166.1
A mi-pente, Jésus rencontre de nombreux disciples, ainsi que beaucoup de gens qui se sont peu à peu unis aux disciples ; ce qui les a amenés là, à cet endroit isolé, c’est le besoin de miracle ou le désir d’entendre parler Jésus. Ils y sont venus en toute assurance, sur l’indication de gens ou par instinct spirituel. Je pense que ce sont leurs anges gardiens qui ont guidé vers le Fils de Dieu ceux qui désiraient Dieu. Je ne crois pas que ce soit de l’imagination. Si l’on réfléchit à la rapidité et à l’astuce constantes avec lesquelles Satan amenait des ennemis à Dieu et à son Verbe dans les moments où l’esprit du démon pouvait faire apparaître aux hommes une apparence de faute chez le Christ, il est permis de penser – plus que permis, d’ailleurs, il est juste de penser – que les anges ne se sont pas montrés inférieurs aux démons et ont amené au Christ des âmes libres de toute emprise démoniaque.
A toutes ces personnes qui l’ont attendu sans fatigue ni crainte, Jésus prodigue des secours en miracles et en paroles. Que de miracles ! C’est une floraison semblable à celle qui orne les pentes de la montagne : des miracles éclatants, comme celui d’un enfant qu’on a arraché à une meule de foin en flammes, atrocement brûlé. On l’a amené sur une civière, tel un amas de chair à vif qui geint plaintivement sous le drap dont on l’a recouvert tant son aspect est atroce. Il allait mourir. Jésus le guérit en soufflant sur lui et fait disparaître totalement les brûlures. L’enfant se lève, tout nu, et court allègrement vers sa mère qui, en pleurant de joie, caresse son corps complètement guéri, sans la moindre trace de cicatrice. Elle donne un baiser sur ses yeux qu’elle croyait perdus et qui, au contraire, sont pleins de vivacité et brillent de joie ; elle embrasse ses cheveux, courts comme si la flamme les avait coupés sans les détruire. Il y a aussi le miracle de ce vieillard pris par des quintes de toux qui dit :
« Ce n’est pas pour moi, mais parce que je dois servir de père à mes petits-enfants orphelins ; or je ne peux travailler le sol avec ces humeurs qui me restent dans la gorge et m’étouffent… »
Et encore ce miracle invisible, mais non moins certain, que provoque cette parole de Jésus :
« L’un de vous pleure en son âme et n’ose pas demander “ Aie pitié ! ” Je lui réponds : “ Qu’il en soit comme tu le demandes. Toute pitié. Afin que tu saches que je suis la Miséricorde. ” Seulement, à mon tour je te demande : “ Fais preuve de générosité. Montre-toi généreux avec Dieu. Romps tout lien avec le passé. Tu entends Dieu, et puisque tu l’entends viens à lui d’un cœur libre et avec un amour plénier. ” »
Dans toute cette foule, je ne sais à qui s’adressent ces mots.