Os Escritos de Maria Valtorta

530. Une autre nuit de péché de Judas.

530. Uma outra noite de pecado de Judas Iscariotes.

530.1

Nobé tout entièr dort encore. C’est la première nuance du jour. L’aube, dans les lueurs apaisées de l’hiver, est d’une délicatesse de teintes irréelles. Ce n’est pas la lumière vert argenté des aurores d’été qui s’affirme rapidement et se change en or pâle, puis en un rouge de plus en plus accentué. Mais un vert jade, nuancé d’un gris bleu très léger, l’indique à l’orient par un petit demi-cercle, à la limite de l’horizon, en bas : un point d’une luminosité voilée, et pour ainsi dire lasse, comme celle de la pâle flamme du soufre allumé, derrière un rideau de fumée blanchâtre. Et elle hésite à s’allonger sur le ciel, qui reste gris, mais est serein et porte encore des étoiles qui regardent le monde. Elle hésite à repousser la grisaille pour faire place à sa précieuse couleur de pâle jade et au pur cobalt du ciel palestinien. Timide et frileuse, elle paraît s’arrêter à la limite de l’orient. Elle s’y attarde encore, dilatant insensiblement son demi-cercle de luminosité sulfureuse et à peine diluée de vert pâle en une couleur blanche mêlée d’un souvenir de jaune, quand elle doit s’effacer devant un rosé subit qui dégage le ciel du dernier voile de la nuit et le rend net et précieux comme un baldaquin de satin couleur de saphir. Un feu s’allume au bout de l’horizon comme si un mur venait de tomber pour mettre à découvert une fournaise ardente. Mais est-ce du feu ou un rubis allumé par un feu caché ? Non, c’est le soleil qui émerge : le voici. A peine pointe-t-il de la courbe de l’horizon que déjà il a trouvé moyen de peindre de corail rosé un flocon de nuages et de changer en diamants les gouttes de rosée à la cime des arbres à feuilles persistantes. Un grand rouvre, à l’extrémité du village, porte un voile de diamants sur ses feuilles couleur de bronze, tournées vers l’orient. On dirait autant de claires étoiles qui scintillent dans les branches de ce géant dont la cime plonge dans l’azur.

Peut-être, pendant la nuit, des étoiles sont-elles descendues trop bas sur le village pour murmurer quelque céleste secret aux habitants de Nobé, ou bien pour consoler par leur lumière pure l’Homme qui, éveillé, marche silencieusement là-haut, sur la terrasse de Jean.

Oui, parce que seul, dans Nobé endormi, Jésus est éveillé ; il arpente la terrasse de la maisonnette, les bras croisés sous son manteau bien serré qui le couvre tout entier pour le défendre du froid et qui lui sert aussi de capuchon. Chaque fois qu’il arrive à un bout de la terrasse, il regarde au dehors, en se penchant pour voir la rue qui traverse le centre du village ; mais elle est encore à demi obscure, vide, silencieuse. Alors, il se remet à faire les cent pas d’un côté à l’autre, lentement, en silence, la plupart du temps la tête penchée, méditatif, observant parfois le ciel de plus en plus lumineux et les couleurs vagues de l’aube et de l’aurore, ou en suivant du regard le vol frémissant du premier passereau, réveillé par la lumière, qui quitte la tuile hospitalière d’un toit voisin pour descendre becqueter au pied du vieux pommier de Jean, et puis s’envole de nouveau, après avoir vu Jésus, avec un cui-cui effrayé qui réveille les autres oiseaux nichés çà et là.

530.2

D’un enclos s’élève un bêlement de brebis qui se perd en tremblant dans l’air. De la rue provient un bruit de pas rapides.

Jésus se penche pour regarder, puis il descend vivement le petit escalier, entre dans la cuisine obscure et referme la porte derrière lui.

Les pas se rapprochent, résonnent maintenant dans le jardin à côté de la maison, s’arrêtent devant l’entrée de la cuisine ; une main essaie d’ouvrir, se rend compte que la clé n’est pas dans la serrure, actionne alors le verrou que l’on peut remuer du dehors aussi bien que de l’intérieur, et une voix dit en même temps :

« Quelqu’un serait-il déjà levé ? »

Une main encore ouvre la porte avec précaution sans la faire grincer. La tête de Judas se glisse par l’ouverture… Il regarde… Obscurité complète. Froid. Silence.

« Ils ont laissé la porte ouverte… Et pourtant… Elle me paraissait fermée… Ça n’a d’ailleurs aucune importance !… On ne vole pas les pauvres, et en est-il de plus misérables que nous… Mais espérons que… cela ne va pas durer. Où est ce maudit allume-feu ?… Je ne le trouve pas… Si je réussis à allumer le feu… c’est que je suis rentré tard, oui, vraiment trop tard… Mais où peut-il être ? Bien trop de mains le touchent. Sur le foyer ? Non… Sur la table ? Non… Sur les bancs ? Non… Sur l’étagère ?… Non plus… Cette porte vermoulue grince quand on l’ouvre… Bois rongé, gonds rouillés… Tout est vieux, moisi, horrible ici. Ah ! pauvre Judas ! Et il n’y est pas… Il me faudra vraiment entrer chez le vieux… »

Tout en parlant, il a marché à tâtons, çà et là, invisible dans l’ombre, prudent comme un voleur ou un oiseau de nuit pour éviter les obstacles qui pourraient faire du bruit…

530.3

Il se heurte à un corps et pousse un cri d’effroi étouffé.

« N’aie pas peur. C’est moi. Et l’allume-feu est dans ma main. Le voici. Allume, dit Jésus paisiblement.

– Toi, Maître ? Que faisais-tu ici, tout seul, dans le noir, dans le froid… Il y aura beaucoup de malades certainement aujourd’hui après le sabbat et deux jours de pluie, mais ils ne seront pas là de sitôt. C’est seulement maintenant qu’ils se mettent en marche des villes voisines, car ce n’est qu’à présent que l’on comprend qu’il ne pleuvra pas aujourd’hui. Le vent de la nuit a déjà essuyé les routes.

– Je le sais, mais allume. Il ne convient pas à des gens honnêtes de parler ainsi dans le noir, c’est bon pour des voleurs, des menteurs, des luxurieux et des assassins. Les complices de mauvaises actions aiment les ténèbres. Moi, je ne suis le complice de personne.

– Moi non plus, Maître. Je voulais préparer un bon feu, et c’est pour cela que je me suis levé de bonne heure… Que dis-tu, Maître ? Tu as murmuré quelque chose que je n’ai pas compris.

– Allume donc.

– Ah !… J’ai vu ainsi qu’il fait beau. Mais il fait froid. Tous auront plaisir à trouver un bon feu… Tu t’es levé en m’entendant remuer ici ou à cause du vieux qui… Il a encore ses douleurs ?… Voilà, enfin ! L’amadou et l’allume-feu paraissaient humides, au point qu’ils ne voulaient pas faire d’étincelle… Ils sont trempés… »

530.4

Une petite flamme se lève de la mèche d’une lampe, fluette, tremblante… mais suffisante pour voir les deux visages : le visage pâle du Christ, le visage brun et imperturbable de Judas.

« Maintenant, j’allume le feu… Tu es pâle comme un mort. Tu n’as pas dormi ! Tout ça à cause de ce vieux ! Tu es trop bon.

– C’est vrai : je suis trop bon… Envers tout le monde, même envers ceux qui ne le méritent pas. Mais le vieillard le mérite. C’est un homme honnête, un cœur fidèle. Toutefois, ce n’est pas pour lui que j’ai veillé, mais pour un autre. C’est vrai. L’amadou et le briquet étaient humides, mais ce n’était pas à cause d’une tasse renversée ou de quelque liquide répandu accidentellement, mais à cause de mes larmes qui sont tombées dessus. C’est vrai. Il fait beau, mais froid, et le vent a essuyé les routes ; mais vers l’aube, la rosée est tombée. Touche mon manteau, il en est humide… Et puis l’aube est venue montrer le temps serein, la lumière est venue me montrer une place vide, et le soleil de l’aurore est venu faire briller la rosée sur les feuilles et les larmes sur les cils. C’est vrai, il y aura aujourd’hui beaucoup de malades, mais ce n’étaient pas eux que j’attendais. Je t’attendais, toi. Car c’est pour toi que j’ai veillé toute la nuit. C’est pour toi que, ne pouvant rester enfermé ici à t’attendre, je suis monté sur la terrasse pour jeter au vent mon appel, montrer aux étoiles ma douleur, à l’aurore mes larmes. Ce n’est pas le vieillard malade, mais le jeune dévoyé, le disciple qui fuit le Maître, l’apôtre de Dieu qui préfère l’égout au Ciel et le mensonge à la vérité, qui m’a tenu debout toute la nuit pour t’attendre. Et quand j’ai entendu tes pas, je suis descendu ici… pour t’attendre encore. Non plus ta personne qui, maintenant, m’était proche et se déplaçait comme un voleur dans la cuisine obscure, mais ton sentiment… J’ai attendu une parole… Et tu n’as pas su la dire quand tu m’as senti debout contre toi. Celui auquel tu es en train de vendre ton âme ne t’a donc pas averti que je savais ? Mais non ! Il ne pouvait t’avertir ni te suggérer la seule parole que tu pouvais, que tu devais dire, si tu avais été un juste. Et il t’a suggéré des mensonges que je ne demandais pas, inutiles, offensants plus encore que ta fugue nocturne. Il te les a suggérés en ricanant, content de t’avoir fait descendre une marche de plus et de m’avoir causé une autre peine. C’est vrai. Il viendra beaucoup de malades, mais le plus grand malade ne viendra pas à son Médecin. Et le Médecin lui-même est malade de douleur pour ce malade qui ne veut pas guérir. C’est vrai. Tout est vrai, même que j’ai murmuré un mot que tu n’as pas compris. Après ce que je t’ai dit, tu le devines ? »

Jésus a parlé à voix basse, mais sur un ton si tranchant, si douloureux et en même temps si sévère que Judas qui, aux premiers mots, était souriant, bien droit, effronté, tout près de Jésus, s’est peu à peu éloigné et ratatiné comme si chaque mot lui assénait un coup, alors que Jésus s’est toujours plus redressé, vraiment Juge et vraiment tragique dans son attitude douloureuse.

Judas, bloqué maintenant entre une huche et le coin du mur, murmure :

« Mais… Je ne sais pas…

– Non ? Eh bien, je te le redis, car je ne crains pas de dire ce qui est vrai. Menteur ! Voilà ce que je t’ai dit. Et si l’on supporte encore les mensonges d’un enfant parce qu’il en ignore la portée et qu’on lui apprend à ne plus en dire, chez un homme, on ne le supporte pas, et chez un apôtre, disciple de la Vérité même, il provoque le dégoût. Un dégoût total. Voilà pourquoi je t’ai attendu toute la nuit et pourquoi j’ai pleuré en mouillant la table là où se trouvait l’allume-feu. Ensuite, j’ai pleuré en veillant et en t’appelant de toute mon âme à la lumière des étoiles, voilà pourquoi je suis trempé par la rosée comme l’amant[1] des Cantiques. Mais c’est en vain qu’elle couvre ma tête et que les gouttes de la nuit mouillent les boucles de mes cheveux ; c’est inutilement que je frappe à la porte de ton âme et que je lui dis : “ Ouvre-moi, car je t’aime, bien que tu ne sois pas immaculée. ” C’est même justement parce qu’elle est tachée que je veux entrer en elle et la purifier. C’est justement parce qu’elle est malade que je veux entrer pour la guérir. Fais attention, Judas ! Prends garde que l’Epoux ne s’éloigne, et pour toujours, et que tu ne puisses plus le trouver…

530.5

Judas, tu ne dis rien ?…

– Il est trop tard pour parler, désormais ! Tu l’as dit : je te dégoûte. Chasse-moi…

– Non. Les lépreux eux aussi me dégoûtent, mais j’ai pitié d’eux et, s’ils m’appellent, j’accours et je les purifie. Ne veux-tu pas être purifié ?

– Il est trop tard… c’est inutile. Je ne sais pas être saint. Chasse-moi, te dis-je.

– Je ne suis pas l’un de tes amis pharisiens qui déclarent impurs une infinité de choses et les fuient ou les chassent durement alors qu’ils pourraient les purifier par la charité. Je suis le Sauveur et je ne chasse personne… »

Un long silence s’établit. Judas reste dans son coin. Jésus appuie son dos à la table et, l’air fatigué, souffrant, il semble se soutenir grâce à elle… Judas lève la tête. Hésitant, il le regarde et murmure :

« Et si je te quittais, que ferais-tu ?

– Rien. Je respecterais ta volonté, en priant pour toi. Pourtant à mon tour, je t’affirme que même si tu me quittes, il est désormais trop tard.

– Trop tard pour quoi, Maître ?

– Pour quoi ? Tu le sais comme moi… Allume le feu, maintenant. On marche, au-dessus. Etouffons le scandale ici, entre nous. Pour tous, nous aurons eu un court sommeil… et nous aurons été réunis par un désir de chaleur… Mon Père !… »

Et pendant que Judas approche la flamme des branches déjà mises sur le foyer et souffle pour allumer des copeaux, Jésus lève les mains au-dessus de sa tête et s’en presse les yeux…

530.1

Nobe inteira ainda está dormindo. Estamos vendo chegar a primeira claridade do dia. A aurora, com essas luzes tão mansas do inverno, tem uma delicadeza em suas cores que até parece irreal. Não é a luz verde-prata das auroras do verão, tão rápida em mostrar-se e a andar para um ouro pálido, e depois em um cor-de-rosa cada vez mais intenso. Mas um verde jade, que se destempera para formar um cinza azulado muito tênue, já a está anunciando no oriente com um pequeno semicírculo, que aparece bem na linha do horizonte. É um ponto de uma luminosidade quase velada, quase cansada, como se fosse uma chama pálida de enxofre aceso atrás das cortinas de uma fumaça branquicenta. E tarda em crescer sob um céu ainda pardo, embora sereno, e ainda com as estrelas olhando para o mundo. E tarda em afastar essa cor pardacenta para dar lugar à sua bela cor de jade pálido e do puro cobalto, como é o céu da Palestina. Tímida e frienta, parece querer ficar parada por uns instantes no primeiro degrau do oriente. E lá está indecisa, tendo apenas dilatado seu semicírculo de uma luminosidade sulfurina, e somente já um pouco diluída do esverdeado para o branco, misturado com uma lembrança do amarelo, quando fica anulada por um repentino cor-de-rosa, que o céu emite do seu último véu noturno e fica limpo e bonito, como um baldaquino de safira pálida. E um fogo se acende na linha do horizonte, como se tivesse caído uma parede, e ficasse colocada à mostra uma fornalha ardente. Mas será fogo ou um rubi aceso por algum fogo escondido? Não. É o sol que vem nascendo. Ei-lo. Mal ele desponta por detrás das curvas do horizonte e já achou o que pincelar de coral rosa: um bloco de nuvens, e como transformar em diamantes as gotas de orvalho sobre as copas das árvores de folhas perenes. Um alto carvalho, que fica na extremidade do povoado, está com um véu de diamantes sobre suas folhas de bronze viradas para o oriente. Parecem muitasestrelinhas piscando por entre os ramos desse gigante que se ergueu, com sua copa, rumo ao azul.

Talvez, durante a noite, as estrelas tenham baixado para contar segredos celestes aos cidadãos de Nobe, ou talvez para consolarem, com sua luz pura, o homem que ficou sem dormir, caminhando em silêncio lá em cima, no terraço de João. Sim. Porque, único em toda Nobe adormecida, Jesus está acordado e vai lentamente para diante e para trás no terraço da casinha, com os braços cruzados sobre um grande manto que o cobre todo e bem fechado para defendê-lo do frio, estando também coberto com um capuz até sobre a cabeça. Jesus, a cada vez que chega na extremidade do terraço, olha para fora e se inclina, para ver lá embaixo a rua que passa pelo centro do povoado. A rua ainda está muito escura, vazia e silenciosa. Depois, recomeça a andar lentamente, como de costume, com a cabeça baixa, meditando, olhando de vez em quando para o céu que cada vez mais se enche de luz e das fugazes cores da alva e da aurora; ou acompanhando com o olhar o vão levemente rumorejante do primeiro pássaro que, despertado pela luz, passa pelo vão da telha hospitaleira de algum telhado vizinho, para descer e ir bicar alguma coisa aos pés da velha macieira do João, indo embora depois, voando, por ter visto Jesus, com uns gritinhos de medo, que fazem despertar outros filhotes que estão aninhados ali por perto.

530.2

De um lugar todo cercado vem um balido de ovelha e se perde, tremulando pelos ares. Pela estrada vem vindo um tropel apressado. Jesus se põe a olhar. Depois corre rápido para descer pela escadinha abaixo, entra na cozinha escura e fecha a porta atrás de Si.

Os passos já vêm chegando perto, já se ouvem à beira da horta, ao lado da casa, e param diante da saída da cozinha, vê-se uma mão que procura a fechadura, percebe que ela está sem chave, faz então funcionar o ferrolho, que se pode mover tanto do lado de fora como do de dentro; e, ao mesmo tempo, uma voz está dizendo:

– Alguém já se terá levantado?

Depois uma mão abre cuidadosamente a porta, sem fazê-la ranger. A cabeça de Judas de Keriot aparece pela abertura… Ele olha… A escuridão é completa. Faz frio. Silêncio.

– Esqueceram a porta aberta… Mas ela me parecia estar fechada… Afinal… É uma coisa sem importância!… Os ladrões não roubam os pobres. E mais miseráveis do que nós… Ah! É… Mas esperemos que… não fique assim. Onde está aquele maldito acendedor?… Não o encontro… Se eu conseguir acender o fogo… Por que foi que eu vim tarde, sim, tarde demais… Mas onde estará? São muitas as mãos que o usam. Estará sobre o fogão? Não… Sobre a mesa? Não… Sobre os bancos… Não. Sobre a mísula? Também não… Aquela porta carunchada chia, ao abrir-se… Madeira carunchada… gonzos enferrujados!… Tudo velho, mofado, tudo horrível aqui. Ah! Pobre Judas! E não há… O remédio é pedir ao velho…

Sempre falando, ele foi andando e tateando para um lado e para outro, invisível no escuro, cauteloso como um ladrão ou um pássaro noturno…

530.3

Choca-se contra um corpo e dá um grito meio sufocado pelo espanto.

– Não tenhas medo. Sou Eu. E o acendedor está em minha mão. Ei-lo aqui. Acende –diz Jesus mansamente.

– És Tu, Mestre? Que é que estavas fazendo aqui sozinho, no escuro, exposto ao frio… Certamente haverá muitos doentes hoje, depois de um sábado e dois dias de tempo chuvoso, mas eles não estarão aqui tão cedo. Somente agora é que se estarão pondo em movimento nas cidades vizinhas, porque somente agora é que se pode prever que não irá chover. O vento da noite já enxugou as estradas.

– Eu sei. Mas acende a luz. Não é próprio de gente honesta ficar falando assim na escuridão. Isso é de ladrões, de mentirosos, de luxuriosos e assassinos. Os cúmplices nas más ações amam as trevas. Eu não sou cúmplice de ninguém.

– Nem eu, Mestre. Eu estava querendo acender um bom fogo. E, por isso, me levantei primeiro… Que é que estás dizendo, Mestre? Tu estavas murmurando por entre os lábios e eu não ouvi bem.

– Então, acende.

– Ah!… Assim já vi que o tempo está sereno. Mas está fazendo frio. Todos gostarão de achar um bom fogo… Tu te levantaste por ouvir o barulho que eu fazia ou por causa do velho que… Ele ainda está sentindo dores?… Aí está! Finalmente! A isca e o acendedor parece que estavam úmidos, pois não queriam nem soltar faísca… Eles se molharam…

530.4

Uma chamazinha se levanta do pavio de uma candeia. Só uma labareda, pequena, vacilante, mas suficiente para que sejam vistos os dois rostos: o rosto pálido de Cristo e o amorenado e destemido de Judas.

– Agora vou acender o fogo… Estás pálido como um morto. Tu não dormiste. E por causa daquele velho! Tu és bom demais.

– É verdade. Eu sou bom demais. Com todos. Até com aqueles que não o merecem. Mas o velho o merece. É um homem honesto e de coração fiel. Não obstante isso, Eu não velei por causa dele, mas por causa de um outro. É verdade. A isca e o acendedor não estavam úmidos, mas não foi por causa de alguma taça que tombou ou de algum liquido derramado em algum incidente, mas por minhas lágrimas que caíram sobre eles. É verdade. O tempo está sereno, mas faz frio, e o vento já enxugou as estradas, mas ao romper da aurora caiu o orvalho. Pega no meu manto. Ainda está úmido. Depois chegou a aurora, mostrando o tempo sereno, veio a luz para mostrar um lugar vazio, veio o sol depois da aurora para fazer brilhar a orvalhada sobre as folhas e as lágrimas sobre os cílios. É verdade. Hoje teremos muitos doentes, mas Eu não os esperava. Eu estava esperando por ti. Porque foi por causa de ti que Eu velei a noite inteira. Por ti, porque, não podendo ficar fechado aqui a esperar-te, subi ao terraço a fim de dizer ao vento a minha mágoa, mostrar às estrelas a minha dor, à aurora o meu pranto. Não é o velho doente, mas o jovem desencabrestado, o discípulo que evita o Mestre, o apóstolo de Deus que prefere a cloaca ao Céu, a mentira à verdade, foram estas coisas que me fizeram ficar em pé a noite inteira te esperando. E quando Eu ouvi os teus passos, desci até aqui… para continuar te esperando. Não mais com a tua pessoa, que já estava perto de Mim, vagando como se fosse um ladrão pela cozinha escura, mas com os teus sentimentos. Fiquei esperando uma palavra. E tu não a soubeste dizer, quando percebeste que eu estava de pé diante de ti. Aquele ao qual estás vendendo o teu espírito não te advertiu, então, do que Eu sabia? Mas, não! Ele não podia advertir-te nem sugerir-te a única palavra que podias, que devias dizer, se fosses um justo. E ele te sugeriu as mentiras sobre o que nada perguntei, inúteis, mas mais ofensivas do que a tua fuga noturna. Ele as sugeriu a ti, escarnecendo, contente por ter-te feito descer mais um degrau, e por Me ter causado mais uma dor… É verdade. Virão muitos doentes. Mas o mais doente de todos não virá ao seu Médico. E o próprio Médico está doente com a dor por este que não quer ficar curado. É verdade. Tudo é verdade. Também que Eu murmurei uma palavra que tu não entendeste. Depois de tudo o que Eu disse não adivinhas o que poderia ter sido?

Jesus falou em voz baixa, mas de modo tão incisivo e doloroso e, ao mesmo tempo, tão severo, que Judas, que às primeiras palavras estava sorridente, de pé e desrespeitoso, bem perto de Jesus, foi pouco a pouco se retraindo e se encolhendo, como se cada palavra de Jesus fosse para ele uma chicotada, enquanto Jesus ficou sempre mais erguido, como verdadeiro juiz, um juiz verdadeiramente trágico na representação de sua dor.

Judas, confinado agora entre uma masseira e um canto da parede, murmura:

– Mas… Eu não saberia…

– Não? Pois bem. Eu te irei dizer, porque não tenho medo de dizer o que é verdade. Mentiroso! Eis o que Eu disse. E se ainda se suporta o menino mentiroso, porque ele ainda não sabe o que vale uma mentira e se deve ensiná-lo a não dizê-la mais, em um homem isso não se suporta, e em um apóstolo, discípulo da própria Verdade, causa repugnância. Isso mesmo, repugnância. Eis por que é que Eu te esperei a noite toda e chorei molhando a mesa, lá onde estava o acendedor, e depois chorei vigiando e chamando-te com toda a minha alma, à luz das estrelas. E eis porque me molhei de orvalho, como o amante[1] dos Cânticos. Mas inutilmente minha cabeça ficou coberta de orvalho e os meus cabelos pelas gotas da noite, inutilmente Eu bato à porta de tua alma e lhe digo: “Abre-me a porta, porque Eu te amo, por mais que já não sejas imaculada.” Aliás, justamente porque está manchada é que Eu quero entrar nela e limpá-la. Justamente porque está doente é que Eu quero entrar e curá-la. Presta atenção, Judas! Presta atenção para que o esposo não se afaste, e para sempre, e que tu não o possas mais encontrar…

530.5

Judas, não dizes nada?

– Já é tarde para falar. Tu disseste que eu te causo repugnância. Expulsa-me…

– Não. Também os leprosos me causam repugnância. Mas Eu tenho piedade deles. E se eles me chamam, Eu vou a eles e os curo. Não queres ser curado?

– É tarde… e é inútil. Eu não sei ser santo. Expulsa-me, eu te digo.

– Eu não sou um dos teus amigos fariseus, que dizem ser imundas muitas coisas e as evitam ou excluem com dureza, quando poderiam limpá-las com caridade. Eu sou o Salvador e não expulso ninguém…

Há um longo silêncio. Judas está em seu canto. Jesus está apoiando as costas à mesa e parece sentir alívio com isso, pois está cansado e sofrendo… Judas levanta a cabeça. Olha para Jesus, titubeando e murmura:

– E se eu te deixasse que farias?

– Nada. Respeitaria a tua vontade. Rezaria por ti. Mas de minha parte Eu te digo que, mesmo que tu me deixes, já é tarde demais.

– Para quê, Mestre?

– Para quê? Tu sabes tanto como Eu… Acende agora o fogo. Lá em cima há gente caminhando. Sufoquemos o escândalo aqui entre nós. Todos pensarão que tivemos um sono curto e que o que nos reuniu aqui foi um desejo de calor. Pai!…

E enquanto Judas aproxima o facho dos feixes já colocados no fogão e sopra para que a chama pegue nuns gravetos mais leves, Jesus levanta as mãos sobre a própria cabeça e depois as aperta sobre os olhos…


Notes

  1. comme l’amant : Ct 5, 2-6.

Notas

  1. como o amante, de Cântico dos cânticos 5,2-6.