurait été impossible d’élever les murs et de soutenir le toit si on n’avait pas commencé par faire des fondations solides proportionnées à une si grande masse.

C’est avec la même interdépendance des parties que s’élèvera le nouveau Temple. Vous l’édifierez au fil des siècles en l’appuyant sur les parfaits fondements que je lui ai donnés pour son volume. Vous l’édifierez sous la direction de Dieu, avec la qualité des éléments employés pour l’élever : les âmes que Dieu habite. Dieu transformera votre cœur en une pierre polie et sans fêlure destinée au nouveau Temple. Son Royaume et ses lois seront établies dans votre esprit. Sinon, vous ressembleriez à des briques mal cuites, à du bois vermoulu, à des pierres gélives éclatées qui ne tiennent pas et qu’un bon chef de chantier rejette. Ces pierres-là ne résistent pas, elles cèdent, et provoquent l’écroulement d’un mur si le constructeur, les constructeurs préposés par le Père à l’édification du Temple, sont des bâtisseurs qui s’idolâtrent, qui se pavanent en veillant à faire respecter leur honneur sans se soucier de l’édifice qui s’élève ni des matériaux employés. Bâtisseurs idolâtres, directeurs idolâtres, gardiens idolâtres, voleurs ! Voleurs de la confiance de Dieu, de l’estime des hommes, voleurs et orgueilleux qui se contentent d’avoir la possibilité d’un profit, et de posséder un tas de matériaux, sans prêter attention à leur qualité. Voilà une cause de ruine.

596.42

Vous, mes nouveaux prêtres et scribes du nouveau Temple, écoutez : malheur à vous, et à ceux qui, après vous, s’idolâtreront, ne veilleront pas et ne se surveilleront pas eux-mêmes et les autres fidèles, pour observer, vérifier la qualité des pierres et des boiseries, sans se fier aux apparences, et seront cause de ruines en permettant que des matériaux douteux, ou même tout à fait nuisibles, soient employés pour le Temple, faisant scandale et provoquant la ruine.

Malheur à vous si vous laissez se créer des lézardes et des murailles peu sûres, informes, qui s’écrouleront facilement parce qu’elles ne sont pas en équilibre sur des bases solides et parfaites. Ce n’est pas de Dieu — le Fondateur de l’Eglise — que viendrait le désastre, mais de vous tous, et vous en porteriez la responsabilité devant le Seigneur et devant les hommes.

Diligence, observation, discernement, prudence ! La pierre, la brique, la poutre faibles, qui seraient ruineuses dans un gros mur, peuvent être utiles dans des parties de moindre importance. Vous devez savoir trier : avec charité pour ne pas dégoûter les parties faibles, avec fermeté pour ne pas dégoûter Dieu et mettre en danger son Edifice. Et si vous vous apercevez qu’une pierre, déjà en place pour soutenir un angle maître, n’est pas bonne ou n’est pas équilibrée, ayez le courage de l’enlever de cette place, mortifiez-la en l’équerrant par le ciseau d’un saint zèle. Peu importe si elle crie sous la douleur. Elle vous bénira plus tard, au long des siècles, parce que vous l’aurez sauvée. Déplacez-la, donnez-lui une autre fonction. N’ayez pas peur même de l’éloigner tout à fait si vous voyez qu’elle est un objet de scandale et de ruine, rebelle à votre travail. Mieux vaut peu de pierres que beaucoup de remplissage.

Ne vous hâtez pas. Dieu ne se hâte jamais, mais ce qu’il crée est éternel, parce que bien pesé avant d’être mis à exécution. A défaut d’être éternel, il doit durer autant que les siècles. Regardez l’univers. Depuis des siècles, des milliers de siècles, il est comme Dieu l’a fait par des opérations successives. Imitez le Seigneur. Soyez parfaits comme votre Père. Ayez sa Loi en vous, son Royaume en vous, et vous ne faillirez pas.

Mais s’il n’en était pas ainsi, l’édifice s’écroulerait, et c’est en vain que vous vous seriez fatigués à l’élever. Il s’écroulerait, et il ne resterait de lui que la pierre angulaire, les fondations… C’est ce qu’il adviendra de ce Temple-ci ! Et le vôtre connaîtra le même sort si vous y mettez ce qu’on trouve en celui-ci : des parties malades d’orgueil, d’avidité, de péché, de débauche. Comme le souffle du vent a provoqué la dissolution de ce pavillon de nuages si gracieusement beau qui semblait reposer sur le sommet de cette montagne, de même, au souffle d’un vent de châtiment surnaturel et humain, les édifices qui n’ont de saint que le nom s’écrouleront… »

596.43

Pensif, Jésus se tait. Quand il reprend la parole, c’est pour dire :

« Asseyons-nous ici pour nous reposer un peu. »

Ils s’asseyent sur une pente du mont des Oliviers, en face du Temple rosi par le soleil couchant. Jésus regarde fixement cet endroit, avec tristesse. Les autres font de même avec orgueil en raison de sa beauté, mais cet orgueil s’est voilé d’inquiétude, à cause des paroles du Maître. Et si cette beauté devait réellement périr ?

Pierre et Jean parlent entre eux, puis murmurent quelque chose à Jacques, fils d’Alphée, et à André, leurs voisins, qui expriment leur accord par un signe de tête. Alors Pierre se tourne vers le Maître et lui dit :

« Viens à part et explique-nous quand se réalisera ta prophétie sur la destruction du Temple. Daniel en parle, mais s’il en était comme il l’annonce et comme tu le dis, le Temple n’aurait plus que quelques heures. Mais nous ne voyons ni armée ni préparatifs de guerre. Quand donc cela arrivera-t-il ? Quel en sera le signe ? Tu es venu. Tu dis que tu vas t’en aller. Or on sait que cela arrivera pendant que tu es parmi les hommes. Tu reviendras, alors ? A quand ton retour ? Explique-nous, afin que nous sachions…

– Nous n’avons pas besoin de nous mettre à l’écart. Tu vois ? Les disciples qui sont restés sont les plus fidèles, et ils vous aideront grandement, vous les Douze. Ils peuvent entendre mes paroles. Venez tous auprès de moi ! » crie-t-il donc pour rassembler tout le monde.

Les disciples, disséminés sur la pente, s’approchent, forment un groupe compact, serré autour du groupe principal de Jésus avec ses apôtres, et ils écoutent.

596.44

« Prenez garde que personne ne vous séduise à l’avenir. Je suis le Christ et il n’y en aura pas d’autres. Donc, quand plusieurs viendront vous dire : “ Je suis le Christ ” — et ils en séduiront un grand nombre —, ne les croyez pas, même si leurs paroles s’accompagnent de faits extraordinaires. Satan, en père du mensonge et protecteur des menteurs, aide ses serviteurs et ses disciples par de faux prodiges. Ce qui permet de reconnaître que ces prodiges ne sont pas bons, c’est qu’ils s’accompagnent toujours de peur, de trouble et de mensonge. Les miracles de Dieu, vous les connaissez : ils procurent une paix sainte, la joie, le salut, la foi, ils suscitent des désirs saints et de bonnes actions. Pas les autres. Réfléchissez donc à la forme et aux conséquences des prodiges que vous pourrez voir à l’avenir attachés à l’œuvre des faux christs et de ceux qui se donneront l’apparence de sauveurs des peuples, mais seront au contraire des fauves qui les mènent à leur perte.

Vous entendrez parler de guerres — vous en verrez aussi — et de bruits de guerre, et on vous dira : “ Ce sont les signes de la fin. ” Ne vous troublez pas : ce ne sera pas encore la fin. Il faut que tout cela arrive, mais ce ne sera pas encore la fin. Des peuples se soulèveront contre d’autres peuples, des royaumes, des nations, des continents contre d’autres, et il s’ensuivra des pestes, des famines et des tremblements de terre en plusieurs endroits. Mais ce ne sera que le commencement des douleurs. Alors on s’en prendra à vous, et on vous tuera en vous accusant d’être responsables de ces souffrances, et les hommes espéreront être délivrés en persécutant et en détruisant mes serviteurs.

Les hommes accusent toujours les innocents d’être la cause du mal qu’ils se créent eux-mêmes par leurs péchés. Ils vont jusqu’à accuser Dieu — lui, l’Innocence parfaite et la Bonté suprême — d’être la cause de leurs souffrances. Ils vous traiteront pareillement, et vous serez haïs à cause de mon nom. C’est Satan qui les y pousse. Et beaucoup se scandaliseront, se trahiront et se haïront mutuellement. C’est encore Satan qui les incite. Et il s’élèvera de faux prophètes qui induiront un grand nombre de gens en erreur. Ce sera encore Satan l’auteur véritable de tant de mal. Et à cause de la multiplication de l’iniquité, la charité se refroidira chez certains. Mais celui qui aura persévéré jusqu’à la fin sera sauvé. Néanmoins, il faut auparavant que cet Evangile du Royaume de Dieu soit prêché dans le monde entier, en témoignage pour toutes les nations. Alors viendra la fin. Il y aura le retour au Christ d’Israël qui l’accueille et la prédication de ma Doctrine dans le monde entier.

596.45

Encore un autre signe : un signe pour la fin du Temple et pour la fin du monde. Quand vous verrez l’abomination de la désolation prédite par Daniel — que celui qui m’écoute comprenne, et que celui qui lit le prophète sache lire entre les lignes —, alors que celui qui sera en Judée s’enfuie sur les montagnes, que celui qui sera sur sa terrasse ne descende pas prendre ce qu’il a dans sa maison, que celui qui est dans son champ ne revienne pas chez lui prendre son manteau : il lui faudra fuir sans se retourner, pour qu’il ne lui arrive pas de ne plus pouvoir le faire. Dans sa fuite, il ne devra pas se retourner par curiosité, pour ne pas garder dans son cœur cet horrible spectacle et en devenir fou. Malheur à celles qui seront enceintes et qui allaiteront en ces jours ! Et malheur si cette fuite devait s’accomplir pendant le sabbat ! S’enfuir ne suffirait pas pour se sauver sans pécher.

Priez donc pour que cela ne se produise pas en hiver et un jour de sabbat, car alors la tribulation sera si grande qu’il n’y en a pas eu de telle depuis le commencement du monde jusqu’à nos jours et qu’il n’y en aura plus jamais de semblable, car ce sera la fin. Si ces jours n’étaient pas abrégés en faveur des élus, personne ne serait sauvé, car les hommes-satans s’allieront à l’enfer pour tourmenter les gens.

Alors aussi, pour corrompre et détourner du droit chemin ceux qui resteront fidèles au Seigneur, des gens viendront dire : “ Le Christ est ici, le Christ est là, le voici ! ” Que personne ne les croie, car il s’élèvera de faux christs et de faux prophètes qui feront des prodiges extraordinaires capables d’induire en erreur, s’il était possible, les élus eux-mêmes. Ils enseigneront des doctrines en apparence si convenables et si bonnes qu’elles séduiraient même les meilleurs, s’ils n’avaient pas en eux l’Esprit de Dieu pour les éclairer sur la vérité et l’origine satanique de ces prodiges et de ces doctrines. Je vous le dis, je vous le prédis pour que vous puissiez vous diriger.

Mais ne craignez pas de tomber. Si vous restez dans le Seigneur, vous ne serez pas attirés par la tentation et la ruine. Rappelez-vous ce que je vous ai dit[15] : “ Je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions, et toute la puissance de l’Ennemi ne saurait vous nuire, car tout vous sera soumis. ” Je vous rappelle cependant que, pour l’obtenir, vous devez avoir Dieu en vous, et vous devez vous réjouir, non parce que vous maîtrisez les puissances du mal et ses poisons, mais parce que votre nom est écrit dans le Ciel.

596.46

Restez dans le Seigneur et dans sa vérité. Je suis la Vérité et j’enseigne la vérité. Aussi, je vous le répète : quoi que l’on vous raconte sur moi, ne le croyez pas. Moi seul ai dit la vérité. Moi seul, je vous affirme que le Christ viendra, mais quand ce sera la fin. Donc si l’on vous annonce : “ Il est dans le désert ”, n’y allez pas. Si l’on vous donne comme information : “ Il est dans cette maison ”, n’y croyez pas. Car la seconde venue du Fils de l’Homme sera semblable à l’éclair qui sort du levant et glisse jusqu’au couchant en moins de temps qu’il n’en faut pour le battement d’une paupière. Et il glissera sur le grand Corps[16], soudainement devenu cadavre, suivi de ses anges resplendissants. Alors, il jugera. Partout où sera le corps, se réuniront les aigles.

Aussitôt après la tribulation de ces derniers jours — je parle maintenant de la fin du temps et du monde, et de la résurrection des ossements qu’ont annoncées les prophètes[17] —, le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus de lumière, les étoiles du ciel tomberont comme les grains d’une grappe trop mûre secouée par un vent de tempête, et les puissances des Cieux seront ébranlées.

Alors, dans le firmament obscurci, apparaîtra de manière fulgurante le signe du Fils de l’homme ; toutes les nations de la terre pleureront, et les hommes verront le Fils de l’homme venir sur les nuées avec grande puissance et grande gloire.

Il ordonnera à ses anges de moissonner et de vendanger, de séparer l’ivraie du bon grain et de jeter le raisin dans la cuve : car le temps de la grande récolte des descendants d’Adam sera venu. Il ne sera plus nécessaire de garder des grappillons ou de la semence, car l’espèce humaine ne se perpétuera plus jamais sur la terre morte. Et il commandera à ses anges de rassembler au son des trompettes les élus des quatre vents, d’une extrémité à l’autre du ciel pour qu’ils prennent place à côté du divin Juge pour juger avec lui les derniers vivants et ceux qui seront ressuscités.

596.47

Regardez le figuier : quand vous voyez ses branches s’attendrir et des feuilles pousser, vous savez que l’été est proche. De même, quand vous verrez tous ces signes, sachez que le Christ va venir. En vérité, je vous le dis : cette génération qui n’a pas voulu de moi[18] ne passera pas avant que tout cela n’arrive.

Ma parole ne sera pas prise en défaut. Ce que je dis sera. Le cœur et la pensée des hommes peuvent changer, mais ma parole est immuable. Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas. Quant au jour et à l’heure précise, personne ne les connaît, pas même les anges du Seigneur, mais le Père seul.

596.48

Il en sera de la venue du Fils de l’homme comme au temps de Noé. Dans les jours qui précédèrent le déluge, les hommes mangeaient, buvaient, se mariaient, sans réfléchir au signe[19], jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; alors s’ouvrirent les cataractes du ciel et le déluge submergea tous les vivants et toutes choses. Il en sera de même à la venue du Fils de l’homme. Deux hommes seront l’un près de l’autre dans un champ : l’un sera pris, l’autre laissé ; deux femmes seront appliquées à faire marcher la meule : l’une sera prise, l’autre laissée, par les ennemis de la patrie et plus encore par les anges qui sépareront la bonne semence de l’ivraie, et ils n’auront pas le temps de se préparer au jugement du Christ.

Veillez donc, car vous ne savez pas à quelle heure viendra votre Seigneur. Réfléchissez : si le chef de famille savait à quelle heure vient le voleur, il veillerait et ne laisserait pas dépouiller sa maison. Veillez donc et priez, en étant toujours préparés à sa venue, sans que vos cœurs tombent dans la torpeur par des abus et des excès de toutes sortes ; que vos âmes ne soient pas éloignées et fermées aux affaires du Ciel par le souci excessif des réalités de la terre, et que le lacet de la mort ne vous prenne pas à l’improviste quand vous ne serez pas préparés. Car, rappelez-vous, tous vous devez mourir. Tous les hommes, dès leur naissance, sont destinés à la mort. Cette mort et le jugement subséquent sont une venue particulière du Christ, qui devra se répéter pour tous les hommes à la venue solennelle du Fils de l’homme.

596.49

Qu’en sera-t-il donc de ce serviteur fidèle et prudent préposé par son maître à donner en son absence la nourriture aux gens de sa maison ? Il serait heureux pour lui que son maître, revenant à l’improviste, le trouve en train d’accomplir son travail avec sollicitude, justice et amour. En vérité, je vous dis qu’il s’exclamera : “ Viens, bon et fidèle serviteur. Tu as mérité ma récompense. Tiens, administre tous mes biens. ” Mais s’il paraissait bon et fidèle sans l’être, si intérieurement il était mauvais comme extérieurement il était hypocrite, si, après le départ de son maître, il a pensé : “ Le maître ne reviendra pas de sitôt ! Prenons du bon temps ”, et s’il se mettait à battre et à maltraiter ses compagnons serviteurs, s’il faisait de l’usure sur eux pour la nourriture et mille autres délits afin d’avoir plus d’argent à dépenser avec les noceurs et les ivrognes, qu’arrivera-t-il ? Le maître reviendra à l’improviste, quand le serviteur ne le croit pas si proche : sa mauvaise conduite sera découverte, son emploi et l’argent lui seront retirés, et il sera chassé pour toujours, comme le veut la justice.

Il en est ainsi du pécheur impénitent qui, au lieu de se demander si sa mort peut être imminente et son jugement proche, jouit de la vie et commet toutes sortes d’abus en se disant : “ Je me repentirai plus tard. ” En vérité, je vous dis qu’il n’aura pas le temps de le faire, et qu’il sera condamné à rester éternellement dans le lieu de la redoutable horreur où il n’y a que blasphèmes, pleurs et tortures. Il n’en sortira pas avant le Jugement final, quand il revêtira sa chair ressuscitée pour se présenter dans son intégralité au Jugement final comme il a péché avec tout son être durant sa vie terrestre. C’est avec son corps et son âme qu’il se présentera au Juge Jésus dont il n’a pas voulu comme Sauveur.

596.50

Tous seront présents devant le Fils de l’homme, en une multitude infinie de corps rendus par la terre et la mer et recomposés après avoir été poussière pendant si longtemps, et les âmes seront présentes dans les corps. A chaque chair revenue sur les squelettes correspondra l’esprit qui l’animait autrefois. Ils se tiendront debout devant le Fils de l’homme, splendide dans sa divine majesté, assis sur le trône de sa gloire et soutenu par ses anges.

Il mettra d’un côté les hommes bons et de l’autre les mauvais, comme un berger sépare les brebis des boucs, et il placera ses brebis à droite et les boucs à gauche. Et de sa douce voix, il dira avec bienveillance à ceux qui, paisibles et rayonnants d’une beauté glorieuse dans la splendeur d’un corps saint, le regarderont avec tout l’amour de leur cœur : “ Venez, les bénis de mon Père, et prenez possession du Royaume préparé pour vous depuis l’origine du monde. Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’ai été pèlerin et vous m’avez hébergé, j’ai été nu et vous m’avez vêtu, malade et vous êtes venus me rendre visite, prisonnier et vous êtes venus me réconforter. ”

Alors les justes demanderont : “ Quand donc, Seigneur, t’avons-nous vu affamé ou assoiffé et t’avons-nous donné à manger ou à boire ? Quand t’avons-nous vu pèlerin ou nu et t’avons-nous accueilli ou vêtu ? Quand t’avons-nous vu malade et prisonnier, quans sommes-nous venus te rendre visite ? ”

Et le Roi des rois leur répondra : “ En vérité, je vous le dis : quand vous avez agi de la sorte à l’égard du plus humble de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. ”

Puis il se tournera vers ceux qui seront à sa gauche, et il leur dira d’un air sévère — son regard sera comme une flèche qui foudroiera les réprouvés, et dans sa voix tonnera la colère de Dieu — : “ Hors d’ici ! Loin de moi, maudits ! Allez dans le feu éternel préparé par la colère de Dieu pour le démon et les anges de ténèbres, et pour ceux qui ont écouté leur voix de la triple passion obscène. J’ai eu faim et vous ne m’avez pas donné à manger, soif et vous ne m’avez pas désaltéré, j’ai été nu et vous ne m’avez pas vêtu, j’ai été pèlerin et vous m’avez repoussé, malade et prisonnier et vous ne m’avez pas rendu visite, car vous n’aviez qu’une loi : votre plaisir égoïste. ”

Alors ils demanderont : “ Quand t’avons-nous vu affamé, assoiffé, nu, pèlerin, malade, prisonnier ? En vérité, nous ne t’avons pas connu. Nous n’étions pas là au moment où tu étais sur la terre. ”

Mais lui leur répondra : “ C’est vrai, vous ne m’avez pas connu, car vous n’étiez pas là quand j’étais sur la terre. Mais vous avez connu ma parole, et vous avez eu parmi vous des pauvres, des gens affamés, assoiffés, nus, malades, prisonniers. Pourquoi ne les avez-vous pas traités comme vous m’auriez peut-être traité, moi ? Car il n’est pas dit que ceux qui ont eu le Fils de l’homme parmi eux aient été miséricordieux envers lui. Ne saviez-vous pas que je suis dans mes frères, et que je suis présent là où souffre l’un d’eux ? Ce que vous n’avez pas fait à l’un de mes plus humbles frères, c’est à moi que vous l’avez refusé, à moi, le premier-né des hommes. Allez et brûlez dans votre égoïsme. Allez, et que les ténèbres et le gel vous enveloppent, puisque vous avez été ténèbres et gel, tout en sachant où était la Lumière et le feu de l’Amour. ”

Et ceux-là iront à l’éternel supplice alors que les justes entreront dans la vie éternelle.

Tel est l’avenir…

596.51

Partez maintenant. Et ne vous séparez pas. Je m’en vais avec Jean et je serai près de vous au milieu de la première veille, pour le repas et pour aller ensuite à nos instructions.

– Ce soir encore ? Nous le ferons tous les soirs ? Je suis tout courbatu par la rosée. Ne vaudrait-il pas mieux trouver quelque maison hospitalière ? Toujours sous les tentes ! Toujours à veiller pendant les nuits, qui sont fraîches et humides… se plaint Judas.

– C’est la dernière nuit. Demain… ce sera différent.

– Ouf ! Je croyais que tu voulais aller à Gethsémani chaque soir. Mais si c’est le dernier…

– Je n’ai pas dit cela, Judas : j’ai dit que ce sera la dernière nuit à passer au Camp des Galiléens, tous unis. Demain, nous préparerons la Pâque et nous consommerons l’agneau, puis j’irai seul prier à Gethsémani. Et vous pourrez faire ce que vous voudrez.

– Mais nous t’accompagnerons, Seigneur ! Quand donc avons-nous voulu te quitter ? dit Pierre.

– Tais-toi, toi qui es en faute. Simon le Zélote et toi, vous ne faites que voleter çà et là dès que le Maître a le dos tourné. Je vous ai à l’œil ! Au Temple… pendant la journée… sous les tentes, là bas… décoche Judas, heureux de dénoncer.

– Ça suffit ! S’ils le font, ils font bien. Mais ne me laissez pas seul… Je vous en prie…

– Seigneur, nous ne faisons rien de mal, crois-moi. Nos actions sont connues de Dieu et son regard ne se détourne pas d’elles avec dégoût, se défend le Zélote.

– Je le sais, mais c’est inutile. Et ce qui est inutile peut toujours être dommageable. Restez le plus possible unis. »

Puis il s’adresse à Matthieu :

« Toi, mon bon chroniqueur, tu répéteras[20] à ces hommes la parabole des dix vierges sages et des dix vierges folles, ainsi que celle du maître qui donne des talents à ses trois serviteurs pour qu’ils les fassent fructifier : deux gagnent le double et le paresseux enterre le sien. Tu t’en souviens ?

– Parfaitement, mon Seigneur.

– Alors répète-les-leur. Tous ne les connaissent pas, et ceux qui les connaissent auront plaisir à les réentendre. Passez votre temps en sages conversations jusqu’à mon retour. Veillez ! Veillez ! Tenez votre esprit éveillé. Ces paraboles sont appropriées à ce que je vous dis. Adieu. Que la paix soit avec vous. »

Prenant Jean par la main, il prend la direction de Jérusalem… Les autres se dirigent vers le Camp des Galiléens.

596.52

Jésus dit :

« Tu placeras ici la seconde partie du mercredi saint, qui fut si pénible. La nuit (1945). Souviens-toi de marquer en rouge les points que je t’ai signalés : ils éclairent ces mots[21] d’une grande lumière, pour qui sait la voir.

596.1

Gesù entra nel Tempio ancor più affollato che nei giorni precedenti. È tutto bianco oggi, nella sua veste di lino. È una giornata afosa.

Va ad adorare nell’atrio degli Israeliti e poi va ai portici[1], seguito da un codazzo di gente, mentre altra ha già preso le migliori posizioni sotto i porticati, e la maggioranza sono gentili che, non potendo andare oltre il primo cortile, oltre il portico dei Pagani, hanno approfittato del fatto che gli ebrei hanno seguito il Cristo per prendere posizioni di favore.

Ma un gruppo ben numeroso di farisei li scompagina: sono sempre arroganti ad un modo, e si fanno largo con prepotenza per accostarsi a Gesù curvo su di un malato. Attendono che lo abbia guarito, poi gli mandano vicino uno scriba perché lo interroghi.

Veramente fra loro c’era stata prima una breve disputa, perché Gioele detto Alamot voleva andare lui ad interrogare il Maestro. Ma un fariseo si oppone e gli altri lo sostengono dicendo: «No. Ci è noto che tu parteggi per il Rabbi, benché tu lo faccia segretamente. Lascia andare Uria…».

«Uria no», dice un altro giovane scriba che non conosco affatto. «Uria è troppo aspro nel suo parlare. Ecciterebbe la folla. Vado io».

E, senza ascoltare più le proteste degli altri, va vicino al Maestro proprio nel momento che Gesù congeda il malato dicendogli: «Abbi fede. Sei guarito. La febbre e il dolore non torneranno mai più».

596.2

«Maestro, quale è il maggiore dei comandamenti della Legge?».

Gesù, che lo aveva alle spalle, si volta e lo guarda. Una luce tenue di sorriso gli illumina il volto, e poi alza il capo, essendo a capo chino perché lo scriba è di bassa statura e per di più sta curvo in atto di ossequio, e gira lo sguardo sulla folla, lo appunta sul gruppo dei farisei e dottori e scorge il viso pallido di Gioele seminascosto dietro un grosso e impaludato fariseo. Il suo sorriso si accentua. È come una luce che vada a carezzare lo scriba onesto.

Poi riabbassa il capo guardando il suo interlocutore e gli risponde: «Il primo[2] di tutti i comandamenti è: “Ascolta, o Israele: il Signore Dio nostro è l’unico Signore. Tu amerai il Signore Dio tuo con tutto il tuo cuore, con tutta la tua anima, con tutte le tue forze”. Questo è il primo e supremo comandamento. Il secondo poi è simile a questo: “Amerai il tuo prossimo come te stesso”. Non vi sono comandamenti maggiori di questi. Essi rinchiudono tutta la Legge e i Profeti».

«Maestro, Tu hai risposto con sapienza e con verità. Così è. Dio è Unico e non vi è altro dio fuori che Lui. Amarlo con tutto il proprio cuore, con tutta la propria intelligenza, con tutta l’anima e tutte le forze, e amare il prossimo come se stesso, vale molto più di ogni olocausto e sacrificio. Molto lo penso quando medito le parole davidiche[3]: “A Te non piacciono gli olocausti; il sacrificio a Dio è lo spirito compunto”».

«Tu non sei lontano dal Regno di Dio, perché hai compreso quale sia l’olocausto che è gradito a Dio».

«Ma quale è l’olocausto maggiormente perfetto?», chiede svelto, a bassa voce, lo scriba, come se dicesse un segreto.

Gesù raggia d’amore lasciando cadere questa perla nel cuore di costui che si apre alla sua dottrina, alla dottrina del Regno di Dio, e dice, curvo su lui: «L’olocausto perfetto è amare come noi stessi coloro che ci perseguitano e non avere rancori.

Chi fa questo possederà la pace. È detto[4]: i mansueti possederanno la terra e godranno dell’abbondanza della pace. In verità ti dico che colui che sa amare i suoi nemici raggiunge la perfezione e possiede Dio».

596.3

Lo scriba lo saluta con deferenza e se ne torna al suo gruppo, che lo rimprovera sottovoce di aver lodato il Maestro, e con ira gli dicono: «Che gli hai chiesto in segreto? Sei anche tu, forse, sedotto da Lui?».

«Ho sentito lo Spirito di Dio parlare sulle sue labbra».

«Sei uno stolto. Lo credi forse tu il Cristo?».

«Lo credo».

«In verità fra poco vedremo vuote le nostre scuole dei nostri scribi ed essi andar raminghi dietro quell’Uomo! Ma dove vedi, in Lui, il Cristo?».

«Dove non so. So che sento che è Lui».

«Pazzo!», gli voltano inquieti le spalle.

Gesù ha osservato il dialogo e, quando i farisei gli passano davanti in gruppo serrato per andarsene inquieti, li chiama dicendo: «Ascoltatemi. Voglio chiedervi una cosa. Secondo voi, che ve ne pare del Cristo? Di chi è figlio?».

«Sarà figlio di Davide», gli rispondono marcando il “sarà”, perché vogliono fargli capire che, per loro, Egli non è il Cristo.

«E come dunque Davide, ispirato da Dio, lo chiama “Signore” dicendo[5]: “Il Signore ha detto al mio Signore: ‘Siedi alla mia destra fino a che non avrò messo i tuoi nemici a sgabello ai tuoi piedi’”? Se dunque Davide chiama il Cristo “Signore”, come il Cristo può essergli figlio?».

Non sapendo cosa rispondergli, si allontanano ruminando il loro veleno.

596.4

Gesù si sposta dal luogo dove era, tutto invaso dal sole, per andare più oltre, dove sono le bocche del tesoro, presso la sala del gazofilacio. Questo lato, ancora in ombra, è occupato da rabbi che concionano con grandi gesti rivolti ai loro ascoltatori ebrei, che aumentano sempre più come, col passar delle ore, aumenta di continuo la gente che affluisce al Tempio.

I rabbi si sforzano di demolire coi loro discorsi gli insegnamenti che il Cristo ha dato nei giorni precedenti o quella stessa mattina. E sempre più alzano la voce più vedono aumentare la folla dei fedeli. Il luogo, infatti, benché vasto tanto, formicola di persone che vanno e vengono in ogni senso…

596.5

Mi dice Gesù: «Inserisci qui la visione dell’obolo della vedova (19 giugno 44) corretta[6] come ti indicherò», (come ho già corretto nei dattiloscritti che ho rimandato). Poi continua la visione.

19 giugno 1944.

596.6

Solo oggi, e con insistenza, vedo apparire la seguente visione.

Sul principio non vedo che cortili e porticati, che riconosco essere del Tempio, e Gesù, che sembra un imperatore tanto è solenne nel suo abito rosso vivo e manto pure rosso più cupo, appoggiato ad una enorme colonna quadrata che sostiene un arco del portico. Mi guarda fissamente. Mi perdo a guardarlo, beandomi di Lui che da due giorni non vedevo e non udivo.

La visione dura così per lungo tempo. E finché dura così non la scrivo, perché è gioia mia. Ma, ora che vedo animarsi la scena, comprendo che vi è dell’altro e scrivo.

Il luogo si va empiendo di gente che va e viene in ogni senso. Vi sono sacerdoti e fedeli, uomini, donne e bambini. Chi passeggia, chi, fermo, ascolta i dottori, chi si dirige trascinando agnellini o portando colombi presso altri luoghi forse di sacrificio.

Gesù sta appoggiato alla sua colonna e guarda. Non parla. Anche due volte che è stato interrogato dagli apostoli ha fatto cenno di no, ma non ha parlato. È attentissimo ad osservare. E dall’espressione pare stia giudicando chi guarda. Il suo occhio e tutto il volto mi ricorda l’aspetto che gli ho visto nella visione[7] del Paradiso, quando giudicava le anime nel giudizio particolare. Ora, naturalmente, è Gesù, Uomo; lassù era Gesù glorioso, perciò più ancora imponente. Ma la mutabilità del volto, che osserva fissamente, è uguale. È serio, scrutatore, ma, se delle volte è di una severità da far tremare il più sfacciato, delle volte è anche così dolce, di una mestizia sorridente che pare carezzi con lo sguardo.

596.7

Pare non oda nulla. Ma deve ascoltare tutto perché, quando da un gruppo lontano parecchi metri, raccolto intorno ad un dottore, si alza una voce nasale che proclama: «Più di ogni altro comando è valido questo: quanto è per il Tempio al Tempio vada. Il Tempio è al disopra del padre e della madre e, se alcuno vuole dare alla gloria del Signore ogni “che” che gli avanza, lo può fare e ne sarà benedetto, poiché non vi è sangue né affetto superiore al Tempio», Gesù gira lentamente la testa in quella direzione e guarda con un che… che non vorrei fosse rivolto a me.

Pare guardi in generale. Ma quando un vecchietto tremolante si accinge a salire i cinque scalini di una specie di terrazza che è prossima a Gesù, e che pare conduca ad un altro cortile più interno, e punta il bastoncello e quasi cade inciampando nella veste, Gesù allunga il suo lungo braccio e l’afferra e lo sorregge, né lo lascia sinché lo vede in sicuro. Il vecchietto alza la testa grinzosa e guarda il suo alto salvatore e mormora una parola di benedizione, e Gesù gli sorride e lo carezza sulla testa semicalva. Poi torna contro la sua colonna, e se ne stacca ancora una volta per rialzare un bambino che scivola dalla mano della madre e cade bocconi proprio ai suoi piedi, piangendo, contro il primo scalino. Lo alza, lo carezza, lo consola. La madre, confusa, ringrazia. Gesù sorride anche a lei, alla quale riconsegna il piccolo.

Ma non sorride quando passa un tronfio fariseo e neppure quando passano in gruppo degli scribi e altri che non so chi siano. Questo gruppo saluta con grande sbracciarsi e inchinarsi. Gesù li guarda così fissamente che pare li perfori, e saluta ma senza espansione. È severo. Anche ad un sacerdote che passa, e deve essere un pezzo grosso perché la folla fa largo e saluta e lui passa tronfio come un pavone, Gesù dà un lungo sguardo. Uno sguardo tale che colui, che pure è pieno di superbia, china il capo. Non saluta. Ma non resiste allo sguardo di Gesù.

596.8

Gesù cessa di guardarlo per osservare una povera donnetta vestita di marrone scuro, che sale vergognosa i gradini e va verso una parete in cui sono come delle teste di leone o simili bestie a bocca aperta. Molti vanno a quella volta. Ma Gesù pareva non aver fatto caso a loro. Ora invece segue il cammino della donnetta. Il suo occhio la guarda pietoso e si fa dolce dolce quando la vede stendere una mano e gettare nella bocca di pietra di uno di quei leoni qualche cosa. E quando la donnetta nel ritirarsi gli passa vicino, dice per il primo: «La pace a te, donna». Quella, stupita, alza il capo e resta interdetta. «La pace a te», ripete Gesù. «Va’, ché l’Altissimo ti benedice». Quella poveretta resta estatica, poi mormora un saluto e va.

«Ella è felice nella sua infelicità», dice Gesù uscendo dal suo silenzio. «Ora è felice perché la benedizione di Dio la accompagna».

596.9

«Udite, amici, e voi che mi siete intorno. Vedete quella donna? Non ha dato che due spiccioli, tanto che non basta a comperare il pasto di un passero tenuto in gabbia, eppure ha dato più di tutti quanti hanno, da quando si è aperto il Tempio all’aurora, versato il loro obolo al Tesoro del Tempio. Udite. Ho visto ricchi in gran numero mettere in quelle bocche sostanze capaci di sfamare costei per un anno e di rivestire la sua povertà, che è decente solo perché è pulita. Ho visto ricchi mettere con visibile soddisfazione là dentro somme che avrebbero potuto sfamare i poveri della Città santa per uno e più giorni e far loro benedire il Signore. Ma in verità vi dico che nessuno ha dato più di costei. Il suo obolo è carità. L’altro non è. Il suo è generosità. L’altro non è. Il suo è sacrificio. L’altro non è. Oggi quella donna non mangerà poiché non ha più nulla. Prima dovrà lavorare per mercede, per poter dare un pane alla sua fame. Dietro a lei non vi sono ricchezze, non vi sono parenti che guadagnino per lei. Ella è sola. Dio le ha levato parenti, marito e figli, le ha levato quel poco bene che essi le avevano lasciato, e più che Dio glielo hanno levato gli uomini, questo; quegli uomini che ora con grandi gesti, vedete?, continuano a gettare là dentro il loro superfluo, di cui molto è estorto con usura dalle povere mani di chi è debole e ha fame.

596.10

Essi dicono che non c’è sangue e affetto superiore al Tempio, e così insegnano a non amare il prossimo loro. Io vi dico che sopra al Tempio è l’amore. La legge di Dio è amore, e non ama chi non ha pietà per il prossimo. Il denaro superfluo, il denaro infangato dall’usura, dall’astio, dalla durezza, dall’ipocrisia, non canta la lode a Dio e non attira sul donatore la benedizione celeste. Dio lo ripudia. Impingua queste casse. Ma non è oro per l’incenso: è fango che vi sommerge, o ministri, che non servite Dio ma il vostro interesse; ma è laccio che vi strozza, o dottori, che insegnate una dottrina vostra; ma è veleno che vi corrode quel resto d’anima, o farisei, che ancora avete. Dio non vuole ciò che è avanzo. Non siate Caini. Dio non vuole ciò che è frutto di durezza. Dio non vuole ciò che, alzando voce di pianto, dice: “Dovevo sfamare un affamato. Ma gli sono stato negato per far pompa qua dentro. Dovevo aiutare un vecchio padre, una madre cadente, e sono stato negato perché l’aiuto non sarebbe stato noto al mondo, ed io devo suonare il mio squillo perché il mondo veda il donatore”.

No, rabbi che insegni che quanto è avanzo va dato a Dio e che è lecito negare al padre e alla madre per dare a Dio. Il primo comando è: “Ama Dio con tutto il tuo cuore, la tua anima, la tua intelligenza, la tua forza”. Perciò non il superfluo ma quello che è sangue nostro bisogna dargli, amando soffrire per Lui. Soffrire. Non far soffrire. E se dare molto costa, perché spogliarsi delle ricchezze spiace e il tesoro è il cuore dell’uomo, vizioso di natura, è proprio perché costa che dare bisogna. Per giustizia: poiché tutto quanto si ha, si ha per bontà di Dio. Per amore, perché è prova d’amore amare il sacrificio per dare gioia a chi si ama. Soffrire per offrire. Ma soffrire. Non far soffrire, ripeto. Perché il secondo comando dice: “Ama il tuo prossimo come te stesso”. E la legge specifica che, dopo Dio, i genitori sono il prossimo cui è obbligo dare onore e aiuto.

596.11

Onde in verità vi dico che quella povera donna ha compreso la Legge meglio dei sapienti ed è giustificata più di ogni altro e benedetta, poiché nella sua povertà ha dato a Dio tutto, mentre voi date ciò che vi supera e lo date per crescere nella stima degli uomini. Lo so che mi odiate perché parlo così. Ma finché questa bocca potrà parlare, parlerà in tal modo. Unite il vostro odio per Me al disprezzo per la poverella che Io lodo. Ma non crediate di fare di queste due pietre doppio piedistallo alla vostra superbia. Saranno la macina che vi stritolerà.

Andiamo. Lasciamo che le vipere si mordano aumentando il loro veleno. Chi è puro, buono, umile, contrito, e vuole conoscere il vero volto di Dio, mi segua».

596.12

Dice Gesù:

«E tu, alla quale nulla resta, poiché tutto mi hai dato, dammi questi due ultimi spiccioli. Davanti al tanto che hai dato sembrano, agli estranei, un nulla. Ma per te, che non hai più che questi, sono tutto. Mettili nella mano del tuo Signore. E non piangere. O, almeno, non piangere sola. Piangi con Me, che sono l’Unico che ti posso capire e che ti capisco senza nebbie di umanità, che sono sempre interessato velo al vero».

[2 aprile 1947]

596.13

Apostoli, discepoli e folla lo seguono compatti, mentre Egli torna di nuovo nel luogo della prima cinta che è quasi al riparo del muraglione di cinta del Tempio, là dove è un poco di frescura perché la giornata è molto afosa. Là, essendo il terreno sconvolto dagli zoccoli degli animali, sparso delle pietre che i mercanti e i cambiavalute usavano per tenere fermi i loro recinti e le loro tende, là non ci sono i rabbi di Israele, i quali permettevano che nel Tempio si facesse un mercato, ma che hanno ribrezzo a portare le suole dei loro sandali là dove malamente sono cancellate le orme dei quadrupedi che solo da pochi giorni sono stati sfrattati di là…

Gesù non ne ha ribrezzo e si rifugia là, in un cerchio folto di ascoltatori. Però, prima di parlare, chiama vicino i suoi apostoli, ai quali dice:

«Venite e ascoltate bene. Ieri volevate sapere molte delle cose che ora dirò e che ieri accennai vagamente, quando riposavamo nell’orto di Giuseppe. State dunque bene attenti, perché sono grandi lezioni per tutti e soprattutto per voi, miei ministri e continuatori.

596.14

Udite. Sulla cattedra di Mosè si assisero al tempo giusto scribi e farisei. Ore tristi, quelle, per la Patria[8]. Finito l’esilio in Babilonia e ricostruita la nazione per magnanimità di Ciro, i reggitori del popolo sentirono la necessità di ricostruire anche il culto e la conoscenza della Legge. Perché guai a quel popolo che non li ha a sua difesa, guida e sostegno, contro i più potenti nemici di una nazione, che sono l’immoralità dei cittadini, la ribellione ai capi, la disunione fra le diverse classi e partiti, i peccati contro Dio e contro il prossimo, l’irreligiosità, tutti elementi disgregatori per se stessi e per le punizioni celesti che provocano!

Sorsero dunque gli scribi, o dottori della Legge, per poter ammaestrare il popolo che, parlante il linguaggio caldeo, retaggio del duro esilio, non comprendeva più le scritture scritte in ebraico puro. Sorsero in aiuto dei sacerdoti, insufficienti per numero ad assolvere il compito di ammaestrare le folle. Laicato dotto e dedicato ad onorare il Signore, portando la conoscenza di Lui negli uomini e portando a Lui gli uomini, ebbe la sua ragione di essere e fece anche del bene. Perché, ricordatevelo tutti, anche le cose che per debolezza umana poi degenerano, come fu questa che si corruppe nell’andare dei secoli, hanno sempre qualche parte di buono e una ragione, almeno iniziale, di essere, per le quali cose l’Altissimo permette che sorgano e durino sinché, la misura della degenerazione essendo colma, l’Altissimo non le disperde.

Venne poi l’altra setta dei farisei, dalla trasformazione di quella degli Assidei, sorta per sostenere con la più rigida morale e la più intransigente ubbidienza la Legge di Mosè e lo spirito di indipendenza nel nostro popolo, quando il partito ellenista, formatosi per le pressioni e le seduzioni iniziatesi al tempo di Antioco Epifane e presto mutatesi in persecuzioni su chi non cedeva alle pressioni dell’astuto, che più che sulle sue armi contava sulla disgregazione della fede nei cuori per regnare nella nostra Patria, tentava di farci servi.

596.15

Ricordate anche questo: temete piuttosto le facili alleanze e le blandizie di uno straniero che le sue legioni. Perché, mentre se sarete fedeli alle leggi di Dio e della Patria vincerete anche se accerchiati da eserciti poderosi, quando sarete corrotti dal veleno sottile, dato come un miele inebbriante dallo straniero che ha fatto disegni su voi, Dio vi abbandonerà per i vostri peccati, e sarete vinti e soggetti, anche senza che il falso alleato dia battaglia cruenta contro il vostro suolo. Guai a chi non sta all’erta come vigile scolta e non respinge[9] l’insidia sottile di un astuto e falso vicino, o alleato, o dominatore che inizia la sua dominazione sui singoli, illanguidendo il loro cuore e corrompendolo con usi e costumi che nostri non sono, che santi non sono e che perciò ci rendono sgraditi al Signore! Guai! Ricordate tutti le conseguenze portate alla Patria dall’avere alcuni dei suoi figli adottato usi e costumi dello straniero per ingraziarsi lo stesso e godere. Buona cosa è la carità con tutti, anche con i popoli che non sono della nostra fede, che non hanno i nostri usi, che ci hanno nuociuto nei secoli. Ma l’amore a questi popoli, che sono sempre nostro prossimo, non ci deve mai far rinnegare la Legge di Dio e della Patria per il calcolo di qualche utile carpito così ai vicini. No. Gli stranieri disprezzano coloro che sono servili sino al ripudio delle cose più sante della Patria. Non è col rinnegare il Padre e la Madre — Dio e la Patria — che si ottiene rispetto e libertà.

Bene dunque fu che al tempo giusto sorgessero anche i farisei a fare diga contro lo straripamento fangoso di usi e costumi stranieri. Lo ripeto: ogni cosa che sorge e che dura ha la sua ragione d’essere. E bisogna rispettarla per ciò che fece, se non per ciò che fa. Ché, se essa è colpevole, ormai, non sta agli uomini insultarla e meno ancora colpirla. C’è chi sa farlo: Dio e Colui che Egli ha mandato e che ha il diritto e il dovere di aprire la sua bocca e di aprire i vostri occhi, perché voi e loro sappiate il pensiero dell’Altissimo e agiate con giustizia. Io e nessun altro. Io perché parlo per mandato divino. Io perché posso parlare non avendo in Me nessuno dei peccati che vi scandalizzano quando li vedete fatti da scribi e farisei, ma che, se potete, fate voi pure».

596.16

Gesù, che aveva iniziato pianamente il suo discorso, ha alzato gradatamente la voce, e in queste ultime parole essa è potente come uno squillo di tromba.

Ebrei e gentili sono intenti ed attenti ad ascoltarlo. E se i primi applaudono quando Gesù ricorda la Patria e chiama apertamente coi loro nomi coloro che, stranieri, li hanno assoggettati e fatti soffrire, i secondi ammirano la forma oratoria del discorso e si felicitano di essere presenti a questa orazione degna di un grande oratore, dicono fra loro.

Gesù abbassa di nuovo la voce riprendendo a parlare:

«Questo vi ho detto per ricordarvi la ragione d’essere di scribi e farisei, e come e perché si sono seduti sulla cattedra di Mosè, e come e perché parlano e non vane sono le loro parole. Fate dunque ciò che essi dicono. Ma non imitateli nelle loro azioni. Perché essi dicono di fare in una data maniera, ma poi non fanno ciò che dicono che si deve fare. Infatti essi insegnano le leggi di umanità del Pentateuco, ma poi caricano di pesi grandi, insopportabili, inumani, gli altri, mentre per loro stessi non stendono neppur un dito, non a portare quei pesi, ma neppure a toccarli.

Loro regola di vita è l’esser visti e notati e applauditi per le loro opere, che fanno in maniera atta a esser viste, per averne lode. E contravvengono alla legge dell’amore, perché amano definirsi separati e hanno sprezzo per coloro che non sono della loro setta, ed esigono il titolo di maestri e un culto dai loro discepoli quali essi non dànno a Dio. Dèi si credono per sapienza e potenza, superiori al padre e alla madre vogliono essere nel cuore dei loro discepoli, e pretendono che la loro dottrina superi quella di Dio ed esigono che sia praticata alla lettera, anche se è manipolazione della vera Legge, inferiore alla stessa come più non lo è questo monte rispetto all’altezza del Grande Ermon che tutta la Palestina sovrasta; ed eretici sono, credendo, come i pagani, alla metempsicosi e alla fatalità alcuni, negando gli altri ciò che i primi ammettono e, di fatto se non di effetto, ciò che Dio stesso ha dato per fede, definendosi unico Dio al quale va dato culto e dicendo il padre e la madre secondi a Dio soltanto, e come tali in diritto di essere ubbiditi più di un maestro che non sia divino.

Ché se ora Io vi dico[10]: “Colui che ama il padre e la madre più di Me non è atto al Regno di Dio”, non è già per inculcarvi il disamore ai parenti, ai quali dovete rispetto ed aiuto, né è lecito levare un soccorso ad essi dicendo: “È denaro del Tempio”, o ospitalità dicendo: “La mia carica me lo vieta”, o la vita dicendo: “Ti uccido perché tu ami il Maestro”, ma è perché abbiate l’amore giusto ai parenti, ossia un amore paziente e forte nella sua mansuetudine, il quale sa — senza giungere all’odio verso il parente che pecca e dà dolore non seguendovi sulla via della Vita: la mia — il quale sa saper scegliere tra la legge mia e l’egoismo famigliare e la sopraffazione famigliare. Amate i parenti, ubbiditeli in tutto ciò che è santo. Ma siate pronti a morire, non già a dar morte ma a morire, dico, se essi vogliono indurvi a tradire la vocazione che Dio ha messa in voi di essere i cittadini del Regno di Dio che Io sono venuto a formare.

596.17

Non imitate scribi e farisei, divisi fra loro sebbene affettino di essere uniti. Voi, discepoli del Cristo, siate veramente uniti, uni per gli altri, i capi dolci ai soggetti, i soggetti dolci coi capi, uni nell’amore e nel fine della vostra unione: conquistare il mio Regno ed essere alla mia destra nell’eterno Giudizio. Ricordate che un regno diviso non è più un regno e non può sussistere. Siate dunque uniti fra voi nell’amore per Me e per la mia dottrina. Assisa del cristiano, ché tale sarà il nome dei sudditi miei, sia l’amore e l’unione, l’uguaglianza fra voi nelle vesti, la comunanza negli averi, la fratellanza dei cuori. Tutti per uno, uno per tutti. Chi ha, dia umilmente. Chi non ha, accetti umilmente e umilmente esponga i suoi bisogni ai fratelli, sapendoli tali; e i fratelli ascoltino amorosamente i bisogni dei fratelli, sentendosi ad essi veramente tali.

Ricordate che il Maestro vostro ebbe spesso fame, freddo e altri mille bisogni e disagi, e umilmente li espose agli uomini, Egli, Verbo di Dio. Ricordate che è dato un premio a chi è misericorde anche di un sol sorso d’acqua. Ricordate che dare è meglio che ricevere. In questi tre ricordi il povero trovi la forza di chiedere senza sentirsi umiliato, pensando che Io l’ho fatto prima di lui, e di perdonare se sarà respinto, pensando che molte volte al Figlio dell’uomo fu negato il posto e il cibo che si dànno ai cani di guardia al gregge. E il ricco trovi la generosità di dare le sue ricchezze, pensando che la moneta vile, l’odioso denaro suggerito da Satana, causa dei nove decimi delle rovine del mondo, se dato per amore si muta in gemma immortale e paradisiaca.

596.18

Siate vestiti delle vostre virtù. Esse siano ampie ma note a Dio solo. Non fate come i farisei che portano le filatterie più larghe e le frange più lunghe e amano i primi seggi nelle sinagoghe e gli ossequi nelle piazze, e vogliono essere chiamati dal popolo: “Rabbi”. Uno solo è il Maestro: il Cristo. Voi che in futuro sarete i nuovi dottori, parlo a voi, miei apostoli e discepoli, ricordate che Io solo sono il vostro Maestro. E lo sarò anche quando non sarò più fra voi. Perché solo la Sapienza è colei che ammaestra. Non fatevi perciò chiamare maestri, perché siete voi stessi discepoli. E non esigete e non date il nome di padre ad alcuno sulla Terra, perché uno solo è il Padre di tutti: il Padre vostro che è nei Cieli. Questa verità vi faccia saggi nel sentirvi veramente tutti fratelli fra voi, sia quelli che dirigono come quelli che sono diretti, e amatevi perciò da buoni fratelli. Né alcuno di quelli che dirigeranno si faccia chiamare guida, perché una sola è la vostra guida comune: il Cristo.

Il più grande fra voi sia vostro servo. Non è umiliarsi esser servo dei servi di Dio, ma è imitare Me che fui mite e umile, sempre pronto ad avere amore ai fratelli miei nella carne di Adamo e ad aiutarli con la potenza che ho in Me come Dio. Né ho umiliato il divino, servendo gli uomini. Perché il vero re è colui che sa signoreggiare non tanto gli uomini quanto le passioni dell’uomo, prima fra tutte la stolta superbia. Ricordate: chi si umilia sarà esaltato e chi si esalta sarà umiliato.

596.19

La Donna[11] di cui ha parlato nel II della Genesi il Signore, la Vergine di cui è parola in Isaia, la Madre-Vergine dell’Emmanuele, ha profetato questa verità del tempo nuovo cantando: “Il Signore ha rovesciato i potenti dal loro trono ed ha innalzato gli umili”. La Sapienza di Dio parlava sul labbro di Colei che era Madre della Grazia e Trono della Sapienza. E Io ripeto le ispirate parole che mi lodarono unito al Padre e allo Spirito Santo, nelle nostre opere mirabili, quando, senza offesa per la Vergine, Io, l’Uomo, mi formavo nel suo seno senza cessare di essere Dio. Siano norma a quelli che vogliono partorire il Cristo nei loro cuori e venire al Regno di Cristo. Non vi sarà Gesù: il Salvatore; Cristo: il Signore; e non vi sarà Regno dei Cieli per coloro che sono superbi, fornicatori, idolatri, adorando se stessi e la loro volontà.

596.20

Perciò guai a voi, scribi e farisei ipocriti, che credete di poter chiudere con le vostre impraticabili sentenze — e realmente, se fossero avallate da Dio, sarebbero serrame infrangibile alla maggioranza degli uomini — che credete di poter chiudere il Regno dei Cieli in faccia agli uomini che alzano lo spirito ad esso per trovare forza nella loro penosa giornata terrena! Guai a voi che non ci entrate, non ci volete entrare perché non accogliete la Legge del celeste Regno, e non ci lasciate entrare gli altri che sono davanti a quella porta che voi, intransigenti, rinforzate di chiusure che Dio non ha messe.

Guai a voi, scribi e farisei ipocriti, che divorate le case delle vedove col pretesto di fare lunghe orazioni. Per questo subirete un giudizio severo!

Guai a voi, scribi e farisei ipocriti, che andate per mare e per terra, consumando gli averi non vostri, per fare un solo proselite e, fatto che sia tale, lo rendete figlio dell’inferno il doppio di voi!

Guai a voi, guide cieche, che dite: “Se uno giura per il Tempio non è niente il suo giuramento, ma se giura per l’oro del Tempio allora resta obbligato al suo giuramento”. Stolti e ciechi! E chi è di più? L’oro, o il Tempio che santifica l’oro? E che dite: “Se uno giura per l’altare non ha valore il suo giuramento, ma se giura per l’offerta che è sull’altare allora è valido il suo giurare e resta obbligato al suo giuramento”. Ciechi! Che cosa è più grande? L’offerta, o l’altare che santifica l’offerta? Chi dunque giura per l’altare giura per esso e per tutte le cose che sono sopra di esso, e chi giura per il Tempio giura per esso e per Colui che lo abita, e chi giura per il Cielo giura per il trono di Dio e per Colui che vi sta assiso.

Guai a voi, scribi e farisei ipocriti, che pagate le decime della menta e della ruta, dell’anice e del cimino, e poi trascurate i precetti più gravi della Legge: la giustizia, la misericordia e la fedeltà. Queste sono le virtù che bisognava avere, senza tralasciare le altre cose minori!

Guide cieche, che filtrate le bevande per paura di contaminarvi inghiottendo un moscerino affogato, e poi trangugiate un cammello senza sentirvi immondi per questo. Guai a voi, scribi e farisei ipocriti, che lavate l’esterno del calice e del piatto, ma dentro siete ricolmi di rapina e d’immondezza. Fariseo cieco, lava prima il di dentro del tuo calice e del tuo piatto, di modo che anche il di fuori divenga pulito.

Guai a voi, scribi e farisei ipocriti, che volate come nottole nelle tenebre per le vostre opere di peccato e patteggiate nella notte coi pagani, i ladroni e i traditori, e poi, al mattino, cancellati i segni dei vostri occulti mercati, salite al Tempio in bella veste.

Guai a voi, che insegnate le leggi della carità e della giustizia contenute nel Levitico, e poi siete avidi, ladri, falsi, calunniatori, oppressori, ingiusti, vendicativi, odiatori, e giungete ad abbattere colui che vi dà noia, anche se è vostro sangue, e a ripudiare la vergine che vi è divenuta moglie, e ripudiare i figli avuti da lei perché sono infelici, e ad accusare di adulterio la vostra donna che più non vi piace, o di malattia immonda, per esser liberi di essa, voi che immondi siete nel vostro cuore libidinoso, anche se non parete tali agli occhi della gente che non sa le vostre azioni. Siete simili a sepolcri imbiancati, che di fuori sembrano belli mentre dentro sono pieni d’ossa di morti e di marciume. Così anche voi. Sì. Così! Di fuori sembrate giusti, ma dentro siete ricolmi di ipocrisia e d’iniquità.

Guai a voi, scribi e farisei ipocriti, che innalzate sontuosi sepolcri ai profeti e abbellite le tombe dei giusti dicendo: “Se noi fossimo vissuti ai tempi dei nostri padri non saremmo stati complici e partecipi di coloro che sparsero il sangue dei profeti”. E così testimoniate contro di voi di essere i discendenti di coloro che uccisero i vostri profeti. E voi, del resto, colmate la misura dei padri vostri… O serpenti, razza di vipere, come scamperete alla condanna della Geenna?

596.21

Per questo, ecco, Io, Parola di Dio, vi dico: Io, Dio, manderò a voi profeti e sapienti e scribi novelli. E, di questi, voi parte ne ucciderete, parte ne crocifiggerete, parte ne flagellerete nei vostri tribunali, nelle vostre sinagoghe, fuori delle vostre mura, e parte li perseguiterete di città in città, finché non ricada su voi tutti il sangue giusto sparso sulla Terra, dal sangue del giusto Abele[12] a quello di Zaccaria figlio di Barachia, che voi uccideste fra l’atrio e l’altare perché vi aveva, per amore di voi, ricordato il vostro peccato acciò ve ne pentiste tornando al Signore. Così è. Voi odiate coloro che vogliono il vostro bene e amorosamente vi richiamano sui sentieri di Dio.

In verità vi dico che tutto ciò sta per avvenire, e il delitto e le conseguenze. In verità vi dico che tutto ciò si compirà su questa generazione.

Oh! Gerusalemme! Gerusalemme! Gerusalemme, che lapidi quelli che ti sono inviati e uccidi i suoi profeti! Quante volte Io ho voluto radunare i tuoi figli come la chioccia raduna i suoi pulcini sotto le sue ali, e tu non hai voluto! Or ecco, ascolta, o Gerusalemme! Or ecco, ascoltate voi tutti che mi odiate e odiate tutto ciò che viene da Dio. Or ecco, ascoltate voi che mi amate e che sarete travolti nel castigo serbato per i persecutori dei Messi di Dio. E ascoltate anche voi, che non siete di questo popolo ma che mi ascoltate ugualmente, ascoltate per sapere chi è Colui che vi parla e che predice senza bisogno di studiare il volo, il canto degli uccelli, né i fenomeni celesti e le viscere degli animali sacrificati, né la fiamma e il fumo degli olocausti, perché tutto il futuro è il presente per Colui che vi parla. “Questa vostra Casa vi sarà lasciata deserta. Io vi dico, dice il Signore, che non mi vedrete più finché voi pure non diciate[13]: ‘Benedetto Colui che viene nel nome del Signore’”».

596.22

Gesù è visibilmente stanco e accaldato. E per la fatica del lungo e tonante discorso e per l’afa della giornata senza vento. Premuto contro al muro da una moltitudine, dardeggiato da mille e mille pupille, sentendo tutto l’odio che da sotto i portici del cortile dei Pagani lo ascolta, e tutto l’amore o almeno l’ammirazione che lo circonda, incurante del sole che picchia sulle schiene e sui volti arrossati e sudati, appare veramente spossato e bisognoso di ristoro. E lo cerca dicendo ai suoi apostoli e ai settantadue, che come tanti cunei si sono aperti lentamente un passaggio nella folla e che sono ora in prima linea, barriera d’amore fedele intorno a Lui: «Usciamo dal Tempio e andiamo all’aperto, fra gli alberi. Ho bisogno di ombra, silenzio e frescura. In verità questo luogo sembra già ardere del fuoco dell’ira celeste».

Gli fanno largo a fatica e possono così uscire dalla porta più vicina, dove Gesù si sforza di congedare molti, ma inutilmente. Lo vogliono seguire a tutti i costi.

596.23

I discepoli, intanto, osservano il cubo del Tempio sfavillante al sole quasi meridiano, e Giovanni d’Efeso fa osservare al Maestro la potenza della costruzione: «Guarda che pietre e che costruzioni!».

«Eppure di esse non resterà pietra su pietra», risponde Gesù.

«No! Quando? Come?», chiedono molti.

Ma Gesù non dice. Scende il Moria ed esce svelto dalla città, passando per Ofel e per la porta di Efraim o del Letame e rifugiandosi nel folto dei Giardini del Re dapprima, ossia sinché coloro che, non apostoli e non discepoli, si sono ostinati a seguirlo se ne vanno lentamente quando Mannaen, che ha fatto aprire i pesanti cancelli, si fa avanti, imponente, per dire a tutti: «Andate. Qui non entrano che coloro che io voglio».

Ombre, silenzio, profumi di fiori, aromi di canfore e garofani, cannella, spigo e mille altre erbe da odori, e fruscio di ruscelli, certo alimentati dalle fonti e cisterne vicine, sotto gallerie di fogliame, cinguettii d’uccelli, fanno del luogo un posto di riposo paradisiaco. La città sembra lontana miglia e miglia, con le sue vie strette, cupe per gli archivolti o assolate sino ad essere abbacinanti, coi suoi odori e fetori di cloache non sempre pulite e di vie percorse da troppi quadrupedi per essere pulite, specie quelle di secondaria importanza.

596.24

Il custode dei Giardini deve conoscere molto bene Gesù[14], perché lo ossequia con rispetto e confidenza insieme, e Gesù gli chiede dei figli e della moglie.

L’uomo vorrebbe ospitare Gesù nella sua casa, ma il Maestro preferisce la pace fresca, riposante del vasto Giardino del Re, un vero parco di delizie. E prima che i due instancabili e fedelissimi servi di Lazzaro se ne vadano a prendere la cesta del cibo, Gesù dice loro: «Dite alle vostre padrone di venire. Staremo qui qualche ora con mia Madre e le discepole fedeli. E sarà tanto dolce…».

«Sei molto stanco, Maestro! Il tuo volto lo dice», osserva Mannaen.

«Sì. Tanto che non ho avuto forza di andare oltre».

«Ma io te li avevo offerti questi giardini più volte, in questi giorni. Tu sai se io sono contento di poterti offrire pace e ristoro!».

«Lo so, Mannaen».

«E ieri sei voluto andare in quel triste luogo! Così arido nelle vicinanze, così stranamente brullo nel suo vegetare quest’anno! Così vicino a quella triste porta!».

«Ho voluto accontentare i miei apostoli. Sono bambini, in fondo. Grandi bambini. Vedili là come si ristorano felici!… Subito dimentichi di quanto si agita contro di Me oltre queste mura…».

«E dimentichi che Tu sei tanto afflitto… Ma non mi sembra che ci sia molto da allarmarsi. Mi sembrava più pericoloso il luogo altre volte».

Gesù lo guarda e tace. Quante volte vedo Gesù guardare e tacere così, in questi ultimi giorni!

Poi Gesù si dà a guardare gli apostoli e i discepoli, che si sono levati i copricapi e i mantelli e i sandali, rinfrescandosi volti ed estremità nei freschi rii, imitati da molti dei settantadue discepoli, che ora, in realtà, sono molti di più, io credo, e che, tutti uniti dalla fraternità di ideali, si gettano qua e là in riposo, un poco in disparte per lasciare Gesù quieto a riposare.

Anche Mannaen si ritira lasciandolo in pace. Tutti rispettano il riposo del Maestro, stanchissimo, che si è rifugiato in una foltissima pergola di gelsomino in fiore fatta a capanna, isolata da un anello d’acque che scorre frusciando in un canaletto nel quale si riversano erbe e fiori. Un vero rifugio di pace, al quale si accede per un ponticello largo due palmi e lungo quattro, sulla cui ringhiera è tutta una ghirlanda di corolle di gelsomini.

596.25

Tornano i servi aumentati da altri, perché Marta ha voluto provvedere a tutti i servi del Signore, e dicono che le donne verranno fra poco.

Gesù fa chiamare Pietro e gli dice: «Insieme a Giacomo mio fratello benedici, offri e distribuisci così come Io faccio».

«Distribuire sì, ma benedire no, Signore. A Te tocca offrire e benedire. Non a me».

«Quando eri a capo dei compagni, lontano da Me, non lo facevi?».

«Sì. Ma allora… era per forza che lo facevo. Adesso Tu sei con noi e Tu benedici. Mi pare più buono tutto, quando Tu offri per noi e distribuisci…», e il fedele Simone abbraccia il suo Gesù, seduto stancamente in quell’ombra, e gli curva la testa sulla spalla, beato di poterlo stringere e baciare così…

Gesù si alza e lo accontenta. Va verso i discepoli, offre, benedice, spartisce il cibo, li guarda mangiare contenti e dice loro: «Dopo dormite, riposate mentre è l’ora e perché poi possiate vegliare e pregare quando avrete bisogno di farlo, e la fatica e stanchezza non vi aggravino di sonno occhi e spirito quando sarà necessario che voi siate pronti e ben svegli».

«Tu non resti con noi? Non mangi?».

«Lasciatemi riposare. Ho bisogno solo di questo. Mangiate, mangiate!». Carezza nel passare quelli che trova sul suo cammino e torna al suo posto…

596.26

Dolce, soave è la venuta della Madre presso il Figlio. Maria viene avanti sicura, poiché Mannaen, che ha vegliato presso il cancello, meno stanco degli altri, le indica il luogo dove è Gesù. Le altre, e vi sono tutte le discepole ebree, e di romane la sola Valeria, sostano per qualche tempo, silenziose per non destare i discepoli che dormono al rezzo delle frondose piante, simili a tante pecore accosciate fra l’erba, a sesta.

Maria entra sotto la pergola di gelsomini senza far scricchiolare il piccolo ponte di legno, né la ghiaia del suolo, e ancor più cautamente si accosta al Figlio che, vinto dalla stanchezza, si è addormentato col capo sul tavolo di pietra messo là sotto, il braccio sinistro a far da guanciale sotto il volto velato dai capelli. Maria si siede paziente vicino alla sua Creatura stanca. E la contempla… tanto… e un sorriso doloroso e amoroso è sul suo labbro, mentre senza rumore le cadono in grembo gocce di pianto; ma se le labbra sono chiuse e mute, prega il suo cuore, con tutta la forza che possiede, e tradisce la potenza di quella preghiera e del suo soffrire l’atteggiamento delle sue mani congiunte in grembo, strette, intrecciate per non tremare e pure scosse da un tremito lieve. Mani che si disgiungono soltanto per cacciare una mosca insistente che vuole posarsi sul Dormente e lo potrebbe svegliare.

È la Madre che veglia il Figlio. L’ultimo sonno del Figlio che Ella possa vegliare. E se il volto della Madre, in questo mercoledì pasquale, è diverso da quello della Madre nel Natale del Signore, perché il dolore lo impallidisce e scava, la dolce purezza amorosa dello sguardo, la trepida cura è uguale a quella che Ella aveva quando, curva sulla greppia di Betlemme, proteggeva del suo amore il primo sonno disagiato della sua Creatura.

Gesù ha un movimento e Maria si asciuga rapidamente gli occhi per non mostrare lacrime al Figlio. Ma Gesù non si è svegliato. Ha solo mutato posizione al volto, girandolo dall’altra parte, e Maria riprende la sua immobilità e la sua veglia.

596.27

Ma qualcosa fa schiantare il cuore di Maria. Ed è sentire che il suo Gesù piange nel sonno e con un bisbiglio confuso, perché parla con la bocca premuta contro il braccio e la veste, mormora il nome di Giuda…

Maria si alza, si avvicina, si curva sul Figlio, segue quel confuso bisbigliare con le mani premute sul cuore perché, rotto ma non talmente da non poterlo seguire, il discorso di Gesù fa capire che Egli sogna e risogna il presente e il passato e poi anche il futuro, finché si desta con un sobbalzo, come per sfuggire a qualcosa che è orrendo. Ma trova il petto di sua Madre, le braccia di sua Madre, il sorriso di sua Madre, la dolce voce di sua Madre, il suo bacio, la sua carezza, lo sfiorare leggero del suo velo passato sul volto ad asciugare lacrime e sudore mentre gli dice: «Eri scomodo, e sognavi… Sei sudato e stanco, Figlio mio». E gli ravvia i capelli scomposti, gli asciuga il volto e lo bacia, tenendolo cinto del suo braccio, appoggiato al suo cuore poiché non può più raccoglierselo in grembo come quando era piccino.

Gesù le sorride dicendo: «Sei sempre la Mamma. Quella che consola. Quella che ripaga di tutto. La mia Mamma!».

Se la fa sedere vicino abbandonandole la mano nel grembo, e Maria prende quella mano lunga, così signorile eppure così robusta, di artiere, fra le sue piccine, e ne carezza le dita e il dorso, lisciandone le vene che si erano gonfiate mentre pendeva nel sonno. E cerca di distrarlo…

596.28

«Siamo venute. Ci siamo tutte. Anche Valeria. Le altre sono all’Antonia. Le ha volute Claudia, “che è molto rattristata” ha detto la liberta. Dice che, non so per quale cosa, ha il presagio di molto pianto. Superstizioni!… Solo Dio sa le cose…».

«Dove sono le discepole?».

«Là, al principio dei Giardini. Marta ha voluto prepararti cibi e bevande refrigeranti e confortanti, pensando a quanto ti spossi. Ma io, guarda, questo ti piace sempre e te l’ho portato io. La mia parte. È più buono perché è della tua Mamma». Gli mostra del miele ed una focaccetta di pane sul quale lo stende dandolo al Figlio e dicendo: «Come a Nazaret, quando prendevi un riposo nell’ora più calda e poi ti svegliavi accaldato, e io venivo dalla grotta fresca con questo ristoro…». Si ferma perché le trema la voce.

Suo Figlio la guarda e poi dice: «E quando c’era Giuseppe, per due portavi il ristoro e la fresca acqua della giara porosa, tenuta sulla corrente perché fosse più fresca e ancor più la facevano tale gli steli di menta selvaggia che vi gettavi dentro. Quanta menta, là, sotto gli ulivi! E quante api sui fiori della menta! Il nostro miele sapeva sempre un poco di quel profumo…». Pensa… ricorda…

«Abbiamo visto Alfeo, sai? Giuseppe si è attardato perché aveva un figlio un poco malato. Ma domani sarà certo qui con Simone. Salome di Simone guarda la nostra casa e quella di Maria».

596.29

«Mamma, quando sarai sola, con chi starai?».

«Con chi Tu dirai, Figlio mio. Ti ho ubbidito prima di averti, Figlio. Continuerò a farlo dopo che mi avrai lasciata». Le trema la voce, ma il sorriso è eroico sulle labbra.

«Tu sai ubbidire. Quanto riposo stare con te! Perché, vedi, Mamma? Il mondo non può capire, ma Io trovo ogni riposo presso gli ubbidienti… Sì. Dio riposa presso gli ubbidienti. Dio non avrebbe avuto a soffrire, a faticare, se la disubbidienza[15] non fosse venuta nel mondo. Tutto accade perché non si ubbidì. Per questo il dolore del mondo… Per questo il nostro dolore».

«Ma anche la nostra pace, Gesù. Perché noi sappiamo che la nostra ubbidienza consola l’Eterno. Oh! per me in specie, cosa è questo pensiero! Mi è concesso, a me, creatura, di consolare il mio Creatore!».

«Oh! Gioia di Dio! Tu non sai, o nostra Gioia, cosa è per Noi questa tua parola! Supera le armonie dei celesti cori… Benedetta! Benedetta che mi insegni l’ultima ubbidienza, e me la rendi così gradita a compiersi con questo pensiero!».

«Tu non hai bisogno che io ti insegni, Gesù mio. Tutto ho imparato da Te».

«Tutto ha imparato da te Gesù di Maria di Nazaret, l’Uomo».

«Era la tua luce che usciva da me. La Luce che Tu sei, e che veniva alla Luce Eterna annichilita in veste d’uomo…

596.30

Mi hanno detto i fratelli di Giovanna il discorso che hai pronunciato. Erano rapiti di ammirazione. Sei stato forte con i farisei…».

«È l’ora delle supreme verità, Mamma. Per essi restano morte verità. Ma per gli altri saranno verità vive. E con l’amore e il rigore Io devo tentare l’ultima battaglia per strapparli al Male».

«È vero. Mi hanno detto che Gamaliele, che era con altri in una delle sale dei portici, disse, alla fine, mentre molti erano inquieti: “Quando non si vuole il rimprovero si agisce da giusti”, e se ne è andato dopo questa osservazione».

«Ho piacere che il rabbi mi abbia sentito. Chi te lo ha det­to?».

«Lazzaro. E a lui lo disse Eleazzaro, che era nella sala con gli altri. Lazzaro è venuto a sesta. Ha salutato ed è ripartito senza ascoltare le sorelle, che lo volevano trattenere fino al tramonto. Ha detto di mandare Giovanni, o altri, a ritirare quelle frutta e quei fiori, che sono al giusto punto».

«Manderò Giovanni, domani».

«Viene tutti i giorni Lazzaro. Ma Maria si inquieta perché dice che sembra una apparizione. Sale al Tempio, viene, dà ordini e riparte».

«Anche Lazzaro sa ubbidire. Gli ho ordinato Io così, perché è insidiato lui pure. Ma non dirlo alle sorelle. Non gli accadrà nulla.

596.31

E ora andiamo dalle discepole».

«Non ti muovere. Io le chiamerò. I discepoli dormono tutti…».

«E li lasceremo dormire. La notte poco dormono, perché Io li istruisco nella pace del Getsemani».

Maria esce e torna con le donne, che sembrano aver abolito il loro peso tanto sono leggeri i loro passi. Lo salutano col loro ossequio profondo, che è famigliare solo in Maria Cleofe.

E Marta da una capace borsa trae un’anforetta sudante, mentre Maria leva da un vaso, pure poroso, fresche frutta venute da Betania, e le dispone sul tavolo a fianco di quanto ha preparato la sorella, ossia un colombo arrostito alla fiamma, croccante, appetitoso, e prega Gesù di gradire, dicendo: «Mangia. Riconforta questa carne. Io stessa l’ho preparata».

Giovanna invece ha portato dell’aceto rosato. Spiega: «Rinfresca tanto in questi primi calori. Lo usa anche il mio sposo quando si stanca nelle lunghe cavalcate».

«Noi non abbiamo nulla», si scusano Maria Salome, Maria Cleofe, Susanna ed Elisa. E Niche e Valeria alla loro volta: «E neppure noi. Non sapevamo di dover venire».

«Mi avete dato tutto il vostro cuore. Mi è sufficiente. E ancor mi darete…».

Mangia, ma più che altro beve la fresca acqua melata che Marta gli mesce dall’anfora porosa, e le frutta fresche che sono un ristoro per l’Affaticato.

Le discepole non parlano molto. Lo guardano ristorarsi. Nei loro occhi è amore e affanno. E d’improvviso Elisa si mette a piangere, e se ne scusa dicendo: «Non so. Ho il cuore gravato di mestizia…».

«Tutte lo abbiamo. Persino Claudia nel suo palazzo…», dice Valeria.

«Io vorrei che fosse già Pentecoste», sussurra Salome.

«Io invece vorrei fermare il tempo a quest’ora», dice Maria di Magdala.

«Saresti egoista, Maria», le risponde Gesù.

«Perché, Rabboni?».

«Perché vorresti per te sola la gioia della tua redenzione. Sono migliaia e milioni di esseri che attendono quest’ora, o che per quest’ora saranno redenti».

«È vero. Non ci pensavo…», china il capo mordendosi le labbra per non far vedere le lacrime dei suoi occhi e il tremito delle sue labbra. Ma è sempre la forte lottatrice, e dice: «Se Tu vieni domani, potrai rivestirti della veste che hai mandata. È fresca e monda, degna della cena pasquale».

«Verrò…

596.32

Non avete nulla da dirmi? Siete mute ed afflitte. Non sono più Gesù?…», sorride alle donne, invitante.

«Oh! sei Tu! Ma sei tanto grande in questi giorni che io non so più vederti come il fanciullino che ho portato fra le braccia!», esclama Maria d’Alfeo.

«E io come il semplice rabbi che entrava nella mia cucina cercando Giovanni e Giacomo», dice Salome.

«Io ti ho sempre conosciuto così: Re dell’anima mia!», proclama Maria di Magdala.

E Giovanna, mite e soave: «E io pure: divino, dal sogno nel quale a me morente apparisti per chiamarmi alla Vita».

«Tutto ci hai dato, o Signore. Tutto!», sospira Elisa che si è ripresa.

«E tutto mi avete dato».

«Troppo poco!», dicono tutte.

«Non cessa il dare dopo quest’ora. Cesserà soltanto quando sarete con Me nel mio Regno. Le mie discepole fedeli. Non siederete, no, al mio fianco, sui dodici troni a giudicare le dodici tribù di Israele, ma canterete l’osanna insieme agli angeli, facendo coro d’onore alla Madre mia, e allora come ora il cuore del Cristo troverà la sua gioia nel contemplarvi».

«Io sono giovane! È lungo il tempo per salire al tuo Regno. Beata Annalia!», dice Susanna.

«Io vecchia sono, e felice di esser tale. Spero prossima la morte», dice Elisa.

«Io ho i figli… Vorrei servirli, questi servi di Dio!», sospira Maria Cleofe.

«Non ti scordare di noi, Signore!», dice la Maddalena con ansia contenuta, direi con un grido d’anima, tanto la voce, tenuta bassa per non svegliare i dormenti, vibra di forza più di un grido.

«Non mi scorderò di voi. Verrò. Tu, Giovanna, sai che Io posso venire anche se sono molto lontano… Le altre lo devono credere. E vi lascerò una cosa… un mistero che terrà Me in voi e voi in Me, finché saremo riuniti Io e voi nel Regno di Dio.

596.33

Ora andate. Direte che poco vi ho detto, che quasi era inutile per così poco farvi venire. Ma ho desiderato avere intorno cuori che mi hanno amato senza calcolo. Per Me. Per Me: Gesù. Non per il futuro, sognato Re d’Israele. Andate. E siate benedette una volta di più. Anche le altre. Che non ci sono, ma che pensano a Me con amore: Anna, Mirta, Anastasica, Noemi, e Sintica lontana, e Fotinai, e Aglae e Sara, Marcella, le figlie di Filippo, Miriam di Giairo, le vergini, le redente, le spose, le madri che sono venute a Me, che mi sono state sorelle e madri, migliori, oh! molto migliori degli uomini anche migliori!… Tutte, tutte! Benedico tutte. La grazia comincia già a scendere, la grazia e il perdono, sulla donna, per questa mia benedizione. Andate…».

Le congeda trattenendo sua Madre: «Prima di sera sarò al palazzo di Lazzaro. Ho bisogno di vederti ancora. E con Me sarà Giovanni. Ma non voglio che te, Madre, e le altre Marie, Mar­ta e Susanna. Ho tanta stanchezza…».

«Saremo noi sole. Addio, Figlio…».

Si baciano. Si separano… Maria se ne va lentamente. Si volge prima di uscire. Si volge prima di lasciare il ponticello. Si volge ancora, sinché può vedere Gesù… Sembra che non possa allontanarsi da Lui…

596.34

E Gesù è solo di nuovo. Si alza, esce. Va a chiamare Giovanni, che dorme bocconi fra i fiori come un bambino, e gli consegna l’anforetta dell’aceto rosato che Giovanna gli ha portato, dicendogli: «Andremo a sera da mia Madre. Ma noi due soli».

«Ho capito. Sono venute?».

«Sì. Ho preferito non svegliarvi…».

«Hai fatto bene. La tua gioia sarà stata più grande. Esse sanno amarti meglio di noi…», dice sconsolato Giovanni.

«Vieni con Me». Giovanni lo segue. «Che hai?», gli chiede Gesù quando sono nuovamente nella penombra verde della pergola dove sono ancora resti di cibo.

«Maestro, siamo molto cattivi. Tutti. Non c’è ubbidienza in noi… e non c’è desiderio di stare con Te. Anche Pietro e Simone sono andati via. Non so dove. E Giuda ha trovato in questo l’occasione per essere rissoso».

«È andato via anche Giuda?».

«No, Signore. Non è andato via. Dice che non ne ha bisogno, che egli non ha complici nei maneggi che noi facciamo per vedere di ottenerti protezione. Ma se io sono andato da Anna, se altri sono andati dai galilei residenti qui, non è per fare del male!… E non credo che Simone di Giona e Simone Zelote siano uomini capaci di subdoli maneggi…».

«Non ci badare. Infatti Giuda non ha bisogno di andare mentre voi riposate. Egli sa quando e dove andare per compiere tutto ciò che deve».

«E allora perché parla così? Non è bello, davanti ai discepoli!».

«Non è bello. Ma così è.

596.35

Rasserenati, mio agnello».

«Io, tuo agnello? Agnello sei Tu solo!».

«Sì. Tu. Io Agnello di Dio, e tu agnello dell’Agnello di Dio».

«Oh!!! Un’altra volta, erano i primi giorni che ero con Te, Tu mi hai detto ancora questa parola. Eravamo noi due soli, come ora, fra il verde, come ora, e nella bella stagione». Giovanni è tutto rallegrato dal ricordo che ritorna. E mormora: «Sono sempre, ancora l’agnello dell’Agnello di Dio…».

Gesù lo carezza. E gli offre parte del colombo arrostito, rimasto sulla tavola su di un foglio di pergamena che lo teneva avvolto. E poi gli apre dei fichi succosi e glieli offre, lieto di vederlo mangiare.

Gesù si è seduto di sbieco sui margini del tavolo e guarda Giovanni così intensamente che questo chiede: «Perché mi guardi così? Perché mangio come un goloso?».

«No. Perché sei come un fanciullo… Oh! mio diletto! Come ti amo per il tuo cuore!», e Gesù si china a baciare l’apostolo sui capelli biondi e gli dice: «Resta così, sempre così, col tuo cuore senza orgoglio e rancori. Così, anche nelle ore della ferocia scatenata. Non imitare chi pecca, fanciullo».

596.36

Giovanni è ripreso dal suo dispiacere e dice: «Ma io non posso credere che Simone e Pietro…».

«Sbaglieresti in verità, se li credessi peccatori. Bevi. È buona e fresca questa bevanda. L’ha preparata Marta… Ora sei riconfortato. Sono certo che tu non avevi finito il tuo pasto…».

«È vero. Mi era venuto il pianto. Perché, finché il mondo si odia, si comprende. Ma che un di noi insinui…».

«Non ci pensare più. Io e te sappiamo che Simone e lo Zelote sono due onesti. E basta. E, purtroppo, tu sai che Giuda è peccatore. Ma taci. Quando saranno passati tanti, tanti lustri, e sarà giusto dire tutta la grandezza del mio dolore, dirai allora anche ciò che soffrii per le azioni di quell’uomo, oltre che per quelle di quell’apostolo. Andiamo. È ora di lasciare questo luogo per andare verso il campo dei Galilei e…».

«Passiamo anche questa notte là? E prima andremo al Getsemani? Giuda lo voleva sapere. Dice che è stanco di stare alla guazza, e con poco e scomodo riposo».

«Presto sarà finito. Ma Io non dirò a Giuda le mie ­inten­zio­ni…».

«Non ne sei tenuto. Sei Tu che devi guidare noi, e non noi Te». Giovanni è tanto lontano dal tradire che non comprende neppure la ragione di prudenza per la quale Gesù da qualche giorno non dice mai ciò che conta di fare.

596.37

Eccoli in mezzo ai dormenti. Li chiamano. Essi si svegliano. Anche Mannaen che, finito il suo compito, si scusa col Maestro se non può restare e se il domani non potrà essere vicino a Lui al Tempio, perché deve rimanere a palazzo. E nel dirlo guarda fisso Pietro e Simone, che sono nel frattempo ritornati, e Pietro ha un cenno rapido del capo come per dire: «Capito».

Escono dai Giardini. Fa ancora caldo. C’è ancora sole. Ma già la brezza della sera tempera il calore e spinge qualche nuvoletta sul cielo terso.

Si avviano su per Siloan evitando i luoghi dei lebbrosi, dai quali va Simone Zelote a portare, ai pochi superstiti che non hanno saputo credere in Gesù, i resti del loro pasto.

596.38

Mattia, l’ex pastore, si avvicina a Gesù e chiede: «Signore e Maestro mio, io ho molto pensato coi compagni alle tue parole finché la stanchezza ci prese, e dormimmo prima di avere potuto risolvere il quesito che ci eravamo posti. E ora siamo più stolti di prima. Se abbiamo bene capito i discorsi di questi giorni, Tu hai predetto che molte cose si cambieranno benché la Legge resti immutata e che si dovrà edificare un nuovo Tempio, con nuovi profeti, sapienti e scribi, contro il quale saranno date battaglie, e che non morrà, mentre questo, sempre se si è capito bene, pare destinato a perire».

«È destinato a perire. Ricorda la profezia[16] di Daniele…».

«Ma noi, poveri e pochi, come potremo edificarlo di nuovo se fecero fatica a edificare questo i re? Dove lo edificheremo? Non qui, perché Tu dici che questo luogo resterà deserto sino a che essi non ti benediranno come mandato da Dio».

«Così è».

«Nel tuo Regno, no. Siamo convinti che il tuo Regno è spirituale. E allora come, dove lo stabiliremo? Tu ieri hai detto che il vero Tempio — e non è quello il vero Tempio? — che il vero Tempio, quando crederanno di averlo distrutto, allora sarà che salirà trionfante alla Gerusalemme vera. Dove è dessa? Molta confusione è in noi».

«Così è. I nemici distruggano pure il vero Tempio. In tre giorni Io lo farò risorgere, e non conoscerà più insidia salendo dove l’uomo non può nuocere.

596.39

Riguardo al Regno di Dio, esso è in voi e ovunque sono uomini che credono in Me. Sparso per ora, succedentesi sulla Terra nei secoli. Poi eterno, unito, perfetto nel Cielo. Là, nel Regno di Dio, sarà edificato il nuovo Tempio, ossia là dove sono spiriti che accettano la mia dottrina, la dottrina del Regno di Dio, e ne praticano i precetti.

Come sarà edificato se siete poveri e pochi? Oh! in verità non necessitano denari e poteri per edificare l’edificio della nuova dimora di Dio, individuale o collettiva. Il Regno di Dio è in voi. E l’unione di tutti coloro che avranno in loro il Regno di Dio, di tutti coloro che avranno Dio in loro — Dio: la Grazia; Dio: la Vita; Dio: la Luce; Dio: la Carità — costituirà il grande Regno di Dio sulla Terra, la nuova Gerusalemme che giungerà ad espandersi per tutti i confini del mondo e che, completa e perfetta, senza mende, senza ombre, vivrà eterna nel Cielo.

Come farete a edificare Tempio e città? Oh! non voi, ma Dio edificherà questi luoghi nuovi. Voi dovrete soltanto dargli la vostra buona volontà. Buona volontà è permanere in Me. Vivere la mia dottrina è buona volontà. Stare uniti è la buona volontà. Uniti a Me sino a fare un sol corpo che è nutrito, nelle sue singole parti e particelle, da un unico umore. Un unico edificio che è poggiato su un’unica base e tenuto unito da una mistica coesione. Ma siccome senza l’aiuto del Padre, che vi ho insegnato a pregare e che pregherò per voi prima di morire, voi non potreste essere nella Carità, nella Verità, nella Vita, ossia ancora in Me e con Me in Dio Padre e in Dio Amore, perché Noi siamo un’unica Divinità, per questo vi dico di avere Dio in voi per poter essere il Tempio che non conoscerà fine. Da voi non potreste fare. Se Dio non edifica, e non può edificare dove non può prendere dimora, inutilmente gli uomini si agitano a edificare o a riedificare.

596.40

Il Tempio nuovo, la mia Chiesa, sorgerà soltanto quando il vostro cuore ospiterà Dio, ed Egli con voi, vive pietre, edificherà la sua Chiesa».

«Ma non hai detto che Simone di Giona ne è il Capo, la Pietra sulla quale si edificherà la tua Chiesa? E non hai fatto capire anche che Tu ne sei la pietra angolare? Chi dunque ne è il capo? C’è o non c’è questa Chiesa?», interrompe l’Iscariota.

«Io sono il Capo mistico. Pietro ne è il capo visibile. Perché Io ritorno al Padre lasciandovi la Vita, la Luce, la Grazia, per la mia Parola, per i miei patimenti, per il Paraclito che sarà amico di coloro che mi furono fedeli. Io sono un’unica cosa con la mia Chiesa, mio Corpo spirituale di cui Io sono il Capo.

Il capo contiene il cervello o mente. La mente è sede del sapere, il cervello è quello che dirige i moti delle membra coi suoi immateriali comandi, i quali sono più validi per far muovere le membra di ogni altro stimolo. Osservate un morto, nel quale morto è il cervello. Ha forse più moto nelle sue membra? Osservate uno completamente stolto. Non è forse inerte al punto da non saper avere quei rudimentali moti istintivi che l’animale più inferiore, il verme che schiacciamo passando, ha? Osservate uno nel quale la paralisi ha spezzato il contatto delle membra, uno o più membra, col cervello. Ha forse più moto nella parte che non ha più legame vitale col capo?

Ma se la mente dirige con i suoi immateriali comandi, sono gli altri organi — occhi, orecchie, lingua, naso, pelle — che comunicano le sensazioni alla mente, e sono le altre parti del corpo che eseguiscono e fanno eseguire ciò che la mente, avvertita dagli organi, materiali e visibili quanto l’intelletto è invisibile, comanda. Potrei Io, senza dirvi: “sedete”, ottenere che voi sediate su questa costa di monte? Anche se Io lo penso che voglio vi mettiate seduti, voi non lo sapete finché Io non traduco il mio pensiero in parole e dico queste, usando lingua e labbra. Potrei Io stesso sedermi, se lo pensassi soltanto, perché sento la stanchezza delle gambe, ma se queste rifiutassero di piegarsi e mettermi così seduto? La mente ha bisogno di organi e membra per fare e per far fare le operazioni che il pensiero pensa.

Così nel corpo spirituale che è la mia Chiesa Io sarò l’Intelletto, ossia la testa, sede dell’intelletto; Pietro e i suoi collaboratori coloro che osservano le reazioni e percepiscono le sensazioni e le trasmettono alla mente, perché essa illumini e ordini ciò che è da fare per il bene di tutto il corpo, e poi, illuminati e diretti dall’ordine mio, parlino e guidino le altre parti del corpo. La mano che respinge l’oggetto che può ferire il corpo, o allontana ciò che, corrotto, può corrompere; il piede che scavalca l’ostacolo senza urtarvi e cadere e ferirsi, hanno avuto comando di farlo dalla parte che dirige. Il fanciullo, e anche l’uomo, che è salvato da un pericolo, o che fa un guadagno di qualsiasi specie — istruzione, affari buoni, matrimonio, buona alleanza per un consiglio ricevuto, per una parola detta — è per quel consiglio e quella parola che non si nuoce o che si benefica. Così sarà nella Chiesa. Il capo, e i capi, guidati dal divino Pensiero e illuminati dalla divina Luce e istruiti dall’eterna Parola, daranno gli ordini e i consigli, e le membra faranno, avendo spirituale salute e spirituale guadagno.

596.41

La mia Chiesa già è, poiché già possiede il suo Capo soprannaturale e il suo Capo divino e ha le sue membra: i discepoli. Piccola ancora — un germe che si forma — perfetta unicamente nel Capo che la dirige, imperfetta nel resto, che ha bisogno del tocco di Dio per essere perfetta e del tempo per crescere. Ma in verità vi dico che essa già è, e che è santa per Colui che ne è il Capo e per la buona volontà dei giusti che la compongono. Santa e invincibile. Contro di essa si avventerà una e mille volte, e con mille forme di battaglia, l’inferno fatto di demoni e di uomini-demoni, ma non prevarranno. L’edificio sarà incrollabile.

Ma l’edificio non è fatto di una sola pietra. Osservate il Tempio, là, vasto, bello, nel sole che tramonta. È forse fatto di una sola pietra? È un complesso di pietre che fanno un unico armonico tutto. Si dice: il Tempio. Cioè una unità. Ma questa unità è fatta delle molte pietre che l’hanno composta e formata. Inutile sarebbe stato fare le fondamenta, se esse non avessero poi dovuto sorreggere le mura e il tetto, se su esse non avessero poi avuto ad innalzarsi le mura. E impossibile sarebbe stato alzare le mura e sostenere il tetto, se non fossero state fatte per prime le fondamenta solide, proporzionate a sì gran mole. Così, con questa dipendenza delle parti, una dall’altra, sorgerà anche il Tempio novello. Nei secoli voi lo edificherete appoggiandolo sulle fondamenta che Io gli ho dato, perfette, per la sua mole. Lo edificherete con la direzione di Dio, con la bontà delle cose usate a innalzarlo: spiriti che Dio inabita.

Dio nel vostro cuore, a fare di esso pietra polita e senza incrinature per il Tempio nuovo. Il suo Regno stabilito con le sue leggi nel vostro spirito. Altrimenti sareste mattoni malcotti, legno tarlato, pietre scheggiate e farinose che non reggono e che il costruttore, se avveduto, respinge, o che fallano, cedono, facendo crollare una parte se il costruttore, i costruttori preposti dal Padre alla costruzione del Tempio, sono costruttori idoli che si pavoneggiano nel loro onore senza vegliare e faticare sulla costruzione che si innalza e sui materiali usati per farla. Costruttori idoli, tutori idoli, custodi idoli, ladri! Ladri della fiducia di Dio, della stima degli uomini, ladri e orgogliosi che si compiacciono di aver modo di aver guadagno, e modo di avere numeroso mucchio di materiali, e non osservano se sono buoni o scadenti, causa di rovina.

596.42

Voi, novelli sacerdoti e scribi del novello Tempio, ascoltate. Guai a voi e a chi dopo voi si farà idolo e non veglierà e sorveglierà se stesso e gli altri, i fedeli, per osservare, saggiare la bontà delle pietre e del legname, senza fidarsi delle apparenze, e causerà rovine lasciando che materiali scadenti, o addirittura nocivi, siano lasciati usare per il Tempio, dando scandalo e provocando rovina. Guai a voi se lascerete crearsi crepacci e muraglie insicure, storte, facili al crollo non essendo equilibrate sulle basi che sono solide e perfette. Non da Dio, Fondatore della Chiesa, ma da voi verrebbe il disastro, e ne sareste responsabili davanti al Signore e agli uomini.

Diligenza, osservazione, discernimento, prudenza! La pietra, il mattone, la trave debole, che in un muro maestro sarebbero rovina, possono servire per parti di minore importanza, e servire bene. Così dovete saper scegliere. Con carità per non disgustare le deboli parti, con fermezza per non disgustare Dio e rovinare il suo Edificio. E se vi accorgete che una pietra, già posta a sorreggere un angolo maestro, non è buona o non è equilibrata, siate coraggiosi, audaci, e sappiatela levare da quel posto, mortificatela squadrandola con lo scalpello di un santo zelo. Se urla di dolore non importa. Vi benedirà poi nei secoli, perché voi l’avrete salvata. Spostatela, mettetela ad altro ufficio. Non abbiate paura anche di allontanarla del tutto se la vedete oggetto di scandalo e rovina, ribelle al vostro lavoro. Meglio poche pietre che molta zavorra.

Non abbiate fretta. Dio non ha mai fretta, ma ciò che crea è eterno, perché ben ponderato prima di eseguirlo. Se non eterno, è duraturo quanto i secoli. Guardate l’Universo. Da secoli, da migliaia di secoli, è come Dio lo fece con operazioni successive. Imitate il Signore. Siate perfetti come il Padre vostro. Abbiate la sua Legge in voi, il suo Regno in voi. E non fallirete.

Ma, se non foste così, crollerebbe l’edificio, invano vi sareste affaticati a innalzarlo. Crollerebbe rimanendo di esso unicamente la pietra angolare, le fondamenta… Così come avverrà di quello!… In verità vi dico che di quello così sarà. E così del vostro se metterete in esso ciò che è in questo: le parti malate di orgoglio, di avidità, di peccato, di lussuria. Come si è disfatto per soffio di vento quel padiglione di nuvole che pareva posare, così vagamente bello, sulla cima di quel monte, ugualmente, al soffiare di un vento di castigo soprannaturale e umano, crolleranno gli edifici che di santo non hanno che il nome…».

596.43

Gesù tace pensoso. Quando riparla è per ordinare: «Sediamoci qui a riposare un poco».

Si siedono su un pendio del monte Uliveto, di faccia al Tempio baciato dal sole calante. Gesù guarda fisso quel luogo, con mestizia. Gli altri con orgoglio per la sua bellezza, ma sull’orgoglio è steso un velo di cruccio, lasciato dalle parole del Maestro. E se quella bellezza dovesse proprio perire?…

Pietro e Giovanni parlano fra di loro e poi sussurrano qualcosa a Giacomo d’Alfeo e ad Andrea, loro vicini, i quali annuiscono col capo. Allora Pietro si rivolge al Maestro e gli dice: «Vieni in disparte e spiegaci quando avverrà la tua profezia sulla distruzione del Tempio. Daniele ne parla, ma se fosse come lui dice e come Tu dici, poche ore avrebbe ancora il Tempio. Ma noi non vediamo eserciti né preparativi di guerra. Quando dunque avverrà? Quale sarà il segno di esso? Tu sei venuto. Tu, dici, stai per andare via. Eppure si sa che essa non sarà che quando Tu sarai fra gli uomini. Tornerai, allora? Quando, questo tuo ritorno? Spiegaci, perché noi si possa sapere…».

«Non occorre mettersi in disparte. Vedi? Sono rimasti i discepoli più fedeli, quelli che saranno a voi dodici di grande aiuto. Essi possono sentire le parole che dico a voi. Venitemi tutti vicino!», grida in ultimo per radunare tutti.

I discepoli, sparsi sul pendio, si avvicinano, fanno un mucchio compatto, stretto intorno a quello principale di Gesù coi suoi apostoli, e ascoltano.

596.44

«Badate che nessuno vi seduca in futuro. Io sono il Cristo e non vi saranno altri Cristi. Perciò, quando molti verranno a dirvi: “Io sono il Cristo” e sedurranno molti, voi non credete a quelle parole, neppure se saranno accompagnate da prodigi. Satana, padre di menzogna e protettore dei menzogneri, aiuta i suoi servi e seguaci con falsi prodigi, che però possono essere riconosciuti non buoni perché sempre uniti a paura, turbamento e menzogna. I prodigi di Dio voi li conoscete: dànno pace santa, letizia, salute, fede, conducono a desideri e opere sante. Gli altri no. Perciò riflettete sulla forma e le conseguenze dei prodigi che potrete vedere in futuro ad opera dei falsi Cristi e di tutti coloro che si ammanteranno nelle vesti di salvatori di popoli e saranno invece le belve che rovinano gli stessi.

Sentirete anche, e vedrete anche, parlare di guerre e di rumori di guerre e vi diranno: “Sono i segni della fine”. Non turbatevi. Non sarà la fine. Bisogna che tutto questo avvenga prima della fine, ma non sarà ancora la fine. Si solleverà popolo contro popolo, regno contro regno, nazione contro nazione, continente contro continente, e seguiranno pestilenze, carestie, terremoti in molti luoghi. Ma questo non sarà che il principio dei dolori. Allora vi getteranno nella tribolazione e vi uccideranno, accusandovi di essere i colpevoli del loro soffrire e sperando di uscirne col perseguitare e distruggere i miei servi.

Gli uomini fanno sempre accusa agli innocenti di esser causa del male che essi, peccatori, si creano. Accusano Dio stesso, perfetta Innocenza e Bontà suprema, di esser causa del loro soffrire, e così faranno con voi, e voi sarete odiati per causa del mio Nome. È Satana che li aizza. E molti si scandalizzeranno e si tradiranno e odieranno a vicenda. È ancor Satana che li aizza. E sorgeranno falsi profeti che indurranno molti in errore. Ancora sarà Satana il vero autore di tanto male. E per il moltiplicarsi dell’iniquità si raffredderà la carità in molti. Ma chi avrà perseverato sino alla fine sarà salvo. E prima bisogna che questo Vangelo del Regno di Dio sia predicato in tutto il mondo, testimonianza a tutte le nazioni. Allora verrà la fine. Ritorno al Cristo di Israele che lo accoglie e predicazione della mia Dottrina in tutto il mondo.

596.45

E poi un altro segno. Un segno per la fine del Tempio e per la fine del mondo. Quando vedrete l’abominazione della desolazione predetta da Daniele — chi mi ascolta bene intenda, e chi legge il Profeta sappia leggere fra le parole — allora chi sarà in Giudea fugga sui monti, chi sarà sulla terrazza non scenda a prendere quanto ha in casa, e chi è nel suo campo non torni in casa a prendere il suo mantello, ma fugga senza volgersi indietro, ché non gli accada di non poterlo più fare, e neppure si volga nel fuggire a guardare, per non conservare nel cuore lo spettacolo orrendo e insanire per esso. Guai alle gravide e a quelle che allatteranno in quei giorni! E guai se la fuga dovesse compiersi in sabato! Non sarebbe sufficiente la fuga a salvarsi senza peccare. Pregate dunque perché non avvenga in inverno e in giorno di sabato, perché allora la tribolazione sarà grande quale mai non fu dal principio del mondo fino ad ora, né sarà mai più simile perché sarà la fine. Se non fossero abbreviati quei giorni in grazia degli eletti, nessuno si salverebbe, perché gli uomini-satana si alleeranno all’inferno per dare tormento agli uomini.

E anche allora, per corrompere e trarre fuori della via giusta coloro che resteranno fedeli al Signore, sorgeranno quelli che diranno: “Il Cristo è là, il Cristo è qua. È in quel luogo. Eccolo”. Non credete. Nessuno creda, perché sorgeranno falsi Cristi e falsi profeti che faranno prodigi e portenti tali da indurre in errore, se fosse possibile, anche gli eletti, e diranno dottrine in apparenza così confortevoli e buone a sedurre anche i migliori, se con loro non fosse lo Spirito di Dio che li illuminerà sulla verità e l’origine satanica di tali prodigi e dottrine. Io ve lo dico. Io ve lo predico perché voi possiate regolarvi. Ma di cadere non temete. Se starete nel Signore non sarete tratti in tentazione e in rovina. Ricordate ciò che vi ho detto[17]:

“Vi ho dato il potere di camminare su serpenti e scorpioni, e di tutta la potenza del Nemico nulla vi nuocerà, perché tutto vi sarà soggetto”. Vi ricordo anche però che per ottenere questo dovete avere Dio in voi, e rallegrarvi dovete, non perché dominate le potenze del Male e le venefiche cose, ma perché il vostro nome è scritto in Cielo.

596.46

State nel Signore e nella sua verità. Io sono la Verità e insegno la verità. Perciò ancora vi ripeto: qualunque cosa vi dicano di Me, non credete. Io solo ho detto la verità. Io solo vi dico che il Cristo verrà, ma quando sarà la fine. Perciò, se vi dicono: “È nel deserto”, non andate. Se vi dicono: “È in quella casa”, non date retta. Perché il Figlio dell’uomo nella sua seconda venuta sarà simile al lampo che esce da levante e guizza fino a ponente, in un tempo più breve di quel che non sia il batter di una palpebra. E scorrerà sul grande Corpo[18], di subito fatto Cadavere, seguito dai suoi fulgenti angeli, e giudicherà. Là dovunque sarà corpo là si raduneranno le aquile. E subito dopo la tribolazione di quei giorni ultimi, che vi fu detta — parlo già della fine del tempo e del mondo e della risurrezione delle ossa, delle quali cose parlano i profeti[19] — si oscurerà il sole, e la luna non darà più luce, e le stelle del cielo cadranno come acini da un grappolo troppo maturo che un vento di bufera scuote, e le potenze dei Cieli tremeranno.

E allora nel firmamento oscurato apparirà folgorante il segno del Figlio dell’uomo, e piangeranno tutte le nazioni della Terra, e gli uomini vedranno il Figlio dell’uomo venir sulle nubi del cielo con grande potenza e gloria. Ed Egli comanderà ai suoi angeli di mietere e vendemmiare, e di separare i logli dal grano, e di gettare le uve nel tino, perché sarà venuto il tempo del grande raccolto del seme di Adamo, e non ci sarà più bisogno di serbare racimolo o semente, perché non ci sarà mai più perpetuazione della specie umana sulla Terra morta. E comanderà ai suoi angeli che a gran voce di trombe adunino gli eletti dai quattro venti, da un’estremità all’altra dei cieli, perché siano al fianco del Giudice divino per giudicare con Lui gli ultimi viventi ed i risorti.

596.47

Dal fico imparate la similitudine: quando vedete che il suo ramo si fa tenero e mette le foglie, voi sapete che vicina è l’estate. Così anche, quando vedrete tutte queste cose, sappiate che il Cristo sta per venire. In verità vi dico: non passerà questa generazione che non mi volle[20], prima che tutto ciò avvenga.

La mia parola non cade. Ciò che dico sarà. Il cuore e il pensiero degli uomini possono mutare, ma non muta la mia parola. Il cielo e la terra passeranno, ma le mie parole non passeranno. Quanto poi al giorno e all’ora precisa, nessuno li conosce, neppure gli angeli del Signore, ma soltanto il Padre li conosce.

596.48

Come ai tempi di Noè, così avverrà alla venuta del Figlio dell’uomo. Nei giorni precedenti al diluvio, gli uomini mangiavano, bevevano, si sposavano, si accasavano, senza darsi pensiero del segno[21] sino al giorno in cui Noè entrò nell’arca e si aprirono le cataratte dei cieli e il diluvio sommerse ogni vivente e ogni cosa. Anche così sarà per la venuta del Figlio dell’uomo. Allora due uomini saranno accosto nel campo, e uno sarà preso e uno sarà lasciato, e due donne saranno intente a far andare la mola, e una sarà presa e una lasciata, dai nemici nella Patria e più ancora dagli angeli separanti il buon seme dal loglio, e non avranno tempo di prepararsi al giudizio del Cristo.

Vegliate dunque perché non sapete a che ora verrà il vostro Signore. Ripensate a questo: se il capo di famiglia sapesse a che ora viene il ladro, veglierebbe e non lascerebbe spogliare la sua casa. Quindi vegliate e pregate, stando sempre preparati alla venuta, senza che i vostri cuori cadano in torpore, per abuso e intemperanza di ogni specie, e i vostri spiriti siano fatti distratti e ottusi alle cose del Cielo dalle eccessive cure per le cose della Terra, e il laccio della morte non vi colga improvviso quando siete impreparati. Perché, ricordate, tutti avete a morire. Tutti gli uomini, nati che siano, devono morire, ed è una singola venuta del Cristo questa morte e questo susseguente giudizio, che avrà il suo ripetersi universale alla venuta solenne del Figlio dell’uomo.

596.49

Che sarà mai di quel servo fedele e prudente, preposto dal padrone ad amministrare il cibo ai domestici in sua assenza? Beata sorte egli avrà se il suo padrone, tornando all’improvviso, lo trova a fare ciò che deve con solerzia, giustizia e amore. In verità vi dico che gli dirà: “Vieni, servo buono e fedele. Tu hai meritato il mio premio. Tieni, amministra tutti i miei beni”. Ma se egli pareva, e non era, buono e fedele, e nell’interno suo era cattivo come all’esterno era ipocrita, e partito il padrone dirà in cuor suo: “Il padrone tarderà a tornare! Diamoci al bel tempo”, e comincerà a battere e malmenare i conservi, facendo usura su loro nel cibo e in ogni altra cosa per avere maggior denaro da consumare coi gozzovigliatori e ubbriaconi, che avverrà? Che il padrone tornerà all’improvviso, quando il servo non se lo pensa vicino, e verrà scoperto il suo malfare, gli verrà levato posto e denaro, e sarà cacciato dove giustizia vuole. E ivi starà.

E così del peccatore impenitente, che non pensa come la morte può essere vicina e vicino il suo giudizio, e gode e abusa dicendo: “Poi mi pentirò”. In verità vi dico che egli non avrà tempo di farlo e sarà condannato a stare in eterno nel luogo del tremendo orrore, dove è solo bestemmia e pianto e tortura, e ne uscirà soltanto per il Giudizio finale, quando rivestirà la carne risorta per presentarsi completo al Giudizio ultimo come completo peccò nel tempo della vita terrena, e con corpo ed anima si presenterà al Giudice Gesù che egli non volle per Salvatore.

596.50

Tutti là accolti davanti al Figlio dell’uomo. Una moltitudine infinita di corpi, restituiti dalla terra e dal mare e ricomposti dopo essere stati cenere per tanto tempo. E gli spiriti nei corpi. Ad ogni carne tornata sugli scheletri corrisponderà il proprio spirito, quello che l’animava un tempo. E staranno ritti davanti al Figlio dell’uomo, splendido nella sua Maestà divina, seduto sul trono della sua gloria sorretto dai suoi angeli.

Ed Egli separerà uomini da uomini, mettendo da un lato i buoni e dall’altro i cattivi, come un pastore separa le pecorelle dai capretti, e metterà le sue pecore a destra e i capri a sinistra. E dirà con dolce voce e benigno aspetto a quelli che, pacifici e belli di una bellezza gloriosa nello splendore del corpo santo, lo guarderanno con tutto l’amore del loro cuore: “Venite, o benedetti dal Padre mio, prendete possesso del Regno preparato per voi sino dall’origine del mondo. Perché ebbi fame e mi deste da mangiare, ebbi sete e mi deste da bere, fui pellegrino e mi ospitaste, fui nudo e mi rivestiste, malato e mi visitaste, prigioniero e veniste a portarmi conforto”.

E i giusti gli chiederanno: “Quando mai, Signore, ti vedemmo affamato e ti abbiamo dato da mangiare, assetato e ti abbiamo dato da bere? Quando mai ti vedemmo pellegrino e ti abbiamo accolto, nudo e ti abbiamo rivestito? Quando ti vedemmo infermo e carcerato e siamo venuti a visitarti?”.

E il Re dei re dirà loro: “In verità vi dico: quando avete fatto una di queste cose ad uno di questi minimi fra i miei fratelli, allora lo avete fatto a Me”.

E poi si volgerà a quelli che saranno alla sua sinistra e dirà loro, severo nel volto, e i suoi sguardi saranno come saette fulminanti i reprobi, e nella sua voce tuonerà l’ira di Dio: “Via di qua! Via da Me, o maledetti! Nel fuoco eterno preparato dal furore di Dio per il demonio e gli angeli tenebrosi e per coloro che li hanno ascoltati nelle loro voci di libidine triplice e oscena. Io ebbi fame e non mi sfamaste, sete e non mi dissetaste, fui nudo e non mi rivestiste, pellegrino e mi respingeste, infermo e carcerato e non mi visitaste. Perché non avevate che una legge: il piacere del vostro io”.

Ed essi gli diranno: “Quando ti abbiamo visto affamato, assetato, nudo, pellegrino, infermo, carcerato? In verità noi non ti abbiamo conosciuto. Non eravamo, quando Tu eri sulla Terra”.

Ed Egli risponderà loro: “È vero. Non mi avete conosciuto. Perché non eravate quando Io ero sulla Terra. Ma avete però conosciuto la mia Parola e avete avuto i poveri fra voi, gli affamati, i sitibondi, i nudi, i malati, i carcerati. Perché non avete fatto ad essi ciò che forse avreste fatto a Me? Perché non è già detto che coloro che mi ebbero fra loro fossero misericordiosi col Figlio dell’uomo. Non sapete che nei miei fratelli Io sono, e dove è uno di essi che soffra là sono Io, e che ciò che non avete fatto ad uno di questi miei minori fratelli lo avete negato a Me, Primogenito degli uomini? Andate e ardete nel vostro egoismo. Andate, e vi fascino le tenebre e il gelo perché tenebra e gelo foste, pur conoscendo dove era la Luce e il Fuoco d’Amore”.

E costoro andranno all’eterno supplizio, mentre i giusti entreranno nella vita eterna.

Queste le cose future…

596.51

Ora andate. E non dividetevi fra voi. Io vado con Giovanni e sarò a voi a metà della prima vigilia, per la cena e per andare poi alle nostre istruzioni».

«Anche questa sera? Tutte le sere faremo questo? Io sono tutto indolenzito dalle guazze. Non sarebbe meglio entrare ormai in qualche casa ospitale? Sempre sotto le tende! Sempre veglianti e nelle notti, che sono fresche e umide…», si lamenta Giuda.

«È l’ultima notte. Domani… sarà diverso».

«Ah! Credevo che volessi andare al Getsemani tutte le notti. Ma se è l’ultima…».

«Non ho detto questo, Giuda. Ho detto che sarà l’ultima notte da passare al campo dei Galilei tutti uniti. Domani prepareremo la Pasqua e consumeremo l’agnello, e poi andrò Io solo a pregare nel Getsemani. E voi potrete fare ciò che volete».

«Ma noi verremo con Te, Signore! Quando mai abbiamo voglia di lasciarti?», dice Pietro.

«Tu taci, che sei in colpa. Tu e lo Zelote non fate che svolazzare qua e là appena il Maestro non vi vede. Vi tengo d’occhio. Al Tempio… nel giorno… nelle tende lassù…», dice l’Iscariota, lieto di denunciare.

«Basta! Se essi lo fanno, bene fanno. Ma però non mi lasciate solo… Io ve ne prego…».

«Signore, non facciamo nulla di male. Credilo. Le nostre azioni sono note a Dio ed il suo occhio non si torce da esse con disgusto», dice lo Zelote.

«Lo so. Ma è inutile. E ciò che è inutile può sempre essere dannoso. State il più possibile uniti».

Poi si volge a Matteo: «Tu, mio buon cronista, ripeterai[22] a costoro la parabola delle dieci vergini savie e delle dieci stolte, e quella del padrone che dà dei talenti ai suoi tre servi perché li facciano fruttare, e due ne guadagnano il doppio e l’infingardo lo sotterra. Ricordi?».

«Sì, Signor mio, esattamente».

«Allora ripetile a questi. Non tutti le conoscono. E anche quelli che le sanno avranno piacere a riascoltarle. Passate così in sapienti discorsi il tempo sino al mio ritorno. Vegliate! Vegliate! Tenete desto il vostro spirito. Quelle parabole sono appropriate anche a ciò che dissi. Addio. La pace sia con voi».

Prende Giovanni per mano e si allontana con lui verso la città… Gli altri si avviano verso il campo galileo.

596.52

Dice Gesù: «Metterai qui la seconda parte del faticosissimo Mercoledì Santo. Notte (1945). Ricordati di segnare in rosso i punti che ti ho detto. Dànno luce quelle parolette[23]. Tanta luce, per chi la sa vedere».


Notes

  1. Le premier, en Dt 6, 4-5. Le second, en Lv 19, 18.
  2. ces paroles de David, en Ps 37, 11.
  3. Il est dit, en Ps 37, 11.
  4. lorsqu’il dit, en Ps 110, 1
  5. rectifiée… Comme en 174.10, nous avons préféré la rapporter fidèlement et intégralement, sans tenir compte des corrections de Maria Valtorta sur la copie dactylographiée. Elles consistent essentiellement en la suppression des passages initiaux, qui revêtent un caractère personnel, avec quelques descriptions redondantes.
  6. la vision du 25 mai 1944 fait partie du volume “ Les cahiers de 1944 ”.
  7. Ce furent… patrie, comme le rapportent Esd 1-10 ; Ne 1-13, 1 ; 1M 1-2.
  8. je vous dis, comme en 265.12 et 281.6.
  9. La Femme, dont on parle en Gn 2, 22-23, mais avec plus d’intérêt pour Gn 3, 15 (donc second — écrit en chiffre romain [II] — aurait pu être écrit au lieu de III) ; la Vierge, dont on parle en Is 7, 14 ; a prophétisé en 21.5.
  10. de celui d’Abel, en Gn 4, 8, à celui de Zacharie, en 2 Ch 24, 20-22, déjà cité en 414.9.
  11. jusqu’à ce que vous disiez, vous aussi, comme en Ps 118, 26.
  12. doit très bien connaître Jésus, qui lui avait guéri la jambe, comme on le voit en 488.5.
  13. la désobéissance — celle d’Adam et Eve — s’oppose à l’obéissance de Jésus et de sa Mère. Il en a été question en particulier dans le chapitre 17 et en 29.7/12. C’est un thème récurrent (par exemple en 420.11, 515.3, 595.5, 606.1) que ce dialogue résume admirablement.
  14. prophétie qui se trouve en Dn 9, 20-27.
  15. je vous l’ai dit, en 280.2, où la phrase entre guillements qui suit (et qui figure en Lc 10, 19) est seulement sous-entendue, alors qu’on y lit textuellement les exhortations que Jésus rappelle juste après aux disciples : Je vous rappelle…
  16. le grand Corps est la terre, le monde, note Maria Valorta sur une copie dactylographiée.
  17. qu’ont annoncées les prophètes, comme en Ez 37, 1-14.
  18. qui n’a pas voulu de moi est une précision qui manque dans les évangiles (Mt 24, 34, Mc 13, 30 et Luc 21, 32). Cela éclaire qu’il ne s’agit pas d’une “ génération ” au sens littéral du terme et confirme ce qui est dit plus haut, dans les dernières lignes de 596.44 : la fin arrivera “ au retour au Christ d’Israël qui l’accueille ”. On retrouve la même idée, par exemple, dans les dernières lignes de 258.5, en 265.10 et en 580.5.
  19. signe : Maria Valorta note sur une copie dactylographiée : l’ordre reçu par Noé de préparer l’arche pour sauver les animaux de toutes espèces. Pour tout ce qui a trait aux citations sur Noé et son arche (par exemple en 140.3, 176.3 et 525.7), nous renvoyons le lecteur à Gn 6-9.
  20. tu répéteras deux paraboles, que Jésus a racontées en 206.2/6 et en 281.9, mais que l’évangile de Matthieu place ensemble, avec les discours de ce chapitre.
  21. ces mots, que Maria Valorta a encadrés au crayon rouge sur le manuscrit dactylographié original, sont “ du reste ” et “ je vous enverrai ”, et sont en italiques en 596.20/21. On trouve des cas analogues en 577.11 ainsi qu’en 592.17.

Note

  1. va ai portici è un’aggiunta nostra che completa la frase.
  2. Il primo, in: Deuteronomio 6, 4-5. Il secondo, in: Levitico 19, 18.
  3. parole davidiche, che sono in: Salmo 51, 18-19.
  4. È detto, in: Salmo 37, 11.
  5. dicendo, in: Salmo 110, 1.
  6. corretta… Invece la riportiamo fedelmente e integralmente (come in 174.10) senza tener conto delle correzioni di MV sulla copia dattiloscritta, che consistono soprattutto nella soppressione dei brani iniziali in quanto di carattere personale e con qualche descrizione replicata.
  7. visione del 25 maggio 1944, riportata nel volume “I quaderni del 1944”.
  8. Ore tristi… per la Patria, come si legge in: Esdra 1-10; Neemia 1-13; 1 Maccabei 1-2.
  9. e non respinge, invece di e respinge, è correzione nostra.
  10. vi dico, come in 265.12 e 281.6; Colui che ama, invece di Coloro che amano, è correzione nostra che si accorda con non è atto.
  11. La Donna, di cui si parla in Genesi 2, 22-23, ma con più attinenza in Genesi 3, 15 (perciò II potrebbe essere scritto erroneamente per III); la Vergine, di cui si parla in Isaia 7, 14; ha profetato, in 21.5.
  12. dal sangue del giusto Abele, in Genesi 4, 8, a quello di Zaccaria, in 2 Cronache 24, 20-22. Già in 414.9.
  13. finché voi pure non diciate, come in: Salmo 118, 26.
  14. deve conoscere molto bene Gesù, che gli aveva guarito una gamba, come si legge in 488.5.
  15. la disubbidienza, quella di Adamo ed Eva, contrapposta all’ubbidienza di Gesù e della Madre sua, è stata trattata specialmente nel capitolo 17 e in 29.7/12, ed è un tema ricorrente (per esempio in 420.11, 515.3, 595.5, 606.1), mirabilmente sintetizzato nel presente dialogo.
  16. profezia, che è in: Daniele 9, 20-27.
  17. vi ho detto, in 280.2, dove la frase qui riportata tra virgolette (e che figura in Luca 10, 19) è solo sottintesa, mentre vi si leggono quasi testualmente le esortazioni che Gesù, subito dopo, ricorda ai discepoli: Vi ricordo …
  18. grande Corpo è la Terra, il mondo, come annota MV su una copia dattiloscritta.
  19. parlano i profeti, come in: Ezechiele 37, 1-14.
  20. che non mi volle, precisazione aggiunta alla parola generazione, manca negli Evangelisti: Matteo 24, 34; Marco 13, 30; Luca 21, 32. Essa chiarisce che non si tratta di “generazione” in senso stretto, e conferma quanto detto sopra, nelle ultime righe di 596.44, cioè che “verrà la fine” quando vi sarà il “ritorno al Cristo di Israele che lo accoglie”. Stesso concetto, per esempio, in 258.5 (ultime righe), in 265.10 e in 580.5.
  21. segno, cioè, come annota MV su una copia dattiloscritta: l’ordine avuto da Noè di preparare l’arca per salvare tutte le specie animali. Per questa e altre citazioni di Noè e della sua arca (per esempio in 140.3, 176.3, 525.7) rimandiamo a: Genesi 6-9.
  22. ripeterai due parabole, che Gesù ha narrato in 206.2/6 e in 281.9, ma che il Vangelo di Matteo riporta insieme con i discorsi del presente capitolo.
  23. quelle parolette, che MV ha riquadrato con segni di matita rossa sul manoscritto originale, sono del resto e manderò, e si trovano in corsivo in 596.20/21. Casi analoghi in 577.11 e in 592.17.