506.1
Jésus est encore à Jérusalem, mais pas à l’intérieur des cours du Temple. Il se trouve dans une vaste pièce bien ornée, l’une des si nombreuses qui se trouvent dans l’enceinte, grande comme un village.
Comme il vient d’entrer, il est encore en train de marcher à côté de celui qui l’y a invité, peut-être pour le mettre à l’abri du vent froid qui balaie le mont Moriah. Derrière lui se trouvent les apôtres et quelques disciples. Je dis « quelques », car, en dehors d’Isaac et de Marziam, il y a Jonathas et, parmi les gens qui entrent à la suite du Maître, je remarque ce lévite, Zacharie, qui lui a dit[1], quelques jours plus tôt, qu’il voulait être son disciple. Il y a encore deux autres hommes que j’ai déjà vus avec les disciples, mais dont j’ignore le nom. Mais mêlés à eux — qui sont bienveillants —, on voit aussi les habituels, les inévitables et immanquables pharisiens. Ils s’arrêtent presque sur le pas de la porte, comme s’ils s’étaient trouvés là par hasard pour parler d’affaires, mais ils sont venus pour écouter. Dans l’assistance, l’attente de la parole du Seigneur est vive.
Il regarde cet attroupement de gens de nationalités visiblement différentes, pas toutes palestiniennes, bien que de religion hébraïque. Il regarde cette assemblée dont bien des membres, demain peut-être, se répandront dans les régions d’où ils viennent et y porteront sa parole en annonçant : « Nous avons entendu l’Homme dont on dit qu’il est notre Messie. » Et à eux, qui sont déjà instruits dans la Loi, il ne parle pas de la Loi, comme il le fait souvent quand il comprend qu’il a en face de lui des gens ignorants ou des personnes dont la foi est ébranlée. Mais il parle de lui-même pour qu’ils le connaissent.
Il dit :
« Je suis la Lumière du monde et celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la Vie. »
Il se tait un instant après avoir énoncé le thème du discours qu’il va développer, selon son habitude quand il s’apprête à parler longuement. Il se tait pour laisser aux gens le temps de décider si le sujet les intéresse ou non, et aussi pour donner à ceux que cela n’intéresse guère le temps de s’en aller. De ceux qui sont présents, personne ne s’en va ; et même les pharisiens, qui se tenaient sur le seuil, occupés à une conversation contrainte et étudiée, se sont tus et se sont tournés vers l’intérieur de la synagogue au premier mot de Jésus. Et ils se frayent un passage pour entrer, autoritaires comme toujours.