Os Escritos de Maria Valtorta

381. La parabole de l’intendant infidèle mais avisé.

381. A parábola do administrador infiel e perspicaz.

381.1

Une grande foule attend le Maître, éparpillée tout en bas des flancs d’un mont presque isolé. Il émerge d’un carrefour de vallées qui l’entourent et d’où ses pentes surgissent, ou plutôt bondissent, escarpées, abruptes, quelquefois vraiment à pic. Pour arriver au sommet, un raidillon taillé dans la roche calcaire érafle à certains endroits les parois en faisant des lacets et se trouve parfois pris entre la rampe de la montagne et un précipice. Ce sentier rocailleux, d’une couleur jaunâtre qui tire sur le rouge, a l’air d’un ruban jeté dans la verdure poussiéreuse de buissons bas et épineux. Je dirais que les feuilles sont elles-mêmes des piquants qui recouvrent les pentes arides et pierreuses, fleurissant çà et là en une fleur vivace rouge-violet semblable à un panache ou à un flocon de soie arraché aux vêtements de quelque malheureux passé par cette ronceraie. Ce revêtement tourmenté fait de pointes épineuses, d’un vert glauque, triste comme s’il était couvert d’une cendre impalpable, se répand par bandes jusqu’au pied de la montagne et sur le plateau entre ce mont et d’autres monts, tant au nord-ouest qu’au sud-est, alternant avec les premiers emplacements où il y a de l’herbe véritable et de véritables arbustes qui ne soient pas torture et inutilité.

Les gens sont cantonnés là, attendant patiemment la venue du Seigneur. Ce doit être le lendemain du discours aux apôtres, car la matinée est fraîche et la rosée n’est pas encore évaporée sur toutes les plantes. C’est surtout le cas à l’ombre, où elle embellit épines et feuilles, et change en gouttes de diamant les étranges fleurs des arbustes épineux. C’est certainement l’heure de beauté de cette triste montagne : aux autres heures, sous le soleil impitoyable ou dans les nuits de lune, elle doit avoir l’aspect horrible d’un lieu d’expiation infernale.

A l’est, on aperçoit une riche et grande ville dans une plaine très fertile. On ne voit pas autre chose de cette côte encore basse où se trouvent les pèlerins, mais au sommet l’œil doit jouir d’une vue incomparable sur les régions voisines. Je crois que l’altitude de la montagne doit permettre à l’horizon de s’étendre jusqu’à la Mer Morte et aux régions à l’est, comme aussi jusqu’aux chaînes de la Samarie et à celles qui cachent Jérusalem, mais je ne suis pas montée au sommet, donc…

Les apôtres circulent dans la foule et essaient de la tenir tranquille, en bon ordre, et de placer les malades aux meilleurs endroits. Ils sont aidés par des disciples, peut-être ceux qui travaillent dans la région et qui avaient conduit près de la frontière de la Judée les pèlerins désireux d’entendre le Maître.

381.2

Jésus apparaît tout à coup, portant un vêtement de lin blanc, et enveloppé de son manteau rouge pour concilier la chaleur des heures ensoleillées avec la fraîcheur des nuits qui ne sont pas encore des nuits d’été. Il regarde, sans être vu, les gens qui l’attendent et sourit. Il semble arriver par derrière le mont de faible altitude qui est à l’ouest, et il descend rapidement par le sentier difficile.

C’est un enfant qui l’aperçoit le premier. Peut-être a-t-il suivi un vol d’oiseaux qui se sont envolés des buissons, effrayés par une pierre qui a roulé d’en haut, ou peut-être Jésus a-t-il attiré son regard. A sa vue, il crie en sautant sur ses pieds :

« Le Seigneur ! »

Tous se retournent et voient Jésus qui est maintenant à peu de distance, deux cents mètres au maximum. Ils s’apprêtent à courir vers lui, mais il fait un geste et de sa voix qui arrive nettement, peut-être renforcée par l’écho de la montagne, il dit :

« Restez là où vous êtes. »

Et, toujours souriant, il descend vers ceux qui l’attendent, en s’arrêtant au point le plus élevé du plateau. De là, il salue :

« Paix à tous ! »

Puis, avec un sourire particulier, il répète cette salutation aux apôtres et aux disciples qui se serrent autour de lui.

Jésus est d’une beauté radieuse. Avec le soleil qui éclaire son visage et la pente verdâtre de la montagne derrière lui, on dirait une vision de rêve. Les heures passées dans la solitude, quelques faits ignorés de nous, peut-être un débordement sur lui des caresses du Père, je ne sais quoi, accentuent sa beauté toujours parfaite, la rendent glorieuse et imposante, paisible, sereine, je dirais même joyeuse. Il fait penser à un homme qui revient d’un rendez-vous d’amour et en porte avec lui la gaieté dans tout son aspect, dans son sourire, dans son regard. Ici, le reflet de cette rencontre d’amour, qui est divine, se communique à l’extérieur. C’est mille fois ce qu’on voit après le rendez-vous d’un pauvre amour humain. C’est une vision fulgurante. Elle subjugue l’assistance : frappés d’admiration, ils le contemplent en silence, comme s’ils étaient intimidés par l’intuition d’un mystère d’union du Très-Haut avec son Verbe… C’est un secret, une heure surnaturelle d’amour entre le Père et le Fils. Personne ne la connaîtra jamais. Mais le Fils en conserve l’empreinte comme si, après avoir été le Verbe du Père tel qu’il est au Ciel, il avait du mal à redevenir le Fils de l’homme. L’infini, la sublimité a du mal à redevenir “ l’Homme ”. La divinité déborde, explose, irradie de l’humanité comme une huile suave d’un vase d’argile poreux ou la lumière venant d’une fournaise à travers un voile de verre translucide.

Jésus baisse ses yeux rayonnants, incline son visage bienheureux, cache son prodigieux sourire en se penchant sur les malades qu’il caresse et guérit, et qui regardent avec étonnement ce visage de soleil et d’amour penché sur leur misère pour leur donner de la joie. Mais il doit enfin lever la tête et montrer aux foules ce qu’est le visage du Pacifique, du Saint, du Dieu fait chair, encore tout enveloppé de la luminosité laissée par l’extase. Il répète :

« Paix à vous. »

Même sa voix est plus musicale que d’ordinaire, elle fait entendre des notes douces et triomphales… Puissante, elle se répand sur les auditeurs muets, recherche les cœurs, les caresse, les touche, les convie à l’amour.

Une bande de pharisiens, secs et revêches, plus épineux et hostiles que la montagne elle-même, se tient debout dans un coin comme des statues de l’incompréhension et de la hargne. Un autre groupe, habillé de blanc, s’est placé de côté et écoute du haut d’un talus : j’entends Barthélemy et Judas indiquer qu’il s’agit d’esséniens et Pierre murmurer :

« Cela fait un poulailler d’éperviers en plus ! »

Ces deux groupes exceptés, tout le monde est fort ému.

« Oh ! laisse-les faire. Le Verbe est pour tous ! » dit Jésus à son Pierre avec un sourire, en faisant allusion aux esséniens.

381.3

Puis il se met à parler.

« Ce serait beau si l’homme était parfait comme le veut le Père des Cieux : parfait dans toutes ses pensées, ses affections, ses actes. Mais l’homme ne sait pas l’être. Il utilise mal les dons de Dieu, qui a accordé à l’homme la liberté d’agir, mais en lui demandant de faire ce qui est bien, en lui conseillant ce qui est irréprochable pour que l’homme ne puisse pas dire : “ Je ne savais pas. ”

Comment l’homme se sert-il de la liberté que Dieu lui a accordée ? Comme le ferait un enfant pour la plus grande partie de l’humanité, et comme un inconscient, ou comme un criminel pour le reste de l’humanité. Mais ensuite vient la mort, et l’homme est soumis au Juge qui lui demandera sévèrement : “ Comment as-tu usé et abusé de ce que je t’ai donné ? ” Terrible question ! les biens de la terre, pour lesquels si souvent l’homme se rend pécheur, paraîtront alors moins que rien ! Pauvre d’une indigence éternelle, dépouillé d’un vêtement que rien ne peut remplacer, il se tiendra humilié et tremblant devant la Majesté du Seigneur, et il ne trouvera pas de mot pour se justifier. Car s’il est aisé, sur terre, de se justifier en trompant les pauvres hommes, au Ciel, c’est impossible. On ne peut tromper Dieu. Et Dieu ne s’abaisse pas à des compromis. Jamais.

Dans ce cas, comment se sauver ? Comment faire pour que tout serve au salut, même ce qui est venu de la Corruption ? C’est elle qui a appris à voir des instruments de richesse dans les métaux précieux et les joyaux, et qui a allumé les désirs de puissance et les appétits charnels. L’homme, riche ou pauvre, pourra-t-il jamais se sauver, lui qui, si pauvre qu’il soit, peut toujours pécher en désirant immodérément l’or, les honneurs et les femmes et devient même parfois voleur pour obtenir ce que le riche possédait ? Si, il le peut. Et comment ? En faisant servir l’abondance au Bien, en faisant servir la misère au Bien. Le pauvre qui n’envie pas, qui n’insulte pas, qui ne porte pas atteinte à ce qui appartient à autrui, mais se contente de ce qu’il a, utilise son humble état pour obtenir sa future sainteté. En vérité, la plupart des pauvres savent agir ainsi. Les riches y arrivent moins souvent, car pour eux la richesse est un piège continuel de Satan, de la triple concupiscence.

381.4

Mais écoutez une parabole, et vous verrez que les riches eux aussi peuvent se sauver en dépit de leur fortune, ou réparer leurs erreurs passées en faisant bon usage de leurs biens, même s’ils ont été mal acquis. Car Dieu, le Très-Bon, laisse toujours à ses enfants de nombreux moyens de se sauver.

Il y avait donc un riche qui avait un intendant. Certains, qui étaient ses ennemis parce qu’ils enviaient sa bonne situation, ou bien très amis du riche et par conséquent soucieux de son bien-être, accusèrent l’intendant devant son maître.

“ Il dissipe tes biens. Il se les approprie, ou bien il néglige de les faire fructifier. Fais attention ! Défends-toi ! ”

Après avoir entendu ces accusations réitérées, le riche ordonna à l’intendant de comparaître devant lui. Il lui dit :

“ On m’a rapporté à ton sujet telle et telle chose. Pourquoi donc as-tu agi de cette façon ? Rends-moi compte de ta gestion, car je ne te permets plus de t’en occuper. Je ne puis me fier à toi, et je ne peux donner un exemple d’injustice et de laisser-faire qui encouragerait mes autres serviteurs à agir comme tu l’as fait. Va et reviens demain avec toutes les écritures, pour que je les examine afin de me rendre compte de l’état de mes biens avant de les confier à un nouvel intendant. ”

Et il renvoya l’homme, qui partit, très soucieux, et qui réfléchit :

“ Que vais-je faire, maintenant que le maître me retire ma charge ? Je n’ai pas d’économies parce que, persuadé comme je l’étais de me tirer d’affaire, je dépensais tout ce que je prenais. M’embaucher comme paysan sous l’autorité d’un maître, c’est inenvisageable pour moi, car je ne suis plus habitué au travail et la bonne chère m’a alourdi. Demander l’aumône, cela me va encore moins. C’est trop humiliant ! Que faire ? ”

En réfléchissant longuement, il trouva un moyen de sortir de sa pénible situation. Il dit :

“ J’ai trouvé ! De la même façon que je me suis assuré jusqu’à présent une existence confortable, désormais je vais m’assurer des amis qui me recevront par reconnaissance lorsque je n’aurai plus l’intendance. Celui qui rend service a toujours des amis. Allons donc rendre service, pour qu’on en fasse autant à mon égard, et allons-y tout de suite, avant que la nouvelle ne se répande et qu’il ne soit trop tard. ”

Il alla trouver plusieurs débiteurs de son maître, et dit au premier :

“ Combien dois-tu à mon maître pour la somme qu’il t’a prêtée il y a trois ans, au printemps ? ”

L’autre répondit :

“ Cent barils d’huile pour la somme et les intérêts. ”

“ Oh ! mon pauvre ! Toi qui as tant d’enfants, dont certains sont malades, devoir verser un tel montant ? Mais ne t’a-t-il pas prêté la valeur de trente barils ? ”

“ Si. Mais j’étais dans un besoin pressant, et il m’a dit : ‘ Je te le prête, mais à condition que tu me rembourses ce que cette somme te rapportera en trois ans. ’ Elle m’a rapporté une valeur de cent barils, et je dois les lui verser. ”

“ Mais c’est un usurier ! Non, non. Lui, il est riche et tu as à peine de quoi manger. Il a peu de famille, et toi une famille nombreuse. Ecris que cela t’a rapporté cinquante barils et n’y pense plus. Je jurerai que c’est vrai, et tu en profiteras. ”

“ Mais tu ne me trahiras pas ? S’il vient à savoir ? ”

“ Penses-tu ! C’est moi l’intendant, et ce que je jure est sacré. Fais ce je te conseille, et sois heureux. ”

L’homme écrivit, signa et dit :

“ Sois béni ! Mon ami et mon sauveur ! Comment t’en récompenser ? ”

“ Mais en aucune façon ! Néanmoins, si à cause de toi je devais souffrir et être chassé, m’accueillerais-tu par reconnaissance ? ”

“ Mais bien sûr ! Bien sûr ! Tu peux y compter. ”

L’intendant alla trouver un autre débiteur auquel il tint à peu près le même langage. Celui-ci devait rendre cent boisseaux de blé car pendant trois années la sécheresse avait détruit ses récoltes, et il avait dû emprunter au riche pour nourrir sa famille.

“ Mais tu n’y penses pas : rendre le double de ce qu’il t’a prêté ! Refuser du blé ! Exiger le double de quelqu’un qui a faim et qui a des enfants, alors que les vers attaquent ses réserves trop abondantes ! Ecris quatre-vingts. ”

“ Mais s’il se souvient qu’il m’en a donné vingt, puis vingt, puis encore dix ? ”

“ Mais de quoi veux-tu qu’il se souvienne ? C’est moi qui te les ai prêtés, or moi je ne veux pas m’en souvenir. Fais ainsi, et tire-toi d’affaire. Il faut de la justice entre pauvres et riches ! Pour moi, si j’étais le patron, je n’en réclamerais que cinquante, et je t’en ferais peut-être même cadeau. ”

“ Tu es bon. Si tout le monde était comme toi ! Souviens-toi que ma maison est pour toi une maison amie. ”

L’intendant alla chez les autres avec la même méthode, se déclarant prêt à souffrir pour remettre les choses en place avec justice. Cela lui valut une pluie de promesses d’aides et de bénédictions.

381.5

Rassuré sur son avenir, il alla tranquillement trouver son maître qui, de son côté, avait filé l’intendant et découvert son petit jeu. Il le loua pourtant :

“ Ta manière d’agir n’est pas bonne, et je ne l’approuve pas. Mais je loue ton habileté. En vérité, en vérité, les enfants du siècle sont plus avisés que ceux de la Lumière. ”

Ces mots du riche, je vous les dis moi aussi :

“ La fraude n’est pas belle, et je n’approuverai jamais personne de s’y livrer. Mais je vous exhorte à être au moins comme les enfants du siècle, habiles à utiliser les moyens du siècle, pour les faire servir de monnaie pour entrer dans le Royaume de la Lumière. ” Pour le dire autrement : faites-vous des amis avec les richesses terrestres, ces moyens injustement répartis et employés à l’acquisition d’un bien-être passager, sans valeur dans le Royaume éternel : ces amis vous en ouvriront les portes. Faites du bien avec les moyens dont vous disposez, restituez ce que vous ou d’autres de votre famille ont pris indûment, libérez-vous de votre attachement maladif et coupable aux richesses. Tout cela sera comme des amis qui, à l’heure de votre mort, vous ouvriront les portes éternelles et vous recevront dans les demeures bienheureuses.

Comment pouvez-vous exiger que Dieu vous donne ses richesses paradisiaques, s’il voit que vous ne savez pas faire bon usage même des biens terrestres ? Voulez-vous — par quelque supposition impossible — qu’il admette dans la Jérusalem céleste des éléments dissipateurs ? Non, jamais. Là-haut, on vivra dans la charité, la générosité et la justice. Tous pour Un et tous pour tous. La communion des saints est une société active et honnête, c’est une société sainte. Et il n’y a personne qui puisse y entrer, s’il s’est montré injuste et infidèle.

Ne dites pas : “ Là-haut, nous serons fidèles et justes, car là-haut nous aurons tout sans crainte d’aucune sorte. ” Non. Qui est infidèle en peu de chose serait infidèle même s’il possédait le Tout[1], et qui est injuste dans les petites occasions le sera dans les grandes. Dieu ne confie pas ses vraies richesses à celui qui, dans l’épreuve terrestre, montre qu’il ne sait pas utiliser les biens terrestres. Comment pourrait-il vous donner un jour au Ciel la mission de soutenir vos frères sur la terre, quand vous avez montré que vous ne savez que soutirer et frauder ou conserver avidement ? Il vous refusera donc votre trésor, celui qu’il vous avait réservé, pour le donner à ceux qui ont su être avisés sur la terre, en faisant servir à des œuvres justes et saines ce qui est injuste et malsain.

Personne ne peut servir deux maîtres. Car il sera du parti de l’un ou de l’autre, et il haïra l’un ou l’autre. Les deux maîtres que l’homme peut choisir sont Dieu ou Mammon. Mais si vous voulez appartenir au premier, vous ne pouvez revêtir les uniformes, écouter la voix, employer les moyens du second. »

381.6

Une voix s’élève du groupe des esséniens :

« L’homme n’est pas libre de choisir. Il est obligé de suivre sa destinée. Nous ne disons pas qu’elle est distribuée sans sagesse. Au contraire, la Pensée parfaite a établi, pour un dessein parfait qu’elle a fixé, le nombre de ceux qui seront dignes des Cieux. C’est en vain que les autres s’efforceront d’y arriver. C’est ainsi. Il ne peut en être autrement. Quelqu’un qui sort de sa maison peut trouver la mort à cause d’une pierre qui se détache de la corniche, alors qu’un autre, au plus fort d’une bataille, peut s’en tirer sans la moindre blessure ; de la même façon, celui qui veut se sauver alors que cela n’est pas écrit, ne fera que pécher même sans le savoir, parce que sa damnation est préétablie.

– Non, homme. Il n’en est pas ainsi, détrompe-toi. Avec de telles idées, tu fais une grave injure au Seigneur.

– Pourquoi ? Démontre-le-moi et je changerai d’avis.

– Parce que, en disant cela, tu admets mentalement que Dieu est injuste envers ses créatures. Il les a créées de la même façon et avec un même amour. Il est Père, parfait dans sa paternité comme en tout autre attribut. Comment donc pourrait-il faire des différences, et maudire un homme à peine conçu, alors qu’il n’est qu’un embryon innocent ? Dès ce moment où il est incapable de pécher ?

– Pour se venger de l’offense qu’il a subie de l’homme.

– Non. Dieu ne se venge pas ainsi ! Il ne se contenterait pas d’un misérable sacrifice tel que celui-là, d’un sacrifice injuste, imposé. L’offense faite à Dieu ne peut être levée que par Dieu fait Homme. C’est lui qui expiera, non pas tel ou tel homme. Ah ! s’il avait été possible que je doive effacer la faute originelle seulement ! Si la terre n’avait pas eu de Caïn, pas de Lamech, pas de sodomite corrompu, pas d’homicide, de voleur, de fornicateur, d’adultère, de blasphémateur, pas d’enfants sans amour pour leurs parents, pas de parjures, et ainsi de suite ! Or ce n’est pas Dieu qui est l’auteur de chacun de ces péchés, mais l’homme qui en est coupable. Dieu a laissé à ses fils la liberté de choisir le Bien ou le Mal.

– Il n’a pas bien agi » crie un scribe. « Il nous a tentés au-delà de nos forces. Bien qu’il nous sache faibles, ignorants, contaminés, il nous a exposés à la tentation. C’est de l’imprudence ou de la méchanceté. Toi, qui es juste, tu dois convenir que je dis une vérité.

– Tu dis un mensonge pour me tenter. Dieu avait donné à Adam et à Eve tous les conseils, et à quoi ont-ils servi ?

– Il a mal agi à ce moment-là aussi. Il ne devait pas mettre l’arbre, la tentation, dans le Jardin.

– Dans ce cas, où serait le mérite de l’homme ?

– Il pouvait s’en passer et vivre sans mérite personnel et par le seul mérite de Dieu.

– Eux, ils veulent te tenter, Maître. Laisse tomber ces serpents, et écoute-nous, nous qui vivons dans la continence et la méditation, crie encore l’essénien.

– Oui, vous vivez ainsi, mais mal. Pourquoi ne pas le faire saintement ? »

381.7

Sans répondre à cette question, l’homme demande :

« Tu m’as donné une raison valable sur le libre-arbitre, et je la méditerai sans préventions, en espérant pouvoir l’accepter. Mais dis-moi maintenant : crois-tu réellement à une résurrection de la chair et à une vie des âmes qu’elle viendra compléter ?

– Veux-tu que Dieu mette fin ainsi à la vie de l’homme ?

– Mais l’âme… puisque la récompense la rendra bienheureuse, à quoi sert de faire ressusciter la matière ? Cela augmentera-t-il la joie des saints ?

– Rien n’augmentera la joie qu’un saint aura quand il possédera Dieu. Ou plutôt un seul fait l’augmentera le Dernier Jour : celui de savoir que le péché n’existe plus. Mais ne te paraît-il pas juste que, comme en ce jour chair et âme ont été unies dans la lutte pour posséder le Ciel, au Jour de l’éternité chair et âme soient réunies pour bénéficier de la récompense ? N’en es-tu pas persuadé ? Alors pourquoi vis-tu dans la continence et la méditation ?

– Pour… pour être davantage homme, seigneur au-dessus des autres animaux qui obéissent à leurs instincts effrénés, et pour être supérieur à la plupart des hommes qui sont salis d’animalité, même s’ils étalent phylactères et franges, houppettes et larges vêtements et prétendent être des “ séparés ”. »

Anathème ! Les pharisiens ont reçu de plein fouet la flèche qui provoque dans la foule des murmures d’approbation. Ils se contorsionnent et hurlent comme des possédés.

« Il nous insulte, Maître ! Tu connais notre sainteté. Défends-nous » crient-ils en gesticulant.

Jésus répond :

« Lui aussi connaît votre hypocrisie. Les vêtements n’ont rien à voir avec la sainteté. Méritez d’être loués, et je pourrai parler. Mais à toi, essénien, je réponds que tu te sacrifies pour trop peu de chose. Pourquoi ? Pour qui ? Pour combien de temps ? Pour une louange humaine ! Pour un corps mortel ! Pour un temps rapide comme le vol d’un faucon ! Elève ton sacrifice. Crois au vrai Dieu, à la bienheureuse résurrection, à la volonté libre de l’homme. Vis en ascète, mais pour ces raisons surnaturelles. Et avec ta chair ressuscitée, tu jouiras de l’éternelle joie.

– C’est trop tard ! Je suis vieux ! J’ai peut-être gâché ma vie en restant dans une secte qui fait erreur[2]… Elle est finie !…

– Non. Rien n’est jamais fini pour celui qui veut le bien !

381.8

Ecoutez, vous tous qui êtes pécheurs, dans l’erreur, quel que soit votre passé : repentez-vous, venez à la Miséricorde. Elle vous ouvre les bras. Elle vous montre le chemin. Je suis la source pure, la source de vie. Rejetez ce qui vous a dévoyés jusqu’ici ! Venez nus au bain. Revêtez-vous de lumière. Naissez de nouveau. Vous avez dérobé, comme des voleurs sur les routes, ou en grands seigneurs astucieusement dans les commerces et les administrations ? Venez. Vous avez eu des vices ou des passions impures ? Venez. Vous avez été oppresseurs ? Venez. Venez. Repentez-vous. Venez à l’amour et à la paix. Permettez à l’amour de Dieu de se déverser sur vous. Soulagez cet amour angoissé par votre résistance, votre peur, vos hésitations. Je vous en prie, au nom de mon Père et du vôtre. Venez à la Vie et à la Vérité et vous obtiendrez la vie éternelle. »

Un homme crie du milieu de la foule :

« Moi, je suis riche et pécheur. Que dois-je faire pour venir ?

– Renonce à tout pour l’amour de Dieu et de ton âme. »

Les pharisiens murmurent contre Jésus et le traitent avec mépris de “ marchand d’illusions et d’hérésies ”, de “ pécheur qui fait semblant d’être saint ”, et ils lui font remarquer que les hérétiques restent toujours hérétiques, et que c’est le cas des esséniens. Ils prétendent que les conversions subites ne sont qu’exaltation momentanée, et que l’impur le sera toujours et de même, le voleur, voleur et l’homicide, homicide. Et ils mettent le point final en disant qu’eux seuls, qui vivent dans une sainteté parfaite, ont droit au Ciel et à la prédication.

381.9

« C’était un jour heureux. Une semence de sainteté tombait dans les cœurs. Mon amour, nourri par le baiser de Dieu, donnait la vie aux semences. Le Fils de l’homme était heureux de sanctifier… Vous m’avez gâché ma journée. Mais peu importe. Moi, je vous dis — et si je ne suis pas doux, vous en serez les seuls responsables — je vous dis que vous êtes de ceux qui se prétendent justes, ou essaient de le faire croire en présence des hommes, mais vous n’êtes pas justes. Dieu connaît votre cœur. Ce qui est glorieux aux yeux des hommes est abominable au regard de l’immensité et de la perfection de Dieu. Vous citez l’ancienne Loi. Dans ce cas, pourquoi ne la vivez-vous pas ? Vous la modifiez à votre avantage, en la grevant de poids qui vous arrangent. Pourquoi donc ne me permettez-vous pas de l’alléger au profit de ces petits, en en supprimant toutes les houppettes et les lourdes complications inutiles, ces préceptes que vous avez établis en si grand nombre que l’essentiel de la Loi disparaît sous eux et meurt étouffé ? Moi, j’ai pitié de ces foules, de ces âmes qui cherchent un soulagement dans la religion et y trouvent un nœud coulant, qui cherchent l’amour et trouvent la terreur…

Non. Venez, les petits d’Israël. La Loi est amour ! Dieu est amour ! C’est ainsi que je parle à ceux que vous avez effrayés. La Loi sévère et les prophètes menaçants qui m’ont annoncé, mais sans parvenir à écarter le péché malgré les cris de leurs prophéties angoissantes, s’arrêtent à Jean. Après Jean vient le Royaume de Dieu, le Royaume de l’amour. Et je dis aux humbles : “ Entrez, il est pour vous. ” Que tous les hommes de bonne volonté s’efforcent d’y entrer. Mais pour ceux qui ne veulent pas courber la tête, se frapper la poitrine, reconnaître : “ J’ai péché ”, il n’y aura pas de Royaume. Il est dit[3] : “ Circoncisez votre cœur, et ne raidissez plus votre nuque. ”

Cette terre a vu le prodige d’Elisée, qui a adouci les eaux amères en y jetant du sel. Et moi, est-ce que je ne jette pas le sel de la Sagesse dans vos cœurs ? Pourquoi donc êtes-vous inférieurs aux eaux et ne changez-vous pas spirituellement ? Imprégnez vos formules de mon sel, et elles auront une nouvelle saveur parce qu’elles rendront à la Loi sa force primitive. En vous, pour commencer, qui en avez le plus besoin. Vous dites que je change la Loi ? Non, ne mentez pas. Je rends à la Loi sa forme primitive que vous avez dénaturée. Car c’est une Loi qui durera autant que la terre ; le ciel et la terre passeront avant que ne disparaisse un seul de ses éléments ou de ses conseils. Et si vous la changez à votre gré, et si vous ergotez pour chercher des échappatoires à vos fautes, sachez que cela ne sert à rien. Cela ne sert pas, Samuel ! Cela ne sert à rien, Isaïe ! Il est toujours dit : “ Ne commets pas l’adultère. ” et je complète : “ Celui qui renvoie une épouse pour en prendre une autre est adultère, et celui qui épouse une femme répudiée par son mari est adultère, car seule la mort peut séparer ce que Dieu a uni. ”

Mais ces paroles dures s’adressent à des pécheurs impénitents. Quant à ceux qui ont péché mais s’affligent et se désolent de l’avoir fait, qu’ils sachent, qu’ils croient que Dieu est bonté, et qu’ils viennent à celui qui absout, pardonne et amène à la vie éternelle. Repartez avec cette certitude. Répandez-la dans les cœurs. Prêchez la miséricorde qui vous donne la paix, en vous bénissant au nom du Seigneur. »

381.10

Les gens s’éloignent lentement, soit à cause de l’étroitesse du sentier, soit à cause de l’attirance de Jésus. Mais ils s’en vont…

Les apôtres restent avec Jésus et, tout en parlant, ils se mettent en route. Ils cherchent de l’ombre en marchant près d’un petit bosquet de tamaris ébouriffés. Mais un essénien se trouve à l’intérieur. C’est celui qui a parlé avec Jésus. Il est en train de quitter ses vêtements blancs.

Pierre, qui est en avant, est stupéfait de voir que l’homme ne garde que ses culottes courtes. Il revient sur ses pas en courant, et dit :

« Maître ! Un fou ! Celui qui parlait avec toi, l’essénien. Il s’est mis nu, il pleure et soupire. Nous ne pouvons aller là. »

Mais l’homme maigre, barbu, quiest resté en caleçon avec ses sandales, sort déjà du bosquet et s’avance vers Jésus en pleurant et en se frappant la poitrine. Il se prosterne :

« Je suis un miraculé du cœur. Tu as guéri mon âme. J’obéis à ta parole. Je me revêts de lumière en quittant toute autre pensée qui me revêtait d’erreur. Je me sépare pour méditer le Dieu vrai, pour obtenir vie et résurrection. Cela suffit-il ? Donne-moi un nouveau nom, et indique-moi un endroit où je vivrai de toi et de tes paroles.

– Il est fou ! Nous ne saurions y vivre, nous qui en entendons tant ! Et lui… pour un seul discours… » se disent les apôtres.

Mais l’homme les entend :

« Vous voudriez mettre des bornes à Dieu ? Il m’a brisé le cœur pour donner la liberté à mon âme. Seigneur !… »

Il supplie Jésus en tendant les bras vers lui.

« Oui. Appelle-toi Elie et sois du feu. Cette montagne est remplie de cavernes. Vas-y, et quand tu sentiras la terre secouée par un terrible séisme, sors et cherche les serviteurs du Seigneur pour t’unir à eux. Tu seras revenu à la vie pour être serviteur toi aussi. Va. »

L’homme lui baise les pieds, se lève et s’en va.

« Mais il part nu ? demandent-ils, stupéfaits.

– Donnez-lui un manteau, un couteau, une mèche, un briquet et un pain. Il marchera aujourd’hui et demain, puis, là où nous avons séjourné, il se retirera pour prier, et Dieu pourvoira aux besoins de son fils. »

André et Jean courent le rejoindre au moment où il va disparaître à un détour.

Ils reviennent en disant :

« Il les a pris. Nous lui avons aussi indiqué l’endroit où nous étions. Quelle proie imprévue, Seigneur !

– Même sur les pierres, Dieu fait s’épanouir des fleurs. Même dans les déserts des cœurs, il fait lever pour mon réconfort des âmes de bonne volonté. Maintenant, allons vers Jéricho. Nous nous arrêterons dans quelque maison de campagne. »

381.1

Uma numerosa multidão está à espera do Mestre, e está espalhada pelas encostas mais baixas de um monte um tanto isolado, pois está afastado por uma confluência de vales que o circundam, e de cujas encostas surgem, ou melhor, caem desbarrancadas, quase a pique, em certos lugares realmente íngremes. Para se chegar ao alto, há um caminho talhado na rocha calcária, que arranha os flancos do monte com uma vereda que, em certos pontos, tem como limites de sua largura, de um lado a parede vertical do monte, e do outro o precipício que se abre. E o caminho escabroso, de um amarelento escuro, tendendo um pouco para o vermelhão, parece uma fita jogada por entre o verde poeirento de umas moitas baixas e espinhosas. Eu diria que suas folhas são os seus próprios espinhos, que cobrem as pedregosas e áridas encostas, ornando-se com borlas aqui e ali, de uma flor de viva cor roxo-avermelhada semelhante a um penacho ou a um floco de seda, arrancado das vestes de algum infeliz que passou por aqueles espinheiros. E essa veste torturante, cheia de pontas de espinhos de um verde azulado e triste, como se tivesse sido pincelado com uma cinza impalpável, se estende em faixas até às bases do monte e pela planície entre o monte e os outros montes tanto para o noroeste como para o sudeste chegando-se aí aos primeiros lugares onde há verdadeira erva e verdadeiros arbustos, que não torturam nem são inúteis.

Sobre esses lugares, as pessoas acamparam e, com paciência, estão esperando a vinda do Senhor. Deve este ser o dia seguinte ao do discurso aos apóstolos. A manhã está fresca e o orvalho ainda não se evaporou de sobre todas as folhas. Especialmente daquelas que ainda estão mais à sombra, onde o orvalho enfeita os espinhos e flores transformando em flocos de diamantes as estranhas flores dos arbustos espinhosos. Esta, com certeza para este triste monte, é a hora da beleza. Porque nas outras horas, sob um sol desapiedado, ou nas noites de lua, deve ser horrível o aspecto deste lugar de expiação infernal.

Para o leste há uma rica e vasta cidade na planície fértil. E não se vê nada mais deste lado da encosta, ainda baixa, onde estão os peregrinos, mas lá do alto os olhos podem apreciar uma vista muito bonita, que abarca as regiões vizinhas. Creio eu que, pela altura do monte, nossa vista deveria espraiar-se até por sobre o Mar Morto as regiões a oriente dele, como também até às cadeias da Samaria e às que nos escondem Jerusalém. Mas eu não estive lá em cima, e por isso…

Os apóstolos circulam pelo meio da multidão, procurando conservá-la quieta e em ordem e colocar nos melhores lugares os doentes. Alguns discípulos, talvez os que trabalham nesta região e que haviam guiado, perto dos confins da Judeia os peregrinos desejosos de ouvir o Mestre, os ajudam a fazer o que desejam.

381.2

A aparição de Jesus é repentina. Ele está vestido de linho branco, mas envolvido em um manto vermelho, para conciliar o calor das horas de sol com o frescor das noites que ainda não são as de verão. Jesus está olhando, sem que o vejam, para as pessoas que o estão esperando e está sorrindo. Parece que Ele está vindo de detrás (oeste) do monte, da meação da altura do mesmo, e vai descendo rapidamente pela vereda difícil.

Um menino, não sei se para acompanhar o voo de uns passarinhos que estavam aninhados por entre as touceiras e levantaram voo, tendo sido espantados por uma pedra que veio rolando lá de cima, ou por uma atração do olhar, vê Jesus e grita dando uns pulos:

– É o Senhor!

Todos se viram e veem Jesus que não está longe, a uns duzentos metros no máximo. Esforçam-se para correr até Ele, mas Ele, com um gesto dos braços e com a voz que chega clara até eles, talvez ajudada pelo eco do monte, lhes diz:

– Ficai onde estais.

E, sempre sorrindo, desce até os que o esperam, parando no ponto mais alto da planície.

De lá Ele os saúda:

– A paz esteja com todos –e, com particular sorriso, repete a saudação aos apóstolos e discípulos que estão perto, ao redor dele.

Jesus está radiante de beleza. Com o sol à sua frente e o flanco verdolengo do monte às suas costas, parece uma visão de sonho. As horas passadas na solidão, um fato por nós desconhecido, talvez um transbordar sobre Ele das carícias paternas, não sei por que, acentuam a sua sempre perfeita beleza e a fazem gloriosa e cheia de dignidade, pacífica, serena, eu diria alegre, como de quem volta de um encontro de amor, de um amor divino que transluz multiplicada por centenas e centenas de vezes tudo quanto no conjunto é um dom visível, uma amostra do pobre amor humano. E o Cristo com ele está fulgurante. E aprisiona os presentes que, admirados, o estão contemplando em silêncio, como se estivessem intimidados pela intuição de um mistério, o da reunião do Altíssimo com o seu verbo. É um segredo, uma hora secreta de amor entre o Pai e o Filho. Ninguém a conhecerá nunca. Mas o Filho conserva dela o sinal como se, depois de ter sido o Verbo do Pai, como Ele está no Céu, com dificuldade pudesse voltar a ser o Filho “do homem”. A Divindade transborda, explode, irradia da Humanidade, como óleo suave que sai de uma argila porosa ou como a luz de uma fornalha coberta por um véu de vidros opacos.

E Jesus inclina seus olhares radiantes, vira o seu rosto feliz, esconde o seu maravilhoso sorriso curvando-se sobre os doentes que Ele vai acariciando e curando e que olham espantados para aquele rosto cheio de luz e de amor, inclinado sobre a miséria deles para lhes dar alegria. Mas depois Ele precisa erguer-se de novo e mostrar às turbas o que é o rosto do Pacífico, do Santo, do Deus feito Carne, ainda todo envolto na luminosidade deixada pelo êxtase. Ele repete:

– A paz esteja convosco.

Até sua voz está mais musical que de costume, cheia de notas suaves e triunfais. Poderosa, ela se espalha por entre os mil ouvintes, vai em busca dos corações, acaricia-os, sacode-os, os convida a amar.

A não ser aquele grupo dos fariseus áridos e ásperos, espinhosos e carrancudos mais do que o próprio monte, que estão como umas estátuas da incompreensão e do ódio em um canto; a não ser também o outro grupo que, todo de branco e separado, está escutando de um lado, e que ouço Bartolomeu e Iscariotes mostrar como sendo “essênios.”

E Pedro resmunga:

– Assim temos um poleiro a mais de gaviões!

Os outros estão todos atentos.

– Oh! Deixa-os agir. O Verbo é para todos! –diz Jesus, sorrindo a seu Pedro, referindo-se aos essênios.

381.3

Depois Ele começa a falar.

– Como seria belo, se o homem fosse perfeito como o Pai do Céu quer. Perfeito em todos os seus pensamentos, afetos e atos. Mas o homem não sabe ser perfeito, e usa mal dos dons de Deus, o qual deu ao homem a liberdade de agir, ordenando-lhe, porém que faça as coisas boas, aconselhando-lhe as perfeitas, de tal modo que o homem não possa dizer “Eu não sabia.”

Como o homem usa da liberdade que Deus lhe deu? Assim como poderia usar dela um menino na maior parte da humanidade, ou então, como um estulto ou até como um delinquente por outros. Mas, depois disso vem a morte e, então, o homem é sujeito ao Juiz que, severo, lhe perguntará: “Como foi que usaste e abusaste do que Eu te dei?” Que pergunta terrível! Aí, então, é que os bens da terra aparecerão como menos do que uns pedacinhos de palha, bens por causa dos quais frequentemente o homem se torna pecador. Pobre, de uma eterna miserabilidade, nu, sem aquela veste que ninguém pode fazer igual, estará envilecido e tremendo diante da majestade do Senhor e não encontrará palavras para justificar-se. Porque sobre a terra é fácil justificar-se, enganando os pobres homens. Mas no Céu isso não pode acontecer. A Deus não se engana. Nunca. E Deus não aceita combinações. Nunca.

Como então nos salvaremos? Como é que faremos que tudo sirva para a salvação, até aquilo que veio da corrupção, que transformou os metais e as pedras preciosas em instrumentos de riquezas, que acendeu as ânsias do poder e os apetites da carne? Não poderá, então, o homem que, por mais pobre que seja, sempre pecar desejando imoderadamente o ouro, os cargos e as mulheres, — e, às vezes, se torna ladrão dessas coisas para poder ter o que o rico tinha — não poderá, então, o homem, seja ele rico ou pobre, salvar-se nunca? Sim, pode. E como? Usando das riquezas para fazer o bem. O pobre que não tem inveja, que não pragueja, que não cobiça o que é dos outros, mas se contenta com o que tem, usa do seu humilde estado para com ele construir sua santidade futura e, na verdade, a maioria dos pobres sabe fazer assim. Os ricos sabem menos e para eles a riqueza é uma continua armadilha de Satanás e da tríplice concupiscência.

381.4

Mas ouvi uma parábola e vereis que os ricos também podem salvar-se, mesmo sendo ricos, reparando os seus erros passados com o bom uso das riquezas, mesmo as mal adquiridas. Porque Deus, o Senhor boníssimo, deixa sempre muitos meios aos seus filhos para que se possam salvar.

Havia, pois, um rico que tinha um administrador. Alguns, que eram inimigos deste porque invejavam o bom cargo que ele tinha, ou então porque eram muito amigos do rico e se preocupavam com o seu bem-estar, foram ao patrão acusar o administrador que ele tinha. “Ele está esbanjando os teus bens. Ele se descuida de fazê-los produzir. Abre os olhos! Trata de defender-te!”

O rico, tendo ouvido aquelas contínuas acusações, mandou o administrador comparecer à sua presença. E lhe disse: “Sobre ti, disseram-me isto e aquilo. Como foi que fizeste uma coisa destas? Presta-me contas da tua administração, pois eu não te permito mais estar à frente dela. Eu não posso confiar em ti e não posso dar um exemplo de injustiça nem de estupidez, que levaria os outros empregados a agirem como tu agiste. Vai, e volta amanhã com toda a escrita para que eu a examine e me ponha a par da situação dos meus bens, antes de confiá-los a um novo feitor.” Ele despachou o administrador, que se foi pensativo, dizendo a si mesmo: “E agora? Que vou fazer, agora que o patrão me tira a administração? Economias, eu não tenho, porque, certo como eu estava de poder viver sossegado, eu tanto usurpava os bens como gozava com eles. Ir agora fazer-me de camponês e súdito, não dá, porque me desacostumei do trabalho e estou viciado nas farras. Pedir esmola, isso não. Seria rebaixar-me demais. Que farei, então?”

Ele pensou e julgou ter achado o modo de sair-se bem de sua penosa situação. E pensou assim: “Encontrei. Com os mesmos meios com que eu consegui uma boa vida até agora, de agora em diante conseguirei ter amigos que me hospedarão por reconhecimento quando eu estiver fora da administração. Quem faz benefício sempre tem amigos. Vamos, então, fazer benefícios para sermos beneficiados e vamos logo, antes que a notícia se espalhe, e fique tarde demais.”

E, tendo ido aos diversos devedores do seu patrão, disse ao primeiro: “Quanto estás devendo ao teu patrão pela soma que ele te emprestou na primavera, há três anos?”

E o interrogado respondeu: “Cem barris de óleo pela soma e com os juros.”

“Oh! pobrezinho. Tu, assim cheio de filhos, tu, preocupado com as doenças dos filhos, teres que pagar tudo isso? Ele não te fez o empréstimo no valor de trinta barris?”

“Sim. Mas eu estava com uma necessidade urgente e ele me disse: ‘Eu tos dou, mas com a combinação de que tu me dás o que esta soma rende em três anos’. E me arrendou tudo pelo valor de cem barris. E eu lhes devo dar.”

“Mas isso é uma usura! Não. Não. Ele é rico e tu mal estás tendo para comer. Ele tem família pequena e tu uma muito grande. Escreve que ele te arrendou por cinquenta barris e não penses mais nisto. Eu jurarei que isto é verdade. E tu terás o teu bem-estar.”

“Mas tu, não me trairás se ele vier a saber?”

“Pensas assim? Eu sou o administrador e o que eu juro é sagrado. faze como eu te digo e sê feliz.”

O homem escreveu, assinou e disse: “Bendito sejas tu! Meu amigo e salvador! Como te recompensarei?”

“Mas, de modo nenhum! Quer dizer que, se por causa de ti eu tivesse que sofrer e ser expulso, tu me acolherias por reconhecimento.”

“Mas, com certeza! Com certeza. Conta comigo, então!”

O administrador saiu dali e se dirigiu a um outro devedor, mantendo mais ou menos a mesma conversa. Este devia pagar cem alqueires de trigo porque a seca durante três anos havia destruído os cereais, e ele tinha precisado recorrer ao rico para sustentar a família.

“Mas não penses nem em dobrar o que ele te deu. Nega-lhe o trigo. Está exigindo o dobro de alguém que tem fome e tem filhos, enquanto que o que é dele está carunchando nos celeiros, pois isso ele possui com grande fartura. Escreve oitenta alqueires.”

“Mas se ele se lembrar que me deu vinte e mais vinte, e depois dez?”

“Mas, de que queres que ele se lembre? Eu os dei, e eu não quero pensar nisso. Faze, faze assim e fica firme em teu lugar. É necessário que haja justiça entre pobres e ricos! Pois eu, se fosse o teu patrão, quereria somente os cinquenta alqueires e talvez até os perdoasse.”

“Tu és bom. Se todos fossem como tu! Lembra-te de que minha casa é tua amiga.”

O administrador foi atrás de outros, usando sempre o mesmo método, comprometendo-se até a sofrer para pôr as coisas em seus lugares com justiça. E ofertas de ajuda e bênçãos choveram sobre ele.

381.5

Tendo assim garantido o seu amanhã, foi ele tranquilo até o patrão, o qual, por sua vez, havia investigado a vida do administrador e descoberto o jogo dele. Contudo, ele o elogiou, dizendo: “O teu modo de agir não foi bom e por ele eu não te elogio. Mas eu devo louvar-te pelo teu tino. Em verdade, em verdade, os filhos deste século são mais perspicazes do que os filhos da Luz.”

E o que o rico disse, Eu também vos digo:

“A fraude não é uma coisa bonita e, por praticá-la, Eu jamais louvarei a ninguém. Mas Eu vos exorto a serdes pelo menos como filhos do século, perspicazes, usando os meios do século a fim de fazê-los usar de suas moedas para entrarem no Reino da Luz.” Isto quer dizer que, por meio das riquezas terrestres, que são uns meios injustos na repartição e usados para a aquisição de um bem- estar transitório, que não tem valor no Reino eterno, fazei, por meio deles, amigos vossos que vos abram as portas do Reino. Fazei o bem com os meios que tendes, restituí aquilo que vós, ou outros de vossa família, apanharam sem terem direito a fazê-lo, afastai-vos de um afeto doentio e culpado para com as riquezas. E todas essas coisas serão como amigos que, na hora da morte, vos abrirão as portas eternas e vos receberão nas moradas dos bem-aventurados.

Como podeis exigir que Deus vos dê os seus bens no Paraíso, se estais vendo que não sabeis fazer bom uso nem dos bens terrestres? Quereis que, o que é uma suposição impossível, que Ele admita na Jerusalém celeste elementos esbanjadores? Não, nunca. Lá em cima se viverá com caridade, com generosidade e justiça. Todos por um e todos por todos. A Comunhão dos Santos é uma sociedade ativa e honesta, uma santa sociedade. E ninguém, que tiver mostrado que é injusto e infiel pode entrar lá.

Não digais: “Mas lá em cima seremos fiéis porque lá em cima teremos tudo sem nenhum temor.” Não. Quem é infiel no pouco seria infiel também se possuísse tudo[1] e quem é injusto no pouco é injusto no muito. Deus não confia as verdadeiras riquezas a quem, na prova terrena, mostra que não sabe usar das riquezas terrenas. Como é que pode Deus confiar-vos um dia no Céu a missão de espíritos sustentadores dos irmãos sobre a terra quando tiverdes mostrado que extorquir e fraudar e conservar com avidez, foi o que soubestes fazer? Por isso, Ele não vos dará o vosso tesouro, mas o dará àqueles que souberam ser precavidos nesta terra, usando até daquilo que era injusto e prejudicial em obras que os tornam justos e retos.

Ninguém pode servir a dois patrões. Porque será de um ou do outro, ou odiará a um ou ao outro. Os dois patrões entre os quais ele pode escolher são Deus e o dinheiro. Mas se ele quiser servir ao primeiro não pode vestir as insígnias, atender aos comandos, nem fazer uso dos meios do segundo.

381.6

Uma voz se levanta do meio do grupo dos essênios:

– O homem não está livre para escolher. Ele é constrangido a seguir o seu destino. Nós não dizemos que tal destino esteja distribuído sem sabedoria. Pelo contrário, a Mente perfeita estabeleceu, por seus próprios e perfeitos desígnios, o número daqueles que serão dignos dos Céus. Os outros inutilmente se esforçarão para consegui-lo. Assim é. De outro modo não pode ser. Assim como alguém, ao sair de casa pode estar indo ao encontro da morte por causa de uma pedra que escapa da cornija, enquanto que um outro, no ponto mais encarniçado de uma batalha pode sair-se bem, sem levar nem uma pequena ferida, igualmente aquele que quer salvar-se mas não está escrito que ele o deva ser outra coisa não fará a não ser o pecado, mesmo sem o saber, porque está decretada a sua condenação.

– Não, homem. Assim não é e trata de mudar de opinião. Pois assim pensando, fazes uma grave afronta ao Senhor.

– Por quê? Prova-o a mim, e mudarei de opinião.

– Porque tu, dizendo isso, mentalmente já estás admitindo que Deus é injusto para com as suas criaturas. Ele as criou de modo igual e com o mesmo amor. Ele é um Pai Perfeito em sua paternidade como em todas as outras coisas. Como é, então, que Ele pode fazer distinções e, quando um homem é concebido, amaldiçoá-lo, enquanto ele é ainda um embrião inocente? E isso, desde quando ele ainda é incapaz de pecar?

– Para ter um ressarcimento pela ofensa que recebeu do homem.

– Não. Não é assim que Deus busca ressarcimento! Ele não se contentaria com um miserável sacrifício como esse, afinal um sacrifício injusto e forçado. A culpa para com Deus só pode ser tirada pelo Deus feito Homem. Ele é que será o Expiador. Não este ou aquele homem. Oh! Se tivesse sido possível que Eu tivesse que tirar somente a culpa original. Que a terra não tivesse tido nenhum Caim, nenhum Lamec, nenhum corrompido sodomita, nenhum homicida, ladrão, fornicador, blasfemo, nenhum sem amor aos pais, nenhum perjuro e assim por diante! Mas de cada um desses pecados, não é Deus, mas é o pecador que é o culpado e o autor. Deus deu liberdade aos filhos de escolherem o Bem ou o Mal.

– Mas Ele não fez bem –grita um escriba–. Ele nos tentou, além da medida. Sabendo que éramos fracos, ignorantes, envenenados, colocou-nos diante da tentação. Isto é imprudência e malvadez. Tu, que és justo, deves dar-me razão, pois eu digo uma verdade.

– Tu estás dizendo uma mentira para me tentares. Deus a Adão e Eva tinha dado todos os conselhos, e para que serviu?

– Nisso também Ele fez mal. Ele não devia ter posto a árvore, a tentação, no Paraíso.

– E, então, qual seria o merecimento do homem?

– Viveria sem isso. Viveria sem seu próprio merecimento e somente pelo merecimento de Deus.

– Eles te estão querendo tentar, Mestre. Deixa essas serpentes e dá ouvidos a nós, que vivemos em continência, e na meditação –grita de novo o essênio.

– Sim, vós viveis. Mas de um modo mau. Por que não o viveis santamente?

381.7

O essênio não respondeu a essa pergunta. mas perguntou:

– Como me apresentaste uma razão persuasiva sobre o livre arbítrio, eu irei meditar nela sem preconceitos esperando poder aceitá-la. Mas, agora dize-me uma coisa. Crês Tu realmente em uma ressurreição da carne e em uma vida dos espíritos de novo unidos a ela?

– E queres, então, que Deus ponha fim à vida do homem?

– Mas a alma… Se é verdade que o prêmio a torna feliz, para que é que se ressuscita a matéria? Será que isso vai aumentar a glória dos Santos?

– Nada poderá aumentar a glória que um santo terá quando ele possuir a Deus. Só uma coisa aumentará essa glória no último Dia: e é a de ficar sabendo que o pecado não existe mais. Mas, não te parece justo que, assim como durante este dia a carne e a alma estiveram unidas na luta para conseguir Céu, assim no Dia eterno que a carne e a alma estejam unidas para gozarem do prêmio? Não estás persuadido disto? E, então, por que vives em continência e meditação?

– Para… para ser homem de modo mais perfeito, acima dos outros animais que obedecem aos instintos desenfreadamente e para ser maior do que a maior parte dos homens que estão emporcalhados pela animalidade e ainda vivem exibindo filactérias e fímbrias, e franjas e vestes largas, e se dizem “os separados”.

Anátema! Os fariseus, tendo recebido em cheio as flechadas, o que fez a multidão murmurar sua aprovação, estão se contorcendo e gritando como uns possessos.

– Ele nos está insultando, Mestre! Tu conheces a nossa santidade. Defende-nos, então –gritam eles gesticulando.

Jesus responde:

– Ele também conhece a vossa hipocrisia. Vossas vestes não correspondem à vossa santidade. Merecei ser louvados, e Eu poderei falar. Mas, a ti, essênio! Eu te respondo que muito demais te sacrificas por pouca coisa. Por quê? Por quem? Por quanto? Por um louvor humano. Por um corpo mortal. Por um tempo que passa rápido como o voo de um falcão. Procura engrandecer o teu sacrifício. Crê no Deus verdadeiro, na feliz ressurreição, na vontade livre do homem. Vive como um asceta. Mas por estas razões sobrenaturais. E, com tua carne ressuscitada, gozarás da eterna alegria.

– É tarde! Já estou velho! Talvez eu tenha estragado a minha vida pertencendo a uma seita cheia de erros[2]… Tudo terminou!

– Não. Nada terminou para quem quer fazer o bem!

381.8

– Não. Nada terminou para quem quer fazer o bem! Ouvi, ó pecadores, ó vós que estais em vossos erros, ó vós, seja qual for o vosso passado. Arrependei-vos. Vinde, à Misericórdia. Ela vos abre os braços. Ela vos indica o caminho. Eu sou a fonte pura, a fonte da vida. Jogai fora as coisas que até aqui vos extraviaram. Vinde nus para o banho. Revesti-vos de luz. Renascei. Andastes roubando como ladrões pelas estradas, ou como gente fina com esperteza nos negócios e nas administrações? Vinde. Tendes sido opressores? Vinde. Vinde. Arrependei-vos. Vinde ao amor e à paz. Oh! Mas deixai que o amor de Deus possa derramar-se sobre vós. Aliviai-o nesse seu amor que vive angustiado pela vossa resistência, por vosso medo e vossas titubeações. Eu vo-lo peço em nome do meu e do vosso Pai. Vinde à Vida e à Verdade, e tereis a vida eterna.

Um homem do meio da multidão grita:

– Eu sou rico e pecador. Que devo fazer para ir?

– Renuncia a tudo por amor a Deus e à tua alma.

Os fariseus murmuram e zombam de Jesus, dizendo ser Ele um “vendedor de ilusões e de heresias”, “um pecador que se finge de santo”, e o advertem, dizendo que os hereges são sempre hereges, que assim são os essênios. Dizem que as conversões repentinas não são mais do que exaltações momentâneas e que o impuro será sempre assim, e o ladrão sempre ladrão, o homicida sempre homicida. E terminam dizendo-lhe que somente eles, que vivem na santidade perfeita, têm direito ao Céu e a fazer a pregação perfeita.

381.9

– Era um dia feliz. Uma semeadura de santidade descia até os corações. O meu amor, nutrido pelo beijo de Deus, dava vida às sementes. O Filho do Homem estava feliz em santificar… Vós me envenenais o dia. Mas, não importa. Eu vos digo — se agradável não vos for, de vós é a culpa — Eu vos digo que vós sois daqueles que parecem justos ou tentam parecê-lo à vista dos homens, mas justos vós não sois. O que é grande à vista dos homens é abominável diante da imensidade e da perfeição de Deus. Vós gostais de viver falando na Lei antiga. Por que, então, não a praticais? Vós modificais a Lei conforme as vossas conveniências, tornando-a pesada com pesos que vos são úteis. Por que, então, não quereis que Eu a modifique em favor desses pequenos, tirando dela todas as franjas e os zizites e telefins pesados, inúteis, que são preceitos criados por vós, e tais e tantos que a Lei essencial até desaparece por baixo deles e morre afogada? Eu tenho piedade dessas turbas, destas almas que procuram respirar na Religião e acham que o nó dela está frouxo. Eles procuram o amor e o que encontram é o terror…

Não. Vinde, ó pequenos de Israel. A lei é amor! Deus é amor. Assim é que Eu digo aos que têm medo de vós. A Lei severa e os profetas ameaçadores que me predisseram, mas que não conseguiram frear o pecado, não obstante os urros do seu profetizar angustioso, chegaram até o tempo de João. De João para cá já chegou o Reino de Deus, o Reino do amor. E Eu digo aos humildes: “Entrai nele. ele é para vós.” E todos aqueles que são de boa vontade se esforçam por entrar nele. Mas para aqueles que não querem inclinar a cabeça, bater no peito e dizer “Eu pequei”, para esses não será o Reino. Está escrito[3]:

“Circuncidai o vosso coração, sem endurecerdes ainda mais a vossa cerviz.”

Esta terra viu o prodígio de Eliseu, que fez ficarem doces as águas amargas ao jogar sal dentro delas. E Eu não jogo o sal da sabedoria em vossos corações? E, então, será que sois inferiores às águas e não mudais o vosso espírito? Misturai às vossas fórmulas o meu sal e elas terão um sabor novo, capaz de dar à Lei a sua primitiva força. Em vós antes dos outros, porque sois os mais necessitados. Vós dizeis que Eu mudo a Lei. Não. Vós mentis. Eu restituo à Lei a sua primitiva forma por vós deturpada. Porque é uma lei que durará tanto quanto a Terra e antes haverão de desaparecer o céu e a terra do que um só dos seus termos e dos conselhos. E, se vós a mudais porque assim vos agrada, se buscais pretextos para justificar escapatórias para as vossas culpas, ficai sabendo que isso não adianta. Não adianta, ó Samuel. Não adianta, ó Isaías. Sempre foi dito: “Não cometer adultério”, e Eu completo: “Quem manda embora uma esposa para tomar outra é adúltero, e quem se casa com uma repudiada pelo marido é adúltero, porque aquilo que Deus uniu só a morte pode separar.”

Mas as palavras duras são para os pecadores impenitentes. Aqueles que pecaram, mas se arrependem com desolação do que fizeram, que fiquem sabendo, creiam que Deus é Bondade e vão a Ele, que os absolve, perdoa e admite à Vida. Ide com esta certeza. Espalhai-a nos corações. Pregai a misericórdia que vos dá a paz, abençoando-vos em nome do Senhor.

381.10

O povo vai saindo lentamente, ou porque o caminho é estreito ou porque Jesus o atrai. Mas vai sorrindo…

Ficam os apóstolos com Jesus e, falando, vão pegando o caminho. Procuram sombra, caminhando ao lado de um pequeno bosque de umas tamareiras descabeladas. Mas dentro do bosque está um essênio. Aquele que falou com Jesus. Ele está tirando suas vestes brancas.

Pedro, que vai à frente de todos, fica espantado ao ver que o homem, que ficou somente com as calças curtas, vai correndo atrás de Jesus, dizendo:

– Mestre! Um doido! Aquele que estava falando contigo, o essênio. Ele se desnudou, está chorando e suspirando. Não podemos ir lá.

Mas o homem, magro, barbudo, que de fato está nu em seu corpo, menos nas partes cobertas pelas calças curtas e pelas sandálias, já está saindo da parte mais fechada do bosque e vai para Jesus, chorando e batendo no peito. Ele se prostra:

– Pois eu sou o milagre do coração. Tu curaste o meu espírito. Eu obedeço à tua palavra. Eu me revisto de luz, deixando todos os outros pensamentos, que fossem para mim uma veste de erro. Eu me separo para meditar no Deus verdadeiro, para conseguir vida e ressurreição. Assim está bom? Mostra-me o novo nome e um lugar em que eu possa viver de Ti e das tuas palavras.

– Ele está doido! Nós não sabemos ainda viver, nós que já ouvimos tantas coisas! E ele… só com ouvi-las uma vez… –dizem uns aos outros os apóstolos.

Mas o homem, que os ouviu, lhes diz:

– E quereis vós impor limites a Deus? Ele me quebrantou o coração para dar-me um espírito livre. Senhor… –suplica estendendo os braços para Jesus.

– Sim. Chamas-te Elias, e agora, sê fogo. Aquele monte é cheio de cavernas. Vai para ele e quando perceberes que a terra está tremendo por um grande terremoto sai, e vai procurar os servos do Senhor para te unires a eles. Tu renascerás para seres um servo, tu também. Vai.

O homem lhe beija os pés, levanta-se e pega o caminho.

– Mas, ele vai nu assim? –perguntam, aturdidos.

– Dai-lhe um manto, uma faca, uma isca e um fuzil, e um pão. Ele caminhará hoje e amanhã e depois, onde pararmos, ele vai retirar-se para a oração e o Pai proverá para o seu filho.

André e João partem dali correndo e o alcançam, quando ele já estava para desaparecer, atrás de uma curva.

Eles voltam, dizendo:

– Ele os recebeu. Nós ainda lhe mostramos o lugar onde estávamos. Que presa inesperada, Senhor!

– Deus até sobre as rochas faz que floresçam flores. Até nos desertos dos corações faz surgirem espíritos cheios de boa disposição, para conforto meu. Agora, vamos para Jericó. Pararemos em alguma casa na campina.


Notes

  1. Qui est infidèle en peu de chose serait infidèle même s’il possédait le Tout : il faut comprendre cette expression à la lumière de Lc 16, 10-12. Maria Valtorta l’éclaircit par la note suivante, sur une copie dactylographiée : Manière de parler imagée pour rendre compréhensible la comparaison : bien évidemment, au Ciel on ne peut ni pécher ni être infidèle, car ceux qui sont au Ciel sont déjà confirmés en grâce et ne peuvent plus pécher. Mais Jésus fait cette comparaison pour être mieux compris.
  2. secte qui fait erreur, non pas à cause de la vie que les esséniens menaient et qui était de type monastique, mais à cause de la doctrine qu’ils professaient, dont les erreurs, déjà relevées en 80.3 et dans les dernières lignes de 80.4, sont mises en évidence et réfutées dans ce dialogue entre Jésus et l’essénien. Nous rencontrerons un autre essénien dans le chapitre 464.
  3. Il est dit, en Dt 10, 16. Le prodige d’Elisée, relaté en 2 R 2, 19-22.

Notas

  1. Quem é infiel no pouco seria infiel também se possuísse tudo… A expressão se entende à luz de Lucas 16,10-12, esclarecida por MV com a seguinte nota em uma cópia datilografada: Linguagem figurada por ser compreensível a comparação. Certo é que no Céu não se pode pecar nem ser infiel, porque quem está no Céu já está confirmado em graça e não pode mais pecar. Mas Jesus traz esta comparação por ser mais facilmente entendido.
  2. seita cheia de erro, não pela vida que os essênios conduziam e que era do tipo monástico, mas pela doutrina que professavam, cujos erros, já indicados em 80.3 e nas últimas linhas de 80.4, são evidenciados e refutados no presente diálogo entre Jesus e o essênio. Encontraremos um outro essênio no capítulo 464.
  3. escrito, em Deuteronômio 10,16; prodígio de Eliseu, narrado em 2 Reis 2,19-22.