The Writings of Maria Valtorta

83. Jésus souffre à cause de Judas, qui est une leçon vivante pour les apôtres de toute époque.

83. Jesus suffers on account of Judas, who is

83.1

La campagne où se trouve Jésus est fertile : des vergers magnifiques, de superbes vignobles portant des grappes nombreuses qui commencent à prendre la couleur de l’or et du rubis. Jésus est assis dans un verger et mange les fruits que lui a offerts un paysan.

Peut-être a-t-il parlé un peu avant car l’homme dit :

« Je suis heureux d’apaiser ta soif, Maître. Ton disciple nous avait parlé de ta sagesse, mais nous sommes stupéfaits de t’écouter. Nous sommes près de la Cité sainte, nous y allons fréquemment pour vendre des fruits et des légumes. On monte alors aussi au Temple et on entend les rabbis. Mais ils sont loin de parler comme toi. On en revenait en disant : “ S’il en est ainsi, qui parviendra au salut ? ” Mais toi, c’est le contraire ! On a l’impression d’en avoir le cœur allégé ! Un cœur qui redevient enfant tout en restant homme. Je suis inculte… Je ne sais pas m’expliquer, voilà. Mais toi, tu comprends certainement.

– Oui, je te comprends. Tu veux dire qu’avec le sérieux et la connaissance des choses qui est propre à l’adulte, tu ressens, après avoir écouté la Parole de Dieu, la simplicité, la foi, la pureté renaître en ton cœur et tu as l’impression de redevenir un enfant, sans fautes ni malice, avec autant de foi que lorsque, tenant ta mère par la main, tu es monté au Temple pour la première fois, ou que tu priais sur ses genoux. C’est cela que tu veux dire.

– C’est ça, oui, exactement. Heureux êtes vous d’être toujours avec lui ! » dit-il ensuite à Jean, Simon et Judas qui mangent des figues succulentes, assis sur un petit muret. Et il termine :

« Et moi je suis heureux de t’avoir accordé l’hospitalité pour une nuit.

83.2

Je ne crains plus aucun malheur dans ma maison car ta bénédiction y est entrée. »

Jésus répond :

« La bénédiction agit et demeure si les âmes restent fidèles à la Loi de Dieu et à mon enseignement. Dans le cas contraire, la grâce disparaît. Et c’est juste. Certes, Dieu donne le soleil et l’air aux bons comme aux méchants, pour qu’ils vivent et, s’ils sont bons, qu’ils deviennent meilleurs, et s’ils sont mauvais qu’ils se convertissent. Toutefois il est tout aussi juste que la protection du Père devienne châtiment pour le méchant afin de le rappeler par des peines au souvenir de Dieu.

– La souffrance n’est-elle pas toujours un mal ?

– Non, mon ami, c’est un mal du point de vue humain, mais d’un point de vue qui dépasse l’humain, c’est un bien. Elle augmente les mérites des justes qui la supportent sans désespérer ni se révolter et l’offrent : ce faisant, ils s’offrent eux-mêmes par leur résignation en sacrifice d’expiation pour leurs propres manquements et pour les fautes du monde, et elle est rédemption pour ceux qui ne sont pas justes.

– C’est si difficile de souffrir ! Dit le paysan, auquel se sont joints les membres de sa famille : une dizaine entre adultes et enfants.

– Je sais que l’homme trouve cela difficile. Comme le Père savait que l’homme la jugerait ainsi, il ne l’avait pas donnée à ses enfants. Elle est venue à la suite de la faute. Mais combien de temps dure la souffrance sur la terre ? Dans la vie d’un homme, peu de temps. Toujours peu, même si elle dure toute la vie. Alors, je vous le demande : ne vaut-il pas mieux souffrir un peu de temps, plutôt que toujours ? N’est-il pas préférable de souffrir ici, plutôt qu’au purgatoire ? Pensez ! Le temps y est multiplié par mille ! Ah, en vérité, je vous le dis, on ne devrait pas maudire, mais bénir la souffrance, l’appeler “ grâce ” et “ pitié ”.

– Ah ! Quelles paroles, Maître ! Nous les buvons comme quel­qu’un qui, en été, apaise sa soif avec de l’hydromel qu’il verse d’une amphore fraîche. Est-ce déjà demain que tu pars, Maître ?

– Oui, demain, mais je reviendrai encore pour te remercier de tout ce que tu as fait pour moi et pour ceux-ci, qui sont mes amis, et aussi pour te demander encore pain et repos.

– Tu les trouveras toujours ici, Maître. »

83.3

Un homme s’avance avec un ânon chargé de légumes.

« Voilà. Si ton ami veut partir… Mon fils se rend à Jérusalem pour le grand marché de la Parascève.

– Va, Jean, tu sais ce que tu dois faire. Dans quatre jours, nous nous reverrons. Que ma paix soit avec toi. »

Jésus prend Jean dans ses bras et l’embrasse. Simon fait de même.

« Maître, dit Judas, si tu le permets, j’accompagnerai Jean. J’ai très envie de voir un ami. Chaque sabbat, il est à Jérusalem. J’irai avec Jean jusqu’à Betphagé et puis je continuerai pour mon compte… C’est un ami de la maison… tu sais… ma mère m’a dit…

– Je ne te demande rien, mon ami.

– Je suis désolé de te quitter. Mais d’ici quatre jours, je serai avec toi de nouveau. Et je serai fidèle jusqu’à t’ennuyer.

– Va donc. A l’aube qui se lèvera dans quatre jours, soyez à la Porte des Poissons. Adieu et que Dieu te garde.

Judas embrasse le Maître et part à côté de l’ânon qui trottine sur la route poussiéreuse.

Le soir descend sur la campagne qui se fait silencieuse. Simon observe le travail des horticulteurs qui arrosent leurs sillons.

83.4

Jésus est resté à sa place quelque temps. Puis il se lève, tourne derrière la maison et s’éloigne dans le verger. Il s’isole. Il va jusqu’à un bosquet touffu où de gros grenadiers sont séparés par des buissons peu élevés qui pourraient bien être des groseilliers. Mais je ne sais rien de précis. Ils n’ont pas de fruits et je connais peu leur feuillage. Jésus se cache là derrière. Il s’agenouille. Il prie… et puis se courbe, le visage contre terre, sur l’herbe et il pleure. C’est du moins ce que ses soupirs profonds et comme entrecoupés me laissent deviner. Ce sont des pleurs découragés, sans sanglots, mais tellement tristes !

Il passe un long moment dans cette attitude. La lumière du crépuscule s’affaiblit, mais il ne fait pas encore assez nuit pour empêcher de voir. Et dans cette faible clarté, on distingue par-dessus un groseillier la vilaine et honnête figure de Simon. Il regarde, cherche des yeux et finit par distinguer la forme toute pelotonnée du Maître, couvert de son manteau bleu foncé qui le fait presque disparaître dans les ombres du sol. On voit à peine sa tête blonde et ses mains jointes en prière qui s’élèvent au-dessus de la tête appuyée sur les poignets. Simon le regarde de ses yeux un peu bovins. Aux soupirs que Jésus pousse, il comprend sa tristesse, et sa bouche, aux lèvres épaisses et presque violettes, s’ouvre :

« Maître ! » appelle-t-il.

Jésus lève la tête.

« Tu pleures, Maître, pourquoi ? Me permets-tu de venir ? »

Le visage de Simon exprime l’étonnement et la peine. C’est un homme laid, décidément. Aux traits disgracieux, au teint olivâtre foncé, se joint la trace bleuâtre et profonde des cicatrices laissées par sa maladie. Mais il a un regard si bon que sa laideur disparaît.

« Viens, Simon, mon ami. »

Jésus s’est assis dans l’herbe. Simon s’assied à côté de lui.

« Pourquoi es-tu triste, mon Maître ? Moi, je ne suis pas Jean et je ne saurais t’offrir tout ce que lui te donne. Mais j’ai en moi le désir de t’apporter du réconfort. Et je n’ai qu’une douleur : celle d’être incapable de le faire. Dis-moi : t’ai-je donc déplu, ces derniers jours, au point que tu es accablé de devoir rester avec moi ?

– Non, mon bon ami, tu ne m’as jamais déplu depuis le moment où je t’ai vu. Et je crois que je n’aurai jamais aucune raison de souffrir par ta faute.

– Et alors, Maître ? Je ne suis pas digne de tes confidences, mais par mon âge, je pourrais presque être un père pour toi, et tu sais quel désir j’ai toujours eu d’avoir un fils… Laisse-moi te caresser comme si tu étais mon enfant et qu’en ce moment de peine je te tienne lieu de père et de mère. C’est de ta Mère que tu as besoin pour oublier tant de choses…

– Oh oui, de ma Mère !

– Eh bien, en attendant que tu puisses te consoler auprès d’elle, laisse à ton serviteur la joie de te consoler.

83.5

Tu pleures, Maître, parce que quelqu’un t’a déplu. Depuis plusieurs jours, ton visage est comme le soleil quand les nuages le voilent. Je t’observe. Ta bonté cache ta blessure, pour qu’on ne déteste pas celui qui te blesse. Mais cette blessure te fait souffrir et te donne la nausée. Mais dis-moi, mon Seigneur : pourquoi n’éloignes-tu pas la source de cette peine ?

– Parce que, humainement, c’est inutile et ce serait contre la charité.

– Ah ! Tu as compris que je parle de Judas ! C’est à cause de lui que tu souffres. Comment peux-tu, toi la Vérité, supporter ce menteur ? Il ment sans changer de couleur. Il est plus fourbe qu’un renard, plus fermé qu’un rocher. Aujourd’hui, il est parti. Pour quoi faire ? Combien d’amis peut-il donc avoir ? Je souffre de te laisser, mais je voudrais le suivre et voir… Oh, mon Jésus ! Cet homme… éloigne-le, mon Seigneur.

– C’est inutile. Ce qui doit arriver arrivera.

– Que veux-tu dire ?

– Rien de particulier.

– Tu l’as laissé volontiers partir parce que… parce qu’il t’a dégoûté par son comportement à Jéricho.

– C’est vrai. Simon, je te le répète : ce qui doit arriver arrivera, et Judas fait partie de cet avenir. Lui aussi doit y être !

– Mais Jean m’a dit que Simon-Pierre est toute franchise, tout feu… Est-ce qu’il le supportera, celui-là ?

– Il doit le supporter. Pierre a lui aussi son rôle à jouer et Judas est la trame sur laquelle il doit tisser ce rôle. Si tu préfères, c’est l’école où Pierre se formera plus qu’avec tout autre. Etre bon avec Jean, comprendre les âmes qui lui ressemblent, c’est à la portée même des idiots. Mais être bon avec un Judas, savoir comprendre les âmes comme la sienne et leur servir de médecin et de prêtre, c’est difficile. Judas est votre enseignement vivant.

– Le nôtre ?

– Oui, le vôtre. Le Maître n’est pas éternel sur la terre. Il s’en ira après avoir mangé le pain le plus dur et bu le vin le plus âpre. Mais vous, vous resterez pour me continuer… et vous devez savoir. Car le monde ne finit pas avec le Maître, il durera jusqu’au retour final du Christ et au jugement final de l’homme. Et, en vérité, je te dis que pour un Jean, un Pierre, un Simon, un Jacques, un André, un Philippe, un Barthélemy, un Thomas, il y a au moins sept Judas. Sinon plus, plus encore !… »

Simon réfléchit en silence. Puis il reprend :

« Les bergers sont bons, Judas les méprise, mais, moi, je les aime.

– Je les aime et je fais leur éloge.

– Ce sont des âmes simples, comme il faut l’être pour te plaire.

– Judas a vécu en ville.

– C’est là son unique excuse. Mais il y en a tant qui ont vécu en ville, et pourtant…

83.6

Quand viendras-tu chez mon ami ?

– Demain, Simon. Ce sera avec plaisir car nous sommes seuls, toi et moi. Je pense que c’est un homme cultivé et qui a, comme toi, de l’expérience.

– Il souffre beaucoup… Dans son corps et plus encore dans son cœur. Maître… je voudrais te demander une chose : s’il ne te parle pas de lui-même de ses tristesses, ne l’interroge pas, toi, sur sa maison.

– Je ne le ferai pas. Je suis venu pour ceux qui souffrent, mais je ne force pas les confidences. Le chagrin a sa pudeur…

– Et moi, je ne l’ai pas respectée… Mais j’ai senti tant de peine chez toi…

– Tu es mon ami et tu avais déjà donné un nom à ma douleur. Moi, pour ton ami, je suis le Rabbin inconnu. Quand il me connaîtra… Alors… Partons. La nuit est venue. Ne faisons pas attendre nos hôtes qui sont fatigués. Demain, à l’aube, nous irons à Béthanie. »

83.7

Jésus dit ensuite :

« Petit Jean, que de fois j’ai pleuré, le visage contre terre, pour les hommes ! Et vous, vous voudriez souffrir moins que moi ?

Même pour vous, les bons sont dans la proportion qu’il y avait entre les bons et Judas. Et plus un homme est bon, plus il doit souffrir. Mais, pour vous aussi – et je le dis spécialement pour ceux qui sont préposés au soin des cœurs –, il est nécessaire de s’instruire en étudiant Judas. Tous, vous êtes des “ Pierre ”, vous, les prêtres, et vous devez lier et délier. Mais de quel esprit d’observation vous devez faire preuve, quelle fusion avec Dieu vous devez avoir, quelle étude éveillée, quelles comparaisons avec la méthode de votre Maître doivent être les vôtres, pour lui ressembler, comme vous le devez !

Ce que je mets en lumière semblera à certains inutile, humain, impossible. Ceux-là ont l’habitude de nier les phases humaines de la vie de Jésus et se font de moi une idée tellement en dehors de la vie humaine qu’elle n’est plus que divine. Dans ce cas, où est la très sainte Humanité, le sacrifice fait par la deuxième Personne de la trinité en revêtant une chair ? Ah ! J’étais réellement l’Homme parmi les hommes. J’étais l’Homme et c’est pourquoi je souffrais de voir le traître et les ingrats. C’est pourquoi aussi je me réjouissais de l’amour de ceux qui m’aimaient ou se convertissaient à moi. C’est pour cela que je frémissais et pleurais devant le cadavre spirituel de Judas. J’ai frémi et pleuré devant un ami mort[1], mais je savais que j’allais le rappeler à la vie et je me réjouissais de voir déjà son âme dans les limbes. Mais là… j’avais en face de moi le démon. Et je ne dis rien de plus.

Toi, Jean, suis-moi. Faisons encore ce don aux hommes. Et puis… Bienheureux ceux qui écoutent la parole de Dieu et s’efforcent de la mettre en pratique. Bienheureux ceux qui veulent me connaître pour m’aimer. En eux et pour eux, je serai bénédiction. »

83.1

The country where Jesus is, is very fertile. There are magnificent orchards and vineyards, with huge bunches of grapes beginning to turn gold or ruby. Jesus is sitting in an orchard, and is eating some fruit offered to Him by a farmer.

Perhaps He has just finished speaking, because the man says to Him: «It’s a pleasure for me, Master, to quench Your thirst. Your disciple had spoken to us of Your wisdom, nevertheless, we were astonished when we listened to You. Close as we are to the Holy City, we often go there to sell our fruit and vegetables, and we then go up to the Temple and listen to the rabbis. But they do not speak as You do. We used to come away saying: “If that is so, who will be saved?” With You, it is entirely different! Oh! We seem to be so light-hearted! Although adults, we feel like children in our hearts. I am a… rough man and I am not good at making myself understood. But I am sure You understand me!»

«Yes, I do. You mean that, although you have an adult’s knowledge and maturity after listening to the Word of God, You feel simplicity, faith and purity revive in your heart, as if you were a child once again, without fault or malice, but with so much faith, as when you were taken to the Temple for the first time by your mother, or you prayed on her knees. That is what you mean.»

«Yes, that, just that. You are fortunate because you are always with Him» he then says to John, Simon and Judas who are sitting on a low wall, eating juicy figs. And he ends by saying: «And I am honoured because You were my guest for one night.

83.2

I am not afraid of any misfortune in my house, because You have blessed it.»

Jesus replies: «A blessing is efficient and lasting if the souls of men are faithful to the Law of God and to My doctrine. On the contrary, grace comes to an end. And it is only fair. Because if it is true that God grants sunshine and fresh air to the good and to the bad, that they may live, and that they may become better if they are good, and they may be converted if they are bad, it is also just that the Father’s protection should turn elsewhere as a punishment for the wicked, to remind them of God, by means of some pain,»

«Is pain not always evil?»

«No, My friend, It is evil from a human point of view, but from a supernatural one it is good. It increases the merits of just people, who accept it without despairing or rebelling and they offer it, as they offer themselves with resignation, as a sacrifice to expiate their own imperfections and the faults of the world, and it is a redemption for those who are not good.»

«It is so difficult to suffer!» says the farmer, who has been joined by his relatives, about ten people in all, adults and children.

«I know that man finds it difficult. And knowing that he would find it so difficult, the Father had not given His children any sorrow. It came due to sin. But how long does sorrow last on the earth? In the life of a man? A short time. It is always short, even if it lasts a whole lifetime. Now I say: is it not better to suffer for a short time rather than forever? Is it not better to suffer here than in Purgatory? Consider that time there is multiplied one thousand fold. Oh! I solemnly tell you: you ought not to curse pain, but bless it, and you should call it “grace” and “mercy”.»

«Oh! Your words, Master! They are as pleasant to us as honeyed water from a cool amphora is to a man parched with thirst in summer. Are You really going away tomorrow, Master?»

«Yes, I am going tomorrow. But I will come back again. To thank you for what you have done for Me and My friends, and to ask you for some more bread and rest.»

«You will always find them here, Master.»

83.3

A man with a donkey laden with vegetables approaches.

«Here I am. If your friend wishes to go… My son is going to Jerusalem for the big Parasceve market.»

«Go, John. You know what you have to do. In four days time we will meet again. My peace be with you.» Jesus embraces John and kisses him. Simon does the same.

«Master» says Judas. «If You will allow me, I would like to go with John. I am anxious to see a friend of mine. He goes to Jerusalem every Sabbath. I would go with John as far as Bethphage and then I will proceed on my own… He is a friend of our family… You know… my mother told me…»

«I did not ask you anything, My friend.»

«It breaks my heart having to leave You. But in four days’ time I will be with You once again. And I will be so faithful that I will even bore You.»

«You may go. In four days time, at dawn, be at the Fish Gate. Goodbye and may God watch over you.»

Judas kisses the Master and goes near the little donkey that begins to trot along the dusty road.

It is evening and the country becomes silent. Simon watches the peasants watering their fields.

83.4

Jesus has not moved from the place where He was sitting. He then gets up, goes round to the back of the house, and walks along the orchard. He wants to be alone. He goes as far as a thicket of huge pomegranate trees and low bushes, which I think must be gooseberries. But I am not sure, because there are no berries on them and I am not familiar with the leaves of these plants. Jesus hides behind the thicket. He kneels down. He prays… and then He bends down with His face on the ground, on the grass and He weeps. I realise that He is crying because of His deep, interrupted sighs. A disheartened crying, without sobs, but so sad.

Some time passes in this way. It is now twilight. But it is not yet so dark as to prevent seeing. And in the faint light Simon’s disfigured but honest face suddenly appears above a bush. He looks around for something and sees the crouched figure of the Master, completely covered by His dark blue mantle which confuses Him with the dark ground. Only His fair hair and His hands joined in prayer catch his eye: His hands protrude above His head which rests on His wrists. Simon looks at Him with his large kind eyes. He understands that Jesus is sad because of His sighing and he utters: «Master», with his thick almost purple lips.

Jesus looks up.

«You are crying, Master? Why? May I come near You?» Simon’s expression is one of astonishment and sorrow. He is definitely not a handsome man. In addition to his disfigured features and his dark olive complexion, he bears the deep bluish marks of the scars caused by his disease. But his glance is so gentle that his ugliness disappears.

«Come, Simon, My friend.»

Jesus is sitting on the grass. Simon sits beside Him.

«Why are You sad, Master? I am not John and I am not capable of giving You what John gives you. But I would like to give You every possible comfort, and I am only sorry that I am not able to do so. Tell me. Have I hurt You these last few days to the extent that it depresses You to stay with me?»

«No. My good friend. You have never hurt Me since the first moment I saw you. And I think you will never cause Me to shed tears.»

«Well, then, Master? I am not worthy of Your confidence. But, on account of my age, I could be Your father and You know how anxious I have always been to have children… Allow me to caress You as if You were my son and let me be a father and mother to You in this hour of pain. It is Your Mother that You are in need of to forget so many things…»

«Oh! Yes! It is My Mother!»

«Well, while waiting to have comfort in Her, grant Your servant the joy of consoling You.

83.5

You are crying, Master, because someone has hurt You. For several days Your face has been like the sun darkened by clouds. I have been watching You. Your goodness hides the wound, that we may not hate him who wounds You. But the wound is a painful and abhorrent one. But tell me, my Lord: why do You not remove the source of Your pain?»

«Because it would be useless from a human point of view and it would not be charitable.»

«Ah! You are aware that I am speaking of Judas! It is because of him that You are suffering. How can You, the Truth, tolerate that liar? He lies shamelessly. He is more deceitful than a fox and more closed than a rock. He has now gone away. What for? How many friends has he got? I am sorry to leave You. But I would like to follow him and see… Oh! My Jesus! That man… send him away, my Lord.»

«It is useless. What is to be, shall be.»

«What do You mean?»

«Nothing special.»

«You were pleased to let him go, because You were disgusted with his behaviour at Jericho.»

«It is true, Simon. I tell you once again: what is to be, shall be. And Judas is part of this future. He is to be there, too.»

«But John told me that Simon Peter is very frank and full of ardour… Will he put up with Judas?»

«He must stand him. Also Peter is destined for a part, and Judas is the canvas on which he must weave his part, or, if you prefer so, Judas is the school where Peter will learn more than with anyone else. Also idiots are capable of being good with John and understanding souls like John’s. But it is difficult to be good with people like Judas, and to understand souls like Judas’ and to be a doctor and priest for them. Judas is your living teaching.»

«Ours?»

«Yes. Yours. The Master will not be on the earth forever. He will leave after eating the hardest bread and drinking the most sour wine. But you will stay to continue Me… and you must know. Because the world does not end with the Master. It will last longer, until the final return of Christ and the final judgement of man. And I solemnly tell you that for every John, Peter, Simon, James, Andrew, Philip, Bartholomew, Thomas, there are at least seven Judases. And many, many more!…»

Simon is thoughtful and silent. He then says: «The shepherds are good. Judas scorns them. But I love them.»

«I love them and praise them.»

«They are simple souls, just like the ones You like.»

«Judas has lived in town.»

«His only excuse. But there are many people who have lived in towns, and yet…

83.6

When will You come to my friend?»

«Tomorrow, Simon. And I will come with pleasure, because we are by ourselves, just you and I. I believe he is a learned and experienced man, like you.»

«And he suffers a lot… In his body and even more in his heart. Master… I would like to ask You a favour: if he does not speak to You of his grief, please do not ask him any question about his family.»

«I will not. I am on the side of those who suffer, but I do not force anybody’s confidence. Tears deserve respect.»

«And I did not respect them… But I felt so sorry for You…»

«You are My friend and you have already given a name to My sorrow. I am an unknown Rabbi for your friend. When he knows Me… then… Let us go. It is dark. Do not let us keep our tired guests waiting. Tomorrow at dawn we will go to Bethany.»

83.7

Jesus then says:

«My little John, how many times have I cried with My face on the ground because of men! And you would like to be less than Me?

Also amongst you, good people are in the proportion that existed between good people and Judas. And the better one is, the more one suffers. But also for you it is necessary to learn by studying Judas, and I say that particularly for those who are responsible for the spiritual care of souls. Each of you, priests, is a “Peter”. And you have to forgive and retain. But how much power of observation you must have, how much union with God, what great pains you must take and how many comparisons with the method of the Master you must make, in order to be a priest as it is your duty to be!

Some people may think that what I am saying is useless, human, impossible. They are the usual people who deny the human phases of Jesus’ life and they make of Me a being so remote from human life as to be only a divine being. What happens then to the most holy Humanity, to the sacrifice of the Second Person in becoming flesh? Oh! I was truly a Man amongst men. I was the Man. And that is why I suffered in seeing the traitor and ungrateful people. That is why I rejoiced on account of those who loved Me or were converted to Me. That is why I shuddered and cried before Judas’ spiritual corpse. I shuddered and cried before My dead friend. But I knew that I would call him back to life and I rejoiced seeing his soul already in Limbo. Here… I had the Demon in front of Me. And I will say no more.

Follow Me, John. Let us give men also this gift. And then… Blessed are those who listen to the Word of God and strive to do what it says. Blessed are those who want to know Me in order to love Me. In them and to them I shall be a blessing.»


Notes

  1. J’ai frémi et pleuré devant un ami mort : voir Jn 11, 33-38 (548.7).