Os Escritos de Maria Valtorta

574. En route d’Hennon à Tersa.

574. Indo de Enon a Tersa, Jesus resgata e acolhe

574.1

Hennon — ce n’est qu’une poignée de maisons —, est située plus au nord. C’était l’endroit où vivait Jean-Baptiste, une simple grotte entourée d’une végétation luxuriante. A peu de distance, des sources clapotent pour former ensuite un ruisseau bien gonflé d’eaux qui coulent vers le Jourdain.

Jésus est assis hors de la grotte, là où il se trouvait quand il a salué son cousin[1]. Il est seul. L’aurore teint à peine de rouge l’orient, et les bois se réveillent avec le pépiement des oiseaux. Des bêlements parviennent des bercails d’Hennon. Un braiment déchire l’air paisible.

J’entends un trottinement de pas sur le sentier. Il passe un troupeau de chèvres conduites par un adolescent, qui s’arrête un instant, l’air indécis, pour regarder Jésus. Puis il s’en va. Mais il fait bientôt demi-tour, car une chevrette s’est arrêtée là pour observer l’homme qu’elle n’avait pas l’habitude de voir à cet endroit, et qui tend sa longue main pour lui offrir une tige de marjolaine et caresser sa tête intelligente. Le pâtre reste interdit. Il ne sait s’il doit éloigner la bête ou laisser Jésus la caresser en souriant, comme s’il était content qu’elle vienne sans crainte s’accroupir à ses pieds en posant la tête sur ses genoux. Les autres chèvres aussi reviennent en arrière pour brouter l’herbe parsemée de fleurs.

Le petit berger demande :

« Tu veux du lait ? Je n’ai pas encore trait deux chèvres rétives qui, si elles ne sont pas repues, donnent des coups de cornes quand on leur presse les mamelles. Elles sont comme leur maître qui, s’il n’est pas plein d’argent, nous donne des coups de bâton.

– C’est en tant que serviteur, que tu es berger ?

– Je suis orphelin, je suis seul et je suis serviteur. Mon patron m’est apparenté, car c’est le mari de la sœur de la mère de ma mère. Tant que Rachel vivait… mais elle est morte depuis plusieurs mois… Et je suis très malheureux… Prends-moi avec toi ! Je suis habitué à vivre de rien… Je serai ton serviteur… un peu de pain me suffit comme paiement. Ici aussi, je n’ai rien… S’il me payait, je m’en irais. Mais il dit : “ Ton argent ? Je le garde pour te vêtir et te nourrir. ” Vois comme il m’habille ! Quant à me nourrir… regarde-moi ! Et cela, ce sont les coups… Voilà mon pain d’hier… »

Il montre des bleus sur ses bras et ses épaules très maigres.

« Qu’avais-tu fait ?

– Rien. Tes compagnons, les disciples je veux dire, parlaient du Royaume des Cieux, et moi, je les écoutais… C’était le sabbat. Même si je ne travaillais pas, je n’étais pas oisif parce que c’était le sabbat… Il m’a frappé brutalement, tellement que… que je ne veux plus rester avec lui. Prends-moi. Ou je vais m’enfuir… je suis venu exprès ici, ce matin. J’avais peur de parler. Mais tu es bon, alors je parle.

– Et le troupeau ? Tu ne voudras certainement pas t’enfuir avec lui…

– …Je le ramènerai au bercail… D’ici peu, l’homme va aller couper du bois en forêt … Je vais ramener le troupeau et m’enfuir. Oh ! emmène-moi !

574.2

– Mais sais-tu qui je suis ?

– Tu es le Christ, le Roi du Royaume des Cieux ! Qui te suit sera bienheureux dans l’autre vie. Je n’ai jamais eu aucune joie ici… Ne me repousse pas… pour que je puisse en connaître là haut… »

Il pleure, prosterné aux pieds de Jésus, près de la chevrette.

« Comment me connais-tu si bien ? Tu m’as peut-être entendu parler ?

– Non. Je sais, depuis hier, que tu te trouves là où était Jean-Baptiste. Mais de temps à autres, certains de tes disciples passent par Hennon. Je les ai entendus. Ils s’appellent Matthias, Jean, Siméon, et ils venaient souvent ici car Jean-Baptiste a été leur maître avant toi. Et puis, Isaac… j’ai retrouvé en lui un père et une mère. Il voulait même m’enlever à mon maître et il avait donné l’argent nécessaire. Mais cet homme… oui, il a pris l’argent, mais au lieu de me donner, il s’est moqué de ton disciple.

– Tu sais beaucoup de choses. Mais sais-tu où je vais ?

– A Jérusalem. Mais je ne porte pas écrit sur mon visage que je suis d’Hennon[2].

– Je continue mon chemin. Je pars bientôt. Je ne puis t’emmener.

– Prends-moi pour le peu de temps où cela t’est possible.

– Et après ?

– Après… Je pleurerai, mais j’irai avec les disciples de Jean qui, les premiers, ont appris au pauvre enfant que je suis, que la joie que les hommes ne donnent pas sur la terre, Dieu la donne au Ciel à ceux qui ont fait preuve de bonne volonté. Moi, pour l’avoir, j’ai reçu bien des coups et j’ai eu très faim, en demandant à Dieu de me procurer cette paix. Tu vois que j’ai eu de la bonne volonté… Mais, maintenant, si tu me repousses, je n’aurai plus aucun espoir… »

Il pleure doucement, en suppliant Jésus de ses yeux pleins de larmes plus que par la parole.

574.3

« Je n’ai pas d’argent pour te racheter, et je ne sais pas si ton maître y consentirait.

– Mais j’ai déjà été payé ! J’ai des témoins : Eli, Lévi et Jonas ont vu et ils lui en ont fait le reproche. Or ce sont les plus grands hommes d’Hennon, tu sais, eux !

– S’il en est ainsi… Allons. Lève-toi et viens.

– Où ?

– Chez ton maître.

– J’ai peur ! Vas-y seul. Il est là-bas, sur cette colline, au milieu des arbres qu’il coupe. Moi, j’attends ici.

– N’aie pas peur. Regarde : mes disciples arrivent. Nous serons nombreux contre lui. Il ne te fera aucun mal. Lève-toi. Nous allons à Hennon chercher les trois témoins, puis nous irons trouver ton maître. Donne-moi la main. Par la suite, je te confierai aux disciples que tu connais. Comment t’appelles-tu ?

– Benjamin.

– J’ai deux autres petits amis de ce nom. Tu seras le troisième.

– Ami ? C’est trop ! Je suis serviteur.

– Du Très-Haut. Pour Jésus de Nazareth, tu es l’ami. Viens, rassemble le troupeau et partons. »

574.4

Jésus se lève et, pendant que le jeune berger regroupe ses chèvres et pousse celles qui sont rétives sur le chemin du retour, Jésus fait signe aux apôtres, qui avancent sur le sentier et regardent du côté de Jésus, de venir rapidement. Ils hâtent le pas. Mais le troupeau est désormais en route et Jésus, tenant l’enfant par la main, va vers eux…

« Seigneur ! Tu es devenu berger de chevreaux ? Vraiment, la Samarie peut être appelée la chèvre… Mais toi…

– Mais je suis le bon Berger et je change aussi les chevreaux en agneaux. D’ailleurs, les enfants sont tous des agneaux, et celui-ci est à peine plus qu’enfant.

– N’est-ce pas celui que cet homme, hier, a emmené si brutalement ? dit Matthieu en l’observant.

– Je crois que c’est lui. C’était bien toi ?

– C’est moi.

– Oh ! pauvre garçon ! Ton père ne t’aime manifestement pas ! s’exclame Pierre.

– Mon maître. Je n’ai pas d’autre père que Dieu.

– Oui. Les disciples de Jean ont instruit son ignorance et réconforté son cœur, et au bon moment, le Père de tous nous a fait nous rencontrer. Nous allons à Hennon chercher trois témoins, puis nous irons trouver son maître… dit Jésus.

– Pour te faire donner l’enfant ? Et où est l’argent ? Marie a donné les derniers deniers qu’elle avait… fait remarquer Pierre.

– Pas besoin d’argent. Il n’est pas esclave, et on a déjà remis l’argent à son maître pour cela. C’est Isaac qui l’a donné, car l’enfant lui faisait peine à voir.

– Et pourquoi ne l’a-t-il pas obtenu ?

– C’est que nombreux sont ceux qui bafouent Dieu et leur prochain. Voici ma Mère avec les femmes. Allez leur dire de ne pas continuer leur chemin. »

Jacques, fils de Zébédée, et André s’en vont en courant, légers comme des gazelles. Jésus se hâte vers sa Mère et les femmes disciples, et il les rejoint quand déjà elles savent et observent l’enfant avec pitié.

574.5

Ils retournent rapidement vers Hennon et conduits par le garçon, ils vont à la maison d’Elie. C’est un vieillard aux yeux embués par les ans, mais encore vigoureux. Dans sa jeunesse, il devait être robuste comme un chêne de ces régions.

« Elie, le Rabbi de Nazareth m’emmène si…

– Il t’emmène ? Il ne pouvait faire une plus grande faveur. Tu finirais par devenir mauvais en restant ici. Le cœur s’endurcit quand l’injustice dure trop. Et elle est trop dure. Tu l’as trouvé ? Le Très-Haut écoute donc tes pleurs, même s’ils viennent d’un enfant samaritain. Tu es heureux, alors, toi qui, grâce à ton âge, es délivré de toute chaîne et qui peux suivre la Vérité sans que rien ne t’en empêche, pas même la volonté d’un père ou d’une mère. Ce qui, pendant tant d’années, a semblé être un châtiment paraît aujourd’hui providentiel. Dieu est bon. Mais que veux-tu de moi, pour être venu ici ? Ma bénédiction ? Je te la donne en tant qu’Ancien de l’endroit.

– Ta bénédiction, je la veux, car tu es bon. Mais je suis aussi venu pour que, avec Lévi et Jonas, vous alliez avec le Rabbi trouver mon maître afin qu’il ne réclame pas d’autre argent.

– Mais où est le Rabbi ? Je suis vieux et j’y vois bien peu ; je ne reconnais que ceux que je connais bien. Moi, je ne connais pas le Rabbi.

– Il est ici. Il se tient devant toi.

– Ici ? Puissance éternelle ! »

Le vieillard se lève et s’incline vers Jésus :

« Pardonne au vieillard dont les yeux sont enténébrés. Je te salue, car il n’y a qu’un juste dans tout Israël, et tu es celui-là.

574.6

Al­lons-y. Lévi est dans son jardin autour de sa cuve, et Jonas est à ses fromages. »

Elie se relève. Même s’il est voûté par les ans, il est aussi grand que Jésus. Il se met en route en tâtant le mur, évitant, à l’aide de son bâton, les obstacles du chemin.

Jésus, qui l’a salué en lui donnant sa paix, l’aide à franchir un passage où trois marches rudimentaires rendent la route dangereuse pour un malvoyant. Avant de se mettre en route, Jésus avait demandé aux femmes disciples de l’attendre à cet endroit. Pendant ce temps, Benjamin va à son bercail.

Le vieillard dit :

« Tu es bon, mais Alexandre est un fauve. C’est un loup. Je ne sais pas si… Mais je suis assez riche pour te donner ce qu’il faut d’argent pour Benjamin, si encore Alexandre en veut. Mes enfants n’ont pas besoin de mon argent. J’approche du siècle et l’argent ne sert pas pour l’autre vie. Un acte d’humanité, oui, cela a de la valeur…

– Pourquoi ne l’as-tu pas fait plus tôt ?

– Ne me réprimande pas, Rabbi. Je donnais à manger à l’enfant et je le réconfortais, pour qu’il ne devienne pas un malfaiteur. Alexandre est capable de rendre féroce une tourterelle, mais je ne pouvais pas lui retirer l’enfant ; personne ne l’aurait pu. Toi… tu pars loin. Mais nous… nous restons ici et nous redoutons ses vengeances. Un jour, un homme d’Hennon s’est interposé parce que, pris de boisson, Alexandre battait à mort l’enfant. Mais ensuite, je ne sais pas comment Alexandre s’y est pris, il a réussi à empoisonner le troupeau.

– N’est-ce pas mal penser ?

– Non. Il a attendu plusieurs mois, jusqu’à ce que vienne l’hiver, quand les brebis restent enfermées ; alors, il a empoisonné l’eau du bassin. Elles burent, gonflèrent, et moururent toutes. Nous sommes tous bergers ici, et nous avons compris… Pour en être sûrs, nous avons fait manger de leur viande à un chien, et le chien est mort. D’ailleurs, quelqu’un avait vu Alexandre se glisser furtivement dans l’enclos… C’est un malfaiteur ! Nous le craignons… Cruel, toujours ivre le soir, il est impitoyable avec tous les siens, et maintenant qu’ils sont tous morts, il torture le garçon.

– Dans ce cas, ne m’accompagne pas…

– Oh ! si, je viens ! Il faut dire la vérité.

574.7

Voilà. J’entends le marteau, c’est Lévi. »

Et il l’appelle à haute voix près d’une haie :

« Lévi ! Lévi ! »

Un vieillard, moins âgé que le premier, sort en vêtements courts, un marteau à la main. Il salue Elie et lui demande :

« Que veux-tu, mon ami ?

– J’ai à côté de moi le Rabbi de Galilée. Il est venu chercher Benjamin. Alexandre est dans le bois, mais viens témoigner qu’il a en déjà obtenu l’argent de la part d’un disciple.

– J’arrive ! On m’a toujours dit que le Rabbi était bon. Maintenant, je le crois. Paix à toi ! »

Il pose son marteau, recommande à je ne sais qui de l’attendre, et part avec Elie et Jésus.

Ils sont vite arrivés au bercail de Jonas. Ils l’appellent, expliquent…

« Je viens. Toi, commande-t-il à un garçon, avance le travail. »

Il s’essuie les mains à un linge qu’il jette sur une pioche et suit Jésus, après l’avoir salué en même temps que Lévi et Eli.

Jésus parle pendant ce temps avec le vieillard. Il lui dit :

« Tu es un juste, Dieu te donnera la paix.

– Je l’espère. Le Seigneur est juste ! Ce n’est pas ma faute si je suis né en Samarie…

– Ce n’est pas ta faute. Dans l’autre vie, il n’y a pas de frontières pour les justes. Seule la faute dresse une frontière entre le Ciel et l’Abîme.

– C’est vrai. Comme j’aimerais te voir ! Ta voix est douce, et douce est ta main pour guider le vieil aveugle que je suis… douce et forte. Il me semble que c’est celle de mon petit-fils bien-aimé, Elie, comme moi, fils de Joseph, mon fils. Si ton aspect est comme ta main, bienheureux ceux qui te voient.

– Mieux vaut m’entendre que me voir. Cela rend l’esprit plus saint.

– C’est vrai. Moi, j’écoute ceux qui parlent de toi. Hélas, ils passent rarement…

574.8

Mais n’est-ce pas un bruit de hache sur les troncs ?

– Si.

– Alors… Alexandre est près d’ici… Appelle-le.

– Oui. Vous, restez ici. Si j’y parviens seul, je ne vous appellerai pas, et ne vous montrez pas. »

Il s’avance, et hèle l’homme.

« Qui me demande ? Qui es-tu ? » dit un homme âgé, très robuste, au profil dur, avec une poitrine et des membres de lutteur. Un coup de ses mains doit être un vai coup de massue.

« C’est moi, un inconnu qui te connaît. Je viens prendre ce qui m’appartient.

– Ce qui t’appartient ? Ah ! Ah ! Qu’est-ce qui est à toi dans mon bois ?

– Dans le bois, rien. Mais dans ta maison, il y a Benjamin.

– Tu es fou ! Benjamin est mon serviteur.

– Et ton parent. Mais toi, tu es son geôlier. Un de mes envoyés t’a donné, pour obtenir l’enfant, la somme que tu exigeais. Or tu as pris l’argent et gardé l’enfant. Mon envoyé, en homme de paix, n’a pas réagi. Je viens au nom de la justice.

– Ton envoyé a dû boire l’argent. Moi, je n’ai rien eu, et je garde Benjamin. Je l’aime bien.

– Non. Tu le détestes. Ce que tu aimes, c’est le profit que tu tires de lui et dont tu ne lui donnes rien. Ne mens pas : Dieu punit les menteurs.

– Mais je n’ai pas reçu d’argent ! Si tu as parlé avec mon serviteur, sache que c’est un fieffé menteur. Et moi je le frapperai, puisqu’il me calomnie. Adieu ! »

Il tourne le dos à Jésus et va s’éloigner.

« Attention, Alexandre, Dieu est présent. Ne défie pas sa bonté.

– Dieu ! Serait-il chargé de protéger mes intérêts ? C’est à moi seul de les sauvegarder, et j’y veille.

– Prend garde à toi !

574.9

– Mais qui es-tu, misérable Galiléen ? Comment te permets-tu de me faire des reproches ? Je ne te connais pas.

– Si, tu me connais : je suis le Rabbi de Galilée, et…

– Ah oui ! Et tu crois me faire peur ? Je ne crains ni Dieu ni Belzébuth, moi, et tu veux que je te craigne, toi ? Un fou ? Va, va ! Laisse-moi travailler. Va-t’en, te dis-je. Ne me regarde pas. Crois-tu que tes yeux puissent me faire peur ? Que veux-tu voir ?

– Pas tes crimes, car je les connais tous. Tous. Même ceux que personne ne connaît. Mais je veux voir si tu ne comprendras même pas que cette heure est la dernière que la miséricorde de Dieu t’accorde pour te repentir. Je veux voir si le remords ne se lèvera pas pour fendre ton cœur de pierre, si… »

L’homme, qui tient sa hache à la mains, la lance vers Jésus qui se baisse rapidement. La hache fait un arc au-dessus de sa tête et va frapper un jeune chêne vert, qui se trouve coupé net et tombe avec un grand bruit de feuillage et un frémissement d’ailes d’oiseaux épouvantés.

574.10

Les trois autres, cachés non loin, sortent en hurlant, craignant que Jésus n’ait été frappé lui aussi, et le malvoyant s’écrie:

« Ah ! si je pouvais voir ! Voir s’il n’a effectivement aucune blessure ! Pour cette seule raison, je voudrais voir, ô Dieu éternel ! »

Et, sourd à toutes les assurances des autres, il avance à l’aveuglette — car il a perdu son bâton — et veut toucher Jésus, pour se rendre compte s’il ne saigne pas de quelque partie du corps, et il gémit :

« Un clair rayon de lumière, puis les ténèbres. Mais voir, voir, sans ce voile qui me permet à peine de deviner les obstacles…

– Je n’ai rien, père, touche-moi » assure Jésus en s’approchant et en se laissant toucher.

Pendant ce temps, les autres adressent à l’individu brutal de sévères critiques et lui reprochent ses coups et ses mensonges. N’ayant plus sa hache, il sort un couteau et s’avance pour frapper, en blasphémant Dieu, en se moquant de l’aveugle, en menaçant les autres… c’est un fauve furieux. Mais soudain il chancelle, s’arrête, laisse tomber son poignard, se frotte les yeux, les ouvre, les ferme, puis il pousse un cri terrifiant :

« Je ne vois plus rien ! A l’aide ! Mes yeux… Les ténèbres… Qui peut me sauver ? »

Les autres crient aussi, de stupeur. Ils se moquent même de lui :

« Dieu t’a entendu. »

En effet, parmi ses blasphèmes, il y avait ceci :

« Que Dieu m’aveugle si je mens et si j’ai péché. Et mieux vaut être aveugle qu’adorer un fou nazaréen ! En ce qui vous concerne, je me vengerai, et je briserai Benjamin comme cet arbuste… »

Ils ironisent :

« Maintenant, venge-toi…

– Ne soyez pas comme lui, ne haïssez pas, conseille Jésus

Et il caresse le vieillard, qui ne se préoccupe de rien d’autre que de la bonne santé de Jésus. Alors, pour le rassurer, Jésus lui dit :

« Lève la tête ! Regarde ! »

Le miracle s’accomplit. De même que, tout à l’heure, les ténèbres s’étaient emparées de la brute, la lumière vient pour le juste. Et c’est un cri tout autre, un cri de joie, qui s’élève sous les arbres robustes :

« J’y vois ! Mes yeux ! La lumière ! Béni sois-tu ! »

Le vieillard contemple Jésus avec des yeux qui rayonnent d’une nouvelle vie, puis il se prosterne pour lui baiser les pieds.

« Allons, nous deux. Vous autres, vous reconduirez à Hennon ce malheureux. Et faites preuve de pitié à son égard, car Dieu l’a déjà puni. Et Dieu suffit. Que l’homme soit bon devant tout malheur.

– Prends pour toi l’enfant, les brebis, le bois, la maison, l’argent. Mais rends-moi la vue. Je ne peux rester comme cela.

– Impossible. Je te laisse tout ce par quoi tu es devenu pécheur. J’emmène l’innocent, car il a déjà souffert le martyre. Que dans les ténèbres ton âme puisse s’ouvrir à la Lumière. »

574.11

Jésus salue Lévi et Jonas, et descend rapidement avec le vieillard, qui paraît rajeuni et qui, arrivé aux premières maisons, crie sa joie… Hennon tout entière est en émoi…

Jésus se fraie un passage, va trouver le jeune berger près des apôtres, et lui annonce :

« Viens ! Partons, car on nous attend à Tersa.

– Libre ? Je suis libre ? Avec toi ? Oh ! je n’y croyais pas ! Je vais dire au revoir à Elie. Et les autres ? »

Le garçon est tout excité…

Elie l’embrasse, le bénit et lui dit :

« Et pardonne au malheureux.

– Pourquoi ? Pardonner, oui. Mais pourquoi malheureux ?

– Parce qu’il a blasphémé le Seigneur et que la lumière s’est éteinte dans ses yeux. Aucun de nous ne pourra plus le craindre. Il est dans les ténèbres et l’infirmité. Redoutable puissance de Dieu !… »

Le vieillard paraît être un prophète inspiré, ainsi, les bras levés, tourné vers le ciel, pensant à ce qu’il a vu.

Jésus le salue et fend la petite foule agitée. Il s’éloigne, suivi des apôtres et des femmes disciples. Benjamin est salué par les femmes qui veulent donner au protégé du Seigneur un gage de leur affection : un fruit, une bourse, un pain, un vêtement, ce qu’elles trouvent sur place. Et lui, tout heureux, les remercie :

« Vous êtes toujours bonnes avec moi ! Je m’en souviendrai. Je prierai pour vous. Envoyez vos fils au Seigneur. Il est beau d’être avec lui. Il est la Vie. Adieu ! Adieu !… »

574.12

Après avoir traversé Hennon, ils descendent vers le Jourdain et sa vallée, vers de nouveaux événements, encore inconnus…

Mais l’enfant ne se retourne pas pour regarder. Il ne fait aucun commentaire. Il ne pense pas. Il ne soupire pas. Il sourit. Il regarde Jésus, là-bas, tout en avant, vrai Berger suivi de son troupeau, du troupeau dont il fait désormais partie lui aussi, le pauvre enfant… et à l’improviste, il chante, à gorge déployée…

Les apôtres sourient :

« Le garçon est heureux ! »

Les femmes sourient :

« L’oiseau prisonnier a retrouvé la liberté et un nid. »

Jésus sourit, en se tournant pour le regarder. Son sourire, comme toujours, paraît tout rendre plus lumineux. Il l’appelle :

« Viens ici, petit agneau de Dieu, je veux t’enseigner un beau chant. »

Et, suivi par les autres, il entonne le psaume[3] : “ Le Seigneur est mon Berger, rien ne saurait me manquer. Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer ” et ainsi de suite. La belle voix de Jésus se répand à travers la campagne fertile, l’emporte sur les autres, même sur les meilleures, tant elle exprime puissamment sa joie.

574.13

« Il est heureux, ton Fils, dit Marie, femme d’Alphée, à la Vierge.

– Oui. Il est heureux. Il a encore quelques joies…

– Aucun voyage ne reste sans fruit. Il passe en répandant les grâces, et il y a toujours quelqu’un qui rencontre vraiment le Sauveur. Te souviens-tu de ce soir-là[4], à Bethléem de Galilée ? demande Marie de Magdala.

– Oui. Mais je ne voudrais pas me rappeler ces lépreux et cet aveugle…

– Tu pardonnerais toujours. Tu es tellement bonne ! Mais la justice aussi est nécessaire, remarque Marie Salomé.

– Elle est nécessaire, mais heureusement pour nous, la miséricorde est plus grande, reprend Marie de Magdala.

– Toi, tu peux le dire. Mais Marie… répond Jeanne.

– Marie ne veut que le pardon, bien qu’elle-même n’ait pas besoin de pardon. N’est-ce pas, Marie ? dit Suzanne.

– Je ne voudrais que le pardon, oui. Cela seulement. Etre mauvais doit être déjà une terrible souffrance.

– Tu pardonnerais à tous, à tous vraiment ? Mais serait-ce juste de le faire ? Il y a des obstinés dans le mal qui empêchent tout pardon en s’en moquant comme d’une faiblesse, dit Marthe.

– Je pardonnerais. Pour ma part, je pardonnerais. Non par sottise, mais parce que je vois en toute âme un petit enfant plus ou moins bon. Comme un fils… Une mère pardonne toujours… même si elle dit : “ La justice demande un juste châtiment. ” Ah ! si une mère pouvait mourir pour engendrer un cœur nouveau, bon, pour son enfant mauvais, croyez-vous qu’elle ne le ferait pas ? Mais cela ne se peut. Il y a des cœurs qui repoussent toute aide… Et je pense qu’à eux aussi le pardon doit être accordé, par pitié. Car il est déjà si grand, le poids qu’ils ont sur le cœur : de leurs fautes, de la sévérité de Dieu… Oh ! pardonnons, pardonnons aux coupables… Plaise à Dieu d’accueillir notre pardon absolu pour diminuer leur dette…

– Mais pourquoi pleures-tu toujours, Marie ? Même maintenant que ton Fils a une heure de joie ! se plaint Marie, femme d’Alphée.

– Cela n’a pas été une joie complète, car le coupable ne s’est pas repenti. Jésus est dans une joie parfaite quand il peut racheter… »

Qui sait pourquoi Nikê, qui jusque là avait gardé le silence, dit à l’improviste :

« D’ici peu, nous serons de nouveau avec Judas. »

Les femmes se regardent, comme si cette simple phrase était extraordinaire, comme si je ne sais quoi se cachait derrière. Mais aucune ne souffle mot.

574.14

Jésus s’est arrêté dans une très belle oliveraie. Tous en font autant. Après avoir béni la nourriture, il la partage et la répartit.

Benjamin regarde et range ce qu’on lui a donné : vêtements trop longs ou trop larges, sandales qui ne lui vont pas, amandes encore dans leur enveloppe, les dernières noix, un petit fromage, quelques pommes ridées, un coutelas. Il est heureux de son trésor. Il veut offrir les aliments, et plie les vêtements en disant :

« Je mettrai le plus beau pour la Pâque. »

Marie, femme d’Alphée, promet :

« A Béthanie, je te remettrai tout en ordre. En attendant, laisse-le dehors. A Tersa, il y aura de l’eau pour le rafraîchir et, plus loin, nous trouverons du fil pour le mettre à ta taille. Quant aux sandales … je ne sais comment faire.

– On va les donner au premier pauvre venu si elles lui vont, et nous en achèterons une paire de neuves à Tersa, dit tranquillement Marie de Magdala.

– Avec quel argent, ma sœur ? lui demande Marthe.

– Ah ! c’est vrai ! Nous n’avons plus un sou… Mais Judas a de l’argent… Ainsi chaussé, Benjamin ne peut faire une longue route. Et puis, le pauvre enfant ! Son âme a éprouvé une grande joie, mais son humanité aussi doit avoir un sourire… Certaines choses font plaisir. »

Suzanne, jeune et de bonne humeur, lui lance en riant :

« Tu parles comme si tu savais par expérience qu’une paire de sandales neuves fait la joie de celui qui n’en a jamais possédé de pareilles !

– C’est vrai. Je sais effectivement combien un vêtement sec peut faire plaisir quand on est trempé, et un vêtement frais quand on n’en a qu’un. Moi, je me souviens[5]… »

Puis elle penche la tête sur l’épaule de la Vierge Marie en ajoutant :

« Tu te rappelles, Mère ? »

Et elle l’embrasse avec tendresse.

574.15

Jésus donne l’ordre de partir pour arriver à Tersa avant le soir :

« Les deux qui ne sont pas au courant vont s’inquiéter…

– Veux-tu que nous allions en avant les prévenir de ton arrivée ? propose Jacques, fils d’Alphée.

– Oui. Allez-y tous, sauf Jean, Jacques et mon frère Jude. Tersa n’est pas loin désormais…. Cherchez Judas et Elise, et préparez en même temps des places pour nous : puisque nous avons pris du retard et que les femmes nous accompagnent, il sera bon d’y passer la nuit… Nous vous suivrons pendant ce temps. Faites en sorte qu’on vous trouve aux premières maisons… »

Les huit apôtres s’éloignent rapidement, et Jésus les suit plus lentement.

574.1

Enon é um punhado de casas, fica mais acima para o lado do norte. Aqui é o lugar onde vivia o Batista: uma gruta, no meio de uma densa vegetação. Pouco distante das nascentes, ouve-se o borbulhar das águas, que já formam um riacho e vão descendo para o Jordão. Jesus está sentado perto da gruta, no lugar em que estava quando veio visitar o seu primo[1]. Ele está sozinho. A aurora mal começa a tingir de cor de rosa o oriente e as matas já estão despertando com os pios dos passarinhos que acordam. Ouvem-se os balidos que vêm de lá dos apriscos de Enon. Ouve-se também um zurro, que rasga o céu sereno.

E há um ressoar de cascos pela estrada. É que vai passando um rebanho de cabras, guiadas por um rapaz que para por um instante e fica olhando para Jesus. Depois ele recomeça a andar. Mas pouco depois ele volta, porque uma cabrita resolveu ficar lá atrás observando o homem que ela nunca tinha visto naquele lugar, que está estendendo-lhe sua longa mão para oferecer-lhe um raminho de manjerona e que a acaricia sobre a cabeça inteligente. O pastorzinho fica estupefato. Não sabe se deve ir afastar o animal do homem ou deixar que Jesus a acaricie, sorrindo como se estivesse contente, por ter ela vindo sem medo agachar-se a seus pés, pousando a cabeça sobre seus joelhos. Enquanto isso, as outras cabras foram voltando para trás, pastando a erva cheia de florinhas.

O pastorzinho lhe pergunta:

– Queres leite? Eu ainda não tirei o leite de duas cabras que, enquanto não estão saciadas, chifram a quem lhes aperta o peito. Elas são como o dono que, se não ficar satisfeito com o que ganha, nos dá pauladas.

– És tu um servo pastor?

– Eu sou órfão. Sou sozinho. E sou servo. Ele é meu parente, porque é marido da irmã da mãe de minha mãe. E enquanto Raquel vivia… Mas ela morreu há muitos meses… E eu sou muito infeliz… Toma-me contigo! Eu estou acostumado a viver de nada… E serei teu servo… Um pouco de pão me basta em pagamento. Afinal, aqui não tenho nada… Se ele me desses esse pagamento, eu me iria daqui. Mas ele diz: “O dinheiro que vais ganhar é este? Vou ficar com ele, porque eu te dou roupa e mato tua fome.” Diz ele que me veste!… Estás vendo? E diz que me mata a fome! Olha para mim… Estes sinais são de pauladas… E o pão de ontem foi este…

E mostra os vergões nos braços e nos ombros magérrimos.

– E que foi que tu havias feito?

– Nada. Os teus companheiros, quero dizer, os discípulos, estavam falando do Reino dos Céus e eu os estava escutando. Era um sábado. Ainda que eu não estivesse trabalhando, eu não estava ocioso, pois era um sábado. Ele me bateu muito, a tal ponto que eu não quero mais ficar com ele. Aceita-me contigo. Senão, eu fugirei… Eu vim de propósito para aqui esta manhã. E estava com medo de falar. Mas Tu és bom. Eu falo.

– E o rebanho? Certamente não vais querer fugir com ele…

– … Eu o levarei para o aprisco… Daqui a pouco, o homem irá ao bosque apanhar lenha… Eu levarei o rebanho e fugirei. Oh! Aceita-me!

574.2

– Mas tu sabes quem Eu sou?

– Tu és o Cristo! O Rei do Reino dos Céus. Quem te segue é feliz na outra vida. Eu nunca tive alegria aqui… mas não me rejeites… contanto que eu a tenho do lado de lá…

E ele chora, tendo-se jogado aos pés de Jesus, perto da cabrita.

– Como tu me conheces tão bem? Talvez já me tenhas ouvido falar?

– Não. Estou sabendo desde ontem que aqui, onde esteve o Batista, estás Tu. Mas por Enon passavam os teus discípulos de vez em quando. Eu os ouvi falar. Eles se chamam Matias, João, Simeão, e estavam muitas vezes aqui, porque o Batista era o mestre deles, antes de Ti. Depois Isaque… Em Isaque eu entrevia de novo meu pai e minha mãe. Isaque me queria até tirar do patrão e deu-lhe dinheiro por mim. Mas ele! Pegou, sim, o dinheiro, mas depois não me entregou, e ainda zombou do teu discípulo.

– Tu sabes muito. Mas sabes para onde é que Eu vou?

– Para Jerusalém. Mas eu não tenho escrito em meu rosto que sou de Enon[2].

– Eu vou para longe. E irei logo. Não posso te levar.

– Toma-me por este pouco tempo que ainda podes.

– E depois?

– E depois… Eu chorarei, mas irei ficar com aqueles de João, que foram os primeiros a dizer ao pobre menino que a alegria que os homens não dão na terra, Deus a dá no Céu a quem teve boa vontade. Eu, para tê-la, tive que tomar muitas surras e passar muita fome, pedindo a Deus que me desse essa paz. Vê que eu tive boa vontade… Mas se agora me rejeitas, eu… não poderei mais esperar…

E chora silenciosamente, suplicando a Jesus, com seus olhos chorosos, mais do que com os lábios.

574.3

– Eu não tenho dinheiro para o teu resgate. Nem sei se o teu patrão consentiria também nisso.

– Mas eu já estou pago. E tenho testemunhas. Eli, Levi e Jonas viram e censuraram o homem. E eles, como sabes, são os maiorais de Enon!

– Se é assim, vamos. Levanta-te e vem.

– Para onde?

– Para a casa do teu patrão.

– Eu tenho medo. Vai Tu, sozinho. É lá sobre aquele monte. A casa dele está no meio das plantas que ele está segando. Eu fico esperando aqui.

– Não tenhas medo. Olha: estão vindo para cá os meus discípulos. Seremos muitos contra ele. Ele não te fará mal. Levanta-te! Iremos a Enon para procurar três testemunhas e iremos ao teu patrão. Dá-me a tua mão. Depois te entregarei aos discípulos que tu conheces. Como é que te chamas?

– Benjamim.

– Eu tenho dois outros pequenos amigos com este nome. Tu serás o terceiro.

– Amigo? Amigo é demais! Eu sou servo.

– Servo do Senhor Altíssimo, sim. De Jesus de Nazaré tu és amigo. Vem. Recolhe o rebanho e vamos.

574.4

Jesus se levanta e, enquanto o pastorzinho reúne e toca as cabras teimosas para o caminho de volta, Ele faz sinal para os apóstolos, que já vêm vindo pelo caminho e olhando para Jesus, a fim de que venham logo. Então, eles apressam o passo. O rebanho já está a caminho e Jesus com o pastorzinho, levado pela mão, vai ao encontro deles…

– Senhor! Agora te tornaste pastor de cabritos? Na verdade, a Samaria pode ser chamada “a cabra”… Mas Tu…

– Mas Eu sou o Bom Pastor e transformo até os cabritos em cordeiros. E os meninos são todos uns cordeiros, e este aqui é pouco mais que um menino.

– Não é este, porventura, o menino que ontem aquele homem levou embora, com maus modos? –diz Mateus, observando-o.

– Eu creio que seja ele. És tu?

– Sou eu.

– Ah! Pobre rapaz! O teu pai certamente não te ama! –diz Pedro.

– É o meu patrão. Não tenho outro pai senão Deus.

– Sim. Os discípulos do João instruíram sua ignorância e confortaram seu coração e, na hora justa, o Pai de todos fez com que nos encontrássemos. Vamos a Enon tomar conosco três testemunhas e depois iremos ao seu patrão… –diz Jesus.

– Para fazer que ele dê o menino? onde está o dinheiro? Maria distribuiu os últimos trocados que tinha… –observa Pedro.

– Não há necessidade de dinheiro. Ele não é escravo e já foi pago o dinheiro para recebê-lo do patrão. E quem deu o dinheiro foi Isaque, que ficou com pena do rapazinho.

– E por que foi que não o recebeu?

– Porque muitos são os zombadores de Deus e do próximo. Lá vem vindo a minha Mãe com as mulheres. Ide dizer a elas que não venham para cá.

Tiago de Zebedeu e André correm, rápidos como gazelas. Jesus se apressa, indo ao encontro de sua Mãe e das discípulas, e as alcança quando elas já ficaram sabendo e, compadecidas, estão olhando o rapazinho.

574.5

Eles voltam logo ao caminho de Enon. E entram por ele. Vão indo, guiados pelo rapaz, até a casa de Eli, um velhote de olhos embaçados pelos anos, mas ainda cheio de vigor. Como jovem, ele deve ter sido robusto como um dos carvalhos destes lugares.

– Eli, o Rabi de Nazaré me leva, se…

– Ele te leva? Ato de bondade maior Ele não poderia fazer. Ficando aqui tu acabarias tornando-te um mau. O coração endurece quando a injustiça é muito dura. E é dura demais. Tu o encontraste? O Altíssimo escutou então o teu pranto, mesmo que sejas um menino samaritano. Feliz de ti, então, que, pela idade, estás livre de toda prisão e podes acompanhar a verdade sem que nada te impeça de segui-la, nem mesmo a vontade de um pai ou de uma mãe. Providência é o que se deixa ver agora, onde durante muitos anos parecia bem um castigo. Deus é bom. Mas que queres de mim, tu que vieste até aqui? A minha benção? Eu te dou como o Ancião do lugar.

– A tua bênção eu quero, porque tu és bom. Mas, além disso, eu vim para que tu, com Levi e Jonas, fosses juntos com o Rabi até o meu patrão, para que ele não exija outro dinheiro.

– Mas onde está o Rabi? Eu estou velho e enxergo pouco, reconheço somente os que conheço bem. Eu não conheço o Rabi.

– Ele está aqui. Está diante de Ti.

– Aqui? Poder de Deus!

O velho se levanta e se inclina para Jesus, dizendo:

– Perdoa esse velho de olhos embaçados. Eu te saúdo, porque em todo Israel só um é justo. E esse és Tu.

574.6

Vamos. Levi está em sua horta perto de uma tina e Jonas está trabalhando com os seus queijos.

O velho se põe de pé — é alto como Jesus, apesar de estar encurvado pela idade — e começa a caminhar beirando o muro. E, com a ajuda de um bastão, vai evitando os tropeços que há no caminho.

Jesus, que o saudou com a sua paz, o socorre em um ponto no qual três degraus estragados tornam perigosa a passagem para quem for meio cego. Antes de pôr-se a caminho, Jesus havia dito às discípulas que o esperassem naquele lugar. Enquanto isso, Benjamim se encaminha para o seu aprisco.

O velho diz:

– Tu és bom. Mas Alexandre é uma fera. É um lobo. Não sei se… Mas eu sou rico o suficiente para dar-te dinheiro por Benjamim, se Alexandre ainda o quiser. Os meus filhos não têm necessidade do meu dinheiro. Eu estou perto do fim, e o dinheiro não me serve para a outra vida. Uma ação de humanidade, sim, é que tem valor…

– Por que não o fizeste antes?

– Não me censures, Rabi. Eu matava a fome do menino e cuidava dele para que não se tornasse um malfeitor. Alexandre é capaz de fazer ficar feroz até uma pombinha. Mas eu não podia, ninguém podia tirar dele o menino. Tu… vais daqui para longe. Mas nós… ficamos por aqui, e as vinganças dele são temidas. Um dia, um de Inon se pôs no meio, porque ele batia no menino quase a ponto de matá-lo, e ele, não sei como, conseguiu envenenar-lhe todo o rebanho.

– Não será isso um mau pensamento?

– Não. Ele esperou muitos meses. Chegou o inverno. As ovelhas estavam no aprisco, fechadas, e ele envenenou a água do tanque. Elas beberam. Ficaram inchadas. E morreram. Todas. Aqui somos todos pastores e compreendemos… Por segurança, fizemos que um cão comesse daquelas carnes e ele morreu. E houve alguém que viu Alexandre entrar, às escondidas, no aprisco fechado. Oh! Ele é um malfeitor! Nós o tememos… É cruel, e de tarde está sempre embriagado. Desapiedado com todos os seus. Agora que todos morreram, ele tortura o menino.

– E, então, não vá lá, se…

– Oh! Não. Eu vou. Verdade seja dita.

574.7

Eis. Já estou ouvindo o bater do martelo. É Levi.

E ele, ao lado de uma sebe, chama em voz alta:

– Levi! Levi!

Vem para fora um velho, menos velho do que o primeiro, com as vestes arregaçadas e com um macete na mão. Ele saúda Eli e lhe pergunta:

– Que queres, amigo?

– Ao meu lado está o Rabi da Galileia. Ele veio para levar Benjamim. Vem, que lá no bosque está Alexandre. Para testemunhar que por meio dele, daquele discípulo, ele já recebeu o dinheiro.

– Eu vou. Sempre me disseram que o Rabi era bom. E agora eu creio. A paz esteja contigo!

Ele põe no chão o macete, grita não sei para quem a fim de que o espere e vai com Eli até Jesus.

Logo eles chegam ao aprisco de Jonas. E o chamam, explicam…

– Eu já vou. Tu… –e ele dá ordem a um empregado–, vai para frente com o trabalho.

Ele enxuga as mãos em um pano, que joga depois sobre uma estaca, e acompanha Jesus, depois de tê-lo saudado, bem como a Levi e a Eli.

Jesus fala ao velho e lhe diz:

– Tu és um justo. Deus te dará a paz.

– Assim espero. O Senhor é justo! Eu não tenho culpa de ter nascido na Samaria…

– Disso não tens culpa. Na outra vida não há confins para os justos. Somente a culpa é que se ergue para separar o Céu do Abismo.

– É verdade. Como Eu gostaria de te ver! A tua voz é doce, e doce é a tua mão ao guiares o velho cego. Doce e forte. Lembra-me a do meu neto predileto, que se chama Eli, como eu, filho de José, meu filho. Se a tua aparência for como a de tua mão, feliz de quem te vir.

– É melhor ouvir-me do que ver-me. Torna mais santo o espírito.

– É verdade. Eu ouvi aqueles que falam de Ti. Mas eles passam raramente…

574.8

Mas não é este um barulho de machado batido sobre um tronco?

– Sim.

– Então, aqui perto está Alexandre. Vai chamá-lo.

– Sim. E vós ficareis aqui. Se eu puder resolver sozinho, não vos chamarei. E vós não apareçais lá sem que eu vos chame.

E ele vai indo para frente e chama em voz alta.

– Quem é que me está chamando? Quem és tu? –diz um homem velho, robustíssimo, com perfil rígido, tórax e membros de lutador. Um golpe daquelas mãos deve ser como um golpe de clava: brutal.

– Sou um desconhecido teu e que te conhece. Vim para apanhar o que é meu.

– O que é teu? Ah! Ah! Que é que é teu neste bosque meu?

– No bosque, nada. Mas em tua casa está Benjamim, que é meu.

– Tu estás louco. Benjamim é meu servo.

– E parente. E tu és o verdugo dele. E um meu enviado, homem de paz, te entregou o dinheiro que querias pelo menino. E tu recebeste o dinheiro, mas não entregaste o menino. O meu enviado, homem de paz, não reagiu. E Eu vim para fazer justiça.

– O teu enviado deverá ter bebido o dinheiro. Eu não recebi nada e fico com Benjamim. Eu lhe quero bem.

– Não. Tu o odeias. Tu queres bem é ao dinheiro, que não lhe dás. Não mintas. Deus castiga os mentirosos.

– Eu não recebi dinheiro. Se Tu falaste com o meu servo, fica sabendo que ele é um astuto mentiroso. E eu vou bater nele, porque me calunia. Adeus! –e lhe volta as costas, movendo-se para ir embora.

– Olha, Alexandre, que Deus está presente. Não queiras desafiar a vontade dele.

– Deus! Por acaso Deus tem que cuidar dos meus interesses? Eu sozinho tenho que cuidar deles, e deles eu cuido.

– Cuidado!

574.9

– Mas, quem és tu, miserável galileu? Como te atreves a censurar-me? Eu não te conheço.

– Tu me conheces. Eu sou o Rabi da Galileia e…

– Ah Sim! E achas que me fazes medo? Eu não temo nem a Deus nem a Belzebu, eu não. E queres que eu tenha medo de ti? Um louco? Vai, vai! Deixa-me trabalhar. Vai, eu te digo. Não fiques olhando para mim. Achas que os teus olhos me possam fazer medo? Que queres ver?

– Os teus delitos não, porque os conheço todos. Todos. Até aqueles que ninguém conhece. Mas Eu quero ver se não és capaz de compreender que esta é a última hora de misericórdia que Deus te concede para te arrependeres. Eu quero ver se o remorso não vem abrir-te esse coração de pedra, se…

O homem, que está com o machado na mão, o joga contra Jesus, que rapidamente se inclina. O machado dá uma volta por cima da cabeça de Jesus e vai atingir uma azinheira nova, que é cortada e cai, fazendo um grande barulho com sua folhagem e com o voo dos passarinhos, que saem dela espantados.

574.10

Os três, escondidos pouco longe de lá, saem para fora, com medo de que Jesus tenha sido ferido, e o que não enxerga diz:

– Oh! Eu quereria ver! Ver se Ele realmente não está ferido! Para isso, dá-me a vista, ó Deus Eterno!

E surdo a tudo o que dizem os outros, tateando, porque perdeu o bastão e quer tocar em Jesus para perceber se Ele não está sangrando em alguma parte do corpo, diz gemendo:

– Um raio de luz clara e depois as trevas. Mas quero ver, quero ver sem este véu que só me deixa adivinhar onde estão os obstáculos…

– Não tenho nada, pai, escuta-me –diz Jesus tocando nele e por ele deixando-se tocar.

Enquanto isso, os outros dois dizem palavras duras ao violento e lhe lançam no rosto suas culpas e suas mentiras; e ele, estando sem o seu machado, puxa de uma faca e se arroja para ferir, blasfemando contra Deus, zombando do cego, ameaçando os outros, verdadeiramente parecido com uma fera enfurecida. Mas ele está cambaleando e se detém, deixa cair o punhal, esfrega os olhos e os abre, depois os fecha, e depois dá um urro assustador e diz:

– Não estou vendo mais! Socorro! Os meus olhos… As trevas… Quem me salvará?

Também os outros estão gritando. De espanto. E eles também zombam dele, dizendo:

– Deus te atendeu!

De fato, entre as suas blasfêmias havia esta:

– Que Deus me cegue se eu estiver mentindo e se pequei. E que eu fique cego, antes de ir adorar um nazareno doido! Quanto a vós, de vós tirarei vingança e despedaçarei Benjamim, como aquela árvore…

E zombam dele de novo:

– Agora, faze as tuas vinganças.

– Não sejais como ele. Não odieis –aconselha-os Jesus.

E acaricia o velho, que não se preocupa com nada que não seja a incolumidade de Jesus e, para dar-lhe certeza disso, lhe diz:

– Levanta o rosto! Olha!

O milagre se completa. Como para o violento estão reservadas as trevas, assim aqui, para o justo, a luz. E agora o que se ouve é um grito diferente, feliz, que está saindo de lá debaixo das árvores robustas:

– Eu estou vendo! Com os meus olhos! Vendo a luz! Bendito sejas Tu!

E o velho fita Jesus com uns olhos bem luzentes, com uma vida nova, e se prostra para beijar-lhe os pés.

– Vamos nós dois. Vós levareis de volta para Enon aquele infeliz. E tratai-o bem, pois Deus já o castigou. E basta o que Deus faz. Que o homem seja bom com toda essa desventura.

– Leva-me o menino, as ovelhas, o bosque, a casa, o dinheiro. Mas dá-me a vista. Não posso ficar assim.

– Não posso. Eu te deixo todas as coisas pelas quais te tornaste um pecador. Levo comigo o inocente, porque ele já padeceu o seu martírio. E nas trevas, que possa a tua alma abrir-se para a Luz.

574.11

Jesus saúda Levi e Jonas, e desce depressa com o velho, que parece ter rejuvenescido, e que, tendo chegado às primeiras casas, grita em sua alegria. E toda Enon se comove…

Jesus se afasta, vai procurar o pastorzinho, que está com os apóstolos, e diz:

– Vem! Vamos, que em Tersa nos estão esperando.

– Livre? Estou livre? E contigo? Oh! Eu não acreditava! Saúdo Eli. E os outros?

O rapazinho está agitado…

Eli o beija e abençoa, e lhe diz:

– E perdoa ao infeliz.

– Porque? Perdoar, sim. Mas por que infeliz?

– Porque ele blasfemou contra o Senhor e a luz se apagou em seus olhos. Nenhum de nós precisará mais temê-lo. Ele está nas trevas e na enfermidade. Terrível é o poder de Deus!…

O velho parece um profeta inspirado, assim com os braços ao alto, o rosto virado para o céu, meditando sobre tudo o que viu.

Jesus o saúda e vai passando pelo meio da multidão agitada. Ele lá se vai, e atrás dele vão os apóstolos e as discípulas, vai Benjamim, saudado pelas mulheres, as quais querem dar um presente ao predileto do Senhor: uma fruta, uma bolsa, um pão, uma roupa, o que elas possam encontrar por ali. E ele, feliz, as saúda e lhes agradece, dizendo:

– Sois sempre boas para comigo. Eu me lembrarei disso. Rezarei por vós. Mandai os vossos filhos para o Senhor. É belo estar com Ele. É a vida. Adeus! Adeus!…

574.12

Enon já ficou atrás. Vão descendo para o Jordão, para a planície do vale do Jordão, para os novos acontecimentos ainda desconhecidos…

Mas o rapazinho não se vira para olhar. E não diz nada. Não fica pensando. Não suspira. Sorri. Olha para Jesus lá diante de todos, o verdadeiro pastor acompanhado por seu rebanho, pelo rebanho no qual agora ele também está, ele, o pobre menino… e de repente começa a cantar. Com voz clara…

Sorriem os apóstolos, dizendo:

– O menino está feliz.

As mulheres sorriem, dizendo:

– O passarinho prisioneiro achou de novo a liberdade e um ninho.

Jesus sorri, virando-se a fim de olhar para ele, e o seu sorriso, como sempre, parece fazer que tudo fique luminoso, e o chama, dizendo:

– Vem cá, cordeirinho de Deus. Eu te quero ensinar um belo canto.

E entou, acompanhado pelas mulheres, o salmo[3]: “O Senhor é meu pastor. Nada me faltará. Ele me pôs num lugar de abundantes pastagens” etc. E a belíssima voz de Jesus ecoa pelos campos férteis, com a primazia entre as outras vozes, mesmo entre as melhores, de tão poderosa que ela é em sua alegria.

574.13

– Está feliz o teu Filho, Maria –diz Maria de Alfeu.

– Sim. Está feliz. Tem ainda um pouco de alegria.

– Nenhuma viagem fica sem fruto. Ele passa espalhando as graças e sempre há alguém que verdadeiramente encontra o Salvador. Tu te lembras daquela tarde[4] em Belém da Galileia? –pergunta Maria de Magdala.

– Sim. Mas Eu não gostaria de relembrar-me daqueles leprosos e deste cego…

– Tu perdoarias sempre. És muito boa! Mas a justiça também é necessária –observa Maria Salomé.

– É necessária. Mas o bom para nós é que maior é a sua misericórdia –diz ainda Maria Madalena.

– Tu podes dizer isso. Mas Maria… –responde Joana.

– Maria não quer perdão, porque ela de perdão não tem necessidade. Não é verdade, Maria? –diz Susana.

– Eu não quereria senão o perdão. Sim. Somente ele. Ser maus já deve ser um terrível sofrimento… –suspira ela, ao dizer isso.

– Tu perdoarias a todos, todos mesmo? E seria justo fazer isso? Há pessoas obstinadas no mal, que desperdiçam sempre o perdão, todo perdão, zombando dele como de uma fraqueza –diz Marta.

– Eu perdoaria. Por mim, eu perdoaria. Não por tolice. Mas porque eu vejo cada alma como um pequenino mais ou menos bom. Como um filho… Uma mãe perdoa sempre… mesmo quando ela diz: “A justiça exige um justo castigo.” Oh! Se uma mãe pudesse morrer para gerar um coração novo, bom, para o filho malvado, credes vós que ela não faria? Mas isso não é possível. Ha corações que rejeitam toda ajuda… E eu penso que até para esses a piedade deve perdoar. Porque já é tão grande o peso que eles tem nos corações. O de suas culpas, o do rigor de Deus… Oh! Perdoemos, perdoemos os culpados. E assim quisesse Deus acolher nosso perdão absoluto para diminuir as dívidas deles…

– Mas por que estás sempre chorando, Maria? Até mesmo agora que o teu Filho teve uma hora de alegria! –lamenta-se Maria de Alfeu.

– Não foi completa a alegria porque o culpado não se arrependeu. Jesus fica em completa alegria quando pode redimir.

Não se sabe por que Nique, que não falou até agora, de repente diz:

– Daqui a pouco estaremos de novo com Judas de Keriot.

As mulheres olham umas para as outras como se aquela simples frase fosse uma coisa extraordinária, como se atrás dela se ocultasse talvez alguma grande coisa. Mas ninguém respondeu nada.

574.14

Jesus parou em um olival muito bonito. Todos pararam. Jesus abençoa, reparte os alimentos e os distribui.

Benjamim fica olhando e vai pondo em ordem as coisas que lhe entregaram: vestes compridas ou largas demais, sandálias que não servem nos pés, amêndoas ainda com o folhelho, as últimas nozes, um queijo, uma ou outra maçã engelhada e um canivete. Ele está feliz com os seus tesouros. E dobra as vestes, dizendo:

– Vou colocar a mais bela pela Páscoa.

Maria de Alfeu promete:

– Em Betânia porei tudo em ordem para ti. Mas deixa esta fora. Em Tersa haverá água para refrescá-la e também haverá fio para ajustá-la. Agora, com as sandálias, não sei como fazer.

– Nós as daremos ao primeiro pobre que encontrarmos e que tenha o pé na medida, e em Tersa se compra um par de novas –diz Maria de Magdala tranquilamente.

– Com que dinheiro, irmã? –pergunta-lhe Marta.

– Ah! É verdade. Não temos mais nem uma moedinha… Mas Judas tem dinheiro. Do jeito que está, Benjamim não poderá fazer longa viagem. E depois, pobre menino! Sua alma teve uma grande alegria, mas também a sua humanidade deve ter um sorriso. Certas coisas dão prazer.

Susana, jovem e alegre, se ri, dizendo:

– Falas como se tu conhecesses por experiência que um par de sandálias novas faz a alegria de quem nunca as teve!

– É verdade. Mas é porque de fato eu sei como pode dar prazer uma veste enxuta depois de termos tomado um banho, e uma veste fresca quando não se tem mais do que uma. Recordo[5]

E curva sua cabeça sobre o ombro de Maria de Nazaré, dizendo:

– Tu te lembras, ó Mãe? –e a beija com ternura.

574.15

Jesus dá a ordem de se porem a caminho para estarem em Tersa antes da tarde:

– Que estarão pensando aqueles dois que não sabem…

– Queres que eu vá na frente a fim de dizer a eles que tu estás para chegar? –propõe Tiago de Alfeu.

– Sim. Ide todos, menos João e Tiago, e o meu irmão Judas. Tersa já não está longe… E, então, ide. Procurai saber notícias de Judas e de Elisa e, ao mesmo tempo, ide preparando os lugares para nós, porque, tendo tardado tanto e tendo conosco as mulheres, é bom fazer uma parada de noite… Nós vos acompanharemos… Fazei o possível para encontrar lugares nas primeiras casas…

Os oito apóstolos se vão apressados e Jesus os acompanha mais lentamente.


Notes

  1. quand il a salué son cousin, comme on le voit au chapitre 148.
  2. que je suis d’Hennon, autrement dit Samaritain.
  3. psaume 23.
  4. ce soir-là, en 248.5/10.
  5. je me souviens… de l’arrivée à Capharnaüm dans la tempête, en 238.3/6.

Notas

  1. quando veio visitar o seu primo, come se narra no capítulo 148.
  2. que sou de Enon, isto é, samaritano.
  3. salmo 23.
  4. daquela tarde, em 248.5/10.
  5. Recordo… a chegada a Cafarnaum debaixo de temporal, em 238.3/6.