The Writings of Maria Valtorta

93. Leçon aux disciples avec la très sainte Vierge Marie dans le jardin de la maison de Nazareth.

93. Lesson to the disciples in the presence of

93.1

Jésus sort dans le jardin qui apparaît tout lavé par l’orage de la veille au soir. Il voit sa Mère penchée sur des petites plantes, la rejoint, la salue. Comme il est doux, leur baiser ! Jésus entoure ses épaules de son bras gauche et l’attire à lui en lui donnant un baiser sur le front, à la racine des cheveux, puis il s’incline pour que sa Mère l’embrasse sur la joue. Mais ce qui complète la douceur de ce geste, c’est le regard qui accompagne leur étreinte. Le baiser de Jésus est tout amour, avec pourtant quelque chose de majestueux et de protecteur ; celui de Marie est plein de vénération tout en étant tout amour. Dans ce baiser, on dirait que Jésus est le plus âgé et elle une toute jeune fille qui reçoit le baiser matinal de son père ou d’un frère bien plus grand.

93.2

« Tes fleurs ont-elles beaucoup souffert de la grêle d’hier soir et du vent de la nuit ? demande Jésus.

– Absolument pas, Maître. Mais les feuillages sont un peu ébouriffés » répond, avant Marie, la voix un peu rauque de Pierre.

Jésus lève la tête et aperçoit Simon Pierre qui, vêtu de la seule tunique courte, s’efforce de redresser des branches tordues en haut du figuier.

« Tu es déjà au travail ?

– Eh ! Nous autres pêcheurs, nous dormons comme les poissons : à toute heure, en tout lieu, pourvu qu’on nous laisse en repos. On en prend l’habitude. Ce matin à l’aube, j’ai entendu grincer la porte et je me suis dit : “ Simon, elle est déjà debout. Allons, vite ! Va l’aider de tes grosses mains. ” Je pensais qu’elle songeait à ses fleurs pendant cette nuit de tempête. Et je ne me suis pas trompé. Ah, je les connais, les femmes !… La mienne se retourne dans le lit comme un poisson dans le filet quand il y a de la tempête, et elle pense à ses plantes… La pauvre ! Je lui dis parfois : “ Je parie que tu t’agites moins quand ton Simon bourlingue sur le lac. ” Mais je suis injuste, car c’est une bonne épouse. On ne dirait pas qu’elle a pour mère… Bon, tais-toi, Pierre. Il ne s’agit pas de cela. Ce n’est pas bien de murmurer et de faire imprudemment connaître ce qu’il vaut mieux taire. Tu vois, Maître, que ta parole est entrée même dans ma tête d’âne ? »

Jésus répond en riant :

« Tu dis tout toi-même. Je n’ai plus qu’à approuver et à admirer ta science de jardinier.

– Il a déjà rattaché tous les sarments qui s’étaient défaits, note Marie. Il a étayé le poirier trop chargé et passé des cordages sous le grenadier qui ne s’est développé que d’un côté.

– Oui ! Il ressemble à un vieux pharisien : il penche du côté qui lui plaît. Je l’ai arrangé comme une voile et je lui ai dit : “ Ne sais-tu pas que c’est le juste milieu qui est approprié ? Viens par-là, tête dure, pour ne pas rompre sous le poids. ” je m’occupe maintenant du figuier, mais c’est par égoïsme : je pense à l’appétit de tout le monde pour les figues fraîches et le pain chaud ! Ah ! Hérode Antipas en personne n’a pas un si bon repas ! Mais il faut y aller doucement, car le figuier a des branches tendres comme le cœur d’une fillette quand elle fait son premier aveu d’amour, or moi je suis lourd, et les meilleures figues sont tout en haut. Elles sont déjà toutes ressuyées sous ce premier rayon de soleil. Elles doivent être délicieuses.

93.3

Hé ! Mon garçon ! Ne te contente pas de me regarder. Réveille-toi ! Passe-moi ce panier. »

Jean, qui sort de l’atelier, obéit et grimpe lui aussi sur le gros figuier. Quand les deux pêcheurs en redescendent, Simon le Zélote, Joseph et Judas sont eux aussi sortis de l’atelier. Je ne vois pas les autres.

Marie apporte du pain frais : de petites miches rondes de pain bis. Pierre, avec son petit couteau, les ouvre puis ouvre les figues par des­sus et offre le tout à Jésus, puis à Marie et aux autres. Ils mangent de bon appétit, dans la fraîcheur du jardin resplendissant au soleil d’un matin serein, embelli par la pluie récente qui a purifié l’air.

Pierre dit :

« C’est vendredi… Maître, demain c’est le sabbat…

– Tu ne fais pas une découverte, constate Judas.

– Non. Mais le Maître sait ce que je veux dire…

– Je le sais. Ce soir, nous irons au lac où tu as laissé la barque et nous ferons voile pour Capharnaüm. Demain j’y parlerai. »

Pierre est aux anges.

Thomas, André, Jacques, Philippe, Barthélemy et Jude, qui ont dormi sûrement ailleurs, arrivent en groupe. Tous se saluent.

93.4

Jésus dit :

« Restons ici réunis. Comme cela, il y aura un nouveau disciple : Maman, viens. »

Ils s’asseyent, qui sur un rocher, qui sur un tabouret, en faisant cercle autour de Jésus qui s’est assis sur le banc de pierre contre la maison. A côté de lui se trouve sa Mère, et à ses pieds Jean qui a préféré rester par terre pour être plus près. Jésus parle doucement et avec majesté, comme toujours.

« A quoi comparerai-je la formation apostolique ? A la nature qui nous entoure. Voyez : en hiver, la terre paraît morte, mais, à l’intérieur, les graines travaillent et la sève se nourrit d’humidité, gonflant les rameaux souterrains – c’est ainsi que je pourrais nommer les racines – pour en avoir en profusion en vue des floraisons, quand sera venu le temps des fleurs. Vous aussi, vous êtes comparables à cette terre hivernale : nue, aride, grossière. Mais sur vous est passé le semeur et il a jeté sa semence. Près de vous est passé le cultivateur et il a sarclé le sol autour de votre tronc planté dans une terre aussi dure et rugueuse que lui, pour que la nourriture venue des nuages et de l’air puisse parvenir aux racines afin de les fortifier pour les fruits à venir. Quant à vous, vous avez reçu la semence et accepté le travail de la bêche, parce que vous avez la bonne volonté de porter du fruit dans l’œuvre de Dieu.

Je comparerai encore la formation apostolique à cet orage qui a frappé. Cela paraît être une violence inutile. Mais voyez quel bien il a fait. Aujourd’hui, l’air est plus pur, il semble renouvelé, sans poussière. L’orage a tout rafraîchi. Le soleil est le même qu’hier, mais il n’a plus la même ardeur fiévreuse parce que ses rayons nous arrivent à travers des couches d’air purifiées et fraîches. La verdure, les plantes sont soulagées comme les hommes, car la propreté, la sérénité sont des choses qui apportent la joie. Même les discordes servent à atteindre une plus exacte connaissance et une plus grande clarté. Autrement, elles ne seraient que méchancetés. Or que sont les discordes sinon des orages provoqués par des nuages de différentes espèces ? Et ces nuages ne s’accumulent-ils pas insensiblement dans les cœurs, par des mauvaises humeurs inutiles, de petites jalousies, des orgueils ombrageux ? Puis vient le vent de la grâce qui les rassemble pour qu’ils se déchargent de toutes ces sombres humeurs et il ramène la sérénité.

La formation apostolique est encore semblable au travail que Pierre accomplissait ce matin pour faire plaisir à ma Mère : redresser, rattacher, étayer ou délier, selon les tendances et les besoins, pour faire de vous des “ forts ” au service de Dieu. Il faut redresser les idées fausses, maîtriser les excès charnels, soutenir les faiblesses, au besoin modérer les penchants, libérer des servitudes et des timidités. Vous devez être libres et forts, comme des aigles qui abandonnent la cime où ils sont nés pour ne penser qu’à voler toujours plus haut. Le service de Dieu, c’est le vol. La cime, ce sont les affections…

93.5

L’un de vous, aujourd’hui, est triste parce que son père voit venir la mort, qui plus est le cœur fermé à la Vérité et à son fils qui la suit. Plus que fermé, d’ailleurs : hostile. Encore ne lui a-t-il pas dit l’injuste : “ Va-t’en ” dont je parlais hier, en se proclamant lui-même supérieur à Dieu. Mais son cœur serré et ses lèvres closes ne sont pas même capables de dire encore : “ Suis la voix qui t’appelle. ” Je ne prétendrais pas, moi qui vous parle, et son fils pas davantage, voir s’ouvrir ces lèvres pour dire : “ Viens, et qu’avec toi vienne le Maître. Et que Dieu soit béni pour s’être choisi un serviteur de ma maison, en créant ainsi une parenté plus élevée que celle du sang avec le Verbe du Seigneur. ” Mais, moi pour son bien, et son fils pour des raisons encore plus complexes, nous souhaiterions au moins entendre de lui des paroles qui ne soient plus hostiles.

Mais, qu’il ne pleure pas, ce fils. Qu’il sache qu’il n’y a en moi ni rancœur ni mépris à l’égard de son père, mais seulement de la pitié. Je suis venu et j’ai attendu, tout en sachant l’inutilité de cette attente, pour qu’un jour son fils ne me dise pas : “ Ah, pourquoi n’es-tu pas venu ? ” Je suis venu le persuader que tout est inutile quand le cœur se ferme avec animosité. Je suis venu aussi réconforter la bonne personne qui souffre de cette scission dans la famille, comme sous l’effet d’un couteau qui sépare des faisceaux de fibres… Mais que ce fils, aussi bien que cette bonne mère soient persuadés que, moi, je ne réponds pas au ressentiment par le ressentiment.

93.6

Je respecte l’honnêteté d’un croyant âgé, qui est fidèle malgré la déviation de sa foi, au point où en est restée sa religion jusqu’à aujourd’hui.

Il y en a tant comme lui en Israël… C’est pour cela que je vous dis : je serai mieux reçu par les païens que par les fils d’Abraham. L’humanité a corrompu l’idée du Sauveur et en a abaissé la royauté surnaturelle à une pauvre idée de souveraineté humaine. Il me faut fendre la dure écorce du judaïsme, pénétrer, blesser pour arriver au fond, et porter, là où est l’âme du judaïsme, la fécondation de la Loi nouvelle.

Ah ! Il est bien vrai qu’Israël, qui a poussé autour du noyau vital de la Loi du Sinaï, est devenu semblable à un fruit monstrueux dont la pulpe à couches toujours plus fibreuses et plus dures, protégées à l’extérieur par une carapace résistante à toute pénétration, empêche même la sortie du germe. Et pourtant l’Eternel juge le moment venu de créer le nouvel arbre de la foi au Dieu un et trine. Moi, pour permettre à la volonté de Dieu de s’accomplir et au judaïsme de devenir le christianisme, je dois entailler, percer, pénétrer, aller jusqu’au noyau et le réchauffer de mon amour pour qu’il se réveille et se gonfle, germe, croisse continuellement et devienne l’arbre puissant du christianisme, cette religion parfaite, éternelle, divine. Et en vérité, je vous dis que le judaïsme ne se laissera percer que dans la proportion de un pour cent.

Voilà pourquoi je ne considère pas comme réprouvé cet israélite qui ne veut pas de moi et qui ne voudrait pas me donner son fils. Aussi, je dis au fils : ne pleure pas pour la chair et le sang qui souffrent de se voir repoussés par la chair et le sang qui les ont engendrés. Je lui dis encore : ne pleure pas non plus pour l’esprit. Ta souffrance œuvre plus que tout au profit de l’âme du tien et du sien, de ce père qui est le tien et ne comprend ni ne voit.

93.7

J’ajoute même : ne te fais pas de scrupule d’appartenir plus à Dieu qu’à ton père.

Et à tous je vous dis : Dieu est plus que votre père, que votre mère, que vos frères. Je ne suis pas venu pour unir la chair et le sang à la manière terrestre, mais d’une manière spirituelle et céleste. Aussi me faut-il séparer ce qui est chair et sang pour prendre avec moi les âmes capables, dès cette terre, de s’élever à la hauteur du Ciel pour en faire les serviteurs du Ciel. Je suis donc venu appeler les “ forts ” et les rendre encore plus forts, car ce sont eux qui composent l’armée des doux. Doux pour les frères, forts à égard de leur moi et du moi de leur sang familial.

Ne pleure pas, mon cousin. Ta souffrance, je te l’assure, œuvre auprès de Dieu au profit de ton père et de tes frères plus que n’importe quelle parole, non seulement de toi, mais même de moi. La parole ne rentre pas là où le préjugé fait barrière, crois-le bien. Mais la grâce entre. Et le sacrifice, c’est l’aimant qui attire la grâce.

En vérité, je vous dis que lorsque j’appelle quelqu’un au service de Dieu, il n’y a pas d’obéissance plus élevée que de répondre à cet appel. Et il faut le faire sans même s’arrêter à calculer à quel point et de quelle façon les autres réagiront à notre fidélité à l’appel de Dieu. Il ne faut pas même s’arrêter pour ensevelir son père. Vous serez récompensés pour cet héroïsme. D’ailleurs, cette récompense ne sera pas pour vous seuls, mais aussi pour ceux dont vous vous séparez avec un cri qui vient du cœur, pour ceux dont la parole vous frappe souvent plus durement qu’une gifle parce qu’ils vous accusent d’être des fils ingrats et vous maudissent, dans leur égoïsme, comme si vous étiez des rebelles. Non : vous êtes loin d’être des rebelles… vous êtes des saints. Les premiers ennemis des personnes appelées sont les membres même de leur famille. Mais entre amour et amour, il faut savoir distinguer, et aimer surnaturellement. C’est dire qu’il faut aimer davantage le Maître du surnaturel que les serviteurs de ce Maître. Il convient d’aimer ses parents en Dieu et non pas plus que Dieu. »

93.8

Jésus se tait et se lève pour aller auprès de son cousin qui, baissant la tête, a du mal à retenir ses larmes. Il lui fait une caresse.

« Jude… Moi, j’ai quitté ma Mère pour suivre ma mission. Que cela t’enlève toute hésitation sur l’honnêteté de ta conduite. Si cela n’avait pas été un acte bon, aurai-je pu le faire à l’égard de ma Mère qui, après tout, n’a que moi seul ? »

Jude passe sur son visage la main de Jésus et acquiesce d’un signe de tête. Mais il n’arrive pas à parler.

« Allons-y nous deux, tout seuls, comme lorsque nous étions enfants, quand Alphée me considérait comme le jeune garçon le plus sensé de Nazareth. Allons porter à ce vieil homme ces belles grappes de raisin doré. Qu’il ne croie pas que je le délaisse et que je lui suis hostile. A ta mère aussi, et à Jacques cela fera plaisir. Je lui dirai que demain je serai à Capharnaüm et que son fils est tout à lui. Tu sais, les vieillards sont comme des enfants : ils sont jaloux. Ils s’imaginent toujours qu’on les néglige. Il faut les comprendre… »

Jésus a disparu, laissant dans le jardin les disciples rendus muets par la révélation d’une souffrance et d’une incompréhension entre un père et un fils, à cause de Jésus. Marie a accompagné Jésus jusqu’à la porte, puis elle rentre avec un soupir peiné.

Tout s’achève.

93.1

Jesus goes into the kitchen garden, which looks as if it has been washed by the storm of the previous evening. And He sees His Mother bending over some little plants. He goes up to Her and greets Her. How sweet is their kiss! Jesus embraces Her shoulders with His left arm and draws Her to Himself kissing Her forehead, just under Her hair line and He then bows down to be kissed by His Mother on the cheek. But what completes the sweetness of the gesture is the glance that accompanies it. Jesus’ look is full of love, although majestic and protective; Mary’s is all veneration and love. When they kiss each other like that, Jesus seems to be the older of the two, and Mary is like a young daughter receiving the morning kiss from her father or from a much older brother.

93.2

«Were Your flowers damaged by yesterday evening’s hail-stones and by last night’s wind?» asks Jesus.

«No harm, Master. Only the branches were badly ruffled» answers Peter in a somewhat hoarse voice, before Mary can speak.

Jesus looks up and sees Simon Peter, with only his short tunic on, busy straightening some fig-tree branches which were bent upwards. «Are you working already?»

«Eh! We fishermen sleep like the fish: at any time, anywhere, but only as long as they let us rest. And one gets used to it. This morning I heard the door squeak at dawn and I said: “Simon, She is already up. Be quick! Go and help Her with your strong hands”. I thought She might be worrying about Her flowers in such a windy night. And I was not wrong. Eh! I know what women are like!… My wife also tosses about in her bed, like a fish in the net, when there is a storm and she worries about her plants… Dear woman! Sometimes I say to her: “I bet you do not toss so much when your Simon is thrown about like a straw on the lake!” But it is not fair, because she is a good wife. It seems impossible that her mother is… Well, be quiet, Peter. That’s got nothing to do with it. It is not right to grumble and imprudently tell people what out of kindness we should not mention. See, Master, Your word has entered also my stubborn head!»

Jesus replies laughing: «You are saying everything yourself. I can but approve and admire your wisdom as a farmer.»

«He has already tied all the shoots which had become loose, he has supported the pear-tree which is too heavily laden, and he placed those ropes under that pomegranate-tree, which is growing all on one side» says Mary.

«Yes! It looks like an old Pharisee. It leans to the side that suits it. And I straightened it up as if it were a sail and I said to it: “Don’t you know that you must keep to a happy medium? Come here, you blockhead, or you will crash down because of your excessive weight”. Now I am working at this fig-tree. But out of selfishness. I am thinking of everybody’s appetite: fresh figs and new bread! Ah! Not even Antipas has such a good meal! But I must be careful, because the branches of a fig-tree are as tender as a young girl’s heart, when she says her first words of love, and I am heavy, and the best figs are at the top. They have already been dried by the early sun. They must be delicious.

93.3

Eh! Boy. Don’t stand there looking at me. Wake up! Give me that basket.»

John, who has just come out of the workshop, obeys and climbs up the big fig-tree. When the two fishermen come down, also Simon Zealot, Joseph and Judas Iscariot have come out from the workshop. I do not see the others.

Mary brings some new bread: small round brown loaves, which Peters cuts with his pocket knife and then places the split figs onto them, and offers them first to Jesus, then to Mary and the others. They eat with relish in the cooled kitchen garden, which is so beautiful in the bright morning sunshine, also because of the recent rain which has cleaned the air.

Peter says: «This is Friday… Master, tomorrow is the Sabbath…»

«We all know that» remarks the Iscariot.

«Of course. But the Master knows what I mean…»

«Yes, I know. This evening we will go to the lake, where you left your boat and we will sail to Capernaum. Tomorrow I will speak there.»

Peter is overjoyed.

Thomas, Andrew, James, Philip, Bartholomew and Judas Thaddeus, who must have slept elsewhere, come in all together. They greet one another.

93.4

Jesus says: «Let us stay here all together. There will be also a new disciple. Mother, come.»

They sit down, some on stones, some on stools, forming a circle around Jesus, Who has sat on the stone bench against the wall with His Mother beside Him and at His feet John, who preferred to sit on the ground in order to be close.

Jesus begins speaking slowly and solemnly as usual.

«To what shall I compare the apostolic formation? To the nature surrounding us. See. The earth in winter seems dead. But inside it the seeds are active and the lymphs feed on moisture which they store in the underground branches — I could call the roots thus — so that they may have plenty for the upper branches when it is time to blossom. You also can be compared to the winter earth: barren, naked, ugly looking. But the Sower has passed on you and has spread the seed. The Tiller has come near you and has broken up the soil around your trunks, which are as hard and rough as the soil in which they are planted, so that the roots may receive nourishment from the clouds and from the air and the trunks may be strengthened for the future fruit. And you have received the seed and the tillage because you are willing to bear fruit in the work of God.

I will also compare your apostolic formation to the storm which struck and bent and seemed a purposeless violence. But see how much good it has done. The air today is purer, fresher, without dust or sultriness. The sun is the same sun as yesterday’s. But it is not so scorching as yesterday when it seemed like a high temperature, because its rays reach us through purified and fresh air. The herbs and plants are relieved as well as men, because cleanliness and serenity cheer up all things. Also contrasts help to attain a more precise knowledge and clarification. Otherwise they would be nothing but wickedness. And what are contrasts if not the storms that stir up different types of clouds? And do such clouds not pile up slowly in the hearts of men in useless bad moods, petty jealousies and vain pride? Then the wind of Grace blows and gathers them together that they may discharge their ill humours and the sky may clear up again.

And your apostolic moulding is like the work that Peter was doing this morning for the delight of My Mother: which is to straighten, tie, support or undo, according to the varying situations and necessities, to make you “strong workers” at the service of God. It is necessary to correct wrong ideas, to tie and subdue the rebelling flesh, to support weaknesses, to cut off evil inclinations if necessary, and to free from slavery and timidity. You must be free and strong. Like eagles, that leave their native mountain tops and fly higher and higher. The service of God is the flight. Affections are the mountain tops.

93.5

One among you is sad today because his father’s life is on the decline. And he is declining with his heart closed to the Truth and to his son who is following the Truth. More than closed: hostile. The father has not yet said the unfair: “Go away”, of which I spoke to you yesterday, thus declaring himself to be above God. But his closed heart and sealed lips are not yet capable of saying at least: “Follow the voice that is calling you”. Neither the son nor I Who am speaking to you, would expect to hear those lips say: “Come and let the Master come with you. And may God be blessed because He chose a servant in my family, creating thus with the Word of the Lord, a kinship which is more sublime than blood”. But at least I, for his own sake, and the son for more complicated reasons, would not like to hear hostile words from him.

But this son must not cry. He must know that I bear no grudge or ill-feeling towards his father. I feel only pity for him. I have come and stopped here, although I knew it would be useless, so that one day the son may not say to Me: “Oh! Why did You not come?” I have come that he may be fully convinced that everything is quite useless, when a heart is hardened by hatred. I have also come to comfort a good woman who is suffering because of this family division, as if her heart were torn to pieces. But both the son and the good mother must be convinced that I do not return hatred for hatred.

93.6

I respect the honesty of the old believer who is faithful to what has been so far his religion, although his faith has gone off the right path.

There are many like him in Israel… That is why I say to you: I will be more accepted by the heathens than by the children of Abraham. Mankind has depraved the idea of the Saviour and has lowered His supernatural royalty to the poor idea of a human sovereignty. I must break the hard bark of Hebraism, penetrate it, and cut it till I reach the bottom and then place the fruitful new Law exactly where the heart of Hebraism is. Oh! Israel, brought up around the vital stone of the Law of Sinai, has become like a monstrous fruit, the pulp of which is formed by layers of harder and harder fibres, protected outside by a hard shell against every penetration and also against the ejection of the germ, so much so that the Eternal Father deems the moment has come to create the new plant of the faith in the one and triune God. To allow the will of God to be fulfilled and Hebraism to become Christianity, I must notch, pierce, penetrate and make My way to the very stone, then warm it with My love, so that it will awake and swell, sprout and grow more and more and thus become the mighty plant of Christianity, the perfect, eternal, divine religion. And I solemnly tell you that it will be possible to penetrate Hebraism only in the proportion of one part to a hundred.

I therefore do not deem reprobate this Israelite who does not want Me and is not willing to give Me his son. That is why I say to the son: do not cry on account of the flesh and blood that suffer being rejected by the flesh and blood that generated them. That is why I say: do not even cry on account of the soul. Your suffering operates more than anything else in favour of your soul and his, in favour of your father who does not understand and does not see.

93.7

And I also say to you: do not feel remorse for being more of God than of your father.

And I say to you all: God is more than father, mother, brothers. I have come to join people not according to the world, to flesh and blood, but according to the spirit and to Heaven. I therefore must separate flesh and blood to take with Me the souls which, even when on this world, are fit for Heaven, to take the servants of Heaven. So I have come to call the “strong ones”, and make them even stronger, because My army of meek people is made of “strong” people. Meek towards their brothers, strong against their own ego and the selfishness of family blood.

Do not cry, My cousin. I can assure you that your pain is operating before God in favour of your father and brothers more than any word, not only yours, but also Mine. Believe Me, words cannot enter where preconceived ideas form a barrier. But Grace enters. And a sacrifice draws graces.

I solemnly tell you that when I call someone as a disciple, there is no obedience greater than this one. And we must obey without even stopping to reckon how and how much others will react to our going towards God. One must not even stop to bury one’s father. And you will receive a reward for your heroism, a reward not only for yourselves, but also for those from whom you are torn away, broken hearted, and whose words often strike you more painfully than a slap in the face, because they accuse you of being ungrateful children and in their selfishness they curse you as rebels. No, not rebels. Saints.

The first enemies of those who are called, are their relatives. But we must learn to distinguish between love and to love in a supernatural way. That is to love more the Master of the supernatural than the servants of the Master. We must love our relatives in God. But not more than God.»

93.8

Jesus is silent, He gets up and goes near His cousin who, with lowered head, can hardly hold back his tears. Jesus caresses him. «Judas… I left My Mother to follow My mission. This should remove all doubts about the honesty of your behaviour. If it had not been a good deed, would I have done it to My Mother, Who, above all, has no one but Me?»

Judas presses Jesus’ hand to his face and nods his head. But he cannot say anything.

«Let us go, the two of us by ourselves, as when we were boys and Alphaeus thought I was the most sensible boy in Nazareth. Let us go and take these beautiful bunches of golden grapes to the old man, so that he may not think that I am neglecting him or that I am hostile to him. Also your mother and James will be pleased. I will tell him that I will be in Capernaum tomorrow and that his son will be entirely devoted to him. You know, old people are like children: they are jealous. And they always suspect they are being neglected. We must pity them…»

Jesus has gone, leaving in the garden the disciples dumbfounded at the revelation of pain and incompatibility between a father and a son because of Jesus. Mary has gone with Jesus as far the door and now She comes back sighing in distress.

It all ends.