Gli Scritti di Maria Valtorta

93. Leçon aux disciples avec la très sainte Vierge Marie dans le jardin de la maison de Nazareth.

93. Lezione ai discepoli con Maria Ss. nell’orto della casa di Nazareth.

93.1

Jésus sort dans le jardin qui apparaît tout lavé par l’orage de la veille au soir. Il voit sa Mère penchée sur des petites plantes, la rejoint, la salue. Comme il est doux, leur baiser ! Jésus entoure ses épaules de son bras gauche et l’attire à lui en lui donnant un baiser sur le front, à la racine des cheveux, puis il s’incline pour que sa Mère l’embrasse sur la joue. Mais ce qui complète la douceur de ce geste, c’est le regard qui accompagne leur étreinte. Le baiser de Jésus est tout amour, avec pourtant quelque chose de majestueux et de protecteur ; celui de Marie est plein de vénération tout en étant tout amour. Dans ce baiser, on dirait que Jésus est le plus âgé et elle une toute jeune fille qui reçoit le baiser matinal de son père ou d’un frère bien plus grand.

93.2

« Tes fleurs ont-elles beaucoup souffert de la grêle d’hier soir et du vent de la nuit ? demande Jésus.

– Absolument pas, Maître. Mais les feuillages sont un peu ébouriffés » répond, avant Marie, la voix un peu rauque de Pierre.

Jésus lève la tête et aperçoit Simon Pierre qui, vêtu de la seule tunique courte, s’efforce de redresser des branches tordues en haut du figuier.

« Tu es déjà au travail ?

– Eh ! Nous autres pêcheurs, nous dormons comme les poissons : à toute heure, en tout lieu, pourvu qu’on nous laisse en repos. On en prend l’habitude. Ce matin à l’aube, j’ai entendu grincer la porte et je me suis dit : “ Simon, elle est déjà debout. Allons, vite ! Va l’aider de tes grosses mains. ” Je pensais qu’elle songeait à ses fleurs pendant cette nuit de tempête. Et je ne me suis pas trompé. Ah, je les connais, les femmes !… La mienne se retourne dans le lit comme un poisson dans le filet quand il y a de la tempête, et elle pense à ses plantes… La pauvre ! Je lui dis parfois : “ Je parie que tu t’agites moins quand ton Simon bourlingue sur le lac. ” Mais je suis injuste, car c’est une bonne épouse. On ne dirait pas qu’elle a pour mère… Bon, tais-toi, Pierre. Il ne s’agit pas de cela. Ce n’est pas bien de murmurer et de faire imprudemment connaître ce qu’il vaut mieux taire. Tu vois, Maître, que ta parole est entrée même dans ma tête d’âne ? »

Jésus répond en riant :

« Tu dis tout toi-même. Je n’ai plus qu’à approuver et à admirer ta science de jardinier.

– Il a déjà rattaché tous les sarments qui s’étaient défaits, note Marie. Il a étayé le poirier trop chargé et passé des cordages sous le grenadier qui ne s’est développé que d’un côté.

– Oui ! Il ressemble à un vieux pharisien : il penche du côté qui lui plaît. Je l’ai arrangé comme une voile et je lui ai dit : “ Ne sais-tu pas que c’est le juste milieu qui est approprié ? Viens par-là, tête dure, pour ne pas rompre sous le poids. ” je m’occupe maintenant du figuier, mais c’est par égoïsme : je pense à l’appétit de tout le monde pour les figues fraîches et le pain chaud ! Ah ! Hérode Antipas en personne n’a pas un si bon repas ! Mais il faut y aller doucement, car le figuier a des branches tendres comme le cœur d’une fillette quand elle fait son premier aveu d’amour, or moi je suis lourd, et les meilleures figues sont tout en haut. Elles sont déjà toutes ressuyées sous ce premier rayon de soleil. Elles doivent être délicieuses.

93.3

Hé ! Mon garçon ! Ne te contente pas de me regarder. Réveille-toi ! Passe-moi ce panier. »

Jean, qui sort de l’atelier, obéit et grimpe lui aussi sur le gros figuier. Quand les deux pêcheurs en redescendent, Simon le Zélote, Joseph et Judas sont eux aussi sortis de l’atelier. Je ne vois pas les autres.

Marie apporte du pain frais : de petites miches rondes de pain bis. Pierre, avec son petit couteau, les ouvre puis ouvre les figues par des­sus et offre le tout à Jésus, puis à Marie et aux autres. Ils mangent de bon appétit, dans la fraîcheur du jardin resplendissant au soleil d’un matin serein, embelli par la pluie récente qui a purifié l’air.

Pierre dit :

« C’est vendredi… Maître, demain c’est le sabbat…

– Tu ne fais pas une découverte, constate Judas.

– Non. Mais le Maître sait ce que je veux dire…

– Je le sais. Ce soir, nous irons au lac où tu as laissé la barque et nous ferons voile pour Capharnaüm. Demain j’y parlerai. »

Pierre est aux anges.

Thomas, André, Jacques, Philippe, Barthélemy et Jude, qui ont dormi sûrement ailleurs, arrivent en groupe. Tous se saluent.

93.4

Jésus dit :

« Restons ici réunis. Comme cela, il y aura un nouveau disciple : Maman, viens. »

Ils s’asseyent, qui sur un rocher, qui sur un tabouret, en faisant cercle autour de Jésus qui s’est assis sur le banc de pierre contre la maison. A côté de lui se trouve sa Mère, et à ses pieds Jean qui a préféré rester par terre pour être plus près. Jésus parle doucement et avec majesté, comme toujours.

« A quoi comparerai-je la formation apostolique ? A la nature qui nous entoure. Voyez : en hiver, la terre paraît morte, mais, à l’intérieur, les graines travaillent et la sève se nourrit d’humidité, gonflant les rameaux souterrains – c’est ainsi que je pourrais nommer les racines – pour en avoir en profusion en vue des floraisons, quand sera venu le temps des fleurs. Vous aussi, vous êtes comparables à cette terre hivernale : nue, aride, grossière. Mais sur vous est passé le semeur et il a jeté sa semence. Près de vous est passé le cultivateur et il a sarclé le sol autour de votre tronc planté dans une terre aussi dure et rugueuse que lui, pour que la nourriture venue des nuages et de l’air puisse parvenir aux racines afin de les fortifier pour les fruits à venir. Quant à vous, vous avez reçu la semence et accepté le travail de la bêche, parce que vous avez la bonne volonté de porter du fruit dans l’œuvre de Dieu.

Je comparerai encore la formation apostolique à cet orage qui a frappé. Cela paraît être une violence inutile. Mais voyez quel bien il a fait. Aujourd’hui, l’air est plus pur, il semble renouvelé, sans poussière. L’orage a tout rafraîchi. Le soleil est le même qu’hier, mais il n’a plus la même ardeur fiévreuse parce que ses rayons nous arrivent à travers des couches d’air purifiées et fraîches. La verdure, les plantes sont soulagées comme les hommes, car la propreté, la sérénité sont des choses qui apportent la joie. Même les discordes servent à atteindre une plus exacte connaissance et une plus grande clarté. Autrement, elles ne seraient que méchancetés. Or que sont les discordes sinon des orages provoqués par des nuages de différentes espèces ? Et ces nuages ne s’accumulent-ils pas insensiblement dans les cœurs, par des mauvaises humeurs inutiles, de petites jalousies, des orgueils ombrageux ? Puis vient le vent de la grâce qui les rassemble pour qu’ils se déchargent de toutes ces sombres humeurs et il ramène la sérénité.

La formation apostolique est encore semblable au travail que Pierre accomplissait ce matin pour faire plaisir à ma Mère : redresser, rattacher, étayer ou délier, selon les tendances et les besoins, pour faire de vous des “ forts ” au service de Dieu. Il faut redresser les idées fausses, maîtriser les excès charnels, soutenir les faiblesses, au besoin modérer les penchants, libérer des servitudes et des timidités. Vous devez être libres et forts, comme des aigles qui abandonnent la cime où ils sont nés pour ne penser qu’à voler toujours plus haut. Le service de Dieu, c’est le vol. La cime, ce sont les affections…

93.5

L’un de vous, aujourd’hui, est triste parce que son père voit venir la mort, qui plus est le cœur fermé à la Vérité et à son fils qui la suit. Plus que fermé, d’ailleurs : hostile. Encore ne lui a-t-il pas dit l’injuste : “ Va-t’en ” dont je parlais hier, en se proclamant lui-même supérieur à Dieu. Mais son cœur serré et ses lèvres closes ne sont pas même capables de dire encore : “ Suis la voix qui t’appelle. ” Je ne prétendrais pas, moi qui vous parle, et son fils pas davantage, voir s’ouvrir ces lèvres pour dire : “ Viens, et qu’avec toi vienne le Maître. Et que Dieu soit béni pour s’être choisi un serviteur de ma maison, en créant ainsi une parenté plus élevée que celle du sang avec le Verbe du Seigneur. ” Mais, moi pour son bien, et son fils pour des raisons encore plus complexes, nous souhaiterions au moins entendre de lui des paroles qui ne soient plus hostiles.

Mais, qu’il ne pleure pas, ce fils. Qu’il sache qu’il n’y a en moi ni rancœur ni mépris à l’égard de son père, mais seulement de la pitié. Je suis venu et j’ai attendu, tout en sachant l’inutilité de cette attente, pour qu’un jour son fils ne me dise pas : “ Ah, pourquoi n’es-tu pas venu ? ” Je suis venu le persuader que tout est inutile quand le cœur se ferme avec animosité. Je suis venu aussi réconforter la bonne personne qui souffre de cette scission dans la famille, comme sous l’effet d’un couteau qui sépare des faisceaux de fibres… Mais que ce fils, aussi bien que cette bonne mère soient persuadés que, moi, je ne réponds pas au ressentiment par le ressentiment.

93.6

Je respecte l’honnêteté d’un croyant âgé, qui est fidèle malgré la déviation de sa foi, au point où en est restée sa religion jusqu’à aujourd’hui.

Il y en a tant comme lui en Israël… C’est pour cela que je vous dis : je serai mieux reçu par les païens que par les fils d’Abraham. L’humanité a corrompu l’idée du Sauveur et en a abaissé la royauté surnaturelle à une pauvre idée de souveraineté humaine. Il me faut fendre la dure écorce du judaïsme, pénétrer, blesser pour arriver au fond, et porter, là où est l’âme du judaïsme, la fécondation de la Loi nouvelle.

Ah ! Il est bien vrai qu’Israël, qui a poussé autour du noyau vital de la Loi du Sinaï, est devenu semblable à un fruit monstrueux dont la pulpe à couches toujours plus fibreuses et plus dures, protégées à l’extérieur par une carapace résistante à toute pénétration, empêche même la sortie du germe. Et pourtant l’Eternel juge le moment venu de créer le nouvel arbre de la foi au Dieu un et trine. Moi, pour permettre à la volonté de Dieu de s’accomplir et au judaïsme de devenir le christianisme, je dois entailler, percer, pénétrer, aller jusqu’au noyau et le réchauffer de mon amour pour qu’il se réveille et se gonfle, germe, croisse continuellement et devienne l’arbre puissant du christianisme, cette religion parfaite, éternelle, divine. Et en vérité, je vous dis que le judaïsme ne se laissera percer que dans la proportion de un pour cent.

Voilà pourquoi je ne considère pas comme réprouvé cet israélite qui ne veut pas de moi et qui ne voudrait pas me donner son fils. Aussi, je dis au fils : ne pleure pas pour la chair et le sang qui souffrent de se voir repoussés par la chair et le sang qui les ont engendrés. Je lui dis encore : ne pleure pas non plus pour l’esprit. Ta souffrance œuvre plus que tout au profit de l’âme du tien et du sien, de ce père qui est le tien et ne comprend ni ne voit.

93.7

J’ajoute même : ne te fais pas de scrupule d’appartenir plus à Dieu qu’à ton père.

Et à tous je vous dis : Dieu est plus que votre père, que votre mère, que vos frères. Je ne suis pas venu pour unir la chair et le sang à la manière terrestre, mais d’une manière spirituelle et céleste. Aussi me faut-il séparer ce qui est chair et sang pour prendre avec moi les âmes capables, dès cette terre, de s’élever à la hauteur du Ciel pour en faire les serviteurs du Ciel. Je suis donc venu appeler les “ forts ” et les rendre encore plus forts, car ce sont eux qui composent l’armée des doux. Doux pour les frères, forts à égard de leur moi et du moi de leur sang familial.

Ne pleure pas, mon cousin. Ta souffrance, je te l’assure, œuvre auprès de Dieu au profit de ton père et de tes frères plus que n’importe quelle parole, non seulement de toi, mais même de moi. La parole ne rentre pas là où le préjugé fait barrière, crois-le bien. Mais la grâce entre. Et le sacrifice, c’est l’aimant qui attire la grâce.

En vérité, je vous dis que lorsque j’appelle quelqu’un au service de Dieu, il n’y a pas d’obéissance plus élevée que de répondre à cet appel. Et il faut le faire sans même s’arrêter à calculer à quel point et de quelle façon les autres réagiront à notre fidélité à l’appel de Dieu. Il ne faut pas même s’arrêter pour ensevelir son père. Vous serez récompensés pour cet héroïsme. D’ailleurs, cette récompense ne sera pas pour vous seuls, mais aussi pour ceux dont vous vous séparez avec un cri qui vient du cœur, pour ceux dont la parole vous frappe souvent plus durement qu’une gifle parce qu’ils vous accusent d’être des fils ingrats et vous maudissent, dans leur égoïsme, comme si vous étiez des rebelles. Non : vous êtes loin d’être des rebelles… vous êtes des saints. Les premiers ennemis des personnes appelées sont les membres même de leur famille. Mais entre amour et amour, il faut savoir distinguer, et aimer surnaturellement. C’est dire qu’il faut aimer davantage le Maître du surnaturel que les serviteurs de ce Maître. Il convient d’aimer ses parents en Dieu et non pas plus que Dieu. »

93.8

Jésus se tait et se lève pour aller auprès de son cousin qui, baissant la tête, a du mal à retenir ses larmes. Il lui fait une caresse.

« Jude… Moi, j’ai quitté ma Mère pour suivre ma mission. Que cela t’enlève toute hésitation sur l’honnêteté de ta conduite. Si cela n’avait pas été un acte bon, aurai-je pu le faire à l’égard de ma Mère qui, après tout, n’a que moi seul ? »

Jude passe sur son visage la main de Jésus et acquiesce d’un signe de tête. Mais il n’arrive pas à parler.

« Allons-y nous deux, tout seuls, comme lorsque nous étions enfants, quand Alphée me considérait comme le jeune garçon le plus sensé de Nazareth. Allons porter à ce vieil homme ces belles grappes de raisin doré. Qu’il ne croie pas que je le délaisse et que je lui suis hostile. A ta mère aussi, et à Jacques cela fera plaisir. Je lui dirai que demain je serai à Capharnaüm et que son fils est tout à lui. Tu sais, les vieillards sont comme des enfants : ils sont jaloux. Ils s’imaginent toujours qu’on les néglige. Il faut les comprendre… »

Jésus a disparu, laissant dans le jardin les disciples rendus muets par la révélation d’une souffrance et d’une incompréhension entre un père et un fils, à cause de Jésus. Marie a accompagné Jésus jusqu’à la porte, puis elle rentre avec un soupir peiné.

Tout s’achève.

93.1

Gesù esce nell’orto, che appare tutto lavato dal temporale della sera avanti. E vede sua Madre curva su delle pianticelle. La saluta, raggiungendola. Come è dolce il loro bacio! Gesù la cinge alle spalle col braccio sinistro e se la attira baciandola sulla fronte, al limite dei capelli, e poi si china per essere baciato sulla guancia dalla Madre. Ma quello che completa la soavità dell’atto è lo sguardo che accompagna il bacio. Quello di Gesù tutto amore, pur con quel che di maestoso e protettore che ha; quello di Maria tutto venerazione per quanto sia tutto amore. Quando si baciano così, pare che il più adulto sia Gesù e Lei una figlia giovinetta che riceva dal padre, o dal fratello di molto maggiore, il bacio del mattino.

93.2

«Hanno avuto danno i tuoi fiori dalla grandine di ieri sera e dal vento della notte?», chiede Gesù.

«Nessun danno, Maestro. Solo una grande spettinatura nelle fronde», risponde prima di Maria la voce un poco rauca di Pietro.

Gesù alza il capo e vede Simon Pietro che, con la sola tunica più corta, lavora a raddrizzare dei rami curvati in alto del fico. «Sei già al lavoro?».

«Eh! noi pescatori dormiamo come i pesci: in ogni ora, in ogni luogo, ma per quel tanto che ci lasciano stare in riposo. E ci si fa l’abitudine. Questa mattina ho sentito cigolare la porta all’alba e mi sono detto: “Simone, Ella già è alzata. Su, svelto! Va’ con le tue grosse mani a darle aiuto”. Lo pensavo che Ella pensasse ai suoi fiori nella notte tutta vento. E non ho sbagliato. Eh! le conosco le donne!… Anche mia moglie si rivolta nel letto come un pesce nella rete, quando c’è tempesta, e pensa alle sue piante… Poveretta! Qualche volta le dico: “Scommetto che ti ruzzoli meno quando è il tuo Simone sbattuto come un fuscello sul lago”. Ma sono ingiusto, perché è una brava moglie. Pare non vero che abbia per madre… Bene: taci, Pietro. Questo non c’entra. Non sta bene mormorare e imprudentemente far sapere ciò che è bontà tacere. Vedi, Maestro, che anche nella mia testa d’asino è entrata la tua parola?».

Gesù risponde ridendo: «Dici tutto da te. A Me non resta che approvare e ammirare la tua sapienza di agricoltore».

«Ha già legato tutti i tralci che si erano slegati, puntellato quel pero troppo carico e passato quelle funi sotto quel melograno cresciuto solo da una parte», osserva Maria[1].

«Già! Pare un vecchio fariseo. Non pende che dove gli fa comodo. E io l’ho lavorato come una vela e gli ho detto: “Non sai che il giusto è nel mezzo? Vieni qui, testone, se no ti schianti per troppo peso”. Ora sono dietro a questo fico. Ma per egoismo. Penso alla fame di tutti: fichi freschi e pane caldo! Ah! neanche l’Antipa ha un pasto così buono! Ma bisogna andare adagio, perché il fico ha rami tenerelli come il cuore di una fanciulla quando dice la sua prima parola d’amore, e io sono pesante, e i fichi più buoni sono in alto. Si sono già asciugati a questo primo sole. Devono essere una delizia. 3 Ehi! tu, ragazzo.

Non mi guardare solamente. Svegliati! Dàmmi quel cesto».

Giovanni, che è apparso dal laboratorio, ubbidisce, arrampicandosi anche lui sul grosso fico. Quando i due pescatori scendono, sono usciti dal laboratorio anche Simone Zelote, Giuseppe e Giuda Iscariota. Non vedo gli altri.

Maria porta del pane fresco, piccoli pani scuri e tondi, e Pietro col suo coltelluccio li apre e sopra vi apre i fichi, e offre prima a Gesù e poi a Maria e agli altri. Mangiano con gusto nell’orto rinfrescato e tutto bello, nel sole di un mattino sereno, anche per la recente pioggia che ha deterso l’aria.

Pietro dice: «È venerdì… Maestro, domani è sabato…».

«Non fai una scoperta», osserva l’Iscariota.

93.3

«No. Ma il Maestro sa che voglio dire…».

«Lo so. Questa sera andremo al lago, dove hai lasciato la barca, e veleggeremo per Cafarnao. Domani parlerò là».

Pietro gongola.

Entrano in gruppo Tommaso, Andrea, Giacomo, Filippo, Bartolomeo e Giuda Taddeo, che certo dormono altrove. Si salutano.

93.4

Gesù dice: «Rimaniamo qui uniti. Così ci sarà anche un nuovo discepolo. Mamma, vieni».

Si siedono chi su un sasso, chi su un sediolo, facendo cerchio intorno a Gesù, che si è seduto sul banco di pietra che è contro la casa, avendo al fianco la Madre e ai piedi Giovanni, che ha scelto di stare per terra pur di stare vicino.

Gesù parla, piano e con maestà come sempre.

«A che paragonerò la formazione apostolica? Alla natura che ci circonda. Voi vedete. La terra nell’inverno pare morta. Ma dentro ad essa i semi lavorano e le linfe si nutrono di umori, depositandoli nelle fronde sotterranee – così potrei chiamare le radici – per poi averne gran dovizia per le fronde superiori quando è il tempo di fiorire. Anche voi siete paragonabili a questa terra invernale: brulla, spogliata, brutta. Ma su voi è passato il Seminatore ed ha gettato un seme. Presso voi è passato il Coltivatore ed ha fatto gli scassi intorno al vostro tronco piantato nella terra dura, duro e aspro come essa, perché alle radici giungesse nutrimento di umori delle nubi e dell’aria, e lo fortificasse per futuro frutto. E voi avete accolto il seme e lo scasso, perché è in voi buona volontà di fruttificare nel lavoro di Dio.

Ancora paragonerò la formazione apostolica a quel temporale che ha percosso e piegato, e parve violenza inutile. Ma guardate quanto bene ha fatto. Oggi l’aria è più pura, nuova, senza polvere e afa. Il sole è lo stesso sole di ieri. Ma non ha più quell’ardere che pareva febbre, perché giunge a noi attraverso a strati purificati e freschi. Le erbe, le piante sono sollevate come gli uomini, perché la mondezza, perché la serenità sono cose che allietano. Anche i contrasti servono per giungere ad una più esatta conoscenza e ad una chiarificazione. Altrimenti sarebbero soltanto cattiveria. E che sono i contrasti se non i temporali che provocano le nubi di diversa specie? E queste nubi non si accumulano piano piano nei cuori coi malumori inutili, con le piccole gelosie, con le fumose superbie? Poi viene il vento della Grazia e le unisce, perché scarichino tutti i loro cattivi umori e torni il sereno.

Ancora la formazione apostolica è simile al lavoro che Pietro faceva stamane per dar gioia a mia Madre: è raddrizzare, legare, sostenere, oppure sciogliere, a seconda delle tendenze e delle necessità, per fare di voi dei “forti” al servizio di Dio. Raddrizzare le idee sbagliate, legare le prepotenze carnali, sostenere le debolezze, tagliare all’occorrenza le tendenze, sciogliere le schiavitù e le timidezze. Voi dovete essere liberi e forti. Come aquile che, lasciato il picco natio, sono solo del volo sempre più alto. Il servizio di Dio è il volo. Le affezioni sono il picco.

93.5

Uno di voi oggi è triste perché suo padre declina a morte. E vi declina col cuore chiuso alla Verità e al figlio che la segue. Più ancora che chiuso, ostile. Ancor non gli ha detto l’ingiusto: “Vattene” di cui ieri parlavo, autoproclamandosi da più di Dio. Ma il suo cuore serrato e le sue labbra suggellate non sono ancora capaci di dire neppure: “Segui la voce che ti chiama”. Non pretenderebbero, né il figlio, né Io che vi parlo, di sentir dire da quelle labbra: “Vieni e con te venga il Maestro. E Dio sia benedetto per aver scelto nella mia casa un suo servo, creando così una parentela più eccelsa del sangue col Verbo del Signore”. Ma almeno Io, per il suo bene, e il figlio, per ancor più complesso motivo, vorremmo sentire in lui non parole nemiche.

Ma non pianga questo figlio. Sappia che in Me non vi è rancore né sdegno verso il padre suo. Ma solo pietà. Sono venuto ed ho sostato, pur sapendo l’inutilità della sosta, perché un giorno questo figlio non mi dicesse: “Oh! perché non sei venuto?!”. Sono venuto per dargli la persuasione che tutto è inutile quando il cuore si serra nell’astio. Sono venuto per confortare anche una buona che di questa scissura della famiglia soffre come di un coltello che le separi fasci di fibre. Ma tanto questo figlio che questa buona siano persuasi che in Me non risponde astio ad astio.

93.6

Io rispetto l’onestà del vecchio credente che è fedele, anche se ha una fede deviata, a ciò che è stata la sua religione sino a quest’ora.

Tanti ve ne sono in Israele… Per questo vi dico: sarò accettato più dai pagani che dai figli di Abramo. L’umanità ha corrotto l’idea del Salvatore e ne ha abbassato la soprannaturale regalità ad una povera idea di sovranità umana. Io devo fendere la dura scorza dell’ebraismo, penetrare, ferire per giungere al fondo e portare, là dove è l’anima di esso ebraismo, la fecondazione della nuova Legge. Oh! che invero Israele, cresciuto intorno al nocciolo vitale della Legge del Sinai, è divenuto simile ad un mostruoso frutto dalla polpa a strati sempre più fibrosi e duri, protetti all’esterno da un guscio tetragono ad ogni penetrazione, anche alla espulsione del germe, che l’Eterno giudica esser venuto il momento che crei la nuova pianta della fede nel Dio uno e trino. Io, per permettere che la volontà di Dio si compia e l’ebraismo divenga cristianesimo, devo intaccare, perforare, penetrare, fare strada sino al nocciolo e scaldarlo col mio amore, perché si desti e si gonfi, germogli, cresca, cresca, cresca, divenga la pianta potente del cristianesimo, religione perfetta, eterna, divina. E in verità vi dico che l’ebraismo sarà perforabile solo per una parte a cento.

Perciò non reputo reprobo questo israelita, che non mi vuole e che non vorrebbe darmi il figlio. Perciò dico al figlio: non piangere per la carne ed il sangue che soffrono di sentirsi respinti dalla carne e dal sangue che li generarono. Perciò dico: non piangere neppure per lo spirito. La tua sofferenza lavora più di ogni altra cosa a pro dello spirito tuo e suo, di questo tuo padre che non comprende e non vede.

93.7

E dico anche: non ti creare dei rimorsi per essere più di Dio che del padre.

A tutti voi dico: più del padre, della madre, dei fratelli, è Dio. Io sono venuto ad unire non secondo la Terra, la carne e il sangue, ma secondo lo spirito e il Cielo. Perciò devo disunire le carni ed i sangui per prendere meco gli spiriti atti al Cielo sin da questa Terra, per prendere i servi del Cielo. Perciò sono venuto a chiamare i “forti”, a farli ancor più forti, perché di “forti” è fatto il mio esercito di miti. Miti ai fratelli, forti verso il proprio io e l’io del sangue famigliare.

Non piangere, cugino. Il tuo dolore, Io te lo assicuro, opera presso Dio a pro di tuo padre e dei tuoi fratelli più di ogni parola, non solo tua, ma anche mia. Non entra la parola dove il preconcetto fa barriera, credilo. Ma la Grazia entra. E il sacrificio è calamita di grazia.

In verità vi dico che quando Io chiamo a Dio non vi è altra ubbidienza più alta di questa. E occorre farla senza neppure arrestarsi a calcolare quanto e come reagiranno gli altri al vostro andare verso Dio. Neppure deve arrestarsi per seppellire il padre. Di questo eroismo ne avrete premio, e premio non per voi soli, ma anche per coloro dai quali vi strappate con urlo di cuore, e la cui parola sovente vi percuote più di una guanciata, perché vi accusa di esser figli ingrati e vi maledice, nel suo egoismo, come ribelli. No. Non ribelli. Santi. I primi nemici dei vocati sono i famigliari. Ma fra amore e amore bisogna sapere distinguere e amare soprannaturalmente. Ossia amare più il Padrone del soprannaturale che i servi di esso Padrone. Amare i parenti in Dio. E non più di Dio».

93.8

Gesù tace e si alza andando presso al cugino che, a capo chino, frena a fatica il pianto. Lo carezza. «Giuda… Io ho lasciato mia Madre per seguire la mia missione. Questo ti levi ogni dubbio sull’onestà del tuo agire. Se non fosse stato atto buono, l’avrei fatto Io verso la Madre mia che non ha, oltre tutto, altri dopo Me?».

Giuda si passa la mano di Gesù sul volto e annuisce col capo. Ma non può dire altro.

«Andiamo noi due, da soli, come quando eravamo bambini e Alfeo giudicava che Io ero il più giudizioso fra i ragazzi di Nazaret. Andiamo a portare al vecchio questi bei grappoli d’uva d’oro. Che non creda che lo trascuro e che gli sono nemico. Anche tua madre e Giacomo ne avranno piacere. Gli dirò che domani Io sarò a Cafarnao e che suo figlio è tutto per lui. Sai, i vecchi sono come i bambini: gelosi. E sospettosi sempre di essere trascurati. Bisogna compatirli…».

Gesù è scomparso, lasciando nell’orto i discepoli, ammutoliti dalla rivelazione di un dolore e di una incompatibilità fra un padre e un figlio per causa di Gesù. Maria ha accompagnato Gesù sino alla porta, ed ora rientra sospirando con pena.

Tutto finisce.


Note

  1. osserva Maria è un’aggiunta di MV su una copia dattiloscritta.