Os Escritos de Maria Valtorta

371. Le jeudi avant la Pâque.

371. Quinta-feira antes da Páscoa.

371.1

C’est sûr, les disciples de Jésus ne brillent pas par leur héroïsme !

La nouvelle apportée par Judas fait l’effet d’une apparition d’épervier au-dessus d’une cour remplie de poussins ou d’un loup à proximité d’un troupeau ! L’épouvante, ou pour le moins le trouble, se lit sur neuf visages sur dix, et sur ceux des hommes en particulier. Je crois que plusieurs ont déjà l’impression d’être passés au fil de l’épée ou flagellés, et le moindre qu’ils imaginent, c’est de connaître les secrets des prisons dans l’attente d’un procès.

Les femmes sont moins agitées : elles se font plutôt du souci pour leurs fils ou leurs maris, et elles conseillent aux uns et aux autres de s’égailler par petits groupes et de se disperser dans la campagne.

Marie de Magdala s’élève contre ce flot de crainte exagérée :

« Ah ! que de gazelles il y a en Israël ! N’avez-vous pas honte de trembler ainsi ? Je vous ai dit que vous serez plus en sûreté dans mon palais que dans une forteresse. Venez donc ! Je vous donne ma parole qu’il ne vous arrivera rien. Si, en plus de ceux que Jésus a désignés, d’autres pensent être en sécurité chez moi, qu’ils viennent. Il y a des lits et des couchettes pour une centurie. Allons, décidez-vous au lieu de mourir de peur ! Je prie seulement Jeanne de nous faire suivre par des serviteurs avec des vivres, car, au palais, il n’y en a pas pour tant de monde, et maintenant le soir arrive. Un bon repas est le meilleur moyen de rendre courage aux peureux. »

Elle n’est pas seulement imposante dans son habit blanc, mais une certaine ironie luit dans ses yeux splendides tandis que, du haut de sa taille, elle regarde le troupeau apeuré qui se presse dans le vestibule de Jeanne.

« Je m’en occupe tout de suite. Partez donc. Jonathas va vous suivre avec des serviteurs, et moi avec lui, puisqu’on m’accorde la joie de suivre le Maître, et sans peur, je vous l’assure, à tel point que j’emmène les enfants avec moi » dit Jeanne.

A ces mots, elle se retire pour donner des ordres pendant que les premières avant-gardes de cette armée craintive passent précautionneusement la tête par le portail et, voyant qu’il n’y a rien à redouter, osent sortir dans la rue et s’éloigner, suivies des autres.

Le groupe des vierges est au milieu, immédiatement après Jésus, qui est dans les premiers rangs. Derrière les vierges viennent les femmes ; puis les moins… courageux, qui sont protégés par Marie, sœur de Lazare, qui s’est jointe aux Romaines, bien décidées à ne pas se séparer de Jésus de sitôt. Mais ensuite, elle court en avant pour dire quelque chose à sa sœur et les sept Romaines restent avec Sarah et Marcelle, demeurées elles aussi à l’arrière-garde sur l’ordre de Marie, dans l’intention de faire passer les Romaines encore plus inaperçues.

Jeanne arrive à pas rapides avec les enfants qu’elle tient par la main. Jonathas la suit avec les serviteurs chargés de sacs et de paniers, qui se mettent en queue de la petite troupe. En réalité, personne ne les remarque, car les rues fourmillent de groupes qui rejoignent leurs maisons ou leurs campements. D’ailleurs, la pénombre rend les visages moins faciles à reconnaître. Maintenant, Marie de Magdala, accompagnée de Jeanne, Anastasica et Elise, est au tout premier rang et, par des chemins secondaires, elle conduit ses hôtes à son palais.

371.2

Jonathas marche pour ainsi dire au niveau des Romaines auxquelles il adresse la parole comme à des servantes des disciples les plus riches. Claudia en profite pour lui dire :

« Homme, je te prie d’aller appeler le disciple qui a apporté la nouvelle. Dis-lui de venir ici, mais fais-le de manière à ne pas attirer l’attention. Va ! »

Son vêtement a beau être modeste, c’est le ton involontairement impératif de quelqu’un d’habitué à commander. Jonathas écarquille les yeux en essayant de discerner à travers le voile baissé qui lui parle ainsi. Mais il ne peut voir que l’éclat des yeux autoritaires. Pourtant, il doit se rendre compte que la femme qui s’adresse à lui n’est pas une servante, et il s’incline avant d’obéir.

Il rejoint Judas qui discute avec animation avec Etienne et Timon, et il le tire par son vêtement.

« Que veux-tu ?

– J’ai quelque chose à te dire.

– Parle.

– Non. Viens en arrière avec moi. On te demande, pour une aumône, je crois… »

L’excuse est bonne et acceptée paisiblement par les compagnons de Judas et avec enthousiasme par lui-même. Il revient rapidement sur ses pas avec Jonathas.

Le voilà au dernier rang.

« Femme, voilà l’homme que tu voulais voir, dit Jonathas à Claudia.

– Je te suis reconnaissante de m’avoir rendu service » répond celle-ci en restant toujours voilée. Puis, s’adressant à Judas : « Te plairait-il de t’arrêter un moment pour m’écouter ? »

Judas entend une façon de parler très raffinée, il voit deux yeux splendides à travers le voile fin, peut-être pressent-il une grande aventure et il y consent sans difficulté.

371.3

Le groupe des Romaines se sépare et il reste avec Claudia, Plautina et Valéria ; les autres continuent.

Claudia regarde tout autour. Elle voit que le petit chemin où ils se sont arrêtés est isolé et, de sa très belle main, elle rejette en arrière son voile et découvre son visage.

Judas la reconnaît, et après un instant de surprise, il s’incline pour la saluer en mêlant des gestes juifs à des paroles romaines :

« Domina !

– Oui, c’est moi. Redresse-toi et écoute. Tu aimes le Nazaréen. Tu te soucies de son bien. Tu as raison. C’est un homme vertueux qu’il faut défendre. Nous le vénérons comme grand et juste. Les juifs ne le vénèrent pas. Ils le haïssent. Je le sais. Ecoute. Ecoute bien, rappelle-toi et mets en pratique. Moi, je veux le protéger, avec honnêteté et vertu, car je ne suis pas comme la luxurieuse de tout à l’heure. Quand ton amour et ta sagacité te permettront de voir qu’il y a un piège pour lui, viens ou envoie quelqu’un. Claudia peut tout sur Ponce Pilate. Claudia obtiendra la protection pour le Juste. Tu comprends ?

– Parfaitement, domina. Que notre Dieu te protège. Je viendrai, si je le peux, je viendrai personnellement. Mais comment arriver jusqu’à toi ?

– Demande toujours Albula Domitilla. C’est une seconde moi-même. Mais personne ne s’étonne si elle parle avec des juifs, car c’est elle qui s’occupe de mes libéralités. On te prendra pour un client. Cela t’humilie peut-être ?

– Non, domina. C’est un honneur que de servir le Maître et d’obtenir ta protection.

– Oui. Je vous protégerai. Je suis une femme, mais j’appartiens à la gens Claudia. J’ai plus de pouvoir que tous les grands d’Israël car, derrière moi, il y a Rome. Tiens, en attendant, pour les pauvres du Christ. C’est notre obole. Cependant… je voudrais qu’on me laisse parmi les disciples ce soir. Procure-moi cet honneur et tu seras un protégé de Claudia. »

Sur un homme comme Judas, ces mots de la patricienne ont un effet prodigieux. Il est au septième ciel… Il ose demander :

« Mais tu l’aideras vraiment ?

– Oui, son Royaume mérite d’être fondé, car c’est un royaume de vertu. Il sera le bienvenu pour s’opposer aux infamés qui pourrissent les royaumes actuels, et qui me dégoûtent. Rome est grande, mais le Rabbi est bien plus grand que Rome. Sur nos insignes, nous avons les aigles et l’orgueilleuse devise de Rome, mais sur les siennes il y aura les Génies et son saint Nom. Rome et la terre seront grandes, vraiment grandes, quand elles mettront ce Nom sur leurs insignes et quand son signe sera inscrit sur les étendards et sur les temples, sur les arches et les colonnes. »

Judas est stupéfait, songeur, extatique. Il balance la lourde bourse qui lui a été donnée, machinalement et, en hochant la tête, il dit : “ oui, oui, oui ” à tout.

« Maintenant donc, allons les rejoindre. Nous sommes alliés, n’est-ce pas ? Alliés pour protéger ton Maître et le Roi des âmes honnêtes. »

Elle descend son voile et, rapide, agile, elle part presque en courant rejoindre le groupe qui l’a précédée, suivie des autres et de Judas qui a le souffle court, non pas tant par la course qu’à cause de ce qu’il a entendu. Le palais de Lazare est en train d’avaler les derniers groupes de disciples quand ils l’atteignent. Ils entrent rapidement, et le portail de fer se referme avec le grand bruit de ferraille des verrous poussés par le gardien.

371.4

Une seule lampe, portée par la femme du gardien, a du mal à éclairer le vestibule carré entièrement blanc du palais de Lazare. On comprend que la maison de Jérusalem n’est pas habitée, bien qu’elle soit gardée et tenue en ordre. Marie et Marthe conduisent les hôtes dans un vaste salon, qui sert sûrement pour les banquets, aux murs luxueux couverts d’étoffes précieuses, qui montrent leurs arabesques à mesure qu’on allume les lampadaires et qu’on place des lampes sur les crédences, sur les coffres précieux disposés le long des murs, ou sur les tables qui s’y appuient, toutes prêtes à servir, mais inutilisées depuis un certain temps. Mais Marie ordonne de les apporter au milieu de la salle et de les préparer pour le souper avec les vivres que les serviteurs de Jeanne sortent des sacs et des paniers et posent sur les crédences.

Judas prend Pierre à part et lui murmure quelque chose à l’oreille. Je vois Pierre écarquiller les yeux et secouer la main comme s’il s’était brûlé les doigts :

« Foudres et cyclones ! Mais que dis-tu là ?

– Oui. Regarde et réfléchis ! Ne plus avoir peur ! N’être plus ainsi angoissé !

– Mais c’est trop beau, trop beau ! Qu’est-ce qu’elle a dit ? Qu’elle nous protège vraiment ? Que Dieu la bénisse ! Mais laquelle est-ce ?

– Celle qui a un vêtement couleur de tourterelle sauvage, grande, mince. Tiens ! elle nous a vus… »

Pierre regarde cette femme de haute taille, au visage régulier et sérieux, aux yeux doux et pourtant impérieux.

« Et… comment as-tu fait pour lui parler ? Tu n’as pas eu…

– Non, pas du tout.

– Et pourtant tu haïssais les contacts avec eux ! Comme moi, comme tous…

– Oui, mais j’ai surmonté mon dégoût par amour pour le Maître. Comme j’ai surmonté le désir de rompre avec les anciens compagnons du Temple… Tout pour le Maître ! Vous tous, et ma mère avec vous, vous croyez à de la duplicité. Toi, récemment, tu m’as reproché mes amitiés. Mais si je ne les conservais pas — avec beaucoup de difficultés, d’ailleurs —, je ne saurais pas tant de choses. Ce n’est pas bien de se mettre un bandeau sur les yeux et de la cire dans les oreilles de peur que le monde n’entre en nous par les yeux et les oreilles. Quand on est dans une entreprise semblable à la nôtre, il faut veiller à les avoir bien ouverts. Veiller pour lui, pour son bien, pour sa mission, pour la fondation de ce royaume béni… »

Un grand nombre d’apôtres et quelques disciples se sont approchés et écoutent avec des signes de tête approbatifs. Car on ne peut pas dire que Judas parle mal ! Honnête et humble, Pierre le reconnaît :

« Tu as parfaitement raison ! Pardonne mes reproches. Tu vaux mieux que moi, tu sais y faire. Allons dire ça au Maître, à sa Mère, à la tienne ! Elle était si angoissée !

– Par tout ce que de mauvaises langues ont insinué… Mais pour l’instant, tais-toi. Après, plus tard. Tu vois ? Ils s’asseyent à table et le Maître nous fait signe d’y aller… »

371.5

… Le dîner est vite expédié. Même les Romaines, assises aux tables des femmes, mêlées à elles — de sorte que Claudia est placée entre Porphyrée et Dorca —, mangent en silence ce qu’on leur sert. De mystérieuses paroles faites de sourires et de clins d’œil circulent entre Jeanne, Marie de Magdala et elles. On dirait des écolières en vacances.

Après le repas, Jésus ordonne de former un carré de sièges et d’y prendre place pour l’écouter. Il se met au milieu et commence à parler au centre du carré de visages attentifs où il n’y a de fermés que les yeux innocents du bébé de Dorca qui dort sur le sein de sa mère, et où vont tomber de sommeil ceux de la petite Marie, blottie dans les bras de Jeanne, et de Matthias, qui s’est assi sur les genoux de Jonathas.

« Disciples hommes et femmes, rassemblés ici au nom du Seigneur, ou attirés ici par le désir de la vérité, désir qui vient encore de Dieu qui veut lumière et vérité dans tous les cœurs, écoutez.

Ce soir, il nous est accordé d’être tous unis, et nous le devons justement à la méchanceté de ceux qui veulent nous disperser. Et vous ne savez pas, vous dont les sens sont bornés, à quel point cette union véritable est profonde et vaste : c’est la vraie aurore des unions futures qui existeront quand le Maître ne sera plus parmi vous charnellement, mais sera en vous par son esprit. Alors, vous saurez aimer. Alors, vous saurez pratiquer l’amour. Pour l’instant, vous êtes comme des enfants encore au sein. Alors, vous serez comme des adultes qui peuvent goûter n’importe quelle nourriture sans que cela leur nuise. Alors, vous saurez dire, comme moi : “ Venez à moi, vous tous, parce que nous sommes frères et que c’est pour tous qu’il s’est immolé. ”

371.6

Il y a trop de préjugés en Israël ! Ce sont autant de flèches qui lèsent la charité. A vous, mes fidèles, je parle ouvertement, car parmi vous il n’y a pas de traîtres, ni de gens remplis d’antipathies qui séparent, qui se changent en incompréhension, en entêtement, en haine pour moi qui vous indique les routes de l’avenir. Je ne puis parler autrement. Et désormais je m’exprimerai moins, parce que je constate que les paroles sont inutiles ou presque. Vous avez eu de quoi vous sanctifier et vous instruire d’une manière parfaite. Mais vous vous êtes peu élevés, spécialement vous, mes frères hommes, car la parole vous plaît, mais vous ne la mettez pas en pratique. Dorénavant et de plus en plus fréquemment, je vous ferai faire ce que vous devrez accomplir quand le Maître sera retourné au Ciel d’où il est venu. Je vous ferai assister à ce qu’est le prêtre de l’avenir. Plus que mes paroles, observez mes actes, répétez-les, apprenez-les, joignez-les à l’enseignement. Alors vous deviendrez des disciples parfaits.

Qu’a fait le Maître aujourd’hui, et que vous a-t-il fait faire et pratiquer ? La charité sous ses multiples formes. La charité envers Dieu. Non seulement la charité de prières vocales, rituelles, mais la charité active qui renouvelle dans le Seigneur, qui dépouille de l’esprit du monde, des hérésies du paganisme. Car celui-ci n’existe pas seulement chez les païens, mais aussi en Israël, avec les mille coutumes qui se sont substituées à la Religion vraie, sainte, ouverte, simple, comme tout ce qui vient de Dieu. Il ne faut pas accomplir des actions bonnes, ou telles en apparence, pour obtenir les éloges des hommes, mais des actes saints pour mériter d’être loué par Dieu.

Celui qui est né, meurt. Vous le savez. Mais la vie ne finit pas avec la mort. Elle continue sous une autre forme et pour l’éternité avec une récompense pour celui qui aura été juste, et un châtiment pour celui qui aura été mauvais. Que cette pensée d’un certain jugement ne vous paralyse pas pendant votre vie et à l’heure de votre mort, mais qu’elle soit un stimulant et un frein, un stimulant qui pousse au bien, un frein qui écarte des mauvaises passions. Soyez donc réellement des amis du Dieu vrai, en agissant toujours au cours de votre vie avec l’intention de Le mériter dans la vie future.

Vous qui aimez les grandeurs, qu’y a-t-il de plus grand que de devenir des enfants de Dieu, des dieux par conséquent ? Vous qui craignez la douleur, quelle certitude de ne plus souffrir est-elle comparable à ce qui vous attend au Ciel ? Soyez saints. Vous voulez fonder un royaume dès cette terre ? Vous vous sentez en proie aux embûches et vous craignez de ne pas y réussir ? Si vous agissez en saints, vous réussirez. La puissance même qui nous domine ne pourra l’empêcher, malgré ses cohortes, car vous persuaderez celles-ci de suivre la doctrine sainte, de même que moi, sans violence, j’ai persuadé les femmes de Rome que la Vérité se trouve ici…

– Seigneur ! s’écrient les Romaines en se voyant découvertes.

– Oui, femmes.

371.7

Ecoutez et souvenez-vous-en. Je dis à mes disciples d’Israël, tout comme à vous, qui n’appartenez pas au peuple d’Israël, mais qui avez une âme droite, quel est le statut de mon Royaume.

Pas de révoltes, elles ne servent à rien. Mieux vaut sanctifier l’autorité en l’imprégnant de notre sainteté. Ce sera un travail de longue haleine, mais il sera victorieux. Avec douceur et patience, sans folles hâtes, sans déviations humaines, sans révoltes inutiles, en obéissant là où l’obéissance ne nuit pas à l’âme elle-même, vous arriverez à faire de l’autorité, qui maintenant nous domine avec le paganisme, une autorité protectrice et chrétienne. Faites votre devoir de sujets envers l’autorité, comme vous accomplissez celui de fidèles envers Dieu. Appliquez-vous à voir en tout pouvoir souverains non pas un oppresseur, mais quelqu’un qui vous élève, car il vous donne la possibilité de le sanctifier par votre exemple, et de vous sanctifier par votre héroïsme.

De même que vous êtes de bons fidèles et d’honnêtes citoyens, efforcez-vous d’être de bonnes épouses, de bons maris, saints, chastes, obéissants, affectueux l’un pour l’autre, unis pour élever vos enfants dans le Seigneur, pour être paternels et maternelles même avec vos serviteurs et esclaves : tout comme vous, ceux-ci ont une âme et une chair, des sentiments et des affections. Si la mort vous enlève votre compagnon ou votre compagne, ne désirez pas, si possible, faire un nouveau mariage. Aimez les orphelins même pour votre compagnon disparu. Quant à vous, serviteurs, soyez soumis à vos maîtres et, s’ils sont imparfaits, sanctifiez-les par votre exemple. Vous en obtiendrez un grand mérite aux yeux du Seigneur. A l’avenir, en mon nom, il n’y aura plus ni maîtres ni serviteurs, mais des frères. Il n’y aura plus de races, mais des frères. Il n’y aura plus d’opprimés et d’oppresseurs qui se haïssent, parce que les opprimés donneront le nom de frères à leurs oppresseurs.

Aimez-vous d’une même foi, en vous aidant l’un l’autre, comme je vous l’ai fait faire aujourd’hui. Mais ne limitez pas votre aide aux pauvres, aux pèlerins de votre race, ni à vos malades. Ouvrez les bras à tous comme la Miséricorde vous les ouvre à vous tous.

Que celui qui a davantage donne à celui qui n’a rien, ou peu. Que celui qui sait davantage instruise celui qui ne sait rien ou peu de chose, et qu’il instruise avec patience et humilité, en se souvenant qu’en vérité, avant mon enseignement, il ne savait rien. Recherchez la sagesse, non pour qu’elle vous fasse briller, mais pour qu’elle vous aide à avancer dans les voies du Seigneur.

Que les femmes mariées aiment les vierges, et réciproquement. Que les unes et les autres entourent les veuves d’affection. Vous êtes toutes utiles dans le Royaume du Seigneur. Que les pauvres n’aient pas d’envie, que les riches ne suscitent pas la haine par l’étalage de leurs richesses et leur dureté de cœur.

Prenez soin des orphelins, des malades, de ceux qui n’ont pas de maison. Ouvrez-leur votre cœur avant de leur ouvrir votre bourse et votre maison, car si c’est de mauvaise grâce que vous donnez, vous ne rendez pas honneur à Dieu, mais vous l’offensez, lui qui est présent en tout malheureux.

En vérité, en vérité je vous dis qu’il n’est pas difficile de servir le Seigneur. Il suffit d’aimer. Aimer le Dieu vrai, aimer son prochain, quel qu’il soit.

En toute blessure ou fièvre que vous soignerez, j’y serai. En tout malheur que vous soulagerez, je serai là. Et tout ce que vous ferez pour moi envers votre prochain, si c’est bien, c’est à moi que vous le ferez ; et si c’est mal, c’est à moi aussi que vous le ferez. Voulez-vous me faire souffrir ? Voulez-vous perdre le Royaume de paix, votre devenir de dieu, seulement en n’étant pas bons avec votre prochain ?

371.8

Jamais plus, nous ne serons unis ainsi. Il y aura d’autres Pâques… mais nous ne pourrons pas être ensemble pour bien des raisons. La première, à cause d’une prudence, sainte en partie et en partie exagérée — car tout excès est fautif —, qui nous obligera à être séparés. Les autres Pâques encore parce que je ne serai plus avec vous… Mais souvenez-vous de cette journée. Réitérez à l’avenir, et non pas pour la seule Pâque, mais en toute occasion, ce que je vous ai fait faire.

Je ne vous ai jamais bercés de faux espoirs sur la facilité de m’appartenir. M’appartenir, cela veut dire vivre dans la lumière et la vérité, mais aussi manger le pain de la lutte et des persécutions. Donc, plus votre amour sera fort, et plus vous serez résistants dans la lutte et les persécutions.

Croyez en moi, en ce que je suis réellement, Jésus Christ, le Sauveur, dont le Royaume n’est pas de ce monde, dont la venue signifie la paix pour les bons, dont la possession veut dire connaissance et jouissance de Dieu : car, vraiment, celui qui m’a en lui et qui est lui-même en moi est en Dieu, et possède Dieu spirituellement maintenant, puis dans le Royaume céleste pour l’éternité.

La nuit est tombée. Demain, c’est la Parascève. Allez. Purifiez-vous, méditez, faites une Pâque sainte.

Femmes d’une autre nation, et dont l’esprit est droit, allez. Que la bonne volonté qui vous anime vous soit un chemin pour venir à la lumière. Au nom de ceux qui sont pauvres comme je le suis moi-même, je vous bénis pour votre généreuse obole, ainsi que pour vos bonnes dispositions envers l’Homme qui est venu apporter la paix et l’amour sur la terre. Allez ! Et toi, Jeanne, et tous ceux qui ne craignent plus des embûches, allez aussi. »

371.9

Un murmure de stupeur parcourt l’assemblée au départ des romaines. Flavia, qui avait écrit sur des tablettes de cire les paroles de Jésus, les range dans une bourse et les romaines prennent congé par un salut collectif. Elles ne sont plus que six, car Egla reste auprès de Marie de Magdala. Jeanne, Jonathas et les serviteurs de Jeanne s’en vont en emportant les enfants endormis dans leurs bras. Or la stupeur est si grande qu’en dehors d’eux personne ne bouge. Mais quand le bruit du portail qui se ferme indique que les romaines sont sorties, une clameur succède au murmure.

« Mais qui sont-elles ?

– Comment sont-elles parmi nous ?

– Qu’est-ce qu’elles ont fait ? »

Et, plus haut que tous, Judas s’écrie :

« Comment connais-tu, Seigneur, la riche obole qu’elles m’ont donnée ? »

D’un geste, Jésus apaise le tumulte et dit :

« C’est Claudia et ses dames. Et alors que les grandes dames d’Israël, craignant la colère de leurs maris ou avec la même pensée et les mêmes sentiments qu’eux, n’osent venir à ma suite, ces païennes qu’on méprise savent venir, avec de saintes ruses, apprendre la Doctrine qui, même si elle est reçue pour l’instant avec des sentiments humains, sert toujours à les élever… Et cette fillette, qui était esclave, mais de race juive, est la fleur offerte par Claudia aux troupes du Christ, en la rendant à la liberté et en la donnant à la foi du Christ. En ce qui concerne ce que je sais de l’obole… oh, Judas ! Tous, sauf toi, pourraient me poser cette question ! Tu sais que, moi, je vois dans les cœurs.

– Alors tu as vu que j’ai dit la vérité quand j’ai parlé d’un piège que j’ai éventé en allant faire parler… des êtres coupables ?

– C’est vrai.

– Alors dis-le bien fort, pour que ma mère l’entende… Mère, je suis un jeune fou, mais pas un scélérat… Mère, faisons la paix. Comprenons-nous, aimons-nous, unis dans le service de notre Jésus. »

Et Judas, humble et affectueux, va embrasser sa mère qui lui dit :

« Oui, mon fils ! Oui, mon Judas ! Sois bon, sois toujours bon, mon enfant ! Pour toi, pour le Seigneur, pour ta pauvre maman ! »

371.10

Pendant ce temps plusieurs, dans la salle, s’agitent et font des commentaires ; beaucoup déclarent que c’est une imprudence d’avoir accueilli ces romaines et le reprochent à Jésus.

Judas l’entend, et il quitte sa mère pour défendre le Maître. Il raconte sa conversation avec Claudia et déduit :

« Ce n’est pas une aide méprisable. D’ailleurs, même sans l’avoir reçue auparavant parmi nous, nous n’avons pas évité la persécution. Laissons-la faire. Et rappelez-vous bien qu’il vaut mieux ne pas en parler à qui que ce soit. Pensez que si être amis des païens est dangereux pour le Maître, ça ne l’est pas moins pour nous. Le Sanhédrin qui, au fond, est retenu par peur de Jésus, par un reste de crainte de lever la main sur l’Oint de Dieu, n’aurait pas tant de scrupules à nous tuer comme des chiens, nous qui sommes de pauvres hommes quelconques. Au lieu de prendre cet air scandalisé, rappelez-vous que, tout à l’heure, vous étiez comme autant de moineaux effarouchés, et bénissez le Seigneur de nous aider par des moyens imprévus, illégaux si vous voulez, mais si puissants pour fonder le Royaume du Messie. Nous pourrons tout si Rome nous défend ! Ah ! moi, je n’ai plus peur de rien ! C’est un grand jour qu’aujourd’hui ! Plus que pour toutes les autres raisons, pour celle-là… Ah ! quand tu seras le Chef ! Quel pouvoir doux, fort, béni ! Quelle paix ! Quelle justice ! Le Royaume fort et bienveillant du Juste ! Et le monde qui vient lentement à lui !… Les prophéties qui se réalisent ! Les foules, les nations… le monde à tes pieds ! Ah ! Maître, mon Maître ! Tu seras le Roi, nous tes ministres… Sur la terre la paix, au Ciel la gloire… Jésus Christ de Nazareth, Roi de la race de David, Messie Sauveur, je te salue et je t’adore ! »

Alors Judas, qui semble en extase, se prosterne en concluant :

« Sur la terre, au Ciel et jusque dans les enfers, ton nom est connu et ton pouvoir sans limites. Quelle force peut te résister, ô Agneau et Lion, Prêtre et Roi, aint, saint, saint ? »

Et il reste courbé jusqu’à terre, dans la salle muette de stupeur.

371.1

Os seguidores de Jesus não brilham pelo seu heroísmo. A notícia levada pelo Judas é semelhante à aparição de um gavião sobre um terreiro cheio de pintinhos, ou a de um lobo, à beira da mata, perto de um rebanho. Espanto ou, pelo menos, angústia, é o que se vê provavelmente em uns nove décimos dos rostos presentes, e especialmente dos rostos masculinos. Eu acho que muitos já estão com a impressão do fio da espada ou do chicote contra a sua pele, e o menos em que pensam é que terão que provar as prisões nos cárceres, enquanto ficam à espera do processo.

As mulheres estão menos agitadas. Mais do que agitadas, elas estão pensativas, lembrando-se dos filhos ou dos maridos, e aconselhando a uns e a outros a se separarem em pequenos grupos pelas campinas.

Maria de Magdala não concorda com essa onda de um temor exagerado, e diz:

– Oh! Quantas gazelas há em Israel! Não ficais envergonhados, por tremerdes assim? Eu vos disse que no meu palácio estareis mais seguros do que numa fortaleza. Vinde, pois! E eu vos garanto que não vos acontecerá nada. Se, além dos designados por Jesus, houver outros que achem que estão seguros em minha casa, que venham. Lá há camas para cem pessoas. Vamos, decidí-vos em vez de ficardes aí a desmaiar de medo! Somente eu peço à Joana que mande criados, que vos atendam com alimentos. Porque no palácio não há para tanta gente, e já está tarde. Uma boa refeição é o melhor remédio para dar forças aos tímidos.

Ela, não só está bastante vistosa, com sua veste branca, mas também bastante irônica, até no brilho dos olhos, enquanto lá do alto do seu tamanho, olha para o rebanho espavorido, que se apinha no vestíbulo de Joana.

– Eu vou logo tomar providências. Ide, então, que Jônatas vos acompanhará, com os seus servos, e eu com ele, porque eu me concedo a alegria de acompanhar o Mestre, e sem medo, e vos garanto que vou tão sem medo, que até vou levando comigo as crianças –diz Joana.

Ela se afasta para dar ordens, enquanto a vanguarda do medroso exército põe cautelosamente a cabeça para fora do portão, e, vendo que não há perigo, resolve sair para a estrada, e começa a caminhar acompanhada pelos outros.

O grupo das virgens está no centro, logo atrás de Jesus, que está nas primeiras fileiras. Atrás das virgens, vêm as mulheres e depois os demais… os que estão com uma coragem vacilante, e estão indo, mas com as costas protegidas por Maria de Lázaro, que foi unir-se às romanas, decididas a não se afastarem de Jesus tão cedo. Mas Maria de Lázaro corre até lá adiante para ir dizer alguma coisa a sua irmã, enquanto as sete romanas ficam com Sara e Marcela, que também se puseram na retaguarda, por ordem de Maria, com a intenção de fazer que passem, sem serem notadas, as sete romanas.

Acabou de chegar, andando com passos rápidos, Joana com as crianças levadas pela mão, e atrás dela está Jônatas, com seus servos carregados de bolsas e de cestas, e que vão colocar-se à retaguarda da pequena multidão que, na verdade, ninguém está notando, porque as estradas estão cheias de grupos, que vão até às casas ou aos acampamentos, e a penumbra faz que fiquem menos reconhecíveis os rostos. Agora, Maria de Magdala, junto com Joana, Anastásica e Elisa, está bem na primeira fila, e vão guiando, por umas veredas secundárias, os seus hóspedes, até o palácio.

371.2

Jônatas vai caminhando quase ao lado das romanas, às quais ele dirige a palavra, como se o fizesse a servas das discípulas mais ricas. Cláudia se aproveita disso para dizer- lhe:

– Homem, eu te peço que vás chamar o discípulo que trouxe a notícia. Dize-lhe que venha aqui. Mas dize-o de maneira que não chame a atenção. Vai.

A veste é modesta, mas o modo é voluntariamente autoritário, como de quem está acostumado a comandar. Jônatas arregala os olhos, procurando ver, através do véu descido, quem é que lhe está falando assim. Mas não chega a ver senão o brilho de dois olhos imperiosos. E ele deve desconfiar que não é uma serva que falou, e, antes de obedecer, se inclina.

Jônatas encontra Judas de Keriot, que está falando animadamente com Estevão e com Timoneu, e o puxa pela veste.

– Que queres?

– Preciso dizer-te uma coisa.

– Dize-a.

– Não. Vem aqui atrás comigo. Estão precisando de ti. Acho que querem uma esmola…

O pretexto é bom, e é aceito em paz pelos companheiros de Judas e com entusiasmo pelo mesmo Judas, que vai lá para trás, tão rápido como Jônatas.

Chegaram à última fileira.

– Mulher, aqui está o homem que querias –diz Jônatas a Cláudia.

– Fico-te agradecida por me teres servido –responde ela, conservando-se sempre velada.

E depois, dirigindo-se a Judas:

– Que te seja agradável parar por um momento para me escutar.

Judas, ao ouvir aquele modo refinado de falar, e vendo também dois olhos brilhando através do véu transparente, talvez se julgue a caminho de alguma grande aventura, e consente sem dificuldade.

371.3

O grupo das romanas se divide. Ficam com Cláudia, Plautina e Valéria. As outras continuam a andar. Cláudia olha ao redor de si. Vê que o caminho está solitário, e que nele ficaram paradas, com sua bela mão põe para um lado o véu, e descobre o rosto.

Judas a reconhece e depois de um instante de hesitação, ele se inclina, fazendo-lhe a saudação com uma mistura de gestos judaicos e com uma palavra em latim:

– Domina!

– Sim. Sou eu. Levanta-te, e escuta. Tu amas o Nazareno. Tu te preocupas pelo bem dele. E fazes bem. É um homem virtuoso, e deve ser defendido. Nós o veneramos como grande e justo. Os judeus não o veneram. Eles o odeiam. Eu sei. Escuta. Procura entender bem, e executa. Eu o quero proteger. Não como a luxuriosa de pouco antes. Com honestidade e virtude. Quando o teu amor e a tua perspicácia te fizerem compreender que há ciladas contra Ele, vem, ou manda alguém. Cláudia pode tudo o que depende de Pôncio. Cláudia obterá proteção para o Justo. Entendes?

– Perfeitamente, Domina. O nosso Deus te proteja. Eu virei, sempre que puder, virei eu, pessoalmente. Mas, como irei a ti?

– Pergunta sempre por Álbula Domitila. Ela é uma segunda eu mesma, mas ninguém fica admirado, se ela estiver falando com judeus, pois ela é que cuida das minhas liberalidades. Todos vão pensar que tu és um cliente. Será que isso te humilha?

– Não, Domina. Servir ao Mestre e obter a tua proteção é uma honra.

– Sim. Eu vos protegerei. Eu sou uma mulher. Mas eu sou dos Cláudios. Posso mais do que todos os grandes em Israel, porque atrás de mim está Roma. Toma, por enquanto. Para os pobres de Cristo. É o nosso óbolo. Mas… eu quereria ser deixada entre os discípulos nesta tarde. Procura dar-me esta honra, e tu serás protegido pela Cláudia.

Para um tipo como o Iscariotes, as palavras da patrícia produzem um efeito prodigioso. Ele foi erguido ao sétimo céu… Mas ele se atreve a perguntar:

– E tu o ajudarás mesmo?

– Sim. O seu Reino merece ser fundado, porque é um reino de virtude. Que seja benvindo, em oposição às ondas imundas que cobrem os reinos atuais, e que me causam repugnância. Roma é grande, mas o Rabi é muito maior do que Roma. Nós temos as águias sobre as nossas insígnias, é a sigla soberba. Mas sobre as dele estarão os Gênios e o seu Santo Nome. Grande será Roma, e verdadeiramente grande, e também a Terra, quando colocarem aquele Nome sobre suas insígnias e o sinal dele estiver sobre os lábaros e sobre os templos, sobre os arcos e as colunas.

Judas está maravilhado, sonhador, extasiado. Agarra a pesada bolsa que lhe foi dada, e faz isso maquinalmente, e com a cabeça dá entender que sim, que sim, a tudo…

– Agora, então, vamos alcançá-los. Somos aliados, não é mesmo? Aliados para proteger o teu Mestre, o Rei dos espíritos honestos.

Ela desce o véu e, rápida, desembaraçada, vai, quase correndo, alcançar o grupo que vai na frente, acompanhada pelas outras e por Judas, que está ofegante, não tanto pela corrida, mas por aquilo que ouviu. O palácio de Lázaro está recebendo os últimos pares de discípulos, quando chegam a ele. Entram ligeiros, e o portão de ferro se fecha com um grande barulho dos ferrolhos, que vão sendo colocados pelo guarda.

371.4

Uma lâmpada solitária, segura pela mulher do guarda, mal clareia o vestíbulo quadrado e todo branco do palácio de Lázaro. Compreende-se que a casa não é habitada, porque está muito bem guardada e conservada em ordem. Maria e Marta vão guiando os hóspedes através de um vasto salão certamente destinado aos banquetes, com suas paredes faustosamente cobertas com estofos preciosos, que expõem à vista os seus arabescos, pouco a pouco, à medida que vão sendo acesos os lampadários, e colocadas as luzes sobre as credências, sobre os cofres preciosos, que estão colocados ao longo das paredes, ou sobre mesas postas a um lado, prontas para serem usadas, mas das quais certamente há tempo que não se faz uso. Maria manda, então, que elas sejam levadas para o centro da sala, e preparadas para a ceia, com os víveres que os servos de Joana estão tirando de dentro das bolsas e cestas, e pondo sobre as credências.

Judas conduz Pedro para um lado, e lhe diz qualquer coisa ao ouvido.

Vejo Pedro esbugalhar os olhos e sacudir a mão, como se tivesse queimado os dedos, enquanto exclama:

– Raios e ciclones! Mas, que é que estás dizendo?

– Sim. Olha. E pensa só! Não tenhas medo! Não fiques mais tão angustiado!

– Mas é belo demais! Demais! Como foi que ela disse? Disse mesmo que nos protege? Que Deus a abençoe. Mas, qual é?

– Aquela vestida da cor da pomba selvagem, alta e magra. Aquela que está olhando para nós…

Pedro olha para a mulher alta, de rosto regular e sério, de olhos doces, ainda que imperiosos.

– E como fizeste para falar-lhe? Não tiveste…

– Não tive mesmo.

– No entanto, tu odiavas os contatos com eles! Como também eu, como todos…

– Sim, mas eu superei esse ódio, por amor ao Mestre, como superei também o desejo de cortar minhas relações com os antigos companheiros do Templo… Oh! Tudo pelo Mestre! Vós todos, e minha mãe convosco, pensais que eu tenha falta de sinceridade. Tu, há pouco tempo, me censuraste pelas amizades que eu tenho. Mas, se eu não as mantivesse — o que seria uma pena — eu não saberia de muitas coisas que sei. Não é bom pormos vendas em nossos olhos, nem cera nos ouvidos, por medo de que o mundo penetre em nós pelos olhos e pelos ouvidos. Quando se está em um empreendimento como o nosso, é preciso cuidar de ter os olhos e os ouvidos mais do que abertos. Cuidar deles para o seu próprio bem, o da sua missão e o da fundação desse bendito Reino…

Muitos dos apóstolos e alguns discípulos se aproximaram, e estão escutando, com sinais de cabeça. Porque, de fato, não se pode dizer que Judas fale mal!

Pedro, homem honesto e humilde, o reconhece, e diz:

– De fato, tens razão. Perdoa as minhas censuras. Tu vales mais do que eu, pois sabes agir. Oh! Vamos dizer isso ao Mestre e à sua Mãe, e à tua! Ela estava muito angustiada!

– Foi porque umas más línguas insinuaram… Mas, por enquanto, cala-te! Depois, mais tarde. Estás vendo? Mal assentam-se à mesa, já o Mestre nos faz sinal para andarmos…

371.5

A ceia é rápida. Até as romanas, sentadas às mesas das mulheres e misturados a elas, de tal modo que a própria Cláudia está sentada entre Porfíria e Dorcas, todas estão comendo em silêncio aquilo que foi colocado em sua frente, e, por entre elas, Joana e Maria de Magdala, correm misteriosas palavras acompanhadas por sorrisos e piscadelas de olhos. Parecem umas jovens estudantes em férias.

Jesus, depois da ceia, manda que se faça um quadrado de cadeiras, e que todos tomem lugar nele para ouvi-lo. Ele vai pôr-se no centro, e começa a falar no meio do quadrado cheio de rostos atentos, dos quais só estão fechados os olhinhos inocentes do filhinho de Dorcas, que está dormindo no colo da mãe, e estão lutando contra o sono os de Maria, que está sentada sobre os joelhos da Joana, e os de Matias, que foi acocorar-se sobre os joelhos de Jônatas.

– Discípulos e discípulas aqui reunidos em Nome do Senhor, ou atraídos até aqui pelo desejo da Verdade, um desejo que vem também de Deus, que quer luz e verdade em todos os corações, ouvi.

Nesta tarde foi-nos concedido estarmos todos unidos, justamente quando a maldade quer dispersar-nos, e o procura fazer. E nem vós, de sentidos limitados, sabeis como é profunda e extensa esta união, verdadeira âncora das futuras, que se farão, quando o Mestre não estiver mais entre vós, com o seu corpo, mas estiver em vós com o seu espírito. Então é que vós sabereis amar. Então é que sabereis praticar. Por enquanto sois como meninos ainda de colo. Então, sereis como adultos, e podereis sentir o gosto de todos os alimentos, sem que eles vos façam mal. Então, sabereis dizer como Eu digo: “Vinde a Mim, vós todos, porque todos somos irmãos, e por todos Ele se imolou.”

371.6

Há prevenções demais em Israel! Todas elas são flechas que lesam a caridade. Eu falo a vós, ó fiéis, abertamente, porque entre vós não há traidores, nem os que estão cheios desses preconceitos que dividem, que se transformam em incompreensão, em obstinação, em ódio contra Mim, que vos mostro os caminhos do futuro. Eu não posso falar de modo diferente. E, de agora em diante, falarei menos, porque vejo que as palavras são inúteis, ou quase inúteis. Vós tendes ouvido já palavras para santificar-vos e instruir-vos de um modo perfeito. Mas pouco progredistes, especialmente vós, homens meus irmãos, porque a palavra vos agrada, mas, não a pondes em prática. De agora em diante, e com uma medida cada vez mais apertada, Eu vos mandarei fazer o que devereis fazer, quando o Mestre tiver voltado para o Céu, do qual Ele veio. Eu vos farei assistir ao que é o sacerdote futuro. Mais do que as minhas palavras, observai os meus atos, repeti-os, aprendei-os, uni-os ao ensinamento. Só então é que vos tornareis discípulos perfeitos.

Que fez e que vos mandou fazer hoje o Mestre? A caridade, em suas mil formas. A caridade para com Deus. Não oração somente vocal, ritual. Mas a caridade ativa, que, se renova no Senhor, que se despoja do espírito do mundo, das heresias do paganismo, o qual não existe apenas nos pagãos, mas que existe também em Israel, com os mil costumes que vieram substituir a verdadeira Religião, santa, aberta, simples, como tudo o que vem de Deus. Não fazendo atos bons, ou aparentemente tais, só para serdes louvados pelos homens, mas ações santas para merecerdes o louvor de Deus.

Quem nasceu, tem que morrer. Vós sabeis disso. Mas a vida não termina com a morte. Ela continua ou se transforma, e por toda a eternidade, com um prêmio para quem tiver sido justo, e com um castigo para quem foi mau. Este pensamento de que certamente haverá um julgamento não é para que ninguém fique parado durante a vida, nem na hora de morrer, mas que ele seja um estímulo e um freio; estímulo para praticar o bem, e freio que nos detém para que não pratiquemos más ações. Sede, pois, verdadeiros amantes do verdadeiro Deus, agindo nesta vida sempre com o fim de merecer a vida futura.

Oh, vós, que amais as grandezas, que grandeza existe maior do que a de vos tornardes filhos de Deus e, portanto, deuses? Oh, vós, que temeis a dor, que segurança tendes de não mais sofrer, como aquela que nos espera no Céu? Sede santos. Quereis fundar um reino também sobre a Terra? Percebeis que vos estão armando ciladas, estais com medo de não o conseguir? Se agísseis como santos, o conseguiríeis. Porque a mesma autoridade que nos domina, não poderá impedi-lo, por mais que tenha muitas coortes, porque vós persuadireis as coortes a seguir a doutrina santa, assim como, sem violência, eu persuadi as mulheres de Roma de que aqui está a Verdade…

– Senhor! –exclamam as romanas, vendo-se descobertas.

– Sim, mulheres.

371.7

Escutai, e lembrai-vos disso. Eu digo aos meus seguidores de Israel, e o digo a vós, que não sois de Israel, mas que tendes um espírito justo, qual é o estatuto do meu Reino.

Nada de revoltas, nada de escravidão. Mas santificar a autoridade, impregnando-a com a nossa santidade. Será um longo trabalho, mas acabará vitorioso. Com mansidão e paciência, sem pressas estultas, sem desvios humanos, sem revoltas inúteis, obedecendo nas coisas em que o obedecer não é nocivo à alma, vós chegareis a fazer da autoridade, que agora nos domina, uma autoridade protetora e cristã. Cumpri o vosso dever de súditos para com a autoridade, como cumpris o de fiéis para com Deus. Procurai ver em toda autoridade, não um opressor, mas um vosso elevador, pois vos dá o modo de santificá-lo, e de vos santificardes com o exemplo e o heroísmo.

Desejai ser como já o sois, bons fiéis e bons cidadãos, também bons maridos, boas mulheres, santos, castos, obedientes, amorosos um para com o outro, unidos para educar vossos filhos dentro da Lei do Senhor, para serdes paternais e maternais até com os criados e com os escravos, pois eles também têm alma e corpo, sentimentos e afetos como vós tendes. Se a morte vos tira o companheiro ou a companheira, se puderdes não fiqueis desejando novas núpcias. Amai os órfãos também, por causa do companheiro que desapareceu. E vós, servos, sede submissos aos vossos patrões e, se eles são imperfeitos, santificai-os com o vosso exemplo. Grande merecimento tereis por isso aos olhos do Senhor. No futuro, em meu Nome, não haverá mais patrões e servos, mas irmãos. Não haverá mais raças, mas irmãos. Não haverá mais oprimidos e opressores, que se odeiam, porque os oprimidos chamarão de irmãos aos opressores.

Amai-vos uns aos outros com fé, dando um ao outro a ajuda, como hoje Eu vos vou fazer. Mas, não limiteis a ajuda somente aos pobres, aos peregrinos, aos doentes da vossa raça. Abri vossos braços a todos, assim como a Misericórdia os abre hoje para vós. Quem tem mais, dê a quem não tem, ou tem pouco. Quem sabe mais, ensine a quem não sabe ou sabe pouco, e ensine com paciência e humildade, lembrando-se de que, na verdade, antes da minha instrução, não sabíeis nada. Procurai a sabedoria, não para brilhardes, mas como uma ajuda para andardes pelos caminhos do Senhor.

As mulheres casadas amem as virgens, e estas as casadas, e ambas deem afeto às viúvas. Todas são úteis no Reino do Senhor. Os pobres não invejem, e os ricos não criem ódios, com a demonstração de suas riquezas e a dureza de seu coração. Cuidai dos órfãos, dos doentes, dos que não têm casa. Abri o vosso coração, até mesmo antes de abrirdes a vossa casa, porque, se vós dais, mas de má vontade, não prestais a Deus uma honra, mas lhe fazeis uma ofensa, pois Ele está presente em cada infeliz.

Em verdade, em verdade, Eu vos digo que não é difícil servir ao Senhor. Basta amar. Amar o verdadeiro Deus, amar o próximo, seja ele quem for. Em toda ferida ou febre que curardes, lá Eu estarei. Em cada desventura que socorrerdes, lá Eu estarei. E tudo o que fizerdes a mim no próximo, se for um mal, também a Mim terá sido feito. Quereis fazer-me sofrer? Quereis perder o Reino da paz, quereis perder o direito de tornar-vos deuses, somente por desejardes não ser bons para com o vosso próximo?

371.8

Nunca mais seremos todos assim unidos. Virão outras Páscoas… e não poderemos estar juntos, por muitas causas. As primeiras: por causa de uma pendência que, por um lado, é santa, e, por outro, excessiva e todo excesso é uma culpa, pela qual nós deveremos ficar separados. E nas outras Páscoas também, por que Eu não estarei mais entre vós… Mas lembrai-vos deste dia de hoje. Fazei no futuro, e não só pela Páscoa, mas sempre, o que Eu vos mandar fazer.

Eu nunca vos quis iludir, falando de facilidade em me pertencer. Porque pertencer-me quer dizer viver na Luz e na verdade, mas também significa comer o pão da luta e das perseguições. Agora, porém, quanto mais fordes fortes no amor, mais fortes sereis na luta e na perseguição.

Crede em Mim. Pelo que Eu sou realmente: Jesus Cristo, o Salvador, cujo Reino não é deste mundo, cuja vinda traz paz para os bons, cuja posse quer dizer conhecer e possuir a Deus, porque verdadeiramente, quem me tem em si, e tem a si mesmo em Mim, está em Deus, e já possui a Deus em seu espírito, para tê-lo depois no Reino do Céu para sempre.

A noite chegou. Amanhã já é a Parasceve. Ide. Purificai-vos, meditai, fazei uma Páscoa santa.

Mulheres de outra raça, mas de espírito reto, ide. A boa vontade, que vos anima, vos sirva de caminho por onde chegar à Luz. Em nome dos pobres, como sou Eu mesmo, Eu vos abençoo por vosso óbolo generoso e vos abençoo por vossas boas intenções para com o Homem que veio trazer amor e paz sobre a Terra. Ide! E tu, Joana, e todos os que não estão mais com medo de ciladas, ide também.

371.9

Um murmúrio de espanto percorre a assembleia, enquanto as romanas, tendo guardado as tabuinhas enceradas, nas quais Flávia escreveu, quando Jesus estava falando, pondo-as numa bolsa, em número de seis, pois que Egla vai ficar com Maria de Magdala, enquanto as outras vão saindo, depois de uma saudação coletiva. Tão grande é o espanto, que nenhum dos presentes, a não ser Joana, Jônatas e os servos da Joana, que vão levando nos braços os pequeninos adormecidos, nenhum deles se move. Mas, quando o rumor soturno do portão que se fecha diz que as romanas já partiram, um grande clamor se faz ouvir, em lugar do murmúrio.

– Mas, quem são?

– Como estão entre nós?

– Que fizeram?

E, mais alto que os outros, grita Judas:

– Como sabes, Senhor, do valioso óbolo que me deram?

Jesus acalma o tumulto com um gesto, e diz:

– São Cláudia e suas damas. E, enquanto as damas de Israel, com medo da ira de seus maridos, ou com o mesmo pensamento e coração que eles, não têm coragem de se tornarem minhas seguidoras, as desprezadas pagãs, com santas astúcias, sabem vir aprender a Doutrina que, se bem que aceita, por enquanto de um modo humano, mas que é sempre para elas uma coisa que as eleva… E esta menina, já escrava, mas de raça judia, é a flor que Cláudia oferece às fileiras de Cristo, dando-lhe a liberdade, e oferecendo-a à fé de Cristo. Quanto a querer saber a respeito do óbolo… Oh! Judas! Todos, menos tu, poderiam fazer-me esta pergunta! Tu sabes que Eu vejo os corações.

– Então, estarás vendo que eu disse a verdade, quando disse que era uma cilada, e que eu a frustrei, indo fazer falar uns… uns seres culpados?

– É verdade.

– Dize-o, então, em voz alta, para que minha mãe o ouça. Minha mãe, eu sou um rapaz, mas não um velhaco… Minha mãe, vamos fazer as pazes. Compreendamo-nos, amemo-nos, estejamos unidos no serviço do nosso Jesus.

E o Judas vai humildemente, e todo amoroso, à sua mãe, que lhe diz:

– Sim, meu filho! Sim, Judas! Bem! Bem! Sê sempre bom, ó meu filho! Para ti, para o Senhor! Para a tua pobre mãe!

371.10

Enquanto isso, a sala está cheia de agitações e comentários, e muitos acham que foi uma imprudência ter acolhido as romanas, e censuram a Jesus.

Judas ouve. Deixa a mãe, e corre em defesa do Mestre. Conta o seu colóquio com Cláudia, e termina dizendo:

– Não é uma ajuda desprezível. Mesmo sem tê-la recebido antes entre nós, não fomos capazes de evitar perseguições. Deixemo-la agir. E lembrai-vos bem, é melhor calarmo-nos com quem quer que seja. Pensai que, se há perigo para o mestre, não o há menos para nós, por sermos amigos dos pagãos. O Sinédrio que, no fundo, está ainda detido por causa do medo de ir contra Jesus, pelo temor que ainda tem de levantar a mão contra o Ungido de Deus, mas que não teria tanto escrúpulo para nos matar como a uns cães, a nós que somos uns pobres homens quaisquer. Em vez de ficar mostrando uma cara de escandalizados, lembrai-vos de que faz pouco tempo que éreis como umas pessoas espavoridas, e bendizei ao Senhor, que nos ajudou, com meios em que ninguém tinha pensado, ainda que os queirais chamar de ilegais, mas bem fortes para fundar o Reino do Messias. Tudo poderemos, se Roma nos defender! Oh! Eu não tenho mais medo! Um grande dia é este de hoje! Mais do que por todas as outras coisas, mas por esta… Ah! Quando tu fores o Chefe! Que poder doce, forte e bendito! Que paz! Que justiça! O Reino forte e benévolo do Justo! E o mundo que vem vindo, pouco a pouco, para ele!… E as profecias que se cumprem! As turbas, as nações… O mundo aos teus pés! Oh! Mestre! Mestre meu! Tu, Rei, e nós os teus ministros… Na Terra a paz, no Céu a glória… Jesus Cristo de Nazaré, Rei da estirpe de Davi. Messias Salvador, eu te saúdo e te adoro!

E Judas, que parece arrebatado em êxtase, termina prostrando-se e dizendo:

– Na Terra, no Céu, e até nos Infernos é conhecido o teu Nome, e infinito é o teu poder. Que força poderá resistir a Ti, ó Cordeiro e Leão, Sacerdote e Rei, Santo, Santo, Santo? –e fica inclinado até o chão, na sala onde todos estão mudos pelo espanto.