58.1
Jésus parle et aussitôt le repos m’envahit. Il me plonge dans un bonheur qui me met le cœur en joie :
« Regarde. Les épisodes d’aveugles te plaisent tant. Nous t’en montrons un autre. »
J’ai alors cette vision :
58.1
Jésus parle et aussitôt le repos m’envahit. Il me plonge dans un bonheur qui me met le cœur en joie :
« Regarde. Les épisodes d’aveugles te plaisent tant. Nous t’en montrons un autre. »
J’ai alors cette vision :
58.2
Je vois un beau coucher de soleil d’été. Le soleil a embrasé tout l’occident, et le lac de Génésareth est un gigantesque miroir où se reflète le ciel illuminé.
Les rues de Capharnaüm commencent à peine à être envahies par les gens : femmes qui vont à la fontaine, hommes, pêcheurs qui préparent les filets et les embarcations pour la pêche nocturne, enfants qui courent en jouant à travers les rues, ânes chargés de paniers qui se dirigent vers la campagne, peut-être pour en rapporter des légumes.
Jésus s’avance vers une porte qui donne sur une petite cour tout ombragée par une vigne et un figuier. Plus loin, un chemin empierré borde le lac. Ce doit être la maison de Pierre (en réalité, c’est la maison de la belle-mère de Pierre[1]) car il est sur la rive avec André, en train de préparer dans la barque les paniers à poissons et les filets, et de ranger bancs et cordages. Tout cela pour la pêche, en somme, et André l’aide, allant et venant de la maison à la barque.
58.3
Jésus interpelle son apôtre :
« La pêche sera-t-elle bonne ?
– Le temps est favorable. L’eau est calme et il y aura un clair de lune. Les poissons remonteront du fond et mon filet les entraînera.
– Nous y allons seuls ?
– Oh ! Maître, mais comment veux-tu que nous manipulions seuls tout ce dispositif de filets ?
– Je n’ai encore jamais pêché et j’attends que tu me l’apprennes. »
Jésus descend tout doucement vers le lac et s’arrête sur la rive de gros sable caillouteux, près de la barque.
« Regarde, Maître, comment on fait : je sors à côté de la barque de Jacques, fils de Zébédée, et on va ainsi ensemble vers l’endroit favorable. Puis, on descend le filet. Nous en tenons un bout, nous. Tu m’as dit que tu veux le tenir ?
– Oui, si tu me dis ce que je dois faire.
– Il n’y a qu’à surveiller la descente. Il faut que le filet descende lentement et sans faire de nœuds. Lentement parce que nous serons sur le lieu de pêche et un mouvement trop brusque peut éloigner les poissons, et sans nœuds pour ne pas fermer le filet qui doit s’ouvrir comme une bourse ou, si tu préfères, une voile gonflée par le vent. Puis, une fois la descente terminée, nous ramerons doucement ou bien nous avancerons à la voile selon ce qu’il faudra, en faisant un demi-cercle sur le lac. Quand la vibration de la cheville de sécurité nous indiquera que la pêche est bonne, nous nous dirigerons vers la terre et là, presque à la rive – mais pas trop tôt pour ne pas risquer que la proie nous échappe, pas trop tard pour ne pas abîmer les poissons et le filet sur les cailloux –, nous hisserons le filet. C’est alors qu’il faut avoir l’œil car les barques doivent se rapprocher au point qu’on puisse prendre l’extrémité du filet que passe l’autre barque sans pourtant nous heurter pour ne pas écraser le filet plein de poissons.
58.4
Fais attention, Maître, c’est notre gagne-pain. Garde toujours un œil sur le filet pour qu’il ne s’ouvre pas sous les secousses des poissons. Ils défendent leur liberté par de forts coups de queue et s’ils sont nombreux… Tu comprends… Ce sont de petites bêtes, mais à dix, cent, mille, ils deviennent forts comme le Léviathan.
– C’est la même chose avec les fautes, Pierre. Au fond, une seule, ce n’est pas irréparable. Mais si, au lieu de s’arrêter à cette “ première ”, on ne cesse de les accumuler, il arrive un moment où la petite faute – peut-être une simple omission, une simple faiblesse – devient toujours plus forte, se transforme en habitude pour finir en vice capital. Parfois on commence par un regard de concupiscence et on termine avec un adultère consommé. D’autres fois, c’est un manque de charité verbal à l’égard d’un parent qui finit en violence contre le prochain. Soyez vigilants dès le début pour que les fautes n’augmentent pas leur poids sous leur nombre ! Elles deviennent dangereuses et toutes puissantes, comme le Serpent infernal lui-même et elles vous entraînent à l’abîme de la géhenne.
– Tu parles bien, Maître… Mais nous sommes si faibles !
– Il y faut vigilance et prière pour être fort et avoir du secours, et ferme volonté de ne pas pécher. Et aussi une grande confiance dans la justice pleine d’amour du Père.
– Tu dis qu’il ne se montrera pas trop sévère pour le pauvre Simon ?
– Pour le vieux Simon, il pouvait encore se montrer sévère. Mais pour mon Pierre, l’homme nouveau, l’homme de son Christ… non, Pierre, il t’aime et continuera à t’aimer.
– Et moi ?
– Toi aussi, André ; et avec toi, Jean et Jacques, Philippe et Nathanaël. Vous êtes mes premiers élus.
58.5
– Il en viendra d’autres ? Il y a ton cousin, et en Judée…
– Ah oui, beaucoup ! Mon Royaume est ouvert à tout le genre humain et, en vérité, je te dis que, au cours de la nuit des siècles, ma pêche sera plus abondante que la plus abondante des tiennes… que chaque siècle est une nuit où le guide et la lumière ne sont pas la pure lumière d’Orion ni celle de la lune qui parcourt le ciel, mais la parole du Christ et la grâce qui viendra de lui. Cette nuit connaîtra l’aurore d’un jour sans crépuscule, d’une lumière dans laquelle tous les fidèles vivront, d’un soleil qui revêtira les élus et les rendra beaux, éternels, heureux comme des dieux. Des dieux inférieurs au Père dont ils sont les fils et semblables à moi… Vous ne pouvez pas encore comprendre, mais en vérité, je vous dis que votre vie chrétienne vous obtiendra de ressembler à votre Maître et ce seront les mêmes signes qui vous feront resplendir dans le Ciel. Eh bien ! J’aurai, malgré la haine de Satan et la faible volonté de l’homme, une pêche plus abondante que la tienne.
– Mais serons-nous tes seuls apôtres ?
– Jaloux, Pierre ? Non, ne le sois pas. D’autres viendront et dans mon cœur, il y aura de l’amour pour tous. Ne sois pas avare, Pierre. Tu ne sais pas encore qui est celui qui t’aime. As-tu jamais compté les étoiles ? Et les pierres qui tapissent le fond du lac ? Non, tu ne le pourrais pas, mais encore moins pourrais-tu compter les battements d’amour dont mon cœur est capable. As-tu jamais pu compter le nombre de fois où la mer dépose sur le rivage le baiser de ses eaux au cours de douze lunes ? Non, tu ne le pourrais pas, mais tu pourrais encore moins compter les vagues d’amour qui se déversent de ce cœur pour donner ses baisers aux hommes. Sois sûr, Pierre, de mon amour. »
Pierre prend la main de Jésus et l’embrasse. Il est fortement ému.
André regarde et n’ose pas, mais Jésus lui pose la main dans les cheveux et dit :
« Toi aussi, je t’aime beaucoup. A l’heure de ton aurore, tu verras se réfléchir sur la voûte du ciel – tu le verras sans devoir lever les yeux – ton Jésus qui te sourira pour te dire : “ Je t’aime, viens ”, et ton entrée dans l’aurore te sera plus douce que l’entrée dans une chambre nuptiale…
58.6
– Simon ! Simon ! André ! J’arrive… »
Jean accourt, tout essoufflé.
« Oh ! Maître, je t’ai fait attendre ? »
Jean porte sur Jésus un regard brûlant d’amour.
Pierre répond :
« Vraiment, je commençais à penser que tu ne viendrais plus… Prépare vite ta barque. Et Jacques ?…
– Voilà : c’est à cause d’un aveugle que nous sommes en retard. Il croyait que Jésus était chez nous, et il est venu. Nous lui avons dit : “ Il est ailleurs. Demain peut-être, il te guérira. Attends. ” Mais il refusait d’attendre. Jacques disait : “ Tu as tellement attendu la lumière, qu’est-ce qu’attendre une nuit ? ” Mais il n’a pas voulu entendre raison…
– Jean, si tu étais aveugle, aurais-tu hâte de revoir ta mère ?
– Oui, bien sûr !
– Alors ? Où est l’aveugle ?
– Il arrive avec Jacques. Il s’est attaché à son manteau et ne le lâche pas, mais il marche lentement, car la rive est couverte de pierres et il trébuche… Maître, me pardonnes-tu d’avoir été dur ?
– Oui, mais, pour réparer, va aider l’aveugle et amène-le moi. »
Jean s’éloigne en courant.
Pierre hoche légèrement la tête, mais se tait. Il regarde le ciel qui prend des reflets bleus après avoir été très cuivré, regarde le lac, regarde les autres barques déjà sorties pour la pêche et soupire.
« Simon ?
– Maître ?
– N’aie pas peur, tu auras une pêche abondante, même si tu es le dernier à sortir.
– Même cette fois ?
– Toutes les fois où tu seras charitable, Dieu te favorisera d’une pêche abondante.
58.7
– Voici l’aveugle. »
Le pauvre homme avance entre Jacques et Jean. Il tient un bâton, mais ne s’en sert pas pour le moment. Il préfère se fier à ses deux guides.
« Homme, voici le Maître. Il est devant toi. »
L’aveugle s’agenouille :
« Mon Seigneur, pitié !
– Tu veux voir ? Lève-toi. Depuis quand es-tu aveugle ? »
Les quatre apôtres les entourent tous deux.
« Depuis sept ans, Seigneur. Auparavant j’y voyais clair et je travaillais. J’étais artisan à Césarée Maritime. Je gagnais bien ma vie. Le port, les nombreux commerçants avaient toujours besoin de moi pour leurs travaux. Mais en battant le fer d’une ancre – tu peux penser s’il était rouge pour se prêter au travail –, il en a volé un éclat ardent qui m’a brûlé l’œil. Mes yeux étaient déjà malades à cause de la chaleur de la forge. J’ai perdu l’œil atteint, et l’autre trois mois après. J’ai épuisé mes économies, et maintenant je vis de charité…
– Tu es seul ?
– J’ai une femme et trois enfants très jeunes… je ne connais même pas le visage du dernier… J’ai aussi une mère âgée. Maintenant, c’est elle et ma femme qui gagnent un peu de pain. Avec cela et l’obole que j’apporte, on ne meurt pas de faim. Si tu me guérissais !… Je recommencerais à travailler. En bon israélite, je ne demande qu’à travailler et à procurer du pain à ceux que j’aime.
– Et tu es venu me trouver. Qui t’a informé ?
– Un lépreux que tu as guéri, au pied du mont Thabor, quand tu revenais au lac après ce si beau discours.
– Qu’est-ce qu’il t’a dit ?
– Que tu peux tout. Que tu es le salut des corps et des âmes. Que tu es lumière pour les âmes et pour les corps parce que tu es la Lumière de Dieu. Lui, le lépreux, avait osé se mêler à la foule au risque d’être lapidé, tout enveloppé dans un manteau, car il t’avait vu passer quand tu allais vers la montagne, et ton visage lui avait mis l’espoir au cœur. Il m’a dit : “ J’ai vu en ce visage quelque chose qui m’a assuré : ‘ C’est là qu’est le salut. Vas-y ! ’ Et j’y suis allé. ” Il m’a donc répété ton discours et m’a raconté que tu l’avais guéri en le touchant de ta main sans dégoût. Il revenait d’auprès des prêtres après la purification. Je le connaissais car je l’avais servi à l’époque où il avait une boutique à Césarée. Je suis venu, en demandant où tu étais dans les villes et les bourgades. Et je t’ai trouvé… Aie pitié de moi !
58.8
– Viens ! La lumière est encore trop vive pour celui qui sort de la nuit !
– Tu me guéris, alors ? »
Jésus le guide vers la maison de Pierre, dans la faible lumière du petit jardin. Il le place en face de lui, mais de façon que les yeux guéris ne voient pas en premier lieu le lac encore tout moiré de lumière. L’homme paraît être un enfant docile, tant il se laisse faire sans rien demander.
« Père ! Ta lumière pour ton enfant ! »
Jésus a posé les mains sur la tête de l’homme agenouillé. Il reste ainsi un instant, puis il se mouille le bout des doigts avec de la salive et effleure de sa main droite les yeux ouverts, mais sans vie.
Un moment se passe, puis l’homme remue les paupières, les frotte comme quelqu’un qui sort du sommeil et a du brouillard devant les yeux.
« Que vois-tu ?
– Oh ! Oh ! Oh ! Dieu éternel ! Il me semble… il me semble… que je distingue… Je distingue ton habit… Il est rouge, n’est-ce pas ? Et une main blanche… et une ceinture de laine… Ah ! Mon bon Jésus, je vois de mieux en mieux à mesure que mes yeux s’habituent… Voilà l’herbe du sol… et ça, c’est sûrement un puits, et là c’est une vigne…
– Lève-toi, mon ami. »
L’homme se relève, pleurant et riant à la fois. Après un instant de lutte entre le respect et le désir, il lève la tête et rencontre le regard de Jésus, un Jésus souriant d’une pitié pleine d’amour. Ce doit être merveilleux de recouvrer la vue et de voir ce visage comme un premier soleil ! L’homme pousse un cri et tend les bras. C’est instinctif. Mais il s’arrête.
C’est alors Jésus qui lui ouvre les siens et attire à lui l’homme, de plus petite taille.
« Maintenant, rentre chez toi, et sois heureux et juste. Va, avec ma paix.
– Maître ! Maître ! Seigneur ! Jésus ! Saint ! Béni ! La lumière… J’y vois… je vois tout… Voici le lac bleu et le ciel serein, le soleil couchant, le premier quartier de la lune… Mais le plus beau bleu, le plus serein, c’est dans tes yeux que je le vois. En toi je vois la beauté du soleil le plus vrai et la pure splendeur de la plus sainte des lunes. Astre de ceux qui souffrent, Lumière des aveugles, Pitié vivante et opérante !
– Je suis la Lumière des esprits. Sois un fils de la Lumière.
– Toujours, Jésus. A chaque battement de mes paupières sur ma pupille rendue à la vie, je renouvellerai ce serment. Sois béni, toi et le Très-Haut !
– Béni soit le Très-Haut, le Père ! Va ! »
Et l’homme part, heureux, tranquille, pendant que Jésus et les apôtres stupéfaits descendent dans les deux barques et que commence la manœuvre du départ.
La vision prend fin.
58.1
Jesus diz, e logo a tranqüilidade penetra em mim; e a alegria dessa tranqüilidade luminosa torna-me risonho o coração:
– Vê como lhe agradam os episódios dos cegos. Demos-lhe um outro deles.
E eu vejo.
58.2
Vejo um belíssimo pôr-do-sol de verão. O sol encheu de fogo todo o poente e o lago de Genezaré tornou-se uma imensa laje incandescente sob um céu aceso.
As ruas de Cafarnaum mal começam a se encher de gente: mulheres que vão à fonte, homens, pescadores que preparam as redes e os barcos para a pesca noturna, meninos que correm brincando, pequenos jumentos que vão indo para o campo com seus cabazes, talvez para trazerem verduras.
Jesus aparece em uma porta que dá para um pequeno pátio sombreado por uma videira e uma figueira, além do qual há uma viela pedregosa que margeia o lago. Deve ser a casa de Pedro (ao invés, é a casa da sogra de Pedro)[1], porque ele está com André à margem; estão no barco preparando as cestas e as redes para os peixes, pondo em ordem os bancos e os rolos de cordas. Tudo, em suma, o que é necessário para a pesca. André o está ajudando, indo e vindo da casa ao barco.
58.3
Jesus interpela o seu apóstolo:
– Vai ser boa a pesca?
– O tempo está favorável. A água está calma, e a lua vai ser clara. Os peixes emergirão das profundezas e a minha rede os arrastará consigo.
– Iremos sozinhos?
– Oh! Mestre! Como queres que façamos, com este sistema de redes, se ficarmos sozinhos?
– Eu nunca pesquei e espero que tu me ensines.
Jesus vai descendo muito devagar em direção ao lago e pára à margem da areia grossa e pedregosa, junto ao barco.
– Vê, Mestre: é assim que se faz. Eu saio ao lado do barco de Tiago, filho de Zebedeu e vamos assim, um ao lado do outro até o ponto bom para a pesca. Depois se desce a rede. Nós costumamos segurar uma ponta. Tu a queres segurar, me disseste isto.
– Sim, se me disseres o que devo fazer.
– Oh! Basta tomar cuidado com a descida. Que a rede vá descendo devagar e sem fazer nós. Devagar, porque estaremos em áreas de pesca e qualquer movimento muito brusco pode espantar os peixes. E sem nós, para que a rede não fique fechada, pois ela deve ir sendo aberta como uma bolsa, ou como um véu, se te agrada assim, que vai sendo enchida pelo vento. Depois, quando a rede já foi toda descida, iremos remando devagar, ou iremos com a vela, conforme for necessário, fazendo um semicírculo sobre o lago; quando o vibrar da estaca de segurança nos disser que a pesca foi boa, dirigiremos o barco para a terra e lá perto da beira içaremos a rede; não antes, para não nos arriscarmos a ver escapar a presa, nem depois para não estragar os peixes nem as redes sobre as pedras. Neste ponto é preciso ter olhos atentos porque os barcos devem estar muito próximos para que de um se possa recolher a ponta da rede dada pelo outro, mas sem se bater para não esmagar o saco cheio de peixes.
58.4
Eu confio em Ti, Mestre, pois este é o nosso pão. Olhos na rede, para que não se arrebente com as sacudidas. Os peixes defendem a sua liberdade com fortes golpes de cauda e se forem muitos… Tu entendes… São pequenos animais, mas reunidos em dez, em cem, em mil, tornam-se fortes como o Leviatã.
– É como acontece com as culpas, Pedro. Sendo a primeira, aindanão é irreparável. Mas, se alguém não toma cuidado, não limitando-se àquela, vai acumulando, acumulando… acabará acontecendo que aquela pequena culpa, talvez uma simples omissão, uma simples fraqueza, vai se tornando sempre maior, passe a ser um hábito, e se transforme em um vício capital. Às vezes, começa-se por um olhar concupiscente e se termina por um adultério consumado. Às vezes, por uma falta de caridade de palavras contra um parente, acaba-se por uma violência contra o próximo. Ai de quem começa e deixa que as culpas aumentem de peso, por seu número! Tornam-se perigosas e prepotentes como a própria Serpente infernal e arrastam para o abismo da Geena.
– Falas bem, Mestre… Mas, somos tão fracos!
– Advertência e oração para ser fortes e obter ajuda e uma firme vontade de não pecar. Depois, uma grande confiança na amorosa justiça do Pai.
– Tu dizes que Ele não será muito severo com o pobre Simão?
– Com o velho Simão, Ele até que podia ser severo. Mas com o meu Pedro, o homem novo, o homem do seu Cristo… não, Pedro. Ele te ama e te amará.
– E eu?
– Também tu, André; e contigo, João e Tiago, Filipe e Natanael. Vós sois os meus primeiros eleitos.
58.5
– Virão outros? Tem o teu primo, e na Judéia…
– Oh! Muitos. O meu Reino está aberto a todo o gênero humano e em verdade Eu te digo que mais abundante do que a mais abundante de tuas pescas será a minha nas noites dos séculos… Porque cada século é uma noite, na qual é guia e luz, não a pura luz do Orion ou aquela da navegante lua, mas, a palavra de Cristo e a Graça que Dele virá; noite que conhecerá a aurora de um dia sem fim, de uma luz na qual todos os fiéis irão viver, de um sol que revestirá os eleitos e os fará belos, eternos, felizes como uns deuses. Deuses menores, filhos de Deus Pai e semelhantes a Mim… Por enquanto, não podeis compreender. Mas em verdade Eu vos digo que a vossa vida cristã vos concederá semelhança com o vosso Mestre, e resplandecereis no Céu pelos próprios sinais dele. Pois bem, Eu terei, não obstante a inveja de Satanás e a vontade fraca do homem, uma pesca mais abundante do que a tua.
– Mas, só nós é que seremos teus apóstolos?
– Ciumento, Pedro? Não. Não o sejas. Outros virão, e no meu coração haverá amor para todos. Não sejas avarento, Pedro. Tu ainda não sabes Quem te ama. Já contaste alguma vez as estrelas? E as pedras do fundo deste lago? Não. Não poderias. Mas, menos ainda, irias poder contar as palpitações de amor de que é capaz o meu coração. Pudeste alguma vez contar quantas vezes este mar beija a margem com o seu beijo de ondas no curso de doze luas? Não. Não poderias. Mas, menos ainda poderias contar as ondas de amor que deste coração se derramam para beijar os homens. Esteja certo, Pedro, do meu amor.
Pedro pega a mão de Jesus e a beija. Está comovido.
André olha e não ousa fazer o mesmo. Mas Jesus lhe põe a mão por entre os cabelos e lhe diz:
– Também te amo muito. Na hora da tua aurora, verás, refletido na abóbada do céu, sem que precises levantar teus olhos, o teu Jesus sorridente, que te dirá: “Eu te amo. Vem”; e a tua passagem por essa aurora te será mais doce do que a entrada numa câmara nupcial…
58.6
– Simão! Simão! André! Estou chegando…
João chega apressado:
– Oh! Mestre! Eu te fiz esperar?
João olha para Jesus com seu olhar amoroso.
Responde Pedro:
– Verdadeiramente, eu já estava começando a pensar que não viesses mais. Prepara logo o teu barco. E Tiago?…
– Aí está… nós ficamos atrasados por causa de um cego. Ele estava pensando que Jesus estivesse em nossa casa e foi para lá. Então, nós lhe dissemos: “Ele está em algum outro lugar. Talvez amanhã Ele te cure. Espera.” Mas ele não queria esperar. Tiago lhe dizia: “Tens esperado tanto a luz, que te custa esperar mais uma noite?” Mas ele não quer saber de razões…
– João, se tu fosses cego, não terias pressa de rever a tua mãe?
– Ah! Sem dúvida!
– E então? Onde está o cego?
– Ele vem vindo com o Tiago. Está agarrado ao manto de Tiago e não o solta. Mas vem vindo devagar, porque a margem é pedregosa, ele tropeça… Mestre, me perdoas, por ter sido duro?
– Sim. Mas para compensar, vai ajudar o cego e o traz a Mim.
João vai correndo.
Pedro sacode um pouco a cabeça, mas se cala. Olha para o céu que começa a ficar azul depois de ter estado tanto tempo cor de cobre; olha para o lago, olha para os outros barcos que já saíram para a pesca e suspira.
– Simão?
– Mestre?
– Não tenhas medo. Terás uma pesca abundante, ainda que saias por último.
– Desta vez também?
– Todas as vezes que tiveres caridade Deus usará para contigo da graça de abundância.
58.7
– Eis o cego.
O pobre homem avança entre Tiago e João. Ele tem nas mãos um bastão, mas não está servindo-se dele agora, pois acha mais seguro confiar nos dois.
– Pronto, homem! O Mestre está na tua frente.
O cego se ajoelha:
– Meu Senhor, piedade!
– Queres ver? Levanta-te. Desde quando és cego?
Os quatro apóstolos se agrupam ao redor dos dois.
– Faz sete anos, Senhor. Antes, eu via bem e trabalhava. Eu era ferreiro em Cesaréia Marítima e ganhava bem. O porto, os muitos negócios, sempre precisavam de mim para trabalhos. Mas, ao bater um ferro de âncora, e podes fazer idéia de como devia estar vermelho para se tornar macio ao golpe, soltou-se um estilhaço incandescente e me queimou um olho. Eu já estava com os dois doentes por causa do calor da forja. Perdi o olho que foi atingido e o outro também se foi, três meses depois. Acabei com minhas economias e agora vivo de caridade…
– És sozinho?
– Tenho esposa e três filhos pequenos… de um deles eu nem sei como é o rosto… e tenho minha mãe, já idosa. Contudo, agora é ela e minha mulher que ganham para um pouco de pão; com isto e com a esmola que eu ajunto, não se morre de fome. Se me curasses!… Eu voltaria ao trabalho. Não desejo senão trabalhar, como um bom israelita e dar um pão àqueles que eu amo.
– E vieste a Mim? Quem foi que te contou?
– Um leproso que Tu curaste aos pés do monte Tabor, quando ias de volta para o lago, depois daquele tão belo discurso.
– Que foi que ele te disse?
– Que Tu podes tudo. Que és a saúde dos corpos e das almas. Que és luz para as almas e para os corpos porque és a Luz de Deus. Ele, o leproso, havia ousado misturar-se com a multidão, correndo o risco de ser apedrejado, todo envolvido num manto, porque ele te havia visto passar dirigindo-se para o monte; o teu rosto tinha colocado em seu coração uma esperança. Ele me disse: “Eu vi naquele rosto qualquer coisa que me disse: ‘Ali está a saúde. Vai!’ E eu fui.” E assim me repetiu o teu discurso, dizendo-me que Tu o curaste, tocando-o com a tua mão sem repugnância. Ele estava voltando dos sacerdotes depois da purificação. Eu o conhecia, porque eu já tinha trabalhado para ele, quando ele tinha uma loja em Cesaréia. Eu vim perguntando por Ti pelas cidades e povoados. Agora Te achei… Tem piedade de mim!
58.8
– Vem. É bem viva ainda a luz para alguém que vem da escuridão.
– Vais curar-me, então?
Jesus o guia em direção à casa da sogra de Pedro, à pouca luz que ainda há no pequeno pomar e o põe à sua frente, mas de tal modo que os olhos, ao ficarem curados, não fossem ter como primeira visão, o lago, ainda todo cheio de reflexos de luz. O homem parece um menino muito dócil, deixa Jesus fazer como quer, sem lhe perguntar o porquê.
– Pai! A tua luz a este filho!
Jesus estendeu as mãos sobre a cabeça do homem que está de joelhos. Ele fica assim por um instante. Depois Jesus molha as pontas dos dedos na saliva e, com a direita, toca-as de leve sobre os olhos abertos, mas sem vida.
Um instante. Em seguida, o homem move as pálpebras e as esfrega como quem sai do sono, mas está ainda com uma névoa nos olhos.
– Que estás vendo?
– Oh! Oh!… oh, Deus eterno! Parece-me… parece-me… oh! que eu estou vendo… estou vendo a tua veste… é vermelha, não é? E uma mão branca… e uma cinta de lã… oh! bom Jesus… estou vendo cada vez melhor, vou-me acostumando a ver… Ali está a erva do chão… aquilo certamente é um poço, e ali está uma videira…
– Levanta-te, amigo.
O homem, que chora e ri ao mesmo tempo, se levanta e, depois de um instante de luta entre o respeito e o desejo, ergue o rosto e encontra o olhar de Jesus. Um Jesus sorridente, cheio de piedade e de amor. Deve ser muito belo recuperar a vista e ver, como primeiro sol, aquele rosto! O homem dá um grito e estende os braços. É um ato instintivo. Mas ele se refreia.
Mas é Jesus quem lhe abre os braços e atrai para Si o homem, que é muito mais baixo do que Ele.
– Vai agora para tua casa, sê feliz e justo. Vai com a minha paz.
– Mestre, Mestre! Senhor! Jesus! Santo! Bendito! A luz… Eu vejo… vejo tudo… Ali está o lago azul e o céu sereno, e os últimos raios de sol, e lá a primeira sombra da lua… Mas o azul mais belo e sereno eu o vejo nos teus olhos e em Ti vejo a beleza do sol mais verdadeiro, e resplandecer a pureza da mais santa lua. Astro dos doentes, Luz dos cegos, Piedade viva e operante!
– Luz dos espíritos, Eu sou. Sê tu um filho da Luz.
– Sempre, Jesus. A cada batida da minha pálpebra sobre a pupila renascida, eu renovarei este juramento. Sê bendito Tu e o Altíssimo!
– Bendito seja o Altíssimo Pai! Vai!
E o homem vai feliz, andando com passos firmes, enquanto Jesus e os pasmados apóstolos, descem em dois barcos e começam a manobra da navegação.
E a visão termina.