Os Escritos de Maria Valtorta

167. La rencontre des Romaines dans le jardin de Jeanne, femme de Kouza.

167. O encontro com as romanas

167.1

aidé par un batelier qui l’a accueilli dans sa petite embarcation, Jésus débarque sur le ponton du jardin de Kouza. Déjà, un jardinier l’a aperçu et accourt pour lui ouvrir la grille qui interdit aux étrangers d’entrer dans la propriété du côté du lac. C’est une grande grille solide dissimulée par une haute haie touffue de lauriers et de buis à l’extérieur, et de roses de toutes les couleurs à l’intérieur, du côté de la maison. Ces superbes rosiers fleurissent les feuillages couleur bronze des lauriers et des buis, s’insinuent entre les ramilles, passent de l’autre côté, ou encore grimpent par-dessus cette barrière de verdure pour faire retomber leur tignasse fleurie au-delà. A un seul endroit, à la hauteur d’un sentier, la grille est découverte, et c’est là qu’elle s’ouvre pour laisser passer ceux qui viennent du lac ou s’y rendent.

« Paix à cette maison et à toi, Joanna. Où est ta maîtresse ?

– Là-bas, avec ses amies. Je vais l’appeler. Elles t’attendent depuis trois jours par crainte d’arriver en retard. »

Jésus sourit. Le serviteur court appeler Jeanne. En attendant, Jésus marche lentement vers l’endroit que le serviteur lui a indiqué, tout en admirant le superbe jardin, la splendide roseraie pourrait-on dire, que Kouza a fait planter pour sa femme. Dans cette anse du lac bien à l’abri, de magnifiques roses précoces et de toutes couleurs, tailles et formes s’épanouissent déjà. Il y a bien d’autres plantes à fleur, mais elles ne sont pas encore fleuries et elles occupent une place minime face à la multitude des rosiers.

167.2

Jeanne accourt. Sans même prendre le temps de poser sa corbeille à moitié remplie de roses ni les ciseaux qu’elle tenait pour les couper, elle court, les bras tendus, svelte et gracieuse. Elle porte un riche vêtement fait d’une fine laine d’un rose très tendre dont les plis sont maintenus par des broches et des fibules ornées de filigranes d’argent sur lesquels brillent de pâles grenats. Sur ses cheveux noirs et ondulés, un diadème en forme de mitre, lui aussi en argent et orné de grenats, retient un voile de byssus très léger, rose également, qui retombe en arrière et laisse découvertes de petites oreilles qu’alourdissent des boucles semblables au diadème.

Son visage est rieur, et, à la base du cou – qu’elle a fin – brille un collier de même facture que les autres parures précieuses.

Elle laisse tomber sa corbeille aux pieds de Jésus et s’agenouille au milieu des roses éparses pour baiser son vêtement.

« Paix à toi, Jeanne. Je suis venu.

– Et j’en suis heureuse. Elles aussi sont venues. Ah ! Maintenant j’ai l’impression d’avoir eu tort d’agir ainsi : comment ferez-vous pour vous entendre ? Elles sont vraiment païennes ! »

Jeanne est un peu agitée.

Jésus sourit et lui pose la main sur la tête :

« N’aie pas peur. Nous nous entendrons très bien. Et tu as bien fait “ d’agir ainsi ”. Notre rencontre sera fleurie de bien comme ton jardin de roses. Maintenant, ramasse ces pauvres roses que tu as laissé tomber et allons voir tes amies.

– Il y a tellement de roses ! Je faisais cela pour passer le temps, et puis mes amies sont si… si… voluptueuses… Elles aiment les fleurs comme si c’était… je ne sais pas…

– Mais je les aime moi aussi ! Tu vois que nous avons déjà trouvé un terrain d’entente entre elles et moi ! Allez, ramassons ces superbes roses… », et Jésus se baisse pour donner l’exemple.

« Non, pas toi, Seigneur ! Si c’est ce que tu veux, voici… c’est fait. »

167.3

Ils se dirigent vers une tonnelle faite de tout un enchevêtrement de roses de toutes les couleurs. Sur le seuil, trois Romaines sont aux aguets : Plautina, Valéria et Lydia. Hésitantes, la première et la dernière restent à leur place, alors que Valéria court et s’incline en disant :

« Salut, Sauveur de ma petite Fausta !

– Paix et lumière à toi et à tes amies. »

Ces dernières s’inclinent sans mot dire.

Nous connaissons déjà Plautina. Grande, imposante, avec de splendides yeux noirs un peu impérieux sous un front lisse et très blanc, le nez droit, parfait, une bouche aux lèvres un peu épaisses, mais bien faite, le menton rond et en saillie, elle me rappelle certaines statues très belles d’impératrices romaines. De grosses bagues brillent sur ses belles mains et de larges bracelets en or ornent ses bras, de vrais bras de statue, au poignet et au-dessus du coude, blanc rosé, parfait, qui sort d’une manche courte drapée.

Lydia, au contraire, est blonde, plus fine et plus jeune. Sans avoir la beauté imposante de Plautina, elle a toute la grâce d’une très jeune femme. Et puisque nous sommes en domaine païen, on pourrait dire que, si Plautina ressemble à la statue d’une impératrice, Lydia pourrait être une Diane ou une nymphe à l’aspect aimable et pudique.

Valéria, qui n’est plus désespérée comme nous l’avons vue à Césarée, apparaît dans toute sa beauté de jeune mère ; elle a des formes pleines mais encore très juvéniles, un regard serein de mère heureuse d’allaiter et de voir grandir son enfant grâce à son lait. Le teint rose, les cheveux châtains, elle a un sourire paisible et tout de douceur.

J’ai l’impression que ce sont des dames d’un rang inférieur à Plautina, que, du regard, elles vénèrent comme une reine.

167.4

« Vous vous occupiez de fleurs ? Continuez donc. Nous pourrons parler tout aussi bien pendant que vous cueillez ces magnifiques œuvres du Créateur que sont les fleurs et que vous les disposez, avec cette habilité qui caractérise Rome, dans ces coupes précieuses pour prolonger leur existence, hélas trop brève… Si nous admirons ce bouton de rose qui esquisse à peine le sourire de ses pétales d’un jaune rosé, comment ne pas regretter de les voir mourir ? Ah ! Comme les juifs seraient étonnés de me l’en­tendre dire ! Mais c’est qu’en cette créature qui s’épanouit, nous sentons un je-ne-sais-quoi qui vit. Et d’en voir la mort nous peine. Pourtant, la plante est plus sage que nous. Elle sait que, sur toute blessure de la tige que l’on taille, naît un rejet qui donne une nouvelle rose. C’est là que notre esprit doit accueillir cet enseignement et faire, de l’amour quelque peu sensuel que nous avons pour une fleur, une invitation à une pensée plus élevée.

– Laquelle, Maître ? demande Plautina, qui écoute avec attention et que séduit la pensée élégante du Maître juif.

– Celle-ci : tout comme une plante ne meurt pas tant que ses racines sont nourries par le sol et n’est pas entraînée dans la mort par la mort de la tige, l’humanité ne meurt pas quand cesse la vie terrestre d’un être. Au contraire, de nouvelles fleurs ne cessent d’y bourgeonner. Et voici une pensée encore plus élevée, capable de nous faire bénir le Créateur : alors que la fleur une fois morte ne revit pas – et c’est bien triste ! –, l’homme endormi de son dernier sommeil n’est pas mort, il mène une vie plus éclatante en recevant par ce qu’il y a de meilleur en lui, vie éternelle et splendeur du Créateur qui l’a formé.

167.5

Par conséquent, Valéria, si ta petite fille était morte, tu n’aurais pas perdu ses caresses pour autant. Les baisers de ton enfant, séparée mais pas oublieuse de ton amour, se seraient toujours déposés sur ton âme. Vois-tu comme il est doux d’avoir foi en la vie éternelle ? Où est ta fille en ce moment ?

– Dans ce berceau couvert. Je ne m’en étais jamais séparée auparavant, car mon amour pour mon époux et mon amour pour ma fille étaient les deux buts de mon existence. Mais maintenant que je sais ce que c’est de la voir mourir, je ne l’abandonne pas un seul instant. »

Jésus se dirige vers un siège sur lequel est posé une sorte de petit berceau en bois, recouvert entièrement d’une riche couverture. Il la découvre et regarde la petite fille qui dort et que l’air plus vif réveille doucement. Elle ouvre des yeux étonnés, sa bouche esquisse un sourire d’ange et ses menottes, qui étaient fermées, s’ouvrent pour essayer d’attraper les cheveux ondulés de Jésus pendant qu’un babil de moineau marque la progression de sa pensée. Enfin, elle crie ce grand mot universel :

« Maman !

– Prends-la, prends-la, dit Jésus, qui s’écarte pour permettre à Valéria de se pencher sur le berceau.

– Mais elle va t’ennuyer ! Je vais appeler une esclave et la faire conduire dans le jardin.

– M’ennuyer ? Oh non ! Les enfants ne m’ennuient jamais. Ce sont toujours mes amis.

– Tu as des enfants ou des neveux, Maître ? demande Plautina, qui observe avec quels sourires Jésus essaie de faire rire l’enfant.

– Je n’ai ni enfant ni neveu, mais j’aime les enfants comme j’aime les fleurs, parce qu’ils sont purs et sans malice. Et même, femme, donne-moi ta petite fille. Il m’est si doux de serrer sur mon cœur un petit ange ! »

Sur ce, il s’assied avec l’enfant qui l’observe et lui dépeigne la barbe, puis trouve plus intéressant de s’amuser avec les franges de son manteau et le cordon de son vêtement auxquels elle adresse un long et mystérieux discours.

167.6

Plautina dit :

« Notre amie est bonne et sage, et c’est l’une des rares à ne pas nous mépriser et à ne pas être corrompue par notre fréquentation ; elle t’aura sûrement dit que nous avons désiré te voir et t’entendre pour te juger d’après ce que tu es. Car Rome ne croit pas aux fables… pourquoi souris-tu, Maître ?

– Je te le dirai plus tard. Continue.

– … car Rome ne croit pas aux fables et elle veut juger avec science et conscience avant de condamner ou d’exalter. Ton peuple t’exalte et te calomnie à égale mesure. Tes actes porteraient à t’exalter, mais les paroles de nombreux juifs te font considérer comme guère moins qu’un délinquant. Les paroles sont solennelles et sages comme celles d’un philosophe. Or Rome apprécie grandement les doctrines philosophiques et… je dois le reconnaître, nos philosophes actuels n’ont pas de doctrine satisfaisante, en particulier parce que leur manière de vivre n’y correspond pas.

– Ils ne peuvent avoir une manière de vivre conforme à leur enseignement.

– Parce qu’ils sont païens, n’est-ce pas ?

– Non, parce qu’ils sont athées.

– Athées ? Ils ont leurs dieux.

– Ils ne les ont même plus, femme. Je te rappelle les anciens philosophes, les plus grands. Ils étaient païens, eux aussi, mais regarde quelle élévation de vie ils ont eue ! Mêlée à l’erreur, car l’homme est enclin à l’erreur. Mais quand ils se sont trouvés en face des plus grands mystères tels que la vie et la mort, quand ils ont été mis devant le dilemme de l’honnêteté ou de la malhonnêteté, de la vertu ou du vice, de l’héroïsme ou de la lâcheté, quand ils ont pensé que se tourner vers le mal aurait été maléfique pour leur patrie et leurs concitoyens, alors ils ont mis toute leur volonté – une volonté de géants – à rejeter les tentacules des mauvais polypes ; libres et saints, ils surent vouloir le Bien à tout prix, ce Bien qui n’est autre que Dieu.

167.7

– On dit que tu es dieu : est-ce vrai ?

– Je suis le Fils du vrai Dieu, fait chair tout en restant Dieu.

– Mais qui est Dieu ? Si nous te regardons, c’est le plus grand des maîtres.

– Dieu est bien plus qu’un maître. Ne rabaissez pas l’idée sublime de la divinité en la limitant à la sagesse.

– La sagesse est une divinité. Nous avons Minerve : c’est la déesse du savoir.

– Vous avez aussi Vénus, la déesse du plaisir. Pouvez-vous admettre qu’un dieu, c’est-à-dire un être supérieur aux mortels, puisse posséder, porté à la perfection, tout ce qui est laideur chez les mortels ? Pouvez-vous penser qu’un être éternel puisse avoir éternellement les petits plaisirs, mesquins, avilissants, de ceux dont la vie est fugace ? Et qu’il en fasse le but de sa vie ? Ne pensez-vous pas qu’il est répugnant, ce ciel que vous appelez Olympe et où fermentent les plus mauvaises tendances de l’humanité ? Si vous regardez votre ciel, qu’y voyez-vous ? Luxures, crimes, haines, guerres, vols, ripailles, pièges, vengeances… Quand vous voulez célébrer les fêtes de vos dieux, que faites-vous ? Des orgies. Quel culte leur rendez-vous ? Où est la vraie chasteté des femmes consacrées à Vesta ? Sur quel code divin s’appuient vos pontifes pour juger ? Quelles paroles vos augures peuvent-ils lire dans le vol des oiseaux ou le fracas du tonnerre ? Quant aux viscères sanglants des animaux sacrifiés, quelles réponses peuvent-ils fournir à vos aruspices ? Tu as dit : “ Rome ne croit pas aux fables. ” Dans ce cas, pourquoi croit-elle que, en faisant faire le tour des champs à un porc, une brebis et un taureau et en les immolant ensuite, douze pauvres hommes peuvent se rendre Cérès propice, si vous avez un nombre infini de divinités qui se haïssent les unes les autres et aux vengeances desquelles vous croyez ? Non : Dieu est bien différent. Il est éternel, unique et spirituel.

– Mais tu dis que tu es dieu, or tu es chair.

– Il y a dans la patrie des dieux un autel qui n’est dédié à aucun d’eux. La sagesse humaine l’a dédié au dieu inconnu. Car les sages, les vrais philosophes, ont eu l’intuition qu’il existe autre chose que ces histoires inventées pour ces éternels enfants que sont les hommes dont les esprits sont enveloppés dans les bandeaux de l’erreur. Si donc ces sages – qui ont eu l’intuition qu’il existe autre chose que ces mises en scènes mensongères, quelque chose de vraiment sublime et divin qui a fait tout ce qui existe et d’où provient tout ce qu’il y a de bon dans le monde – ont voulu élever un autel au dieu inconnu, qu’ils pressentaient être le vrai Dieu, comment pouvez-vous donner le nom de Dieu à ce qui ne l’est pas et prétendre savoir ce qu’en réalité vous ignorez ? Sachez donc qui est Dieu pour pouvoir le connaître et l’honorer.

167.8

Dieu est celui qui, par sa pensée, a fait du Néant le Tout. La fable des pierres qui se changent en hommes peut-elle vous persuader et vous satisfaire ? En vérité, certains hommes sont plus durs et plus mauvais que des pierres, et certaines pierres sont plus utiles que l’homme. Mais ne t’est-il pas plus doux, Valéria, de penser en regardant ta petite fille : “ C’est une vivante volonté de Dieu créée et formée par lui, dotée par lui d’une seconde vie qui ne meurt pas, de sorte que je l’aurai encore, ma petite Fausta, et pour l’éternité, si je crois au vrai Dieu. ” Au lieu de dire : “ Cette chair rose, ces cheveux plus fins que les fils d’une toile d’araignée, ces yeux sereins viennent d’une pierre ” ? Ou encore : “ Je suis en tout point semblable à la louve ou à la jument : je m’accouple comme une bête, j’enfante comme une bête, j’élève comme une bête ma fille qui est le fruit de mon instinct animal, elle est une bête qui me ressemble, et demain, quand nous serons toutes les deux mortes, nous serons deux charognes qui se décomposeront dans la puanteur et qui jamais plus ne se reverront ” ? Dis-moi laquelle de ces deux explications ton cœur de mère préférerait.

– Sûrement pas la seconde, Seigneur ! Si j’avais su que Fausta n’était pas une chose qui pouvait se décomposer pour toujours, ma douleur, lors de son agonie, aurait été moins atroce. Car je me serais dit : “ J’ai perdu une perle, mais elle existe encore et je la retrouverai. ”

– Tu l’as dit.

167.9

Quand je suis venu vers vous, votre amie m’a dit qu’elle s’étonnait de votre passion pour les fleurs. Elle craignait même que cela me choque. Mais je l’ai rassurée en lui disant : “ Moi aussi, je les aime, nous allons donc bien nous entendre. ” Mais je veux vous amener à aimer les fleurs comme j’amène Valéria à aimer son enfant dont, j’en suis sûr, elle prendra un plus grand soin maintenant qu’elle sait que Fausta possède une âme, c’est-à-dire une parcelle de Dieu[1] enfermée dans le corps qu’elle, sa mère, lui a fait ; une parcelle qui ne meurt pas et que sa mère retrouvera au Ciel, si elle croit au vrai Dieu.

Il en va de même de vous. Regardez cette superbe rose : la pourpre qui orne les vêtements de l’empereur est moins splendide que ce pétale, qui non seulement fait la joie des yeux par sa couleur, mais aussi celle du toucher par sa délicatesse et de l’odorat par son parfum. Regardez encore celle-ci, et celle-là et cette autre. La première, c’est du sang qui a coulé d’un cœur, la deuxième de la neige fraîchement tombée, la troisième de l’or pâle, et la dernière ressemble à cette douce figure d’enfant qui sourit sur mon cœur. Allons plus loin : la première est raide sur une grosse tige presque sans épines, avec un feuillage rougeâtre comme si on l’avait aspergé de sang ; la deuxième a quelques rares épines en crochet avec des feuilles mates et pâles le long de sa tige ; la troisième est souple comme un jonc et ses feuilles sont petites et brillantes comme de la cire verte ; enfin la dernière semble barrer la route à toute tentative d’attraper sa corolle rose tant elle est couverte d’épines. On dirait une lime aux pointes acérées.

Maintenant, réfléchissez : qui a fait tout cela ? Comment ? Quand ? Où ? Qu’était cet endroit dans la nuit des temps ? Ce n’était rien d’autre qu’un tohu-bohu informe d’éléments. Un seul, Dieu, a dit : “ Je veux ”, et les éléments se séparèrent en se groupant par famille. Un second “ Je veux ” retentit, et ils se mirent en bon ordre les uns par rapport aux autres comme l’eau au milieu des terres ; l’un sur l’autre, comme l’air et la lumière au-dessus de la planète organisée. Encore un “ Je veux ”, et les plantes apparurent, puis les étoiles, les animaux, enfin l’homme. Et pour que l’homme y trouve sa joie, comme si c’étaient de magnifiques jouets, Dieu offrit à son préféré les fleurs, les astres, et comme dernier don la joie de procréer non pas ce qui meurt, mais ce qui survit à la mort grâce à ce don de Dieu qu’est l’âme. Ces roses sont autant de volontés du Père. Son infinie puissance se manifeste dans une infinité de beautés.

167.10

Mes explications sont entravées parce qu’elles se heurtent au bronze résistant de vos croyances. Mais j’espère que, pour une première rencontre, nous nous sommes un peu compris. Que votre âme médite sur mes paroles. Avez-vous des questions ? Posez-les. Je suis là pour vous éclairer. Il ne faut pas avoir honte de son ignorance. Ce dont il faut avoir honte, c’est d’y persister quand quelqu’un est disposé à éclaircir les doutes. »

Et, comme s’il était le plus adroit des pères, Jésus sort de la tonnelle en soutenant la petite fille qui fait ses premiers pas et veut aller vers un jet d’eau qui ondule au soleil.

167.11

Les femmes restent à leur place en discutant entre elles. Jeanne, prise entre deux désirs, se tient sur le seuil de la tonnelle.

Enfin Lydia se décide, suivie des autres, et elle se dirige vers Jésus qui rit parce que l’enfant veut attraper le spectre solaire du jet d’eau, mais ne prend que de la lumière… et elle insiste tant et plus en pépiant comme un poussin de ses lèvres roses.

« Maître… je n’ai pas bien compris pourquoi tu as dit que nos maîtres ne peuvent avoir une bonne forme de vie sous prétexte qu’ils sont athées. Ils croient à un Olympe, mais ils croient…

– Ils n’ont plus que l’aspect extérieur de la croyance. Tant qu’ils ont vraiment cru comme les vrais sages ont cru à ce dieu inconnu dont je t’ai parlé, à ce dieu qui satisfaisait leur âme même s’il n’avait pas de nom, même sans le vouloir, tant qu’ils ont tourné leur esprit vers cet Etre, bien supérieur aux pauvres dieux pétris d’humanité – et de basse humanité – que le paganisme s’est donnés, ils ont nécessairement reflété un peu de Dieu. L’âme est un miroir qui reflète et un écho qui résonne.

– Quoi, Maître ?

– Dieu.

– Quel grand mot !

– C’est une grande vérité. »

167.12

Valéria, que séduit la pensée de l’immortalité, demande :

« Maître, explique-moi où se trouve l’âme de ma fille. J’embrasserai cet endroit comme un sanctuaire et je l’adorerai, puisque c’est une partie de Dieu.

– L’âme ! C’est comme cette lumière que ta petite Fausta essaie d’attraper, sans y parvenir puisqu’elle est incorporelle. Pourtant, elle existe. Tes amies, toi et moi la voyons. De même, l’âme est visible en tout ce qui différencie l’homme de l’animal. Lorsque ta fille te partagera ses premières idées, pense que cette intelligence, c’est son âme qui se manifeste. Lorsqu’elle t’aimera, non par instinct mais de manière raisonnée, pense que cet amour, c’est son âme. Lorsqu’elle grandira à tes côtés, belle non seulement de corps mais par ses vertus, pense que cette beauté, c’est son âme. Et n’adore pas l’âme, mais Dieu son Créateur, Dieu qui veut se faire un trône de toute âme bonne.

– Mais où est cette chose incorporelle et sublime ? Dans le cœur ? Dans le cerveau ?

– Elle est dans tout ce qui fait l’homme. Elle vous contient et elle est contenue en vous. Quand elle vous quitte, vous devenez des cadavres. Quand elle est tuée par un crime que l’homme commet contre lui-même, vous êtes damnés, séparés de Dieu pour toujours.

– Tu admets donc que le philosophe qui nous a déclarés “ immortels ” avait raison, bien que païen ? demande Plautina.

– Non seulement je l’admets, mais je vais plus loin : je dis que c’est un article de foi. L’immortalité de l’âme, autrement dit l’immortalité de la partie supérieure de l’homme, est le mystère le plus certain et le plus consolant de la foi. C’est celui qui nous donne l’assurance de notre origine, de notre but, de ce que nous sommes, et cela enlève toute amertume à nos séparations. »

167.13

Plautina réfléchit profondément. Jésus l’observe en silence. Finalement, elle demande :

« Et toi, tu as une âme ?

– Certainement.

– Mais es-tu Dieu ou non ?

– Je suis Dieu. Je te l’ai dit. Mais maintenant j’ai pris une nature humaine. Sais-tu pour quelle raison ? Parce que c’est seulement par mon sacrifice que je pouvais résoudre les difficultés qui dépassent votre entendement et, après avoir abattu l’erreur, libérer aussi l’âme d’un esclavage que je ne puis t’expliquer pour l’instant. C’est pourquoi j’ai enfermé la Sagesse dans un corps, la Sainteté dans un corps. Je répands la Sagesse comme une semence sur la terre, comme le pollen au vent ; et comme d’une amphore précieuse que l’on a brisée, la Sainteté coulera sur le monde à l’heure de la grâce et sanctifiera les hommes. Alors, le Dieu inconnu sera connu.

– Mais tu es déjà connu. Ceux qui mettent en doute ta puissance et ta sagesse sont mauvais ou menteurs.

– Je suis connu, mais nous n’en sommes qu’à l’aurore. Le midi sera rempli de la connaissance de moi.

– Que sera ton midi ? Un triomphe ? et moi, le verrai-je ?

– En vérité, ce sera un triomphe. Et tu y seras. Car tu as la nausée de ce que tu sais et tu désires connaître ce que tu ignores. Ton âme a faim.

– C’est vrai ! J’ai faim de vérité.

– Moi, je suis la Vérité.

– Alors donne-toi à moi, qui suis affamée.

– Tu n’as qu’à venir à ma table. Ma parole est pain de vérité.

167.14

– Mais que diront nos dieux si nous les abandonnons ? Ne vont-ils pas se venger sur nous ? demande Lydia craintivement.

– femme, as-tu déjà vue un matin brumeux ? Les prés disparaissent sous une vapeur qui les cache. Vient le soleil, cette vapeur se dissout, et les prés resplendissent avec encore plus de beauté. Vos dieux, c’est cela, le brouillard d’une pauvre pensée humaine : elle ignore Dieu mais a besoin de croire, car la foi est l’état permanent et nécessaire de l’homme. Elle a donc créé cet Olympe, une vraie fable inconsistante. Ainsi, au lever du Soleil – le vrai Dieu – dans vos cœurs, vos dieux se dissiperont sans pouvoir vous nuire, car ils n’existent pas.

– il nous faudra encore t’écouter… longuement… Nous sommes absolument face à l’inconnu. Tout ce que tu dis est nouveau.

– Cela te répugne-t-il ? Ne peux-tu l’accepter ? »

Plautina répond avec assurance :

« Non, je me sens plus fière de ce peu que je sais – et que César ne connaît pas –, que de mon nom.

– Alors, persévère.

167.15

Je vous laisse avec ma paix.

– Comment, tu ne restes pas, mon Seigneur ? »

Jeanne est désolée.

« Je ne reste pas. J’ai beaucoup à faire…

– Oh ! Moi qui voulais te dire ma peine ! »

Jésus, qui s’est mis en route après les salutations des Romaines, se retourne et dit :

« Accompagne-moi à la barque. Tu me partageras ton tourment. »

Jeanne va et dit :

« Kouza veut m’envoyer quelque temps à Jérusalem, et cela me chagrine. Il fait cela parce qu’il ne veut pas que je reste plus longtemps à l’écart, maintenant que je suis en bonne santé…

– Toi aussi, tu te crées des brumes inconsistantes ! »

Jésus a déjà un pied dans la barque.

« Si tu pensais que cela va te permettre de me recevoir chez toi ou de me suivre plus facilement, tu te réjouirais et tu dirais : “ La Bonté y a pensé. ”

– Ah ! C’est vrai, mon Seigneur ! Je n’y avais pas réfléchi.

– tu vois donc ! Obéis en bonne épouse. L’obéissance te vaudra la récompense de m’avoir chez toi pour la prochaine Pâque et l’honneur de m’aider à évangéliser tes amies. Que la paix soit toujours avec toi ! »

La barque est détachée, et tout prend fin.

167.1

Jesus, com a ajuda de um barqueiro, que o acolheu em seu barco, desembarca pela prancha do jardim de Cusa. Um jardineiro já O viu e vai ao seu encontro para abrir a cancela, que barra aos estranhos o ingresso na propriedade ao lado do lago, - uma cancela alta e forte escondida por uma sebe, muito viçosa e alta, com loureiros e buxos, do lado externo, o do lago, e de rosas de todas as cores do lado interno da casa. As esplêndidas roseiras ornam com flores as copas bronzeadas dos loureiros e dos buxos, insinuam-se pelo meio das ramagens, atravessam aparecendo do outro lado, ou ultrapassam completamente a barreira verde, fazendo cair seus ramos floridos para além da sebe. Só num ponto, na altura duma alameda, a barra se apresenta nua, abrindo-se para dar passagem.

– A paz a esta casa e a ti Joana. Onde está a tua patroa?

– Está com as amigas. Vou já chamá-la. Há três dias que estão Te esperando pelo receio de chegarem atrasadas.

Jesus sorri. O criado vai correndo chamar Joana. Enquanto isso, Jesus caminha lentamente para o lugar que lhe foi mostrado pelo criado, admirando o belíssimo jardim, o belíssimo roseiral, que Cusa mandou formar para sua mulher. São rosas de todas as cores, tamanhos e formas, plantadas nesta enseada bem resguardada do lago, sorrindo, precoces e esplêndidas. Há também pés de outras flores. Mas elas ainda não floriram, e sua presença é pouco notada, diante da quantidade das roseiras.

167.2

Joana vem chegando. Ela nem pôs no chão um pequeno cesto com rosas até a metade, ou deixou a tesoura, e assim vai correndo, com os braços estendidos, ágil e gentil em sua rica veste de lã leve de um cor-de-rosa muito claro, cujos frisos estão presos por um arranjo de broches e fivelas em filigrana de prata, sobre os quais brilham algumas pálidas granadas.

Por cima de seus cabelos negros e ondulados, um diadema em forma de mitra, também de prata e com granadas, está segurando um véu de linho muito ligeiro, também cor-de-rosa, que recai para trás, deixando descobertas as pequenas orelhas, das quais pendem pesados brincos parecidos com o diadema. O rosto é risonho, o pescoço é delicado, onde brilha um colar trabalhado com a mesma arte de todos os outros adornos preciosos.

Ela deixa cair o seu cesto aos pés de Jesus, e se ajoelha, entre as rosas espalhadas, para beijar-lhe a veste.

– A paz esteja contigo, Joana. Eu vim.

– Eu estou feliz. Elas também vieram. Oh! Agora me parece ter feito mal. Como fareis para entender-vos? Elas são pagãs mesmo!

Joana está um pouco agitada.

Jesus sorri, e põe-lhe a mão sobre a cabeça:

– Não tenhas medo. Nós nos entenderemos muito bem. E tu agiste muito bem. O encontro produzirá muitas flores de bem, como o teu jardim produz rosas. Apanha agora estas pobres rosas, que deixaste cair, e vamos ao encontro das tuas amigas.

– Oh! Rosas, nós temos bastantes! Eu tratava delas para passar o tempo e, além disso, porque as minhas amigas são assim… assim… tão voluptuosas. Gostam das flores, como se fossem… não sei…

– Mas Eu também gosto de flores! Estás vendo como já encontramos um assunto para nos entendermos Eu e elas? Vamos! Vamos apanhar estas esplêndidas rosas…

E Jesus se inclina, para dar o exemplo.

– Tu, não. Tu não, Senhor! Mas, se queres mesmo… está feito.

167.3

Caminham até um quiosque, que é formado por um entrelaçamento multicor de roseiras. Da soleira, três romanas estão espreitando: Plautina, Valéria e Lídia. A primeira e a última estão perplexas, enquanto Valéria sai correndo para fora, e se inclina, dizendo:

– Salve, ó Salvador da minha pequena Fausta!

– Paz e luz a ti e as tuas amigas.

As amigas se inclinam sem dizerem nada.

Já conhecemos Plautina, alta, imponente, com belos olhos negros, um pouco dominadores, por baixo de uma fronte lisa e muito alva, um nariz reto, perfeito, a boca um pouco saliente, mas bem feita, queixo arredondado e distinto, que me faz lembrar certas estátuas, muito belas, de imperatrizes romanas. Pesados anéis reluzem em suas belas mãos e grandes braceletes de ouro circundam seus braços, torneados como das estátuas nos pulsos e nos cotovelos, que expõem à luz um branco rosado, liso e perfeito, fora das mangas curtas e drapejadas.

Lídia, por sua vez, é loura, mais delicada e mais nova. Sua beleza não é imponente como a de Plautina, mas tem toda a graça de uma juventude feminina ainda um pouco agreste. Uma vez que estamos diante de um tema pagão, eu poderia dizer que, se Plautina parece a estátua de uma imperatriz, Lídia poderia ser uma Diana, ou uma ninfa de aspecto pudico e gentil.

Valéria, agora que não está naquele desespero em que a vimos em Cesareia, aparece na sua beleza de jovem mãe, com suas formas um pouco avolumadas, mas ainda bastante juvenis, com aqueles olhos tranquilos da mãe feliz por poder nutrir e ver crescer, o seu filhinho. De cor róseo-acastanhada, ela tem um sorriso comedido, mas muito agradável.

Tenho a impressão de que sejam damas de grau inferior ao de Plautina, pois até no seu modo de olhá-la, denotam veneração de rainha.

167.4

– Estáveis cuidando das flores? Continuai, continuai. Poderemos falar, mesmo enquanto colheis estas esplêndidas obras do Criador, que são as flores, e enquanto as dispondes com a habilidade em que Roma é mestra, ao preparar vasos tão belos em que lhes prolonga a breve vida… Se ficamos admirados, ao olharmos para este botão, que mal começa a abrir o sorriso de suas pétalas de um amarelo rosado, como poderíamos deixar de ficar tristes, ao vê-lo morrer? Mas, oh! como ficariam pasmados os judeus, se me ouvissem dizer isso! Contudo, é porque, até na natureza das flores, sentimos alguma coisa de vida. Ver o fim delas nos causa dó. Entretanto, a planta é mais sábia do que nós. Ela sabe que, de cada ferida de um dos seus talos cortados, nasce um novo broto, que produzirá uma nova rosa. Eis por que nossa mente deve recolher este ensinamento, e fazer, do amor um pouco sensual pela flor, um estímulo para pensar em coisas mais altas.

– Que coisas, Mestre? –pergunta Plautina, que o escuta atentamente, seduzida pelo pensamento elegante do Mestre hebreu.

– Assim como a planta não morre, enquanto a sua raiz estava nutrida pelo solo, assim a humanidade não morre, quando termina a vida terrena de um ser ela sempre ela solta novas flores. Um pensamento ainda mais alto para bendizermos o Criador: enquanto uma flor, desde que tenha morrido, não mais revive, o que é triste, o homem, por mais adormecido que esteja em seu último sono, não está morto, mas vivo, com uma vida ainda mais brilhante, recebendo a vida eterna e o esplendor do Criador que o formou.

167.5

Por isso, Valéria, se a tua menina tivesse morrido, não terias perdido as carícias dela. Sobre a tua alma teria sempre descido o beijo da tua filha, separada de ti, mas não esquecida do teu amor. Estás vendo como é doce ter uma fé na vida eterna? Onde está agora a tua pequenina?

– Naquele berço coberto. Eu nunca me separei, porque o amor para com o marido e pela filha eram as duas metas de minha vida. Agora que sei o que é vê-la morrer, não a deixo nem por um instante.

Jesus se dirige para a cadeira sobre a qual está colocado algo como um bercinho de madeira, coberto por uma rica colcha. Ele a descobre, e olha a pequenina adormecida, que o ar, que está soprando sobre ela um pouco mais vivo, acaba por despertar. Seus olhinhos se abrem espantados, e um sorriso de anjo faz abrir a boquinha, enquanto as mãozinhas se abrem, desejosas de agarrar os cabelos ondulados de Jesus, e um chilrar de passarinho assinala a formação de um discurso no pensamento dela. Enfim, solta a grande e universal palavra:

– Mamãe!

– Pegue-a, pegue-a –diz Jesus, que se afasta para deixar que Valéria possa inclinar-se sobre o berço.

– Mas ela vai te aborrecer!… Eu vou chamar uma escrava e mandar que a leve pelo jardim.

– Aborrecer? Oh! Não. As crianças nunca aborrecem. São sempre minhas amigas.

– Tens filhos ou sobrinhos, Mestre? –pergunta Plautina, que está observando o sorriso com que Jesus está provocando a pequenina para fazê-la sorrir.

– Não tenho filhos nem sobrinhos. Mas amo as crianças, como amo as flores. Porque elas são puras e sem malícia. Eu até te peço, dá-me, ó mulher, a tua pequenina. Apertar contra o coração um pequeno anjo é tão doce para Mim.

E Jesus se assenta com a pequenina, que olha para Ele, e despenteia a sua barba. Depois ela acha melhor brincar com as franjas do seu manto e com o cordão da sua túnica, aos quais ela dedica um longo e misterioso discurso.

167.6

Plautina diz:

– A nossa boa e sábia amiga, uma das poucas que não nos despreza, nem sente corromper-se em nossa companhia, ela deve ter-te dito que tínhamos o desejo de ver-te e ouvir-te para termos uma ideia do que realmente és. Porque Roma não crê em fábulas… Por que estás sorrindo, Mestre?

– Depois Eu te direi. Continua.

– Porque Roma não crê em fábulas, e quer julgar com ciência e consciência, antes de condenar ou exaltar. O teu povo tanto te exalta, como te calunia, na mesma medida. As tuas obras levariam a exaltar-te. As palavras de muitos hebreus levariam a tomar-te por um delinquente. As tuas palavras são solenes e sábias, como as de um filósofo. Roma tem muito amor às doutrinas filosóficas e… devo dize-lo, os nossos filósofos atuais não tem uma doutrina que satisfaça, mesmo porque o modo de vida deles não corresponde ao que eles ensinam.

– Eles não podem ter um modo de vida que corresponda à sua doutrina.

– Porque eles são pagãos, não é?

– Não. Porque são ateus.

– Ateus? Eles tem os seus deuses.

– Nem deuses têm mais, mulher. Eu te faço lembrar dos antigos filósofos, os maiores. Eram pagãos, eles também, mas, não obstante isso, que elevação de vida houve entre eles! Estava misturada com o erro, porque o homem é levado a errar. Mas, quando eles se viram diante dos maiores mistérios: a vida e a morte, quando estiveram colocados diante do dilema da Honestidade ou da Desonestidade, da Virtude ou do Vício, do Heroísmo ou da Covardia, e pensaram que, se se inclinassem para o mal, isso seria um mal para a pátria e para os cidadãos, com uma vontade de gigantes, jogaram para longe de si as garras dos maus pólipos e, livres e santos, souberam querer o Bem, a qualquer custo. Este Bem não é outra coisa senão Deus.

167.7

– Dizem que Tu és Deus. É verdade?

– Eu sou o Filho do Deus Verdadeiro, feito carne, sem deixar de ser Deus.

– Mas, o que é Deus? Deve ser o maior dos mestres, se for como Tu.

– Deus é muito mais do que um mestre. Não limiteis a ideia sublime da Divindade, limitando-a à de sabedoria.

– A sabedoria é uma divindade. Nós temos Minerva. É a deusa do saber.

– Vós tendes também Vênus, deusa do prazer. Podereis admitir que um deus, isto é, um ser superior aos mortais, tenha elevado até à perfeição tudo o que há de mais feio nos mortais? Podereis pensar que alguém, que é eterno, tenha para sempre as pequenas, mesquinhas e vis delicias dos que só têm uma hora de tempo? Fazendo delas a meta de sua vida? Não pensais que esse céu, que vós chamais de Olimpo, e onde estão fermentando os sucos mais azedos da humanidade, possa ser sujo? Se olhais para o vosso céu, que é que vedes? Luxurias, delitos, ódios, guerras, furtos, bebedeiras, trapaças, vinganças. Quando quereis celebrar as festas de vossos deuses, o que fazeis? Orgias. Qual o culto que prestais a eles? Onde está a verdadeira castidade das consagradas a Vesta? Sobre que código divino os vossos pontífices se apoiam, para julgar? Que palavras os vossos áugures podem ler no vôo dos pássaros ou no estrondo do trovão? E as sangrentas vísceras dos animais sacrificados, que resposta podem dar aos vossos arúspices? Tu disseste: “Roma não crê em fábulas.” Então, por que Roma crê que doze pobres homens, levando um porco ao redor dos campos, com uma ovelha e um touro imolados, possam o tornar oferta propícia a Ceres, se vós tendes inúmeras divindades, uma odiando a outra, acreditando nas vinganças delas? Não. Deus é uma coisa bem diferente. Ele é Eterno, é Único e Espiritual.

– Mas Tu dizes que és Deus, e és carne.

– Há ainda um altar sem deus, na pátria dos deuses. A sabedoria humana o dedicou ao Deus desconhecido. Porque os sábios, os verdadeiros filósofos, entreviram que havia alguma coisa, além do cenário histórico, criado pelas eternas crianças que são os homens com espíritos enfaixados por vendas de erro. Se estes sábios intuíram haver algo além do cenário mentiroso, alguma coisa de verdadeiramente sublime e divino, que fez tudo o que existe, e do qual vem tudo que há de bom no mundo, agora eles quiseram um altar para o Deus desconhecido, que pressentiam ser o Verdadeiro Deus. Como podeis dar o nome de deuses aos que deuses não são, e dizer que sabeis o que na realidade não sabeis? Procurai, pois, saber o que é Deus, para poderdes conhecê-Lo e honrá-Lo.

167.8

Deus é Aquele que do seu pensamento fez tudo do nada. Será que vos deixais persuadir e satisfazer só com a fábula das pedras que se transformaram em homens? Em verdade há homens mais duros e malvados do que a pedra, e há pedras mais úteis do que o homem. Mas, para ti, Valéria, não é mais doce, ao olhares para esta tua pequenina e pensar assim: “É uma vontade viva de Deus, por Ele criada e formada, por Ele dotada de uma segunda vida que não morre, de modo que eu a terei ainda, a minha pequena Fausta, por toda a eternidade, se eu crer no Deus Verdadeiro”, em vez de dizer: “Estas carnes rosadas, estes cabelos mais finos do que fios de uma teia aranha, será que tudo isso vem de uma pedra?” Ou haverá de dizer: “Eu sou em tudo semelhante à loba, à fêmea do cavalo, brutalmente me acasalo, brutalmente gero, brutalmente crio, e esta filha é fruto do meu instinto bruto, é bruto como eu. Amanhã, quando ela morrer, quando eu também morrer, seremos duas carniças, que se desfazem com fedor, e que nunca mais se verão?” Dize-me! O teu coração de mãe que é que acharia destas duas razões?

– Certamente a segunda, não, Senhor! Se eu tivesse sabido que Fausta não era uma coisa que pudesse ser desfeita para sempre, a minha dor teria sido menos impiedosa. Porque eu teria dito: “Eu perdi uma pérola. Mas ela ainda existe. E eu a encontrarei de novo.”

– Tu disseste tudo.

167.9

Quando eu vim ao vosso encontro, a vossa amiga me disse que se admirava da vossa paixão pelas flores. E tinha medo que isso pudesse Me desagradar. Mas Eu lhe garanti que não: “Eu também gosto de flores e, por causa disso, vamos entender-nos muito bem.” Mas quero levar-vos a amar as flores, como levo Valéria a amar a sua filha, da qual, estou certo de que ela vai cuidar com muito mais cuidado, agora que ela sabe que a filha tem uma alma, que éuma pequena parte de Deus[1], encerrada na carne que a sua mãe lhe deu, uma pequena parte que não morre e que a mãe encontrará no céu, se crer no Verdadeiro Deus. Assim, também vós. Olhai esta rosa tão linda. A púrpura, que embeleza a veste do imperador é menos esplêndida do que uma destas pétalas, que não só é alegria para os olhos, por sua cor, mas tambémpelo tatopelo olfato.e perfume. Olhai esta também, e esta outra, e mais esta. A primeira parece sangue que jorrou de um coração, a segunda, é neve que acabou de cair, a terceira é ouro pálido, a última perece ter sido feita com esta doce face infantil, que aí está sorrindo para Mim. A primeira está rígida sobre o seu grosso pedúnculo quase sem espinhos, fortemente vermelha no meio da folhagem, como se tivesse sido borrifada de sangue; a segunda tem poucos ramos com espinhos e umas folhas opacas e pálidas ao longo do pedúnculo; a terceira é flexível como um junco e tem umas folhas pequenas e brilhantes, como se fossem cera verde; a última parece cercar o caminho contra qualquer assalto à sua corola rosada, tão coberta está de espinhos. Parece uma lima com arestas pontiagudas. Pensai agora. Quem fez isto? Como? Quando? Onde? E este lugar como era na noite dos tempos?

Não era nada. Era uma agitação informe de vários elementos. Alguém (Deus) disse: “Eu quero”, e os elementos se separaram um do outro, unindo-se por famílias. Outra vez soaram as palavras “Eu quero”, e os elementos se coordenaram um com o outro, como a água por entre terras; ou um sobre o outro, como o ar e a luz sobre o planeta que estava criado. Ainda um “Eu quero”, e apareceram as plantas. Depois vieram as estrelas, depois os animais e, finalmente o homem. Para que o homem sentisse prazer, com encantadores brinquedos do filho predileto, Deus deu as flores, os astros, e, finalmente deu a alegria de procriar não aquilo que morre, mas aquilo que sobrevive à morte, pelo dom de Deus, que é a alma. Estas rosas são outras muitasvontades do Pai. Seu infinito poder se manifesta numa infinidade de belezas.

167.10

Não é fácil dizê-lo, porque o assunto vai chocar-se contra o bronze maciço das vossas crenças. Mas Eu espero que, como este é o nosso primeiro encontro, já nos tenhamos entendido um pouco. Que a vossa alma se debruce sobre o que Eu vos disse. Tereis perguntas a fazer? Fazei-as. Estou aqui para esclarecê-las. A ignorância não é uma vergonha. Vergonha é persistir na ignorância, quando há alguém que possa esclarecer as dúvidas.

E Jesus, como se fosse o mais experiente dos pais, sai do quiosque, segurando pela mão a pequenina, que já está dando seus primeiros passos, em direção a um repuxo de água esguichando ao sol.

167.11

As mulheres ficam onde estão, conversando entre si. Joana, indecisa entre dois desejos, fica na porta do quiosque…

Finalmente, Lídia se decide, e atrás dela, vão as outras, até Jesus, que está rindo, porque a menina quer pegar o pequeno arco-íris que o sol forma com a água, e não consegue pegar nada mais do que a luz. Mas ela insiste, com todo o seu pipilar de um pintinho, saindo dos seus pequenos lábioscor-de-rosa.

– Mestre… eu não compreendi porque é que disseste que os nossos mestres não podem ter formas de vida boas, visto que são ateus. Eles crêem no Olimpo, mas crêem…

– Eles não têm nada mais de que uma exterioridade em sua crença. Só quando eles verdadeiramente creram. ter um pouco o reflexo de Deus. Como os verdadeiros sábios creram naquele Desconhecido de que Eu falei, naquele Deus que satisfazia as suas almas, mesmo sem ter nome, e mesmo sem perceberem o que estavam querendo, enquanto tiveram voltado o seu pensamento para este Ser, muito superior, muito superior aos pobres deuses cheios de humanidade da baixa humanidade , que o paganismo criou, eles, tiveram, um pouco, o reflexo de Deus. A alma é um espelho que reflete, um eco que responde.

– Reflete o quê, Mestre?

– Deus.

– Eis uma grande palavra!

– É uma grande verdade.

167.12

Valéria, que está seduzida pelo pensamento da imortalidade, pergunta:

– Mestre, explica-me onde está a alma de minha menina. Eu beijarei o lugar como um sacrário e o adorarei, porque é um lugar de Deus.

– A alma! É como esta luz que a tua Faustina está querendo segurar, mas não pode, porque ela é incorpórea. Ela existe. Eu, tu e tuas amigas a vemos. A alma é visível em tudo aquilo que diferencia o homem do bruto. Quando a tua pequena te disser os seus primeiros pensamentos, aquela inteligência é a sua alma dela que se revela. Quando ela te amar, não com o instinto, mas com a razão, aquele amor é a sua alma. Quando ela crescer, bela ao teu lado, não somente no corpo, mas na virtude, que aquela beleza é a sua alma. Não adores a alma, mas a Deus que a criou, a Deus que de toda alma boa quer fazer um trono para Si.

– Mas, onde fica essa coisa incorpórea e sublime no coração? no cérebro?

– Fica no todo do homem. Ela contém o homem, e é contida nele. Quando ela vos deixa, sois cadáveres Quando ela é morta, pelo delito do homem contra si mesmo, estais condenados, separados de Deus para sempre.

– Portanto, Tu admites que o filósofo que disse que somos “imortais” tinha razão, ainda que ele fosse pagão? –pergunta Plautina.

– Eu não o admito. Mais do que isso, digo que é um artigo de fé. A imortalidade da alma, isto é, a imortalidade da parte superior do homem é o mistério mais certo e mais consolador para quem crê. É ele que nos dá a certeza de onde viemos, para onde vamos, de quem somos , e nos tira o amargor das separações.

167.13

Plautina fica pensando profundamente. Jesus a observa, calando-se. Depois, ela pergunta:

– E Tu, tens uma alma assim?

Jesus responde:

– Com toda a certeza.

– Mas, Tu és, ou não és, Deus?

– Sou Deus. Já disse. Agora assumi natureza de homem. Sabes por quê? Porque só com este sacrifício os problemas, que para a vossa razão são insuperáveis seriam solucionados.Depois de ter derrubado o erro, livrando o pensamento, podia livrar também a alma de uma escravidão que, por enquanto, não te posso explicar. Para isso encerrei a Sabedoria e, a Santidade em um corpo. Espalho a Sabedoria, como uma semente como o pólen aos ventos, e a Santidade que sai de uma preciosa ânfora quebrada, escorrerá sobre o mundo, na hora da Graça, santificando os homens. Então o Deus Desconhecido ficará conhecido.

– Mas Tu já és conhecido. Quem puser em dúvida o teu poder e a tua sabedoria, é mau ou mentiroso.

– Conhecido, Eu sou. Mas estamos apenas na aurora. O meio-dia é que vai ser cheio do conhecimento de Mim.

– Qual será o teu meio-dia? Um triunfo? Eu o verei?

– Na verdade, será um triunfo. Tu estarás lá. Porque em ti há náusea daquilo que sabes, e apetite do que não sabes. Tua alma tem fome.

– É verdade. Tenho fome da verdade.

– Eu sou a Verdade.

– Entrega-te, então a esta esfaimada.

– Basta que venhas à minha mesa. A minha palavra é pão de verdade.

167.14

– Mas, que dirão os nossos deuses, se os abandonamos? Não se vingarão de nós? –pergunta Lídia aterrorizada.

– Mulher: já viste uma manhã nevoada? Os prados desaparecem, debaixo de um vapor que os esconde. Depois vem o sol, o vapor se dissolve, e os prados aparecem mais belos. Assim são os vossos deuses, uma névoa do pobre pensamento humano que, não conhecendo Deus e tendo necessidade de crer, porque a fé é o estado permanente e necessário do homem, criou para si esse Olimpo, uma verdadeira fábula sem fundamento. Assim os vossos deuses, ao nascer do sol, à chegada do Deus Verdadeiro, se dissolverão em vossos corações, sem fazer mal a ninguém. Porque eles não existem.

– Vai ser preciso ouvir-te ainda… muito… Estamos completamente diante do desconhecido. O que Tu dizes é novo.

– Mas te repugna? Não podes aceitá-lo?

Plautina responde com firmeza:

– Não. Agora me sinto mais orgulhosa do pouquinho que sei, e que César não sabe, do que do meu nome.

– Então, persevera.

167.15

Eu vos deixo com a minha paz.

– O quê? Não ficas aqui, meu Senhor?

Joana está desolada.

– Não. Tenho muito que fazer…

– Oh! Eu te queria falar do meu sofrimento!

Jesus se põe a caminho, depois das saudações das romanas, vira-se e diz:

– Vem até a barca, para me dizeres os teus problemas.

Joana vai com Ele. E diz:

– Cusa está querendo mandar-me por algum tempo a Jerusalém, e eu estou sofrendo por isso. Ele quer assim, porque não quer que eu fique mais longe, já que agora estou sã…

– Tu também estás criando em ti névoas inúteis! –Jesus já está com o pé sobre a barca–. Se pensasses que dessa forma poderás hospedar-me e acompanhar-me com mais facilidade, irias ficar contente, dizendo: “Foi a Bondade que pensou nisso.”

– Oh! é verdade, meu Senhor. Eu nem tinha pensado nisso.

– Pensa, então! Obedece, como uma mulher de valor. A obediência te dará o prêmio de ter-me contigo na próxima Páscoa, e a honra de ajudar-me a evangelizar as tuas amigas. A paz esteja sempre contigo!

A barca se afasta, e tudo termina.


Notes

  1. parcelle de Dieu semble avoir été modifié en parcelle née de Dieu par une correction peu claire de Maria Valtorta sur une copie dactylographiée, sur laquelle elle a ajouté la note suivante : « Il ne faut pas donner au mot parcelle le sens de “ partie de Dieu ” infusée en nous, mais de “ lieu-trône ”, “ siège ” infusé ou “ spiré ” (par le “ souffle de vie ” dont parle Gn 2, 7) par Dieu, donc chose de Dieu venue de Dieu en l’homme. Saint Thomas d’Aquin l’appelle “ une capacité de Dieu ” que Dieu remplit de lui-même, afin que nous participions tous à sa vie divine. » Il faut garder à l’esprit cette explication de Maria Valtorta (ainsi que le texte de 10.9) chaque fois que l’œuvre parle de l’âme comme une “ partie ” ou une “ parcelle ” de Dieu. On le reliera aux notes qui se trouvent en 4.6, 54.5, 165.4, 170.4, 365.16, 444.4, 463.4, 524.7, 537.11.

Notas

  1. pequena parte de Deus mostra-se diferente em partícula nascida de Deus em correção pouco clara de MV em uma cópia datilografada na qual MV inseriu ainda a seguinte nota: Partícula não compreendida como “fragmento de Deus” penetra em nós, mas “lugar-trono”, “sede”inserida ou “aliada”(do “sopro da vida” do qual fala o v. 7 do II cap. do Gênesis) de Deus, portanto coisa de Deus, vinda de Deus ao homem. São Tomás de Aquino a chama de “uma capacidade” de Deus que Deus preenche de Si, porque nós participamos da sua vida divina. A explicação de MV deve-se ter presente – junto com o texto de 10.9 – cada vez que na obra se fala da alma como “parte” ou “partícula” de Deus. Esta se liga com as notas que se encontram em: 4.6 - 54.5 - 165.4 - 170.4 - 365.16 - 444.4 - 463.4 - 524.7 - 537.11