Os Escritos de Maria Valtorta

596. Le mercredi saint.

596. Quarta-feira santa. O maior dos mandamentos,

596.1

Jésus, qui porte son vêtement de lin blanc, entre au Temple, encore plus bondé que les jours précédents. La journée est étouffante.

Il va adorer dans la Cour des Juifs, puis se dirige vers les portiques, suivi d’un cortège de gens. Mais d’autres y ont déjà pris les meilleures places ; ce sont pour la plupart des païens qui, ne pouvant aller au-delà de la première cour, au-delà du Portique des Païens, ont profité du fait que les Hébreux ont suivi le Christ pour s’adjuger les meilleurs places.

Mais un groupe important de pharisiens les dérange. Ils se conduisent avec leur arrogance habituelle, et se fraient un chemin en jouant des coudes pour s’approcher de Jésus, penché sur un malade. Ils attendent qu’il l’ait guéri, puis ils envoient auprès de lui un scribe pour l’interroger.

Ils avaient probablement eu une brève discussion, car Joël, dit Alamot, tenait à aller lui-même interroger le Maître. Mais un pharisien s’y oppose, et d’autres le soutiennent :

« Non. Il est notoire que tu es du parti du Rabbi, bien que tu le gardes secret. Laisse aller Urie…

– Pas Urie, non ! » s’exclame un autre jeune scribe que je ne connais pas. « Urie s’exprime avec trop de véhémence. Il exciterait la foule. C’est moi qui y vais. »

Et, sans écouter davantage les protestations des autres, il se rend auprès du Maître et arrive derrière lui au moment même où Jésus congédie le malade en lui disant :

« Aie foi. Tu es guéri. La fièvre et la souffrance ne reviendront jamais plus.

596.2

– Maître, quel est le plus grand commandement de la Loi ? »

Jésus se retourne et le regarde. Un doux sourire lumineux éclaire son visage, puis il lève la tête — il avait la tête inclinée à cause du scribe qui est de petite taille, et qui reste penché pour lui rendre honneur. Jésus tourne les yeux sur la foule, il scrute le groupe des pharisiens et docteurs, et il aperçoit le visage pâle de Joël à demi caché derrière un gros pharisien richement vêtu. Son sourire s’accentue. C’est comme une lumière qui va caresser le scribe honnête.

Puis il baisse la tête pour regarder son interlocuteur, et il lui répond :

« Le premier[1] de tous les commandements est : “ Ecoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces. ” C’est le premier et suprême commandement. Le second lui est semblable : “ Tu aimeras ton prochain comme toi-même. ” Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-ci. Ils contiennent toute la Loi et les prophètes.

– Maître, tu as répondu avec sagesse et vérité. Il en est bien ainsi. Dieu est unique, et il n’y en a pas d’autre en dehors de lui. L’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute son âme et de toutes ses forces, et aimer son prochain comme soi-même a beaucoup plus de valeur que tous les holocaustes et tous les sacrifices. J’en suis tout à fait persuadé quand je médite ces paroles de David[2] : “ Tu ne prends pas plaisir aux holocaustes ; mon sacrifice, ô Dieu, c’est un esprit brisé. ”

– Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu, car tu as compris quel est l’holocauste qui est agréable à Dieu.

– Mais quel est l’holocauste le plus parfait ? » demande dans un souffle le scribe, comme s’il disait un secret.

Jésus rayonne d’amour en laissant tomber cette perle dans le cœur de l’homme qui s’ouvre à sa doctrine, à la doctrine du Royaume de Dieu, et il lui dit, en se penchant sur lui :

« L’holocauste parfait, c’est d’aimer comme nous-mêmes ceux qui nous persécutent et ne pas avoir de rancœur. Qui fait cela, possédera la paix. Il est dit[3] : les doux posséderont la terre, et ils jouiront de l’abondance de la paix. En vérité, je te dis que celui qui sait aimer ses ennemis atteint la perfection et possède Dieu. »

596.3

Le scribe le salue respectueusement et s’en retourne vers son groupe, qui lui reproche à voix basse d’avoir fait l’éloge du Maître. Ils ajoutent avec colère :

« Que lui as-tu demandé secrètement ? T’aurait-il séduit, toi aussi ?

– J’ai entendu l’Esprit de Dieu parler par sa bouche.

– Tu divagues. Crois-tu peut-être qu’il est le Christ ?

– Je le crois.

– En vérité, d’ici peu nous verrons les écoles de nos scribes se vider, et eux s’en aller errer derrière cet homme. Mais à quoi vois-tu le Christ en lui ?

– Je ne sais pas. Je sais que je sens que c’est lui.

– Espèce de fou ! »

Irrités, ils lui tournent le dos.

Jésus a observé le dialogue et, quand les pharisiens passent devant lui en groupe serré pour s’en aller, il les appelle :

« Ecoutez-moi : je veux vous poser une question. Que vous en semble : de qui le Christ est-il le fils ?

– Ce sera le fils de David » répondent-ils, en insistant sur le “ sera ”, pour bien lui faire comprendre qu’à leurs yeux il n’est pas le Christ.

« Comment donc David, inspiré par Dieu, peut-il l’appeler “ Seigneur ”, lorsqu’il[4] dit : “ Le Seigneur a dit à mon Seigneur : ‘ Siège à ma droite, jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis l’escabeau de tes pieds ’” ? Si donc David appelle le Christ “ Seigneur ”, comment le Christ peut-il être son fils ? »

Ne sachant que répondre, ils s’éloignent en ruminant leur poison.

596.4

Jésus quitte le lieu tout envahi par le soleil, où il se tenait, pour aller plus loin, là où se trouvent les bouches du Trésor, près de la salle du gazophylacium. Ce côté, encore à l’ombre, est occupé par des rabbis qui pérorent avec de grands gestes devant leurs auditeurs hébreux, dont le nombre augmente à mesure que les heures passent et que l’affluence de la foule vers le Temple s’accroît.

Les rabbis s’efforcent de démolir par leurs discours les enseignements que le Christ a donnés les jours précédents ou le matin même. Plus ils voient augmenter la foule des fidèles, plus ils haussent la voix. En effet le lieu, bien que très vaste, fourmille de gens qui vont et viennent en tous sens…

596.5

Jésus me dit : « Insère ici la vision de l’obole de la veuve (du 19 juin 1944), rectifiée[5] comme je te l’indiquerai. »

Ensuite, la vision se poursuit.

Le lundi 19 juin 1944.

596.6

C’est seulement aujourd’hui, et avec insistance, que je vois apparaître la vision suivante.

Au début, je ne vois que des cours et des portiques. Je les reconnais : ce sont des parties du Temple. Jésus est appuyé à une énorme colonne carrée qui soutient une arcade du portique. Il a l’air d’un empereur, tant il est solennel dans son vêtement rouge vif et son manteau, rouge aussi, mais plus foncé. Il me regarde fixement. Je me perds à le contempler, heureuse de sa présence après deux jours sans voir ni entendre.

La vision se prolonge ainsi longtemps, et tant qu’elle dure ainsi, je n’écris pas, car je suis tout à ma joie. Mais maintenant que je vois la scène s’animer, je comprends qu’il y a autre chose, et j’écris.

L’endroit se remplit de gens qui vont et viennent dans tous les sens. Il y a là des prêtres et des fidèles, des hommes, des femmes et des enfants. Les uns passent, d’autres s’arrêtent, écoutent les docteurs ; d’autres encore, qui mènent des agneaux ou portent des colombes, partent dans d’autres directions, peut-être pour les sacrifier.

Jésus reste adossé à sa colonne, il observe sans mot dire. Par deux fois même, il a été interrogé par les apôtres et a fait signe que non, mais il n’a pas parlé. Il regarde avec beaucoup d’attention et, d’après son expression, il semble juger ceux qu’il examine. Son regard et tout son visage me rappellent l’aspect que je lui ai vu dans la vision[6] du Paradis, quand il étudiait les âmes lors du jugement particulier. Maintenant, naturellement, c’est l’homme Jésus ; là-haut, c’était Jésus glorieux, donc encore plus imposant. Mais les changements d’expression de son visage, qui observe intensément, sont les mêmes. Il est sérieux, scrutateur, mais, s’il est parfois d’une sévérité à faire trembler le plus effronté, parfois aussi il est si doux, d’une tristesse si souriante, que son regard paraît être une caresse.

596.7

Il semble ne rien entendre, mais il doit tout écouter. Je m’en rends compte quand, d’un groupe éloigné de quelques mètres et rassemblé autour d’un docteur, s’élève une voix nasillarde qui proclame : “ Ce commandement est plus important que tout autre : que tout ce qui est pour le Temple aille au Temple. Le Temple doit être placé plus haut que les parents et, si quelqu’un veut donner tous ses biens pour la gloire du Seigneur, il peut le faire et il en sera béni, car il n’y a pas de sang ni d’affection supérieure au Temple. ” Jésus tourne lentement la tête dans cette direction et regarde d’un air… dont je ne voudrais pas qu’il s’adresse à moi.

Il paraît tout observer en général. Mais un fait me détrompe : à un moment, un vieillard tremblant s’apprête à gravir les cinq marches d’une espèce de terrasse proche de Jésus qui semble mener à une autre cour plus intérieure ; il appuie son bâton, s’empêtre dans son vêtement, et est à deux doigts de tomber. Aussitôt, Jésus allonge le bras, le saisit et le soutient, et il ne le lâche que lorsqu’il le voit en sûreté. Le vieil homme lève son visage ridé, regarde son grand sauveur et murmure une parole de bénédiction ; Jésus lui sourit et caresse sa tête à moitié chauve. Puis il revient contre sa colonne et s’en écarte encore une fois pour relever un enfant qui glisse de la main de sa mère et tombe à plat ventre, juste à ses pieds, en pleurant, contre la première marche. Il le relève, le caresse, le console. La mère, confuse, remercie. Jésus lui sourit à elle aussi, et lui rend le petit.

Mais il ne sourit pas quand passe un pharisien bouffi d’orgueil, ni quand se présentent en groupe des scribes et d’autres dont je ne sais qui ils sont. Ce groupe salue avec de grands gestes et de profondes courbettes. Jésus les regarde si fixement qu’il semble les transpercer. Il salue, mais sans chaleur. Il a l’air sévère. Un prêtre aussi déambule : ce doit être un gros bonnet, car la foule s’écarte et le salue, et lui passe, fier comme un paon. Jésus porte sur lui un long regard, un regard tel que l’homme, qui est pourtant pétri d’orgueil, baisse la tête. Il ne salue pas, mais il ne résiste pas au regard de Jésus.

596.8

Jésus le quitte des yeux pour observer une pauvre femme, vêtue de marron foncé, qui monte les marches avec un air honteux, et se dirige vers un mur où se trouvent des têtes de lions ou autres animaux du même genre, gueule ouverte. Beaucoup s’y rendent, mais Jésus paraissait jusqu’alors ne pas s’en occuper. Maintenant, au contraire, il suit des yeux la petite femme. Son regard exprime la pitié, et même une grande douceur quand il la voit tendre la main et jeter quelque chose dans la gueule de pierre de l’un de ces lions. Et lorsque la pauvrette, en se retirant, passe près de lui, il prend la parole pour lui dire :

« Paix à toi, femme. »

Celle-ci, stupéfaite, lève la tête.

« Paix à toi » répète Jésus. « Va, car le Très-Haut te bénit. »

La femme reste bouche bée, puis murmure une salutation et s’éloigne.

« Elle est apaisée dans son malheur » dit Jésus, sortant de son silence. « Maintenant, la voilà heureuse, car la bénédiction de Dieu l’accompagne.

596.9

Ecoutez, mes amis, et vous tous qui êtes autour de moi. Voyez-vous cette femme ? Elle n’a offert que deux sous, moins qu’il n’en faut pour payer le repas d’un passereau en cage, et pourtant elle a donné davantage que tous ceux qui, depuis l’ouverture du Temple à l’aurore, ont versé leur obole au Trésor.

Ecoutez : j’ai vu des riches en grand nombre jeter dans ces gueules des sommes capables de la rassasier pendant une année et de revêtir sa pauvreté, qui n’est décente que parce qu’elle est propre. J’ai vu des riches qui, avec une satisfaction visible, y mettaient de quoi rassasier les pauvres de la cité sainte pendant un jour ou plus, et leur faire bénir le Seigneur. Mais, en vérité, je vous dis que personne n’a donné plus qu’elle. Son obole est charité, les autres ne le sont pas. Elle est générosité, les autres ne le sont pas. Elle est sacrifice, les autres ne le sont pas. Aujourd’hui, cette femme ne mangera pas, car elle n’a plus rien. Il lui faudra d’abord travailler pour obtenir un salaire, avant de pouvoir donner du pain à sa faim.

Elle n’a pas de richesses en réserve ; elle n’a pas de parents qui gagnent leur vie pour elle. Elle est seule. Dieu lui a pris parents, mari et enfants, il lui a enlevé le peu de bien qu’ils lui avaient laissé ; plus que Dieu, ce sont d’ailleurs les hommes qui lui ont pris ce qu’il lui restait… ces hommes qui, maintenant, avec de grands gestes — vous les voyez ? —, continuent à jeter à l’intérieur leur superflu, dont une grande partie est extorquée par l’usure aux pauvres mains des faibles et des affamés.

596.10

Eux disent qu’il n’y a pas de sang ni d’affection supérieurs au Temple et, de cette façon, ils enseignent à ne pas aimer leur prochain. Moi, je vous dis qu’au-dessus du Temple, il y a l’amour. La Loi de Dieu est amour, et il n’aime pas ceux qui n’ont pas pitié de leur prochain. L’argent superflu, l’argent souillé par l’usure, par la haine, par la dureté, par l’hypocrisie, ne chante pas les louanges de Dieu et n’attire pas sur le donateur la bénédiction céleste. Dieu le rejette. Un tel homme engraisse cette caisse, mais ce n’est pas de l’or destiné à l’encens : c’est de la boue qui vous submerge, ô ministres qui ne servez pas Dieu, mais votre intérêt ; c’est un lacet qui vous étrangle, ô docteurs qui enseignez une doctrine de votre invention ; c’est un poison qui vous corrode le peu de conscience que vous avez encore, ô pharisiens. Dieu ne veut pas du superflu. Ne soyez pas des Caïns. Dieu ne veut pas ce qui est le fruit de la dureté. Dieu ne veut pas entendre une voix plaintive gémir: “ J’aurais dû rassasier un affamé, mais on m’en a détourné, afin d’étaler du faste dans le Temple. J’aurais dû aider un vieux père, une mère chancelante, mais on me l’a refusé, parce que cette aide n’aurait pas été connue du monde, et je dois tout faire pour être remarqué, afin que le monde voie le donateur. ”

Non, rabbi : tu enseignes que ce sont seulement les restes que l’on doit à Dieu, et qu’il est permis de refuser d’aider son père et sa mère pour donner à Dieu ; or le premier commandement est : “ Aime Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ton intelligence, de toutes tes forces. ” Ce n’est donc pas le superflu, mais notre sang qu’il faut lui donner, en aimant souffrir pour lui. Souffrir, et non pas faire souffrir… Et s’il coûte beaucoup au cœur de l’homme — vicieux par nature — de se dépouiller de ses richesses, c’est justement pour cette raison qu’il faut donner. Par justice : car tout ce que l’on a est dû à la bonté de Dieu. Par amour : car c’est une preuve d’amour de vouloir se sacrifier pour faire la joie de ceux qu’on aime. Souffrir pour offrir, mais souffrir. Non pas faire souffrir, je le répète. Car le second commandement dit : “ Aime ton prochain comme toi-même. ” La loi précise même que, après Dieu, les parents sont les proches à qui nous sommes tenus de rendre honneur et d’apporter notre aide.

596.11

Je vous le dis, en vérité, cette pauvre femme a compris la loi mieux que les sages, et elle est justifiée et bénie plus que quiconque. Car, en dépit de sa pauvreté, elle a tout sacrifié à Dieu, alors que vous, vous donnez le superflu, et seulement pour grandir dans l’estime des hommes. Je sais que vous me haïssez quand vous m’entendez tenir de tels propos. Mais tant que cette bouche pourra parler, elle s’exprimera en ces termes. Vous unissez votre haine contre moi au mépris pour la pauvre femme dont je vante le mérite. Mais ne croyez pas faire de ces deux pierres un double piédestal pour votre orgueil. Ce sera la meule qui vous broiera.

Allons. Laissons les vipères se mordre pour augmenter leur venin. Que celui qui est pur, bon, humble, contrit et qui veut connaître le vrai visage de Dieu, me suive. »

596.12

Jésus dit :

« Quant à toi, à qui rien ne reste puisque tu m’as tout donné, donne-moi ces deux dernières pièces. Par rapport au tout que tu m’as donné, elles sembleront peu de choses aux yeux des étrangers. Mais pour toi qui n’as plus qu’elles, elles représentent tout. Mets-les dans la main de ton Seigneur. Et ne pleure pas, ou du moins ne pleure pas seule. Pleure avec moi, qui suis le seul à pouvoir te comprendre, et qui te comprends sans la brume d’humanité qui voile toujours la vérité. »

[Le 2 avril 1947]

596.13

Les apôtres, les disciples et la foule suivent Jésus en groupes compacts quand il revient à l’endroit de la première enceinte, c’est-à-dire presque à l’abri du mur d’enceinte du Temple, là où il y a un peu de fraîcheur — la journée est en effet absolument étouffante. Comme le sol est ravagé par les sabots des animaux, semé de pierres que les marchands et les changeurs emploient pour fixer leurs enclos et leurs tentes, les rabbis d’Israël n’y viennent pas. Eux qui permettent l’instauration d’un véritable marché au sein du Temple, ils éprouvent du dégoût à porter les semelles de leurs sandales là où sont mal dissimulés les restes des quadrupèdes expulsés des lieux il y a peu de jours…

Jésus, lui, n’en éprouve aucun dégoût, et il se réfugie là, entouré d’un cercle de nombreux auditeurs. Pourtant, avant de parler, il appelle auprès de lui ses apôtres pour leur dire :

« Approchez, et écoutez bien. Hier, vous vouliez savoir beaucoup de choses auxquelles je faisais de vagues allusions quand nous reposions dans le jardin de Joseph. Je vais vous en entretenir maintenant. Soyez donc bien attentifs, car ce sont de grandes leçons pour tous, et surtout pour vous, mes ministres et mes continuateurs.

596.14

Ecoutez : au temps fixé, des scribes et des pharisiens prirent place sur le siège de Moïse. Ce furent de tristes heures pour notre patrie[7].

Une fois l’exil de Babylone terminé et la nation reconstruite grâce à la magnanimité de Cyrus, les dirigeants du pays se rendirent compte de la nécessité de rétablir le culte et la connaissance de la Loi. Car malheur au peuple qui ne s’en sert pas comme défense, guide et soutien contre ces puissants ennemis d’une nation que sont l’immoralité des citoyens, la révolte contre les chefs, la désunion entre les classes et les partis, les péchés contre Dieu et contre le prochain, l’irréligion, car ce sont là des éléments de désagrégation pour eux-mêmes et la cause des punitions célestes qu’ils provoquent !

On vit donc apparaître les scribes, ou docteurs de la Loi, pour instruire le peuple : en effet, les gens ne parlaient plus que la langue chaldéenne — héritage du dur exil — et ne comprenaient plus les Ecritures, rédigées en pur hébreu. Des prêtres vinrent à leur aide, mais en nombre insuffisant pour s’acquitter convenablement de leur devoir d’enseigner les foules. A son tour, un laïcat érudit et consacré pour honorer le Seigneur en le faisant connaître aux hommes et en les amenant à lui, eut sa raison d’être, et il fit aussi du bien. Car, tous, rappelez-vous : même ce qui dégénère au fil du temps à cause de la faiblesse humaine — comme ce fut le cas pour cette institution qui s’est corrompue au cours des siècles —, a toujours quelque chose de bon et, au début du moins, une raison d’être. C’est pourquoi le Très-Haut leur permet de s’élever et de durer, jusqu’au moment où, la dégradation arrivant à son comble, le Très-Haut les disperse.

Vint ensuite l’autre secte des pharisiens, née de la transformation de celle des Hassidéens, qui surgit pour soutenir, par la morale la plus rigide et l’obéissance la plus intransigeante, la Loi de Moïse et l’esprit d’indépendance de notre peuple. Car à cette époque, le parti helléniste tentait de nous rendre esclaves : il s’était formé sous la pression et les séductions commencées au temps d’Antiochus Epiphane et devenues bientôt des persécutions contre ceux qui ne cédaient pas aux pressions du roi. Ce roi était rusé, car, plus que sur ses armes, il comptait sur la désagrégation de la foi dans les cœurs pour régner sur notre patrie.

596.15

Rappelez-vous également ceci : craignez plutôt les alliances faciles et les flatteries d’un étranger que ses légions. En effet, tant que vous resterez fidèles aux lois de Dieu et de la patrie, vous vaincrez, même si vous êtes encerclés par des armées puissantes. Mais quand vous serez corrompus par le poison subtil insinué comme un miel enivrant par l’étranger qui a formé des desseins contre vous, Dieu vous abandonnera à cause de vos péchés, et vous serez vaincus et assujettis, sans que votre faux allié livre la moindre bataille sanglante contre vous.

Malheur à celui qui n’est pas sur le qui-vive comme une sentinelle vigilante, et ne repousse pas les pièges subtils d’un voisin finaud et faux, d’un allié ou d’un maître qui commence sa domination chez les particuliers, en affaiblissant leur cœur et en les corrompant par des us et coutumes qui ne sont pas les nôtres, qui ne sont pas saints, et qui par conséquent nous rendent désagréables au Seigneur ! Malheur ! Rappelez-vous toutes les conséquences subies par la patrie lorsque certains de ses enfants ont adopté les modes de vie de l’étranger pour gagner ses bonnes grâces et en tirer profit. C’est un bon exemple que la charité envers tous, même envers les peuples qui ne partagent pas notre foi, qui n’ont pas nos coutumes, qui nous ont nui au cours des siècles. Mais l’amour pour ces peuples, qui sont toujours notre prochain, ne doit jamais nous faire renier la Loi de Dieu et de notre patrie au nom du calcul des profits qu’on pourra ainsi soutirer à nos voisins. Non. Les étrangers méprisent les hommes serviles jusqu’à répudier les fondations les plus saintes de la patrie. Ce n’est pas en reniant son père et sa mère — Dieu et la patrie —, que l’on obtient le respect et la liberté.

Mais, au bon moment, les pharisiens se dressèrent eux aussi pour ériger une digue contre le débordement des coutumes étrangères. Leur attitude fut profitable car, je le répète, tout ce qui surgit et qui dure a sa raison d’être. Il faut donc la respecter pour ce qu’elle a fait, sinon pour ce qu’elle est actuellement. Si elle est aujourd’hui coupable, il n’appartient pas aux hommes de l’insulter et encore moins de la frapper. Ce rôle revient à d’autres : à Dieu et à Celui qu’il a envoyé ; ce dernier a le droit et le devoir de parler et d’ouvrir vos yeux, pour que, eux comme vous, vous connaissiez la pensée du Très-Haut et agissiez avec justice. C’est à moi de le faire, et à nul autre. En effet, je parle par ordre divin, et je puis parler, n’ayant en moi aucun des péchés qui vous scandalisent quand vous les voyez commis par des scribes et des pharisiens — même si,quand vous le pouvez, vous en faites autant. »

596.16

Jésus, qui avait commencé à parler d’une voix douce, a haussé peu à peu le ton et, à la fin de son développement, elle est puissante comme une sonnerie de trompettes.

Juifs et païens sont attentifs. Si les premiers applaudissent Jésus lorsqu’il rappelle les devoirs envers la patrie et qu’il nomme ouvertement par leurs noms les étrangers qui les ont assujettis et fait souffrir, les seconds admirent l’éloquence du discours et se félicitent d’assister à cet exposé digne d’un grand orateur.

Jésus reprend, en baissant de nouveau la voix :

« Je tenais par ces mots à vous rappeler la raison d’être des scribes et des pharisiens. Je vous ai expliqué comment et pourquoi ils se sont assis sur le siège de Moïse, comment et pourquoi ils tiennent des propos qui ne sont pas vains. Faites donc ce qu’ils disent, mais n’imitez pas leurs actes. Car ils demandent que l’on agisse d’une façon qu’eux-mêmes ne mettent pas en pratique. Certes, ils enseignent les lois d’humanité du Pentateuque, mais ils chargent les autres de fardeaux énormes, impossibles à porter, inhumains, alors que, s’agissant d’eux-mêmes, ils ne lèvent pas le petit doigt pour porter ces fardeaux, pas même pour les toucher.

Leur règle de vie, c’est d’être remarqués et applaudis pour leurs œuvres, qu’ils accomplissent de manière à ce qu’on les voie, pour en être loués. Et ils contreviennent à la loi de l’amour, car ils

aiment à se définir comme des êtres à part, ils méprisent ceux qui ne sont pas de leur secte, et ils exigent de leurs disciples le titre de maîtres et un culte qu’eux-mêmes ne rendent pas à Dieu. En ce qui concerne la sagesse et la puissance, ils se prennent pour des dieux. Ils veulent avoir la première place dans le cœur de leurs disciples, au-dessus des parents. Ils prétendent que leur doctrine surpasse celle de Dieu, et ils exigent qu’on la pratique à la lettre, même si elle altère la vraie Loi ; leur doctrine est pourtant inférieure à cette dernière plus que ne l’est cette montagne comparée à la hauteur du grand Hermon qui domine toute la Palestine. Certains d’entre eux sont hérétiques : il en est qui croient, comme les païens, à la réincarnation et à la fatalité ; d’autres nient ce que les premiers admettent et, de fait sinon effectivement, ils refusent ce que Dieu leur a demandé de croire, quand il s’est défini comme le Dieu unique à qui rendre un culte, et quand il a dit que le père et la mère viennent immédiatement après Dieu et, comme tels, ont le droit d’être obéis plus qu’un maître qui n’est pas divin.

Si maintenant je vous dis[8] : “ Celui qui aime son père et sa mère plus que moi, n’est pas digne du Royaume de Dieu ”, ce n’est pas pour vous inculquer l’indifférence envers vos parents : au contraire, vous leur devez respect et soutien, et il n’est pas permis de les priver d’un secours en prétextant : “ C’est l’argent du Temple ”, de leur refuser l’hospitalité en alléguant : “ Ma charge me le défend ”, ou de leur prendre la vie en disant : “ Je te tue parce que tu aimes le Maître. ” Ce que je vous demande, c’est d’avoir pour vos parents l’amour qu’il convient, c’est-à-dire un amour alliant patience, force et douceur, un amour qui sache choisir entre ma Loi et l’égoïsme ou la violence de la famille, et cela sans arriver à la haine pour le parent qui pèche ou afflige en ne vous suivant pas sur le chemin de Vie que je propose. Aimez vos parents, obéissez-leur en tout ce qui est saint. Mais soyez prêts à mourir — non à donner la mort, mais à mourir — s’ils veulent vous amener à trahir la vocation que Dieu a mise en vous d’être les citoyens du Royaume de Dieu que je suis venu former.

596.17

N’imitez pas les scribes et les pharisiens, divisés bien qu’ils affectent d’être unis. Vous, qui êtes des disciples du Christ, soyez vraiment unis. Que les chefs soient pleins de douceur à l’égard des sujets, les sujets pleins de respect envers les chefs, tous unis dans l’amour. Car vous avez le même but : conquérir mon Royaume et être à ma droite au Jugement éternel. Rappelez-vous qu’un royaume divisé n’est plus un royaume et ne peut subsister. Soyez donc unis dans l’amour pour moi et pour ma doctrine. Que l’uniforme du chrétien — tel sera le nom de mes sujets — soit l’amour et l’union, l’égalité entre vous en ce qui concerne les vêtements, la communauté des biens, la fraternité des cœurs. Soyez un pour tous, et tous pour un. Que celui qui possède, donne humblement. Que celui qui n’a rien, accepte humblement et expose avec simplicité ses besoins à ses frères, avec la conviction qu’ils le sont effectivement ; et que les frères écoutent affectueusement les nécessités de leurs frères, se sentant vraiment tels pour eux.

Souvenez-vous que votre Maître a souvent eu faim, froid, qu’il a connu mille autres besoins et privations, et qu’il en a humblement fait part aux hommes, alors qu’il est le Verbe de Dieu. Rappelez-vous que l’homme miséricordieux sera récompensé, ne serait-ce que pour une gorgée d’eau. Rappelez-vous qu’il vaut mieux donner que recevoir. Que ces trois souvenirs aident le pauvre à trouver la force de demander sans se sentir humilié, en considérant que je l’ai fait avant lui, et de pardonner s’il se voit repoussé, en tenant compte du fait que, bien des fois, on a refusé au Fils de l’homme la place et la nourriture que l’on donne au chien qui garde le troupeau. Et que le riche trouve la générosité de partager ses biens, en pensant que le vil argent — ces odieuses richesses que Satan fait rechercher et qui causent les neufs dixièmes des ruines de ce monde — se change, si on le donne par amour, en un trésor immortel dans le Paradis.

596.18

Revêtez-vous de vos vertus. Qu’elles soient grandes, mais connues de Dieu seul. N’imitez pas les pharisiens, qui portent les phylactères les plus larges et les franges les plus longues, aiment les premières places dans les synagogues, attachent une grande importance aux marques de respect sur les places et veulent que le peuple les appelle : “ Rabbi ”. Vous n’avez qu’un seul Maître : le Christ. Vous, qui à l’avenir serez les nouveaux docteurs — c’est à vous que je m’adresse, mes apôtres et mes disciples —, souvenez-vous que moi seul suis votre Maître. Et je le serai encore quand vous ne me verrez plus parmi vous. Car la Sagesse est la seule source d’enseignement. Ne vous faites donc pas appeler maîtres, car vous êtes vous-mêmes des disciples.

N’exigez pas le nom de Père et ne le donnez à personne sur la terre, parce qu’un seul est le Père de tous : votre Père qui est dans les Cieux. Que cette vérité vous inspire la sagesse de vous sentir vraiment tous frères entre vous, aussi bien ceux qui dirigent que ceux qui sont dirigés, et aimez-vous par conséquent comme de bons frères. Et qu’aucun de ceux qui dirigent ne se fasse appeler guide, car il n’y a qu’un seul guide pour vous tous : le Christ.

Que le plus grand d’entre vous soit votre serviteur. Ce n’est pas s’humilier que d’être le serviteur des serviteurs de Dieu : c’est m’imiter, moi qui ai été doux et humble, toujours prêt à faire preuve d’amour pour mes frères en Adam et à les aider par la puissance que j’ai en moi comme Dieu. Et je n’ai pas humilié la divinité en servant les hommes. En effet, le vrai roi est celui qui sait dominer moins les hommes que les passions de l’homme — et en tête de toutes, le sot orgueil. Souvenez-vous : celui qui s’humilie sera exalté, et celui qui s’exalte sera humilié.

596.19

La Femme[9] dont le Seigneur a parlé dans le second livre de la Genèse, la Vierge dont il est question dans Isaïe, la Mère-Vierge de l’Emmanuel, a prophétisé cette vérité des temps nouveaux en chantant : “ Le Seigneur a renversé les puissants de leur trône et il a élevé les humbles. ” La sagesse de Dieu parlait sur les lèvres de celle qui était Mère de la Grâce et Trône de la Sagesse. Et je répète les paroles inspirées qui m’ont loué, uni au Père et à l’Esprit Saint, dans nos œuvres admirables quand, sans offense pour la Vierge, moi, l’Homme, je me formais dans son sein sans cesser d’être Dieu. Que ce soit une règle pour ceux qui veulent enfanter le Christ dans leur cœur et arriver au Royaume du Christ. Pour ceux qui sont orgueilleux, fornicateurs, idolâtres, qui s’adorent eux-mêmes et leur propre volonté, il n’y aura pas de Jésus Sauveur, pas de Christ Seigneur, et il n’y aura pas de Royaume des Cieux.

596.20

Donc malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui croyez pouvoir fermer par vos sentences impraticables — si elles étaient confirmées par Dieu, ce serait réellement des serrures inviolables pour la majorité des hommes — qui croyez pouvoir fermer le Royaume des Cieux à la face des hommes qui élèvent leur esprit vers lui pour trouver de la force dans leur pénible journée terrestre ! Malheur à vous qui n’y entrez pas, qui ne voulez pas y entrer, car vous n’accueillez pas la Loi du Royaume des Cieux et n’y laissez pas entrer les autres, qui se tiennent devant cette porte que vous, par votre intransigeance, renforcez par des verrous que Dieu n’y a pas mis.

Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui dévorez le bien des veuves sous prétexte de faire de longues prières. Vous en serez sévèrement jugés !

Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui allez par terre et par mer pour faire un seul prosélyte en dépensant des biens qui ne vous appartiennent pas, et, quand vous l’avez, le rendez fils de l’enfer, deux fois pire que vous !

Malheur à vous, guides aveugles, qui dites : “ Si quelqu’un jure par le Temple, son serment ne vaut rien, mais s’il jure par l’or du Temple, il reste lié par son serment. ” Sots et aveugles que vous êtes ! Qu’est-ce qui compte le plus : l’or, ou le Temple qui sanctifie l’or ? Vous prétendez : “ Si quelqu’un jure par l’autel, son serment ne vaut rien, mais s’il jure par l’offrande posée sur l’autel, alors son serment est valide, et il reste lié par son serment. ” Aveugles ! Qu’y a-t-il de plus grand : l’offrande, ou l’autel qui sanctifie l’offrande ? L’homme qui jure par l’autel jure par lui et par tout ce qui est posé dessus, celui qui jure par le Temple jure par lui et par Celui qui l’habite, et celui qui jure par le Ciel jure par le Trône de Dieu et par Celui qui y est assis.

Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui payez la dîme de la menthe et de la rue, de l’anis et du cumin, mais négligez les préceptes les plus graves de la Loi : la justice, la miséricorde et la fidélité. Ce sont elles, les vertus qu’il fallait avoir, sans laisser de côté les détails moins importants !

Guides aveugles, qui filtrez les boissons de crainte de vous contaminer en avalant un moucheron qui s’est noyé, et ensuite avalez un chameau sans vous croire impurs pour autant. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui lavez l’extérieur de la coupe et du plat, mais qui êtes intérieurement remplis de rapines et d’immondices. Pharisien aveugle, lave d’abord l’intérieur de ta coupe et de ton assiette, de façon que l’extérieur aussi devienne propre.

Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui volez dans les ténèbres comme des oiseaux de nuit pour accomplir vos œuvres de péché ou négociez de nuit avec les païens, les voleurs et les traîtres, et ensuite, le matin, après avoir effacé les signes de vos marchés occultes, montez au Temple, bien vêtus.

Malheur à vous, qui enseignez les lois de la charité et de la justice contenues dans le Lévitique, et qui êtes ensuite avides, voleurs, fourbes, calomniateurs, tyranniques, injustes, vindicatifs, haineux jusqu’à en venir à abattre celui qui vous gêne — même s’il est de votre sang —, à répudier la vierge devenue votre épouse, à répudier les enfants que vous avez eus d’elle parce que ce sont des infirmes, et à accuser d’adultère ou de maladie impure votre femme qui ne vous plaît plus, pour être débarrassés d’elle. C’est vous qui êtes rendus impurs par votre cœur libidineux, même si vous ne paraissez pas tels aux yeux des gens qui ne connaissent pas vos débauches. Vous êtes comme des sépulcres blanchis, qui semblent beaux du dehors, mais qui à l’intérieur sont remplis d’ossements de morts et de pourriture. Il en est autant de vous. Oui, c’est la même chose ! Du dehors, vous paraissez justes, mais à l’intérieur vous êtes remplis d’hypocrisie et d’iniquité.

Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui élevez des tombeaux somptueux aux prophètes et embellissez les tombes des justes en alléguant : “ Si nous avions vécu au temps de nos pères, nous n’aurions pas été complices de ceux qui ont versé le sang des prophètes, et nous n’y aurions pas participé. ” Ainsi vous témoignez contre vous que vous êtes les descendants de ceux qui ont tué vos prophètes. A votre tour, du reste, vous comblez la mesure de vos pères… O serpents, race de vipères, comment échapperez-vous à la condamnation de la Géhenne ?

596.21

C’est pour cette raison que je vous dis, moi qui suis la Parole de Dieu : Moi, Dieu, je vous enverrai de nouveaux prophètes, sages et scribes. Vous en tuerez certains, vous en crucifierez d’autres, vous en flagellerez dans vos tribunaux, dans vos synagogues, hors de vos murs, vous les poursuivrez de ville en ville, jusqu’à ce que retombe sur vous tout le sang des justes répandu sur la terre, de celui d’Abel[10] à celui de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre l’atrium et l’autel parce que, par amour pour vous, il vous avait rappelé votre péché afin que vous vous en repentiez et que vous reveniez au Seigneur.

C’est ainsi. Vous haïssez ceux qui veulent votre bien et vous invitent par amour sur les voies de Dieu.

En vérité, je vous dis que tout cela est sur le point d’arriver, le crime et ses conséquences. En vérité, je vous dis que tout cela s’accomplira sur cette génération.

Oh ! Jérusalem ! Jérusalem ! Jérusalem, toi qui lapides ceux qui te sont envoyés et qui tues tes prophètes ! Combien de fois j’ai voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et tu n’as pas voulu !

Maintenant, écoute, Jérusalem ! Ecoutez tous, vous qui me haïssez et haïssez tout ce qui vient de Dieu. Ecoutez, vous qui m’aimez et qui serez entraînés dans le châtiment réservé aux persécuteurs des envoyés de Dieu. Et écoutez vous aussi, vous qui, sans appartenir à ce peuple, êtes attentifs à mes paroles et désirez savoir qui est celui qui vous parle et qui prédit sans avoir besoin d’étudier le vol ou le chant des oiseaux, ni les phénomènes célestes ou les viscères des animaux sacrifiés, ni la flamme et la fumée des holocaustes, puisque tout ce qui doit advenir est présent pour celui qui vous parle. “ Votre maison sera désertée. Moi je vous annonce, déclare le Seigneur, que vous ne me verrez plus jusqu’à ce que vous disiez, vous aussi[11] : “ Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. ” »

596.22

Jésus a chaud, il est visiblement exténué, à la fois en raison de son discours prolongé et tonitruant, et à cause de la chaleur étouffante de cette journée sans vent. Bloqué contre le mur par une multitude, observé par des milliers d’yeux, sentant toute la haine de ceux qui l’écoutent sous les portiques de la Cour des Païens, et tout l’amour — ou du moins l’admiration — qui l’entoure, sans souci du soleil qui tombe sur les dos et les visages rougis et en sueur, il paraît vraiment épuisé. Comme il a besoin de réconfort, il le cherche auprès de ses apôtres et des soixante-douze disciples qui, comme autant de coins, se sont frayé lentement un passage dans la foule et sont arrivés au premier rang, pour former une barrière d’amour fidèle autour de lui.

Il leur dit :

« Sortons du Temple et allons au grand air, sous les arbres. J’ai besoin d’ombre, de silence et de fraîcheur. En vérité, je vous dis que ce lieu semble déjà brûler du feu de la colère céleste. »

Ils lui ouvrent la voie, non sans mal, et peuvent ainsi sortir par la porte la plus proche, où Jésus s’efforce vainement d’en congédier un grand nombre. Mais ils veulent le suivre à tout prix.

596.23

Les disciples, pendant ce temps, examinent le cube du Temple, qui étincelle au soleil de midi, et Jean d’Ephèse fait observer au Maître la puissance de l’édifice :

« Regarde ces pierres et ces constructions !

–Et pourtant, il n’en restera pas pierre sur pierre, dit Jésus.

– Non ? Quand ? Comment ? » demandent plusieurs.

Mais Jésus ne répond pas.

Après être descendu du mont Moriah, il sort de la ville en passant par Ophel et par la porte d’Ephraïm ou du Fumier. Puis il se réfugie d’abord au cœur des jardins du roi — c’est-à-dire tant que ceux qui, sans être apôtres ni disciples, se sont obstinés à le suivre, et s’en vont lentement quand Manahen, qui a fait ouvrir le lourd portail, se présente, l’air imposant, pour lancer à la ronde :

« Partez. Seuls entreront ici ceux que j’y autorise. »

Ombre, silence, parfums de fleurs, arômes de camphre et d’œillets, de cannelle, de lavande et de mille autres plantes odorantes, et bruissements de ruisseaux, certainement alimentés par les sources et citernes voisines, sous des galeries de feuillages, gazouillis d’oiseaux, font de cet endroit un lieu de repos paradisiaque. La ville semble éloignée de plusieurs milles, avec ses rues étroites, assombries par les arcades ou ensoleillées jusqu’à en être éblouissantes, avec ses odeurs et ses puanteurs d’égouts qui ne sont pas toujours nettoyés, et des rues parcourues par trop de quadrupèdes pour être propres, surtout celles d’importance secondaire.

596.24

Le gardien des jardins doit très bien connaître Jésus[12], car il le salue avec un respect mêlé de familiarité, et Jésus lui demande des nouvelles de sa femme et de ses enfants.

L’homme aurait voulu accueillir Jésus chez lui, mais le Maître préfère la paix fraîche, reposante, du vaste jardin du roi, un vrai parc de délices. Et avant que les deux serviteurs de Lazare, toujours aussi infatigables et dévoués, partent chercher les paniers de nourriture, Jésus leur dit :

« Dites à vos maîtresses de venir. Nous resterons ici quelques heures avec ma Mère et les femmes disciples fidèles ; ce sera si doux…

– Tu es très fatigué, Maître ! Ton visage le montre, remarque Manahen.

– Oui, au point que je n’ai pas eu la force d’aller plus loin.

– Mais je t’avais proposé ces jardins plusieurs fois, ces dernier jours. Tu sais combien je suis heureux de pouvoir t’offrir paix et réconfort !

– Je le sais, Manahen.

– Et hier, tu as voulu aller dans ce triste lieu dont les abords sont si arides, si étrangement dépouillés de toute végétation, cette année ! Un endroit si proche de cette triste porte !

– J’ai voulu faire plaisir à mes apôtres. Ce sont des enfants, au fond, de grands enfants. Vois, là-bas, comme ils se restaurent gaiement !… Ils oublient tout de suite ce qui se trame contre moi à l’intérieur de ces murs…

– Ils oublient également ton affliction… Mais il ne semble pas qu’il y ait lieu de s’alarmer. L’endroit me semblait plus dangereux d’autres fois. »

Jésus le regarde en silence. Que de fois je vois Jésus regarder et se taire ainsi, ces derniers temps !

Puis il se met à observer les apôtres et les disciples. Ils ont enlevé leurs couvre-chefs, leurs manteaux et leurs sandales pour se rafraîchir le visage et les membres dans les frais ruisselets, imités par plusieurs des soixante-douze disciples ; ceux-ci sont maintenant beaucoup plus nombreux, je crois, et, tous fraternellement unis par leur idéal, ils s’allongent çà et là pour se délasser, un peu à part pour laisser Jésus se reposer tranquillement.

Manahen aussi se retire pour le laisser en paix. Tous respectent le repos du Maître, extrêmement fatigué. Il s’est réfugié sous une tonnelle de jasmins en fleurs qui fait office de cabane, isolée par un circuit d’eau qui court en bruissant dans un petit canal où plongent herbes et fleurs. C’est un vrai havre de paix auquel on accède par un petit pont large de deux paumes et long de quatre, avec une balustrade fleurie par toute une guirlande de corolles de jasmins.

596.25

Les serviteurs reviennent avec plusieurs autres, car Marthe a voulu pourvoir aux besoins de tous les serviteurs du Seigneur, et ils annoncent que leurs maîtresses ne vont pas tarder à venir.

Jésus fait appeler Pierre :

« Avec mon frère Jacques, bénis, offre et distribue comme je le fais.

– Distribuer oui, mais pas bénir, Seigneur. C’est à toi qu’il revient d’offrir et de bénir, pas à moi.

– Quand tu étais à la tête de tes compagnons, loin de moi, ne le faisais-tu pas ?

– Si. Mais alors… j’y étais obligé. En ce moment, tu es avec nous, et c’est toi qui bénis. Tout me paraît meilleur, quand c’est toi qui offres pour nous et distribues… »

A ce mots, le fidèle Simon étreint son Jésus, assis épuisé dans cette ombre, et il penche la tête sur ses épaules, heureux de pouvoir le serrer et l’embrasser ainsi…

Jésus se lève et lui fait ce plaisir. Il s’avance vers les disciples, offre la nourriture, la bénit, la partage, les regarde manger avec plaisir et leur dit :

« Dormez ensuite, reposez-vous pendant que c’est l’heure, et pour que vous puissiez veiller et prier quand vous aurez besoin de le faire ; ainsi la fatigue et l’épuisement n’accableront pas de sommeil vos yeux et votre esprit quand il sera nécessaire que vous soyez dispos et bien éveillés.

– Tu ne restes pas avec nous ? Tu ne manges rien ?

– Laissez-moi me reposer. C’est de cela seulement que j’ai besoin. Mangez, mangez ! »

Il caresse en passant ceux qu’il trouve sur son chemin, et revient à sa place…

596.26

Douce, suave est la venue de Marie auprès de son Fils. Elle s’avance avec assurance, car Manahen, qui est moins fatigué que les autres, a veillé à côté du portail et lui indique l’endroit où se trouve Jésus.

Les autres femmes — il y a toutes les disciples hébraïques et la seule Valéria comme Romaine — s’arrêtent quelque temps en silence pour ne pas réveiller les disciples, qui dorment à l’ombre des arbre, et ressemblent à des brebis allongées dans l’herbe. C’est l’heure de sexte.

Marie entre sous la tonnelle de jasmins sans faire crisser le petit pont de bois ni le gravier du sol et, avec encore plus de précautions, elle s’approche de son Fils qui, vaincu par la fatigue, s’est endormi. Sa tête est posée sur une table de pierre qui se trouve là, et son bras gauche lui sert d’oreiller sous son visage caché par ses cheveux. Marie s’assied patiemment près de son Fils fatigué. Elle le contemple… longuement… et elle a un sourire douloureux et affectueux, tandis que des larmes tombent sans bruit sur son sein. Mais si ses lèvres sont closes et muettes, son cœur prie avec toute la force qu’il possède ; la puissance de cette prière et de sa souffrance est trahie par ses mains jointes sur ses genoux, serrées, croisées pour ne pas trembler et pourtant secouées d’un léger tremblement. Ces mains ne se disjoignent que pour chasser quelque mouche importune qui veut se poser sur le dormeur et pourrait l’éveiller.

C’est la Mère qui veille son Fils, le dernier sommeil de son Fils qu’elle puisse veiller. Le visage de Marie, en ce mercredi pascal, est différent de celui du jour de la naissance du Seigneur, car la douleur le rend pâle et déprime ses traits ; mais c’est la même pureté du regard affectueux, le même soin tremblant qu’elle avait quand, penchée sur la crèche de Bethléem, elle protégeait de son amour le premier sommeil inconfortable de son Enfant.

Jésus fait un mouvement et Marie essuie rapidement ses yeux pour ne pas montrer ses larmes à son Fils. Mais Jésus ne s’est pas réveillé, il a seulement changé de position, pour se tourner de l’autre côté, et Marie, reprenant son immobilité, continue à le veiller.

596.27

Mais quelque chose brise le cœur de Marie. C’est d’entendre son Jésus pleurer en dormant et, dans un murmure confus — car il parle la bouche serrée contre son bras et son vêtement —, il nomme Judas…

Marie se lève, s’approche, se penche sur son Fils. Elle suit ce murmure confus, les mains pressant son cœur. Le soliloque de Jésus, interrompu par moments, mais pas au point qu’on ne puisse le suivre, fait comprendre qu’il rêve le présent, le passé et l’avenir, jusqu’à ce qu’il se réveille en sursaut comme pour fuir quelque chose d’horrible. Mais il trouve la poitrine de sa Mère, les bras de sa Mère, le sourire de sa Mère, la douce voix de sa Mère, ses baisers, ses caresses et son voile passé légèrement sur son visage pour essuyer ses larmes et sa sueur en disant :

« Tu n’allais pas très bien et tu rêvais… Tu es fatigué et tout en sueur, mon Fils. »

Elle lui peigne ses cheveux en désordre, lui essuie le visage et le tient enlacé, appuyé sur son cœur, puisqu’elle ne peut le prendre sur ses genoux comme quand il était petit.

Jésus lui sourit :

« Tu es toujours la Mère. Celle qui console. Celle qui dédommage de tout. Ma Mère ! »

Il la fait asseoir auprès de lui, et lui abandonne sa main, posée sur ses genoux. Marie prend cette longue main, si distinguée et pourtant si robuste, d’artisan, dans ses petites mains, elle en caresse les doigts et le dos, en lissant les veines qui s’étaient gonflées pendant qu’elle pendait durant le sommeil. Elle essaie de le distraire…

596.28

« Nous sommes venues. Nous sommes toutes là, même Valéria. Les autres sont à l’Antonia. C’est Claudia qui les a demandées : “ elle est profondément triste ”, a confié son affranchie. Elle dit, je ne sais pour quelle raison, qu’elle présage beaucoup de larmes. Superstitions !… Seul Dieu connaît l’avenir…

– Où sont les femmes ?

– Elles sont là, à l’entrée des jardins. Marthe a voulu te préparer des plats solides et des boissons rafraîchissantes en pensant à ton épuisement. Mais moi, regarde : tu aime toujours cela, et je t’en ai apporté. C’est ma contribution. C’est meilleur, car cela vient de ta Maman. »

Elle lui montre du miel et une petite fouace de pain sur laquelle elle l’étend pour le donner à son Fils :

« Comme à Nazareth, lorsque tu prenais un peu de repos à l’heure la plus étouffante, et que tu avais si chaud à ton réveil : je venais alors de la grotte fraîche t’apporter cette collation… »

Elle s’arrête, car sa voix tremble.

Son Fils la regarde, et dit :

« Et quand Joseph était là, tu apportais la collation pour deux, ainsi que l’eau froide de la jarre poreuse, que tu avais gardée dans le courant pour qu’elle soit plus fraîche… Tu y mettais des tiges de menthe sauvage pour augmenter cette impression de fraîcheur… Que de menthe il y avait sous les oliviers ! Et que d’abeilles sur les fleurs de la menthe ! Notre miel avait toujours un peu ce parfum… »

Il pense… il se souvient…

« Nous avons vu Alphée, sais-tu ? Joseph s’est attardé parce qu’il avait un enfant un peu malade. Mais demain, il sera certainement ici avec Simon. Salomé, femme de Simon, garde notre maison et celle de Marie.

596.29

– Maman, quand tu seras seule, avec qui resteras-tu ?

– Avec qui tu diras, mon Fils. Je t’ai obéi, avant même de t’avoir, mon Jésus. Je continuerai à le faire après ton départ. »

Sa voix tremble, mais elle a sur ses lèvres un sourire héroïque.

« Toi, tu sais obéir. Quel repos d’être avec toi ! Car, tu vois, Maman ? Le monde ne peut comprendre, mais je trouve mon repos auprès de ceux qui obéissent… Oui, Dieu se repose auprès des obéissants. Dieu n’aurait pas eu à souffrir, à se fatiguer, si la désobéissance[13] n’était pas entrée dans le monde. Tout arrive parce qu’on n’obéit pas. De là vient la souffrance du monde… De là vient notre douleur.

– Mais aussi notre paix, Jésus. Car nous savons que notre obéissance console l’Eternel. Ah ! quelle importance cette pensée revêt pour moi ! Il m’est accordé, à moi, une créature, de consoler mon Créateur !

– Oh ! Joie de Dieu ! Tu ne sais pas, toi notre joie, ce qu’est pour Nous la parole que tu viens de dire ! Elle dépasse les harmonies des chœurs célestes… Bénie, bénie sois-tu, toi qui m’enseignes l’ultime obéissance et me la rends, par cette pensée, si agréable à accomplir !

– Tu n’as pas besoin que je t’instruise, mon Jésus. J’ai tout appris de toi.

– L’homme Jésus a tout appris de Marie de Nazareth.

– C’était ta lumière qui jaillissait de moi, la Lumière que tu es et qui venait à la Lumière éternelle anéantie sous forme humaine…

596.30

Les frères de Jeanne m’ont rapporté ton discours. Ils étaient remplis d’admiration. Tu as été courageux avec les pharisiens…

– C’est l’heure des suprêmes vérités, Maman. Pour eux, elles restent des vérités mortes, mais pour les autres ce seront des vérités vivantes. Et je dois mener mon dernier combat, par les armes de l’amour et de la rigueur, pour les arracher au Mal.

– C’est vrai. Ils m’ont raconté que Gamaliel, qui se tenait avec les autres dans une des salles des portiques, a lancé, à la fin, alors que beaucoup étaient irrités : “ Quand on ne veut pas s’attirer de reproches, on agit en homme juste ! ” Et il est parti après cette observation.

– Cela me fait plaisir que le rabbi m’ait entendu. Qui te l’a dit ?

– Lazare. Et c’est Eléazar, qui était présent dans la salle avec les autres, qui le lui a raconté. Lazare est venu à sexte. Il a salué, et il est reparti sans écouter ses sœurs, qui voulaient le retenir jusqu’au couchant. Il a demandé que l’on envoie Jean, ou d’autres, pour chercher les fruits et les fleurs qui seront juste à point.

– J’enverrai Jean, demain.

– Lazare vient tous les jours. Mais Marie se fâche, elle dit qu’il ressemble à une apparition. Il monte au Temple, vient, donne ses ordres et repart.

– Lazare aussi sait obéir. C’est moi qui l’en ai prié, car on cherche à le capturer lui aussi. Mais n’en parle pas à ses sœurs. Il ne lui arrivera rien.

596.31

Maintenant, allons trouver les disciples.

– Ne bouge pas. Je vais les appeler. Les disciples somnolent tous…

– Nous les laisserons dormir. La nuit, ils dorment peu, car je les instruis dans la paix de Gethsémani. »

Marie sort et revient avec les femmes, qui semblent n’avoir plus de poids, tant leur démarche est légère.

Elles le saluent avec de profondes marques de respect, et seule Marie, femme de Cléophas, se montre quelque peu familière. Marthe tire d’une grande bourse une amphore poreuse, tandis que Marie sort d’un vase, poreux lui aussi, des fruits frais venus de Béthanie et les dispose sur la table à côté de ce qu’a préparé sa sœur, c’est-à-dire un pigeon grillé sur la flamme, croquant, appétissant. Elle prie Jésus d’y goûter :

« Mange, cette viande est nourrissante. C’est moi qui l’ai préparée. »

Jeanne, de son côté, a apporté du vinaigre rosé. Elle explique :

« II rafraîchit bien, en ces premières chaleurs. Mon époux s’en sert quand il est fatigué, au cours de ses longues chevauchées.

– Nous n’avons rien » disent pour s’excuser Marie Salomé, Marie, femme de Cléophas, Suzanne et Elise.

A leur tour, Nikê et Valéria interviennent :

« Nous non plus. Nous ne savions pas que nous devions venir.

– Vous m’avez donné tout votre cœur. Cela me suffit. Et vous me donnerez encore… »

Il mange les fruits frais, mais surtout il boit la fraîche eau miellée que Marthe lui verse de l’amphore poreuse. C’est un vrai réconfort pour l’Epuisé.

Les femmes ne parlent guère. Elles le regardent se restaurer. Leurs yeux trahissent amour et inquiétude. A l’improviste, Elise se met à pleurer, et elle s’en excuse en disant :

« Je ne sais pas pourquoi, j’ai le cœur envahi de tristesse…

– Nous partageons toutes ce sentiment, même Claudia dans son palais… confie Valéria.

– Je voudrais que ce soit déjà la Pentecôte, murmure Salomé.

– Moi, au contraire, je voudrais arrêter le temps à cette heure, lance Marie de Magdala.

– Tu serais égoïste, Marie, lui répond Jésus.

– Pourquoi, Rabbouni ?

– Parce que tu voudrais pour toi seule la joie de ta rédemption. Il y a des millions d’êtres humains qui attendent cette heure, ou qui seront rachetés grâce à cette heure.

– C’est vrai, je n’y pensais pas… »

Elle penche la tête en se mordant les lèvres pour ne pas faire voir les larmes qui coulent de ses yeux et le tremblement de sa bouche. Mais son naturel courageux et combattant reprend le dessus, et elle poursuit :

« Si tu viens demain, tu pourras prendre le vêtement que tu as envoyé. Il est frais et propre, digne du repas pascal.

– Je viendrai… »

Avec un bon sourire, Il les invite à parler :

596.32

« Vous n’avez rien à me dire ? Vous êtes muettes et tristes. Ne suis-je plus Jésus ?… »

« Oh ! c’est toi ! Mais tu es si grand, ces derniers jours, que je n’arrive plus à te voir comme le bébé que j’ai porté dans mes bras, s’écrie Marie, femme d’Alphée.

– Et moi comme le simple rabbi qui entrait dans ma cuisine pour chercher Jean et Jacques, dit Salomé.

– Moi, je t’ai toujours connu ainsi : le Roi de mon âme ! » proclame Marie de Magdala.

Et Jeanne, pleine d’une douce suavité :

« Pour moi aussi, tu as toujours été divin, depuis le songe où tu m’es apparu, à l’heure de ma mort, pour m’appeler à la vie.

– Tu nous as tout donné, Seigneur. Tout ! soupire Elise, qui a repris son calme.

– Et vous m’avez tout donné

– Trop peu ! protestent-elles toutes.

– Le don ne cesse pas après cette heure. Il cessera seulement quand vous serez avec moi dans mon Royaume, mes disciples fidèles. Vous ne siégerez pas à mes côtés, sur les douze trônes pour juger les douze tribus d’Israël, mais vous chanterez hosanna avec les anges, pour faire un chœur d’honneur à ma Mère. Alors, comme aujourd’hui, le cœur du Christ trouvera sa joie à vous contempler.

– Moi, je suis jeune ! Il me faudra du temps pour monter à ton Royaume. Heureuse Annalia ! s’exclame Suzanne.

– Moi, je suis vieille et heureuse de l’être. J’espère que pour moi la mort sera proche, dit Elise.

– Moi, j’ai des fils… Je voudrais les servir, ces serviteurs de Dieu ! soupire Marie, femme de Cléophas.

– Ne nous oublie pas, Seigneur ! » lance Marie-Madeleine avec une angoisse contenue, je dirais avec un cri de son âme, tant sa voix, qu’elle contient pour ne pas éveiller les dormeurs, a une force plus vibrante qu’un cri.

– Je ne vous oublierai pas. Je viendrai. Toi, Jeanne, tu sais que je peux venir même si je suis très loin… Les autres doivent le croire. Et je vous laisserai quelque chose… un mystère qui me gardera en vous et vous en moi, jusqu’à ce que nous soyons, vous et moi, réunis dans le Royaume de Dieu.

596.33

Maintenant, partez. Vous allez dire que je ne vous ai guère parlé, qu’il était presque inutile de vous faire venir pour si peu. Mais j’ai désiré avoir autour de moi des cœurs qui m’ont aimé sans calcul. Pour moi. Pour moi, Jésus, et non pour le futur Roi d’Israël que l’on rêve. Allez. Et soyez bénies une fois de plus, de même que celles qui ne sont pas ici, mais qui pensent à moi, avec amour : Anne, Myrta, Anastasica, Noémi, et Syntica qui est si loin, ou encore Photinaï, Aglaé et Sarah, Marcelle, les filles de Philippe, Myriam — la fille de Jaïre —, les vierges, les rachetées, les épouses, les mères qui sont venues vers moi, qui ont été pour moi des sœurs et des mères, bien meilleures que les meilleurs des hommes… Toutes, toutes ! Je les bénis toutes. La grâce commence déjà à descendre sur la femme, la grâce et le pardon, par cette bénédiction que je vous donne. Allez… »

Mais, s’il les congédie, il retient un instant sa Mère :

« Avant ce soir, je serai au palais de Lazare. J’ai besoin de te voir encore. Jean sera avec moi. Mais je ne veux que toi, Mère, et les autres Marie, Marthe et Suzanne. Je suis tellement fatigué…

– Il n’y aura que nous. Adieu, mon Fils… »

Ils s’embrassent, ils se séparent… Marie part lentement. Elle se retourne avant de sortir. Elle se retourne avant de quitter le petit pont. Elle se retourne encore tant qu’elle peut voir Jésus… C’est à croire qu’elle ne peut s’éloigner de lui…

596.34

Jésus est de nouveau seul. Il se lève, sort, va appeler Jean qui dort à plat ventre parmi les fleurs comme un enfant, et il lui confie la petite amphore de vinaigre rosé, que Jeanne lui a apporté, en lui annonçant :

« Nous irons ce soir chez ma Mère, mais nous deux seuls.

– J’ai compris. Elles sont venues ?

– Oui. J’ai préféré ne pas vous réveiller…

– Tu as bien fait. Ta joie aura été plus grande. Elles savent t’aimer mieux que nous… dit Jean, éploré.

– Viens avec moi. »

Jean le suit.

« Qu’as-tu ? lui demande Jésus quand ils sont de nouveau dans la pénombre verte de la tonnelle où il reste de la nourriture.

– Maître, nous sommes tous très mauvais. Il n’y a pas d’obéissance en nous… ni de désir de rester avec toi. Même Pierre et Simon le Zélote se sont éloignés, je ne sais où. Et Judas y a trouvé l’occasion d’une querelle.

– Judas aussi est parti ?

– Non, Seigneur. Il prétend qu’il n’en a pas besoin, que lui n’a pas de complices dans les manigances que nous faisons pour essayer de t’obtenir des protections. Mais si je suis allé chez Hanne, si d’autres sont allés trouver des Galiléens qui résident ici, ce n’est pas pour faire du mal !… Et je ne crois pas que Pierre et Simon soient des hommes capables de manèges équivoques…

– N’y prête pas attention. En effet, Judas n’a pas besoin de partir pendant que vous vous reposez. Lui sait quand et où aller pour accomplir tout ce qu’il doit faire.

– Dans ce cas, pourquoi parle-t-il ainsi ? Ce n’est pas bien devant les disciples !

– Ce n’est pas bien, mais c’est ainsi.

596.35

Sois tranquille, toi, mon agneau.

– Moi, ton agneau ? C’est toi, le seul Agneau !

– Oui, toi. Je suis l’Agneau de Dieu, et toi l’agneau de l’Agneau de Dieu.

– Oh ! Une autre fois, dans les premiers jours où j’étais avec toi, tu m’as déjà dit cela. Nous étions seuls tous les deux, comme en cet instant, dans la verdure comme maintenant. C’était la belle saison. »

Ce souvenir réjouit Jean. Et il murmure :

« Je suis toujours, encore l’agneau de l’Agneau de Dieu… »

Jésus lui fait une caresse, et il lui offre un morceau du pigeon rôti resté sur la table, enveloppé d’une feuille de parchemin. Il ouvre ensuite des figues succulentes et les lui tend, joyeux de le voir manger.

Jésus s’est assis de travers sur le bord de la table et il regarde Jean avec une telle intensité que ce dernier lui demande :

« Pourquoi me regardes-tu ainsi ? Parce que je dévore comme un glouton ?

– Non. Parce que tu es comme un enfant… Ah ! mon bien-aimé ! Comme je t’aime pour ton cœur ! »

Jésus s’incline pour baiser les cheveux blonds de l’apôtre, et il lui dit :

« Reste toujours le même, sans orgueil ni amertume dans le cœur, même aux heures où la férocité se déchaînera. N’imite pas les pécheurs, mon enfant. »

596.36

Jean est repris par sa peine :

« Je ne peux pas croire que Simon et Pierre…

– Tu te tromperais, en vérité, si tu les croyais pécheurs. Bois. C’est une bonne et fraîche boisson. C’est Marthe qui l’a préparée… Maintenant, tu t’es restauré. Je suis certain que tu n’avais pas fini ton repas…

– C’est vrai. Les larmes m’étaient venues aux yeux. Car tant que c’est le monde qui nous hait, on comprend. Mais que l’un de nous insinue…

– N’y pense plus. Toi et moi, nous savons que Pierre et Simon sont honnêtes. Et cela suffit. Et tu sais que, malheureusement, Judas est pécheur. Mais garde le silence. Après bien des lustres, quand il sera juste de dire toute la profondeur de ma douleur, tu raconteras les souffrances que m’ont values les actes de cet homme, en plus de ceux de l’apôtre. Allons. Il est temps de quitter cet endroit pour nous rendre au camp des Galiléens et…

– Allons-nous aussi passer cette nuit là-bas ? Et auparavant, allons-nous à Gethsémani ? Judas voulait le savoir. Il dit en avoir assez de dormir sous la rosée, et de devoir prendre un repos si court et si inconfortable.

– Ce sera bientôt fini. Mais je ne vais pas confier à Judas mes intentions…

– Tu n’y es pas tenu. C’est toi qui dois nous guider, et non pas nous qui devons te guider. »

Jean est si éloigné de trahir qu’il ne comprend même pas la raison de prudence pour laquelle, depuis quelques jours, Jésus n’annonce jamais ce qu’il compte faire.

596.37

Les voilà au milieu des dormeurs. Ils les appellent. Ils se réveillent. De son côté, Manahen, une fois sa tâche accomplie, s’excuse auprès du Maître de ne pouvoir rester, et de ne pas l’accompagner le lendemain près de lui au Temple; car il est retenu au palais. Et en disant cela, il regarde fixement Pierre et Simon, qui entre-temps sont de retour ; Pierre fait un signe rapide de la tête, comme pour dire : “ Compris. ”

Ils sortent du jardin. Il fait encore chaud. Le soleil baisse, mais déjà la brise du soir tempère la chaleur et pousse quelques petits nuages dans le ciel pur.

Ils montent par Siloan, en évitant les lieux fréquentés par les lépreux, du moins ceux qui restent et qui n’ont pas su croire en Jésus. Simon le Zélote va leur apporter les restes de leur repas.

596.38

Matthias, l’ex berger, s’approche de Jésus :

« Mon Seigneur et Maître, j’ai beaucoup réfléchi avec mes compagnons à tes paroles, jusqu’au moment où la fatigue nous a pris ; nous nous sommes endormis avant d’avoir pu trouver une réponse aux questions que nous nous posions. Nous voilà maintenant plus sots qu’avant. Si nous avons bien compris les discours de ces derniers jours, tu as prédit que beaucoup de choses allaient être modifiées, bien que la Loi reste inchangée ; tu as dit aussi que l’on devra édifier un nouveau Temple, avec de nouveaux prophètes, sages et scribes, contre lequel on livrera bataille, et qui ne mourra pas, alors que celui-ci, toujours si j’ai bien compris, paraît destiné à périr.

– Il est effectivement destiné à périr. Rappelle-toi la prophétie[14] de Daniel…

– Mais nous, pauvres et peu nombreux comme nous le sommes, comment pourrons-nous l’édifier à nouveau, alors que les rois ont eu du mal à bâtir celui-ci ? Où le construirons-nous ? Pas ici, puisque tu dis que ce lieu restera désert jusqu’à ce qu’ils te bénissent comme envoyé par Dieu.

– C’est bien cela.

– Pas dans ton Royaume. Nous sommes convaincus que ton Royaume est spirituel. Alors comment et où l’établirons-nous ? Tu as dit hier que, lorsqu’ils croiront avoir détruit le vrai Temple — celui-ci n’est donc pas le vrai ? —, ce sera alors qu’il montera triomphant vers la vraie Jérusalem. Où est celle-ci ? Il y a en nous beaucoup de confusion.

– Il en est ainsi. Que les ennemis détruisent donc le vrai Temple. En trois jours, je le relèverai, et il ne connaîtra plus de menace, car il s’élèvera là où l’homme ne peut lui nuire.

596.39

En ce qui concerne le Royaume de Dieu, il est en vous et partout où des hommes croient en moi. Eparpillé pour le moment, il se répandra sur la terre au cours des siècles. Puis il sera éternel, uni, parfait au Ciel. C’est là, dans le Royaume de Dieu, que sera édifié le nouveau Temple, c’est-à-dire là où sont les esprits qui acceptent ma doctrine, la doctrine du Royaume de Dieu, et mettent ses préceptes en pratique.

Comment sera-t-il édifié si vous êtes pauvres et peu nombreux ? Ah ! en vérité, il n’est pas besoin d’argent ni de puissances pour construire l’édifice de la nouvelle demeure de Dieu, individuelle ou collective. Le Royaume de Dieu est en vous. Et l’union de tous ceux qui auront le Royaume de Dieu en eux, de tous ceux qui auront Dieu en eux (Dieu comme grâce, vie, lumière, charité) constituera le grand Royaume de Dieu sur la terre, la nouvelle Jérusalem qui s’étendra jusqu’aux limites du monde et qui, complète et parfaite, sans imperfection, sans ombres, vivra éternellement au Ciel.

Comment ferez-vous pour édifier Temple et cité ? Ce n’est pas vous, mais Dieu qui s’en chargera. Il vous suffit de faire preuve de bonne volonté. C’est faire preuve de bonne volonté que de rester en moi, de vivre ma doctrine, de rester unis. Soyez-moi unis jusqu’à constituer un seul corps dont tous les éléments, même les plus petits, soient nourris par une même humeur. Ce sera un unique édifice reposant sur une base unique et gardé dans l’unité par une cohésion mystique. Mais, sans l’aide du Père, que je vous ai enseigné à prier et que je prierai pour vous avant de mourir, vous ne pourriez rester dans la Charité, dans la Vérité, dans la Vie, c’est-à-dire encore en moi et avec moi en Dieu Père et en Dieu Amour — car nous sommes une unique Divinité –. C’est pourquoi je vous recommande d’avoir Dieu en vous pour pouvoir être le Temple qui ne connaîtra pas de fin. De vous-mêmes, vous ne pourriez rien faire. Si ce n’est pas Dieu qui édifie — et il ne peut édifier là où il ne peut établir sa demeure —, c’est en vain que les hommes s’agitent pour édifier ou reconstruire.

596.40

Le Temple nouveau, mon Eglise, s’élèvera seulement quand votre cœur sera la demeure de Dieu et c’est lui, avec vous comme pierres vivantes, qui édifiera son Eglise.

– Mais n’as-tu pas dit que Simon-Pierre en est le chef, la pierre sur laquelle on édifiera ton Eglise ? Et n’as-tu pas fait comprendre aussi que tu en es la Pierre angulaire ? Qui donc en est le chef ? Elle existe, ou non, cette Eglise ? interrompt Judas.

– J’en suis le Chef mystique, Pierre le chef visible. Car je retourne au Père en vous laissant la vie, la lumière, la grâce, par ma parole, par mes souffrances, et grâce au Paraclet, qui sera l’ami de ceux qui m’ont été fidèles. Je ne fais qu’un avec mon Eglise, mon corps spirituel dont je suis la tête.

La tête contient le cerveau ou esprit. L’esprit est le siège du savoir, le cerveau est ce qui dirige les mouvements des membres par ses commandements immatériels, qui sont plus puissants pour faire mouvoir les membres que toute autre excitation. Observez un mort dans lequel le cerveau est mort : ses membres peuvent-ils bouger ? Observez un homme simple d’esprit. N’est-il pas inerte au point de ne pas avoir ces mouvements instinctifs rudimentaires que possède l’animal le plus inférieur, le ver que nous écrasons en passant ? Observez quelqu’un chez qui la paralysie a rompu tout contact d’un ou de plusieurs membres avec le cerveau. La partie qui n’a plus de lien vital avec la tête peut-elle encore remuer ?

Mais si l’esprit dirige par ses ordres immatériels, ce sont d’autres organes — les yeux, les oreilles, la langue, le nez, la peau — qui lui communiquent les sensations, et ce sont les autres parties du corps qui exécutent et font exécuter ses ordres, quand il est averti par les organes matériels et visibles autant que l’intellect est invisible. Pourrais-je, sans vous dire “ asseyez-vous ”, obtenir que vous vous asseyiez sur la pente de cette montagne ? Même si je pense que je veux que vous vous mettiez assis, vous ne le savez pas tant que je ne traduis pas ma pensée en paroles, en me servant de ma langue et de mes lèvres. Pourrais-je moi-même m’asseoir, si je le pensais seulement parce que je sens la fatigue de mes jambes, mais si celles-ci refusaient de se plier pour prendre cette position ? L’esprit a besoin d’organes et de membres pour faire et pour faire accomplir les opérations que la pensée décide.

Ainsi, dans ce corps spirituel qu’est mon Eglise, je serai l’Intellect, c’est-à-dire la tête, siège de l’intellect ; Pierre et ses collaborateurs seront ceux qui observent les réactions, perçoivent les sensations et les transmettent à l’esprit pour qu’il éclaire et ordonne ce qui convient pour le bien du corps entier, et pour que, ensuite éclairés et dirigés par mon ordre, ils parlent et guident les autres parties du corps. La main qui repousse l’objet susceptible de blesser le corps, ou qui éloigne ce qui, étant corrompu, peut corrompre, le pied qui saute l’obstacle sans vous heurter et vous blesser en vous faisant trébucher, en ont reçu l’ordre de la partie qui dirige. Un enfant, ou même un adulte peut être sauvé d’un danger ou tirer un profit (par exemple dans le domaine de l’instruction, de bonnes affaires, de son mariage, d’une bonne alliance) grâce à un conseil reçu, ou à une parole qu’on lui a dite : c’est par ce conseil et cette parole qu’il évite de se nuire ou qu’il se fait du bien. Il en sera ainsi dans l’Eglise. Le chef, et les chefs, guidés par la Pensée divine, éclairés par la Lumière divine et instruits par la Parole éternelle, donneront ordres et conseils, et les membres agiront pour obtenir la santé et le profit spirituels.

596.41

Mon Eglise existe dès maintenant, parce que d’ores et déjà elle possède sa Tête surnaturelle et sa Tête divine, et elle a ses membres, qui sont les disciples. Elle est encore petite: c’est un germe en formation. Elle est parfaite uniquement dans la Tête qui la dirige. Le reste a encore besoin que Dieu le touche pour atteindre la perfection, et il lui faut du temps pour grandir. Mais en vérité, je vous dis qu’elle existe déjà et qu’elle est sainte, grâce à celui qui en est le Chef et à la bonne volonté des justes qui la composent. Elle est sainte et invincible. L’enfer, composé des démons et des hommes-démons, ne cessera de s’en prendre à elle, il la combattra de multiples manières, mais il ne triomphera pas. L’édifice sera inébranlable.

Mais il n’est pas fait d’une seule pierre. Observez le Temple, là-bas, vaste, beau, dans le soleil couchant. Est-il fait d’une seule pierre ? C’est un ensemble de pierres qui forment une unité harmonieuse, un tout. On dit : le Temple. C’est-à-dire une unité. Mais cette unité est composée des nombreuses pierres qui l’ont formée. Il aurait été inutile de poser des fondations si elles n’avaient pas dû soutenir les murs et le toit. Et il aurait été impossible d’élever les murs et de soutenir le toit si on n’avait pas commencé par faire des fondations solides proportionnées à une si grande masse.

C’est avec la même interdépendance des parties que s’élèvera le nouveau Temple. Vous l’édifierez au fil des siècles en l’appuyant sur les parfaits fondements que je lui ai donnés pour son volume. Vous l’édifierez sous la direction de Dieu, avec la qualité des éléments employés pour l’élever : les âmes que Dieu habite. Dieu transformera votre cœur en une pierre polie et sans fêlure destinée au nouveau Temple. Son Royaume et ses lois seront établies dans votre esprit. Sinon, vous ressembleriez à des briques mal cuites, à du bois vermoulu, à des pierres gélives éclatées qui ne tiennent pas et qu’un bon chef de chantier rejette. Ces pierres-là ne résistent pas, elles cèdent, et provoquent l’écroulement d’un mur si le constructeur, les constructeurs préposés par le Père à l’édification du Temple, sont des bâtisseurs qui s’idolâtrent, qui se pavanent en veillant à faire respecter leur honneur sans se soucier de l’édifice qui s’élève ni des matériaux employés. Bâtisseurs idolâtres, directeurs idolâtres, gardiens idolâtres, voleurs ! Voleurs de la confiance de Dieu, de l’estime des hommes, voleurs et orgueilleux qui se contentent d’avoir la possibilité d’un profit, et de posséder un tas de matériaux, sans prêter attention à leur qualité. Voilà une cause de ruine.

596.42

Vous, mes nouveaux prêtres et scribes du nouveau Temple, écoutez : malheur à vous, et à ceux qui, après vous, s’idolâtreront, ne veilleront pas et ne se surveilleront pas eux-mêmes et les autres fidèles, pour observer, vérifier la qualité des pierres et des boiseries, sans se fier aux apparences, et seront cause de ruines en permettant que des matériaux douteux, ou même tout à fait nuisibles, soient employés pour le Temple, faisant scandale et provoquant la ruine.

Malheur à vous si vous laissez se créer des lézardes et des murailles peu sûres, informes, qui s’écrouleront facilement parce qu’elles ne sont pas en équilibre sur des bases solides et parfaites. Ce n’est pas de Dieu — le Fondateur de l’Eglise — que viendrait le désastre, mais de vous tous, et vous en porteriez la responsabilité devant le Seigneur et devant les hommes.

Diligence, observation, discernement, prudence ! La pierre, la brique, la poutre faibles, qui seraient ruineuses dans un gros mur, peuvent être utiles dans des parties de moindre importance. Vous devez savoir trier : avec charité pour ne pas dégoûter les parties faibles, avec fermeté pour ne pas dégoûter Dieu et mettre en danger son Edifice. Et si vous vous apercevez qu’une pierre, déjà en place pour soutenir un angle maître, n’est pas bonne ou n’est pas équilibrée, ayez le courage de l’enlever de cette place, mortifiez-la en l’équerrant par le ciseau d’un saint zèle. Peu importe si elle crie sous la douleur. Elle vous bénira plus tard, au long des siècles, parce que vous l’aurez sauvée. Déplacez-la, donnez-lui une autre fonction. N’ayez pas peur même de l’éloigner tout à fait si vous voyez qu’elle est un objet de scandale et de ruine, rebelle à votre travail. Mieux vaut peu de pierres que beaucoup de remplissage.

Ne vous hâtez pas. Dieu ne se hâte jamais, mais ce qu’il crée est éternel, parce que bien pesé avant d’être mis à exécution. A défaut d’être éternel, il doit durer autant que les siècles. Regardez l’univers. Depuis des siècles, des milliers de siècles, il est comme Dieu l’a fait par des opérations successives. Imitez le Seigneur. Soyez parfaits comme votre Père. Ayez sa Loi en vous, son Royaume en vous, et vous ne faillirez pas.

Mais s’il n’en était pas ainsi, l’édifice s’écroulerait, et c’est en vain que vous vous seriez fatigués à l’élever. Il s’écroulerait, et il ne resterait de lui que la pierre angulaire, les fondations… C’est ce qu’il adviendra de ce Temple-ci ! Et le vôtre connaîtra le même sort si vous y mettez ce qu’on trouve en celui-ci : des parties malades d’orgueil, d’avidité, de péché, de débauche. Comme le souffle du vent a provoqué la dissolution de ce pavillon de nuages si gracieusement beau qui semblait reposer sur le sommet de cette montagne, de même, au souffle d’un vent de châtiment surnaturel et humain, les édifices qui n’ont de saint que le nom s’écrouleront… »

596.43

Pensif, Jésus se tait. Quand il reprend la parole, c’est pour dire :

« Asseyons-nous ici pour nous reposer un peu. »

Ils s’asseyent sur une pente du mont des Oliviers, en face du Temple rosi par le soleil couchant. Jésus regarde fixement cet endroit, avec tristesse. Les autres font de même avec orgueil en raison de sa beauté, mais cet orgueil s’est voilé d’inquiétude, à cause des paroles du Maître. Et si cette beauté devait réellement périr ?

Pierre et Jean parlent entre eux, puis murmurent quelque chose à Jacques, fils d’Alphée, et à André, leurs voisins, qui expriment leur accord par un signe de tête. Alors Pierre se tourne vers le Maître et lui dit :

« Viens à part et explique-nous quand se réalisera ta prophétie sur la destruction du Temple. Daniel en parle, mais s’il en était comme il l’annonce et comme tu le dis, le Temple n’aurait plus que quelques heures. Mais nous ne voyons ni armée ni préparatifs de guerre. Quand donc cela arrivera-t-il ? Quel en sera le signe ? Tu es venu. Tu dis que tu vas t’en aller. Or on sait que cela arrivera pendant que tu es parmi les hommes. Tu reviendras, alors ? A quand ton retour ? Explique-nous, afin que nous sachions…

– Nous n’avons pas besoin de nous mettre à l’écart. Tu vois ? Les disciples qui sont restés sont les plus fidèles, et ils vous aideront grandement, vous les Douze. Ils peuvent entendre mes paroles. Venez tous auprès de moi ! » crie-t-il donc pour rassembler tout le monde.

Les disciples, disséminés sur la pente, s’approchent, forment un groupe compact, serré autour du groupe principal de Jésus avec ses apôtres, et ils écoutent.

596.44

« Prenez garde que personne ne vous séduise à l’avenir. Je suis le Christ et il n’y en aura pas d’autres. Donc, quand plusieurs viendront vous dire : “ Je suis le Christ ” — et ils en séduiront un grand nombre —, ne les croyez pas, même si leurs paroles s’accompagnent de faits extraordinaires. Satan, en père du mensonge et protecteur des menteurs, aide ses serviteurs et ses disciples par de faux prodiges. Ce qui permet de reconnaître que ces prodiges ne sont pas bons, c’est qu’ils s’accompagnent toujours de peur, de trouble et de mensonge. Les miracles de Dieu, vous les connaissez : ils procurent une paix sainte, la joie, le salut, la foi, ils suscitent des désirs saints et de bonnes actions. Pas les autres. Réfléchissez donc à la forme et aux conséquences des prodiges que vous pourrez voir à l’avenir attachés à l’œuvre des faux christs et de ceux qui se donneront l’apparence de sauveurs des peuples, mais seront au contraire des fauves qui les mènent à leur perte.

Vous entendrez parler de guerres — vous en verrez aussi — et de bruits de guerre, et on vous dira : “ Ce sont les signes de la fin. ” Ne vous troublez pas : ce ne sera pas encore la fin. Il faut que tout cela arrive, mais ce ne sera pas encore la fin. Des peuples se soulèveront contre d’autres peuples, des royaumes, des nations, des continents contre d’autres, et il s’ensuivra des pestes, des famines et des tremblements de terre en plusieurs endroits. Mais ce ne sera que le commencement des douleurs. Alors on s’en prendra à vous, et on vous tuera en vous accusant d’être responsables de ces souffrances, et les hommes espéreront être délivrés en persécutant et en détruisant mes serviteurs.

Les hommes accusent toujours les innocents d’être la cause du mal qu’ils se créent eux-mêmes par leurs péchés. Ils vont jusqu’à accuser Dieu — lui, l’Innocence parfaite et la Bonté suprême — d’être la cause de leurs souffrances. Ils vous traiteront pareillement, et vous serez haïs à cause de mon nom. C’est Satan qui les y pousse. Et beaucoup se scandaliseront, se trahiront et se haïront mutuellement. C’est encore Satan qui les incite. Et il s’élèvera de faux prophètes qui induiront un grand nombre de gens en erreur. Ce sera encore Satan l’auteur véritable de tant de mal. Et à cause de la multiplication de l’iniquité, la charité se refroidira chez certains. Mais celui qui aura persévéré jusqu’à la fin sera sauvé. Néanmoins, il faut auparavant que cet Evangile du Royaume de Dieu soit prêché dans le monde entier, en témoignage pour toutes les nations. Alors viendra la fin. Il y aura le retour au Christ d’Israël qui l’accueille et la prédication de ma Doctrine dans le monde entier.

596.45

Encore un autre signe : un signe pour la fin du Temple et pour la fin du monde. Quand vous verrez l’abomination de la désolation prédite par Daniel — que celui qui m’écoute comprenne, et que celui qui lit le prophète sache lire entre les lignes —, alors que celui qui sera en Judée s’enfuie sur les montagnes, que celui qui sera sur sa terrasse ne descende pas prendre ce qu’il a dans sa maison, que celui qui est dans son champ ne revienne pas chez lui prendre son manteau : il lui faudra fuir sans se retourner, pour qu’il ne lui arrive pas de ne plus pouvoir le faire. Dans sa fuite, il ne devra pas se retourner par curiosité, pour ne pas garder dans son cœur cet horrible spectacle et en devenir fou. Malheur à celles qui seront enceintes et qui allaiteront en ces jours ! Et malheur si cette fuite devait s’accomplir pendant le sabbat ! S’enfuir ne suffirait pas pour se sauver sans pécher.

Priez donc pour que cela ne se produise pas en hiver et un jour de sabbat, car alors la tribulation sera si grande qu’il n’y en a pas eu de telle depuis le commencement du monde jusqu’à nos jours et qu’il n’y en aura plus jamais de semblable, car ce sera la fin. Si ces jours n’étaient pas abrégés en faveur des élus, personne ne serait sauvé, car les hommes-satans s’allieront à l’enfer pour tourmenter les gens.

Alors aussi, pour corrompre et détourner du droit chemin ceux qui resteront fidèles au Seigneur, des gens viendront dire : “ Le Christ est ici, le Christ est là, le voici ! ” Que personne ne les croie, car il s’élèvera de faux christs et de faux prophètes qui feront des prodiges extraordinaires capables d’induire en erreur, s’il était possible, les élus eux-mêmes. Ils enseigneront des doctrines en apparence si convenables et si bonnes qu’elles séduiraient même les meilleurs, s’ils n’avaient pas en eux l’Esprit de Dieu pour les éclairer sur la vérité et l’origine satanique de ces prodiges et de ces doctrines. Je vous le dis, je vous le prédis pour que vous puissiez vous diriger.

Mais ne craignez pas de tomber. Si vous restez dans le Seigneur, vous ne serez pas attirés par la tentation et la ruine. Rappelez-vous ce que je vous ai dit[15] : “ Je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions, et toute la puissance de l’Ennemi ne saurait vous nuire, car tout vous sera soumis. ” Je vous rappelle cependant que, pour l’obtenir, vous devez avoir Dieu en vous, et vous devez vous réjouir, non parce que vous maîtrisez les puissances du mal et ses poisons, mais parce que votre nom est écrit dans le Ciel.

596.46

Restez dans le Seigneur et dans sa vérité. Je suis la Vérité et j’enseigne la vérité. Aussi, je vous le répète : quoi que l’on vous raconte sur moi, ne le croyez pas. Moi seul ai dit la vérité. Moi seul, je vous affirme que le Christ viendra, mais quand ce sera la fin. Donc si l’on vous annonce : “ Il est dans le désert ”, n’y allez pas. Si l’on vous donne comme information : “ Il est dans cette maison ”, n’y croyez pas. Car la seconde venue du Fils de l’Homme sera semblable à l’éclair qui sort du levant et glisse jusqu’au couchant en moins de temps qu’il n’en faut pour le battement d’une paupière. Et il glissera sur le grand Corps[16], soudainement devenu cadavre, suivi de ses anges resplendissants. Alors, il jugera. Partout où sera le corps, se réuniront les aigles.

Aussitôt après la tribulation de ces derniers jours — je parle maintenant de la fin du temps et du monde, et de la résurrection des ossements qu’ont annoncées les prophètes[17] —, le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus de lumière, les étoiles du ciel tomberont comme les grains d’une grappe trop mûre secouée par un vent de tempête, et les puissances des Cieux seront ébranlées.

Alors, dans le firmament obscurci, apparaîtra de manière fulgurante le signe du Fils de l’homme ; toutes les nations de la terre pleureront, et les hommes verront le Fils de l’homme venir sur les nuées avec grande puissance et grande gloire.

Il ordonnera à ses anges de moissonner et de vendanger, de séparer l’ivraie du bon grain et de jeter le raisin dans la cuve : car le temps de la grande récolte des descendants d’Adam sera venu. Il ne sera plus nécessaire de garder des grappillons ou de la semence, car l’espèce humaine ne se perpétuera plus jamais sur la terre morte. Et il commandera à ses anges de rassembler au son des trompettes les élus des quatre vents, d’une extrémité à l’autre du ciel pour qu’ils prennent place à côté du divin Juge pour juger avec lui les derniers vivants et ceux qui seront ressuscités.

596.47

Regardez le figuier : quand vous voyez ses branches s’attendrir et des feuilles pousser, vous savez que l’été est proche. De même, quand vous verrez tous ces signes, sachez que le Christ va venir. En vérité, je vous le dis : cette génération qui n’a pas voulu de moi[18] ne passera pas avant que tout cela n’arrive.

Ma parole ne sera pas prise en défaut. Ce que je dis sera. Le cœur et la pensée des hommes peuvent changer, mais ma parole est immuable. Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas. Quant au jour et à l’heure précise, personne ne les connaît, pas même les anges du Seigneur, mais le Père seul.

596.48

Il en sera de la venue du Fils de l’homme comme au temps de Noé. Dans les jours qui précédèrent le déluge, les hommes mangeaient, buvaient, se mariaient, sans réfléchir au signe[19], jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; alors s’ouvrirent les cataractes du ciel et le déluge submergea tous les vivants et toutes choses. Il en sera de même à la venue du Fils de l’homme. Deux hommes seront l’un près de l’autre dans un champ : l’un sera pris, l’autre laissé ; deux femmes seront appliquées à faire marcher la meule : l’une sera prise, l’autre laissée, par les ennemis de la patrie et plus encore par les anges qui sépareront la bonne semence de l’ivraie, et ils n’auront pas le temps de se préparer au jugement du Christ.

Veillez donc, car vous ne savez pas à quelle heure viendra votre Seigneur. Réfléchissez : si le chef de famille savait à quelle heure vient le voleur, il veillerait et ne laisserait pas dépouiller sa maison. Veillez donc et priez, en étant toujours préparés à sa venue, sans que vos cœurs tombent dans la torpeur par des abus et des excès de toutes sortes ; que vos âmes ne soient pas éloignées et fermées aux affaires du Ciel par le souci excessif des réalités de la terre, et que le lacet de la mort ne vous prenne pas à l’improviste quand vous ne serez pas préparés. Car, rappelez-vous, tous vous devez mourir. Tous les hommes, dès leur naissance, sont destinés à la mort. Cette mort et le jugement subséquent sont une venue particulière du Christ, qui devra se répéter pour tous les hommes à la venue solennelle du Fils de l’homme.

596.49

Qu’en sera-t-il donc de ce serviteur fidèle et prudent préposé par son maître à donner en son absence la nourriture aux gens de sa maison ? Il serait heureux pour lui que son maître, revenant à l’improviste, le trouve en train d’accomplir son travail avec sollicitude, justice et amour. En vérité, je vous dis qu’il s’exclamera : “ Viens, bon et fidèle serviteur. Tu as mérité ma récompense. Tiens, administre tous mes biens. ” Mais s’il paraissait bon et fidèle sans l’être, si intérieurement il était mauvais comme extérieurement il était hypocrite, si, après le départ de son maître, il a pensé : “ Le maître ne reviendra pas de sitôt ! Prenons du bon temps ”, et s’il se mettait à battre et à maltraiter ses compagnons serviteurs, s’il faisait de l’usure sur eux pour la nourriture et mille autres délits afin d’avoir plus d’argent à dépenser avec les noceurs et les ivrognes, qu’arrivera-t-il ? Le maître reviendra à l’improviste, quand le serviteur ne le croit pas si proche : sa mauvaise conduite sera découverte, son emploi et l’argent lui seront retirés, et il sera chassé pour toujours, comme le veut la justice.

Il en est ainsi du pécheur impénitent qui, au lieu de se demander si sa mort peut être imminente et son jugement proche, jouit de la vie et commet toutes sortes d’abus en se disant : “ Je me repentirai plus tard. ” En vérité, je vous dis qu’il n’aura pas le temps de le faire, et qu’il sera condamné à rester éternellement dans le lieu de la redoutable horreur où il n’y a que blasphèmes, pleurs et tortures. Il n’en sortira pas avant le Jugement final, quand il revêtira sa chair ressuscitée pour se présenter dans son intégralité au Jugement final comme il a péché avec tout son être durant sa vie terrestre. C’est avec son corps et son âme qu’il se présentera au Juge Jésus dont il n’a pas voulu comme Sauveur.

596.50

Tous seront présents devant le Fils de l’homme, en une multitude infinie de corps rendus par la terre et la mer et recomposés après avoir été poussière pendant si longtemps, et les âmes seront présentes dans les corps. A chaque chair revenue sur les squelettes correspondra l’esprit qui l’animait autrefois. Ils se tiendront debout devant le Fils de l’homme, splendide dans sa divine majesté, assis sur le trône de sa gloire et soutenu par ses anges.

Il mettra d’un côté les hommes bons et de l’autre les mauvais, comme un berger sépare les brebis des boucs, et il placera ses brebis à droite et les boucs à gauche. Et de sa douce voix, il dira avec bienveillance à ceux qui, paisibles et rayonnants d’une beauté glorieuse dans la splendeur d’un corps saint, le regarderont avec tout l’amour de leur cœur : “ Venez, les bénis de mon Père, et prenez possession du Royaume préparé pour vous depuis l’origine du monde. Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’ai été pèlerin et vous m’avez hébergé, j’ai été nu et vous m’avez vêtu, malade et vous êtes venus me rendre visite, prisonnier et vous êtes venus me réconforter. ”

Alors les justes demanderont : “ Quand donc, Seigneur, t’avons-nous vu affamé ou assoiffé et t’avons-nous donné à manger ou à boire ? Quand t’avons-nous vu pèlerin ou nu et t’avons-nous accueilli ou vêtu ? Quand t’avons-nous vu malade et prisonnier, quans sommes-nous venus te rendre visite ? ”

Et le Roi des rois leur répondra : “ En vérité, je vous le dis : quand vous avez agi de la sorte à l’égard du plus humble de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. ”

Puis il se tournera vers ceux qui seront à sa gauche, et il leur dira d’un air sévère — son regard sera comme une flèche qui foudroiera les réprouvés, et dans sa voix tonnera la colère de Dieu — : “ Hors d’ici ! Loin de moi, maudits ! Allez dans le feu éternel préparé par la colère de Dieu pour le démon et les anges de ténèbres, et pour ceux qui ont écouté leur voix de la triple passion obscène. J’ai eu faim et vous ne m’avez pas donné à manger, soif et vous ne m’avez pas désaltéré, j’ai été nu et vous ne m’avez pas vêtu, j’ai été pèlerin et vous m’avez repoussé, malade et prisonnier et vous ne m’avez pas rendu visite, car vous n’aviez qu’une loi : votre plaisir égoïste. ”

Alors ils demanderont : “ Quand t’avons-nous vu affamé, assoiffé, nu, pèlerin, malade, prisonnier ? En vérité, nous ne t’avons pas connu. Nous n’étions pas là au moment où tu étais sur la terre. ”

Mais lui leur répondra : “ C’est vrai, vous ne m’avez pas connu, car vous n’étiez pas là quand j’étais sur la terre. Mais vous avez connu ma parole, et vous avez eu parmi vous des pauvres, des gens affamés, assoiffés, nus, malades, prisonniers. Pourquoi ne les avez-vous pas traités comme vous m’auriez peut-être traité, moi ? Car il n’est pas dit que ceux qui ont eu le Fils de l’homme parmi eux aient été miséricordieux envers lui. Ne saviez-vous pas que je suis dans mes frères, et que je suis présent là où souffre l’un d’eux ? Ce que vous n’avez pas fait à l’un de mes plus humbles frères, c’est à moi que vous l’avez refusé, à moi, le premier-né des hommes. Allez et brûlez dans votre égoïsme. Allez, et que les ténèbres et le gel vous enveloppent, puisque vous avez été ténèbres et gel, tout en sachant où était la Lumière et le feu de l’Amour. ”

Et ceux-là iront à l’éternel supplice alors que les justes entreront dans la vie éternelle.

Tel est l’avenir…

596.51

Partez maintenant. Et ne vous séparez pas. Je m’en vais avec Jean et je serai près de vous au milieu de la première veille, pour le repas et pour aller ensuite à nos instructions.

– Ce soir encore ? Nous le ferons tous les soirs ? Je suis tout courbatu par la rosée. Ne vaudrait-il pas mieux trouver quelque maison hospitalière ? Toujours sous les tentes ! Toujours à veiller pendant les nuits, qui sont fraîches et humides… se plaint Judas.

– C’est la dernière nuit. Demain… ce sera différent.

– Ouf ! Je croyais que tu voulais aller à Gethsémani chaque soir. Mais si c’est le dernier…

– Je n’ai pas dit cela, Judas : j’ai dit que ce sera la dernière nuit à passer au Camp des Galiléens, tous unis. Demain, nous préparerons la Pâque et nous consommerons l’agneau, puis j’irai seul prier à Gethsémani. Et vous pourrez faire ce que vous voudrez.

– Mais nous t’accompagnerons, Seigneur ! Quand donc avons-nous voulu te quitter ? dit Pierre.

– Tais-toi, toi qui es en faute. Simon le Zélote et toi, vous ne faites que voleter çà et là dès que le Maître a le dos tourné. Je vous ai à l’œil ! Au Temple… pendant la journée… sous les tentes, là bas… décoche Judas, heureux de dénoncer.

– Ça suffit ! S’ils le font, ils font bien. Mais ne me laissez pas seul… Je vous en prie…

– Seigneur, nous ne faisons rien de mal, crois-moi. Nos actions sont connues de Dieu et son regard ne se détourne pas d’elles avec dégoût, se défend le Zélote.

– Je le sais, mais c’est inutile. Et ce qui est inutile peut toujours être dommageable. Restez le plus possible unis. »

Puis il s’adresse à Matthieu :

« Toi, mon bon chroniqueur, tu répéteras[20] à ces hommes la parabole des dix vierges sages et des dix vierges folles, ainsi que celle du maître qui donne des talents à ses trois serviteurs pour qu’ils les fassent fructifier : deux gagnent le double et le paresseux enterre le sien. Tu t’en souviens ?

– Parfaitement, mon Seigneur.

– Alors répète-les-leur. Tous ne les connaissent pas, et ceux qui les connaissent auront plaisir à les réentendre. Passez votre temps en sages conversations jusqu’à mon retour. Veillez ! Veillez ! Tenez votre esprit éveillé. Ces paraboles sont appropriées à ce que je vous dis. Adieu. Que la paix soit avec vous. »

Prenant Jean par la main, il prend la direction de Jérusalem… Les autres se dirigent vers le Camp des Galiléens.

596.52

Jésus dit :

« Tu placeras ici la seconde partie du mercredi saint, qui fut si pénible. La nuit (1945). Souviens-toi de marquer en rouge les points que je t’ai signalés : ils éclairent ces mots[21] d’une grande lumière, pour qui sait la voir.

596.1

Jesus entra no Templo, que está mais cheio do que nos dias precedentes, e hoje está todo vestido de branco, com sua veste de linho. Vai ser um dia de forte calor.

Ele vai adorar no Átrio dos Israelitas, acompanhado por um grande número de pessoas, enquanto outras já ocuparam os melhores lugares por baixo dos pórticos, sendo a maior parte de gentios que, não podendo passar além do primeiro pórtico, que fica além do Pórtico dos Pagãos, aproveitaram aquela circunstância de estarem os hebreus atrás do Cristo, para irem ocupar lugares melhores.

Mas um grupo bem numeroso de fariseus os atrapalha. Eles são sempre arrogantes do mesmo modo, e vão abrindo caminho com prepotência para se aproximarem de Jesus, que está inclinado sobre um doente. Eles esperam que Jesus o cure, a fim de mandarem para perto dele um escriba que lhe faça perguntas.

Na verdade, entre eles tinha havido antes uma breve discussão, porque Joel, cognominado o Alamot, queria ir ele mesmo fazer perguntas ao Mestre. Mas um fariseu se opõe a isso, e os outros o apoiam, dizendo:

– Não. Nós ficamos sabendo que tu és partidário do Rabi, ainda que o sejas secretamente. Deixa que vá Urias…

– Urias, não –diz um outro jovem escriba, que eu não conheço–. Urias é áspero demais para falar. Ele excitaria o povo. Vou eu.

E sem dar ouvidos aos protestos dos outros, vai para perto do Mestre justamente no momento em que Jesus se despede do doente, dizendo-lhe:

– Estás curado. A febre e a dor não voltarão nunca mais.

596.2

– Mestre, qual é o maior dos Mandamentos da Lei?

Jesus, atrás do qual estava o escriba, se vira e olha para ele. Um breve sorriso ilumina seu rosto e depois Ele levanta a cabeça, estando de cabeça inclinada visto que o escriba é de baixa estatura e, além disso, está inclinado em um gesto de reverência; e percorre com o olhar toda aquela multidão, detendo-o sobre o grupo dos fariseus e doutores e descobre o rosto pálido de Joel, que está escondido atrás de um obeso fariseu. O sorriso de Jesus se acentua. É como uma luz que vai até o escriba honesto e o acaricia.

Depois abaixa de novo a cabeça, olhando para o seu interlocutor, e lhe responde:

– O primeiro[1] de todos os mandamentos é este: “Escuta, ó Israel, o Senhor nosso Deus é o único Senhor. Tu amarás o Senhor teu Deus com todo o teu coração, com toda a tua alma, com todas as tuas forças.” Este é o primeiro e supremo mandamento. E o segundo é semelhante a ele: “Amarás o teu próximo como a ti mesmo.” Não há mandamentos maiores do que esses. Eles compreendem toda a Lei e os Profetas.

– Mestre, Tu respondeste com sabedoria e verdade. Assim é, Deus é um só e não há outro fora Ele. Amá-lo com todo o coração, com toda a própria inteligência, com toda a alma e com todas as forças, e amar ao próximo como a si mesmo, vale muito mais do que todos os holocaustos e sacrifícios. Penso muioto nisso quando medito sobre aquelas palavras de Davi[2]: “A Ti não agradam os holocaustos. O sacrifício a oferecer-se a Deus é um espírito compungido.”

– Tu não estás longe do Reino de Deus, porque já compreendeste qual é o holocausto agradável a Deus.

– Mas qual é o holocausto mais perfeito de todos? –pergunta, em confidência e em voz baixa o escriba, como se lhe estivesse transmitindo um segredo.

Jesus fica radiante de amor, deixando cair esta pérola no coração desse homem que se deixa abrir para receber sua doutrina, a doutrina do Reino de Deus, e diz, inclinando-se sobre ele:

– O holocausto perfeito é amar como a nós mesmos aqueles que nos perseguem, e não guardar rancores. Quem fizer assim, possuirá a paz. Está escrito[3]: os mansos possuirão a Terra e gozarão a abundância da paz. Em verdade, Eu te digo que aquele que sabe amar seus inimigos atinge a perfeição e possui a Deus.

596.3

595.3O escriba o saúda com deferência, e vai voltando para o seu grupo, que já o está censurando em voz baixa por ter ele louvado o Mestre, e cheios de ira lhe dizem:

– Que foi que lhe perguntaste em segredo? Será que tu também te deixaste seduzir por Ele?

– Eu ouvi o Espírito de Deus falando dos seus lábios.

– Tu és um estulto. Crês talvez que Ele seja o Cristo?

– Eu creio.

– Em verdade, daqui a pouco estaremos vendo vazias dos nossos escribas as nossas escolas, e eles indo, como uns errantes, atrás daquele Homem! Mas em que ponto é que viste ser Ele o Cristo?

– Em que ponto foi, eu não sei. Só sei que eu percebo ser Ele.

– Doido!

E, irrequietos, eles lhe viram as costas.

Jesus observou aquele diálogo, e quando os fariseus passam por sua frente em um grupo cerrado, para ir embora inquietos, Ele os chama, dizendo:

– Ouvi-me. Quero perguntar-vos uma coisa. Segundo vós, quem é que vos parece ser o Cristo? Ele é filho de quem?

– Será o filho de Davi, lhe respondem, destacando aquele “será”, porque eles querem fazer que Ele compreenda que para eles Ele não é o Cristo.

– E, então, como é que Davi, inspirado por Deus, o chama de Senhor, quando diz[4]: “Senhor”, dizendo: “O Senhor disse ao meu Senhor: ‘Assenta-se à minha direita, até que Eu tenha posto os teus inimigos como escabelo de teus pés’?” Se, pois, Davi chama o Cristo de Senhor, como é que o Cristo pode ser filho dele?

E eles, não sabendo o que responder, vão embora remoendo o próprio veneno.

596.4

Jesus se afasta do lugar onde estava, todo exposto ao Sol, e vai mais adiante, onde estão as bocas do Tesouro, ao lado da sala do gazofilácio. Este lado, que ainda está na sombra, está ocupado pelos rabis, que estão discursando com grandes gestos dirigidos aos seus ouvintes hebreus, que vão aumentando, assim como aumenta continuamente, com o passar das horas, o número das pessoas que vão chegando ao Templo.

Os rabis se esforçam para destruir, com os seus discursos, os ensinamentos que Cristo deu nos dias precedentes ou naquela mesma manhã. E sempre vão aumentando o tom de sua voz à medida em que veem aumentar a multidão dos fiéis. Porque o lugar, realmente, ainda que seja bem amplo, está formigando de gente que vai e vem para todos os lados…

596.5

Jesus me diz:

– Insere aqui a visão do óbolo da viúva (19 de junho de 44), corrigida[5] como Eu te indicarei –(como eu já corrigi nos escritos datilografados que reenviei).

Depois continua a visão.

19 de junho de 1944

596.6

Só hoje, e com insistência, vejo aparecer a visão seguinte.

A princípio, eu não vejo nada mais do que pátios e séries de pórticos, que eu reconheço como sendo do Templo; e Jesus, que está parecendo um imperador, de tão solene que Ele está com sua veste de um vermelho vivo e o manto também de um vermelho mais escuro, encostado a uma enorme coluna quadrada que sustenta um dos arcos do pórtico. Ele olha fixamente para mim. E eu me demoro a olhar para Ele, sentindo-me feliz por vê-lo. Pois há dois dias que eu não o via nem ouvia.

A visão dura assim por longo tempo. E enquanto ela continua, eu não a escrevo, pois é uma alegria para mim. Mas agora que eu vejo animar-se a cena, compreendo que devo escrever. E escrevo.

O lugar vai-se enchendo de pessoas que vêm e que vão para todos os lados. Aí vejo sacerdotes e fiéis, homens, mulheres e crianças. Uns passeiam, outros estão parados ouvindo os doutores, outros estão puxando cordeirinhos ou carregando pombos para outros lugares, talvez para onde vão ser sacrificados.

Jesus continua apoiado à coluna, e olhando. Ele nada fala. Mesmo nas duas vezes em que foi interrogado pelos apóstolos, Ele fez sinal de não, mas nada falou. Ele está muito atento a observar. E pela expressão do rosto parece estar julgando os que olha. Os olhos dele e todo o seu rosto me fazem lembrar o aspecto dele como vi na visão do Paraíso, quando Ele julgava as almas, no juízo particular. Agora, naturalmente, é Jesus, Homem; lá em cima era Jesus glorioso e, por isso, mais imponente ainda. Mas as mudanças no rosto que observa fixamente são as mesmas. Ele está sério, perscrutador. Mas se algumas vezes é de uma severidade que faz tremer até o mais descarado, algumas vezes é também doce, com uma tristeza sorridente, que só com o olhar já parece estar acariciando.

596.7

Parece não estar ouvindo nada. Mas deve estar escutando tudo, quando, de um grupo que está a alguns metros, ao redor de algum dos doutores, se levanta uma voz anasalada, que proclama: “Mais do que qualquer outra ordem, a que vale é esta: o que é para o Templo, vá para o Templo. O Templo está acima do pai e da mãe, e se alguém quer dar para a glória do Senhor seja lá o que for que lhe sobra, pode fazê-lo e por isso será abençoado, porque não há sangue nem afeto superior ao Templo.” Jesus move lentamente a cabeça naquela direçã, e fica olhando com um olhar tal que… eu não quereria que fosse dirigido a mim.

Parece que agora Ele olha para todos em geral. Mas quando um velhinho trêmulo se prepara para subir pelos cinco degraus que vão para uma espécie de terraço que está perto de Jesus, e que parece conduzir para um outro pátio mais interior, e pega o seu bastãozinho, e quase cai, tendo tropeçado em sua própria veste, Jesus espicha o seu longo braço e o agarra com firmeza, e o sustenta, enquanto não o vê em segurança. O velhinho levanta a cabeça já embranquecida e olha para o seu alto Salvador, murmurando uma palavra de bênção, enquanto Jesus lhe sorri e acaricia-lhe a cabeça meio calva. Depois volta para perto de sua coluna, mas se afasta de novo para levantar um menino que escapou da mão de sua mãe e caiu de bruços justamente a seus pés, perto do primeiro degrau, e está chorando. Jesus o levanta, o acaricia e o consola. A mãe, toda confusa, lhe agradece. Mas Jesus sorri também para ela, e lhe entrega o menino.

Mas Ele não sorri quando passa um arrogante fariseu, nem mesmo quando passam em grupo os escribas e outros que eu não sei quem são. Os deste último grupo se saúdam com muitos abraços e inclinações. Jesus olha para eles tão fixamente que parece querer perfurá-los, e os saúda, mas sem manifestar alegria. Ele está muito sério. Até para um sacerdote que vai passando, e que deve ser um grande personagem, pois a multidão abre passagem para ele e o saúda, e ele passa vaidoso como um pavão, Jesus olha demoradamente. Mas é um olhar tão impressionante, que ele, que é tão cheio de soberba, inclina a cabeça. Não O saúda. Contudo, ele não resiste ao olhar de Jesus.

596.8

Jesus para de olhar na direção dele para observar uma pobre mocinha vestida de marrom escuro, que vai subindo, muito acanhada, os degraus, indo para o lado de uma parede na qual estão umas coisas parecidas com cabeças de leão ou de feras semelhantes de boca aberta. Muitos estão indo àquele lugar. Mas Jesus não lhes dá importância. Agora Ele está indo pelo caminho da mocinha. Seus olhos a acompanham com piedade e se enchem de doçura quando a vê estendendo uma das mãos para jogar alguma coisa na boca de pedra de um daqueles leões. E quando a mocinha, ao sair de lá, passa por perto dele, Ele é o primeiro a dizer-lhe:

– A paz esteja contigo, mulher.

Ela, assustada, levanta a cabeça e fica embaraçada.

– A paz esteja contigo –repete-lhe Jesus–. Vai, que o Altíssimo te abençoa.

Aquela pobrezinha fica extática, depois murmura uma saudação e se vai.

– Ela é feliz em sua infelicidade –diz Jesus, saindo do seu silêncio–. Agora está feliz, porque a bênção de Deus a acompanha.

596.9

Ouvi, meus amigos, vós que estais aqui perto. Estais vendo aquela mulher? Ela não deu mais do que duas moedinhas, o que não dá para comprar nem a comidinha de um passarinho que está na gaiola, e, contudo, deu mais do que todos deram, desde a hora em que se abriu o Templo de manhã cedo, quando puseram a sua oferta no Tesouro do Templo.

Ouvi. Já vi muitos ricos lançarem naquelas bocas dos cofres importâncias suficientes para matar a fome desta moça por um ano e vestir a sua pobreza, que é decente porque é limpa. Eu já vi ricos que lançavam com prazer lá dentro somas que teriam podido matar a fome dos pobres da Cidade Santa por um ou mais dias e fazer que eles bendigam ao Senhor. Mas em verdade Eu vos digo que ninguém deu mais do que esta mulher. O seu óbolo é caridade. Mas o outro não. O dela é generosidade, o outro não. O dela é sacrifício. O outro não. Hoje aquela mulher não irá comer, porque não tem mais nada. Antes ela terá que trabalhar para receber um pagamento, a fim de dar um pão à sua fome. Para sustentá-la não há riquezas, nem ela tem pais que a sustentem. Ela é sozinha. Deus lhe tirou os pais, o marido e os filhos, tirou-lhe os poucos bens que eles lhe haviam deixado e, mais do que Deus, lho haviam tirado os homens, aqueles homens que agora, com grandes gestos, como estais vendo, continuam a jogar lá dentro o que lhes está sobrando e do qual grande parte foi extorquida com usura das pobres mãos daqueles que são fracos e passam fome.

596.10

Eles dizem que não há sangue nem afeto que sejam superiores ao Templo, e assim ensinam a não amar ao próximo. Eu vos digo que acima do Templo está o amor. A Lei de Deus é amor e quem não tem piedade do próximo não ama. O dinheiro supérfluo, o dinheiro enlameado pela usura e pelo ódio, pela dureza, pela hipocrisia, não canta louvor a Deus e não atrai sobre o doador a benção celeste. Deus o repudia. Pode engordar esses cofres, mas não é ouro dado para o incenso: é lama que vos submerge, ó ministros, que não servis a Deus, mas ao vosso interesse. Mas este é um laço que vos estrangula, ó doutores, que ensinais uma doutrina que é vossa; mas é um veneno que corrói aquele resto de alma que ainda tendes, ó fariseus, se é que ainda a tendes. Deus não quer o que é sobra. Não sejais uns Cains. Deus não quer o que é produzido pela crueldade. Deus não quer aquilo que, levantar a voz em pranto, diz: “Eu devia matar a fome de um faminto, mas não o fiz porque queria apresentar-me com pompa aqui dentro. Eu devia ajudar um velho pai, uma mãe que já está caducando, mas não o fiz porque a ajuda não teria sido conhecida pelo mundo, e eu devo tocar a minha trompa a fim de que o mundo saiba quem é o doador.”

Não, ó rabi, que ensinas que tudo o que é sobra seja dado a Deus e que é permitido negar ao pai e à mãe para dar a Deus. O primeiro mandamento é: “Ama a Deus com todo o teu coração, com toda a tua alma, com toda a tua inteligência, com tuas forças.” Por isso, não o supérfluo, mas sim o que é nosso sangue é preciso dar-lhe, desejando sofrer por Ele. Sofrer. Não fazer sofrer. E se dar muito custa, porque despojar-se das riquezas desagrada, e o tesouro é o coração do homem, que é vicioso por natureza, justamente porque é difícil é preciso dar. Por justiça, porque tudo o que se tem é por vontade de Deus. Por amor, porque é prova de amor amar o sacrifício para dar alegria a quem se ama. Sofrer para oferecer. Repito: não fazer sofrer. Porque o segundo mandamento diz: “Ama ao teu próximo como a ti mesmo.” E a lei também diz que, depois de Deus, nossos pais são o próximo a quem somos obrigados a honrar e ajudar.

596.11

Por isso, em verdade Eu vos digo que aquela pobre mulher compreendeu a Lei melhor do que os sábios, e está justificada mais do que qualquer outro; e abençoada, porque, em sua pobreza, deu a Deus tudo, enquanto que vós dais o que vos sobra, e o dais para crescerdes na estima dos homens. Eu sei que me odiais porque Eu falo assim. Unis o vosso ódio a Mim ao desprezo pela pobrezinha, que Eu elogio. Mas não fiqueis pensando que estais fazendo destas duas pedras um duplo pedestal para a vossa soberba. Elas serão a pedra de moinho que vos esmagará.

Vamos. Deixemos que as víboras se mordam, aumentando o seu veneno. Quem é puro, bom, humilde, contrito, e quer conhecer o verdadeiro rosto de Deus, que me acompanhe.

596.12

Diz Jesus:

– E tu, que ficas agora sem nada porque tudo Me deste, dá-me essas duas últimas moedas. Diante do muito que me deste, elas podem parecer aos estranhos um nada. Mas para ti, que não tens mais do que elas, elas são tudo. Põe-nas na mão do teu Senhor. E não chores. É melhor que não fiques chorando sozinha. Chora Comigo, que sou o Único que te posso entender e te entendo sem as névoas desta humanidade que está sempre interessada em por um véu sobre a verdade.

[2 de abril de 1947.]

596.13

Os apóstolos, os discípulos e o povo o acompanham bem de perto, enquanto Ele torna a voltar ao primeiro recinto, que fica quase sob a proteção da grande muralha do Templo, num ponto onde o ar está mais fresco, pois o dia de hoje está muito mormacento. E lá, estando o terreno quase revolvido pelos cascos dos animais e cheio das pedras que os mercadores e cambistas usavam para conservar mais firmes os recintos de suas armações, lá não estão os rabis de Israel, os quais permitiam que o Templo se transformasse em uma feira, mas que sentem repugnância de entrar com as solas de suas sandálias lá de onde acabaram de ser raspados os rastos dos quadrúpedes, que há apenas poucos dias foram expulsos de lá…

Jesus não sente repugnância e é lá que Ele se refugia, rodeado por um círculo formado por muitos ouvintes. Mas, antes de Ele falar, chama para perto de Si os seus apóstolos, aos quais Ele diz:

– Vinde e escutai bem. Ontem queríeis saber muitas das coisas que agora vos irei dizer e das quais ontem Eu falei vagamente, quando estávamos descansando no horto de José. Ficai, pois, bem atentos, porque são grandes lições para todos, e especialmente para vós, meus ministros e continuadores.

596.14

Ouvi. Sobre a cátedra de Moisés sentaram-se, ao tempo certo, escribas e fariseus. Aquelas foram horas tristes para a Pátria[6]. Quando terminou o exílio de Babilônia e pela magnanimidade de Ciro foi reconstruída a nação, os governadores dos povos sentiram a necessidade de reconstruir também o culto e o conhecimento da Lei. Porque ai daquele povo que não os toma por guia e apoio contra os mais poderosos inimigos de uma nação, que são a imoralidade dos cidadãos, a revolta contra os chefes, a desunião entre as diversas classes e partidos, os pecados contra Deus e o próximo, a irreligiosidade, que são elementos desagregadores por si mesmos e pelos castigos celestes que eles provocam!

Surgiram, então, os escribas, ou doutores da Lei, para poderem ensinar ao povo que, como falava a língua caldaica, herança de um duro exílio, não compreendia mais as Escrituras em hebraico puro. Surgiram para ajudar aos sacerdotes, que eram poucos para a tarefa de ensinar as multidões. Era um laicato douto e dedicado a prestar honras ao Senhor, trazendo o conhecimento Dele aos homens e levando a Ele os homens, que teve a sua razão de ser e também fez o bem. Porque, recordai-o todos disso, até as coisas que, pela fraqueza humana, depois vão degenerando, como aconteceu com esta, que se corrompe com o correr dos séculos, têm sempre algo bom e uma razão de ser, motivo pelo qual o Altíssimo permite que surjam e durem, até que, com a medida da degeneração plena, o Altíssimo as desfaz.

Veio depois outra seita dos fariseus, que era uma transformação daquela dos Assideus, que havia surgido para manter, com a mais rígida moral e a mais intransigente obediência à Lei de Moisés e o espírito de independência do nosso povo. Era o tempo em que o partido helenista, tendo-se formado pelas pressões e seduções iniciadas no tempo de Antíoco Epifânio e logo transformada em perseguições contra os que não cediam às pressões do astuto — que contava, mais do que com as suas armas, com a desagregação da fé nos corações para reinar em nossa Pátria — procurava fazer-nos seus escravos.

596.15

Lembrai-vos também disto: temei mais as falsas alianças e as lisonjas de um estrangeiro do que as suas legiões. Porque, enquanto estiverdes fiéis às leis de Deus e da Pátria, vencereis, ainda que estejais cercados por exército e poderosos, quando estiverdes corrompidos pelo veneno sutil, a vós oferecido como se fosse um mel inebriante pelo estrangeiro que havia feito os seus planos sobre como lidar convosco, Deus vos abandonará por causa de vossos pecados, e sereis vencidos e subjugados, mesmo que o vosso falso aliado não dê batalha sangrenta contra o vosso exército. Ai de quem não estiver alerta, como uma escolta de vigia, para afastar as ciladas sutis de um astuto e falso vizinho, ou aliado, ou dominador que inicia a sua dominação sobre os indivíduos desanimando o coração deles, e o corrompendo com usos e costumes que nossos não são, que santos não são, e que por isso nos tornam desagradáveis ao Senhor! Lembrai-vos das consequências que houve para a nossa Pátria, por alguns dos seus filhos terem adotado usos e costumes de estrangeiros a fim de agradar-lhes. Boa coisa é a caridade para com todos, até para os povos que não são da nossa fé, que não têm os nossos usos, que nos fizeram mal nos séculos passados. Mas o amor a esses povos, que sempre são nossos próximos, não nos deve nunca fazer que reneguemos a Lei de Deus e da Pátria, com vistas em qualquer vantagem obtida assim sobre os vizinhos. Não. Os estrangeiros desprezam aqueles que chegam a ser tão servis, até o ponto de repudiarem as coisas mais santas da Pátria. Não é renegando o Pai e a Mãe — Deus e a Pátria — que seremos respeitados e livres.

Ainda bem que no tempo certo surgiram os fariseus, para fazerem oposição ao transferimento lamacento de usos e costumes estrangeiros. Eu repito: cada coisa que aparece e que dura tem sua razão de ser. E é necessário respeitá-la por aquilo que fez, se não for por aquilo que faz. Porque se ela se tornou culpada, não cabe aos homens insultá-la e muito menos atacá-la. Há quem sabe fazer isso: Deus e Aquele que Ele mandou, e que tem o direito e o dever de abrir sua boca e de abrir os vossos olhos para que vós e eles saibais qual é o pensamento do Altíssimo, e ajais com justiça. Eu e nenhum outro. Eu porque falo por mandato divino. Eu porque posso falar, não tendo em Mim nenhum dos pecados que vos escandalizam quando os vedes cometidos pelos escribas e fariseus, mas que, se puderdes, os cometeis vós também.

596.16

Jesus, que havia começado com voz muito baixa o seu discurso, foi levantando-a pouco a pouco, e nessas últimas palavras Sua voz é tão potente como uma trompa que soa.

Hebreus e gentios estão atentos a ouvi-lo. E se os primeiros aplaudem quando Jesus fala da Pátria e chama claramente pelos seus nomes aqueles que, sendo estrangeiros, os têm sujeitado e feito sofrer, os segundos se admiram da forma oratória com que Ele fala, e se felicitam por estarem presentes àquela fala digna de um grande orador, como eles estão comentando entre si.

Jesus abaixa de novo a voz, quando recomeça a falar:

– Isto Eu vos disse para fazer-vos recordar a razão de ser dos escribas e fariseus, e como e porque eles se assentaram na cátedra de Moisés; e como e porque falam, e suas palavras não são vazias. Fazei, pois, o que eles dizem. Mas não os imiteis fazendo o que eles fazem. Porque eles dizem que se deve fazer de um certo modo, mas depois eles não fazem o que dizem que se deve fazer. Na verdade, eles ensinam as leis de humanidade do Pentateuco, mas depois põem grandes pesos, insuportáveis e desumanos, nas costas dos outros, enquanto que eles próprios não movem nem um dedo para transportar aqueles pesos, e nem mesmo para tocar neles.

A regra de vida deles é a de procurar serem vistos, conhecidos e aplaudidos, para receberem louvores. Mas eles vão contra a lei do amor, porque gostam de dizer que eles são uns separados, e desprezam aos que não são de sua seita, exigem para si o título de mestres e que seus discípulos lhes prestem um culto que eles não prestam nem a Deus. Eles se julgam uns deuses por sua sabedoria e poder; mais do que os pais e as mães, querem estar no coração de seus discípulos; e pretendem que sua doutrina seja superior à de Deus e exigem que ela seja praticada ao pé da letra, ainda que ela seja uma manipulação da verdadeira Lei, tão inferior a esta como mais não pode ser este monte em comparação com o Grande Hermon, que está acima de toda a Palestina. Eles são uns heréticos, pois creem, como os pagãos, na metempsicose e no fatalismo alguns deles, enquanto que os outros negam as coisas que os primeiros admitem e, de fato, se não na prática, o que o próprio Deus nos deu como matéria de fé, definindo-se o único Deus ao qual deve ser oferecido o culto, e tendo como tais o direito de serem obedecidos mais do que um mestre que não seja divino.

E se agora Eu vos digo[7]: “Aqueles que amam seu pai e sua mãe mais do que a Mim, não estão aptos para entrarem no Reino de Deus”, não é para inculcar-vos o desamor aos pais, aos quais deveis respeito e ajuda, e nem vos é lícito negar um socorro a eles, dizendo: “É o dinheiro do Templo”; ou negar-lhes a hospitalidade, dizendo: “O peso que eu já carrego não mo permite”; ou tirar-lhe a vida, dizendo: “Eu vou matar-te, porque tu amas o Mestre.” Mas é para que tenhais um amor justo aos vossos pais, isto é, um amor paciente e firme em sua mansidão, um amor tal que saiba — sem chegar ao ódio a um deles que peca e vos faz sofrer por não querer acompanhar-vos pelo caminho da Vida: o meu caminho — sabendo distinguir entre a minha lei e o egoísmo familiar, a prepotência familiar. Amai a vossos pais, obedecei-lhes em tudo o que é santo. Mas estai sempre prontos a morrer, não matar, mas a morrer, eu quero dizer, se eles quiserem induzir-vos a trair a vocação que Deus colocou em vós, a de serdes os cidadãos do Reino de Deus, que Eu vim formar.

596.17

Não imiteis os escribas e fariseus, que estão separados uns dos outros, ainda que pareçam estar unidos. Vós, discípulos de Cristo, sede verdadeiramente unidos uns aos outros, os chefes sejam afáveis para com os seus súditos, e os súditos, afáveis para com os seus chefes, unidos no amor e na finalidade que quereis atingir com a vossa união: conquistar o meu Reino e ficar à minha direita no Eterno Julgamento. Lembrai-vos de que um Reino dividido já não é mais um reino e não pode subsistir. Sede, pois, unidos entre vós no amor para comigo e para com a minha doutrina. O tribunal do Cristão, assim é que vão ser chamados os meus súditos, seja o amor e a união, a igualdade entre vós nas vestes, a partilha nas posses, a fraternidade dos corações. Todos por um, um por todos. Quem possui, dê humildemente. Quem não possui, aceite humildemente e exponha as suas necessidades aos irmãos, sabendo que eles são realmente irmãos. E os irmãos escutem amorosamente as necessidades dos irmãos, sendo para eles verdadeiramente tais.

Lembrai-vos de que o vosso Mestre muitas vezes teve fome, frio e mil outras necessidades e incômodos, e humildemente as contou aos homens, Ele, o Verbo de Deus. Lembrai-vos de que é dado um prêmio a quem é misericordioso, ainda que seja somente por dar um pouco d’água. Lembrai-vos de que dar é melhor do que receber. Lembrando-se destas três coisas, o pobre pode encontrar a força de pedir sem se sentir humilhado, sabendo que Eu o fiz antes dele; e perdoar quando for repelido, sabendo que muitas vezes ao Filho do homem foram negados o lugar e o alimento que são dados ao cão que guarda o rebanho. E o rico tenha a generosidade de dar suas riquezas, ciente que a vil moeda, o odioso dinheiro sugerido por Satanás, são a causa de nove décimos das ruínas do mundo, mas que, se forem dados por amor, se transformam em uma joia imortal e paradisíaca.

596.18

Estai vestidos com vossas virtudes. Que elas sejam amplas, mas conhecidas somente por Deus. Não façais como os fariseus, que põem os mais largos filactérios, as franjas mais longas, e gostam dos primeiros lugares nas sinagogas, e de serem saudados nas praças, e de serem chamados de “rabis” pelo povo. Um só é o vosso Mestre: o Cristo. Vós que no futuro sereis os novos doutores, é a vós que Eu falo, meus apóstolos e discípulos, e lembrai-vos de que só Eu sou o vosso Mestre E o serei também quando já não estiver mais no meio de vós. Porque só a Sabedoria é que ensina. Portanto, não vos deixeis chamar de mestres, porque vós mesmos sois discípulos. E não exijais nem deis o nome de pai a ninguém sobre a terra, porque um só é o Pai de todos, o vosso Pai que está nos Céus. Que esta verdade vos torne sábios, ao perceberdes verdadeiramente que sois todos irmãos uns dos outros, seja os que dirigem, como os que são dirigidos, e amai-vos como bons irmãos. Nenhum daqueles que irão dirigir se faça chamar de guia, porque um só é o vosso guia comum: o Cristo.

Que o maior entre vós seja o vosso servo. Porque não é humilhar-se ser servo dos servos de Deus, mas isso é imitar a Mim, que fui manso e humilde, sempre pronto para ter amor aos meus irmãos pela carne de Adão, e ajudá-los com o poder que Eu tenho em Mim, como Deus. Eu não humilhei minha natureza divina, servindo aos homens. Porque o verdadeiro rei é aquele que sabe dominar não somente aos homens, mas também as paixões do homem e, antes de tudo, a estulta soberba. Lembrai-vos: quem se humilha será exaltado e quem se exalta será humilhado.

596.19

A Mulher[8] da qual o Senhor falou no segundo capítulo do Gênesis, a Virgem da qual se fala em Isaías, a Mãe-Virgem do Emanuel, profetizou esta verdade do tempo novo, quando cantou: “O Senhor derrubou os poderosos de seus tronos e elevou os humildes.” A Sabedoria de Deus falava sobre os lábios daquela que era a Mãe da Graça e Trono da Sabedoria. E Eu repito as palavras inspiradas que me louvaram unido ao Pai e ao Espírito Santo, em nossas obras admiráveis, quando, sem ofensa para com a Virgem, Eu, o Homem, fui me formando em seu seio sem deixar de ser Deus. Sirva isso de norma para aqueles que querem dar à luz o Cristo em seus corações e vir para o Reino de Cristo. Aí não estará Jesus como o Salvador, como o Cristo, o Senhor. E não haverá Reino dos Céus para os que são soberbos, fornicadores e idólatras, adoradores de si mesmos e de suas vontades.

596.20

Por isso, ai de vós, escribas e fariseus hipócritas, que credes poder fechar com as vossas sentenças impraticáveis — e que realmente se fossem endossadas por Deus seriam uma fechadura inquebrável para a maioria dos homens — que credes poder fechar o Reino dos Céus diante dos homens que elevam seu espírito para ele, a fim de achar força em sua penosa jornada terrena! Ai de vós que lá não entrais, e lá não quereis entrar, porque não acolheis a Lei do Celeste Reino, e não deixais entrar os outros, que estão diante daquela mesma porta que vós, intransigentes, fechais ainda mais, com fechaduras que não foi Deus que lá colocou.

Ai de vós, escribas e fariseus hipócritas, que devorais os bens das viúvas com o pretexto de fazer longas orações. Por isso sofrereis um juízo severo!

Ai de vós, escribas e fariseus hipócritas, que andais por mar e por terra consumindo bens que não são vossos, a fim de fazerdes ainda que um só prosélito, e, uma vez que o tenhais conseguido, fazer dele um filho do inferno, duas vezes mais do que vós mesmos!

Ai de vós, ó guias cegos, que dizeis: “Se alguém jurar pelo Templo, seu juramento não vale nada. Mas se ele jurar pelo ouro do Templo, fica ligado ao seu juramento.” Estultos e cegos! E quem é mais? O ouro, ou o Templo que santifica o ouro? E vós ainda dizeis: “Se alguém jura pelo altar, seu juramento não tem valor. Mas se jurar pela oferta que está sobre o altar, então é válido o seu juramento, e ele fica ligado ao seu juramento.” Ó cegos! Que é que é maior? A oferta ou o altar que santifica a oferta? Quem jura, então, pelo altar, jura por ele e por todas as coisas que estão sobre ele, e quem jura pelo Templo, jura por ele e por Aquele que nele habita, e quem jura pelo Céu, jura pelo Trono de Deus e por Aquele que nele está sentado.

Ai de vós, escribas e fariseus hipócritas, que pagais os dízimos da hortelã e da arruda, do anis e do cominho, e depois descuidais de cumprir os preceitos mais graves da Lei: a justiça, a misericórdia e a fidelidade. Estas são as virtudes que era necessário praticar, sem desprezar as outras menores!

Ó guias cegos, que filtrais vossas bebidas por medo de vos contaminardes engolindo algum mosquitinho que se afoga, e depois engolis um camelo sem por isso vos julgardes impuros. Ai de vós, escribas e fariseus hipócritas, que lavais o cálice e o prato por fora, mas por dentro estais cheios de rapinas e imundícias. Ó fariseu cego, lava primeiro por dentro o teu cálice e o teu prato, de tal modo que a parte de fora também fique limpa.

Ai de vós, escribas e fariseus hipócritas, que voais como morcegos no escuro, pelas vossas obras de pecado, e pactuais durante a noite com os pagãos, os ladrões e os traidores, e depois, pela manhã, tendo tirado os sinais de vossos negócios escusos, subis ao Templo com belas vestes.

Ai de vós, que ensinais as leis da caridade e da justiça contidas no Levítico, e depois sois uns ávidos, ladrões, falsos, caluniadores, opressores, injustos, vingativos, cheios de ódio, e chegais até a abater quem vos aborrece, ainda que seja do vosso sangue, e a repudiar a virgem que se tornou vossa mulher, a repudiar os filhos tidos dela porque são infelizes, e a acusar de adultério a vossa mulher porque ela não vos agrada mais, ou de doença imunda, para ficardes livres dela, vós, que sois imundos em vosso coração libidinoso, por mais que não pareçais ser assim aos olhos das pessoas que não conhecem as vossas ações. Sois semelhantes a sepulcros caiados, que por fora parecem bonitos, mas por dentro estão cheios de ossos dos mortos e de podridão. Assim sois vós. Sim. Assim sois! Por fora pareceis justos, mas por dentro estais cheios de hipocrisia e de iniquidade.

Ai de vós, escribas e fariseus hipócritas, que ergueis suntuosos mausoléus para os profetas e embelezais as tumbas dos justos, dizendo: “Se nós tivéssemos vivido no tempo de nossos pais, não teríamos sido cúmplices e companheiros daqueles que derramaram o sangue dos profetas.” Assim testemunhais contra vós mesmos de serdes descendentes daqueles que mataram os vossos profetas. E vós, além do mais, superais a medida dos vossos pais… Ó serpentes, raça de víboras, como escapareis da condenação na Geena?

596.21

Por isso, eis que Eu, Palavra de Deus, vos digo: Eu, Deus, mandar-vos-ei profetas e sábios e escribas novos. E destes, uma parte vós matareis, outra parte crucificareis, outra flagelareis em vossos tribunais, em vossas sinagogas, fora de vossos muros, e uma parte deles vós a perseguireis de cidade em cidade, enquanto não cair sobre todos vós o sangue do justo derramado sobre a terra, desde o sangue do justo Abel[9] até o de Zacarias, filho de Baraquias, que vós matastes entre o átrio e o altar, porque, por amor de vós, ele vos havia lembrado o vosso pecado, para que dele vos arrependêsseis, voltando para o Senhor. Assim é. Vós odiais aqueles que querem o vosso bem e que amorosamente vos convidam a andar pelos caminhos de Deus.

Em verdade Eu vos digo que tudo isso está para acontecer, o delito e as consequências. Em verdade Eu vos digo que tudo se cumprirá ainda nesta geração.

Oh! Jerusalém! Jerusalém! Jerusalém, que apedrejas os que são enviados e matas os teus profetas! Quantas vezes Eu quis reunir os teus filhos como a galinha ajunta os seus pintinhos debaixo de suas asas, e tu não quiseste! Agora, pois, escuta, ó Jerusalém! Agora, pois, escutai todos vós que me odiais e odiais tudo o que vem de Deus. Agora escutai-me, vós que me amais e que sereis arrastados no castigo reservado para os perseguidores dos Enviados por Deus. E escutai vós também, que não sois deste povo, mas que me escutais igualmente, escutai para que fiqueis sabendo quem é Aquele que vos está falando e que prediz, sem necessidade de estudar o voo, o canto dos passarinhos nem os fenômenos celestes, nem as vísceras dos animais sacrificados, nem a chama do fogo, nem a fumaça dos holocaustos, porque todo o futuro é o presente para Este que vos está falando. “Esta vossa casa vos será deixada deserta. Eu vos digo, diz o Senhor, que não me vereis mais enquanto vós mesmos não disserdes[10]: ‘Bendito o que vem em nome do Senhor’.”

596.22

Jesus está visivelmente cansado e suado. Tanto pelo muito tempo que Ele ficou falando em voz alta, como, como pelo mormaço do dia sem vento. Pressionado contra o muro por uma multidão, atingido por milhares de olhares, e percebendo todo o ódio dos que, por baixo dos pórticos do pátio, o estão ouvindo, e também todo o amor, ou pelo menos a admiração dos que o rodeiam, sem se preocupar com o Sol que está batendo nas cabeças e avermelhando os rostos suados, Ele está bastante exausto e necessitado de alívio. E sai a procurá-lo, dizendo aos seus apóstolos e aos setenta e dois discípulos, que como cunhas foram abrindo lentamente uma passagem pelo meio da multidão e que agora já estão na primeira linha, formando uma barreira de amor ao redor Dele:

– Vamos sair do Templo, vamos para algum lugar aberto, no meio das árvores. Eu tenho necessidade de sombra, de silêncio e de frescor. Na verdade, este lugar já está parecendo arder com fogo da ira celeste.

Abrem-lhe passagem com dificuldade, e assim podem sair pela porta mais próxima, onde Jesus está se esforçando para despedir-se de muitos, mas inutilmente. A multidão o quer acompanhar, custe o que custar.

596.23

Enquanto isso, os discípulos estão observando o pináculo do alto do Templo, como ele está cintilando ao sol, por volta do meio dia, e João de Éfeso faz que o Mestre observe a robustez da construção:

– Olha só que pedras e que construções!

– Contudo, disso tudo não ficará pedra sobre pedra! –responde-lhe Jesus.

– Não? Quando será isso? –perguntam muitos.

Mas Jesus não diz nada.

Vai descendo o Monte Mória e sai depressa da cidade, passando por Ofel e pela Porta de Efraim ou do Estrume, e indo refugiar- se por entre as folhagens dos jardins do Rei inicialmente, até que aqueles que não são apóstolos nem discípulos e persistiram em acompanhá-lo, vão indo lentamente, quando Manaém, que fez que se abrissem as pesadas cancelas, põe-se na frente para dizer a todos com altivez:

– Ide. Aqui só entram os que eu quero!

As sombras, o silêncio, o perfume das flores, os aromas da cânfora, dos cravos e da canela, da alfazema e de mil outras ervas odoríferas, o sussurro dos regatos, certamente alimentados pelas fontes e cisternas vizinhas, por baixo das galerias formadas pela folhagem, tudo isso unido ao chilreio dos passarinhos, fazem deste lugar um ambiente de um repouso paradisíaco. A cidade parece estar a muitas milhas de distância, com suas ruas estreitas e escuras por causa das arquivoltas e, noutros pontos, ensolarada a ponto de ofuscar as vistas, com os seus maus cheiros e os fedores das cloacas nem sempre limpas, e de ruas cheias de quadrúpedes demais para poderem estar limpas, especialmente as que são de segunda categoria.

596.24

O guarda dos Jardins deve conhecer Jesus muito bem[11], porque o trata com respeito e, ao mesmo tempo, com confiança. E Jesus lhe pergunta como vão os filhos e a mulher.

O homem gostaria de dar hospedagem a Jesus em sua casa, mas o Mestre prefere ficar na paz daquele frescor repousante, tranquilo, do vasto jardim do Rei, um verdadeiro parque de delícias. E antes que os dois incansáveis e fidelíssimos servos de Lázaro saiam para ir buscar a cesta de alimentos, Jesus lhes diz:

– Dizei às vossas patroas que venham. Estaremos aqui por algumas horas com minha Mãe e as discípulas fiéis. E será muito agradável…

– Estás muito cansado, Mestre. O teu rosto o está dizendo –observa Manaém.

– É verdade. E tanto, que nem tive forças para ir além.

– Mas eu te havia oferecido estes jardins muitas vezes, nos dias passados. Tu sabes que eu fico contente quando te posso oferecer paz e sustento!

– Eu sei disso, Manaém.

– Mas ontem quiseste ir para aquele triste lugar! Um lugar com tanta aridez na redondeza, tão estranhamente seco, sem vegetação neste ano! E tão perto daquela triste porta!

– Eu quis contentar os meus apóstolos. Afinal, eles são umas crianças. Crianças grandes. Olha bem, como estão eles lá se refrescando felizes!… Bem depressa se esquecem o que estão tramando contra Mim do lado de lá destes muros…

– E esquecidos de que andas tão aflito… Mas não me parece que aqui precisemos ficar muito alarmados. Nas outras vezes este lugar me parecia mais perigoso.

Jesus olha para ele, e se cala. Quantas vezes já vi Jesus olhar e ficar calado assim, nestes últimos dias!

Depois Jesus se põe a olhar para os apóstolos e discípulos, que descobriram as cabeças, tiraram os mantos e as sandálias, refrescando seus rostos e outras partes do corpo nas águas frias dos córregos, sendo imitados por muitos dos setenta e dois, que agora na verdade são muitos mais, e eu até creio que, unidos todos eles pela mesma fraternidade de ideais, vão-se colocando aqui e ali, para descansarem um pouco afastados dali, a fim de deixarem Jesus descansar também.

Até Manaém se retira para deixá-lo sossegado. Todos eles respeitam o repouso do Mestre, que está cansadíssimo e foi refugiar-se sob uma pérgula carregada de jasmins em flor, com a forma de uma cabana, separada por um anel formado pelas águas que escorrem para um pequeno canal, no qual vegetam ervas e flores. Um verdadeiro refúgio de paz, ao qual se chega por uma pequena ponte de dois palmos de largura e quatro de comprimento, e sobre a qual há um corrimão todo encoberto por corolas de jasmim.

596.25

Voltam os servos, agora em maior número, pois Marta quis tomar providências para todos os servos do Senhor, e dizem que as mulheres chegarão dali a pouco.

Jesus manda chamar Pedro, e lhe diz:

– Junto com Tiago, meu irmão, abençoa, oferece e distribui, como Eu faço.

– Distribuir, sim. Mas abençoar, não, Senhor. A Ti é que toca oferecer e abençoar. A mim, não.

– Quando estavas à frente dos companheiros, longe de Mim, não o fazias?

– Sim. Mas naquele tempo… era forçoso que eu o fizesse. Agora, Tu estás conosco e Tu abençoas. Parece-me melhor tudo, quando Tu ofereces para nós e distribuis… –e o fiel Simão abraça o seu Jesus, sentado tão cansado naquela sombra, e inclina a cabeça sobre o ombro dele, feliz por podê-lo abraçar e beijar assim…

Jesus se levanta e o contenta. Depois vai para o lado dos discípulos, oferece, abençoa e reparte a comida, olha como eles estão comendo contentes e lhes diz:

– Agora dormi, repousai enquanto é tempo, e para que depois possais velar e orar, quando tiverdes necessidade de fazê-lo, a fim de que a fadiga e o cansaço não façam que fiquem pesados de sono os vossos olhos e o vosso espírito, quando for necessário que estejais prontos e bem despertos.

– Tu não ficas conosco? Não comes?

– Deixai-me descansar. Eu só preciso disso. Comei, comei!

E, ao passar, vai acariciando os que vê em seu caminho e volta para o seu lugar…

596.26

Doce, suave é a vinda da Mãe para perto do seu Filho. Maria vem na frente sem medo de errar, pois Manaém, que vigiou ao lado do portão, estando menos cansado do que os outros, lhe mostra o lugar onde está Jesus. As outras, e lá estão todas as discípulas hebreias, e de romanas somente Valéria, param por algum tempo, silenciosas para não despertarem os discípulos, que estão dormindo à sombra de algumas árvores frondosas, parecendo um grupo de muitas ovelhas encolhidas pelo meio das ervas, ao meio dia.

Maria entra por baixo da cobertura de jasmins sem fazer ranger a pequena ponte de madeira nem o cascalho do chão; e, com mais cuidado ainda, se aproxima de seu Filho que, vencido pelo cansaço, adormeceu com a cabeça sobre uma pedra, o braço esquerdo servindo de travesseiro por baixo do rosto que está coberto pelos cabelos. Maria se sentar paciente perto da sua Criatura cansada. E o fica contemplando… muito… e um sorriso cheio de dor e de amor está em seus lábios, enquanto silenciosas lágrimas lhe caem pelo rosto. Mas, se seus lábios estão fechados e mudos, seu coração está rezando com todas as suas forças, e manifesta o poder de sua oração por sua respiração e pela posição de suas mãos, juntas sobre o colo e apertadas para não tremerem, mas sempre sacudidas por um leve tremor. Essas mãos só se separam para espantar uma mosca, que insiste em querer pousar sobre o adormecido, pois poderia despertá-lo.

É a Mãe que vela o seu Filho. É o último sono do Filho que Ela está podendo velar. E se o rosto da Mãe, nesta quarta-feira da Páscoa é diferente daquele da Mãe no Natal do Senhor, porque a dor o empalidece e deforma, a doce e amorosa pureza de seu olhar, e o tremulante cuidado, são iguais aos que Ela tinha quando, inclinada sobre a manjedoura de Belém, protegia com seu amor o primeiro sono sem conforto do seu Filho.

Jesus faz um movimento e Maria rapidamente enxuga os olhos para que seu Filho não veja suas lágrimas. Mas Jesus não despertou. Ele somente mudou a posição do rosto, virando-se para o outro lado, e Maria também retoma sua imobilidade e sua vigília.

596.27

Mas alguma coisa está fazendo estremecer o coração de Maria. É que Ela percebe que o seu Jesus chora durante o sono e, com um murmúrio confuso, porque Ele está falando com a boca apoiada sobre o braço e a roupa, murmura o nome de Judas…

Maria se levanta, aproxima-se, inclina-se sobre o Filho, acompanha aquelas palavras confusas com as mãos apertadas sobre o coração, porque, desconexo mas não de tal modo que não totalmente que impeça a compreensão, as palavras de Jesus dão a entender que Ele está sonhando, e tornando a sonhar, com o presente e o passado, e também com o futuro, até que Ele desperta com um sobressalto, como quem quer escapar de alguma coisa horrenda. Mas o que Ele encontra é o peito de sua Mãe, os braços de sua Mãe, o sorriso de sua Mãe, a doce voz de sua Mãe, o seu beijo, suas carícias, o roçar ligeiro do seu véu passado sobre o rosto para enxugar as lágrimas e o suor, enquanto lhe vai dizendo:

– Tu estavas em uma posição incômoda, e estavas sonhando… Estás suado e cansado, meu Filho.

E põe em ordem seus cabelos descompostos, enxuga-lhe o rosto e o beija, conservando-o cingido por seu braço, apoiado ao seu coração, porque não pode mais elevá-lo até seu seio, como quando Ele era pequeno.

Jesus lhe sorri, dizendo:

– Tu és sempre minha Mãe. A Mãe que consola. A que me satisfaz em tudo. A minha Mãe!

E Ele a faz sentar-se perto dele, deixando a mão em seu colo, e Maria segura aquela mão longa, tão senhoril, mas também tão robusta, mão de operário, segura pelas suas pequeninas mãos, acaricia os dedos dela e as costas, alisando-lhe as veias, que estavam inchadas por terem ficado penduradas durante o sono. E procura distraí-lo…

596.28

– Nós viemos. Aqui estamos todas. Também Valéria. As outras estão perto da Fortaleza Antônia. Assim quis Cláudia, “que está muito entristecida”, diz a liberta. Disse, não sei por que motivo, que ela tem o presságio de muito choro. São superstições!… Só Deus sabe o futuro…

– Onde estão as discípulas?

– Lá, na entrada dos jardins. Marta quis preparar-te alimentos e bebidas refrescantes e fortificantes, pensando em quanto te esgotas. Mas eu, olha, isto sempre te agrada, e eu te trouxe. É a minha parte. É melhor porque é de tua Mãe.

E lhe mostra um pouco de mel e uma pequena fogaça de pão sobre o qual ela passa o mel, dando-o ao seu Filho, e dizendo:

– Como em Nazaré, quando descansavas nas horas de maior calor, e depois acordavas e eu vinha da gruta fresca trazendo coisas assim…

E ela para de falar porque sua voz fica trêmula.

Seu Filho olha para ela e depois diz:

– E quando José era vivo, para nós dois tu trazias coisas assim e a água fresca da moringa porosa, conservada sempre na correnteza para que estivesse sempre fresca, e mais fresca a tornavam as folhas de hortelã selvagem que colocavas dentro dela. E quanta hortelã havia por lá, por baixo das oliveiras! E quantas abelhas sobre as flores da hortelã! O nosso mel tinha sempre um pouco daquele perfume…

Pensa… Fica recordando…

– Nós vimos Alfeu, sabes? José chegou atrasado porque estava com um filho um pouco doente. Mas amanhã certamente ele estará aqui com Simão. Salomé de Simão toma conta da nossa casa e da casa de Maria.

596.29

– Mãe, quando estiveres sozinha, com quem ficarás?

– Com quem Tu disseres, meu Filho. Eu te obedeci até mesmo antes de ter-te, Filho. Continuarei a fazer assim quando me tiveres deixado.

Sua voz está trêmula, mas ela tem um sorriso heroico sobre os lábios.

– Tu sabes obedecer. Que descanso é estar contigo! Porque, olha, minha Mãe. O mundo não pode compreender isso, mas Eu encontro um grande repouso estando junto com os obedientes. Sim. Deus descansa estando com os obedientes… Deus não teria tido que sofrer nem que se cansar, se a desobediência[12] não tivesse entrado no mundo.

Todo mal acontece porque não se obedece. Por isso é que existe dor no mundo… Por isso é que temos a nossa dor.

– Mas também a nossa paz, Jesus. Porque nós sabemos que nossa obediência consola o Eterno. Oh! Para mim, especialmente, quanto vale este pensamento! Foi concedido a mim, uma criatura, consolar o meu Criador!

– Oh! Alegria de Deus! Tu nem sabes, ó nossa Alegria, o que é para Nós essa tua palavra! Ela está acima das harmonias dos coros celestes… Bendita! Bendita és tu que me ensinas a última obediência, e a tornas para mim tão agradável de cumprir-se com este pensamento!

– Tu não precisas de que eu te ensine, meu Jesus. Tudo eu aprendi de Ti.

– Tudo aprendeu de ti o Jesus de Maria de Nazaré, o Homem.

– Era a tua luz a que saía de mim. A Luz que és Tu, e que vinha à Luz Eterna que se aniquilara vestida de homem…

596.30

Contaram-me os irmãos de Joana o discurso que pronunciaste. Eles estavam fora de si, de tão admirados. Foste forte com os fariseus…

– Chegou a hora das supremas verdades, minha Mãe. Para eles serão verdades mortas. Mas para os outros serão verdades vivas. E com o amor e com o rigor, Eu devo travar a última batalha para arrebatá-los das garras do Mal.

– É verdade. Disseram-me que Gamaliel, que estava com os outros em uma das salas dos pórticos, disse, no fim, enquanto muitos tinham ficado inquietos: “Quando não queremos ser repreendidos, temos que agir como justos”, e que, depois dessa observação, ele foi embora.

– Eu sinto prazer pelo rabi ter-me ouvido. Quem foi que te disse?

– Lázaro. E a ele quem disse foi Eleazar, que estava na sala com os outros. Lázaro veio ao meio-dia. Ele apenas nos cumprimentou e logo voltou sem ter dado atenção às irmãs, que queriam detê-lo lá até o pôr do sol. Ele pediu para que João, ou outros, fossem apanharem aquelas frutas e flores que já estão no ponto.

– Eu mandarei João amanhã.

– Lázaro vem todos os dias. Mas Maria se inquieta, porque, como ela diz, parece uma aparição. Ele sobe até o Templo, dá ordens, e torna a partir.

– Também Lázaro sabe obedecer. Eu lhe dei esta ordem, porque armam ciladas até para ele. Mas não digas isso às irmãs. Não vai lhe acontecer nada.

596.31

E agora vamos às discípulas.

– Não te movas. Eu as chamarei. Os discípulos estão todos dormindo…

– Nós os deixaremos dormir. De noite, eles pouco dormem, porque Eu os estou instruindo na paz do Getsêmani.

Maria sai e volta com as mulheres, que parecem ter-se esquecido dos seus pesos com aqueles passos tão ligeiros que estão dando.

Elas o saúdam com suas inclinações profundas, que são familiares somente por parte de Maria de Cléofas.

E Marta tira uma ânfora suada de uma bolsa de bom tamanho, enquanto Maria tira frutas frescas de Betânia de um vaso também poroso e dispõe tudo sobre uma mesa, ao lado daquilo que sua irmã preparou, isto é, um pombo assado na brasa, que está estalando e apetitoso, e pede a Jesus que o aceite, dizendo-lhe:

– Come. Reconforta esse corpo. Eu mesma o preparei.

Joana, por sua vez, trouxe vinagre rosado. E ela explica:

– Ele refresca muito nestes primeiros dias de calor. Também o meu esposo faz uso dele quando chega cansado de suas longas cavalgadas.

– Nós não trouxemos nada –se escusam Maria Salomé, Maria de Cléofas, Susana e Elisa.

Também Nique e Valéria, por sua vez, dizem:

– Nós também, não. Não sabíamos que devíamos vir.

– Vós me destes todo o vosso coração. Para Mim isso basta. Mas ainda me dareis…

Jesus come, mas mais do que qualquer outro é Ele que bebe da água fresca misturada com mel, que Marta lhe serve da ânfora porosa, e as frutas frescas, que são um bom alimento para o Afadigado.

As discípulas não falam muito. Mas o ficam olhando enquanto Ele se refaz. Nos olhos delas há amor e cuidado. E, de repente, Elisa se põe a chorar e se desculpa disso, dizendo:

– Eu não sei. Estou com o coração pesado de tanta tristeza…

– Todas nós estamos assim. Até Cláudia em seu palácio… –diz Valéria.

– Eu gostaria que já fosse Pentecostes –sussurra Salomé.

– Pois eu gostaria que o tempo parasse nesta hora –diz Maria de Magdala.

– Tu serias egoísta, Maria –responde-lhe Jesus.

– Por que, Raboni?

– Porque quererias para ti somente a alegria da tua redenção. Há milhares e milhões de seres que estão esperando essa hora, ou que nessa hora esperam ser redimidos.

– É verdade. Eu nem pensava nisso…

E inclina a cabeça, mordendo os lábios, para não mostrar as lágrimas de seus olhos e o tremor de seus lábios. Mas é sempre a forte lutadora, e diz:

– Se Tu vieres amanhã, poderás vestir de novo a veste que mandaste. Está fresca e limpa, digna da Ceia pascal.

– Eu virei…

596.32

Não tendes nada a dizer-me? Estais mudas e aflitas. Será que Eu não sou mais Jesus?

E sorri para as mulheres, como quem as convida a falar.

– Oh! Sim, que és Tu. Mas estás tão grande nestes dias que eu nem sei mais ver-te como aquele pequenino que eu tive em meus braços!

–exclama Maria de Alfeu.

– E eu também não te vejo mais como aquele simples rabi que entrava na minha cozinha procurando João e Tiago –diz Salomé.

– E eu sempre te reconheci assim: como o Rei de minha alma!

–proclama Maria de Magdala…

E Joana, muito mansa e suave:

– Eu também. Para mim, Tu és o divino ser desde aquele sonho em que apareceste a mim, que estava morrendo, e me chamaste à Vida.

– Tudo nos deste, Senhor. Tudo! –suspira Elisa, que resolveu falar.

– E tudo vós Me destes.

– Foi pouco demais! –dizem todas.

– Não cessarei de dar, depois que passar esta hora. Só cessará quando estiverdes comigo no meu Reino. Sois minhas discípulas fiéis. Não vos sentareis ao meu lado, sobre doze tronos, para julgar as doze tribos de Israel, mas cantareis o hosana junto com os anjos, fazendo um coro de honra à minha Mãe e, então, como agora, o coração do Cristo encontrará alegria ao contemplar-vos.

– Eu sou jovem. Está longe o tempo de subir para o teu Reino. Feliz de Anália! –diz Susana.

– Eu já estou velha e me sinto feliz por isso. Pois espero para breve a morte –diz Elisa.

– Eu tenho os filhos. Quereria servi-los… pois são servos de Deus –suspira Maria de Cléofas.

– Não te esqueças de nós, Senhor! –diz Madalena, com uma ansiedade contida, com um grito de sua alma, eu diria, por causa da sua voz, que ela procurou emitir suavemente para não despertar os que estavam dormindo, mas que vibrou mais forte do que um grito.

– Não me esquecerei de vós. Eu virei. Tu, Joana, sabes que Eu posso vir mesmo quando estou muito longe… As outras o devem crer. E Eu vos deixarei uma coisa… um mistério que me conservará em vós e vós em Mim até que estejamos reunidos, Eu e vós, no Reino de Deus.

596.33

Agora ide. Direis que vos falei pouco e que era quase inútil fazer-vos vir para tão pouca coisa. Mas Eu desejei ter ao redor de Mim os corações que me têm amado sem motivos interesseiros. E somente por causa de Mim. Por Mim. Por Mim, Jesus. E não por causa de um futuro e sonhado Rei de Israel. Ide. E sede benditas uma vez mais. As outras também. Elas não estão aqui, mas pensam em Mim com amor: Ana, Mirta, Anastásica, Noemi, Síntique hoje longe daqui, Fotinai, Aglaé e Sara, Marcela, as filhas de Filipe, Miriam de Jairo, as virgens, as redimidas, as esposas, as mães que vieram a Mim e que foram para comigo irmãs e mães, melhores, oh! muito melhores do que os homens e até do que os melhores deles!… Todas, todas! Abençoo a todas. A graça começa já a descer, a graça e o perdão, sobre a mulher, por esta minha bênção. Ide…

Ele se despede delas, ficando só com sua Mãe, a quem diz:

– Antes do anoitecer estarei no Palácio de Lázaro. Eu preciso ver-te ainda. E Comigo estará João. Mas Eu só quero a ti, ó Mãe, e as outras Marias, Marta e Susana. Estou muito cansado…

– Ficaremos só nós. Adeus, meu Filho…

Eles se beijam… E se separam… Maria vai andando lentamente. Ela se vira antes de sair. Vira-se antes de passar a pequena ponte. Torna a virar-se, enquanto pode ver Jesus… parece que ela não pode se afastar dele…

596.34

E Jesus fica sozinho de novo. Ele se levanta e sai. Vai chamar João que está dormindo de bruços no meio das flores como um menino e lhe entrega a pequena ânfora de vinagre rosado que Joana lhe trouxe, dizendo-lhe:

– De tarde, iremos à casa de minha mãe. Mas nós dois somente.

– Compreendi. E elas vieram?

– Sim. Mas achei melhor não despertar-vos…

– Fizeste bem. A tua alegria terá ficado maior. Elas sabem amar-te melhor do que nós –diz, desconsolado, João.

– Vem comigo.

João acompanha.

– Que tens? –pergunta-lhe Jesus, quando já estão de novo na penumbra verde formada pela cobertura, onde ainda se veem restos de comida.

– Mestre, nós somos muito maus. Todos nós. Não há obediência em nós… e nem há desejo de estar contigo. Até Pedro e Simão saíram. Não sei para onde. E Judas achou nisso mais uma ocasião para mostrar-se rixento.

– E Judas também foi embora?

– Não, Senhor. Ele não foi embora. Diz ele que não precisa disso e que não tem cúmplices nos ardis de que nós usamos a fim de conseguirmos para Ti uma proteção. Mas se Eu fui até Anás e se os outros se dirigiram aos galileus por aqui residentes, não foi para fazer nenhum mal!… E eu não creio que Simão de Jonas e Simão Zelotes sejam capazes de usar desses modos traiçoeiros…

– Não te preocupes. De fato, Judas não precisa ir enquanto vós estais descansando. Ele sabe muito bem quando e aonde deve ir, e assim fazer o que deve.

– E, então, por que é que ele fala assim? Isso não é bonito, nem fica bem diante dos discípulos!

– Não é bonito. Mas assim é.

596.35

Fica sossegado, meu cordeiro.

– Eu, teu cordeiro? Cordeiro és Tu somente!

– Sim. Tu. Eu sou o Cordeiro de Deus, e tu, cordeiro do Cordeiro de Deus.

– Oh!!! Uma vez, foi nos primeiros dias em que eu estava contigo, tu me disseste essa palavra. Estávamos nós dois sozinhos, como agora, sobre os campos verdes, como agora, e nesta mesma bela estação.

João, mais alegre pela lembrança que voltou, murmura:

– Eu sou sempre o cordeiro do Cordeiro de Deus…

Jesus o acaricia. E lhe oferece uma parte do pombo assado, que ficou sobre a mesa, sobre uma folha de pergaminho em que ele estava embrulhado. E depois descobre uns figos suculentos e os oferece alegre, por ver que ele os come. Jesus está sentado de viés à beira da mesa e olha para João tão fixamente, que ele pergunta:

– Por que me ficas olhando assim? Será porque eu estou comendo como um guloso?

– Não. É porque tu és uma criança. Oh! Meu querido! Como Eu te amo, por causa do teu coração!

E Jesus se inclina para beijar o apóstolo sobre os seus cabelos louros, e lhe diz:

– Fica assim, sempre assim, com o teu coração sem orgulho e sem rancores. Fica assim até mesmo nas horas da ferocidade desenfreada. Não imites quem peca, meu menino.

596.36

João sente-se de novo invadido pelo desgosto, e diz:

– Mas eu não posso crer que Simão e Pedro…

– Tu te enganarias muito se cresses que eles são pecadores. Bebe. É boa e fresca esta bebida. Foi Marta que a preparou… Agora estás reconfortado. Tenho certeza de que tu não havias terminado a tua refeição…

– É verdade. Tinha-me vindo uma vontade de chorar. Porque, enquanto é o mundo que nos rodeia, ainda se compreende. Mas que um de nós fique insinuando…

– Não fiques pensando mais nisso. Eu e tu sabemos que Simão e Zelotes são dois homens honestos. E basta. Mas, infelizmente, tu sabes que Judas é um pecador. Mas, cala-te. Quando tiverem passado muitos, muitos lustros, e será justo dizer toda a grandeza da minha dor, então aí tu dirás também o que Eu sofri por causa das ações daquele homem, mais do que por aquelas daquele apóstolo. Vamos. Já é hora de deixar este lugar a fim de irmos para o Campo dos Galileus e…

– Passaremos esta noite também lá? E não iremos antes ao Getsêmani? Judas queria saber disso. Ele diz que está cansado de tanto andar sob o orvalho, e com um repouso curto e incômodo.

– Logo isso acabará. Mas Eu não direi a Judas quais são as minhas intenções…

– Não és obrigado a isso. Tu é que nos deves guiar e não nós a Ti.

João está tão longe de pensar numa traição, que não compreende nem mesmo a razão da prudência pela qual Jesus, há já alguns dias, não tem dito mais o que é que pensa em fazer.

596.37

Ei-los em meio aos que estão dormindo. E eles os chamam, e os que estão deitados despertam. Também lá está Manaém que, tendo terminado sua tarefa, vai escusar-se com o Mestre por não poder ficar e porque amanhã não poderá estar perto dele no Templo, pois deve permanecer no Palácio. E, ao dizer isso, olha fixamente para Pedro e Simão, que nesse entremeio chegaram, e Pedro faz um sinal rápido com a cabeça, como quem diz: “Entendido.”

Saem dos jardins. Ainda está fazendo calor. Ainda tem sol. Mas a brisa da tarde já vai temperando o calor e empurrando umas nuvenzinhas por sobre o céu limpo.

Eles se encaminham, subindo por Siloé e evitando os lugares dos leprosos, para os quais vai-se dirigindo Simão, o Zelotes, para levar aos que ainda estão vivos, e não souberam crer em Jesus, os restos da refeição.

596.38

Matias, o ex-pastor, aproxima-se de Jesus e lhe pergunta:

– Senhor e Mestre meu, eu pensei muito, com os companheiros, nas tuas palavras, até que o cansaço tomou conta de nós e nós dormimos antes de termos podido resolver o problema que nos pusemos. E agora estamos mais ignorantes do que antes. Se é que entendemos bem as pregações destes últimos dias, Tu predisseste que muitas coisas mudarão, ainda que a Lei permaneça imutável, e que se deverá edificar um novo Templo com novos profetas, sábios e escribas, contra o qual se levantarão batalhas, mas que não morrerá, enquanto que este, se é que compreendemos bem, parece destinado a morrer.

– Está destinado a morrer. Lembra a profecia[13] de Daniel…

– Mas nós, que somos pobres e poucos, como poderemos edificá-lo de novo, se até os reis tiveram que trabalhar muito para edificar este? Onde o edificaremos? Certamente aqui, não, porque tu dizes que este lugar virará um deserto, enquanto esses não te bendizerem como a um mandado por Deus.

– Assim é.

– Em teu Reino, não. Porque estamos convictos de que o teu Reino é espiritual. E, então, como e onde o estabeleceremos? Ontem Tu disseste que o verdadeiro Templo — e não é aquele o verdadeiro Templo? — disseste que quando eles pensarem que o terão destruído, aí é que ele se levantará triunfante aos olhos da Jerusalém verdadeira. Onde está ela? Há muita confusão entre nós.

– Assim é. Que os inimigos destruam o verdadeiro Templo. Em três dias Eu o levantarei de novo e ele não conhecerá mais a cilada, subindo para onde o homem não lhe possa causar dano.

596.39

Quanto ao Reino de Deus, ele está em vós, e por toda parte há homens que creem em Mim. Por enquanto, estão espalhados, mas eles se sucederão sobre a Terra através dos séculos. Depois ele será eterno, unido, perfeito no Céu. Lá no Reino de Deus será edificado o novo Templo, isto é, lá onde estão os espíritos que aceitam a minha doutrina, a Doutrina do Reino de Deus, e que praticam os preceitos dele. E como será edificado, se sois pobres e poucos? Oh! Na verdade, não são necessários o dinheiro e os poderes para edificar o edifício da nova morada de Deus, individual ou coletiva. O Reino de Deus está em vós. E a união de todos aqueles que terão o Reino de Deus em si, de todos aqueles que terão Deus em si — Deus que é a Graça. Deus que é a Vida. Deus que é a Luz. Deus que é Caridade — será o grande Reino de Deus sobre a Terra, a nova Jerusalém, que chegará a expandir-se por todos os confins do mundo, e que, completa e perfeita, sem emendas, sem sombras, viverá eterna no Céu.

Como fareis para edificar o Templo e a cidade? Oh! Não sereis vós, mas será Deus que edificará esses lugares novos. Vós teríeis somente que dar-lhe vossa boa vontade. Boa vontade é permanecer em Mim. Viver a minha doutrina é boa vontade. Estar unidos é boa vontade. Unidos a Mim até formardes um só corpo que é nutrido, em cada uma de suas partes e partículas, pela mesma seiva. Um único edifício que está apoiado sobre uma única base e conservado unido por uma mística coesão. Mas como sem a ajuda do Pai, que Eu vos ensinei a pedir e que Eu pedirei para vós antes de morrer, vós não poderíeis estar na Caridade, na Verdade, na Vida, isto é, ainda em Mim e comigo em Deus Pai e em Deus Amor, porque Nós somos uma única Divindade, por isso Eu vos digo que tenhais a Deus em vós, para poderdes ser o Templo que não conhecerá fim. Por vós mesmos não o poderíes fazer. Se Deus não edifica, e não pode edificar onde não pode ter a sua morada, inutilmente os homens se agitam para edificar e reedificar.

596.40

396.40O Templo novo, a Minha Igreja, surgirá somente quando o coração hospedar Deus e Ele convosco, como pedras vivas, edificará a sua Igreja.

– Mas Tu não disseste que Simão de Jonas é o Chefe dela, a pedra sobre a qual se edificará a tua Igreja? E não nos fizeste compreender também que Tu és a pedra angular dessa Igreja? Então, quem é o chefe dessa Igreja? –interrompe Iscariotes.

– Eu sou o Chefe místico. E Pedro é o chefe visível. Porque Eu vou voltar ao Pai, deixando-vos a Vida, a Luz, a Graça, pela minha Palavra, pelos meus sofrimentos, pelo Paráclito, que será amigo daqueles que me foram fiéis. Eu formo uma única coisa com a minha Igreja, meu corpo espiritual, do qual Eu sou a Cabeça.

A cabeça contém o cérebro, a mente. A mente é a sede do saber, o cérebro é que dirige os movimentos dos membros por meio de seus comandos imateriais, os quais são mais válidos para fazer que se movam os membros do que qualquer outro estímulo. Observai um morto, no qual o cérebro morreu. Terá ele algum movimento em seus membros? Observai alguém que seja completamente estúpido. Não é verdade que ele é tão inerte, que não saiba ter nem aqueles movimentos mais rudimentares e instintivos, que até o mais inferior dos animais, que até o verme, que nós esmagamos, tem? Observai alguém no qual a paralisia desfez o contato dos membros, de um ou mais membros, com o cérebro. Terá ele ainda movimento naquela parte que não tem mais ligação vital com a cabeça?

Mas se a mente dirige com os seus comandos imateriais os outros órgãos, são os outros órgãos — os olhos, os ouvidos, a língua, o nariz, a pele — que comunicam as sensações à mente; e são as outras partes do corpo que executam e fazem executar aquilo que a mente ordena, advertida pelos órgãos, materiais e visíveis quanto o intelecto é invisível. Poderia Eu, sem dizer-vos: “sentai-vos”, conseguir que fiqueis sentados neste lado do monte? Mesmo que Eu queira que vos sentais, vós não o sabeis enquanto Eu não traduzir o meu pensamento em palavras, e, então, Eu as digo, usando para isso a língua e os lábios. Eu mesmo poderia sentar-me, se eu ficasse somente pensando que estou sentindo o cansaço das pernas, se elas não quisessem dobrar-se e não me pusessem assim sentado? A mente tem necessidade dos órgãos e dos membros para poder fazer e executar as operações que o pensamento pensa.

Assim também é no corpo espiritual, que é a minha Igreja: Eu serei o Intelecto, isto é, a cabeça, que é a sede do intelecto, e Pedro com os seus colaboradores são os que observam as reações, percebem as sensações e as transmitem à mente, a fim de que ela ilumine e organize o que é preciso fazer para o bem de todo o corpo; depois, iluminados e guiados por uma ordem minha, possam falar e guiar as outras partes do corpo. A mão que afasta um objeto que pode ferir o corpo, ou afasta o que está corrompido ou pode corromper; o pé que passa por cima de um obstáculo sem esbarrar nele, sem cair nem ferir-se, todas essas partes receberam da parte que dirige a ordem de fazê-lo. O menino, e até o homem, que se salvou de um perigo, ou que há uma vantagem de qualquer tipo — instrução, bons negócios, casamento, boa aliança graças a um bom conselho recebido, ou para uma boa palavra dita — é por aquele conselho e por aquela palavra que não se prejudicou ou que se beneficiou. Assim será na Igreja. O chefe e os chefes, guiados pelo Divino Pensamento e iluminados pela Divina Lei, instruídos pela Palavra Eterna, darão as ordens e os conselhos, e os membros os porão em prática e obterão a saúde espiritual e uma vantagem espiritual.

596.41

A minha Igreja já é assim, porque já possui o seu Chefe sobrenatural e o seu Chefe divino, e tem os seus membros, que são os discípulos. Ela é ainda pequena, por enquanto — é como um germe que se forma — perfeita unicamente no Chefe que a dirige, e imperfeita no resto, que ainda tem necessidade de um toque de Deus para ficar perfeita, e do tempo para crescer. Mas em verdade Eu vos digo que Ela já o é, e que é Santa por Aquele que é seu Chefe e pela boa vontade dos justos que a compõem. É Santa e invencível… Contra ela se apresentará, uma e mil vezes e com mil formas de batalha, o inferno feito de demônios e de homens-demônios. Mas não prevalecerão. O edifício será firme.

Mas o edifício não é feito de uma só pedra. Observai o Templo, lá, vasto, belo ao sol que se põe. É feito, talvez, de uma só pedra? É um complexo de pedras que formam um todo único e harmônico. Ele se chama: o Templo. Ou seja, uma unidade. Mas essa unidade é feita das muitas pedras que a compuseram e formaram. Teria sido inútil fazer os fundamentos se eles não tivessem depois que sustentar as paredes e o teto, se sobre eles não se tivesse que erguer as paredes para sustentarem o teto, se antes não tivessem sido feitos, em primeiro lugar, os fundamentos sólidos e proporcionais para uma construção maciça e de grandes dimensões. Assim, com esta dependência das partes uma da outra, é que surgirá também o Templo novo. Pelos séculos vós o edificareis, apoiando-o sempre sobre os fundamentos que Eu lhe dei, perfeitos, e nas proporções requeridas por sua amplidão. Vós o edificareis sob a direção de Deus, servindo-vos das coisas a serem usadas para levantá-lo: espíritos que são a morada de Deus.

Deus mora nos vossos corações, para fazer deles pedras polidas e sem fendas para um templo novo. Será o seu Reino estabelecido com as suas leis no vosso espírito. Senão, vós seríeis como tijolos mal cozidos, madeira carunchada, pedras lascadas e quebradiças que não têm consistência, e que o construtor, se for experiente, rejeita; ou então falham, não resistem à pressão, fazendo que uma parte desmorone se o construtor, se os construtores colocados pelo Pai na construção do Templo, são construtores ídolos de si mesmos, que se pavoneiam em seus corações, sem vigiarem e se esforçarem na construção que vai se levantando e com os materiais usados nela. São construtores ídolos, mestres de obras ídolos, guardas ídolos, são todos eles uns ladrões! Ladrões da confiança de Deus e da estima dos homens, ladrões e orgulhosos, que só se comprazem em terem um meio de vida e um modo para obterem um monte de materiais, que eles não observam se são bons ou já de qualidade vencida, e que pode ser causa de ruína.

596.42

Vós, ó sacerdotes novos e escribas do Templo novo, escutai: Ai de vós e de quem vier depois de vós, de quem se fizer ídolo e não tomar cuidado, não supervisar a si mesmo e aos outros, os fiéis, a fim de observar bem a boa qualidade das pedras e da madeira, sem confiar nas aparências, e poderá causar ruínas, deixando que materiais já deteriorados, ou até mesmo nocivos, sejam usados na construção do Templo, dando assim escândalo e provocando a ira divina. Ai de vós, se deixardes que se formem fendas e paredes pouco seguras, tortas, que podem cair porque não estão bem equilibradas nas bases sólidas e bem feitas. Não é de Deus, o Fundador da Igreja, mas é de vós que viria o desastre, e dele seríeis responsáveis diante do Senhor e dos homens.

Diligência, observação, discernimento, prudência. A pedra, o tijolo, a viga fraca, que em uma parede interna poderiam ser causa de tombamento, podem servir em partes de menor importância na construção e até a servir bem. É assim que deveis saber escolher. Com caridade para não desgostar as partes fracas, mas com firmeza, para não desgostar a Deus e arruinar o seu Edifício. E se achais que uma pedra em um ângulo mestre não é boa ou não está bem equilibrada, sede corajosos, ousados, e procurai saber como tirá-la daquele lugar, e alinhai-a com o escopo de um santo zelo. Se ela grita de dor, não faz mal. Ela vos abençoará durante os séculos, porque vós a tereis salvado. Removei-a dali e empregai-a em outro trabalho. Não tenhais medo nem de afastá-la completamente se virdes que ela vai ser causa de escândalo e de ruína, rebelde ao vosso trabalho. É melhor haver pouca pedra, do que muito estorvo.

Não tenhais pressa. Deus nunca tem pressa, mas tudo o que Ele cria é eterno, porque é bem calculado antes de ser feito. Se não é eterno, dura tanto como os séculos. Olhai para o Universo. Há muitos séculos, há milhares de séculos, ele está como Deus o fez em operações sucessivas… Imitai o Senhor. Sede perfeitos como vosso Pai. Tende a sua Lei em vós, o seu Reino em vós. E não falhareis.

Mas, se não fôsseis assim, desabaria o edifício, e em vão teríes trabalhado para erigi-lo. Desabaria ficando dele apenas a pedra angular, os fundamentos… A mesma coisa acontecerá com aquele Templo!… Em verdade Eu vos digo que com aquele ali vai ser assim mesmo. E assim será com o vosso, se puserdes nele o que pusestes neste: partes estragadas pelo orgulho, pela avidez, pelo pecado, pela luxúria. Como se desfez, pelo sopro do vento, aquela coluna de nuvens que parecia estar parada, formando uma vista tão bonita acima do cume daquele monte, do mesmo modo, ao soprar de um vento de castigo sobrenatural e humano, desabarão os edifícios, que de santos só têm o nome…

596.43

Jesus se cala pensativo. E quando começa a falar de novo, é para dar esta ordem:

– Sentemo-nos aqui, para repousarmos um pouco.

Eles se assentam sobre um declive do Monte das Oliveiras, que fica à frente do Templo, agora beijado pelo Sol, que já vai se pondo. Jesus olha fixamente para aquele lugar com tristeza. Os outros exultam por verem aquela beleza, mas sobre aquela exultação logo se estende um véu de aflição pela lembrança das palavras do Mestre. Será que toda aquela beleza vai ter que acabar?

Pedro e João falam um com o outro, e depois passam a sussurrar alguma coisa a Tiago de Alfeu e a André, que estão perto deles, e eles concordam fazendo um sinal com a cabeça. Então, Pedro se vira para o Mestre e diz:

– Vem aqui de lado e explica-nos quando é que se cumprirá a tua profecia sobre a destruição do Templo. Daniel fala nela, mas, se for como ele diz e como Tu dizes, poucas horas terá ainda o Templo. Mas nós não estamos vendo exércitos nem preparativos de guerra. Quando será, então, que isso acontecerá? Qual será o sinal disso? Tu já vieste. E Tu dizes que estás para ires embora. No entanto, sabe-se que isso só acontecerá quando estiveres entre os homens. Então, Tu voltarás? Quando é que será a tua volta? Explica-nos isso para que fiquemos sabendo…

– Não há necessidade de irmos para outro lado. Estás vendo? Os discípulos mais fiéis ficaram, aqueles que a vós doze ajudarão muito. Eles podem ouvir as palavras que Eu vos estou dizendo. Vinde todos para cá! –grita por fim, para reunir todos.

Os discípulos, que estavam espalhados pelo declive, fazem agora uma aglomeração compacta, apertada, ao redor do grupo que está com Jesus e os apóstolos, e ficam escutando.

596.44

– Tomai cuidado para que ninguém vos seduza no futuro. Eu sou o Cristo e não haverá outros Cristos. Por isso, quando muitos vierem dizer-vos: “Eu sou o Cristo”, e estiverem seduzindo a muitos, não acrediteis em suas palavras, nem que elas sejam acompanhadas por prodígios, embora estes possam ser reconhecidos como não bons, porque sempre estarão unidos ao medo, à perturbação e à mentira. Os prodígios de Deus, vós os conheceis: eles dão uma santa paz, alegria e salvação, fé, e conduzem a desejos e obras santas. Os outros, não. Por isso, refleti sobre a forma e as consequências dos prodígios que podereis ver no futuro, por obra dos falsos Cristos e de todos aqueles que se vestirão com vestes de salvadores dos povos, mas que serão umas feras que os arruinarão.

Ouvireis também, e até vereis, falar de guerras e de rumores de guerra, e vos dirão: “Estes são os sinais do fim.” Mas não vos perturbeis. Ainda não será o fim. É necessário que tudo isso aconteça antes do fim, mas ainda não será o fim. Levantar-se-á um povo contra outro, nação contra nação, continente contra continente, e haverá pestilências, carestia e terremotos em muitos lugares. Mas isso não será mais do que o princípio das dores. Então vos lançarão no meio da tribulação e vos matarão, acusando-vos de serdes os culpados pelos sofrimentos deles, esperando sair disso com a perseguição e a destruição dos meus servos.

Os homens acusam sempre os inocentes de serem eles a causa do seu mal, que os pecadores criam para si mesmos. Eles acusam o próprio Deus, que é a Perfeita Inocência e a Bondade Suprema, de ser Ele a causa do sofrimento deles; e assim também farão convosco, e vós sereis odiados por causa do meu Nome. E será ainda Satanás que os está açulando. E surgirão falsos profetas, que induzirão muitos ao erro. E ainda será Satanás o verdadeiro autor de tantos males. E com a multiplicação da iniquidade, se esfriará a caridade de muitos. Mas quem tiver perseverado até o fim, será salvo. E é preciso que antes este Evangelho do Reino de Deus seja pregado em todo o mundo, como um testemunho diante de todas as nações. Então, virá o fim. Haverá uma volta de Israel ao Cristo, que o acolhe, e a pregação da minha doutrina em todo o mundo.

596.45

Depois virá um outro sinal. Um sinal do fim do Templo e do fim do Mundo. Quando virdes a abominação da desolação predita por Daniel — quem me ouve, procure entender bem, e quem lê o profeta, saiba ler por entre as palavras — então, quem estiver na Judéia, fuja para os montes, e quem estiver no terraço não desça para ir apanhar o que estiver em casa, e quem estiver em seu campo não volte à sua casa para apanhar o seu manto, mas fuja sem olhar para trás, a fim de que não lhe aconteça não poder fazê-lo mais, e ele nem mesmo se vire para olhar, quando fugir, a fim de não conservar no coração o espetáculo horrendo e enlouquecer por isso. Ai das grávidas e daquelas que estiverem amamentando naqueles dias! E ai delas, se a fuga tiver que ser em dia de sábado! Não seria bastante a fuga para quem quisesse se salvar sem pecar. Rezai, pois, para que não aconteça no inverno e em dia de sábado, porque a tribulação será grande, como nunca houve desde o princípio do mundo até essa hora, nem haverá nunca mais outra semelhante, porque essa será a última Se não fossem abreviados aqueles dias em atenção aos eleitos, ninguém se salvaria, porque os homens-satanases se aliarão ao inferno para atormentar os homens.

E já então, para corromper e arrastar para fora do caminho justo aqueles que se conservarem fiéis ao Senhor, surgirão os que dirão assim: “O Cristo está lá, o Cristo está aqui. Está em tal lugar. Ei-lo! É este!” Não creiais. Ninguém creia, porque surgirão falsos Cristos e falsos profetas, que farão prodígios e portentos tais que induzirão ao erro, se isso fosse possível, até os eleitos, e ensinarão doutrinas em aparência tão consoladoras e boas que seduziriam até os melhores, se com eles não estivesse o Espírito de Deus que os iluminará sobre a verdade ou sobre a origem satânica de tais prodígios e doutrinas. Eu vo-lo digo. Eu vo-lo ensino, para que vós possais acautelar-vos. Mas não tenhais medo de cair. Se estiverdes de pé, firmes no Senhor, não sereis arrastados às tentações e à ruína. Lembrai-vos disso que Eu vos disse[14]: “Eu vos dei o poder de caminhar sobre serpentes e escorpiões e sobre todo o poder do inimigo, e nada vos fará mal porque tudo vos estará sujeito.” Eu vos faço lembrar também que para conseguirdes isso, deveis ter Deus em vós, e deveis alegrar- vos, não porque dominais as potências do mal e as coisas venenosas, mas porque o vosso nome está escrito no céu.

596.46

Permanecei no Senhor e em sua Verdade. Por isso ainda Eu vos repito: qualquer coisa que vos disserem de Mim, não creiais. Somente Eu é que disse a Verdade. Somente Eu é que vos digo que o Cristo virá, mas quando chegar o fim. Por isso, se vos disserem: “Ele está lá no deserto”, não vades lá. Se vos disserem: “Ele está naquela casa”, não lhes deis atenção. Porque o Filho do homem, em sua segunda vinda, será semelhante a um relâmpago que sai do nascente e chispa até o poente, em um tempo tão breve como um piscar de olhos. E deslizará sobre o grande Corpo[15], que logo se tornará um Cadáver, acompanhado de anjos luminosos, e por-se-á a julgar. No lugar, seja onde for, em que estiver o corpo, lá se reunirão as águias. E logo depois da tribulação daqueles últimos dias, da qual Eu já vos falei — Eu falo agora do fim do tempo e do mundo e da ressurreição dos ossos, coisas de que os profetas falam[16] — o sol escurecerá, a lua não dará mais a sua luz e as estrelas do Céu cairão como bagos de uva que caem de um cacho maduro demais, e que um vento tempestuoso sacode, e as potências do Céu tremerão.

E, então, no firmamento escuro aparecerá, fulgurante, o sinal do Filho do homem, e todas as nações da terra chorarão, e os homens verão o Filho do homem vindo sobre as nuvens do Céu com grande poder e glória. E Ele dará ordens aos seus anjos que ceifem e vindimem, que separem o joio do trigo, que lancem as uvas na dorna, porque terá chegado o tempo da grande colheita da semente de Adão, e não teremos mais necessidade de conservar a esgalha nem a semente, porque não haverá mais a perpetuação da raça humana sobre a terra morta. E dará ordens aos seus amigos para que ao alto som das trompas, reúnam os eleitos dos quatro cantos da Terra, de uma extremidade à outra do Céu, a fim de que estejam ao lado do Divino Juiz para julgarem com Ele os últimos viventes e os ressuscitados.

596.47

Da figueira aprendei esta semelhança: quando vedes que seus ramos ficam tenros e soltam folhas, sabeis que o verão já vem perto. Assim também, quando virdes todas essas coisas, ficai sabendo que o Cristo está para chegar. Em verdade, Eu vos digo: não passará esta geração que não me quis[17], antes que tudo isso aconteça.

A minha palavra não falha. O que Eu digo acontecerá. O coração e o pensamento dos homens podem mudar, mas minha palavra não muda. O céu e a terra passarão, mas as minhas palavras não passarão. E, quanto ao dia e a hora exata, ninguém os conhece, nem mesmo os anjos do Senhor, mas somente o Pai.

596.48

Como nos tempos de Noé, assim acontecerá na vinda do Filho do homem. Nos tempos de antes do dilúvio, os homens comiam, bebiam, se desposavam, se uniam, sem prestarem atenção ao sinal[18] no dia em que Noé entrou na arca, e abriram-se as cataratas dos céus e o dilúvio submergiu todos os seres vivos e todas as coisas. Assim também será quando for a vinda do Filho do homem. Quando chegar a hora, dois homens estarão perto um do outro no campo, e um será levado, enquanto o outro será deixado. Duas mulheres estarão ocupadas em fazer girar a mó do moinho, e uma delas será levada, a outra deixada. Isto é o que farão os inimigos aqui na Pátria, e mais ainda os anjos que irão separar o trigo do joio, e não terão tempo de se prepararem para o Julgamento pelo Cristo.

Vigiai, pois, porque não sabeis a que hora virá o Senhor. Pensai de novo no seguinte: se o chefe da família soubesse a que hora viria o ladrão, ele vigiaria e não deixaria que ele despojasse a sua casa. Portanto, vigiai e orai, estai sempre preparados para a vinda, sem que os vossos corações fiquem entorpecidos pelo abuso e a intemperança de todas as espécies e os vossos espíritos estejam distraídos e obtusos para as coisas do Céu por causa dos excessivos cuidados com as coisas da terra, e o laço da morte vos apanhe de repente, quando estiverdes despreocupados. Porque, lembrai-vos bem, todos tereis que morrer. Todos os homens, uma vez nascidos, devem morrer, e nessa morte há uma particular vinda do Cristo, e em seguida um juízo, que será repetido com todos juntos no dia da vinda solene do Filho do homem.

596.49

Que será, então, que acontecerá ao servo fiel e prudente, que foi posto pelo patrão a servir aos domésticos o alimento enquanto Ele estava ausente? Feliz será ele se o seu patrão, ao chegar de repente, o encontrar fazendo o que deve com diligência, com justiça e amor. Em verdade Eu vos digo que Ele lhe dirá: “Vem, servo bom e fiel. Tu mereceste o meu prêmio. Toma e administra todos os meus bens.” Ao contrário, se ele aparentava, mas não era bom e fiel, e seu interior era mau, assim como no exterior ele era hipócrita, pois logo que o patrão havia partido ele começou a dizer em seu coração: “O patrão vai tardar a voltar! Vamos aproveitar este belo tempo!”, e começar a bater em uns criados e a maltratar a outros, dando-lhes pouca comida e pouco das outras coisas necessárias, a fim de poder ter mais dinheiro para poder gastá-lo em folganças e com os bêbados, que é que irá acontecer? Acontecerá que o patrão, ao chegar de repente, quando aquele servo ainda estava pensando que o patrão estava longe, ao ver o mau procedimento do servo, lhe tomará o dinheiro, o tirará do cargo e o expulsará, como é de justiça, E assim, ele ficará naquela situação.

O mesmo acontece com o pecador impenitente, que não pensa que a morte pode já estar perto e também perto o seu julgamento, e só procura gozar e abusar desse gozo, dizendo: “Depois eu me arrependerei.” Em verdade, Eu vos digo que ele não terá tempo de fazer isso e será condenado a ficar no lugar onde há um tremendo horror, onde se ouvem as blasfêmias e se veem o pranto e a tortura, e de lá ele só sairá para o Juízo Final, quando tornará a revestir-se de sua carne ressuscitada para assim apresentar-se completo ao Juízo Final, assim como foi completo o seu pecado durante a sua vida terrena, e com corpo e alma ele se apresentará ao Juiz Jesus, que ele não quis aceitar como seu Salvador.

596.50

Todos estarão lá, acolhidos diante do Filho do homem. Uma multidão incalculável de corpos restituídos, uns pela terra, outros pelo mar, e recompostos todos, depois de terem virado cinza há muito tempo. E nos corpos estarão os espíritos A cada carne que voltou ao seu esqueleto corresponderá o seu espírito, aquele que a animou por algum tempo nesta terra. E estarão todos aprumados diante do Filho do homem, que estará esplendente em sua divina Majestade, sentado no trono de sua glória e assistido pelos seus anjos.

E Ele separará os homens uns dos outros, pondo de um lado os bons e do outro os maus, como um pastor que separa as ovelhas pondo-as à direita e os cabritos à esquerda. E dirá com voz afável e com um semblante benigno aos que, pacíficos e formosos, com uma beleza gloriosa no esplendor do corpo santo, olharão para Ele com todo o amor de seus corações: “Vinde, ó benditos de meu Pai, tomai posse do Reino preparado para vós, desde o começo do mundo. Porque Eu tive fome e me destes de comer, tive sede e me destes de beber, fui um peregrino e me hospedastes, estive nu e me vestistes, doente e me visitastes, estava prisioneiro e fostes levar-me conforto.”

E os justos lhe perguntarão: “Quando foi, Senhor, que te vimos com fome e te demos de comer, te vimos com sede e te demos de beber? Quando foi que te vimos peregrino e te acolhemos, te vimos nu e te vestimos, te vimos enfermo ou encarcerado e te fomos visitar?”

E o Rei dos reis lhes dirá: “Em verdade, Eu vos digo: Quando fizestes uma daquelas coisas a um daqueles menores entre os meus irmãos, foi a Mim que o fizestes.”

E depois o Juiz se voltará para aqueles que estiverem à sua esquerda e lhes dirá, com um rosto sério e com uns olhares que serão como flechas que fulminarão os réprobos, e em sua voz ressoará a ira de Deus: “Fora daqui! Longe de Mim, ó malditos! Ide para o fogo eterno, preparado pelo furor de Deus para o demônio e para os anjos das trevas e para aqueles que lhes deram ouvidos, quando eles lhes falavam na libidinagem tríplice e obscena. Eu tive fome e não me destes de comer, tive sede e não me destes de beber, estive nu e não me vestistes, fui peregrino e me repelistes, estive doente e encarcerado e não me visitastes. Porque vós só conhecíeis uma lei: a do prazer do vosso eu.”

E eles lhe dirão: “Quando foi que te vimos com fome, com sede, nu, peregrino, enfermo ou encarcerado? Em verdade, nós não te conhecemos. Não estávamos presentes, quando estiveste sobre a Terra.”

E ele lhes responderá: “É verdade. Vós não me conhecestes. Porque não estáveis lá presentes quando Eu estive sobre a Terra. Mas vós conhecestes a minha Palavra e tivestes, no meio de vós, os esfaimados, os sedentos, os nus, os doentes, os encarcerados. Por que é que não fizestes a eles o que talvez teríeis feito a Mim? Pois quem disse que aqueles que Me tiveram em seu meio fossem misericordiosos para com o Filho do homem? Não sabeis que nos meus irmãos estou Eu e que onde estiver sofrendo um desses meus irmãos menores sou Eu que lá estou, e que o que tiverdes deixado de fazer a um desses meus irmãos menores foi a Mim que o deixastes de fazer, a Mim, o Primogênito dos homens? Ide, e queimai em vosso egoísmo. Ide, e que vos envolvam as trevas e o gelo, pois trevas e gelo é o que fostes, mesmo conhecendo onde é que estava a Luz e o Fogo do Amor.”

E eles irão para o suplício eterno, enquanto os justos entrarão na vida eterna.

Estas são as coisas futuras…

596.51

Agora, ide. E não vos separeis uns dos outros. Eu vou com João e voltarei a vós lá pela metade da primeira vigília, para a ceia, e para irmos depois às nossas instruções.

– Nesta tarde também? Todas as tardes faremos isso? Eu estou já entorpecido pelas orvalhadas que apanhei. Não seria melhor entrar logo em alguma casa hospitaleira? Estamos sempre por baixo de tendas! Sempre acordados e nas noites que são frias e úmidas…

–lamenta-se Judas.

– Esta é a última noite. Amanhã… será diferente.

– Ah! Eu achava que quisesses ir para o Getsêmani todas as noites. Mas, se é a última…

– Eu não disse isto, Judas. Eu disse que será a última noite que passaremos no Campo dos Galileus todos juntos. Amanhã prepararemos a Páscoa e consumiremos o cordeiro, e depois Eu vou sozinho rezar no Getsêmani. E vós podereis ir fazer o que quiserdes.

– Mas nós viremos contigo, Senhor. Quando foi que tivemos vontade de deixar-te? –diz Pedro.

– Tu, cala-te. Porque és o culpado. Tu e Zelotes não fazeis nada mais do que ficardes esvoaçando para cá e para lá logo que o Mestre desaparece. Eu tenho os olhos sobre vós. No Templo… no dia… nas tendas lá em cima… –diz Iscariotes, alegre por estar denunciando.

– Basta! Se eles assim fazem, fazem bem. Mas não me deixeis sozinho… Eu vo-lo peço…

– Senhor não fazemos nada de mal. Podes crer. As nossas ações são conhecidas por Deus, e os seus olhares não se desviam delas com desgosto –diz Zelotes.

– Eu sei. Mas é inútil. E o que é inútil pode ser prejudicial. Estai unidos o mais que puderdes.

Depois Ele se vira para Mateus:

– Tu, meu bom cronista, repetirás[19] a eles a parábola das dez virgens sábias e das dez estultas, e aquela do patrão que deu uns talentos a três dos seus servos para que eles os fizessem render, e dois deles ganharam o dobro, enquanto que o preguiçoso foi enterrar o seu. Tu te lembras?

– Sim, meu Senhor, exatamente.

– Então, repete-a para eles. Nem todos as conhecem. E mesmo que eles a saibam, terão prazer em ouvi-la de novo. Passai, assim, em sábias dissertações, o vosso tempo até à minha volta. Velai! Velai! Tende desperto o vosso espírito. Aquelas parábolas são adequadas também ao que Eu disse. Adeus. A paz esteja convosco.

Jesus toma João pela mão e se afasta com ele, indo rumo à cidade.

Os outros se dirigem para o Campo dos Galileus.

596.52

Jesus diz:

– Colocarás aqui a segunda parte da muito cansativa Quarta-Feira Santa. Noite (1945). Lembra-te de assinalar com tinta vermelha os pontos que Eu te disse. Aquelas palavrinhas[20] iluminam. E muita luz para os que a sabem ver.


Notes

  1. Le premier, en Dt 6, 4-5. Le second, en Lv 19, 18.
  2. ces paroles de David, en Ps 37, 11.
  3. Il est dit, en Ps 37, 11.
  4. lorsqu’il dit, en Ps 110, 1
  5. rectifiée… Comme en 174.10, nous avons préféré la rapporter fidèlement et intégralement, sans tenir compte des corrections de Maria Valtorta sur la copie dactylographiée. Elles consistent essentiellement en la suppression des passages initiaux, qui revêtent un caractère personnel, avec quelques descriptions redondantes.
  6. la vision du 25 mai 1944 fait partie du volume “ Les cahiers de 1944 ”.
  7. Ce furent… patrie, comme le rapportent Esd 1-10 ; Ne 1-13, 1 ; 1M 1-2.
  8. je vous dis, comme en 265.12 et 281.6.
  9. La Femme, dont on parle en Gn 2, 22-23, mais avec plus d’intérêt pour Gn 3, 15 (donc second — écrit en chiffre romain [II] — aurait pu être écrit au lieu de III) ; la Vierge, dont on parle en Is 7, 14 ; a prophétisé en 21.5.
  10. de celui d’Abel, en Gn 4, 8, à celui de Zacharie, en 2 Ch 24, 20-22, déjà cité en 414.9.
  11. jusqu’à ce que vous disiez, vous aussi, comme en Ps 118, 26.
  12. doit très bien connaître Jésus, qui lui avait guéri la jambe, comme on le voit en 488.5.
  13. la désobéissance — celle d’Adam et Eve — s’oppose à l’obéissance de Jésus et de sa Mère. Il en a été question en particulier dans le chapitre 17 et en 29.7/12. C’est un thème récurrent (par exemple en 420.11, 515.3, 595.5, 606.1) que ce dialogue résume admirablement.
  14. prophétie qui se trouve en Dn 9, 20-27.
  15. je vous l’ai dit, en 280.2, où la phrase entre guillements qui suit (et qui figure en Lc 10, 19) est seulement sous-entendue, alors qu’on y lit textuellement les exhortations que Jésus rappelle juste après aux disciples : Je vous rappelle…
  16. le grand Corps est la terre, le monde, note Maria Valorta sur une copie dactylographiée.
  17. qu’ont annoncées les prophètes, comme en Ez 37, 1-14.
  18. qui n’a pas voulu de moi est une précision qui manque dans les évangiles (Mt 24, 34, Mc 13, 30 et Luc 21, 32). Cela éclaire qu’il ne s’agit pas d’une “ génération ” au sens littéral du terme et confirme ce qui est dit plus haut, dans les dernières lignes de 596.44 : la fin arrivera “ au retour au Christ d’Israël qui l’accueille ”. On retrouve la même idée, par exemple, dans les dernières lignes de 258.5, en 265.10 et en 580.5.
  19. signe : Maria Valorta note sur une copie dactylographiée : l’ordre reçu par Noé de préparer l’arche pour sauver les animaux de toutes espèces. Pour tout ce qui a trait aux citations sur Noé et son arche (par exemple en 140.3, 176.3 et 525.7), nous renvoyons le lecteur à Gn 6-9.
  20. tu répéteras deux paraboles, que Jésus a racontées en 206.2/6 et en 281.9, mais que l’évangile de Matthieu place ensemble, avec les discours de ce chapitre.
  21. ces mots, que Maria Valorta a encadrés au crayon rouge sur le manuscrit dactylographié original, sont “ du reste ” et “ je vous enverrai ”, et sont en italiques en 596.20/21. On trouve des cas analogues en 577.11 ainsi qu’en 592.17.

Notas

  1. O primeiro, em: Deuteronômio 6,4-5. O segundo, em: Levítico 19,18.
  2. las palavras de Davi, que estão em: Salmo 51,18-19.
  3. Está escrito, em: Salmo 37,11.
  4. quando diz, in: Salmo 110,1.
  5. corrigida… Aliás, transcrevemo-la fiel e integralmente (come em 174.10) sem levar em consideração as correções de Maria Valtorta na cópia datilografada, que consistem principalmente na supressão dos trechos iniciais, uma vez que são de caráter pessoal e com alguma descrição repetida.
  6. horas tristes para a Pátria, como se lê em: Esdras 1-10; Neemias 1-13; 1 Macabeus 1-2.
  7. vos digo, como em 265.12 e 281.6.
  8. A Mulher, da qual se fala em Gênesis 2,22-23, mas com maior nexo em Gênesis 3,15 (portanto, II poderia estar escrito erroneamente por III); a Virgem, da qual se fala em Isaías 7, 14; profetizou, em 21.5.
  9. o sangue do justo Abel, em Gênesis 4,8, ao de Zacarias, em 2 Crônicas 24,20-22. Já em 414.9.
  10. mais enquanto vós mesmos não disserdes, como em: Salmo 118,26.
  11. deve conhecer Jesus muito bem, o qual havia lhe curado uma perna, como se lê em 488.5.
  12. a desobediência, de Adão e Eva, contraposta à obediência de Jesus e da sua Mãe, foi tratada especialmente no capítulo 17 e em 29.7/12, e é um tema recorrente (por exemplo, em 420.11, 515.3, 595.5, 606.1), sintetizado extraordinariamente nesse diálogo.
  13. profecia, que está em: Daniel 9,20-27.
  14. eu vos disse, em 280.2, onde a frase aqui transcrita entre aspas (e que aparece em Lucas 10,19) está só subentendida, enquanto que ali se leem quase que textualmente as exortações que Jesus, logo depois, recorda aos discípulos: Recordo-vos…
  15. grande Corpo é a Terra, o mundo, como anota MV numa cópia datilografada.
  16. os profetas falam, como em: Ezequiel 37,1-14.
  17. que não me quis, esclarecimento acrescentado à palavra geração, falta nos Evangelistas: Mateus 24,34; Marcos 13,30; Lucas 21,32. Explica que não se trata de “geração” no sentido estrito, e confirma aquilo que foi dito antes, nas últimas linhas de 596.44, isto è, que “chegará o fim” quando haverá o “retorno de Israel a Cristo, que o acolhe”. O mesmo conceito, por exemplo, em 258.5 (últimas linhas), em 265.10 e em 580.5.
  18. sinal, isto è, como anota Maria Valtorta numa cópia datilografada: a ordem recebida por Noé de preparar a arca para salver todas as espécies animais. Para essa e para outras citações de Noé e da sua arca (por exemplo, em 140.3, 176.3, 525.7) direcionamos a: Gênesis 6-9.
  19. repetirás duas parábolas, que Jesus narrou em 206.2/6 e em 281.9, mas que o Evangelho de Mateus apresenta juntamente com os discuros do presente capítulo.
  20. Aquelas palavrinhas, que Maria Valtorta contornou com sinais de lápis vermelho no manuscrito original, são além disso e mandarei, e estão em cursivo em 596.20/21. Casos análogos em 577.11 e em 592.17.