370.1
« Que la paix soit sur cette maison et en tous ceux ici présents. »
C’est la salutation que Jésus adresse en entrant dans le vaste vestibule très luxueux, tout illuminé bien qu’il fasse encore jour.
Les lampes ne sont d’ailleurs pas inutiles, car s’il est vrai qu’il fait jour, il est aussi vrai que, dehors, le soleil est éblouissant dans les rues et sur les façades des maisons blanchies à la chaux. Mais ici, dans le vaste et surtout très long corridor qui sert de vestibule et traverse toute la maison, du portail massif au jardin dont on aperçoit au fond la verdure ensoleillée que la perspective fait paraître lointaine, il doit y avoir habituellement une pénombre qui est obscurité pour ceux qui viennent du dehors, les yeux éblouis par le grand soleil.
Aussi Kouza a-t-il pourvu à ce que les larges et nombreuses poêles de cuivre repoussé, fixées à intervalle régulier sur les deux murs, soient toutes éclairées, ainsi que le lampadaire central, un large bassin d’albâtre rosé avec, encastrées dans la transparence carnée de l’albâtre, des jaspes et autres écailles précieuses et multicolores qui, sous la lumière allumée à l’intérieur, resplendissent comme autant d’étoiles qui projettent des arcs-en-ciel sur les murs peints en bleu foncé, sur les visages, sur le dallage de marbre cipolin. On dirait que de petits éclairs se posent sur les murs, sur les visages, sur le sol, étincelles multicolores, minuscules et mouvantes, car le lampadaire se balance légèrement sous le courant d’air qui traverse le vestibule et qui déplace continuellement les facettes des écailles précieuses.
« Paix à cette maison » répète Jésus en s’avançant, tout en bénissant sans arrêt les serviteurs courbés jusqu’à terre, les hôtes étonnés d’être rassemblés là, tout près du Rabbi, dans un palais princier…