Gli Scritti di Maria Valtorta

8. Marie accueillie au Temple.

8. Maria accolta nel Tempio. Ella, nella sua

8.1

Je vois Marie marcher entre son père et sa mère dans les rues de Jérusalem.

Les passants s’arrêtent pour regarder cette jolie petite fille toute vêtue d’un blanc de neige et enveloppée dans un tissu très léger. Ses motifs de feuillage et de fleurs, plus foncés sur le fond pâle, me font penser que c’est celui qu’Anne portait le jour de sa purification. Seulement, alors que, sur Anne, il ne dépassait pas la ceinture, pour Marie – si petite – il descend presque jusqu’à terre et l’enveloppe d’une espèce de petit nuage vaporeux et lumineux d’un charme rare.

La blondeur de ses cheveux épars sur les épaules ou, plutôt, sur sa nuque délicate, transparaît là où il n’y a pas de damassure sur le voile, juste le fond très léger. Ce voile est maintenu sur le front par un ruban d’un bleu très pâle, sur lequel sa mère, vraisemblablement, a brodé de petits lys en fil d’argent.

Comme je l’ai dit, ce vêtement, très blanc, descend jusqu’à terre, et c’est tout juste si, à chaque pas, on aperçoit ses pieds chaussés de sandalettes blanches. Ses mains ressemblent à deux pétales de magnolia qui sortent d’une longue manche. Hormis le cercle bleu du ruban, il n’y a pas d’autre couleur. Tout est blanc. Marie paraît vêtue de neige.

Joachim porte le même vêtement qu’à la purification, tandis qu’Anne est vêtue d’un violet très sombre. Même le manteau qui lui couvre la tête est violet foncé. Elle le porte baissé très bas sur les yeux. Ce sont deux pauvres yeux de maman, rouges pour avoir trop pleuré, qui voudraient bien ne pas pleurer et, surtout, ne voudraient pas qu’on les voie en larmes, mais qui ne peuvent s’en empêcher sous le couvert du manteau. Cette protection vaut pour les passants, mais aussi pour Joachim dont les yeux habituellement sereins sont d’ailleurs rougis et brouillés de larmes déjà versées ou qui coulent encore. Il marche en se tenant très courbé sous un voile disposé comme un turban dont les ailes latérales descendent le long du visage.

Il fait très âgé en ce moment, Joachim. A le voir, on pourrait le prendre pour le grand-père ou l’arrière-grand-père de la petite fille qu’il tient par la main. Le chagrin de la perdre donne à ce pauvre père une démarche traînante, une allure lasse qui le vieillit de vingt ans. Son visage semble, non seulement celui d’un ancêtre, mais même celui d’un malade tant il est accablé et triste. La bouche tremble légèrement entre deux rides, aujourd’hui très prononcées, de chaque côté du nez.

Ils essaient tous les deux de dissimuler leurs larmes. Mais s’ils y parviennent à l’égard de beaucoup de gens, ils ne le peuvent avec Marie. En raison de sa petite taille, elle regarde de bas en haut et, quand elle lève la tête, son regard se porte tout à tour sur son père et sur sa mère. Eux s’efforcent de lui sourire d’une bouche tremblante, et ils augmentent l’étreinte de leur main sur la petite main de Marie chaque fois que la fillette les observe et sourit. Ils doivent penser : « C’est bientôt son dernier sourire que nous allons voir ! »

8.2

Ils marchent lentement, doucement. Ils donnent l’impression de vouloir allonger le plus possible leur route. Tout leur est prétexte pour faire halte. Mais une route a forcément une fin, et celle-ci est sur le point de se terminer. Voilà, au sommet de cette dernière montée, les murs d’enceinte du Temple. Anne pousse un gémissement et serre plus fort la main de Marie.

« Ma chère Anne, je suis avec toi », dit une voix qui sort de l’ombre d’une arcade basse à un croisement de routes.

Elisabeth, qui l’attendait sûrement, la rejoint et la serre sur son cœur. Comme Anne est en larmes, elle lui propose :

« Viens, viens un moment dans cette maison amie, puis nous partirons ensemble. Zacharie est là, lui aussi. »

Ils entrent tous dans une pièce basse et sombre où brille un grand feu. La maîtresse de maison, certainement une amie d’Elisabeth, mais inconnue d’Anne, se retire par politesse pour laisser le petit groupe tranquille.

« Ne crois pas que j’aie changé d’avis, ou que je donne à regret mon trésor au Seigneur, explique Anne entre ses larmes, mais c’est le cœur… Oh, comme mon vieux cœur souffre de retrouver sa solitude de mère sans enfant ! Si tu le sentais…

– Je le comprends, mon Anne… Mais tu es bonne et Dieu te réconfortera dans ta solitude. Marie priera pour que Dieu donne la paix à sa mère, n’est-ce pas ? »

Marie caresse les mains de sa mère et les embrasse, elle se les passe sur le visage pour en être caressée, et Anne serre ce petit visage dans ses mains, et l’embrasse, encore et encore. Elle ne s’en rassasie pas.

Zacharie entre alors et salue :

« La paix du Seigneur soit sur les justes.

– Oui, répond Joachim, demande pour nous la paix, car notre cœur tremble de l’offrir. C’est comme l’offrande d’Abraham[1] lorsqu’il gravissait la montagne, et nous ne trouverons pas d’autre offrande pour racheter celle-là. Nous ne le voudrions pas, d’ailleurs, parce que nous sommes fidèles à Dieu. Mais nous souffrons, Zacharie. Toi qui es prêtre de Dieu, comprends-nous et ne t’en scandalise pas.

– Jamais ! Bien au contraire, votre douleur sait ne pas dépasser les bornes de ce qui est permis et vous porter à l’infidélité, et cela m’apprend à aimer le Très-Haut. Mais prenez courage.

8.3

La prophétesse Anne aura grand soin de cette fleur de David et d’Aaron. C’est actuellement le seul lys de sa descendance sainte que David ait au Temple, et on s’en occupera comme d’une perle royale. Les temps touchent à leur terme et les mères de sa lignée devraient avoir souci de consacrer leurs filles au Temple – puisque c’est d’une vierge de la souche de David que sortira le Messie. Mais les places réservées aux vierges dans le Temple sont vides, à cause du relâchement de la foi. Il y en a trop peu au Temple, et aucune de la descendance royale depuis que Sarah, fille d’Elisée, en est sortie pour se marier, voici trois ans. Il est vrai qu’il manque encore six lustres pour arriver à la date fixée, mais… Eh bien, espérons que Marie sera la première de nombreuses vierges davidiennes devant le Voile sacré. Et puis… qui sait ?… »

Zacharie n’ajoute rien, mais il regarde Marie d’un air pensif. Il reprend :

« Je veillerai moi aussi sur elle. Je suis prêtre et j’ai mes entrées. J’en profiterai pour ce petit ange. Et Elisabeth viendra la voir souvent…

– Oh, certainement ! J’ai un grand besoin de Dieu et je viendrai le dire à cette enfant, afin qu’elle le dise à l’Eternel. »

8.4

Anne a repris courage. Pour la réconforter un peu plus, Elisabeth lui demande :

« N’est-ce pas ton voile d’épouse ? Ou bien as-tu filé du nouveau byssus ?

– C’est bien le même. Je le consacre au Seigneur avec elle. Je n’y vois plus guère… et puis nos ressources ont bien diminué à cause des taxes et à la suite de revers de fortune… Il m’était impossible de faire de grosses dépenses. J’ai seulement préparé un riche trousseau pour son séjour dans la Maison de Dieu et pour après… parce que je pense que ce n’est pas moi qui l’habillerai pour ses noces… et je veux que ce soit toujours la main de sa maman, même froide et inerte, qui la pare pour son mariage et lui file ses linges et ses vêtements d’épouse.

– Oh ! Pourquoi ces tristes pensées ?

– Je suis déjà âgée, ma cousine. Je ne l’avais jamais autant ressenti que maintenant, sous le poids de cette souffrance. J’ai donné les dernières forces de ma vie à cette fleur, pour la porter et la nourrir, et maintenant… et maintenant… la douleur de la perdre souffle sur ces dernières forces et les dissipe.

– Il ne faut pas dire cela, ne serait-ce que par égard pour Joachim.

– Tu as raison. Je tâcherai de vivre pour mon mari. »

Joachim, attentif aux paroles de Zacharie, a fait semblant de ne rien entendre, mais il a entendu, et il pousse un profond soupir, les yeux baignés de larmes.

« Nous voici entre la troisième et la sixième heure. Je crois le moment venu d’y aller » dit Zacharie.

Tous se lèvent pour remettre leur manteau et partir.

8.5

Mais, avant de sortir, Marie s’agenouille sur le seuil, bras ouverts. C’est un petit chérubin qui implore :

« Papa ! Maman ! Votre bénédiction ! »

Elle ne pleure pas, la courageuse petite. Mais ses lèvres tremblent et sa voix, brisée par un sanglot retenu, ressemble plus que jamais au gémissement tremblant de la tourterelle. Son petit visage est plus pâle et son regard révèle une anxiété résignée. C’est ce même regard que je verrai au Calvaire et au Sépulcre, en plus fort, jusqu’à devenir insoutenable, non sans en souffrir profondément.

Ses parents la bénissent et l’embrassent, une fois, deux fois, dix fois. Ils ne peuvent s’en rassasier… Elisabeth pleure en silence et Zacharie, bien qu’il ne veuille pas le montrer, est profondément ému.

Ils sortent, Marie entre son père et sa mère, comme auparavant, et Zacharie avec sa femme à l’avant. Les voici à l’intérieur des murs du Temple.

« Je vais chez le grand-prêtre. Vous, montez à la grande terrasse. »

Ils traversent trois cours et trois porches superposés. Les voici au pied d’un vaste cube de marbre couronné d’or. Chaque dôme, convexe comme une énorme moitié d’orange, luit au soleil de midi qui tombe à pic sur une grande cour entourant un édifice majestueux et envahit la vaste esplanade ainsi que le grand escalier qui mène au Temple. Seul le portique qui lui fait face, le long de la façade, est à l’ombre ; par contraste avec tant de lumière, la gigantesque porte de bronze et d’or paraît encore plus sombre et solennelle.

Marie semble encore plus comme neige sous ce grand soleil. Elle arrive au pied de l’escalier, entre son père et sa mère. Comme leur cœur à tous trois doit battre ! Elisabeth se tient à côté d’Anne, mais légèrement en retrait, d’un demi-pas.

8.6

Une sonnerie argentine de clochettes, et la porte tourne sur ses gonds. On dirait le timbre d’une cithare pendant que la porte pivote sur ses sphères de bronze. L’intérieur du Temple apparaît, avec ses lampes tout au fond. Un cortège s’avance vers la porte, venant de l’intérieur. C’est un cortège majestueux, accompagné en fanfare de trompettes d’argent, de nuages d’encens et de lumières.

Le voilà sur le seuil de la porte. Celui qui doit être le grand-prêtre se tient à l’avant. C’est un vieillard solennel, vêtu de lin très fin ; sur ce premier vêtement, il porte une tunique plus courte, elle aussi en lin, et sur cette dernière une espèce de chasuble, quelque chose d’intermédiaire entre la dalmatique et l’habit des diacres, multicolore : pourpre et or, violet et blanc y alternent et brillent au soleil comme des joyaux ; sur l’ensemble, deux vrais bijoux brillent plus vivement encore à la hauteur des épaules. Ce sont peut-être des boucles portant un chaton précieux. Sur la poitrine, une large plaque tout étincelante de pierres, soutenue par une chaîne en or. Des pendentifs et d’autres ornements brillent en bas de sa tunique courte, et de l’or luit sur son front au haut d’une coiffure qui me rappelle celle des prêtres orthodoxes, leur mitre étant bombée au lieu d’être pointue comme celle des catholiques.

Ce solennel personnage s’avance, seul, jusqu’au début de l’escalier, sous la lumière dorée du soleil qui le rend encore plus splendide. Les autres attendent, rangés en cercle en dehors de la porte, sous le portique ombragé. A gauche se tient un groupe de jeunes filles en vêtements blancs accompagnées de la prophétesse Anne et d’autres personnes âgées, certainement des maîtresses.

Le grand-prêtre regarde la petite fille et sourit. Elle doit lui paraître bien petite au pied de cet escalier digne d’un temple égyptien ! Il lève les bras vers le ciel, en prière. Tous baissent la tête, comme anéantis devant la majesté sacerdotale en communion avec l’éternelle Majesté.

Puis il fait signe à Marie. Celle-ci se sépare de son père et de sa mère et monte, comme fascinée. Elle sourit. Elle sourit à l’ombre du Temple, là où descend le Voile précieux… Elle arrive en haut des marches, aux pieds du grand-prêtre qui lui impose les mains. La victime est agréée. Quelle hostie plus pure le Temple avait-il jamais vue ?

Il se retourne alors et pose la main sur l’épaule de l’Agnelle immaculée comme pour la mener à l’autel, et la conduit vers la porte du Temple. Avant de la faire entrer, il l’interroge :

« Marie, fille de David, est-ce là ton vœu ? »

Un “ oui ” cristallin lui répond, et il s’écrie :

« Dans ce cas, entre. Marche en ma présence et sois parfaite. »

Marie entre alors, et l’ombre l’engloutit. Le groupe des vierges et des maîtresses, enfin celui des lévites, la dérobent toujours plus aux regards, la séparent… On ne la voit plus…

Avec un son harmonieux, la porte tourne sur ses gonds. Un entrebâillement toujours plus étroit permet d’apercevoir le cortège qui se dirige vers le Saint. Ce n’est maintenant plus qu’une fente, puis plus rien, la porte est close.

Au dernier accord des gonds sonores répond le sanglot des deux vieillards et un même cri :

« Marie ! Ma fille ! »

Puis deux gémissements qui s’entrecroisent : « Anne ! », « Joachim ! », pour conclure :

« Rendons gloire au Seigneur qui la reçoit dans sa maison et la conduit sur ses voies. »

Tout s’achève comme cela.

8.7

Jésus dit :

« Le grand-prêtre a dit : “ Marche en ma présence et sois parfaite. ” Il ignorait qu’il s’adressait à la Femme qui n’était inférieure qu’à Dieu seul en perfection. Mais il parlait au nom de Dieu, de sorte que son ordre était sacré. S’il est toujours sacré, il l’était tout particulièrement pour Marie, pleine de Sagesse.

Marie avait mérité que “ la Sagesse[2] la prévienne et se montre à elle par avance ”, car, “ dès le début de son existence, elle avait veillé à sa porte et, dans le désir de s’instruire, par amour, elle voulait être pure pour obtenir l’amour parfait et mériter d’avoir la Sagesse pour maîtresse. ”

Dans son humilité, elle ignorait qu’elle la possédait et que son union à la Sagesse ne faisait que continuer les divins battements de son cœur au paradis. Elle ne pouvait l’imaginer. Et quand dans le silence de son cœur Dieu lui tenait des propos sublimes, son humilité lui faisait croire qu’il s’agissait de pensées d’orgueil. Elle élevait alors son cœur innocent vers Dieu et le suppliait : “ Prends pitié de ta servante, Seigneur ! ”

Oui, vraiment : la vraie femme sage, la Vierge éternelle n’a eu qu’une seule et même pensée depuis le commencement de son existence : “ Tourner son cœur vers Dieu dès le matin de sa vie et veiller pour le Seigneur, en priant en présence du Très-Haut ”, en demandant pardon pour la faiblesse de son cœur, comme son humilité lui suggérait de le croire ; elle ne se doutait pas qu’elle anticipait les demandes de pardon pour les pécheurs qu’elle allait faire au pied de la croix en union avec son Fils mourant.

“ Plus tard[3], si telle est la volonté du Seigneur, elle sera remplie de l’esprit d’intelligence ” et comprendra alors sa sublime mission. Mais elle n’est pour l’instant qu’une petite fille qui, dans la paix sacrée du Temple, lie, “ relie ” toujours plus étroitement à Dieu ses conversations, ses affections, ses souvenirs.

Celui est destiné à tout le monde.

8.8

Mais pour toi, petite Maria, le Maître n’a-t-il rien de particulier à te dire ? “ Marche en ma présence, sois donc parfaite. ” Je modifie légèrement la phrase sacrée et je t’en fais un ordre : parfaite dans l’amour, parfaite dans la générosité, parfaite dans la souffrance.

Regarde une fois de plus ma Mère. Médite sur ce que beaucoup ignorent ou veulent ignorer, parce que la souffrance est une chose trop désagréable à leur palais et à leur esprit. La souf­france… Marie l’a connue dès les premiers instants de sa vie. Etre parfaite, comme elle l’était, c’était avoir une sensibilité parfaite. Il s’ensuit que le sacrifice devait lui être d’autant plus pénible, mais, pour cette raison même, plus méritoire. Qui possède la pureté possède l’amour, qui possède l’amour possède la sagesse, qui possède la sagesse possède la générosité et l’héroïsme, parce qu’il sait pour qui il se sacrifie.

Elève ton esprit, même si la croix te fait plier, te brise, te tue. Dieu est avec toi. »

8.1

Vedo Maria fra mezzo al padre e alla madre camminare per le vie di Gerusalemme.

I passanti si fermano a guardare la bella Bambina, tutta vestita di un bianco di neve e avvolta in un leggerissimo tessuto che per i suoi disegni, a rami e fiori, più opachi fra il tenue dello sfondo, mi pare sia lo stesso che aveva Anna il giorno della sua Purificazione. Soltanto che, mentre ad Anna esso non sorpassava la cintura, a Maria, piccolina, scende fin quasi a terra e l’avvolge in una nuvoletta leggera e lucida di una vaghezza rara.

Il biondo dei capelli sciolti sulle spalle, meglio, sulla nuca gentile, traspare là dove non vi è damascatura nel velo, ma unicamente il fondo leggerissimo. Il velo è trattenuto sulla fronte da un nastro di un azzurro pallidissimo, su cui, certamente per opera della mamma, sono ricamati in argento dei piccoli gigli.

L’abito, come ho detto, candidissimo, scende fino a terra, e i piedini appena si mostrano nel passo, coi loro sandaletti bianchi. Le manine sembrano due petali di magnolia che escano dalla lunga manica. Tolto il cerchio azzurro del nastro, non vi è altro punto di colore. Tutto è bianco. Maria pare vestita di neve.

Gioacchino ed Anna sono vestiti, lui con lo stesso abito della Purificazione, e Anna invece di viola scurissimo. Anche il mantello, che le copre anche il capo, è viola scuro. Ella se lo tiene molto calato sugli occhi. Due poveri occhi di mamma, rossi di pianto, che non vorrebbero piangere e non vorrebbero, soprattutto, esser visti piangere, ma che non possono non piangere sotto la protezione del manto. Protezione che serve per i passanti, e anche per Gioacchino, che del resto ha il suo occhio, sempre sereno, oggi arrossato e opaco di lacrime già scese e ancora scendenti, e che va molto curvo sotto il suo velo messo a quasi turbante, con le ali laterali che scendono lungo il viso.

Un vecchio affatto, ora, Gioacchino. Chi lo vede deve pensarlo nonno e forse bisnonno della piccolina che egli ha per mano. La pena di perderla dà al povero padre un passo strascicante, una lassezza di tutto il portamento che lo invecchia di un vent’anni, e il viso pare quello di un malato oltre che vecchio, tanto è stanco e triste, con la bocca che ha un lieve tremito fra le due rughe, che sono così marcate oggi, ai lati del naso.

Cercano i due di celare il pianto. Ma, se possono farlo per molti, non lo possono per Maria, che per la sua statura li vede dal basso in alto e, alzando il piccolo capo, guarda alternativamente il padre e la madre. Ed essi si sforzano di sorriderle con la bocca che trema, e aumentano la stretta della loro mano sulla manina minuta ogni volta che la loro figliolina li guarda e sorride. Devono pensare: «Ecco. Un’altra volta di meno da vedere questo sorriso».

8.2

Vanno piano. A rilento. Pare vogliano protrarre il più a lungo il loro cammino. Tutto serve a fermarsi… Ma una strada deve pur finire! E questa sta per finire. Ecco là, in cima a questo ultimo pezzo di strada che sale, le mura di cinta del Tempio. Anna ha un gemito e stringe più forte la manina di Maria.

«Anna, cara, io sono con te!», dice una voce uscendo dal­l’ombra di un basso arco gettato su un incrocio di strade. E Elisabetta, che certo era in attesa, la raggiunge e stringe al cuore. E, posto che Anna piange, le dice: «Vieni, vieni in questa casa amica per un poco. Poi andremo insieme. Vi è anche Zaccaria».

Entrano tutti in una stanza bassa e scura, in cui è lume un vasto fuoco. La padrona, certo amica di Elisabetta, ma estranea ad Anna, cortesemente si ritira lasciando liberi i sopraggiunti.

«Non credere che io sia pentita, o che dia con mala volontà il mio tesoro al Signore», spiega Anna fra le lacrime… «ma è che il cuore… oh! il mio cuore come duole, il mio vecchio cuore che torna nella sua solitudine di senza figli!… Se sentissi…».

«Lo capisco, Anna mia… Ma tu sei buona e Dio ti conforterà nella tua solitudine. Maria pregherà per la pace della sua mamma. Non è vero?».

Maria carezza le mani materne e le bacia, se le passa sul viso per esserne carezzata, e Anna serra fra le sue quel visino e lo bacia, lo bacia. Non si sazia di baciare.

Entra Zaccaria e saluta: «Ai giusti la pace del Signore».

«Sì», dice Gioacchino, «supplicaci pace, perché le nostre viscere tremano nell’offerta come quelle di padre Abramo[1] mentre saliva il monte, e noi non troveremo altra offerta per riscattare questa. Né lo vorremmo fare, perché siamo fedeli a Dio. Ma soffriamo, Zaccaria. Sacerdote di Dio, comprendici e non ti scandalizzare di noi».

«Mai. Anzi, il vostro dolore, che sa non soverchiare il lecito e portarvi all’infedeltà, mi è scuola nell’amare l’Altissimo. Ma fatevi cuore.

8.3

Anna profetessa avrà molta cura di questo fiore di Davide e Aronne. In questo momento è l’unico giglio della sua stirpe santa che Davide abbia nel Tempio, e sarà curato come perla regale. Per quanto i tempi volgano al termine e dovrebbe esser cura delle madri della stirpe di consacrare le figlie al Tempio, poiché da una vergine di Davide uscirà il Messia, pure, per rilassamento di fede, i posti delle vergini sono vuoti. Troppo poche nel Tempio, e di questa stirpe regale nessuna, dopo che ne uscì sposa, or sono tre anni, Sara di Eliseo. Vero che ancora sei lustri mancano al termine, ma… Ebbene, speriamo che Maria sia la prima di molte vergini di Davide davanti al Sacro Velo. E poi… chissà…». Zaccaria non dice altro. Ma guarda pensoso Maria. Poi riprende: «Io pure veglierò su Lei. Sono sacerdote ed ho il mio potere là dentro. Lo userò per quest’angelo. E Elisabetta verrà sovente a trovarla…».

«Oh! di certo! Io ho tanto bisogno di Dio e verrò a dirlo a questa Bambina, perché lo dica all’Eterno».

8.4

Anna si è rinfrancata. Elisabetta, per sollevarla più ancora, chiede: «Non è il tuo velo di sposa questo? Oppure hai filato del nuovo bisso?».

«È quello. Lo consacro con Essa al Signore. Non ho più occhi… E anche le ricchezze sono molto scemate per tasse e sventure… Non mi era lecito fare gravi spese. Ho provveduto solo ad un ricco corredo per il suo tempo nella Casa di Dio e per poi… perché penso che non sarò io quella che la vestirà per le nozze… e voglio sia sempre la mano di sua mamma, anche se fredda e immota, che la para alle nozze e le fila i lini e le vesti da sposa».

«Oh! perché pensare così?!».

«Sono vecchia, cugina. Mai come sotto questo dolore me lo sento. L’ultime forze della mia vita le ho date a questo fiore, per portarlo e nutrirlo, ed ora… ed ora… sulle estreme soffia il dolore di perderlo e le disperde».

«Non dire così, per Gioacchino».

«Hai ragione. Vedrò di vivere per il mio uomo».

Gioacchino ha fatto mostra di non sentire, intento ad ascoltare Zaccaria, ma ha udito e sospira forte con gli occhi lucidi di pianto.

«Siamo a mezzo fra terza e sesta. Credo sarebbe bene andare», dice Zaccaria.

Si alzano tutti per rimettersi i mantelli e andare.

8.5

Ma, prima di uscire, Maria si inginocchia sulla soglia a braccia aperte: un piccolo cherubino implorante. «Padre! Madre! La vostra benedizione!».

Non piange, la piccola forte. Ma le labbruzze tremano e la voce, spezzata da un interno singulto, ha più che mai il trepido gemito della tortorina. Il visetto è più pallido e l’occhio ha quello sguardo di rassegnata angoscia che, più forte sino a divenire inguardabile senza soffrirne profondamente, le vedrò sul Calvario e nel Sepolcro.

I genitori la benedicono e la baciano. Una, due, dieci volte. Non se ne sanno saziare… Elisabetta piange silenziosamente e Zaccaria, per quanto voglia non mostrarlo, è commosso.

Escono. Maria fra il padre e la madre, come prima. Davanti, Zaccaria e la moglie.

Eccoli dentro le mura del Tempio. «Vado dal Sommo Sacerdote. Voi salite sino alla grande terrazza».

Valicano tre cortili e tre atri sovrapposti. Eccoli ai piedi del vasto cubo di marmo incoronato d’oro. Ogni cupola, convessa come una mezza arancia enorme, sfolgora al sole che ora, sul mezzodì, cade a perpendicolo sul vasto cortile che circonda il fabbricato solenne, ed empie il vasto piazzale e l’ampia scalinata che conduce al Tempio. Solo il portico che fronteggia la scalinata, lungo la facciata, è in ombra, e la porta altissima di bronzo e oro è ancor più scura e solenne in tanta luce.

Maria pare ancor più di neve fra il gran sole. Eccola ai piedi della scalinata. Fra padre e madre. Come deve battere il cuore a quei tre! Elisabetta è a fianco di Anna, ma un poco indietro, di un mezzo passo.

8.6

Uno squillo di trombe argentine e la porta gira sui cardini, che pare diano suono di cetra nel girare sulle sfere di bronzo. Appare l’interno con le sue lampade nel profondo, ed un corteo viene dall’interno verso l’esterno. Un pomposo corteo fra suoni di trombe argentee, nuvole d’incenso e luci.

Eccolo sulla soglia. Davanti, colui che deve essere il Sommo Sacerdote. Un vecchio solenne, vestito di lino finissimo, e sul lino una più corta tunica pure di lino, e su questa una specie di pianeta, qualcosa fra la pianeta e la veste dei diaconi, multicolore: porpora e oro, violaceo e bianco vi si alternano e brillano come gemme al sole; due gemme vere brillano su esso ancor più vivamente al sommo delle spalle. Forse sono fibbie con il loro castone prezioso. Sul petto, una larga placca splendente di gemme, sostenuta da una catena d’oro. E pendagli e ornamenti splendono alla base della tunica corta, e oro splende sulla fronte al disopra del copricapo, che mi ricorda quello dei preti ortodossi, la loro mitra fatta a cupola anziché a punta come quella cattolica.

Il solenne personaggio viene avanti, da solo, sino al principio della scalinata, nell’oro del sole che lo fa ancora più splendido. Gli altri attendono stesi a corona fuor dalla porta, sotto il portico ombroso. A sinistra è un gruppo candido di fanciulle con Anna profetessa e altre anziane, certo maestre.

Il Sommo Sacerdote guarda la Piccola e sorride. Le deve parere ben piccina ai piedi di quella scalinata degna di un tempio egizio! Alza le braccia al cielo in una preghiera. Tutti curvano il capo, come annichiliti davanti alla maestà sacerdotale in comunione con la Maestà eterna.

Poi, ecco. Un cenno a Maria. E Lei si stacca dalla madre e dal padre e sale, come affascinata sale. E sorride. Sorride all’ombra del Tempio, là dove scende il Velo prezioso… È in alto della scalinata, ai piedi del Sommo Sacerdote che le impone le mani sul capo. La vittima è accettata. Quale ostia più pura aveva mai avuto il Tempio?

Poi si volge e, tenendole la mano sulla spalla come a condurla all’ara, l’Agnellina senza macchia, la conduce presso la porta del Tempio. Prima di farla entrare chiede: «Maria di David, sai il tuo voto?». Al «sì» argentino, che gli risponde, egli grida: «Entra, allora. Cammina in mia presenza e sii perfetta».

E Maria entra e l’ombra l’inghiotte, e lo stuolo delle vergini e delle maestre, poi quello dei leviti, sempre più la nascondono, la separano… Non c’è più…

Ora anche la porta gira sui suoi cardini armoniosi. Uno spiraglio sempre più stretto permette vedere il corteo che inoltra verso il Santo. Ora è proprio un filo. Ora non è più niente. Chiusa.

All’ultimo accordo dei sonori cardini risponde un singhiozzo dei due vecchi e un grido unico: «Maria! Figlia!»; e poi due gemiti che si invocano: «Anna!», «Gioacchino!»; e terminano: «Diamo gloria al Signore, che la riceve nella sua Casa e la conduce sulla sua via».

E tutto finisce così.

8.7

Dice Gesù:

«Il Sommo Sacerdote aveva detto: “Cammina in mia presenza e sii perfetta”. Il Sommo Sacerdote non sapeva che parlava alla Donna solo a Dio inferiore in perfezione. Ma parlava in nome di Dio e perciò sacro era il suo ordine. Sempre sacro, ma specie alla Ripiena di Sapienza.

Maria aveva meritato che la “Sapienza la prevenisse e le si mostrasse per prima”, perché “dal principio del suo giorno Ella aveva vegliato alla sua porta e, desiderando d’istruirsi, per amore, volle esser pura per conseguire l’amore perfetto e meritare d’averla a maestra”.

Nella sua umiltà non sapeva di possederla da prima d’esser nata e che l’unione con la Sapienza non era che un continuare i divini palpiti del Paradiso. Non poteva immaginare questo. E quando nel silenzio del cuore Dio le diceva parole sublimi, Ella umilmente pensava fossero pensieri di orgoglio e, levando a Dio un cuore innocente, supplicava: “Pietà della tua serva, Signore!”.

Oh! veramente che la vera Sapiente, la eterna Vergine, ha avuto un sol pensiero sin dall’alba del suo giorno: “Rivolgere a Dio il suo cuore sin dal mattino della vita e vegliare per il Signore, pregando davanti all’Altissimo”, chiedendo perdono per la debolezza del suo cuore, come la sua umiltà le suggeriva di credere, e non sapeva di anticipare le richieste di perdono per i peccatori, che avrebbe fatto ai piedi della Croce insieme al Figlio morente.

“Quando[2] poi il gran Signore lo vorrà, Ella sarà riempita dello Spirito d’intelligenza” e comprenderà allora la sua sublime missione. Per ora non è che una pargola, che nella pace sacra del Tempio allaccia, “riallaccia” sempre più stretti i suoi conversari, i suoi affetti, i suoi ricordi con Dio.

Questo è per tutti.

8.8

Ma per te, piccola Maria, non ha nulla di particolare da dire il tuo Maestro? “Cammina in mia presenza, sii perciò perfetta”. Modifico lievemente la sacra frase e te la dò per ordine. Perfetta nell’amore, perfetta nella generosità, perfetta nel soffrire.

Guarda una volta di più la Mamma. E medita su quello che tanti ignorano, o vogliono ignorare, perché il dolore è materia troppo ostica al loro palato e al loro spirito. Il dolore. Maria lo ha avuto dalle prime ore della vita. Esser perfetta come Ella era, era possedere anche una perfetta sensibilità. Perciò più acuto doveva esserle il sacrificio. Ma per questo più meritorio. Chi possiede purezza possiede amore, chi possiede amore possiede sapienza, chi possiede sapienza possiede generosità ed eroismo, perché sa il perché per cui si sacrifica.

In alto il tuo spirito anche se la croce ti curva, ti spezza, ti uccide. Dio è con te».


Notes

  1. Abraham : Dans l’épisode du sacrifice de son fils Isaac relaté en Gn 22, 1-18. Il comprend la promesse de Dieu, qui sera rappelée en 24.2
  2. la Sagesse en : Sg 6, 13.
  3. Plus tard… est tiré de : Si 39, 6. Les citations qui précèdent sont tirées de : Pr 8.

Note

  1. padre Abramo nel sacrificio del figlio Isacco, narrato in: Genesi 22, 1-18, ivi inclusa la promessa da parte di Dio che sarà ricordata in 24.2.
  2. Quando… è citazione da: Siracide 39, 6; quelle che precedono sono ancora citazioni da: Proverbi 8.