Gli Scritti di Maria Valtorta

83. Jésus souffre à cause de Judas, qui est une leçon vivante pour les apôtres de toute époque.

83. Gesù soffre a causa di Giuda, che è una lezione vivente per gli apostoli di ogni tempo.

83.1

La campagne où se trouve Jésus est fertile : des vergers magnifiques, de superbes vignobles portant des grappes nombreuses qui commencent à prendre la couleur de l’or et du rubis. Jésus est assis dans un verger et mange les fruits que lui a offerts un paysan.

Peut-être a-t-il parlé un peu avant car l’homme dit :

« Je suis heureux d’apaiser ta soif, Maître. Ton disciple nous avait parlé de ta sagesse, mais nous sommes stupéfaits de t’écouter. Nous sommes près de la Cité sainte, nous y allons fréquemment pour vendre des fruits et des légumes. On monte alors aussi au Temple et on entend les rabbis. Mais ils sont loin de parler comme toi. On en revenait en disant : “ S’il en est ainsi, qui parviendra au salut ? ” Mais toi, c’est le contraire ! On a l’impression d’en avoir le cœur allégé ! Un cœur qui redevient enfant tout en restant homme. Je suis inculte… Je ne sais pas m’expliquer, voilà. Mais toi, tu comprends certainement.

– Oui, je te comprends. Tu veux dire qu’avec le sérieux et la connaissance des choses qui est propre à l’adulte, tu ressens, après avoir écouté la Parole de Dieu, la simplicité, la foi, la pureté renaître en ton cœur et tu as l’impression de redevenir un enfant, sans fautes ni malice, avec autant de foi que lorsque, tenant ta mère par la main, tu es monté au Temple pour la première fois, ou que tu priais sur ses genoux. C’est cela que tu veux dire.

– C’est ça, oui, exactement. Heureux êtes vous d’être toujours avec lui ! » dit-il ensuite à Jean, Simon et Judas qui mangent des figues succulentes, assis sur un petit muret. Et il termine :

« Et moi je suis heureux de t’avoir accordé l’hospitalité pour une nuit.

83.2

Je ne crains plus aucun malheur dans ma maison car ta bénédiction y est entrée. »

Jésus répond :

« La bénédiction agit et demeure si les âmes restent fidèles à la Loi de Dieu et à mon enseignement. Dans le cas contraire, la grâce disparaît. Et c’est juste. Certes, Dieu donne le soleil et l’air aux bons comme aux méchants, pour qu’ils vivent et, s’ils sont bons, qu’ils deviennent meilleurs, et s’ils sont mauvais qu’ils se convertissent. Toutefois il est tout aussi juste que la protection du Père devienne châtiment pour le méchant afin de le rappeler par des peines au souvenir de Dieu.

– La souffrance n’est-elle pas toujours un mal ?

– Non, mon ami, c’est un mal du point de vue humain, mais d’un point de vue qui dépasse l’humain, c’est un bien. Elle augmente les mérites des justes qui la supportent sans désespérer ni se révolter et l’offrent : ce faisant, ils s’offrent eux-mêmes par leur résignation en sacrifice d’expiation pour leurs propres manquements et pour les fautes du monde, et elle est rédemption pour ceux qui ne sont pas justes.

– C’est si difficile de souffrir ! Dit le paysan, auquel se sont joints les membres de sa famille : une dizaine entre adultes et enfants.

– Je sais que l’homme trouve cela difficile. Comme le Père savait que l’homme la jugerait ainsi, il ne l’avait pas donnée à ses enfants. Elle est venue à la suite de la faute. Mais combien de temps dure la souffrance sur la terre ? Dans la vie d’un homme, peu de temps. Toujours peu, même si elle dure toute la vie. Alors, je vous le demande : ne vaut-il pas mieux souffrir un peu de temps, plutôt que toujours ? N’est-il pas préférable de souffrir ici, plutôt qu’au purgatoire ? Pensez ! Le temps y est multiplié par mille ! Ah, en vérité, je vous le dis, on ne devrait pas maudire, mais bénir la souffrance, l’appeler “ grâce ” et “ pitié ”.

– Ah ! Quelles paroles, Maître ! Nous les buvons comme quel­qu’un qui, en été, apaise sa soif avec de l’hydromel qu’il verse d’une amphore fraîche. Est-ce déjà demain que tu pars, Maître ?

– Oui, demain, mais je reviendrai encore pour te remercier de tout ce que tu as fait pour moi et pour ceux-ci, qui sont mes amis, et aussi pour te demander encore pain et repos.

– Tu les trouveras toujours ici, Maître. »

83.3

Un homme s’avance avec un ânon chargé de légumes.

« Voilà. Si ton ami veut partir… Mon fils se rend à Jérusalem pour le grand marché de la Parascève.

– Va, Jean, tu sais ce que tu dois faire. Dans quatre jours, nous nous reverrons. Que ma paix soit avec toi. »

Jésus prend Jean dans ses bras et l’embrasse. Simon fait de même.

« Maître, dit Judas, si tu le permets, j’accompagnerai Jean. J’ai très envie de voir un ami. Chaque sabbat, il est à Jérusalem. J’irai avec Jean jusqu’à Betphagé et puis je continuerai pour mon compte… C’est un ami de la maison… tu sais… ma mère m’a dit…

– Je ne te demande rien, mon ami.

– Je suis désolé de te quitter. Mais d’ici quatre jours, je serai avec toi de nouveau. Et je serai fidèle jusqu’à t’ennuyer.

– Va donc. A l’aube qui se lèvera dans quatre jours, soyez à la Porte des Poissons. Adieu et que Dieu te garde.

Judas embrasse le Maître et part à côté de l’ânon qui trottine sur la route poussiéreuse.

Le soir descend sur la campagne qui se fait silencieuse. Simon observe le travail des horticulteurs qui arrosent leurs sillons.

83.4

Jésus est resté à sa place quelque temps. Puis il se lève, tourne derrière la maison et s’éloigne dans le verger. Il s’isole. Il va jusqu’à un bosquet touffu où de gros grenadiers sont séparés par des buissons peu élevés qui pourraient bien être des groseilliers. Mais je ne sais rien de précis. Ils n’ont pas de fruits et je connais peu leur feuillage. Jésus se cache là derrière. Il s’agenouille. Il prie… et puis se courbe, le visage contre terre, sur l’herbe et il pleure. C’est du moins ce que ses soupirs profonds et comme entrecoupés me laissent deviner. Ce sont des pleurs découragés, sans sanglots, mais tellement tristes !

Il passe un long moment dans cette attitude. La lumière du crépuscule s’affaiblit, mais il ne fait pas encore assez nuit pour empêcher de voir. Et dans cette faible clarté, on distingue par-dessus un groseillier la vilaine et honnête figure de Simon. Il regarde, cherche des yeux et finit par distinguer la forme toute pelotonnée du Maître, couvert de son manteau bleu foncé qui le fait presque disparaître dans les ombres du sol. On voit à peine sa tête blonde et ses mains jointes en prière qui s’élèvent au-dessus de la tête appuyée sur les poignets. Simon le regarde de ses yeux un peu bovins. Aux soupirs que Jésus pousse, il comprend sa tristesse, et sa bouche, aux lèvres épaisses et presque violettes, s’ouvre :

« Maître ! » appelle-t-il.

Jésus lève la tête.

« Tu pleures, Maître, pourquoi ? Me permets-tu de venir ? »

Le visage de Simon exprime l’étonnement et la peine. C’est un homme laid, décidément. Aux traits disgracieux, au teint olivâtre foncé, se joint la trace bleuâtre et profonde des cicatrices laissées par sa maladie. Mais il a un regard si bon que sa laideur disparaît.

« Viens, Simon, mon ami. »

Jésus s’est assis dans l’herbe. Simon s’assied à côté de lui.

« Pourquoi es-tu triste, mon Maître ? Moi, je ne suis pas Jean et je ne saurais t’offrir tout ce que lui te donne. Mais j’ai en moi le désir de t’apporter du réconfort. Et je n’ai qu’une douleur : celle d’être incapable de le faire. Dis-moi : t’ai-je donc déplu, ces derniers jours, au point que tu es accablé de devoir rester avec moi ?

– Non, mon bon ami, tu ne m’as jamais déplu depuis le moment où je t’ai vu. Et je crois que je n’aurai jamais aucune raison de souffrir par ta faute.

– Et alors, Maître ? Je ne suis pas digne de tes confidences, mais par mon âge, je pourrais presque être un père pour toi, et tu sais quel désir j’ai toujours eu d’avoir un fils… Laisse-moi te caresser comme si tu étais mon enfant et qu’en ce moment de peine je te tienne lieu de père et de mère. C’est de ta Mère que tu as besoin pour oublier tant de choses…

– Oh oui, de ma Mère !

– Eh bien, en attendant que tu puisses te consoler auprès d’elle, laisse à ton serviteur la joie de te consoler.

83.5

Tu pleures, Maître, parce que quelqu’un t’a déplu. Depuis plusieurs jours, ton visage est comme le soleil quand les nuages le voilent. Je t’observe. Ta bonté cache ta blessure, pour qu’on ne déteste pas celui qui te blesse. Mais cette blessure te fait souffrir et te donne la nausée. Mais dis-moi, mon Seigneur : pourquoi n’éloignes-tu pas la source de cette peine ?

– Parce que, humainement, c’est inutile et ce serait contre la charité.

– Ah ! Tu as compris que je parle de Judas ! C’est à cause de lui que tu souffres. Comment peux-tu, toi la Vérité, supporter ce menteur ? Il ment sans changer de couleur. Il est plus fourbe qu’un renard, plus fermé qu’un rocher. Aujourd’hui, il est parti. Pour quoi faire ? Combien d’amis peut-il donc avoir ? Je souffre de te laisser, mais je voudrais le suivre et voir… Oh, mon Jésus ! Cet homme… éloigne-le, mon Seigneur.

– C’est inutile. Ce qui doit arriver arrivera.

– Que veux-tu dire ?

– Rien de particulier.

– Tu l’as laissé volontiers partir parce que… parce qu’il t’a dégoûté par son comportement à Jéricho.

– C’est vrai. Simon, je te le répète : ce qui doit arriver arrivera, et Judas fait partie de cet avenir. Lui aussi doit y être !

– Mais Jean m’a dit que Simon-Pierre est toute franchise, tout feu… Est-ce qu’il le supportera, celui-là ?

– Il doit le supporter. Pierre a lui aussi son rôle à jouer et Judas est la trame sur laquelle il doit tisser ce rôle. Si tu préfères, c’est l’école où Pierre se formera plus qu’avec tout autre. Etre bon avec Jean, comprendre les âmes qui lui ressemblent, c’est à la portée même des idiots. Mais être bon avec un Judas, savoir comprendre les âmes comme la sienne et leur servir de médecin et de prêtre, c’est difficile. Judas est votre enseignement vivant.

– Le nôtre ?

– Oui, le vôtre. Le Maître n’est pas éternel sur la terre. Il s’en ira après avoir mangé le pain le plus dur et bu le vin le plus âpre. Mais vous, vous resterez pour me continuer… et vous devez savoir. Car le monde ne finit pas avec le Maître, il durera jusqu’au retour final du Christ et au jugement final de l’homme. Et, en vérité, je te dis que pour un Jean, un Pierre, un Simon, un Jacques, un André, un Philippe, un Barthélemy, un Thomas, il y a au moins sept Judas. Sinon plus, plus encore !… »

Simon réfléchit en silence. Puis il reprend :

« Les bergers sont bons, Judas les méprise, mais, moi, je les aime.

– Je les aime et je fais leur éloge.

– Ce sont des âmes simples, comme il faut l’être pour te plaire.

– Judas a vécu en ville.

– C’est là son unique excuse. Mais il y en a tant qui ont vécu en ville, et pourtant…

83.6

Quand viendras-tu chez mon ami ?

– Demain, Simon. Ce sera avec plaisir car nous sommes seuls, toi et moi. Je pense que c’est un homme cultivé et qui a, comme toi, de l’expérience.

– Il souffre beaucoup… Dans son corps et plus encore dans son cœur. Maître… je voudrais te demander une chose : s’il ne te parle pas de lui-même de ses tristesses, ne l’interroge pas, toi, sur sa maison.

– Je ne le ferai pas. Je suis venu pour ceux qui souffrent, mais je ne force pas les confidences. Le chagrin a sa pudeur…

– Et moi, je ne l’ai pas respectée… Mais j’ai senti tant de peine chez toi…

– Tu es mon ami et tu avais déjà donné un nom à ma douleur. Moi, pour ton ami, je suis le Rabbin inconnu. Quand il me connaîtra… Alors… Partons. La nuit est venue. Ne faisons pas attendre nos hôtes qui sont fatigués. Demain, à l’aube, nous irons à Béthanie. »

83.7

Jésus dit ensuite :

« Petit Jean, que de fois j’ai pleuré, le visage contre terre, pour les hommes ! Et vous, vous voudriez souffrir moins que moi ?

Même pour vous, les bons sont dans la proportion qu’il y avait entre les bons et Judas. Et plus un homme est bon, plus il doit souffrir. Mais, pour vous aussi – et je le dis spécialement pour ceux qui sont préposés au soin des cœurs –, il est nécessaire de s’instruire en étudiant Judas. Tous, vous êtes des “ Pierre ”, vous, les prêtres, et vous devez lier et délier. Mais de quel esprit d’observation vous devez faire preuve, quelle fusion avec Dieu vous devez avoir, quelle étude éveillée, quelles comparaisons avec la méthode de votre Maître doivent être les vôtres, pour lui ressembler, comme vous le devez !

Ce que je mets en lumière semblera à certains inutile, humain, impossible. Ceux-là ont l’habitude de nier les phases humaines de la vie de Jésus et se font de moi une idée tellement en dehors de la vie humaine qu’elle n’est plus que divine. Dans ce cas, où est la très sainte Humanité, le sacrifice fait par la deuxième Personne de la trinité en revêtant une chair ? Ah ! J’étais réellement l’Homme parmi les hommes. J’étais l’Homme et c’est pourquoi je souffrais de voir le traître et les ingrats. C’est pourquoi aussi je me réjouissais de l’amour de ceux qui m’aimaient ou se convertissaient à moi. C’est pour cela que je frémissais et pleurais devant le cadavre spirituel de Judas. J’ai frémi et pleuré devant un ami mort[1], mais je savais que j’allais le rappeler à la vie et je me réjouissais de voir déjà son âme dans les limbes. Mais là… j’avais en face de moi le démon. Et je ne dis rien de plus.

Toi, Jean, suis-moi. Faisons encore ce don aux hommes. Et puis… Bienheureux ceux qui écoutent la parole de Dieu et s’efforcent de la mettre en pratique. Bienheureux ceux qui veulent me connaître pour m’aimer. En eux et pour eux, je serai bénédiction. »

83.1

La campagna in cui si trova Gesù è opima. Magnifici frutteti, vigneti splendidi coi grappoli fitti e già tendenti a colorarsi di oro e di rubino. Gesù è seduto in un frutteto e mangia della frutta che gli ha offerto un contadino.

Forse ha parlato poco prima, perché l’uomo dice: «Soccorrere alla tua sete mi è gioia, Maestro. Il tuo discepolo ci aveva parlato della tua sapienza, ma noi siamo rimasti stupiti nell’ascoltarti. Vicini come siamo alla Città Santa, si va di frequente in essa per vendere frutta e verdure. E allora si sale anche al Tempio e si sentono i rabbi. Ma non parlano, no, come Te. Si veniva via dicendo: “Se così è, chi si salva?”. Tu invece! Oh! pare di avere il cuore alleggerito! Un cuore che torna bambino pur restando uomo. Sono rozzo… non mi so spiegare, ecco. Ma Tu capisci certo».

«Sì. Ti capisco. Tu vuoi dire che con la serietà e la conoscenza delle cose, propria di chi è adulto, senti, dopo avere ascoltato la Parola di Dio, la semplicità, la fede, la purezza rinascerti in cuore, e ti pare di tornare bambino, senza colpe e malizie, con tanta fede, come quando per mano della mamma salivi al Tempio per la prima volta o pregavi sulle sue ginocchia. Questo vuoi dire».

«Questo, sì, proprio questo. Felici voi che siete sempre con Lui!», dice poi a Giovanni, Simone e Giuda, che mangiano succosi fichi, seduti su un basso muretto. E termina: «E me felice per averti ospite per una notte.

83.2

Non temo più sciagura in questa mia casa, perché la tua benedizione è entrata in essa».

Gesù risponde: «La benedizione opera e dura se gli animi rimangono fedeli alla Legge di Dio ed alla mia dottrina. In caso contrario la grazia cessa. Ed è giusto. Perché se è vero che Dio dà sole e aria tanto ai buoni come ai cattivi, perché vivano, e se buoni si facciano migliori, se cattivi si convertano, è anche giusto che altrove si volga la protezione del Padre, a castigo di chi è malvagio, per richiamarlo, con delle pene, al ricordo di Dio».

«Non è sempre male il dolore?».

«No, amico. È un male dal lato umano, ma dal sovrumano è un bene. Aumenta i meriti dei giusti che lo subiscono senza disperazione e ribellione e lo offrono, offrendosi con la loro rassegnazione, come sacrificio di espiazione per le proprie manchevolezze e le colpe del mondo, ed è redenzione per coloro che giusti non sono».

«È tanto difficile soffrire!», dice il contadino, al quale si sono uniti i famigliari, una decina fra adulti e bambini.

«Lo so che l’uomo lo trova difficile. E, sapendo come lo avrebbe trovato tale, il Padre non aveva dato il dolore ai suoi figli. Venne per la colpa. Ma quanto dura il dolore sulla Terra? Nella vita di un uomo? Poco tempo. Sempre poco, anche se dura tutta la vita. Ora Io dico: non è meglio soffrire per poco che per sempre? Non è meglio soffrire qui che nel Purgatorio? Pensate che il tempo là è moltiplicato per uno a mille. Oh! che in verità vi dico che non maledire, ma benedire il soffrire si dovrebbe, e chiamarlo “grazia”, e chiamarlo “pietà”».

«Oh! le tue parole, Maestro! Noi le beviamo come un assetato, d’estate, beve acqua e miele presa da fresca anfora. Vai proprio via domani, Maestro?».

«Sì, domani. Ma tornerò ancora. Per ringraziarti di quanto hai fatto per Me e questi miei, e per chiederti ancora un pane e un riposo».

«Sempre, Maestro, qui li troverai».

83.3

Si avanza un uomo con un asinello carico di verdure.

«Ecco. Se il tuo amico vuole andare… Il figlio mio va a Gerusalemme per il grande mercato di Parasceve».

«Vai, Giovanni. Tu sai quanto devi fare. Fra quattro giorni ci rivedremo. La mia pace sia con te». Gesù abbraccia Giovanni e lo bacia. Anche Simone fa lo stesso.

«Maestro», dice Giuda. «Se Tu lo permetti, andrei con Giovanni. Mi preme vedere un amico. Ogni sabato è a Gerusalemme. Andrei con Giovanni sino a Betfage e poi andrei per conto mio… È un amico di casa… sai… mia madre mi ha detto…».

«Non ti ho chiesto nulla, amico».

«Mi piange il cuore a lasciarti. Ma fra quattro giorni sarò con Te di nuovo. E sarò così fedele che ti verrò anche a noia».

«Vai pure. All’alba che sorgerà fra quattro giorni siate alla porta dei Pesci. Addio, e Dio ti vegli».

Giuda bacia il Maestro e se ne va vicino al ciuchino che trotterella per la via polverosa.

La sera scende sulla campagna che si fa silenziosa. Simone osserva il lavoro degli ortolani che irrigano i loro solchi.

83.4

Gesù è rimasto al suo posto per qualche tempo. Poi si alza, gira dietro la casa, si dilunga per il frutteto. Si isola. Va sino ad un folto in cui melograni poderosi sono intersecati a bassi cespugli, che direi di uva spina. Ma non so di preciso. Perché sono spogli di frutti e poco conosco la foglia di questa pianta.

Gesù si nasconde là dietro. Si inginocchia. Prega… e poi si curva col volto contro il suolo, sull’erba, e piange. Me lo dicono i suoi sospiri profondi e spezzati. Un pianto sconfortato, senza singhiozzi, ma tanto triste.

Passa del tempo così. La luce è ormai crepuscolare. Ma non è ancora così buio da non poter vedere. E nella poca luce ecco spuntare da sopra un cespuglio la faccia brutta e onesta di Simone. Guarda, cerca e distingue la forma rannicchiata del Maestro, tutto coperto dal manto blu scuro che lo annulla quasi nelle ombre del suolo. Solo ha spicco la testa bionda e le mani congiunte a preghiera, che sporgono al di sopra del capo al quale i polsi fanno da appoggio. Simone guarda coi suoi occhi piuttosto bovini. Capisce che Gesù è triste per i sospiri che trae, e la sua bocca dalle labbra tumide, e persino violacee, si apre: «Maestro», chiama.

Gesù alza il volto.

«Tu piangi, Maestro? Perché? Mi permetti di venire?». Il viso di Simone è tutto stupito e accorato. È un brutto uomo, decisamente. Alle fattezze non belle, al colorito olivastro scuro si unisce il ricamo bluastro e incavato delle cicatrici lasciate dal suo male. Ma ha uno sguardo così buono che la bruttezza scompare.

«Vieni, Simone, amico».

Gesù si è seduto sull’erba. Simone gli si siede vicino.

«Perché sei triste, Maestro mio? Io non sono Giovanni e non saprò darti tutto quanto ti dà lui. Ma è in me il desiderio di darti ogni conforto. E ho solo un dolore, quello di essere incapace di farlo. Dimmi: ti ho forse spiaciuto in questi ultimi giorni al punto che il dovere stare con me ti accascia?».

«No, amico buono. Non mi hai mai spiaciuto dal momento che ti ho visto. E credo che non mi sarai mai cagione di pianto».

«E allora, Maestro? Non sono degno delle tue confidenze. Ma per l’età quasi ti potrei essere padre, e Tu sai che sete di figli ho sempre avuto… Lascia che io ti accarezzi come fossi un figlio e che ti faccia, in quest’ora di pena, da padre e da madre.

È di tua Madre che Tu hai bisogno per dimenticare tante cose…».

«Oh! sì! È di mia Madre!».

«Ebbene, in attesa di poterti consolare in Lei, lascia al tuo servo la gioia di consolarti.

83.5

Tu piangi, Maestro, perché ci fu chi ti spiacque. Da più giorni il tuo viso è come sole offuscato da nubi. Io ti osservo. La tua bontà cela la tua ferita, perché noi non si odii colui che ti ferisce. Ma questa ferita duole e ti dà nausea. Ma dimmi, mio Signore, perché non allontani la sorgente della pena?».

«Perché è inutile umanamente e sarebbe anticarità».

«Ah! Tu hai capito che io parlo di Giuda! È per lui che soffri. Come puoi, Tu, Verità, sopportare quel menzognero? Egli mente e non cambia colore. È falso più di una volpe. Chiuso più di un macigno. Ora è andato via. Che va a fare? Quanti amici ha egli mai? Mi duole lasciarti. Ma vorrei seguirlo e vedere… Oh! Gesù mio! Quell’uomo… allontanalo, Signore mio».

«È inutile. Quello che deve essere sarà».

«Che vuoi dire?».

«Nulla di speciale».

«Tu lo hai lasciato andare volentieri perché… perché ti sei ripugnato del suo modo di Gerico».

«È vero. Simone, Io ti dico ancora: quello che deve essere sarà. E Giuda è parte di questo futuro. Vi deve essere anche lui».

«Ma Giovanni mi ha detto che Simon-Pietro è tutto schiettezza e fuoco… Lo sopporterà costui?».

«Lo deve sopportare. Pietro è destinato anche lui ad una parte, e Giuda è il canovaccio su cui egli deve tessere la sua parte, o, se più ti piace, è la scuola in cui Pietro si farà più che con ogni altro. Esser buoni con Giovanni, capire gli spiriti come Giovanni, è virtù anche degli ebeti. Ma esser buoni con chi è un Giuda, e saper capire gli spiriti come quelli di Giuda, ed esser medico e sacerdote per essi, è difficile. Giuda è il vostro insegnamento vivente».

«Il nostro?».

«Sì. Il vostro. Il Maestro non è eterno sulla Terra. Se ne andrà dopo aver mangiato il più duro pane e bevuto il più aspro vino. Ma voi resterete a continuarmi… e dovete sapere. Perché il mondo non finisce col Maestro. Ma dura oltre, sino al ritorno finale del Cristo e al giudizio finale dell’uomo. E in verità ti dico che per un Giovanni, un Pietro, un Simone, un Giacomo, Andrea, Filippo, Bartolommeo, Tommaso, vi sono almeno altrettante volte sette Giuda. E più, più ancora!…».

Simone riflette e tace. Poi dice: «I pastori sono buoni. Giuda li sprezza. Ma io li amo».

«Io li amo e lodo».

«Sono anime semplici come piacciono a Te».

«Giuda è vissuto in città».

«Sua unica scusa. Ma tanti lo sono, vissuti in città, eppure…

83.6

Quando verrai dal mio amico?».

«Domani, Simone. E ben volentieri, perché siamo Io e te, soli. Penso sia uomo colto ed esperto come te».

«E molto sofferente… Nel corpo e più nel cuore. Maestro…

Ti vorrei pregare di una cosa: se non ti parla delle sue tristezze, Tu non interrogarlo sulla sua casa».

«Non lo farò. Io sono per chi soffre, ma non forzo le confidenze. Il pianto ha il suo pudore…».

«Ed io non l’ho rispettato… Ma mi hai fatto tanta pena…».

«Tu sei mio amico e già avevi dato un nome al mio dolore.

Io per il tuo amico sono il Rabbi sconosciuto. Quando mi conoscerà… allora… Andiamo. La notte è venuta. Non facciamo attendere gli ospiti che stanchi sono. Domani all’alba andremo a Betania».

83.7

Gesù dice poi:

«Piccolo Giovanni, quante volte ho pianto colla faccia al suolo per gli uomini! E voi vorreste esser da meno di Me?

Anche per voi i buoni sono nella proporzione che vi era fra i buoni e Giuda. E più uno è buono e più ne soffre. Ma anche per voi, e questo dico specialmente per coloro che sono preposti alla cura dei cuori, è necessario imparare studiando Giuda. Tutti siete dei “Pietri”, voi sacerdoti. E dovete legare e slegare. Ma quanto, quanto, quanto spirito di osservazione, quanta fusione in Dio, quanto studio vivo, quante comparazioni col metodo del vostro Maestro dovete fare per esserlo come dovete esserlo!

A qualcuno sembrerà inutile, umano, impossibile quanto illustro. Sono i soliti che negano le fasi umane della vita di Gesù, e di Me fanno una cosa tanto fuor della vita umana da esser solo cosa divina. Dove va allora la Ss. Umanità, dove il sacrificio della Seconda Persona a vestire una carne? Oh! che invero ero Uomo fra gli uomini. Ero l’Uomo. E perciò soffrivo di vedere il traditore e gli ingrati. E perciò gioivo di chi mi amava o a Me si convertiva. E perciò fremevo e piangevo davanti al cadavere spirituale di Giuda. Ho fremuto e pianto davanti al morto amico[1]. Ma sapevo che l’avrei chiamato alla vita e gioivo di vederlo già con lo spirito nel Limbo. Qui… qui avevo di fronte il Demonio. E di più non dico.

Tu seguimi, Giovanni. Diamo agli uomini anche questo dono. E poi… Beati quelli che ascoltano la Parola di Dio e si sforzano di fare ciò che essa dice. Beati quelli che vogliono conoscermi per amarmi. In loro e a loro Io sarò benedizione».


Notes

  1. J’ai frémi et pleuré devant un ami mort : voir Jn 11, 33-38 (548.7).

Note

  1. Ho fremuto e pianto davanti al morto amico, come si narra in: Giovanni 11, 33-38 (548.7).