The Writings of Maria Valtorta

596. Le mercredi saint.

596. Holy Wednesday. The greatest of the commandments.

596.1

Jésus, qui porte son vêtement de lin blanc, entre au Temple, encore plus bondé que les jours précédents. La journée est étouffante.

Il va adorer dans la Cour des Juifs, puis se dirige vers les portiques, suivi d’un cortège de gens. Mais d’autres y ont déjà pris les meilleures places ; ce sont pour la plupart des païens qui, ne pouvant aller au-delà de la première cour, au-delà du Portique des Païens, ont profité du fait que les Hébreux ont suivi le Christ pour s’adjuger les meilleurs places.

Mais un groupe important de pharisiens les dérange. Ils se conduisent avec leur arrogance habituelle, et se fraient un chemin en jouant des coudes pour s’approcher de Jésus, penché sur un malade. Ils attendent qu’il l’ait guéri, puis ils envoient auprès de lui un scribe pour l’interroger.

Ils avaient probablement eu une brève discussion, car Joël, dit Alamot, tenait à aller lui-même interroger le Maître. Mais un pharisien s’y oppose, et d’autres le soutiennent :

« Non. Il est notoire que tu es du parti du Rabbi, bien que tu le gardes secret. Laisse aller Urie…

– Pas Urie, non ! » s’exclame un autre jeune scribe que je ne connais pas. « Urie s’exprime avec trop de véhémence. Il exciterait la foule. C’est moi qui y vais. »

Et, sans écouter davantage les protestations des autres, il se rend auprès du Maître et arrive derrière lui au moment même où Jésus congédie le malade en lui disant :

« Aie foi. Tu es guéri. La fièvre et la souffrance ne reviendront jamais plus.

596.2

– Maître, quel est le plus grand commandement de la Loi ? »

Jésus se retourne et le regarde. Un doux sourire lumineux éclaire son visage, puis il lève la tête — il avait la tête inclinée à cause du scribe qui est de petite taille, et qui reste penché pour lui rendre honneur. Jésus tourne les yeux sur la foule, il scrute le groupe des pharisiens et docteurs, et il aperçoit le visage pâle de Joël à demi caché derrière un gros pharisien richement vêtu. Son sourire s’accentue. C’est comme une lumière qui va caresser le scribe honnête.

Puis il baisse la tête pour regarder son interlocuteur, et il lui répond :

« Le premier[1] de tous les commandements est : “ Ecoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces. ” C’est le premier et suprême commandement. Le second lui est semblable : “ Tu aimeras ton prochain comme toi-même. ” Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-ci. Ils contiennent toute la Loi et les prophètes.

– Maître, tu as répondu avec sagesse et vérité. Il en est bien ainsi. Dieu est unique, et il n’y en a pas d’autre en dehors de lui. L’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute son âme et de toutes ses forces, et aimer son prochain comme soi-même a beaucoup plus de valeur que tous les holocaustes et tous les sacrifices. J’en suis tout à fait persuadé quand je médite ces paroles de David[2] : “ Tu ne prends pas plaisir aux holocaustes ; mon sacrifice, ô Dieu, c’est un esprit brisé. ”

– Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu, car tu as compris quel est l’holocauste qui est agréable à Dieu.

– Mais quel est l’holocauste le plus parfait ? » demande dans un souffle le scribe, comme s’il disait un secret.

Jésus rayonne d’amour en laissant tomber cette perle dans le cœur de l’homme qui s’ouvre à sa doctrine, à la doctrine du Royaume de Dieu, et il lui dit, en se penchant sur lui :

« L’holocauste parfait, c’est d’aimer comme nous-mêmes ceux qui nous persécutent et ne pas avoir de rancœur. Qui fait cela, possédera la paix. Il est dit[3] : les doux posséderont la terre, et ils jouiront de l’abondance de la paix. En vérité, je te dis que celui qui sait aimer ses ennemis atteint la perfection et possède Dieu. »

596.3

Le scribe le salue respectueusement et s’en retourne vers son groupe, qui lui reproche à voix basse d’avoir fait l’éloge du Maître. Ils ajoutent avec colère :

« Que lui as-tu demandé secrètement ? T’aurait-il séduit, toi aussi ?

– J’ai entendu l’Esprit de Dieu parler par sa bouche.

– Tu divagues. Crois-tu peut-être qu’il est le Christ ?

– Je le crois.

– En vérité, d’ici peu nous verrons les écoles de nos scribes se vider, et eux s’en aller errer derrière cet homme. Mais à quoi vois-tu le Christ en lui ?

– Je ne sais pas. Je sais que je sens que c’est lui.

– Espèce de fou ! »

Irrités, ils lui tournent le dos.

Jésus a observé le dialogue et, quand les pharisiens passent devant lui en groupe serré pour s’en aller, il les appelle :

« Ecoutez-moi : je veux vous poser une question. Que vous en semble : de qui le Christ est-il le fils ?

– Ce sera le fils de David » répondent-ils, en insistant sur le “ sera ”, pour bien lui faire comprendre qu’à leurs yeux il n’est pas le Christ.

« Comment donc David, inspiré par Dieu, peut-il l’appeler “ Seigneur ”, lorsqu’il[4] dit : “ Le Seigneur a dit à mon Seigneur : ‘ Siège à ma droite, jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis l’escabeau de tes pieds ’” ? Si donc David appelle le Christ “ Seigneur ”, comment le Christ peut-il être son fils ? »

Ne sachant que répondre, ils s’éloignent en ruminant leur poison.

596.4

Jésus quitte le lieu tout envahi par le soleil, où il se tenait, pour aller plus loin, là où se trouvent les bouches du Trésor, près de la salle du gazophylacium. Ce côté, encore à l’ombre, est occupé par des rabbis qui pérorent avec de grands gestes devant leurs auditeurs hébreux, dont le nombre augmente à mesure que les heures passent et que l’affluence de la foule vers le Temple s’accroît.

Les rabbis s’efforcent de démolir par leurs discours les enseignements que le Christ a donnés les jours précédents ou le matin même. Plus ils voient augmenter la foule des fidèles, plus ils haussent la voix. En effet le lieu, bien que très vaste, fourmille de gens qui vont et viennent en tous sens…

596.5

Jésus me dit : « Insère ici la vision de l’obole de la veuve (du 19 juin 1944), rectifiée[5] comme je te l’indiquerai. »

Ensuite, la vision se poursuit.

Le lundi 19 juin 1944.

596.6

C’est seulement aujourd’hui, et avec insistance, que je vois apparaître la vision suivante.

Au début, je ne vois que des cours et des portiques. Je les reconnais : ce sont des parties du Temple. Jésus est appuyé à une énorme colonne carrée qui soutient une arcade du portique. Il a l’air d’un empereur, tant il est solennel dans son vêtement rouge vif et son manteau, rouge aussi, mais plus foncé. Il me regarde fixement. Je me perds à le contempler, heureuse de sa présence après deux jours sans voir ni entendre.

La vision se prolonge ainsi longtemps, et tant qu’elle dure ainsi, je n’écris pas, car je suis tout à ma joie. Mais maintenant que je vois la scène s’animer, je comprends qu’il y a autre chose, et j’écris.

L’endroit se remplit de gens qui vont et viennent dans tous les sens. Il y a là des prêtres et des fidèles, des hommes, des femmes et des enfants. Les uns passent, d’autres s’arrêtent, écoutent les docteurs ; d’autres encore, qui mènent des agneaux ou portent des colombes, partent dans d’autres directions, peut-être pour les sacrifier.

Jésus reste adossé à sa colonne, il observe sans mot dire. Par deux fois même, il a été interrogé par les apôtres et a fait signe que non, mais il n’a pas parlé. Il regarde avec beaucoup d’attention et, d’après son expression, il semble juger ceux qu’il examine. Son regard et tout son visage me rappellent l’aspect que je lui ai vu dans la vision[6] du Paradis, quand il étudiait les âmes lors du jugement particulier. Maintenant, naturellement, c’est l’homme Jésus ; là-haut, c’était Jésus glorieux, donc encore plus imposant. Mais les changements d’expression de son visage, qui observe intensément, sont les mêmes. Il est sérieux, scrutateur, mais, s’il est parfois d’une sévérité à faire trembler le plus effronté, parfois aussi il est si doux, d’une tristesse si souriante, que son regard paraît être une caresse.

596.7

Il semble ne rien entendre, mais il doit tout écouter. Je m’en rends compte quand, d’un groupe éloigné de quelques mètres et rassemblé autour d’un docteur, s’élève une voix nasillarde qui proclame : “ Ce commandement est plus important que tout autre : que tout ce qui est pour le Temple aille au Temple. Le Temple doit être placé plus haut que les parents et, si quelqu’un veut donner tous ses biens pour la gloire du Seigneur, il peut le faire et il en sera béni, car il n’y a pas de sang ni d’affection supérieure au Temple. ” Jésus tourne lentement la tête dans cette direction et regarde d’un air… dont je ne voudrais pas qu’il s’adresse à moi.

Il paraît tout observer en général. Mais un fait me détrompe : à un moment, un vieillard tremblant s’apprête à gravir les cinq marches d’une espèce de terrasse proche de Jésus qui semble mener à une autre cour plus intérieure ; il appuie son bâton, s’empêtre dans son vêtement, et est à deux doigts de tomber. Aussitôt, Jésus allonge le bras, le saisit et le soutient, et il ne le lâche que lorsqu’il le voit en sûreté. Le vieil homme lève son visage ridé, regarde son grand sauveur et murmure une parole de bénédiction ; Jésus lui sourit et caresse sa tête à moitié chauve. Puis il revient contre sa colonne et s’en écarte encore une fois pour relever un enfant qui glisse de la main de sa mère et tombe à plat ventre, juste à ses pieds, en pleurant, contre la première marche. Il le relève, le caresse, le console. La mère, confuse, remercie. Jésus lui sourit à elle aussi, et lui rend le petit.

Mais il ne sourit pas quand passe un pharisien bouffi d’orgueil, ni quand se présentent en groupe des scribes et d’autres dont je ne sais qui ils sont. Ce groupe salue avec de grands gestes et de profondes courbettes. Jésus les regarde si fixement qu’il semble les transpercer. Il salue, mais sans chaleur. Il a l’air sévère. Un prêtre aussi déambule : ce doit être un gros bonnet, car la foule s’écarte et le salue, et lui passe, fier comme un paon. Jésus porte sur lui un long regard, un regard tel que l’homme, qui est pourtant pétri d’orgueil, baisse la tête. Il ne salue pas, mais il ne résiste pas au regard de Jésus.

596.8

Jésus le quitte des yeux pour observer une pauvre femme, vêtue de marron foncé, qui monte les marches avec un air honteux, et se dirige vers un mur où se trouvent des têtes de lions ou autres animaux du même genre, gueule ouverte. Beaucoup s’y rendent, mais Jésus paraissait jusqu’alors ne pas s’en occuper. Maintenant, au contraire, il suit des yeux la petite femme. Son regard exprime la pitié, et même une grande douceur quand il la voit tendre la main et jeter quelque chose dans la gueule de pierre de l’un de ces lions. Et lorsque la pauvrette, en se retirant, passe près de lui, il prend la parole pour lui dire :

« Paix à toi, femme. »

Celle-ci, stupéfaite, lève la tête.

« Paix à toi » répète Jésus. « Va, car le Très-Haut te bénit. »

La femme reste bouche bée, puis murmure une salutation et s’éloigne.

« Elle est apaisée dans son malheur » dit Jésus, sortant de son silence. « Maintenant, la voilà heureuse, car la bénédiction de Dieu l’accompagne.

596.9

Ecoutez, mes amis, et vous tous qui êtes autour de moi. Voyez-vous cette femme ? Elle n’a offert que deux sous, moins qu’il n’en faut pour payer le repas d’un passereau en cage, et pourtant elle a donné davantage que tous ceux qui, depuis l’ouverture du Temple à l’aurore, ont versé leur obole au Trésor.

Ecoutez : j’ai vu des riches en grand nombre jeter dans ces gueules des sommes capables de la rassasier pendant une année et de revêtir sa pauvreté, qui n’est décente que parce qu’elle est propre. J’ai vu des riches qui, avec une satisfaction visible, y mettaient de quoi rassasier les pauvres de la cité sainte pendant un jour ou plus, et leur faire bénir le Seigneur. Mais, en vérité, je vous dis que personne n’a donné plus qu’elle. Son obole est charité, les autres ne le sont pas. Elle est générosité, les autres ne le sont pas. Elle est sacrifice, les autres ne le sont pas. Aujourd’hui, cette femme ne mangera pas, car elle n’a plus rien. Il lui faudra d’abord travailler pour obtenir un salaire, avant de pouvoir donner du pain à sa faim.

Elle n’a pas de richesses en réserve ; elle n’a pas de parents qui gagnent leur vie pour elle. Elle est seule. Dieu lui a pris parents, mari et enfants, il lui a enlevé le peu de bien qu’ils lui avaient laissé ; plus que Dieu, ce sont d’ailleurs les hommes qui lui ont pris ce qu’il lui restait… ces hommes qui, maintenant, avec de grands gestes — vous les voyez ? —, continuent à jeter à l’intérieur leur superflu, dont une grande partie est extorquée par l’usure aux pauvres mains des faibles et des affamés.

596.10

Eux disent qu’il n’y a pas de sang ni d’affection supérieurs au Temple et, de cette façon, ils enseignent à ne pas aimer leur prochain. Moi, je vous dis qu’au-dessus du Temple, il y a l’amour. La Loi de Dieu est amour, et il n’aime pas ceux qui n’ont pas pitié de leur prochain. L’argent superflu, l’argent souillé par l’usure, par la haine, par la dureté, par l’hypocrisie, ne chante pas les louanges de Dieu et n’attire pas sur le donateur la bénédiction céleste. Dieu le rejette. Un tel homme engraisse cette caisse, mais ce n’est pas de l’or destiné à l’encens : c’est de la boue qui vous submerge, ô ministres qui ne servez pas Dieu, mais votre intérêt ; c’est un lacet qui vous étrangle, ô docteurs qui enseignez une doctrine de votre invention ; c’est un poison qui vous corrode le peu de conscience que vous avez encore, ô pharisiens. Dieu ne veut pas du superflu. Ne soyez pas des Caïns. Dieu ne veut pas ce qui est le fruit de la dureté. Dieu ne veut pas entendre une voix plaintive gémir: “ J’aurais dû rassasier un affamé, mais on m’en a détourné, afin d’étaler du faste dans le Temple. J’aurais dû aider un vieux père, une mère chancelante, mais on me l’a refusé, parce que cette aide n’aurait pas été connue du monde, et je dois tout faire pour être remarqué, afin que le monde voie le donateur. ”

Non, rabbi : tu enseignes que ce sont seulement les restes que l’on doit à Dieu, et qu’il est permis de refuser d’aider son père et sa mère pour donner à Dieu ; or le premier commandement est : “ Aime Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ton intelligence, de toutes tes forces. ” Ce n’est donc pas le superflu, mais notre sang qu’il faut lui donner, en aimant souffrir pour lui. Souffrir, et non pas faire souffrir… Et s’il coûte beaucoup au cœur de l’homme — vicieux par nature — de se dépouiller de ses richesses, c’est justement pour cette raison qu’il faut donner. Par justice : car tout ce que l’on a est dû à la bonté de Dieu. Par amour : car c’est une preuve d’amour de vouloir se sacrifier pour faire la joie de ceux qu’on aime. Souffrir pour offrir, mais souffrir. Non pas faire souffrir, je le répète. Car le second commandement dit : “ Aime ton prochain comme toi-même. ” La loi précise même que, après Dieu, les parents sont les proches à qui nous sommes tenus de rendre honneur et d’apporter notre aide.

596.11

Je vous le dis, en vérité, cette pauvre femme a compris la loi mieux que les sages, et elle est justifiée et bénie plus que quiconque. Car, en dépit de sa pauvreté, elle a tout sacrifié à Dieu, alors que vous, vous donnez le superflu, et seulement pour grandir dans l’estime des hommes. Je sais que vous me haïssez quand vous m’entendez tenir de tels propos. Mais tant que cette bouche pourra parler, elle s’exprimera en ces termes. Vous unissez votre haine contre moi au mépris pour la pauvre femme dont je vante le mérite. Mais ne croyez pas faire de ces deux pierres un double piédestal pour votre orgueil. Ce sera la meule qui vous broiera.

Allons. Laissons les vipères se mordre pour augmenter leur venin. Que celui qui est pur, bon, humble, contrit et qui veut connaître le vrai visage de Dieu, me suive. »

596.12

Jésus dit :

« Quant à toi, à qui rien ne reste puisque tu m’as tout donné, donne-moi ces deux dernières pièces. Par rapport au tout que tu m’as donné, elles sembleront peu de choses aux yeux des étrangers. Mais pour toi qui n’as plus qu’elles, elles représentent tout. Mets-les dans la main de ton Seigneur. Et ne pleure pas, ou du moins ne pleure pas seule. Pleure avec moi, qui suis le seul à pouvoir te comprendre, et qui te comprends sans la brume d’humanité qui voile toujours la vérité. »

[Le 2 avril 1947]

596.13

Les apôtres, les disciples et la foule suivent Jésus en groupes compacts quand il revient à l’endroit de la première enceinte, c’est-à-dire presque à l’abri du mur d’enceinte du Temple, là où il y a un peu de fraîcheur — la journée est en effet absolument étouffante. Comme le sol est ravagé par les sabots des animaux, semé de pierres que les marchands et les changeurs emploient pour fixer leurs enclos et leurs tentes, les rabbis d’Israël n’y viennent pas. Eux qui permettent l’instauration d’un véritable marché au sein du Temple, ils éprouvent du dégoût à porter les semelles de leurs sandales là où sont mal dissimulés les restes des quadrupèdes expulsés des lieux il y a peu de jours…

Jésus, lui, n’en éprouve aucun dégoût, et il se réfugie là, entouré d’un cercle de nombreux auditeurs. Pourtant, avant de parler, il appelle auprès de lui ses apôtres pour leur dire :

« Approchez, et écoutez bien. Hier, vous vouliez savoir beaucoup de choses auxquelles je faisais de vagues allusions quand nous reposions dans le jardin de Joseph. Je vais vous en entretenir maintenant. Soyez donc bien attentifs, car ce sont de grandes leçons pour tous, et surtout pour vous, mes ministres et mes continuateurs.

596.14

Ecoutez : au temps fixé, des scribes et des pharisiens prirent place sur le siège de Moïse. Ce furent de tristes heures pour notre patrie[7].

Une fois l’exil de Babylone terminé et la nation reconstruite grâce à la magnanimité de Cyrus, les dirigeants du pays se rendirent compte de la nécessité de rétablir le culte et la connaissance de la Loi. Car malheur au peuple qui ne s’en sert pas comme défense, guide et soutien contre ces puissants ennemis d’une nation que sont l’immoralité des citoyens, la révolte contre les chefs, la désunion entre les classes et les partis, les péchés contre Dieu et contre le prochain, l’irréligion, car ce sont là des éléments de désagrégation pour eux-mêmes et la cause des punitions célestes qu’ils provoquent !

On vit donc apparaître les scribes, ou docteurs de la Loi, pour instruire le peuple : en effet, les gens ne parlaient plus que la langue chaldéenne — héritage du dur exil — et ne comprenaient plus les Ecritures, rédigées en pur hébreu. Des prêtres vinrent à leur aide, mais en nombre insuffisant pour s’acquitter convenablement de leur devoir d’enseigner les foules. A son tour, un laïcat érudit et consacré pour honorer le Seigneur en le faisant connaître aux hommes et en les amenant à lui, eut sa raison d’être, et il fit aussi du bien. Car, tous, rappelez-vous : même ce qui dégénère au fil du temps à cause de la faiblesse humaine — comme ce fut le cas pour cette institution qui s’est corrompue au cours des siècles —, a toujours quelque chose de bon et, au début du moins, une raison d’être. C’est pourquoi le Très-Haut leur permet de s’élever et de durer, jusqu’au moment où, la dégradation arrivant à son comble, le Très-Haut les disperse.

Vint ensuite l’autre secte des pharisiens, née de la transformation de celle des Hassidéens, qui surgit pour soutenir, par la morale la plus rigide et l’obéissance la plus intransigeante, la Loi de Moïse et l’esprit d’indépendance de notre peuple. Car à cette époque, le parti helléniste tentait de nous rendre esclaves : il s’était formé sous la pression et les séductions commencées au temps d’Antiochus Epiphane et devenues bientôt des persécutions contre ceux qui ne cédaient pas aux pressions du roi. Ce roi était rusé, car, plus que sur ses armes, il comptait sur la désagrégation de la foi dans les cœurs pour régner sur notre patrie.

596.15

Rappelez-vous également ceci : craignez plutôt les alliances faciles et les flatteries d’un étranger que ses légions. En effet, tant que vous resterez fidèles aux lois de Dieu et de la patrie, vous vaincrez, même si vous êtes encerclés par des armées puissantes. Mais quand vous serez corrompus par le poison subtil insinué comme un miel enivrant par l’étranger qui a formé des desseins contre vous, Dieu vous abandonnera à cause de vos péchés, et vous serez vaincus et assujettis, sans que votre faux allié livre la moindre bataille sanglante contre vous.

Malheur à celui qui n’est pas sur le qui-vive comme une sentinelle vigilante, et ne repousse pas les pièges subtils d’un voisin finaud et faux, d’un allié ou d’un maître qui commence sa domination chez les particuliers, en affaiblissant leur cœur et en les corrompant par des us et coutumes qui ne sont pas les nôtres, qui ne sont pas saints, et qui par conséquent nous rendent désagréables au Seigneur ! Malheur ! Rappelez-vous toutes les conséquences subies par la patrie lorsque certains de ses enfants ont adopté les modes de vie de l’étranger pour gagner ses bonnes grâces et en tirer profit. C’est un bon exemple que la charité envers tous, même envers les peuples qui ne partagent pas notre foi, qui n’ont pas nos coutumes, qui nous ont nui au cours des siècles. Mais l’amour pour ces peuples, qui sont toujours notre prochain, ne doit jamais nous faire renier la Loi de Dieu et de notre patrie au nom du calcul des profits qu’on pourra ainsi soutirer à nos voisins. Non. Les étrangers méprisent les hommes serviles jusqu’à répudier les fondations les plus saintes de la patrie. Ce n’est pas en reniant son père et sa mère — Dieu et la patrie —, que l’on obtient le respect et la liberté.

Mais, au bon moment, les pharisiens se dressèrent eux aussi pour ériger une digue contre le débordement des coutumes étrangères. Leur attitude fut profitable car, je le répète, tout ce qui surgit et qui dure a sa raison d’être. Il faut donc la respecter pour ce qu’elle a fait, sinon pour ce qu’elle est actuellement. Si elle est aujourd’hui coupable, il n’appartient pas aux hommes de l’insulter et encore moins de la frapper. Ce rôle revient à d’autres : à Dieu et à Celui qu’il a envoyé ; ce dernier a le droit et le devoir de parler et d’ouvrir vos yeux, pour que, eux comme vous, vous connaissiez la pensée du Très-Haut et agissiez avec justice. C’est à moi de le faire, et à nul autre. En effet, je parle par ordre divin, et je puis parler, n’ayant en moi aucun des péchés qui vous scandalisent quand vous les voyez commis par des scribes et des pharisiens — même si,quand vous le pouvez, vous en faites autant. »

596.16

Jésus, qui avait commencé à parler d’une voix douce, a haussé peu à peu le ton et, à la fin de son développement, elle est puissante comme une sonnerie de trompettes.

Juifs et païens sont attentifs. Si les premiers applaudissent Jésus lorsqu’il rappelle les devoirs envers la patrie et qu’il nomme ouvertement par leurs noms les étrangers qui les ont assujettis et fait souffrir, les seconds admirent l’éloquence du discours et se félicitent d’assister à cet exposé digne d’un grand orateur.

Jésus reprend, en baissant de nouveau la voix :

« Je tenais par ces mots à vous rappeler la raison d’être des scribes et des pharisiens. Je vous ai expliqué comment et pourquoi ils se sont assis sur le siège de Moïse, comment et pourquoi ils tiennent des propos qui ne sont pas vains. Faites donc ce qu’ils disent, mais n’imitez pas leurs actes. Car ils demandent que l’on agisse d’une façon qu’eux-mêmes ne mettent pas en pratique. Certes, ils enseignent les lois d’humanité du Pentateuque, mais ils chargent les autres de fardeaux énormes, impossibles à porter, inhumains, alors que, s’agissant d’eux-mêmes, ils ne lèvent pas le petit doigt pour porter ces fardeaux, pas même pour les toucher.

Leur règle de vie, c’est d’être remarqués et applaudis pour leurs œuvres, qu’ils accomplissent de manière à ce qu’on les voie, pour en être loués. Et ils contreviennent à la loi de l’amour, car ils

aiment à se définir comme des êtres à part, ils méprisent ceux qui ne sont pas de leur secte, et ils exigent de leurs disciples le titre de maîtres et un culte qu’eux-mêmes ne rendent pas à Dieu. En ce qui concerne la sagesse et la puissance, ils se prennent pour des dieux. Ils veulent avoir la première place dans le cœur de leurs disciples, au-dessus des parents. Ils prétendent que leur doctrine surpasse celle de Dieu, et ils exigent qu’on la pratique à la lettre, même si elle altère la vraie Loi ; leur doctrine est pourtant inférieure à cette dernière plus que ne l’est cette montagne comparée à la hauteur du grand Hermon qui domine toute la Palestine. Certains d’entre eux sont hérétiques : il en est qui croient, comme les païens, à la réincarnation et à la fatalité ; d’autres nient ce que les premiers admettent et, de fait sinon effectivement, ils refusent ce que Dieu leur a demandé de croire, quand il s’est défini comme le Dieu unique à qui rendre un culte, et quand il a dit que le père et la mère viennent immédiatement après Dieu et, comme tels, ont le droit d’être obéis plus qu’un maître qui n’est pas divin.

Si maintenant je vous dis[8] : “ Celui qui aime son père et sa mère plus que moi, n’est pas digne du Royaume de Dieu ”, ce n’est pas pour vous inculquer l’indifférence envers vos parents : au contraire, vous leur devez respect et soutien, et il n’est pas permis de les priver d’un secours en prétextant : “ C’est l’argent du Temple ”, de leur refuser l’hospitalité en alléguant : “ Ma charge me le défend ”, ou de leur prendre la vie en disant : “ Je te tue parce que tu aimes le Maître. ” Ce que je vous demande, c’est d’avoir pour vos parents l’amour qu’il convient, c’est-à-dire un amour alliant patience, force et douceur, un amour qui sache choisir entre ma Loi et l’égoïsme ou la violence de la famille, et cela sans arriver à la haine pour le parent qui pèche ou afflige en ne vous suivant pas sur le chemin de Vie que je propose. Aimez vos parents, obéissez-leur en tout ce qui est saint. Mais soyez prêts à mourir — non à donner la mort, mais à mourir — s’ils veulent vous amener à trahir la vocation que Dieu a mise en vous d’être les citoyens du Royaume de Dieu que je suis venu former.

596.17

N’imitez pas les scribes et les pharisiens, divisés bien qu’ils affectent d’être unis. Vous, qui êtes des disciples du Christ, soyez vraiment unis. Que les chefs soient pleins de douceur à l’égard des sujets, les sujets pleins de respect envers les chefs, tous unis dans l’amour. Car vous avez le même but : conquérir mon Royaume et être à ma droite au Jugement éternel. Rappelez-vous qu’un royaume divisé n’est plus un royaume et ne peut subsister. Soyez donc unis dans l’amour pour moi et pour ma doctrine. Que l’uniforme du chrétien — tel sera le nom de mes sujets — soit l’amour et l’union, l’égalité entre vous en ce qui concerne les vêtements, la communauté des biens, la fraternité des cœurs. Soyez un pour tous, et tous pour un. Que celui qui possède, donne humblement. Que celui qui n’a rien, accepte humblement et expose avec simplicité ses besoins à ses frères, avec la conviction qu’ils le sont effectivement ; et que les frères écoutent affectueusement les nécessités de leurs frères, se sentant vraiment tels pour eux.

Souvenez-vous que votre Maître a souvent eu faim, froid, qu’il a connu mille autres besoins et privations, et qu’il en a humblement fait part aux hommes, alors qu’il est le Verbe de Dieu. Rappelez-vous que l’homme miséricordieux sera récompensé, ne serait-ce que pour une gorgée d’eau. Rappelez-vous qu’il vaut mieux donner que recevoir. Que ces trois souvenirs aident le pauvre à trouver la force de demander sans se sentir humilié, en considérant que je l’ai fait avant lui, et de pardonner s’il se voit repoussé, en tenant compte du fait que, bien des fois, on a refusé au Fils de l’homme la place et la nourriture que l’on donne au chien qui garde le troupeau. Et que le riche trouve la générosité de partager ses biens, en pensant que le vil argent — ces odieuses richesses que Satan fait rechercher et qui causent les neufs dixièmes des ruines de ce monde — se change, si on le donne par amour, en un trésor immortel dans le Paradis.

596.18

Revêtez-vous de vos vertus. Qu’elles soient grandes, mais connues de Dieu seul. N’imitez pas les pharisiens, qui portent les phylactères les plus larges et les franges les plus longues, aiment les premières places dans les synagogues, attachent une grande importance aux marques de respect sur les places et veulent que le peuple les appelle : “ Rabbi ”. Vous n’avez qu’un seul Maître : le Christ. Vous, qui à l’avenir serez les nouveaux docteurs — c’est à vous que je m’adresse, mes apôtres et mes disciples —, souvenez-vous que moi seul suis votre Maître. Et je le serai encore quand vous ne me verrez plus parmi vous. Car la Sagesse est la seule source d’enseignement. Ne vous faites donc pas appeler maîtres, car vous êtes vous-mêmes des disciples.

N’exigez pas le nom de Père et ne le donnez à personne sur la terre, parce qu’un seul est le Père de tous : votre Père qui est dans les Cieux. Que cette vérité vous inspire la sagesse de vous sentir vraiment tous frères entre vous, aussi bien ceux qui dirigent que ceux qui sont dirigés, et aimez-vous par conséquent comme de bons frères. Et qu’aucun de ceux qui dirigent ne se fasse appeler guide, car il n’y a qu’un seul guide pour vous tous : le Christ.

Que le plus grand d’entre vous soit votre serviteur. Ce n’est pas s’humilier que d’être le serviteur des serviteurs de Dieu : c’est m’imiter, moi qui ai été doux et humble, toujours prêt à faire preuve d’amour pour mes frères en Adam et à les aider par la puissance que j’ai en moi comme Dieu. Et je n’ai pas humilié la divinité en servant les hommes. En effet, le vrai roi est celui qui sait dominer moins les hommes que les passions de l’homme — et en tête de toutes, le sot orgueil. Souvenez-vous : celui qui s’humilie sera exalté, et celui qui s’exalte sera humilié.

596.19

La Femme[9] dont le Seigneur a parlé dans le second livre de la Genèse, la Vierge dont il est question dans Isaïe, la Mère-Vierge de l’Emmanuel, a prophétisé cette vérité des temps nouveaux en chantant : “ Le Seigneur a renversé les puissants de leur trône et il a élevé les humbles. ” La sagesse de Dieu parlait sur les lèvres de celle qui était Mère de la Grâce et Trône de la Sagesse. Et je répète les paroles inspirées qui m’ont loué, uni au Père et à l’Esprit Saint, dans nos œuvres admirables quand, sans offense pour la Vierge, moi, l’Homme, je me formais dans son sein sans cesser d’être Dieu. Que ce soit une règle pour ceux qui veulent enfanter le Christ dans leur cœur et arriver au Royaume du Christ. Pour ceux qui sont orgueilleux, fornicateurs, idolâtres, qui s’adorent eux-mêmes et leur propre volonté, il n’y aura pas de Jésus Sauveur, pas de Christ Seigneur, et il n’y aura pas de Royaume des Cieux.

596.20

Donc malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui croyez pouvoir fermer par vos sentences impraticables — si elles étaient confirmées par Dieu, ce serait réellement des serrures inviolables pour la majorité des hommes — qui croyez pouvoir fermer le Royaume des Cieux à la face des hommes qui élèvent leur esprit vers lui pour trouver de la force dans leur pénible journée terrestre ! Malheur à vous qui n’y entrez pas, qui ne voulez pas y entrer, car vous n’accueillez pas la Loi du Royaume des Cieux et n’y laissez pas entrer les autres, qui se tiennent devant cette porte que vous, par votre intransigeance, renforcez par des verrous que Dieu n’y a pas mis.

Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui dévorez le bien des veuves sous prétexte de faire de longues prières. Vous en serez sévèrement jugés !

Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui allez par terre et par mer pour faire un seul prosélyte en dépensant des biens qui ne vous appartiennent pas, et, quand vous l’avez, le rendez fils de l’enfer, deux fois pire que vous !

Malheur à vous, guides aveugles, qui dites : “ Si quelqu’un jure par le Temple, son serment ne vaut rien, mais s’il jure par l’or du Temple, il reste lié par son serment. ” Sots et aveugles que vous êtes ! Qu’est-ce qui compte le plus : l’or, ou le Temple qui sanctifie l’or ? Vous prétendez : “ Si quelqu’un jure par l’autel, son serment ne vaut rien, mais s’il jure par l’offrande posée sur l’autel, alors son serment est valide, et il reste lié par son serment. ” Aveugles ! Qu’y a-t-il de plus grand : l’offrande, ou l’autel qui sanctifie l’offrande ? L’homme qui jure par l’autel jure par lui et par tout ce qui est posé dessus, celui qui jure par le Temple jure par lui et par Celui qui l’habite, et celui qui jure par le Ciel jure par le Trône de Dieu et par Celui qui y est assis.

Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui payez la dîme de la menthe et de la rue, de l’anis et du cumin, mais négligez les préceptes les plus graves de la Loi : la justice, la miséricorde et la fidélité. Ce sont elles, les vertus qu’il fallait avoir, sans laisser de côté les détails moins importants !

Guides aveugles, qui filtrez les boissons de crainte de vous contaminer en avalant un moucheron qui s’est noyé, et ensuite avalez un chameau sans vous croire impurs pour autant. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui lavez l’extérieur de la coupe et du plat, mais qui êtes intérieurement remplis de rapines et d’immondices. Pharisien aveugle, lave d’abord l’intérieur de ta coupe et de ton assiette, de façon que l’extérieur aussi devienne propre.

Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui volez dans les ténèbres comme des oiseaux de nuit pour accomplir vos œuvres de péché ou négociez de nuit avec les païens, les voleurs et les traîtres, et ensuite, le matin, après avoir effacé les signes de vos marchés occultes, montez au Temple, bien vêtus.

Malheur à vous, qui enseignez les lois de la charité et de la justice contenues dans le Lévitique, et qui êtes ensuite avides, voleurs, fourbes, calomniateurs, tyranniques, injustes, vindicatifs, haineux jusqu’à en venir à abattre celui qui vous gêne — même s’il est de votre sang —, à répudier la vierge devenue votre épouse, à répudier les enfants que vous avez eus d’elle parce que ce sont des infirmes, et à accuser d’adultère ou de maladie impure votre femme qui ne vous plaît plus, pour être débarrassés d’elle. C’est vous qui êtes rendus impurs par votre cœur libidineux, même si vous ne paraissez pas tels aux yeux des gens qui ne connaissent pas vos débauches. Vous êtes comme des sépulcres blanchis, qui semblent beaux du dehors, mais qui à l’intérieur sont remplis d’ossements de morts et de pourriture. Il en est autant de vous. Oui, c’est la même chose ! Du dehors, vous paraissez justes, mais à l’intérieur vous êtes remplis d’hypocrisie et d’iniquité.

Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui élevez des tombeaux somptueux aux prophètes et embellissez les tombes des justes en alléguant : “ Si nous avions vécu au temps de nos pères, nous n’aurions pas été complices de ceux qui ont versé le sang des prophètes, et nous n’y aurions pas participé. ” Ainsi vous témoignez contre vous que vous êtes les descendants de ceux qui ont tué vos prophètes. A votre tour, du reste, vous comblez la mesure de vos pères… O serpents, race de vipères, comment échapperez-vous à la condamnation de la Géhenne ?

596.21

C’est pour cette raison que je vous dis, moi qui suis la Parole de Dieu : Moi, Dieu, je vous enverrai de nouveaux prophètes, sages et scribes. Vous en tuerez certains, vous en crucifierez d’autres, vous en flagellerez dans vos tribunaux, dans vos synagogues, hors de vos murs, vous les poursuivrez de ville en ville, jusqu’à ce que retombe sur vous tout le sang des justes répandu sur la terre, de celui d’Abel[10] à celui de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre l’atrium et l’autel parce que, par amour pour vous, il vous avait rappelé votre péché afin que vous vous en repentiez et que vous reveniez au Seigneur.

C’est ainsi. Vous haïssez ceux qui veulent votre bien et vous invitent par amour sur les voies de Dieu.

En vérité, je vous dis que tout cela est sur le point d’arriver, le crime et ses conséquences. En vérité, je vous dis que tout cela s’accomplira sur cette génération.

Oh ! Jérusalem ! Jérusalem ! Jérusalem, toi qui lapides ceux qui te sont envoyés et qui tues tes prophètes ! Combien de fois j’ai voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et tu n’as pas voulu !

Maintenant, écoute, Jérusalem ! Ecoutez tous, vous qui me haïssez et haïssez tout ce qui vient de Dieu. Ecoutez, vous qui m’aimez et qui serez entraînés dans le châtiment réservé aux persécuteurs des envoyés de Dieu. Et écoutez vous aussi, vous qui, sans appartenir à ce peuple, êtes attentifs à mes paroles et désirez savoir qui est celui qui vous parle et qui prédit sans avoir besoin d’étudier le vol ou le chant des oiseaux, ni les phénomènes célestes ou les viscères des animaux sacrifiés, ni la flamme et la fumée des holocaustes, puisque tout ce qui doit advenir est présent pour celui qui vous parle. “ Votre maison sera désertée. Moi je vous annonce, déclare le Seigneur, que vous ne me verrez plus jusqu’à ce que vous disiez, vous aussi[11] : “ Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. ” »

596.22

Jésus a chaud, il est visiblement exténué, à la fois en raison de son discours prolongé et tonitruant, et à cause de la chaleur étouffante de cette journée sans vent. Bloqué contre le mur par une multitude, observé par des milliers d’yeux, sentant toute la haine de ceux qui l’écoutent sous les portiques de la Cour des Païens, et tout l’amour — ou du moins l’admiration — qui l’entoure, sans souci du soleil qui tombe sur les dos et les visages rougis et en sueur, il paraît vraiment épuisé. Comme il a besoin de réconfort, il le cherche auprès de ses apôtres et des soixante-douze disciples qui, comme autant de coins, se sont frayé lentement un passage dans la foule et sont arrivés au premier rang, pour former une barrière d’amour fidèle autour de lui.

Il leur dit :

« Sortons du Temple et allons au grand air, sous les arbres. J’ai besoin d’ombre, de silence et de fraîcheur. En vérité, je vous dis que ce lieu semble déjà brûler du feu de la colère céleste. »

Ils lui ouvrent la voie, non sans mal, et peuvent ainsi sortir par la porte la plus proche, où Jésus s’efforce vainement d’en congédier un grand nombre. Mais ils veulent le suivre à tout prix.

596.23

Les disciples, pendant ce temps, examinent le cube du Temple, qui étincelle au soleil de midi, et Jean d’Ephèse fait observer au Maître la puissance de l’édifice :

« Regarde ces pierres et ces constructions !

–Et pourtant, il n’en restera pas pierre sur pierre, dit Jésus.

– Non ? Quand ? Comment ? » demandent plusieurs.

Mais Jésus ne répond pas.

Après être descendu du mont Moriah, il sort de la ville en passant par Ophel et par la porte d’Ephraïm ou du Fumier. Puis il se réfugie d’abord au cœur des jardins du roi — c’est-à-dire tant que ceux qui, sans être apôtres ni disciples, se sont obstinés à le suivre, et s’en vont lentement quand Manahen, qui a fait ouvrir le lourd portail, se présente, l’air imposant, pour lancer à la ronde :

« Partez. Seuls entreront ici ceux que j’y autorise. »

Ombre, silence, parfums de fleurs, arômes de camphre et d’œillets, de cannelle, de lavande et de mille autres plantes odorantes, et bruissements de ruisseaux, certainement alimentés par les sources et citernes voisines, sous des galeries de feuillages, gazouillis d’oiseaux, font de cet endroit un lieu de repos paradisiaque. La ville semble éloignée de plusieurs milles, avec ses rues étroites, assombries par les arcades ou ensoleillées jusqu’à en être éblouissantes, avec ses odeurs et ses puanteurs d’égouts qui ne sont pas toujours nettoyés, et des rues parcourues par trop de quadrupèdes pour être propres, surtout celles d’importance secondaire.

596.24

Le gardien des jardins doit très bien connaître Jésus[12], car il le salue avec un respect mêlé de familiarité, et Jésus lui demande des nouvelles de sa femme et de ses enfants.

L’homme aurait voulu accueillir Jésus chez lui, mais le Maître préfère la paix fraîche, reposante, du vaste jardin du roi, un vrai parc de délices. Et avant que les deux serviteurs de Lazare, toujours aussi infatigables et dévoués, partent chercher les paniers de nourriture, Jésus leur dit :

« Dites à vos maîtresses de venir. Nous resterons ici quelques heures avec ma Mère et les femmes disciples fidèles ; ce sera si doux…

– Tu es très fatigué, Maître ! Ton visage le montre, remarque Manahen.

– Oui, au point que je n’ai pas eu la force d’aller plus loin.

– Mais je t’avais proposé ces jardins plusieurs fois, ces dernier jours. Tu sais combien je suis heureux de pouvoir t’offrir paix et réconfort !

– Je le sais, Manahen.

– Et hier, tu as voulu aller dans ce triste lieu dont les abords sont si arides, si étrangement dépouillés de toute végétation, cette année ! Un endroit si proche de cette triste porte !

– J’ai voulu faire plaisir à mes apôtres. Ce sont des enfants, au fond, de grands enfants. Vois, là-bas, comme ils se restaurent gaiement !… Ils oublient tout de suite ce qui se trame contre moi à l’intérieur de ces murs…

– Ils oublient également ton affliction… Mais il ne semble pas qu’il y ait lieu de s’alarmer. L’endroit me semblait plus dangereux d’autres fois. »

Jésus le regarde en silence. Que de fois je vois Jésus regarder et se taire ainsi, ces derniers temps !

Puis il se met à observer les apôtres et les disciples. Ils ont enlevé leurs couvre-chefs, leurs manteaux et leurs sandales pour se rafraîchir le visage et les membres dans les frais ruisselets, imités par plusieurs des soixante-douze disciples ; ceux-ci sont maintenant beaucoup plus nombreux, je crois, et, tous fraternellement unis par leur idéal, ils s’allongent çà et là pour se délasser, un peu à part pour laisser Jésus se reposer tranquillement.

Manahen aussi se retire pour le laisser en paix. Tous respectent le repos du Maître, extrêmement fatigué. Il s’est réfugié sous une tonnelle de jasmins en fleurs qui fait office de cabane, isolée par un circuit d’eau qui court en bruissant dans un petit canal où plongent herbes et fleurs. C’est un vrai havre de paix auquel on accède par un petit pont large de deux paumes et long de quatre, avec une balustrade fleurie par toute une guirlande de corolles de jasmins.

596.25

Les serviteurs reviennent avec plusieurs autres, car Marthe a voulu pourvoir aux besoins de tous les serviteurs du Seigneur, et ils annoncent que leurs maîtresses ne vont pas tarder à venir.

Jésus fait appeler Pierre :

« Avec mon frère Jacques, bénis, offre et distribue comme je le fais.

– Distribuer oui, mais pas bénir, Seigneur. C’est à toi qu’il revient d’offrir et de bénir, pas à moi.

– Quand tu étais à la tête de tes compagnons, loin de moi, ne le faisais-tu pas ?

– Si. Mais alors… j’y étais obligé. En ce moment, tu es avec nous, et c’est toi qui bénis. Tout me paraît meilleur, quand c’est toi qui offres pour nous et distribues… »

A ce mots, le fidèle Simon étreint son Jésus, assis épuisé dans cette ombre, et il penche la tête sur ses épaules, heureux de pouvoir le serrer et l’embrasser ainsi…

Jésus se lève et lui fait ce plaisir. Il s’avance vers les disciples, offre la nourriture, la bénit, la partage, les regarde manger avec plaisir et leur dit :

« Dormez ensuite, reposez-vous pendant que c’est l’heure, et pour que vous puissiez veiller et prier quand vous aurez besoin de le faire ; ainsi la fatigue et l’épuisement n’accableront pas de sommeil vos yeux et votre esprit quand il sera nécessaire que vous soyez dispos et bien éveillés.

– Tu ne restes pas avec nous ? Tu ne manges rien ?

– Laissez-moi me reposer. C’est de cela seulement que j’ai besoin. Mangez, mangez ! »

Il caresse en passant ceux qu’il trouve sur son chemin, et revient à sa place…

596.26

Douce, suave est la venue de Marie auprès de son Fils. Elle s’avance avec assurance, car Manahen, qui est moins fatigué que les autres, a veillé à côté du portail et lui indique l’endroit où se trouve Jésus.

Les autres femmes — il y a toutes les disciples hébraïques et la seule Valéria comme Romaine — s’arrêtent quelque temps en silence pour ne pas réveiller les disciples, qui dorment à l’ombre des arbre, et ressemblent à des brebis allongées dans l’herbe. C’est l’heure de sexte.

Marie entre sous la tonnelle de jasmins sans faire crisser le petit pont de bois ni le gravier du sol et, avec encore plus de précautions, elle s’approche de son Fils qui, vaincu par la fatigue, s’est endormi. Sa tête est posée sur une table de pierre qui se trouve là, et son bras gauche lui sert d’oreiller sous son visage caché par ses cheveux. Marie s’assied patiemment près de son Fils fatigué. Elle le contemple… longuement… et elle a un sourire douloureux et affectueux, tandis que des larmes tombent sans bruit sur son sein. Mais si ses lèvres sont closes et muettes, son cœur prie avec toute la force qu’il possède ; la puissance de cette prière et de sa souffrance est trahie par ses mains jointes sur ses genoux, serrées, croisées pour ne pas trembler et pourtant secouées d’un léger tremblement. Ces mains ne se disjoignent que pour chasser quelque mouche importune qui veut se poser sur le dormeur et pourrait l’éveiller.

C’est la Mère qui veille son Fils, le dernier sommeil de son Fils qu’elle puisse veiller. Le visage de Marie, en ce mercredi pascal, est différent de celui du jour de la naissance du Seigneur, car la douleur le rend pâle et déprime ses traits ; mais c’est la même pureté du regard affectueux, le même soin tremblant qu’elle avait quand, penchée sur la crèche de Bethléem, elle protégeait de son amour le premier sommeil inconfortable de son Enfant.

Jésus fait un mouvement et Marie essuie rapidement ses yeux pour ne pas montrer ses larmes à son Fils. Mais Jésus ne s’est pas réveillé, il a seulement changé de position, pour se tourner de l’autre côté, et Marie, reprenant son immobilité, continue à le veiller.

596.27

Mais quelque chose brise le cœur de Marie. C’est d’entendre son Jésus pleurer en dormant et, dans un murmure confus — car il parle la bouche serrée contre son bras et son vêtement —, il nomme Judas…

Marie se lève, s’approche, se penche sur son Fils. Elle suit ce murmure confus, les mains pressant son cœur. Le soliloque de Jésus, interrompu par moments, mais pas au point qu’on ne puisse le suivre, fait comprendre qu’il rêve le présent, le passé et l’avenir, jusqu’à ce qu’il se réveille en sursaut comme pour fuir quelque chose d’horrible. Mais il trouve la poitrine de sa Mère, les bras de sa Mère, le sourire de sa Mère, la douce voix de sa Mère, ses baisers, ses caresses et son voile passé légèrement sur son visage pour essuyer ses larmes et sa sueur en disant :

« Tu n’allais pas très bien et tu rêvais… Tu es fatigué et tout en sueur, mon Fils. »

Elle lui peigne ses cheveux en désordre, lui essuie le visage et le tient enlacé, appuyé sur son cœur, puisqu’elle ne peut le prendre sur ses genoux comme quand il était petit.

Jésus lui sourit :

« Tu es toujours la Mère. Celle qui console. Celle qui dédommage de tout. Ma Mère ! »

Il la fait asseoir auprès de lui, et lui abandonne sa main, posée sur ses genoux. Marie prend cette longue main, si distinguée et pourtant si robuste, d’artisan, dans ses petites mains, elle en caresse les doigts et le dos, en lissant les veines qui s’étaient gonflées pendant qu’elle pendait durant le sommeil. Elle essaie de le distraire…

596.28

« Nous sommes venues. Nous sommes toutes là, même Valéria. Les autres sont à l’Antonia. C’est Claudia qui les a demandées : “ elle est profondément triste ”, a confié son affranchie. Elle dit, je ne sais pour quelle raison, qu’elle présage beaucoup de larmes. Superstitions !… Seul Dieu connaît l’avenir…

– Où sont les femmes ?

– Elles sont là, à l’entrée des jardins. Marthe a voulu te préparer des plats solides et des boissons rafraîchissantes en pensant à ton épuisement. Mais moi, regarde : tu aime toujours cela, et je t’en ai apporté. C’est ma contribution. C’est meilleur, car cela vient de ta Maman. »

Elle lui montre du miel et une petite fouace de pain sur laquelle elle l’étend pour le donner à son Fils :

« Comme à Nazareth, lorsque tu prenais un peu de repos à l’heure la plus étouffante, et que tu avais si chaud à ton réveil : je venais alors de la grotte fraîche t’apporter cette collation… »

Elle s’arrête, car sa voix tremble.

Son Fils la regarde, et dit :

« Et quand Joseph était là, tu apportais la collation pour deux, ainsi que l’eau froide de la jarre poreuse, que tu avais gardée dans le courant pour qu’elle soit plus fraîche… Tu y mettais des tiges de menthe sauvage pour augmenter cette impression de fraîcheur… Que de menthe il y avait sous les oliviers ! Et que d’abeilles sur les fleurs de la menthe ! Notre miel avait toujours un peu ce parfum… »

Il pense… il se souvient…

« Nous avons vu Alphée, sais-tu ? Joseph s’est attardé parce qu’il avait un enfant un peu malade. Mais demain, il sera certainement ici avec Simon. Salomé, femme de Simon, garde notre maison et celle de Marie.

596.29

– Maman, quand tu seras seule, avec qui resteras-tu ?

– Avec qui tu diras, mon Fils. Je t’ai obéi, avant même de t’avoir, mon Jésus. Je continuerai à le faire après ton départ. »

Sa voix tremble, mais elle a sur ses lèvres un sourire héroïque.

« Toi, tu sais obéir. Quel repos d’être avec toi ! Car, tu vois, Maman ? Le monde ne peut comprendre, mais je trouve mon repos auprès de ceux qui obéissent… Oui, Dieu se repose auprès des obéissants. Dieu n’aurait pas eu à souffrir, à se fatiguer, si la désobéissance[13] n’était pas entrée dans le monde. Tout arrive parce qu’on n’obéit pas. De là vient la souffrance du monde… De là vient notre douleur.

– Mais aussi notre paix, Jésus. Car nous savons que notre obéissance console l’Eternel. Ah ! quelle importance cette pensée revêt pour moi ! Il m’est accordé, à moi, une créature, de consoler mon Créateur !

– Oh ! Joie de Dieu ! Tu ne sais pas, toi notre joie, ce qu’est pour Nous la parole que tu viens de dire ! Elle dépasse les harmonies des chœurs célestes… Bénie, bénie sois-tu, toi qui m’enseignes l’ultime obéissance et me la rends, par cette pensée, si agréable à accomplir !

– Tu n’as pas besoin que je t’instruise, mon Jésus. J’ai tout appris de toi.

– L’homme Jésus a tout appris de Marie de Nazareth.

– C’était ta lumière qui jaillissait de moi, la Lumière que tu es et qui venait à la Lumière éternelle anéantie sous forme humaine…

596.30

Les frères de Jeanne m’ont rapporté ton discours. Ils étaient remplis d’admiration. Tu as été courageux avec les pharisiens…

– C’est l’heure des suprêmes vérités, Maman. Pour eux, elles restent des vérités mortes, mais pour les autres ce seront des vérités vivantes. Et je dois mener mon dernier combat, par les armes de l’amour et de la rigueur, pour les arracher au Mal.

– C’est vrai. Ils m’ont raconté que Gamaliel, qui se tenait avec les autres dans une des salles des portiques, a lancé, à la fin, alors que beaucoup étaient irrités : “ Quand on ne veut pas s’attirer de reproches, on agit en homme juste ! ” Et il est parti après cette observation.

– Cela me fait plaisir que le rabbi m’ait entendu. Qui te l’a dit ?

– Lazare. Et c’est Eléazar, qui était présent dans la salle avec les autres, qui le lui a raconté. Lazare est venu à sexte. Il a salué, et il est reparti sans écouter ses sœurs, qui voulaient le retenir jusqu’au couchant. Il a demandé que l’on envoie Jean, ou d’autres, pour chercher les fruits et les fleurs qui seront juste à point.

– J’enverrai Jean, demain.

– Lazare vient tous les jours. Mais Marie se fâche, elle dit qu’il ressemble à une apparition. Il monte au Temple, vient, donne ses ordres et repart.

– Lazare aussi sait obéir. C’est moi qui l’en ai prié, car on cherche à le capturer lui aussi. Mais n’en parle pas à ses sœurs. Il ne lui arrivera rien.

596.31

Maintenant, allons trouver les disciples.

– Ne bouge pas. Je vais les appeler. Les disciples somnolent tous…

– Nous les laisserons dormir. La nuit, ils dorment peu, car je les instruis dans la paix de Gethsémani. »

Marie sort et revient avec les femmes, qui semblent n’avoir plus de poids, tant leur démarche est légère.

Elles le saluent avec de profondes marques de respect, et seule Marie, femme de Cléophas, se montre quelque peu familière. Marthe tire d’une grande bourse une amphore poreuse, tandis que Marie sort d’un vase, poreux lui aussi, des fruits frais venus de Béthanie et les dispose sur la table à côté de ce qu’a préparé sa sœur, c’est-à-dire un pigeon grillé sur la flamme, croquant, appétissant. Elle prie Jésus d’y goûter :

« Mange, cette viande est nourrissante. C’est moi qui l’ai préparée. »

Jeanne, de son côté, a apporté du vinaigre rosé. Elle explique :

« II rafraîchit bien, en ces premières chaleurs. Mon époux s’en sert quand il est fatigué, au cours de ses longues chevauchées.

– Nous n’avons rien » disent pour s’excuser Marie Salomé, Marie, femme de Cléophas, Suzanne et Elise.

A leur tour, Nikê et Valéria interviennent :

« Nous non plus. Nous ne savions pas que nous devions venir.

– Vous m’avez donné tout votre cœur. Cela me suffit. Et vous me donnerez encore… »

Il mange les fruits frais, mais surtout il boit la fraîche eau miellée que Marthe lui verse de l’amphore poreuse. C’est un vrai réconfort pour l’Epuisé.

Les femmes ne parlent guère. Elles le regardent se restaurer. Leurs yeux trahissent amour et inquiétude. A l’improviste, Elise se met à pleurer, et elle s’en excuse en disant :

« Je ne sais pas pourquoi, j’ai le cœur envahi de tristesse…

– Nous partageons toutes ce sentiment, même Claudia dans son palais… confie Valéria.

– Je voudrais que ce soit déjà la Pentecôte, murmure Salomé.

– Moi, au contraire, je voudrais arrêter le temps à cette heure, lance Marie de Magdala.

– Tu serais égoïste, Marie, lui répond Jésus.

– Pourquoi, Rabbouni ?

– Parce que tu voudrais pour toi seule la joie de ta rédemption. Il y a des millions d’êtres humains qui attendent cette heure, ou qui seront rachetés grâce à cette heure.

– C’est vrai, je n’y pensais pas… »

Elle penche la tête en se mordant les lèvres pour ne pas faire voir les larmes qui coulent de ses yeux et le tremblement de sa bouche. Mais son naturel courageux et combattant reprend le dessus, et elle poursuit :

« Si tu viens demain, tu pourras prendre le vêtement que tu as envoyé. Il est frais et propre, digne du repas pascal.

– Je viendrai… »

Avec un bon sourire, Il les invite à parler :

596.32

« Vous n’avez rien à me dire ? Vous êtes muettes et tristes. Ne suis-je plus Jésus ?… »

« Oh ! c’est toi ! Mais tu es si grand, ces derniers jours, que je n’arrive plus à te voir comme le bébé que j’ai porté dans mes bras, s’écrie Marie, femme d’Alphée.

– Et moi comme le simple rabbi qui entrait dans ma cuisine pour chercher Jean et Jacques, dit Salomé.

– Moi, je t’ai toujours connu ainsi : le Roi de mon âme ! » proclame Marie de Magdala.

Et Jeanne, pleine d’une douce suavité :

« Pour moi aussi, tu as toujours été divin, depuis le songe où tu m’es apparu, à l’heure de ma mort, pour m’appeler à la vie.

– Tu nous as tout donné, Seigneur. Tout ! soupire Elise, qui a repris son calme.

– Et vous m’avez tout donné

– Trop peu ! protestent-elles toutes.

– Le don ne cesse pas après cette heure. Il cessera seulement quand vous serez avec moi dans mon Royaume, mes disciples fidèles. Vous ne siégerez pas à mes côtés, sur les douze trônes pour juger les douze tribus d’Israël, mais vous chanterez hosanna avec les anges, pour faire un chœur d’honneur à ma Mère. Alors, comme aujourd’hui, le cœur du Christ trouvera sa joie à vous contempler.

– Moi, je suis jeune ! Il me faudra du temps pour monter à ton Royaume. Heureuse Annalia ! s’exclame Suzanne.

– Moi, je suis vieille et heureuse de l’être. J’espère que pour moi la mort sera proche, dit Elise.

– Moi, j’ai des fils… Je voudrais les servir, ces serviteurs de Dieu ! soupire Marie, femme de Cléophas.

– Ne nous oublie pas, Seigneur ! » lance Marie-Madeleine avec une angoisse contenue, je dirais avec un cri de son âme, tant sa voix, qu’elle contient pour ne pas éveiller les dormeurs, a une force plus vibrante qu’un cri.

– Je ne vous oublierai pas. Je viendrai. Toi, Jeanne, tu sais que je peux venir même si je suis très loin… Les autres doivent le croire. Et je vous laisserai quelque chose… un mystère qui me gardera en vous et vous en moi, jusqu’à ce que nous soyons, vous et moi, réunis dans le Royaume de Dieu.

596.33

Maintenant, partez. Vous allez dire que je ne vous ai guère parlé, qu’il était presque inutile de vous faire venir pour si peu. Mais j’ai désiré avoir autour de moi des cœurs qui m’ont aimé sans calcul. Pour moi. Pour moi, Jésus, et non pour le futur Roi d’Israël que l’on rêve. Allez. Et soyez bénies une fois de plus, de même que celles qui ne sont pas ici, mais qui pensent à moi, avec amour : Anne, Myrta, Anastasica, Noémi, et Syntica qui est si loin, ou encore Photinaï, Aglaé et Sarah, Marcelle, les filles de Philippe, Myriam — la fille de Jaïre —, les vierges, les rachetées, les épouses, les mères qui sont venues vers moi, qui ont été pour moi des sœurs et des mères, bien meilleures que les meilleurs des hommes… Toutes, toutes ! Je les bénis toutes. La grâce commence déjà à descendre sur la femme, la grâce et le pardon, par cette bénédiction que je vous donne. Allez… »

Mais, s’il les congédie, il retient un instant sa Mère :

« Avant ce soir, je serai au palais de Lazare. J’ai besoin de te voir encore. Jean sera avec moi. Mais je ne veux que toi, Mère, et les autres Marie, Marthe et Suzanne. Je suis tellement fatigué…

– Il n’y aura que nous. Adieu, mon Fils… »

Ils s’embrassent, ils se séparent… Marie part lentement. Elle se retourne avant de sortir. Elle se retourne avant de quitter le petit pont. Elle se retourne encore tant qu’elle peut voir Jésus… C’est à croire qu’elle ne peut s’éloigner de lui…

596.34

Jésus est de nouveau seul. Il se lève, sort, va appeler Jean qui dort à plat ventre parmi les fleurs comme un enfant, et il lui confie la petite amphore de vinaigre rosé, que Jeanne lui a apporté, en lui annonçant :

« Nous irons ce soir chez ma Mère, mais nous deux seuls.

– J’ai compris. Elles sont venues ?

– Oui. J’ai préféré ne pas vous réveiller…

– Tu as bien fait. Ta joie aura été plus grande. Elles savent t’aimer mieux que nous… dit Jean, éploré.

– Viens avec moi. »

Jean le suit.

« Qu’as-tu ? lui demande Jésus quand ils sont de nouveau dans la pénombre verte de la tonnelle où il reste de la nourriture.

– Maître, nous sommes tous très mauvais. Il n’y a pas d’obéissance en nous… ni de désir de rester avec toi. Même Pierre et Simon le Zélote se sont éloignés, je ne sais où. Et Judas y a trouvé l’occasion d’une querelle.

– Judas aussi est parti ?

– Non, Seigneur. Il prétend qu’il n’en a pas besoin, que lui n’a pas de complices dans les manigances que nous faisons pour essayer de t’obtenir des protections. Mais si je suis allé chez Hanne, si d’autres sont allés trouver des Galiléens qui résident ici, ce n’est pas pour faire du mal !… Et je ne crois pas que Pierre et Simon soient des hommes capables de manèges équivoques…

– N’y prête pas attention. En effet, Judas n’a pas besoin de partir pendant que vous vous reposez. Lui sait quand et où aller pour accomplir tout ce qu’il doit faire.

– Dans ce cas, pourquoi parle-t-il ainsi ? Ce n’est pas bien devant les disciples !

– Ce n’est pas bien, mais c’est ainsi.

596.35

Sois tranquille, toi, mon agneau.

– Moi, ton agneau ? C’est toi, le seul Agneau !

– Oui, toi. Je suis l’Agneau de Dieu, et toi l’agneau de l’Agneau de Dieu.

– Oh ! Une autre fois, dans les premiers jours où j’étais avec toi, tu m’as déjà dit cela. Nous étions seuls tous les deux, comme en cet instant, dans la verdure comme maintenant. C’était la belle saison. »

Ce souvenir réjouit Jean. Et il murmure :

« Je suis toujours, encore l’agneau de l’Agneau de Dieu… »

Jésus lui fait une caresse, et il lui offre un morceau du pigeon rôti resté sur la table, enveloppé d’une feuille de parchemin. Il ouvre ensuite des figues succulentes et les lui tend, joyeux de le voir manger.

Jésus s’est assis de travers sur le bord de la table et il regarde Jean avec une telle intensité que ce dernier lui demande :

« Pourquoi me regardes-tu ainsi ? Parce que je dévore comme un glouton ?

– Non. Parce que tu es comme un enfant… Ah ! mon bien-aimé ! Comme je t’aime pour ton cœur ! »

Jésus s’incline pour baiser les cheveux blonds de l’apôtre, et il lui dit :

« Reste toujours le même, sans orgueil ni amertume dans le cœur, même aux heures où la férocité se déchaînera. N’imite pas les pécheurs, mon enfant. »

596.36

Jean est repris par sa peine :

« Je ne peux pas croire que Simon et Pierre…

– Tu te tromperais, en vérité, si tu les croyais pécheurs. Bois. C’est une bonne et fraîche boisson. C’est Marthe qui l’a préparée… Maintenant, tu t’es restauré. Je suis certain que tu n’avais pas fini ton repas…

– C’est vrai. Les larmes m’étaient venues aux yeux. Car tant que c’est le monde qui nous hait, on comprend. Mais que l’un de nous insinue…

– N’y pense plus. Toi et moi, nous savons que Pierre et Simon sont honnêtes. Et cela suffit. Et tu sais que, malheureusement, Judas est pécheur. Mais garde le silence. Après bien des lustres, quand il sera juste de dire toute la profondeur de ma douleur, tu raconteras les souffrances que m’ont values les actes de cet homme, en plus de ceux de l’apôtre. Allons. Il est temps de quitter cet endroit pour nous rendre au camp des Galiléens et…

– Allons-nous aussi passer cette nuit là-bas ? Et auparavant, allons-nous à Gethsémani ? Judas voulait le savoir. Il dit en avoir assez de dormir sous la rosée, et de devoir prendre un repos si court et si inconfortable.

– Ce sera bientôt fini. Mais je ne vais pas confier à Judas mes intentions…

– Tu n’y es pas tenu. C’est toi qui dois nous guider, et non pas nous qui devons te guider. »

Jean est si éloigné de trahir qu’il ne comprend même pas la raison de prudence pour laquelle, depuis quelques jours, Jésus n’annonce jamais ce qu’il compte faire.

596.37

Les voilà au milieu des dormeurs. Ils les appellent. Ils se réveillent. De son côté, Manahen, une fois sa tâche accomplie, s’excuse auprès du Maître de ne pouvoir rester, et de ne pas l’accompagner le lendemain près de lui au Temple; car il est retenu au palais. Et en disant cela, il regarde fixement Pierre et Simon, qui entre-temps sont de retour ; Pierre fait un signe rapide de la tête, comme pour dire : “ Compris. ”

Ils sortent du jardin. Il fait encore chaud. Le soleil baisse, mais déjà la brise du soir tempère la chaleur et pousse quelques petits nuages dans le ciel pur.

Ils montent par Siloan, en évitant les lieux fréquentés par les lépreux, du moins ceux qui restent et qui n’ont pas su croire en Jésus. Simon le Zélote va leur apporter les restes de leur repas.

596.38

Matthias, l’ex berger, s’approche de Jésus :

« Mon Seigneur et Maître, j’ai beaucoup réfléchi avec mes compagnons à tes paroles, jusqu’au moment où la fatigue nous a pris ; nous nous sommes endormis avant d’avoir pu trouver une réponse aux questions que nous nous posions. Nous voilà maintenant plus sots qu’avant. Si nous avons bien compris les discours de ces derniers jours, tu as prédit que beaucoup de choses allaient être modifiées, bien que la Loi reste inchangée ; tu as dit aussi que l’on devra édifier un nouveau Temple, avec de nouveaux prophètes, sages et scribes, contre lequel on livrera bataille, et qui ne mourra pas, alors que celui-ci, toujours si j’ai bien compris, paraît destiné à périr.

– Il est effectivement destiné à périr. Rappelle-toi la prophétie[14] de Daniel…

– Mais nous, pauvres et peu nombreux comme nous le sommes, comment pourrons-nous l’édifier à nouveau, alors que les rois ont eu du mal à bâtir celui-ci ? Où le construirons-nous ? Pas ici, puisque tu dis que ce lieu restera désert jusqu’à ce qu’ils te bénissent comme envoyé par Dieu.

– C’est bien cela.

– Pas dans ton Royaume. Nous sommes convaincus que ton Royaume est spirituel. Alors comment et où l’établirons-nous ? Tu as dit hier que, lorsqu’ils croiront avoir détruit le vrai Temple — celui-ci n’est donc pas le vrai ? —, ce sera alors qu’il montera triomphant vers la vraie Jérusalem. Où est celle-ci ? Il y a en nous beaucoup de confusion.

– Il en est ainsi. Que les ennemis détruisent donc le vrai Temple. En trois jours, je le relèverai, et il ne connaîtra plus de menace, car il s’élèvera là où l’homme ne peut lui nuire.

596.39

En ce qui concerne le Royaume de Dieu, il est en vous et partout où des hommes croient en moi. Eparpillé pour le moment, il se répandra sur la terre au cours des siècles. Puis il sera éternel, uni, parfait au Ciel. C’est là, dans le Royaume de Dieu, que sera édifié le nouveau Temple, c’est-à-dire là où sont les esprits qui acceptent ma doctrine, la doctrine du Royaume de Dieu, et mettent ses préceptes en pratique.

Comment sera-t-il édifié si vous êtes pauvres et peu nombreux ? Ah ! en vérité, il n’est pas besoin d’argent ni de puissances pour construire l’édifice de la nouvelle demeure de Dieu, individuelle ou collective. Le Royaume de Dieu est en vous. Et l’union de tous ceux qui auront le Royaume de Dieu en eux, de tous ceux qui auront Dieu en eux (Dieu comme grâce, vie, lumière, charité) constituera le grand Royaume de Dieu sur la terre, la nouvelle Jérusalem qui s’étendra jusqu’aux limites du monde et qui, complète et parfaite, sans imperfection, sans ombres, vivra éternellement au Ciel.

Comment ferez-vous pour édifier Temple et cité ? Ce n’est pas vous, mais Dieu qui s’en chargera. Il vous suffit de faire preuve de bonne volonté. C’est faire preuve de bonne volonté que de rester en moi, de vivre ma doctrine, de rester unis. Soyez-moi unis jusqu’à constituer un seul corps dont tous les éléments, même les plus petits, soient nourris par une même humeur. Ce sera un unique édifice reposant sur une base unique et gardé dans l’unité par une cohésion mystique. Mais, sans l’aide du Père, que je vous ai enseigné à prier et que je prierai pour vous avant de mourir, vous ne pourriez rester dans la Charité, dans la Vérité, dans la Vie, c’est-à-dire encore en moi et avec moi en Dieu Père et en Dieu Amour — car nous sommes une unique Divinité –. C’est pourquoi je vous recommande d’avoir Dieu en vous pour pouvoir être le Temple qui ne connaîtra pas de fin. De vous-mêmes, vous ne pourriez rien faire. Si ce n’est pas Dieu qui édifie — et il ne peut édifier là où il ne peut établir sa demeure —, c’est en vain que les hommes s’agitent pour édifier ou reconstruire.

596.40

Le Temple nouveau, mon Eglise, s’élèvera seulement quand votre cœur sera la demeure de Dieu et c’est lui, avec vous comme pierres vivantes, qui édifiera son Eglise.

– Mais n’as-tu pas dit que Simon-Pierre en est le chef, la pierre sur laquelle on édifiera ton Eglise ? Et n’as-tu pas fait comprendre aussi que tu en es la Pierre angulaire ? Qui donc en est le chef ? Elle existe, ou non, cette Eglise ? interrompt Judas.

– J’en suis le Chef mystique, Pierre le chef visible. Car je retourne au Père en vous laissant la vie, la lumière, la grâce, par ma parole, par mes souffrances, et grâce au Paraclet, qui sera l’ami de ceux qui m’ont été fidèles. Je ne fais qu’un avec mon Eglise, mon corps spirituel dont je suis la tête.

La tête contient le cerveau ou esprit. L’esprit est le siège du savoir, le cerveau est ce qui dirige les mouvements des membres par ses commandements immatériels, qui sont plus puissants pour faire mouvoir les membres que toute autre excitation. Observez un mort dans lequel le cerveau est mort : ses membres peuvent-ils bouger ? Observez un homme simple d’esprit. N’est-il pas inerte au point de ne pas avoir ces mouvements instinctifs rudimentaires que possède l’animal le plus inférieur, le ver que nous écrasons en passant ? Observez quelqu’un chez qui la paralysie a rompu tout contact d’un ou de plusieurs membres avec le cerveau. La partie qui n’a plus de lien vital avec la tête peut-elle encore remuer ?

Mais si l’esprit dirige par ses ordres immatériels, ce sont d’autres organes — les yeux, les oreilles, la langue, le nez, la peau — qui lui communiquent les sensations, et ce sont les autres parties du corps qui exécutent et font exécuter ses ordres, quand il est averti par les organes matériels et visibles autant que l’intellect est invisible. Pourrais-je, sans vous dire “ asseyez-vous ”, obtenir que vous vous asseyiez sur la pente de cette montagne ? Même si je pense que je veux que vous vous mettiez assis, vous ne le savez pas tant que je ne traduis pas ma pensée en paroles, en me servant de ma langue et de mes lèvres. Pourrais-je moi-même m’asseoir, si je le pensais seulement parce que je sens la fatigue de mes jambes, mais si celles-ci refusaient de se plier pour prendre cette position ? L’esprit a besoin d’organes et de membres pour faire et pour faire accomplir les opérations que la pensée décide.

Ainsi, dans ce corps spirituel qu’est mon Eglise, je serai l’Intellect, c’est-à-dire la tête, siège de l’intellect ; Pierre et ses collaborateurs seront ceux qui observent les réactions, perçoivent les sensations et les transmettent à l’esprit pour qu’il éclaire et ordonne ce qui convient pour le bien du corps entier, et pour que, ensuite éclairés et dirigés par mon ordre, ils parlent et guident les autres parties du corps. La main qui repousse l’objet susceptible de blesser le corps, ou qui éloigne ce qui, étant corrompu, peut corrompre, le pied qui saute l’obstacle sans vous heurter et vous blesser en vous faisant trébucher, en ont reçu l’ordre de la partie qui dirige. Un enfant, ou même un adulte peut être sauvé d’un danger ou tirer un profit (par exemple dans le domaine de l’instruction, de bonnes affaires, de son mariage, d’une bonne alliance) grâce à un conseil reçu, ou à une parole qu’on lui a dite : c’est par ce conseil et cette parole qu’il évite de se nuire ou qu’il se fait du bien. Il en sera ainsi dans l’Eglise. Le chef, et les chefs, guidés par la Pensée divine, éclairés par la Lumière divine et instruits par la Parole éternelle, donneront ordres et conseils, et les membres agiront pour obtenir la santé et le profit spirituels.

596.41

Mon Eglise existe dès maintenant, parce que d’ores et déjà elle possède sa Tête surnaturelle et sa Tête divine, et elle a ses membres, qui sont les disciples. Elle est encore petite: c’est un germe en formation. Elle est parfaite uniquement dans la Tête qui la dirige. Le reste a encore besoin que Dieu le touche pour atteindre la perfection, et il lui faut du temps pour grandir. Mais en vérité, je vous dis qu’elle existe déjà et qu’elle est sainte, grâce à celui qui en est le Chef et à la bonne volonté des justes qui la composent. Elle est sainte et invincible. L’enfer, composé des démons et des hommes-démons, ne cessera de s’en prendre à elle, il la combattra de multiples manières, mais il ne triomphera pas. L’édifice sera inébranlable.

Mais il n’est pas fait d’une seule pierre. Observez le Temple, là-bas, vaste, beau, dans le soleil couchant. Est-il fait d’une seule pierre ? C’est un ensemble de pierres qui forment une unité harmonieuse, un tout. On dit : le Temple. C’est-à-dire une unité. Mais cette unité est composée des nombreuses pierres qui l’ont formée. Il aurait été inutile de poser des fondations si elles n’avaient pas dû soutenir les murs et le toit. Et il aurait été impossible d’élever les murs et de soutenir le toit si on n’avait pas commencé par faire des fondations solides proportionnées à une si grande masse.

C’est avec la même interdépendance des parties que s’élèvera le nouveau Temple. Vous l’édifierez au fil des siècles en l’appuyant sur les parfaits fondements que je lui ai donnés pour son volume. Vous l’édifierez sous la direction de Dieu, avec la qualité des éléments employés pour l’élever : les âmes que Dieu habite. Dieu transformera votre cœur en une pierre polie et sans fêlure destinée au nouveau Temple. Son Royaume et ses lois seront établies dans votre esprit. Sinon, vous ressembleriez à des briques mal cuites, à du bois vermoulu, à des pierres gélives éclatées qui ne tiennent pas et qu’un bon chef de chantier rejette. Ces pierres-là ne résistent pas, elles cèdent, et provoquent l’écroulement d’un mur si le constructeur, les constructeurs préposés par le Père à l’édification du Temple, sont des bâtisseurs qui s’idolâtrent, qui se pavanent en veillant à faire respecter leur honneur sans se soucier de l’édifice qui s’élève ni des matériaux employés. Bâtisseurs idolâtres, directeurs idolâtres, gardiens idolâtres, voleurs ! Voleurs de la confiance de Dieu, de l’estime des hommes, voleurs et orgueilleux qui se contentent d’avoir la possibilité d’un profit, et de posséder un tas de matériaux, sans prêter attention à leur qualité. Voilà une cause de ruine.

596.42

Vous, mes nouveaux prêtres et scribes du nouveau Temple, écoutez : malheur à vous, et à ceux qui, après vous, s’idolâtreront, ne veilleront pas et ne se surveilleront pas eux-mêmes et les autres fidèles, pour observer, vérifier la qualité des pierres et des boiseries, sans se fier aux apparences, et seront cause de ruines en permettant que des matériaux douteux, ou même tout à fait nuisibles, soient employés pour le Temple, faisant scandale et provoquant la ruine.

Malheur à vous si vous laissez se créer des lézardes et des murailles peu sûres, informes, qui s’écrouleront facilement parce qu’elles ne sont pas en équilibre sur des bases solides et parfaites. Ce n’est pas de Dieu — le Fondateur de l’Eglise — que viendrait le désastre, mais de vous tous, et vous en porteriez la responsabilité devant le Seigneur et devant les hommes.

Diligence, observation, discernement, prudence ! La pierre, la brique, la poutre faibles, qui seraient ruineuses dans un gros mur, peuvent être utiles dans des parties de moindre importance. Vous devez savoir trier : avec charité pour ne pas dégoûter les parties faibles, avec fermeté pour ne pas dégoûter Dieu et mettre en danger son Edifice. Et si vous vous apercevez qu’une pierre, déjà en place pour soutenir un angle maître, n’est pas bonne ou n’est pas équilibrée, ayez le courage de l’enlever de cette place, mortifiez-la en l’équerrant par le ciseau d’un saint zèle. Peu importe si elle crie sous la douleur. Elle vous bénira plus tard, au long des siècles, parce que vous l’aurez sauvée. Déplacez-la, donnez-lui une autre fonction. N’ayez pas peur même de l’éloigner tout à fait si vous voyez qu’elle est un objet de scandale et de ruine, rebelle à votre travail. Mieux vaut peu de pierres que beaucoup de remplissage.

Ne vous hâtez pas. Dieu ne se hâte jamais, mais ce qu’il crée est éternel, parce que bien pesé avant d’être mis à exécution. A défaut d’être éternel, il doit durer autant que les siècles. Regardez l’univers. Depuis des siècles, des milliers de siècles, il est comme Dieu l’a fait par des opérations successives. Imitez le Seigneur. Soyez parfaits comme votre Père. Ayez sa Loi en vous, son Royaume en vous, et vous ne faillirez pas.

Mais s’il n’en était pas ainsi, l’édifice s’écroulerait, et c’est en vain que vous vous seriez fatigués à l’élever. Il s’écroulerait, et il ne resterait de lui que la pierre angulaire, les fondations… C’est ce qu’il adviendra de ce Temple-ci ! Et le vôtre connaîtra le même sort si vous y mettez ce qu’on trouve en celui-ci : des parties malades d’orgueil, d’avidité, de péché, de débauche. Comme le souffle du vent a provoqué la dissolution de ce pavillon de nuages si gracieusement beau qui semblait reposer sur le sommet de cette montagne, de même, au souffle d’un vent de châtiment surnaturel et humain, les édifices qui n’ont de saint que le nom s’écrouleront… »

596.43

Pensif, Jésus se tait. Quand il reprend la parole, c’est pour dire :

« Asseyons-nous ici pour nous reposer un peu. »

Ils s’asseyent sur une pente du mont des Oliviers, en face du Temple rosi par le soleil couchant. Jésus regarde fixement cet endroit, avec tristesse. Les autres font de même avec orgueil en raison de sa beauté, mais cet orgueil s’est voilé d’inquiétude, à cause des paroles du Maître. Et si cette beauté devait réellement périr ?

Pierre et Jean parlent entre eux, puis murmurent quelque chose à Jacques, fils d’Alphée, et à André, leurs voisins, qui expriment leur accord par un signe de tête. Alors Pierre se tourne vers le Maître et lui dit :

« Viens à part et explique-nous quand se réalisera ta prophétie sur la destruction du Temple. Daniel en parle, mais s’il en était comme il l’annonce et comme tu le dis, le Temple n’aurait plus que quelques heures. Mais nous ne voyons ni armée ni préparatifs de guerre. Quand donc cela arrivera-t-il ? Quel en sera le signe ? Tu es venu. Tu dis que tu vas t’en aller. Or on sait que cela arrivera pendant que tu es parmi les hommes. Tu reviendras, alors ? A quand ton retour ? Explique-nous, afin que nous sachions…

– Nous n’avons pas besoin de nous mettre à l’écart. Tu vois ? Les disciples qui sont restés sont les plus fidèles, et ils vous aideront grandement, vous les Douze. Ils peuvent entendre mes paroles. Venez tous auprès de moi ! » crie-t-il donc pour rassembler tout le monde.

Les disciples, disséminés sur la pente, s’approchent, forment un groupe compact, serré autour du groupe principal de Jésus avec ses apôtres, et ils écoutent.

596.44

« Prenez garde que personne ne vous séduise à l’avenir. Je suis le Christ et il n’y en aura pas d’autres. Donc, quand plusieurs viendront vous dire : “ Je suis le Christ ” — et ils en séduiront un grand nombre —, ne les croyez pas, même si leurs paroles s’accompagnent de faits extraordinaires. Satan, en père du mensonge et protecteur des menteurs, aide ses serviteurs et ses disciples par de faux prodiges. Ce qui permet de reconnaître que ces prodiges ne sont pas bons, c’est qu’ils s’accompagnent toujours de peur, de trouble et de mensonge. Les miracles de Dieu, vous les connaissez : ils procurent une paix sainte, la joie, le salut, la foi, ils suscitent des désirs saints et de bonnes actions. Pas les autres. Réfléchissez donc à la forme et aux conséquences des prodiges que vous pourrez voir à l’avenir attachés à l’œuvre des faux christs et de ceux qui se donneront l’apparence de sauveurs des peuples, mais seront au contraire des fauves qui les mènent à leur perte.

Vous entendrez parler de guerres — vous en verrez aussi — et de bruits de guerre, et on vous dira : “ Ce sont les signes de la fin. ” Ne vous troublez pas : ce ne sera pas encore la fin. Il faut que tout cela arrive, mais ce ne sera pas encore la fin. Des peuples se soulèveront contre d’autres peuples, des royaumes, des nations, des continents contre d’autres, et il s’ensuivra des pestes, des famines et des tremblements de terre en plusieurs endroits. Mais ce ne sera que le commencement des douleurs. Alors on s’en prendra à vous, et on vous tuera en vous accusant d’être responsables de ces souffrances, et les hommes espéreront être délivrés en persécutant et en détruisant mes serviteurs.

Les hommes accusent toujours les innocents d’être la cause du mal qu’ils se créent eux-mêmes par leurs péchés. Ils vont jusqu’à accuser Dieu — lui, l’Innocence parfaite et la Bonté suprême — d’être la cause de leurs souffrances. Ils vous traiteront pareillement, et vous serez haïs à cause de mon nom. C’est Satan qui les y pousse. Et beaucoup se scandaliseront, se trahiront et se haïront mutuellement. C’est encore Satan qui les incite. Et il s’élèvera de faux prophètes qui induiront un grand nombre de gens en erreur. Ce sera encore Satan l’auteur véritable de tant de mal. Et à cause de la multiplication de l’iniquité, la charité se refroidira chez certains. Mais celui qui aura persévéré jusqu’à la fin sera sauvé. Néanmoins, il faut auparavant que cet Evangile du Royaume de Dieu soit prêché dans le monde entier, en témoignage pour toutes les nations. Alors viendra la fin. Il y aura le retour au Christ d’Israël qui l’accueille et la prédication de ma Doctrine dans le monde entier.

596.45

Encore un autre signe : un signe pour la fin du Temple et pour la fin du monde. Quand vous verrez l’abomination de la désolation prédite par Daniel — que celui qui m’écoute comprenne, et que celui qui lit le prophète sache lire entre les lignes —, alors que celui qui sera en Judée s’enfuie sur les montagnes, que celui qui sera sur sa terrasse ne descende pas prendre ce qu’il a dans sa maison, que celui qui est dans son champ ne revienne pas chez lui prendre son manteau : il lui faudra fuir sans se retourner, pour qu’il ne lui arrive pas de ne plus pouvoir le faire. Dans sa fuite, il ne devra pas se retourner par curiosité, pour ne pas garder dans son cœur cet horrible spectacle et en devenir fou. Malheur à celles qui seront enceintes et qui allaiteront en ces jours ! Et malheur si cette fuite devait s’accomplir pendant le sabbat ! S’enfuir ne suffirait pas pour se sauver sans pécher.

Priez donc pour que cela ne se produise pas en hiver et un jour de sabbat, car alors la tribulation sera si grande qu’il n’y en a pas eu de telle depuis le commencement du monde jusqu’à nos jours et qu’il n’y en aura plus jamais de semblable, car ce sera la fin. Si ces jours n’étaient pas abrégés en faveur des élus, personne ne serait sauvé, car les hommes-satans s’allieront à l’enfer pour tourmenter les gens.

Alors aussi, pour corrompre et détourner du droit chemin ceux qui resteront fidèles au Seigneur, des gens viendront dire : “ Le Christ est ici, le Christ est là, le voici ! ” Que personne ne les croie, car il s’élèvera de faux christs et de faux prophètes qui feront des prodiges extraordinaires capables d’induire en erreur, s’il était possible, les élus eux-mêmes. Ils enseigneront des doctrines en apparence si convenables et si bonnes qu’elles séduiraient même les meilleurs, s’ils n’avaient pas en eux l’Esprit de Dieu pour les éclairer sur la vérité et l’origine satanique de ces prodiges et de ces doctrines. Je vous le dis, je vous le prédis pour que vous puissiez vous diriger.

Mais ne craignez pas de tomber. Si vous restez dans le Seigneur, vous ne serez pas attirés par la tentation et la ruine. Rappelez-vous ce que je vous ai dit[15] : “ Je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions, et toute la puissance de l’Ennemi ne saurait vous nuire, car tout vous sera soumis. ” Je vous rappelle cependant que, pour l’obtenir, vous devez avoir Dieu en vous, et vous devez vous réjouir, non parce que vous maîtrisez les puissances du mal et ses poisons, mais parce que votre nom est écrit dans le Ciel.

596.46

Restez dans le Seigneur et dans sa vérité. Je suis la Vérité et j’enseigne la vérité. Aussi, je vous le répète : quoi que l’on vous raconte sur moi, ne le croyez pas. Moi seul ai dit la vérité. Moi seul, je vous affirme que le Christ viendra, mais quand ce sera la fin. Donc si l’on vous annonce : “ Il est dans le désert ”, n’y allez pas. Si l’on vous donne comme information : “ Il est dans cette maison ”, n’y croyez pas. Car la seconde venue du Fils de l’Homme sera semblable à l’éclair qui sort du levant et glisse jusqu’au couchant en moins de temps qu’il n’en faut pour le battement d’une paupière. Et il glissera sur le grand Corps[16], soudainement devenu cadavre, suivi de ses anges resplendissants. Alors, il jugera. Partout où sera le corps, se réuniront les aigles.

Aussitôt après la tribulation de ces derniers jours — je parle maintenant de la fin du temps et du monde, et de la résurrection des ossements qu’ont annoncées les prophètes[17] —, le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus de lumière, les étoiles du ciel tomberont comme les grains d’une grappe trop mûre secouée par un vent de tempête, et les puissances des Cieux seront ébranlées.

Alors, dans le firmament obscurci, apparaîtra de manière fulgurante le signe du Fils de l’homme ; toutes les nations de la terre pleureront, et les hommes verront le Fils de l’homme venir sur les nuées avec grande puissance et grande gloire.

Il ordonnera à ses anges de moissonner et de vendanger, de séparer l’ivraie du bon grain et de jeter le raisin dans la cuve : car le temps de la grande récolte des descendants d’Adam sera venu. Il ne sera plus nécessaire de garder des grappillons ou de la semence, car l’espèce humaine ne se perpétuera plus jamais sur la terre morte. Et il commandera à ses anges de rassembler au son des trompettes les élus des quatre vents, d’une extrémité à l’autre du ciel pour qu’ils prennent place à côté du divin Juge pour juger avec lui les derniers vivants et ceux qui seront ressuscités.

596.47

Regardez le figuier : quand vous voyez ses branches s’attendrir et des feuilles pousser, vous savez que l’été est proche. De même, quand vous verrez tous ces signes, sachez que le Christ va venir. En vérité, je vous le dis : cette génération qui n’a pas voulu de moi[18] ne passera pas avant que tout cela n’arrive.

Ma parole ne sera pas prise en défaut. Ce que je dis sera. Le cœur et la pensée des hommes peuvent changer, mais ma parole est immuable. Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas. Quant au jour et à l’heure précise, personne ne les connaît, pas même les anges du Seigneur, mais le Père seul.

596.48

Il en sera de la venue du Fils de l’homme comme au temps de Noé. Dans les jours qui précédèrent le déluge, les hommes mangeaient, buvaient, se mariaient, sans réfléchir au signe[19], jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; alors s’ouvrirent les cataractes du ciel et le déluge submergea tous les vivants et toutes choses. Il en sera de même à la venue du Fils de l’homme. Deux hommes seront l’un près de l’autre dans un champ : l’un sera pris, l’autre laissé ; deux femmes seront appliquées à faire marcher la meule : l’une sera prise, l’autre laissée, par les ennemis de la patrie et plus encore par les anges qui sépareront la bonne semence de l’ivraie, et ils n’auront pas le temps de se préparer au jugement du Christ.

Veillez donc, car vous ne savez pas à quelle heure viendra votre Seigneur. Réfléchissez : si le chef de famille savait à quelle heure vient le voleur, il veillerait et ne laisserait pas dépouiller sa maison. Veillez donc et priez, en étant toujours préparés à sa venue, sans que vos cœurs tombent dans la torpeur par des abus et des excès de toutes sortes ; que vos âmes ne soient pas éloignées et fermées aux affaires du Ciel par le souci excessif des réalités de la terre, et que le lacet de la mort ne vous prenne pas à l’improviste quand vous ne serez pas préparés. Car, rappelez-vous, tous vous devez mourir. Tous les hommes, dès leur naissance, sont destinés à la mort. Cette mort et le jugement subséquent sont une venue particulière du Christ, qui devra se répéter pour tous les hommes à la venue solennelle du Fils de l’homme.

596.49

Qu’en sera-t-il donc de ce serviteur fidèle et prudent préposé par son maître à donner en son absence la nourriture aux gens de sa maison ? Il serait heureux pour lui que son maître, revenant à l’improviste, le trouve en train d’accomplir son travail avec sollicitude, justice et amour. En vérité, je vous dis qu’il s’exclamera : “ Viens, bon et fidèle serviteur. Tu as mérité ma récompense. Tiens, administre tous mes biens. ” Mais s’il paraissait bon et fidèle sans l’être, si intérieurement il était mauvais comme extérieurement il était hypocrite, si, après le départ de son maître, il a pensé : “ Le maître ne reviendra pas de sitôt ! Prenons du bon temps ”, et s’il se mettait à battre et à maltraiter ses compagnons serviteurs, s’il faisait de l’usure sur eux pour la nourriture et mille autres délits afin d’avoir plus d’argent à dépenser avec les noceurs et les ivrognes, qu’arrivera-t-il ? Le maître reviendra à l’improviste, quand le serviteur ne le croit pas si proche : sa mauvaise conduite sera découverte, son emploi et l’argent lui seront retirés, et il sera chassé pour toujours, comme le veut la justice.

Il en est ainsi du pécheur impénitent qui, au lieu de se demander si sa mort peut être imminente et son jugement proche, jouit de la vie et commet toutes sortes d’abus en se disant : “ Je me repentirai plus tard. ” En vérité, je vous dis qu’il n’aura pas le temps de le faire, et qu’il sera condamné à rester éternellement dans le lieu de la redoutable horreur où il n’y a que blasphèmes, pleurs et tortures. Il n’en sortira pas avant le Jugement final, quand il revêtira sa chair ressuscitée pour se présenter dans son intégralité au Jugement final comme il a péché avec tout son être durant sa vie terrestre. C’est avec son corps et son âme qu’il se présentera au Juge Jésus dont il n’a pas voulu comme Sauveur.

596.50

Tous seront présents devant le Fils de l’homme, en une multitude infinie de corps rendus par la terre et la mer et recomposés après avoir été poussière pendant si longtemps, et les âmes seront présentes dans les corps. A chaque chair revenue sur les squelettes correspondra l’esprit qui l’animait autrefois. Ils se tiendront debout devant le Fils de l’homme, splendide dans sa divine majesté, assis sur le trône de sa gloire et soutenu par ses anges.

Il mettra d’un côté les hommes bons et de l’autre les mauvais, comme un berger sépare les brebis des boucs, et il placera ses brebis à droite et les boucs à gauche. Et de sa douce voix, il dira avec bienveillance à ceux qui, paisibles et rayonnants d’une beauté glorieuse dans la splendeur d’un corps saint, le regarderont avec tout l’amour de leur cœur : “ Venez, les bénis de mon Père, et prenez possession du Royaume préparé pour vous depuis l’origine du monde. Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’ai été pèlerin et vous m’avez hébergé, j’ai été nu et vous m’avez vêtu, malade et vous êtes venus me rendre visite, prisonnier et vous êtes venus me réconforter. ”

Alors les justes demanderont : “ Quand donc, Seigneur, t’avons-nous vu affamé ou assoiffé et t’avons-nous donné à manger ou à boire ? Quand t’avons-nous vu pèlerin ou nu et t’avons-nous accueilli ou vêtu ? Quand t’avons-nous vu malade et prisonnier, quans sommes-nous venus te rendre visite ? ”

Et le Roi des rois leur répondra : “ En vérité, je vous le dis : quand vous avez agi de la sorte à l’égard du plus humble de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. ”

Puis il se tournera vers ceux qui seront à sa gauche, et il leur dira d’un air sévère — son regard sera comme une flèche qui foudroiera les réprouvés, et dans sa voix tonnera la colère de Dieu — : “ Hors d’ici ! Loin de moi, maudits ! Allez dans le feu éternel préparé par la colère de Dieu pour le démon et les anges de ténèbres, et pour ceux qui ont écouté leur voix de la triple passion obscène. J’ai eu faim et vous ne m’avez pas donné à manger, soif et vous ne m’avez pas désaltéré, j’ai été nu et vous ne m’avez pas vêtu, j’ai été pèlerin et vous m’avez repoussé, malade et prisonnier et vous ne m’avez pas rendu visite, car vous n’aviez qu’une loi : votre plaisir égoïste. ”

Alors ils demanderont : “ Quand t’avons-nous vu affamé, assoiffé, nu, pèlerin, malade, prisonnier ? En vérité, nous ne t’avons pas connu. Nous n’étions pas là au moment où tu étais sur la terre. ”

Mais lui leur répondra : “ C’est vrai, vous ne m’avez pas connu, car vous n’étiez pas là quand j’étais sur la terre. Mais vous avez connu ma parole, et vous avez eu parmi vous des pauvres, des gens affamés, assoiffés, nus, malades, prisonniers. Pourquoi ne les avez-vous pas traités comme vous m’auriez peut-être traité, moi ? Car il n’est pas dit que ceux qui ont eu le Fils de l’homme parmi eux aient été miséricordieux envers lui. Ne saviez-vous pas que je suis dans mes frères, et que je suis présent là où souffre l’un d’eux ? Ce que vous n’avez pas fait à l’un de mes plus humbles frères, c’est à moi que vous l’avez refusé, à moi, le premier-né des hommes. Allez et brûlez dans votre égoïsme. Allez, et que les ténèbres et le gel vous enveloppent, puisque vous avez été ténèbres et gel, tout en sachant où était la Lumière et le feu de l’Amour. ”

Et ceux-là iront à l’éternel supplice alors que les justes entreront dans la vie éternelle.

Tel est l’avenir…

596.51

Partez maintenant. Et ne vous séparez pas. Je m’en vais avec Jean et je serai près de vous au milieu de la première veille, pour le repas et pour aller ensuite à nos instructions.

– Ce soir encore ? Nous le ferons tous les soirs ? Je suis tout courbatu par la rosée. Ne vaudrait-il pas mieux trouver quelque maison hospitalière ? Toujours sous les tentes ! Toujours à veiller pendant les nuits, qui sont fraîches et humides… se plaint Judas.

– C’est la dernière nuit. Demain… ce sera différent.

– Ouf ! Je croyais que tu voulais aller à Gethsémani chaque soir. Mais si c’est le dernier…

– Je n’ai pas dit cela, Judas : j’ai dit que ce sera la dernière nuit à passer au Camp des Galiléens, tous unis. Demain, nous préparerons la Pâque et nous consommerons l’agneau, puis j’irai seul prier à Gethsémani. Et vous pourrez faire ce que vous voudrez.

– Mais nous t’accompagnerons, Seigneur ! Quand donc avons-nous voulu te quitter ? dit Pierre.

– Tais-toi, toi qui es en faute. Simon le Zélote et toi, vous ne faites que voleter çà et là dès que le Maître a le dos tourné. Je vous ai à l’œil ! Au Temple… pendant la journée… sous les tentes, là bas… décoche Judas, heureux de dénoncer.

– Ça suffit ! S’ils le font, ils font bien. Mais ne me laissez pas seul… Je vous en prie…

– Seigneur, nous ne faisons rien de mal, crois-moi. Nos actions sont connues de Dieu et son regard ne se détourne pas d’elles avec dégoût, se défend le Zélote.

– Je le sais, mais c’est inutile. Et ce qui est inutile peut toujours être dommageable. Restez le plus possible unis. »

Puis il s’adresse à Matthieu :

« Toi, mon bon chroniqueur, tu répéteras[20] à ces hommes la parabole des dix vierges sages et des dix vierges folles, ainsi que celle du maître qui donne des talents à ses trois serviteurs pour qu’ils les fassent fructifier : deux gagnent le double et le paresseux enterre le sien. Tu t’en souviens ?

– Parfaitement, mon Seigneur.

– Alors répète-les-leur. Tous ne les connaissent pas, et ceux qui les connaissent auront plaisir à les réentendre. Passez votre temps en sages conversations jusqu’à mon retour. Veillez ! Veillez ! Tenez votre esprit éveillé. Ces paraboles sont appropriées à ce que je vous dis. Adieu. Que la paix soit avec vous. »

Prenant Jean par la main, il prend la direction de Jérusalem… Les autres se dirigent vers le Camp des Galiléens.

596.52

Jésus dit :

« Tu placeras ici la seconde partie du mercredi saint, qui fut si pénible. La nuit (1945). Souviens-toi de marquer en rouge les points que je t’ai signalés : ils éclairent ces mots[21] d’une grande lumière, pour qui sait la voir.

596.1

Jesus enters into the Temple that is more crowded than on the previous days. He is all dressed in white in His linen garments. It is a sultry day.

He goes to the Court of Israel to worship, followed by a train of people, while other people have already taken the best places under the porches, and the majority are Gentiles who, not being allowed to go beyond the first court, that is the Court of the Gentiles, have taken advantage of the fact that the Hebrews have followed the Christ, to take favourable positions.

But a large group of Pharisees upsets them: they are always arrogant in their behaviour, and they push through the crowd overbearingly to approach Jesus, Who is bent over a sick man. They wait until He has cured him, then they send a scribe to question Him.

Actually they had a short discussion first, because Joel named Alamoth wanted to go to question the Master. But a Pharisee objected and the others supported him saying: «No, we know that you side with the Rabbi, although you do so secretly. Let Uriah go…»

«Not Uriah» says another young scribe, whom I do not know. «Uriah is too harsh in speaking. He would provoke the crowd. I will go.»

And without listening any more to the protests of the others, he approaches the Master, just when Jesus is dismissing the sick man saying to him: «Have faith. You are cured. Your fever and pain will not come back any more.»

596.2

«Master, which is the greatest commandment of the Law?»

Jesus, behind Whose back the scribe is standing, turns around and looks at him. A faint luminous smile brightens His face, He then raises His head, as He had bent it because the scribe is short of stature, and further he had bowed to pay his respects to Him. Jesus looks around at the crowd, He stares at the group of Pharisees and doctors and He notices the pale face of Joel, who is half hidden behind a big sumptuously dressed Pharisee. His smile brightens. It is like a light that caresses the honest scribe. He then lowers His head looking at his interlocutor and replies to him: «The first[1] of all the commandments is: “Listen, Israel: the Lord our God is the only Lord. You shall love the Lord your God with all your heart, with all your soul, with all your strength.” That is the first and greatest commandment. The second[2] resembles it: “You shall love your neighbour as yourself.” There are no greater commandments than these two. They comprise all the Law and the prophets.»

«Master, You have replied wisely and truthfully. It is so. There is only one God and there is no other god except Him. To love Him with all our hearts, with all our intelligence, with all our souls and all our strength, and to love our neighbour as ourselves is worth much more than any holocaust and sacrifice. I seriously think so when I meditate on David’s words[3]: “Holocausts give You no pleasure; a contrite heart is the sacrifice pleasing to God.”»

«You are not far from the Kingdom of God, because you have understood which holocaust is pleasing to God.»

«But which is the most perfect holocaust?» asks the scribe in a low voice, as if he were speaking of a secret.

Jesus beams with love letting this pearl drop into the heart of this man who is opening to His doctrine, to the doctrine of the Kingdom of God, and bending over him He says: «The perfect holocaust is to love, as ourselves, those who persecute us and not bear any grudge. Who does that will possess peace. It is said[4]: the lowly shall possess the Earth and shall enjoy the abundance of peace. I solemnly tell you that he who can love his enemies reaches perfection and possesses God.»

596.3

The scribe greets Him respectfully and goes back to his group, who reproach him in low voices for praising the Master, and they angrily say to him: «What did you ask Him secretly? Have you been seduced by Him as well?»

«I heard the Spirit of God speak from His lips.»

«You are silly. Do you perhaps think that He is the Christ?»

«Yes, I do.»

«Truly, before long we shall see the schools of our scribes empty, while they go roving after that Man! But how can you see the Christ in Him?»

«I do not know how. I know that I feel that it is He.»

«You’re mad!» And they turn their backs on him worriedly.

Jesus has heard their conversation, and when He sees the Pharisees pass in front of Him in a close group and go away worriedly, He calls them saying: «Listen to Me. I want to ask you something. According to you, what do you think of the Christ? Whose son is He?»

«He will be the son of David» they reply, stressing the words “will be”, because they want to make Him understand that, as far as they are concerned, He is not the Christ.

«How, then, does David, inspired by God, call Him “Lord” saying[5]: “The Lord said to my Lord: ‘Sit at my right hand until I make Your enemies a footstool for You’”? So if David calls the Christ “Lord”, how can the Christ be his son?»

As they do not know what to reply to Him, they go away ruminating their poison.

596.4

Jesus moves away from the place where He was and which is now flooded with sunshine, to go farther on, where the mouths of the Treasury are, near the hall of the Treasury. This side, still in the shade, is occupied by rabbis, who are haranguing with wide gestures addressing their Hebrew audience, which is increasing more and more, as the people pouring in the Temple are increasing continuously, as time passes.

The rabbis are striving to demolish with their speeches the teachings imparted by the Christ during the previous days or that same morning. And the more they see the crowd of believers grow bigger, the more they raise their voices. In fact the place, although very large, is crowded with people coming and going in all directions…

596.5

Jesus says to me: «Insert here the vision of the widow’s mite (19th June 1944) corrected as I will point out to you» (as I have already corrected it in the typewritten sheets that I have sent back). Then the vision continues.

19th June 1944.

596.6

Only today, and insistently, I see the following vision appear.

At the beginning I see nothing but courts and porches, which I recognise belong to the Temple, and Jesus, Who looks like an Emperor, so solemn He is in His bright red tunic and darker red mantle, leaning on a huge square pillar supporting an arch of the porch.

He looks fixedly at me. I am fully absorbed in looking at Him, delighting in contemplating Him Whom I had not seen and heard for two days.

The vision thus lasts for a long time. And while it lasts so, I am not writing it, because it is my joy. But now that I see the scene become animated, I understand that there is something else and I write.

The place is getting full of people coming and going in all directions. There are priests and believers, men, women and children. Some are walking, some are standing listening to the doctors, some are dragging little lambs or carrying doves going to other places, perhaps to sacrifice them.

Jesus is leaning on His column and is watching. He does not speak. Twice His apostles ask Him questions, but He shakes His head in denial and does not speak. He is watching very carefully. And according to His countenance, He seems to be judging those He is looking at. His eyes and face remind me of His looks when I saw Him in the vision[6] of Paradise, judging souls in the particular judgement. Now, of course, He is Jesus, Man; up there He was Jesus Triumphant, so even more imposing. But the changeability of His countenance, that watches fixedly, is the same. He is serious, inquisitive, but if at times He is so severe as to make also the most insolent people tremble, at times He is so kind, and His smiling sadness is such that He seems to be caressing one with His eyes.

596.7

He does not seem to be hearing anything. But He must be listening to everything because, when from a group several metres away, gathered around a doctor, a nasal voice is heard proclaiming: «More than any other commandment this one is valid: what is for the Temple must go to the Temple. The Temple is above one’s father and mother and if one wants to give what is superfluous to the glory of the Lord, one can do so and will be blessed for it, because there is no blood or love superior to the Temple», Jesus slowly turns His head round in that direction and looks in a way… that I would not like it to be meant for me.

He seems to be looking at everything in general. But when an old trembling man is on the point of climbing the five steps of a kind of terrace, which is close to Jesus, and which seems to lead to another inner court, and he presses his stick on the floor and almost falls when his foot is caught in his tunic, Jesus stretches out his long arm, grasps him and supports him, and does not leave him until He sees that he is safe. The old man raises his wrinkled face, looks at his tall saviour and whispers a word of blessing, while Jesus smiles at him and caresses his bald head. He then goes back to his column, and departs from it once again to lift a little boy who slips from his mother’s hand and falls, weeping, against the first step, just at his feet. He lifts him up, caresses him and comforts him. The boy’s embarrassed mother thanks Him. Jesus smiles at her as well, handing the child back to her.

But He does not smile when a conceited Pharisee passes by, or when a group of scribes and others whom I do not know pass near Him. The latter group greet Him gesticulating and bowing. Jesus looks at them so fixedly that He seems to pierce them, He replies to their greetings but without effusion. He is severe. He looks at some length also at a priest who passes by and must be an important person, because the crowd makes room for him and greets him as he struts along. Jesus looks at him in such a way that he, although very proud, lowers his head. He does not greet, but he cannot withstand Jesus’ glance.

596.8

Jesus stops looking at him to watch a poor woman, dressed in dark brown, who is bashfully climbing the steps and goes towards a wall, where there is something like heads of lions or similar animals with open mouths. Many people are going there. But Jesus does not seem to pay attention to them. Now instead He looks where the woman is going. His eyes look at her compassionately and they shine with kindness when He sees her stretch out a hand and throw something into the stone mouth of one of those lions. And when the woman withdraws passing near Him, He is the first to say: «Peace to you, woman.»

She raises her head, utterly astonished, and remains dumbfounded. «Peace to you» repeats Jesus. «Go, because the Most High blesses you.» The poor soul is enraptured, then she whispers a greeting and goes away.

«She is happy in her unhappiness» says Jesus breaking His silence. «She is now happy because God’s blessing is with her.»

596.9

«Listen, My friends, and those who are around Me. Do you see that woman? She only gave two small coins, not enough to buy food for one meal for a sparrow kept in a cage, and yet she has given more than all those who have given their offerings to the Treasury of the Temple, since it was opened this morning at dawn. Listen. I have seen large numbers of rich people put in those mouths sums which would feed that woman for a year and clothe her poverty, which is decent only because it is clean. I have seen rich people, who with evident satisfaction have put in there sums that could have fed the poor people of the Holy City for one or more days, and thus make them bless the Lord. But I solemnly tell you that nobody has given more than she did. Her offering is charity. The others are not. Hers is generosity. The others are not. Hers is sacrifice. The others are not. Today that woman will not eat anything, because she has nothing left. She will have to work first to earn some money, to be able to get some bread to appease her hunger. She has no money laid aside, neither has she relatives who can earn money on her behalf. She is all alone. God has taken her relatives, her husband and children, He has taken the little wealth they had left her, and rather than God, men have taken it, those men who with large gestures, see?, are continuing to throw in there their surplus, much of which is extorted through usury from the poor hands of poor and hungry people.

596.10

They say that there is no blood or love superior to the Temple, and they thus teach people not to love their neighbour. I tell you that above the Temple there is love. The law of God is love and he, who does not take pity on his neighbour, does not love.

Superfluous money, money soiled with usury, with hatred, with hardness, with hypocrisy, sings no praise to God and does not attract heavenly blessings on the donor. God rejects it. It enriches these coffers. But it is not gold for the incense: it is filth that overwhelms you, o ministers, who do not serve God, but your interests; it is a string that strangles you, o doctors, who teach a doctrine that is yours; it is poison that corrodes the remains you still have of your souls, o Pharisees. God does not want remains. Be not Cains. God does not want what is the fruit of hardness. God does not want what, raising a weeping voice, says: “I had to appease the hunger of a starving man. But I was prevented from doing so because I had to display my pomp in here. I was to help an old father and a decrepit mother, but I was forbidden, because such help would not have been known to the world, and I must blow my trumpet so that the world may see the donor.” No, rabbi, who teach that what is superfluous is to be given to God and that it is lawful to refuse assistance to fathers and mothers to give it to God. The first commandment is: “Love God with all your heart, with your soul, with your intelligence, with your strength.” So not what is superfluous, but what is our blood is to be given to Him, by loving to suffer for Him. To suffer. Not to make people suffer. And if it costs to give a lot, because it is unpleasant to deprive oneself of one’s riches and the treasure is the heart of man, who is vicious by nature, it is just because it costs, that one must give. Out of justice: because everything one has, one has it through God’s goodness. Out of love: because it is a proof of love to love sacrifice in order to give joy to those whom one loves. To suffer for the sake of suffering. But to suffer. I repeat: not to make others suffer. Because the second commandment says: “Love your neighbour as yourself.” And the law specifies that, after God, one’s parents are the neighbour to whom one is bound to give honour and assistance.

596.11

So I solemnly tell you that that poor woman has understood the law better than wise men and she is justified more than anybody else and blessed, because in her poverty she gave God everything, whereas you give what is superfluous and you give it to grow in the esteem of men. I know that you hate Me because I speak so. But as long as these lips can speak, they will speak so. You join your hatred for Me to the contempt for the poor woman I am praising. But do not think that with these two stones you will make a double pedestal for your pride.

They will be the millstone that will crush you. Let us go. Let the vipers bite one another increasing their poison. Let those who are pure, good, humble, contrite, and who wish to know the true face of God, follow Me.»

596.12

Jesus says: «And you who are left with nothing, as you have given Me everything, give Me these last two small coins. As compared with the much that you have given, they seem nothing to strangers. But to you, who have but these, they are everything. Put them in the hand of your Lord. And do not weep. Or, at least, do not weep alone. Weep with Me, Who am the only One who can understand you and I understand you without any human fog, which is always an interested veil for the truth.»

2nd April 1947.

596.13

The apostles, disciples and crowd follow Him in a compact group, while He goes back again to the place at the first town walls, a spot almost sheltered by the wall of the Temple enclosure, where it is not so warm, in this very sultry day. As the ground has been roughened by the hooves of animals and is strewn with the stones used by merchants and money-changers to fasten their enclosures and tents, there are no rabbis of Israel there, who did not mind allowing a market to be held in the Temple, but are disgusted at walking in their sandals where the footprints of quadrupeds, which were cleared out from there a few days previously, have been badly cancelled… Jesus is not disgusted and He takes shelter there, surrounded by a large crowd of listeners. But before speaking, He calls the apostles to come close to Him and says to them: «Come and listen carefully. Yesterday you wanted to know many of the things that I will tell you today and that I mentioned vaguely yesterday, when we were resting in Joseph’s kitchen garden. So pay attention, because they are important lessons for everybody, and for you in particular, as you are My ministers and continuators.

596.14

Listen. Scribes and Pharisees sat on Moses’ chair at the right moment. They were sad days for our Fatherland[7]. Once the exile in Babylonia was over and the nation had been restored through Cyrus’ magnanimity, the leaders of the people felt it necessary to restore also the cult and the knowledge of the Law. Because woe to that people that does not possess them for its defence, guide and support, against the most powerful enemies of a nation, which are the immorality of the citizens, rebellion against leaders, disunion among classes and parties, the sins against God and one’s neighbours, irreligiousness, which are all disgregating elements in themselves and because of the punishments they provoke from Heaven!

So scribes or doctors of the Law arose to teach the people who spoke the Chaldean language, the heritage of the sore and weary exile, and thus could no longer understand the Scriptures written in pure Hebrew. They arose to help the priests, insufficient in number to fulfill the task of teaching the crowds. Such laity, learned and devoted to honouring the Lord, by taking the knowledge of God to men and leading men to God, had its reason for existence and it did also some good. Because, all of you must bear this in mind, also those things that, through human weakness, later degenerate, as it happened to this one that became corrupt in the course of time, always have something good and at least an initial reason for existence, whereby the Most High allows them to arise and last until, the measure of degeneration being full, the Most High disperses them.

Then the other sect of the Pharisees arose from the transformation of that of the Hasidaeans, formed to support the Law of Moses and the spirit of independence of our people by means of the most rigid morals and the strictest obedience, when the Hellenistic party – that had risen because of the pressure and seductions that had begun in the days of Antiochus Epiphanes and that soon changed into persecutions against those who did not yield to the pressure of the shrewd king, who more than on his arms relied on the breaking up of the faith in hearts, in order to rule over our Fatherland – was trying to make us slaves.

596.15

Remember also this: be more afraid of easy alliances and of the blandishments of a foreigner than of his legions. Because, while if you are faithful to the laws of God and of your Fatherland you will win, even if you are surrounded by mighty armies, if instead you are corrupted by the subtle poison, given as an inebriating honey by the stranger who has made his plans concerning you, God will abandon you because of your sins, and you will be defeated and subjected, even if your false ally does not wage a bloody battle with you. Woe to him who is not as vigilant as a sentry and does not repel the subtle snare of a false shrewd neighbour, or ally, or conqueror, who begins his domination over individuals, weakening their hearts and corrupting them with usages and habits that are not ours and are not holy, and consequently make us unpleasant to the Lord! Woe! You must remember the consequences brought about to our Fatherland by the fact that some of her children adopted usages and habits of a foreigner to ingratiate themselves with him and enjoy favours. It is a good thing to be charitable with everybody, also with peoples who are not of our faith, who have not our customs and who have harmed us throughout ages. But our love for these people, who are always our neighbour, must never make us disown the Law of God and of our Fatherland, for some premeditated benefit extorted from our neighbours. No.

Foreigners despise those who are so servile as to disown the holiest things of their Fatherland. It is not by denying one’s Father and Mother – God and the Fatherland – that one achieves respect and freedom.

So it was a good thing that at the right moment the Pharisees should arise to erect a barrier against the filthy overflowing of foreign usages and customs. I repeat: everything that begins and lasts has its reason for existence. And it is to be respected for what it did, if not for what it does. Because, if it is guilty by now, it is not for men to insult it, and even less to strike it. There is who knows how to do it: God and He Whom He sent, and Whose right and duty is to open His mouth and to open your eyes, so that you and they may know the thought of the Most High, and you may act according to justice. I and no one else. I, because I speak by divine mandate. I, because I can speak as I have none of the sins that shock you when you see them committed by scribes and Pharisees, but which you also commit, if you can.»

596.16

Jesus, Who had begun His speech in a low voice, has gradually raised it, and when uttering these last words, it is as powerful as the blare of a trumpet.

Hebrews and Gentiles are fully engrossed in listening to Him. And if the former applaud when Jesus mentions their Fatherland and clearly calls by name those foreigners who subjected them and made them suffer, the latter admire the oratorical form of His speech and they are happy to be present at this oration really worthy of a great orator, as they say to one another.

Jesus lowers His voice again when He resumes speaking: «What I told you is to remind you of the reasons why scribes and Pharisees exist, and how and why they have sat on Moses’ chair, and how and why they speak and their words are not vain ones. So do what they say. But do not imitate their actions. Because they say that things are to be done in a certain manner, but they do not do what is to be done. In fact they teach the humane laws of the Pentateuch, then they burden other people with huge, unbearable, inhuman weights, whereas they themselves do not stir a finger even to touch those weights, let alone carry them.

The rule of their life is to be seen, noticed and applauded for their deeds, which they perform in a manner suitable to be seen and thus praised. And they infringe the law of love, because they like to define themselves the distinguished ones and they despise those who do not belong to their sect, and they demand the title of teachers and from their disciples they exact such a cult as they do not give to God. They consider themselves gods because of their wisdom and power, and in the hearts of their disciples they want to be superior to fathers and mothers, and they claim that their doctrine is superior to God’s and they insist on its being practised literally, even if it is a manipulation of the true Law, inferior to the same even more than this mountain is to the Great Hermon that dominates the whole of Palestine; and they are heretics, since some believe, as heathens do, in metempsychosis (reincarnation) and fatality, while others deny what the previous ones admit and, in actual fact if not in effect, what God Himself has given as a principle of faith, when He defined Himself the only God to Whom cult is to be given, and when He said that fathers and mothers are second only to God, and as such they are entitled to be obeyed more than a teacher who is not divine.

Because if now I say to you[8]: “Those who love their fathers and mothers more than they love Me are not suitable for the Kingdom of God”, I do not say so to instill indifference towards your relatives into your minds, as you must respect and help them, neither is it lawful to deprive them of assistance saying: “It is money for the Temple”, or deny them hospitality saying: “My office forbids me”, or to take their lives saying: “I kill you because you love the Master”, but I say so that you may love your relatives with just love, that is with love that is patient and strong in its meekness – without hating a relative who sins and gives sorrow, because he does not follow you on the way of Life, that is, on My way – with love that knows how to choose between My law and family selfishness and violence. Love your relatives, obey them in everything that is holy. But be ready to die, not to kill, but I say to die, if they want to persuade you to betray the vocation given you by God, to be citizens of the Kingdom of God, that I have come to establish.

596.17

Do not imitate scribes and Pharisees, who are divided among themselves, although they feign to be united. You, disciples of the Christ, be really united, each one for all the others, the leaders being kind to the subjects, the subjects being kind to their leaders, all one in love and in the purpose of your union: to conquer My Kingdom and be at My right hand at the eternal Judgement. Remember that a kingdom that is divided is no longer a kingdom and cannot exist. Be therefore united to one another in your love for Me and for My doctrine. Let love and union, equality in garments worn, community of property, brotherliness of hearts be the uniform of the Christian, because that will be the name of My subjects. Everybody for one, one for everybody. Let those who own wealth give humbly. Let those who do not own accept humbly, and let them humbly set forth their needs to their brothers, knowing that they are such; and let brothers kindly listen to the needs of their brothers, feeling that they are such to them.

Remember that your Master was often hungry and cold and He had other numerous necessities and troubles and He, the Word of God, humbly set them forth to men.

Remember that a reward is given to those who are merciful by giving even just a sip of water. Remember that it is better to give than to receive. In these three recollections let the poor find strength to ask without feeling humiliated, remembering that I did so before them, and let them forgive, if they are refused, remembering that many a time the Son of man was denied the place and the food that are given to sheepdogs. And let the rich be generous in giving their riches, considering that the base money, that Satan instigates men to crave for, and is nine tenths of the disasters of the world, if it is given out of love, changes into a heavenly immortal gem.

596.18

Be clothed in your virtues. Let them be manifold but known only to God. Do not behave as the Pharisees who wear the broadest phylacteries and the longest fringes and want the front seats in synagogues and love to be greeted obsequiously in market squares, and want to be called “Rabbis” by the people. One alone is your Master: the Christ. You who in future will be the new doctors, I am referring to you, My apostles and disciples, remember that I alone am your Teacher. And I will be your only Teacher also when I am no longer among you. Because Wisdom alone teaches. So do not allow yourselves to be called teachers, because you are disciples yourselves. Do not pretend to be called fathers and do not call father anyone on the Earth, because only one is the Father of all men: your Father Who is in Heaven. May this truth make you wise by really feeling all like brothers to one another, both those who guide and those who are guided, and so love one another like good brothers. And none of those who guide must allow themselves to be called guides, because only one is your guide: the Christ.

Let the greatest among you be your servant. He who is the servant of the servants of God does not humiliate himself, but he imitates Me, as I was kind and humble, always willing to love those who were My brothers in the flesh of Adam, and to assist them by means of the power that I have as God. Neither by serving men did I humiliate what is divine in Me. Because he is a true king who knows how to dominate not so much men, as the passions of men, first of all foolish pride. Remember: he who humbles himself will be exalted, and he who exalts himself will be humbled.

596.19

The Woman[9] of Whom the Lord has spoken in the second chapter of Genesis, the Virgin mentioned by Isaiah, the Virgin Mother of the Immanuel, prophesied this truth of the new times, when She sang: “He has pulled down princes from their thrones and exalted the lowly.” The Wisdom of God spoke through the lips of Her Who was the Mother of Grace and the Throne of Wisdom. And I repeat the inspired words that praised Me joined to the Father and to the Holy Spirit, in Our wonderful works, when, without offence to the Virgin, I, the Man, was being formed in Her womb without ceasing being God. Let them be a guide for those who want to bear the Christ in their hearts and come to the Kingdom of Christ. There will be no Jesus: the Saviour; no Christ: the Lord; and there will be no Kingdom of Heaven for those who are proud, fornicators, idolaters, who worship themselves and their will.

596.20

Therefore woe to you, hypocritical scribes and Pharisees, who think you can close by means of your unfeasible maxims – if they were confirmed by God, they would really be an unbreakable bolt for most men – who think you can close the Kingdom of Heaven in the face of those men who raise their spirits towards it to find strength in their painful earthly day! Woe to you who do not enter it, who do not want to enter it, because you do not accept the Law of the heavenly Kingdom, and you do not allow other people to enter, while they are in front of that door, which you, intolerant as you are, reinforce with bolts that God did not put there.

Woe to you, hypocritical scribes and Pharisees, who swallow the property of widows under the pretext of saying long prayers. Because of that you will receive a severe sentence! Woe to you, hypocritical scribes and Pharisees, who travel over sea and land, using up riches that do not belong to you, to make a single proselyte, and when you have him, you make him twice as fit for hell as you are! Woe to you, blind guides, who say: “If a man swears by the Temple, it has no force, but if he swears by the gold of the Temple, then he is bound by his oath.” You are foolish and blind! Which is of greater worth? The gold or the Temple that makes the gold sacred? And you say: “If a man swears by the altar, it has no force, but if he swears by the offering on the altar, then his oath is valid and he is bound by it.” You blind men! What is greater? The offering, or the altar that makes the offering sacred? Therefore, he who swears by the altar, is swearing by it and by everything on it, and he who swears by the Temple, is swearing by it and by Him Who dwells in it, and he who swears by Heaven, is swearing by the Throne of God and by Him Who is seated on it.

Woe to you, hypocritical scribes and Pharisees, who pay the tithes of mint and rue, of anise and cummin, and then you neglect the weightier matters of the Law: justice, mercy and faith. These are the virtues you should have practised, without neglecting the other minor matters!

You blind guides, you filter your drinks, lest you may become contaminated by swallowing a drowned gnat, but you swallow a camel, without feeling unclean by doing so. Woe to you, hypocritical scribes and Pharisees, who wash the outside of cups and dishes, but interiorly you are full of extortion and filth. O blind Pharisee, wash the inside of your cup and dish first, so that also the outside may be clean.

Woe to you, hypocritical scribes and Pharisees, who fly in darkness like noctules for your sinful deeds, and at night reach agreements with heathens, robbers and traitors, and then, in the morning, after deleting the signs of your concealed dealings, you go up to the Temple in fine garments.

Woe to you, who teach the laws of charity and justice contained in Leviticus, while you are greedy, thieves, false, slanderers, oppressors, unjust, avengers, haters, and you even overthrow those who annoy you, even if they are of your own blood, and you repudiate the virgin who has become your wife, and you disown the children that you begot of her, because they are invalids, and because you do not like your wife any more, you accuse her of adultery or of an unclean disease, to get rid of her, while you are unclean in your lustful hearts, even if you do not appear to be such in the eyes of the people, who are not aware of your deeds. You are like whitewashed sepulchres that look handsome on the outside, but inside are full of dead men’s bones and corruption. The same applies to you. Yes. The same! From the outside you look like honest men, but inside you are full of hypocrisy and lawlessness.

Woe to you, hypocritical scribes and Pharisees, who build magnificent sepulchres for the prophets and decorate the tombs of holy men saying: “Had we lived in our fathers’ days, we would never had joined those who shed the blood of the prophets.” And so you give evidence against yourselves that you are the sons of those who murdered your prophets. And you, moreover, are finishing the work of your fathers… Serpents, brood of vipers, how can you escape being condemned to Gehenna?

596.21

So I, the Word of God, say to you: I, God, will send you new prophets and wise men and scribes. Some you will slaughter, some you will crucify, some you will scourge in your law-courts, in your synagogues, outside the walls of your towns, and some you will hunt from town to town, until you draw on yourselves the blood of the just men, that has been shed on the Earth, from the blood of the just Abel[10] to the blood of Zechariah son of Barachian, whom you murdered between the sanctuary and the altar, because for your own sake he had reminded you of your sin, that you might repent and go back to the Lord. It is so. You hate those who want your welfare and lovingly call you back to the paths of God.

I solemnly tell you that all that is about to happen, both the crime and its consequences.

I solemnly tell you that all this will be accomplished on this generation.

Oh! Jerusalem! Jerusalem! Jerusalem, you that stone those who have been sent to you and kill your prophets! How often have I longed to gather your children, as a hen gathers her chicks under her wings, and you refused! Now listen, Jerusalem! Now listen, you who hate Me and hate everything that comes from God. Now listen, you who love Me and who will be carried away by the punishment laid aside for the persecutors of the Messengers of God. And you also listen to Me, you who do not belong to this people, but who listen to Me just the same, listen and learn Who He is Who is speaking to you and foretells without having to study the flight, the warbling of birds, or celestial phenomena, or the viscera of sacrificed animals, or the fire and smoke of holocausts, because all the future is the present for Him Who is speaking to you. “This House of yours will be left desolate to you. And I say to you, says the Lord, that you shall not see Me any more until you also say[11]: ‘Blessings on Him Who comes in the name of the Lord.’”»

596.22

Jesus is clearly tired and hot, both because of the long thundering speech, and of the sultriness of the windless day. Pressed against the wall by a multitude of people, avidly gazed upon by thousands of people, feeling all the hatred of those who are listening to Him under the porches of the court of the Gentiles, and all the love or at least the admiration surrounding Him, indifferent to the sun blazing down on backs and reddened perspiring faces, He really looks exhausted. He needs solace and He seeks it saying to His apostles and to the seventy-two disciples, who like wedges have opened a passage through the crowd and who are now in the front line, forming a faithful loving barrier around Him: «Let us leave the Temple and go out into the open, among trees. I am in need of shade, silence and fresh air. This place really seems to be already burning with the fire of celestial wrath.»

They elbow their way with difficulty and are thus able to go out through the nearest gate, where Jesus in vain strives to dismiss many people. They want to follow Him at all costs.

596.23

In the meantime the disciples are watching the cube of the Temple shining in the sun, as it is almost midday, and John of Ephesus points out the powerful construction to the Master saying: «Look at the size of the stones and of the construction!»

«And yet not a single stone here will be left on another» replies Jesus.

«No? When? How?» ask many.

But Jesus does not say anything. He goes down the Moriah and quickly leaves the town, passing through Ophel and the Gate of Ephraim or Dung Gate and taking shelter at first in the thick of the King’s Gardens, that is until those who, apart from apostles and disciples, have insisted in following Him, go away slowly when Manaen, who has had the heavy gates opened, comes forward imposingly and says to everybody: «Go away. No one can come in here except those whom I allow.»

Shade, silence, scents of flowers, the smell of camphor and cloves, cinnamon, lavender and countless other scented herbs, the gurgling of streams nourished by nearby fountains and cisterns, under galleries of leaves, the warbling of birds make the spot a place of paradisiac rest. The town seems to be miles and miles away, with its narrow streets, dark because of the many archivolts or sunny to the point of dazzling, with its smells and stenches of sewers, which are not always clean, and of streets along which too many quadrupeds pass to be clean, particularly the less important ones.

596.24

The guardian of the Gardens must know Jesus[12] very well, because he greets Him with respect and familiarity at the same time, and Jesus asks after his wife and children.

The man would like to give Jesus hospitality in his house, but the Master prefers the fresh restful peace of the large King’s Garden, a real park of delight. And before the two untiring and very loyal servants of Lazarus go away to get the basket of foodstuffs, Jesus says to them: «Tell your mistresses to come. We shall stay here for a few hours with My Mother and the faithful women disciples. And it will be so pleasant…»

«You are very tired, Master! One can tell from Your face» remarks Manaen.

«Yes. So much so that I did not have enough strength to go farther.»

«But I offered You these gardens several times during the past days. You know how pleased I am to be able to offer You peace and solace!»

«I know, Manaen.»

«And yesterday You wanted to go to that sad place! Its neighbourhood is so arid and it is so strangely bare of vegetation this year! And it is so close to that sad gate!»

«I wanted to satisfy my apostles. They are like little boys, after all. Grown up boys. See how happily they are refreshing themselves!… They have immediately forgotten what is being plotted against Me beyond those walls…»

«And they have forgotten that You are so depressed… But I do not think there is any sound reason to be frightened. The place seemed more dangerous on other occasions.»

Jesus looks at him and is silent. How often in these last days have I seen Jesus look and be silent thus! Then Jesus becomes intent in watching the apostles and disciples, who have taken off their headgear, mantles and sandals, cooling their faces and limbs in the fresh rivulets, imitated by many of the seventy-two disciples, who, actually, I think are now many more, and who, all united in the fraternity of ideals, are lying down, resting here and there, a little aside, to let Jesus rest peacefully.

Manaen also withdraws leaving Him alone. Everybody respects the rest of the Master, Who is very tired and has taken shelter under a very thick pergola of a jasmine in bloom, shaped like a bower and isolated by a ring of water that flows gurgling in a little canal over which grass and flowers hang. A real peaceful refuge that is reached by means of a little bridge two palms wide and four long, the railings of which are all covered with a garland of jasmine corollas.

596.25

The servants come back and they have increased in number, because Martha wanted to provide for all the servants of the Lord, and they say that the women will be coming shortly.

Jesus sends for Peter and says to him: «With My brother James bless, offer and hand out the food as I do.»

«I will hand it out, but I will not bless it. It is for You to offer and bless it, not for me.»

«When you were the head of your companions and were far away from Me, did you not do it?»

«Yes, I did. But then I was compelled to do it. Now You are with us, and it is for You to bless it. I think that everything tastes better when You offer it for us and hand it out…» and the faithful Simon embraces his Jesus, Who is sitting looking very tired in the shade, and he bends his head over His shoulder, happy to be able to clasp and kiss Him thus…

Jesus stands up and pleases him. He goes towards the disciples, He offers, blesses, hands out the food, He watches them eat gladly and says to them: «Afterwards you may sleep, rest while there is time, so that later you may keep awake and pray when you need to do so, and fatigue and tiredness may not overburden your eyes and spirit with sleepiness, when it will be necessary for you to be ready and wide-awake.»

«Are You not staying with us? Are You not eating?»

«Let Me rest. That is all I need. Eat, eat!» He caresses the ones whom He finds on His way and goes back to His place…

596.26

Kind and gentle is the arrival of the Mother near Her Son. Mary comes forward without hesitating, because Manaen, who being less tired than the others, has been watching at the gate, points out to Her the place where is Jesus. The other women disciples, all the Hebrew ones are there, and of the Romans only Valeria is present, stop for a little while and are silent in order not to awake the disciples who are sleeping in the shade of the leafy trees, like sheep lying on the grass at midday.

Mary goes under the jasmine pergola without making the little wooden bridge or the gravel on the ground creak, and even more cautiously She approaches Her Son, Who, overcome by weariness, has fallen asleep with his head on the stone table placed there, his left arm used as a cushion under his face covered by his hair. Mary sits patiently near her exhausted Son. And She contemplates Him… so intently… and a sorrowful loving smile appears on Her lips, while tears silently fall on Her lap; but if Her lips are closed and silent, Her heart is praying with all the strength She possesses, and the power of that prayer and of its inspiration are revealed by the attitude of her hands joined on her lap, held tight with fingers interlaced in order not to tremble, and yet are shaken by a light tremor. Hands that are disjoined only to drive away a fly that insistently wants to alight on Her sleeping Son and might awake Him.

It is the Mother Who is watching Her Son. The last sleep of her Son She can watch. And if the face of the Mother, on this Wednesday before Passover, is different from that of the Mother at the Birth of the Lord, because grief makes it pale and disfigures its features, the mild loving purity of Her glance, the anxious care is the same as She had when, bending over the manger in Bethlehem, with Her love She protected the first uncomfortable sleep of her Child.

Jesus moves, and Mary quickly wipes Her eyes, so that Her Son may not see Her tears. But Jesus has not wakened. He has only changed the position of His face, turning it round to the other side, and Mary resumes Her immobility and Her watching.

596.27

But something breaks Mary’s heart: She hears Her Jesus weep in His sleep and whisper the name of Judas, with an indistinct murmur, as He speaks with His mouth pressed against His arm and garment…

Mary stands up, She approaches Her Son and bends over Him, She follows His vague whispering, with Her hands pressed against Her heart. Jesus’ speech, although broken but not to the extent that one cannot follow it, makes Her understand that He is dreaming, and is dreaming once again the present, the past and then also the future, until He awakes with a jerk, as if He wanted to escape something horrible. But He finds the breast of His Mother, the arms of His Mother, the smile of His Mother, the gentle voice of his Mother, Her kiss, Her caress, the light touch of Her veil, with which She had wiped Her face to dry tears and perspiration, while She says to Him: «You were in an uncomfortable position, and You were dreaming… You are wet with perspiration and tired, Son.» And She tidies His ruffled hair, She dries His face and kisses Him, embracing Him with Her arm, holding Him to Her heart as She can no longer take Him in Her lap, as when He was a baby.

Jesus smiles at Her saying: «You are always the Mother. The one who comforts. The one who rewards for everything. My Mother!»

He makes Her sit close to Him laying His hand on Her knees, and Mary takes His long hand, so gentle and yet so strong, the hand of a handicraftsman, in Her small ones, She caresses its fingers and the back of it, smoothing the veins which had swollen while hanging in His sleep. And She tries to distract His attention…

596.28

«We have come. We are all here. Also Valeria. The others are at the Antonia. Claudia wanted them, “as she is very sad” said her freedwoman. She says, I do not know why, that she has a presentiment of much weeping. Superstitions!… God only knows what will happen…»

«Where are the women disciples?»

«Over there, at the entrance of the Gardens. Martha wanted to prepare refreshing and nourishing food and drinks, considering how exhausted You are. But I, look, You always liked this, and I brought it to You. My share. It has a nicer taste because it was made by Your Mother.» She shows Him some honey and a bun on which She spreads it handing it to Her Son and saying: «As we used to do at Nazareth, when You rested during the hottest hours, and then You awoke feeling hot, and I used to come from the cool grotto with this refreshment…» She stops because Her voice trembles.

Her Son looks at Her and then says: «And when there was Joseph, You brought refreshments for two and the cool water of the porous jar that You kept in running water to make it cooler and it was made even more so by the stems of wild mint that You put in it. How much mint there was there, under the olive-trees! And how many bees on the mint flowers! Our honey always tasted a little of that scent…» He is pensive… He remembers…

«We have seen Alphaeus, You know? Joseph was delayed because one of his sons was not too well. But he will certainly be here tomorrow with Simon. Salome of Simon is looking after our house and Mary’s.»

596.29

«Mother, when You are all alone, who will You stay with?»

«With whomsoever You will tell Me, Son. I obeyed You, Son, before having You. I will continue doing so after You have left Me.» Her voice trembles, but a heroic smile is on Her lips.

«You know how to obey. How restful it is to be with You! Because, see, Mother? The world cannot understand, but I find complete rest with obedient people… Yes. God rests with the obedient. God would not have had to suffer, to toil, if disobedience had not come to the world. Everything happened because man did not obey. That is why there is sorrow in the world… That is the reason for Our grief.»

«And also for Our peace, Jesus. Because we know that our obedience comforts the Eternal Father. Oh! for Me in particular, what that thought is! I, a creature, have been granted to console my Creator!»

«Oh! Joy of God! You do not know, o joy of Ours, what Your word means to us! It exceeds the harmony of the Celestial Choruses!… Blessed! Blessed You are, as You teach Me the last obedience, and by this thought of Yours You make it pleasant for Me to accomplish it!»

«You do not need to be taught by Me, my Jesus. I have learned everything from You.»

«Jesus of Mary of Nazareth, the Man, has learned everything from You.»

«It was Your light that emanated from Me. The Light that You are and that came from the Eternal Light, annihilated in human appearance…

596.30

Johanna’s brothers informed Me of the speech You delivered. They were enraptured with admiration. You uttered bitter words against the Pharisees…»

«It is the hour of supreme truths, Mother. They remain dead truths to them. But they will be living truths for the others. And with love and severity I must fight the last battle to snatch them from Evil.»

«That is true. They told Me that Gamaliel, who was with other people in one of the halls in the porches, said at the end, while many were upset: “When one does not want to be reproached, one acts righteously” and he went away after that remark.»

«I am glad that the rabbi heard Me. Who told You?»

«Lazarus did. And he was told by Eleazar, who was in the hall with other people.

Lazarus came at midday. He greeted us and went away again without listening to his sisters who wanted to keep him until sunset. He told them to send John, or somebody else, to get those fruits and flowers, which are just perfect.»

«I will send John tomorrow.»

«Lazarus comes every day. But Mary gets angry because she says that he seems an apparition. He goes up to the Temple, he comes, gives orders and leaves again.»

«Lazarus also knows how to obey. I told him to behave so, because they are lying in wait for him as well. But don’t tell his sisters. Nothing will happen to him.

596.31

And now let us go to the women disciples.»

«Do not move. I will call them. The disciples are all asleep…»

«And we will let them sleep. They do not sleep much at night, because I teach them in the peace of Gethsemane.»

Mary goes out and comes back with the women, who seem to have got rid of their weight, so light are their steps. They greet Him with deep respect. Only Mary of Clopas is well known.

And from a large bag Martha takes out a small porous amphora, while from another vase, which is also porous, Mary takes fresh fruit that came from Bethany, and lays it on the table beside what her sister has prepared, that is a crisp appetising grilled dove, and she begs Jesus to accept it saying: «Eat it. It is nourishing. I prepared it myself.»

Johanna instead has brought some rose-vinegar. She explains: «It is so refreshing in these first warm days. My husband also makes use of it when he is tired after long rides.»

«We have nothing» say Mary Salome, Mary Clopas, Susanna and Eliza apologising.

And Nike and Valeria in turn say: «Neither have we. We did not know that we had to come.»

«You have given Me all your hearts. That is enough for Me. And you will still give Me…»

He takes some food, but above all He drinks the cool honied water that Martha pours out for Him from the porous amphora and He eats the fresh fruit, a real refreshment for the Tired One.

The women disciples do not speak much. They look at Him while He takes some refreshments. In their eyes there is love and anxiety. And all of a sudden Eliza begins to weep, and she apologises saying: «I do not know. My heart is burdened with sadness…»

«All our hearts are. Even Claudia in her palace…» says Valeria.

«I wish it were already Pentecost. whispers Salome.

«I, instead, would like to stop the time at this hour» says Mary of Magdala.

«You would be selfish, Mary» replies Jesus.

«Why, Rabboni?»

«Because you would like the joy of your redemption exclusively for yourself. There are millions of people who are awaiting this hour, or who will be redeemed because of this hour.»

«That is true. I was not thinking of that…» she lowers her head, biting her lips to conceal the tears in her eyes and the trembling of her lips. But she is always the brave struggler, and she says: «If You come tomorrow, You will be able to put on the tunic You sent me. It is fresh and clean, worthy of the Passover supper.»

«I will come…

596.32

Have you nothing to tell Me? You are silent and distressed. Am I no longer Jesus?…» He smiles at the women encouragingly.

«Oh! You are! But You are so great these days that I can no longer see You as the little boy I used to carry in my arms!» exclaims Mary of Alphaeus.

«Neither can I see You as the simple rabbi who used to come into my kitchen looking for John and James» says Salome.

«And I have always known You so: the King of my soul!» Proclaims Mary of Magdala.

And Johanna meekly and gently says: «And I, too: divine, since the dream in which You appeared to me, when I was dying, to call me to the Life.»

«Lord, You have given us everything. Everything!» says with a sigh Eliza, who has collected herself.

«And you have given Me everything.»

«Too little!» they all reply.

«The possibility of giving will not come to an end after this hour. It will cease only when you are with Me in My Kingdom. My faithful women disciples. You will not sit at My side, on twelve thrones to judge the twelve tribes of Israel, but you will sing hosannas with the angels, forming a chorus of honour for My Mother, and then, as now, the heart of the Christ will find its joy in contemplating you.»

«I am young! Long will be the time to ascend to Your Kingdom. Happy Annaleah!» says Susanna.

«I am old, and happy to be so. I hope my death is near» says Eliza.

«I have my sons… I would like to serve these servants of God!» says Mary of Clopas with a sigh.

«Do not forget us, Lord!» says the Magdalene with restrained anxiety, I would say with a cry of her soul, so much does her voice quiver, even more than a cry, although it is kept low in order not to awake those who are sleeping.

«I will not forget you. I will come. You, Johanna, know that I can come even if I am far away… The others must believe that. And I will leave something to you… a mystery that will keep Me in you and you in Me, until we are united again, you and I, in the Kingdom of God.

596.33

Go now. You may say that I have not told you much, that it was almost useless to make you come for so little. But I wanted to have around Me hearts that have loved Me without selfishness. For my sake: for Jesus. Not for the future King of Israel people have dreamt of. Go. And may you be blessed once more. Also the other women disciples, who are not here, but think of Me with love: Anne, Myrtha, Anastasica, Naomi, and the far away Syntyche, and Photinai, and Aglae and Sarah, Marcella, Philip’s daughters, Mirjiam of Jairus, the virgins, the redeemed women, the wives, the mothers who have come to Me, who have been sisters and mothers to Me, better, oh! much better than the best men!… All of them! I bless them all. Grace begins already to descend, grace and forgiveness, on woman, through this blessing of Mine. Go…»

He dismisses them holding back His Mother, to whom He says: «Before evening I shall be at Lazarus’ mansion. I need to see You again. John will be with Me. But I only want You, Mother, and the other Maries, Martha and Susanna. I am so tired…»

«We shall be the only ones. Goodbye, Son…»

They kiss each other and part… Mary goes away slowly. She turns around before going out. She turns around before leaving the little bridge. She turns again, as long as She can see Jesus… She seems unable to depart from Him…

596.34

Jesus is alone once again. He gets up and goes out. He goes and calls John, who is sleeping lying on his face among the flowers, like a little boy, and He hands him the small amphora with the rosevinegar that Johanna brought Him, saying to him: «We shall go to My Mother this evening. But only the two of us.»

«I understand. Did they come?»

«Yes, they did. I preferred not to awake you…»

«You did the right thing. Your joy must have been greater. They know how to love you better than we do…» says John disconsolately.

«Come with Me.» John follows Him. «What is the matter with you?» Jesus asks him, when they are once again in the green dim light of the pergola, where there are still some remains of food.

«Master, we are very bad. All of us. There is no obedience in us… and no desire to be with You. Also Peter and Simon have gone away. I don’t know where. And so Judas found the opportunity to be quarrelsome.»

«Has Judas also gone away?»

«No, Lord. He has not. He says he has no need to go away, that he has no accomplices in our intrigues to try and get protection for You. But if I went to Annas, if others have gone to the Galileans residing here, it was not for an evil purpose!… And I do not think that Simon of Jonas and Simon Zealot are men capable of underhand intrigues…»

«Never mind. In fact Judas does not need to go while you are resting. He knows when and where to go to accomplish what he has to do.»

«Then why does he speak so? It is not nice, in the presence of the disciples!»

«It is not nice. But it is so.

596.35

Cheer up, My lamb.»

«I, Your lamb? There is no other Lamb but You!»

«Yes. You. I, the Lamb of God, and you, the lamb of the Lamb of God.»

«Oh!!! You already told me this word on another occasion, it was the first days I was with you. There were only the two of us, as now, among the green vegetation, as now, and in the fine season.» John rejoices at the recollection. And he whispers: «I am always, I am still the lamb of the Lamb of God…»

Jesus caresses him. And He offers him some of the grilled dove, left on the table on a sheet of parchment that had wrapped it. He then opens some juicy figs for him and offers them to him, happy to see him eat them.

Jesus has sat sideways on the edge of the table and looks at John so intensely that the latter asks: «Why are You looking at me thus? Because I am eating like a glutton?»

«No. Because you are like a child… Oh! My beloved! How much I love you because of your heart!» and Jesus bends to kiss the fairhaired head of the apostle and says to him: «Remain thus, always thus, with your heart without pride and malice. Thus, also in the hours of unchecked ferocity. Do not imitate those who sin, My child.»

596.36

John is seized with his worry again and he says: «But I cannot believe that Simon and Peter…»

«You would really make a mistake if you thought they were sinners. Drink this. It is a good fresh drink. Martha prepared it… Now you are feeling better. I am sure that you had not finished your meal…»

«That is true. I had begun to weep. Because, as long as the world hates us, one can understand. But that one of us should insinuate…»

«Forget about it. You and I know that Simon and the Zealot are two honest men. And that is enough. And, unfortunately, you know that Judas is a sinner. But keep silent about it. But when many lustra have gone by and it is just to reveal how deep My grief was, then you will tell also what I suffered because of the deeds of that man, in addition to those of that apostle. Let us go. It is time to leave this place and go towards the Field of the Galileans and…»

«Are we staying there also tonight? And are we going to Gethsemane first? Judas wanted to know. He says he is tired of being out in the dew, with little and uncomfortable rest.»

«It will soon be over. But I will not tell Judas what I intend doing…»

«You are not obliged. It is You Who have to guide us, and not we who have to guide You.» John is so far from betraying that he does not even understand the reason of prudence why Jesus for some days has never mentioned what He intends doing.

596.37

They are now among the sleeping disciples. They call them. They awake. Manaen, who has accomplished his task, apologises to the Master for not being able to stay, and not being able to be with Him at the Temple the following day, as he has to remain at the palace. And in saying so he stares at Peter and Simon, who have in the meantime come back, and Peter nods quickly, as if to say: «I have understood.»

They come out of the Gardens. It is still warm and the sun is still shining. But the evening breeze already mitigates the heat and blows some little clouds in the clear sky.

They go up towards Siloam, avoiding the places of the lepers, but Simon goes to them to take the remains of their meal to the few who are still left there and who did not believe in Jesus.

596.38

Matthias, the former shepherd, approaches Jesus and asks: «My Lord and Master, my companions and I have pondered a lot on Your words, until we were overcome by tiredness, and we fell asleep before solving the problem we had set to ourselves. And now we are more stupid than before. If we have correctly understood Your speeches of these last days, You have foretold that many things will be changed although the Law remains unchanged, and that a New Temple will have to be erected, with new prophets, wise men and scribes, that they will give battle to it, and that it will not die, whereas this one, always if we have understood correctly, is destined to perish.»

«It is destined to perish. Remember Daniel’s prophecy[13]…»

«But how shall we, poor and few as we are, be able to rebuild it, if the kings found it difficult to build this one? Where shall we erect it? Not here, because You say that this place will remain deserted until they bless You as the messenger sent by God.»

«It is so.»

«Not in Your Kingdom. We are convinced that Your Kingdom is spiritual. So, how and where shall we establish it? Yesterday You said that the true Temple – and is that one not the true Temple? – that the true Temple, when they think that they have destroyed it, will then ascend triumphantly to the true Jerusalem. Where is it? We are very confused.»

«It is so. Let the enemies destroy the true Temple. In three days I will raise it up and it will experience no more ambushes as it will ascend where man can no longer harm.

596.39

With regards to the Kingdom of God, it is in you and wherever there are men who believe in Me. Scattered at present, it will spread all over the Earth in the course of ages. Then eternal, united, perfect in Heaven. The new Temple will be built there, in the Kingdom of God, that is, where there are spirits who accept My doctrine, the doctrine of the Kingdom of God, and put its precepts into practice.

How will it be erected if you are poor and few? Oh! No money or power is really required to erect the building of the new abode of God. Neither for the individual nor for the collective one. The Kingdom of God is in you. And the union of all those who have the Kingdom of God in themselves, of all those who have God in themselves – God: Grace; God: Life; God: Light; God: Charity – will form the great Kingdom of God on the Earth, the new Jerusalem that will spread all over the world and, complete and perfect, without faults, without shadows, will live forever in Heaven.

How will you manage to build Temple and town? Oh! not you, but God will build these new places. You have only to give Him your goodwill. Goodwill is to remain in Me. Goodwill is to live my doctrine. Goodwill is to be united. So united to Me as to form only one body that is nourished by only one humour in all its parts, even in the smallest ones. Only one edifice that rests only on one base and is held together by a mystic cohesion. But as without the help of the Father, Whom I taught you to pray and Whom I will pray for you before I die, you would not be able to be in Charity, in Truth, in Life, that is still in Me and with Me in God the Father and in God Love, because we are only one Divinity, because of that I tell you to have God in you in order to be able to be the Temple that will know no end. You would not be able to do it by yourselves. If God does not build, and He cannot build where He cannot dwell, in vain men busy themselves in building and rebuilding.

596.40

The new Temple, my Church, will rise only when your hearts give hospitality to God, and He with you, living stones, will build his Church.»

«But did You not say that Simon of Jonas is its Head, the Stone on which Your Church will be built? And have You not made us also understand that You are its corner-stone? So who is its head? Does this Church exist or not?» says the Iscariot interrupting.

«I am the mystical Head. Peter is the visible head. Because I am going back to the Father leaving you Life, Light, Grace by means of my Word, of my suffering, of the Paraclete, Who will be the friend of those who are faithful to Me. I am one thing with my Church, my spiritual body, of which I am the head.

The head contains the brain or mind. The mind is the seat of knowledge, the brain directs the movements of the limbs with its immaterial orders, which are more efficient than any other incentive in making the limbs move. Look at a dead man, whose brain is dead. Is there any movement in his limbs? Look at one who is completely stupid. Is he not perhaps so inert that he is not capable of having those rudimentary instinctive emotions that the lowest animal, the worm we tread on when walking, has? Observe a man whose limbs, one or more of them, have lost contact with the brain by paralysis. Can he move the part that no longer has any vital link with his head? But if the mind directs with its immaterial orders, it is the other organs – eyes, ears, tongue, nose, skin – that transmit sensations to the mind, and it is the other parts of the body that perform and have performed what the mind, informed by the organs, which are as material and visible as the intellect is invisible, orders. Could I get you to sit on the slope of this mountain without saying to you: “Sit down”? Even if I think that I want you to sit down, you do not know until I express my thought in words and I utter them using my tongue and lips. I could sit down Myself, if I only thought of it because I feel that my legs are tired, but if they refused to bend and sit Me down? The mind needs organs and limbs to accomplish and have accomplished the operations that the thought thinks of.

So in the spiritual body that is my Church, I shall be the Intellect, that is, the head, the seat of the intellect; Peter and his collaborators will be those who watch the reactions and perceive the sensations and transmit them to the mind, so that I may illuminate and direct what is to be done for the welfare of the whole body and then, as they are enlightened and guided by my order, they may speak and guide the other parts of the body. The hand that wards off on object that can damage the body and drives away what, being corrupt, may corrupt; the foot that steps over an obstacle, without knocking against it and falling and being hurt, have received an order to do so from the part that directs. The, boy, or also the man, who is saved from a danger, or makes any kind of gain – education, good business, marriage, good alliance through a good piece of advice he received, for a word spoken – it is through that piece of advice and that word that he is not hurt or he makes a profit. It will be the same in the Church. The head, and the heads, led by the Divine Thought and enlightened by the Divine Light and instructed by the Eternal Word, give orders and advice, and the members will act, receiving spiritual health and gain.

596.41

My Church already exists, because it has its supernatural Head and its divine Head and it has its members: the disciples. Still small a germ being formed – perfect only in the Head directing it, imperfect in the rest, which needs the touch of God to be perfect and some time to grow. But I solemnly tell you that it already exists, and that it is holy on account of Him Who is its Head and of the goodwill of the just members composing it. It is holy and invincible. Hell, consisting of demons and men-demons, will hurl itself against it thousands of times and will fight it in thousands of ways, but it will not prevail. The edifice will be unshakeable.

But the building is not made with only one stone. Look at the Temple, over there, large, beautiful in the setting sun. Is it made with only one stone? It is a complex of stones forming a harmonious whole. We say: the Temple. That is, one unit. But this unit is made with the many stones that have composed and formed it. It would have been useless to lay the foundations, if they were not to support the walls and the roof, if no walls were to be raised on them. And it would have been impossible to raise walls and support the roof, if first they had not laid solid foundations, proportioned to such a huge mass. So with this interdependence of parts, also the new Temple will rise. In the course of ages, you will build it, laying it on the foundations that I have given it, and which are perfect, for its massive size. You will build it under the direction of God, with the good things used to raise it: the spirits in which God dwells.

With God in your hearts, to make them polished flawless stones for the new Temple. With His Kingdom established with its laws in your spirits. Otherwise you would be badly-baked bricks, worm-eaten wood, chipped cracked stones that do not last, and are rejected by the builder, if he is wary, or they do not hold out, they cave in, making a part collapse if the builder, the builders appointed by the Father to the construction of the Temple, are idolatrous builders, who are proud in their hearts but do not watch over or work hard on the building that is rising, and neglect the materials used to make it.

Idolatrous builders, idolatrous guardians, idolatrous keepers, thieves! Robbers of the trust in God, of the esteem of men, robbers full of pride, who are pleased to have the possibility of making a profit and of having large stocks of materials, but they do not watch whether they are good or of inferior quality, the cause of ruin.

596.42

You, new priests and scribes of the new Temple, listen. Woe to you and to those who after you will become idolatrous and will not watch and look after themselves and the other believers, to examine and test the good quality of the stones and timber, without trusting appearances, and will bring about ruin by allowing inferior quality, or even harmful materials to be used for the Temple, scandalising and causing disaster. Woe to you if you will allow unsafe, curved walls to be erected, full of large fissures and that will collapse easily, as they are not balanced on solid perfect foundations. The disaster would not come from God, the Founder of the Church, but from you, and you would be responsible for it before God and men.

Care, attention, insight, prudence! The stone, the brick, the weak beam, which would be ruinous in a main wall, can serve for parts of minor importance, and serve well. That is how you must be able to choose. With charity in order not to disgust the weak parts, with firmness not to disgust God and ruin His Edifice. And if you become aware that a stone, already laid to support a main corner, is not good or is not balanced, be brave, bold, and remove it from that place, mortify it by squaring it with the chisel of holy zeal. If it howls with pain, it does not matter. It will bless you later, in the course of ages, because you saved it. Move it, appoint it to another office. Do not be afraid to send it away altogether, if you see that it is the cause of scandal and ruin and rebels against your work. Few stones are better than a pile of pebbles. Do not be in a hurry. God is never in a hurry, but what He creates is eternal, because it is well thought over before being carried out. Even if it is not eternal, it will last to the end of time. Look at the Universe. For ages, for thousands of centuries it is as God made it through subsequent operations. Imitate the Lord. Be as perfect as your Father. Keep His Law and His Kingdom in you and you will not be unsuccessful.

But if you were not so, the building would collapse, you would have toiled in vain to erect it. It would collapse and only the cornerstone and the foundations would be left… That is what will happen to that one!… I solemnly tell you that that is what will happen to it. And that will be the fate of yours, if you put in it what is in this one: parts diseased with pride, avidity, sin, lust. As that pavilion of clouds, so gracefully beautiful, was blown away and dispersed by a breath of wind, while it seemed to be settling on the top of that mountain, likewise, at a gust of a wind of supernatural and human punishment, will tumble the buildings that are holy by name…»

596.43

Jesus is silent and pensive. He resumes speaking only to say: «Let us sit down here and rest a little.»

They sit down on a slope of the Mount of Olives, in front of the Temple kissed by the setting sun. Jesus looks fixedly at that place and sorrowfully. The others are proud of its beauty, but a veil of worry, left by the words of the Master, is spread on their pride. And if that beauty should really perish?…

Peter and John speak to each other and then they whisper something to James of Alphaeus and Andrew, who nod assent. Then Peter addresses the Master saying: «Let us go aside and explain to us when Your prophecy on the destruction of the Temple will take place. Daniel mentions it, but if things were as he says and as You say, the Temple would have but a few more hours. But we do not see any armies or preparations for war. So when will it happen? Which will be the sign of it? You have come. You say that You are about to go away. And yet it is known that it will only happen when You are among men. So, will You come back? When will You come back? Tell us, so that we way know…»

«It is not necessary to go aside. See? The most faithful disciples have remained, those who will be of great help to you twelve. They may hear the words that I will speak to you. Come near Me, all of you.» He shouts the last words to gather them all.

The disciples scattered on the slope come near the others, they form a compact group around the main one of Jesus and the apostles and they listen.

596.44

«Take care that no one deceives you in future. I am the Christ and there will be no other Christs. So, when many will come and say to you: “I am the Christ” and they will deceive many, do not believe those words, even if they are accompanied by wonders.

Satan, the father of falsehood and the protector of liars, assists his servants and followers with false wonders, which, however, can be recognised as not being good ones, because they are always joined to fear, perturbation and falsehood. You know the wonders of God: they give holy peace, joy, health, faith, and they lead to holy desires and deeds. The others do not. So ponder on the forms and consequences of the wonders you may see in future, performed by the false Christs and by all those who will clothe themselves in the garments of saviours of peoples, whereas they are wild beasts who ruin them.

You will hear also, and you will see people speak of wars and rumours of wars and they will say to you: “These are the signs of the end.” Do not be upset. It will not be the end. All this must happen before the end, but it is not the end yet. People will rise against people, kingdom against kingdom, nation against nation, continent against continent, and plagues, famines and earthquakes will follow in many places. But this is only the beginning of the birthpangs. Then they will bring affliction upon you and will kill you, accusing you of being guilty of their suffering, and hoping to get out of it by persecuting and destroying my servants.

Men will always accuse the innocent of being the cause of the evil that they, sinners, procure for themselves. They accuse God Himself, Perfect Innocence and Supreme Goodness, of being the cause of their suffering, and they will do the same with you, and you will be hated on account of My Name. It is Satan who instigates them. And many will be scandalised and they will betray and hate one another. It is still Satan who instigates them. And many false prophets will arise, who will deceive many. And Satan is still the true author of so much evil. And with the increase of lawlessness, love in many men will grow cold. But those who stand firm to the end will be saved. And first this Good News of the Kingdom of God is to be preached all over the world, as a witness to all the nations. Then the end will come. The return to the Christ of Israel who will accept Him and the preaching of my Doctrine to all the world.

596.45

And then another sign. A sign for the end of the Temple and for the end of the World. When you see the abomination of the desolation prophesied by Daniel – let those who are listening to Me understand properly and let those who read the Prophet read between the lines – then those who are in Judaea must escape to the mountains, those who are on the terrace must not come down to collect what is in their houses, and those who are in the fields must not come back home to fetch their cloaks, but they must flee without turning back, otherwise it may happen that they will no longer be able to do so, and while running away they must not even turn around to look, in order not to keep the horrible sight in their hearts, and thus go mad. Woe to those with child and to those giving suck in those days! And woe if you have to escape on a Sabbath! The flight would not be sufficient to save you without sinning. So pray that it may not happen in winter or on a Sabbath, because then the tribulation will be so great as it has never been from the beginning of the world until now, nor will ever be alike again, because it will be the end. And if those days were not shortened for the sake of those who are chosen, no one would be saved, because the satan-men will enter into an alliance with hell to torture men.

And even then, in order to corrupt and mislead those who have remained faithful to the Lord, some people will arise and say: “The Christ is there, the Christ is here. He is in that place. There He is.” Do not believe them. Let no one believe them, for false Christs and false prophets will arise and produce great signs and portents, enough to deceive even the chosen, if it were possible, and they will speak doctrines that are apparently so comforting and good as to deceive even the best ones, if the Spirit of God were not with them enlightening them on the truth and the satanic origin of such portents and doctrines. I am telling you. I am foretelling it, so that you may know how to behave. But do not be afraid of falling. If you remain in the Lord, you will not be led into temptation and ruin. Remember what I told you[14]: “I have given you the power to walk on snakes and scorpions, and of all the power of the Enemy nothing will harm you, because everything will be subjected to you.” But I also remind you that, in order to achieve this, you must have God within you, and you must rejoice, not because you control the powers of Evil and poisonous things, but because your names are written in Heaven.

596.46

Remain in God and in His truth. I am the Truth and I teach the truth. So I repeat to you once again: whatever they may say about Me, do not believe it. I alone have spoken the truth. I alone tell you that the Christ will come, but when it is the end. So, if they say to you: “He is in the desert”, do not go. If they say to you: “He is in that house”, do not listen to them. Because in His second coming the Son of man will be like lightning striking in the east and flashing as far as the west, in a shorter time than a blink. And He will glide over the great Body, suddenly turned into a Corpse, followed by His shining angels, and He will judge. Wherever the corpse is, there will the eagles gather. And immediately after the distress of those last days, as you have been told – I am speaking of the end of time and of the world and of the resurrection of the bones, of which the prophets speak[15] – the sun will be darkened, and the moon will shed no more light, and the stars will fall from the sky like grapes from a bunch that is too ripe and is shaken by a gale, and the powers of Heaven will be shaken.

And then in the darkened vault of heaven the dazzling sign of the Son of Man will appear, and all the nations of the Earth will weep, and men will see the Son of man coming on the clouds of heaven with great power and glory. And He will order His angels to reap the corn and gather the grapes, and to separate the darnel from the corn, and to throw the grapes into the vat, because the time of the great harvest of Adam’s seed has come, and there will be no more need to keep small bunches or seeds, because the human race will never be perpetuated again on the dead Earth. And He will order His angels to gather the chosen with loud trumpets from the four winds, from one end of the heavens to another, so that they may be beside the Divine Judge to judge with Him the last living men and those who have been raised from the dead.

596.47

Learn the similitude from the fig-tree: when you see its twigs grow supple and put forth leaves, you know that summer is near. So, when you see all these things, know that the Christ is about to come. I solemnly tell you: this generation that did not want Me will not pass away, before all this takes place. My word does not pass. What I have said will take place. The hearts and minds of men may change, but my word does not change.

Heaven and earth will pass away, but my words will not pass away. But as for the day and the exact hour, nobody knows them, not even the angels of the Lord, only the Father knows them.

596.48

As it was in the, days of Noah, so it will be when the Son of man comes. In the days before the Flood, men were eating, drinking, taking wives, taking husbands, without worrying about the sign, right up to the day Noah went into the ark and the cataracts of heaven were opened and the Flood swept all living beings and things away. It will be like this also for the coming of the Son of man. Then two men will be close to each other in the field, and one will be taken and the other will be left, and two women will be at the millstone grinding, and one will be taken and one left by the enemies in the Fatherland, and even more by the angels who will be separating the good seed from the darnel, and they will have no time to prepare for the judgement of the Christ.

So be awake because you do not know at what time your Lord will come. Consider this: if the head of a family knew at what time a burglar would come, he would stay awake and would not let his house be robbed. So be vigilant and pray, being always prepared for the coming, without letting your hearts become sluggish through all kinds of abuse and intemperance, and your spirits be dull and distracted from the things of Heaven by excessive care for the things of the Earth, so that death may not take you all of a sudden, when you are not prepared. Because, bear this in mind, each one of you must die. All men, once they are born, must die, and this death and subsequent judgement is a particular coming of the Christ and its universal repetition will take place at the solemn coming of the Son of man.

596.49

What will happen to that faithful and prudent servant, appointed by his master to give food to the servants in his absence? His lot will be a happy one if his master comes back suddenly and finds him doing his duty with diligence, justice and love. I tell you solemnly that he will say to him: “Come, good faithful servant. You have deserved my reward. Here, administer all my property.” But if he seemed good and faithful, but was not, and if interiorly he was as bad as he was hypocritical exteriorly, and once the master has left, he says to himself: “The master will come back late! Let us have a good time”, and he begins to beat and ill-treat his fellow servants, cutting down their food and everything else to have more money to spend with revellers and drunkards, what will happen? The master will come back all of a sudden, when the servant does not expect him, and his wrong-doing will be found out, his position and money will taken off him, and he will be led where justice wants. And there will he remain.

And the same will happen to the unrepentant sinner, who does not think that death can be close at hand, as his judgement can be near, and he enjoys himself and abuses saying: “Later I will repent”. I tell you solemnly that he will not have time to do so, and he will be condemned to be forever where there is dreadful horror, where there is only blasphemy and weeping and torture, and he will come out only for the final Judgement, when he will be reclothed with the flesh raised from the dead, to present himself entire at the final Judgement, as he was entire when he sinned in the time of his earthly life, and in body and soul he will present himself to Jesus Judge, Whom he did not want as his Saviour.

596.50

They will all be gathered there before the Son of man. An infinite multitude of bodies, given back by the land and by the sea and recomposed after being ashes for such a long time. And the souls in their bodies. To each flesh returned to the skeletons will correspond its own soul that once animated it. And they will stand before the Son of man, splendid in His divine Majesty, sitting on His throne of glory supported by His angels.

And He will separate men from men, placing the good on one side and the bad on the other, as a shepherd separates the sheep from the kids, and He will place the sheep on His right, and the goats on His left. And in a gentle voice and with a benign appearance he will say to those who look at Him with all the love of their hearts, and are peaceful and beautiful, shining with the glorious beauty of their holy bodies: “Come, you who have been blessed by My Father, take possession of the Kingdom prepared for you since the origin of the world. For I was hungry and you gave Me food, I was thirsty and you gave Me drink, I was a pilgrim and you gave Me hospitality, I was naked and you clothed Me, sick and you visited Me, in prison and you came to comfort Me.”

And the just will ask Him: “Lord, when did we see You hungry and we fed You, thirsty and we gave You drink? When did we see You a pilgrim and we welcomed You, naked and we clothed You? When did we see You sick and in prison and we came to visit You?”

And the King of kings will say to them: “I tell you solemnly: when you did one of these things to one of the least of My brothers, you did it to Me.”

He will then address those who are on His left hand and will say to them, looking very severe, and His eyes will be like flashes of lightning striking the reprobates, and in His voice the wrath of God will thunder: “Go away from here! Away from Me, with your curse upon you! Go to the eternal fire prepared by the fury of God for the devil and the angels of darkness and for those who have listened to their voices of treble obscene lechery. I was hungry and you did not give Me any food, I was thirsty and you did not quench My thirst, I was naked and you did not clothe Me, I was a pilgrim and you rejected Me, I was sick and in prison and you did not visit Me. Because you had but one law: the pleasure of your own egos.”

And they will say to Him: “When did we see You hungry, thirsty, naked, pilgrim, sick, in prison? Really, we never met You. We did not exist, when You were on the Earth.”

And He will reply to them: “That is true. You never met Me. Because you did not exist when I was on the Earth. But you were acquainted with My word and you had among you people who were hungry, thirsty, naked, ill, in prison. Why did you not do to them what you would have perhaps done to Me? Because no one says that those, who had Me among them, were merciful to the Son of man. Do you not know that I am in my brothers, and that where one of them suffers, I am there, and that what you have not done to one of the least of My brothers, you have refused it to Me, the First-Born of men? Go and burn in your own selfishness. Go and be enveloped in darkness and ice, because you were darkness and ice yourselves, though you knew where the Light and the Fire of Love were.” And they will go to the eternal torture, whereas the just will enter eternal life.

Those are the future things…

596.51

Go now. And do not part from one another. I am going with John, and I shall be with you half through the first watch, for supper, and then we shall go to our teaching.»

«Also this evening? Shall we be doing that every evening? I am aching all over because of the dew. Would it not be better to go to some hospitable house now? Always under tents! Always watching at night, when it is cold and damp…» says Judas complaining.

«It is the last night. Tomorrow… it will be different.»

«Ah! I thought You wanted to go to Gethsemane every night. But if it is the last one…»

«I did not say that, Judas. I said that it will be the last night to spend all together at the Field of the Galileans. Tomorrow we will prepare for Passover and will consume the lamb, then I will go by Myself to Gethsemane to pray. And you can do what you like.»

«But shall we not come with You, Lord! When have we ever wanted to leave You?» asks Peter.

«You should be quiet, because you are culpable. You and the Zealot do nothing but flutter here and there as soon as the Master does not see you. I have been keeping an eye on you. At the Temple… on the day… in the tents up there…» says the Iscariot, happy to denounce them.

«That is enough! If they do that, they are doing the right thing. But do not leave Me alone… I beg you…»

«Lord, we are not doing anything wrong. Believe me. Our deeds are known to God, and His eyes do not turn away from them in disgust» says the Zealot.

«I know. But it is useless. And what is useless may always become harmful. Be together as much as possible.»

He then says to Matthew: «My good reporter, you will repeat to them the parable of the ten wise virgins and the ten foolish ones, and that of the master who gives some talents to his three servants to make them bear interests, and two earn twice as much and the sluggard hides it in the ground. Do you remember?»

«Yes, my Lord, very well.»

«Repeat them, then, because not everybody knows them. And also those who know them will be pleased to hear them again. You can while away the time so, in wise conversation, until I come back. Stay awake! Be vigilant! Keep your spirits awake. Those parables are also appropriate to what I have said. Goodbye. Peace be with you.»

He takes John by the hand and goes away with him towards the town… The others set out towards the Fields of the Galileans.

596.52

Jesus says: «You will put here the second part of the very toilsome Wednesday before Passover. Night (1945). Remember to mark in red the passages that I told you.

Those little words throw light. A lot of light for those who can see it.»


Notes

  1. Le premier, en Dt 6, 4-5. Le second, en Lv 19, 18.
  2. ces paroles de David, en Ps 37, 11.
  3. Il est dit, en Ps 37, 11.
  4. lorsqu’il dit, en Ps 110, 1
  5. rectifiée… Comme en 174.10, nous avons préféré la rapporter fidèlement et intégralement, sans tenir compte des corrections de Maria Valtorta sur la copie dactylographiée. Elles consistent essentiellement en la suppression des passages initiaux, qui revêtent un caractère personnel, avec quelques descriptions redondantes.
  6. la vision du 25 mai 1944 fait partie du volume “ Les cahiers de 1944 ”.
  7. Ce furent… patrie, comme le rapportent Esd 1-10 ; Ne 1-13, 1 ; 1M 1-2.
  8. je vous dis, comme en 265.12 et 281.6.
  9. La Femme, dont on parle en Gn 2, 22-23, mais avec plus d’intérêt pour Gn 3, 15 (donc second — écrit en chiffre romain [II] — aurait pu être écrit au lieu de III) ; la Vierge, dont on parle en Is 7, 14 ; a prophétisé en 21.5.
  10. de celui d’Abel, en Gn 4, 8, à celui de Zacharie, en 2 Ch 24, 20-22, déjà cité en 414.9.
  11. jusqu’à ce que vous disiez, vous aussi, comme en Ps 118, 26.
  12. doit très bien connaître Jésus, qui lui avait guéri la jambe, comme on le voit en 488.5.
  13. la désobéissance — celle d’Adam et Eve — s’oppose à l’obéissance de Jésus et de sa Mère. Il en a été question en particulier dans le chapitre 17 et en 29.7/12. C’est un thème récurrent (par exemple en 420.11, 515.3, 595.5, 606.1) que ce dialogue résume admirablement.
  14. prophétie qui se trouve en Dn 9, 20-27.
  15. je vous l’ai dit, en 280.2, où la phrase entre guillements qui suit (et qui figure en Lc 10, 19) est seulement sous-entendue, alors qu’on y lit textuellement les exhortations que Jésus rappelle juste après aux disciples : Je vous rappelle…
  16. le grand Corps est la terre, le monde, note Maria Valorta sur une copie dactylographiée.
  17. qu’ont annoncées les prophètes, comme en Ez 37, 1-14.
  18. qui n’a pas voulu de moi est une précision qui manque dans les évangiles (Mt 24, 34, Mc 13, 30 et Luc 21, 32). Cela éclaire qu’il ne s’agit pas d’une “ génération ” au sens littéral du terme et confirme ce qui est dit plus haut, dans les dernières lignes de 596.44 : la fin arrivera “ au retour au Christ d’Israël qui l’accueille ”. On retrouve la même idée, par exemple, dans les dernières lignes de 258.5, en 265.10 et en 580.5.
  19. signe : Maria Valorta note sur une copie dactylographiée : l’ordre reçu par Noé de préparer l’arche pour sauver les animaux de toutes espèces. Pour tout ce qui a trait aux citations sur Noé et son arche (par exemple en 140.3, 176.3 et 525.7), nous renvoyons le lecteur à Gn 6-9.
  20. tu répéteras deux paraboles, que Jésus a racontées en 206.2/6 et en 281.9, mais que l’évangile de Matthieu place ensemble, avec les discours de ce chapitre.
  21. ces mots, que Maria Valorta a encadrés au crayon rouge sur le manuscrit dactylographié original, sont “ du reste ” et “ je vous enverrai ”, et sont en italiques en 596.20/21. On trouve des cas analogues en 577.11 ainsi qu’en 592.17.

Notes

  1. The first, in: Deuteronomy 6,4-5.
  2. The second, in: Leviticus 19,18.
  3. David’s words, that are in: Psalm 51,18-19.
  4. It is said, in: Psalm 37,11.
  5. saying, in: Psalm 110,1.
  6. vision of 25th May 1944 as reported in the volume “The Notebooks. 1944”.
  7. sad days for our Fatherland, as can be read in: Ezra 1-10; Nehemiah 1-13; 1 Maccabees 1-2.
  8. I say to you, as in 265.12 and 281.6.
  9. The Woman, that is mentioned in Genesis 2,22-23, with even more relevance in Genesis 3,15; the Virgin, mentioned in Isaiah 7,14; prophesied, in 21.5.
  10. the blood of the just Abel, in Genesis 4,8, to the blood of Zechariah, in 2 Chronicles 24,20-22.
  11. say, as in: Psalm 118,26.
  12. must know Jesus, since he had a leg healed by Him, in 488.5.
  13. prophecy that is in: Daniel 9,20-27.
  14. I told you, in 280.2.
  15. the prophets speak, as in: Ezekiel 37,1-14.