Os Escritos de Maria Valtorta

598. Le jeudi saint. Les préparatifs de la Cène pascale.

598. Quinta-feira santa. Preparativos da Ceia pascal.

598.1

Et voici une nouvelle matinée, sereine, radieuse même. Les rares nuages qui, la veille, se déplaçaient lentement sur le cobalt du ciel ont disparu. La lourde chaleur si accablante d’hier a cédé la place à une brise légère qui souffle sur les visages. Elle a quelque chose du parfum des fleurs, du foin, de l’air pur. Elle berce doucement les feuilles des oliviers. On dirait qu’elle veut faire admirer la couleur argentée des feuilles lancéolées. Elle répand sur les pas et sur la tête du Christ des petites fleurs candides, odorantes, qui tombent comme un baiser pour le rafraîchir — car chaque calice contient une gouttelette de rosée —, et puis meurent avant de voir l’horreur qui menace. Et les herbes des pentes s’inclinent pour remuer les clochettes, les corolles, les palmettes de milliers de fleurs.

Etoiles au cœur d’or, les grosses marguerites sauvages se dressent sur leurs tiges comme pour baiser la main qui sera transpercée ; de même, les pâquerettes et les camomilles baisent les pieds généreux qui ne s’arrêteront de marcher pour le bien des hommes que lorsqu’ils seront cloués pour un bienfait encore supérieur ; les églantines répandent leur parfum, et l’aubépine, qui n’a plus de fleurs, agite ses feuilles dentelées.

Elle semble dire : “ Non, non ” à ceux qui s’en serviront pour tourmenter le Rédempteur. Et “ non ” disent en écho les roseaux du Cédron. Eux aussi se refusent à frapper, leur volonté de petite plante ne veut pas faire de mal au Seigneur.

Peut-être les pierres sur les pentes se félicitent-elles d’être hors de la ville, sur l’oliveraie pour ne pas risquer de blesser le Martyr. Et ils pleurent aussi, les fins liserons rosés que Jésus aimait tellement, ainsi que les corymbes des acacias blancs comme des grappes de papillons groupés sur une tige. Peut-être pensent-ils : “ Nous ne le verrons plus. ” Les myosotis fins et purs laissent retomber leurs corolles quand ils touchent le vêtement pourpre que Jésus porte de nouveau. Il doit être beau de mourir quand c’est Jésus qui frappe. Toutes les fleurs, même un muguet perdu, tombé là peut-être incidemment et qui s’est épanoui entre les racines saillantes d’un olivier, est heureux d’être aperçu et cueilli par Thomas pour être offert au Seigneur…

Les milliers d’oiseaux dans les branches le saluent avec des chants de joie. Ah ! ils ne le blasphèment pas, ces oiseaux qu’il a toujours aimés ! Même un petit troupeau de brebis semble vouloir le saluer malgré leurs pleurs, privées qu’elles sont de leurs petits vendus pour le sacrifice pascal. C’est une lamentation de mères qui parcourt l’air. Tout en bêlant et en appelant leurs agneaux qui ne reviendront plus, elles se frottent contre Jésus en lui offrant leur doux regard.

598.2

La vue des brebis rappelle aux apôtres qu’il leur faut organiser le rite pascal et, à leur arrivée à Gethsémani, ils demandent à Jésus :

« Où irons-nous consommer la Pâque ? Quel endroit choisis-tu ? Dis-le, et nous allons tout préparer. »

Et Judas :

« Donne-moi tes ordres, et j’irai.

– Pierre, Jean, écoutez-moi. »

Les deux hommes, qui étaient un peu en avant, s’approchent de Jésus.

« Précédez-nous et entrez dans la ville par la Porte du Fumier. A peine entrés, vous rencontrerez un homme qui vient d’En-Rogel avec un broc de cette bonne eau. Suivez-le jusqu’à ce qu’il pénètre dans une maison. Vous direz à celui qui s’y trouve : “ Le Maître te fait dire : ‘Où se trouve la pièce où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ? ” Il vous montrera un grand cénacle prêt. Préparez-y tout ce qu’il faut. Faites vite, puis rejoignez-nous au Temple. »

Les deux hommes partent en toute hâte.

Jésus au contraire, avance lentement. La matinée est encore fraîche et les premiers pèlerins apparaissent tout juste sur les routes qui mènent à Jérusalem. Après avoir traversé le Cédron sur le petit pont qui se trouve avant Gethsémani, ils entrent dans la ville. Les portes, peut-être à la suite d’un contre-ordre de Pilate, rassuré par l’absence de dissensions autour de Jésus, ne sont plus surveillées par des légionnaires. Effectivement, le plus grand calme règne partout.

598.3

Ah ! on ne peut pas dire que les juifs n’ont pas su se contenir ! Personne n’a molesté le Maître ni ses disciples. Respectueux, bien élevés à défaut d’être affectueux, ils l’ont toujours salué, même les plus haineux du Sanhédrin. Une patience sans égale a accompagné même le réquisitoire d’hier.

En voilà justement un exemple : comme la maison de campagne de Caïphe est proche de cette porte, voilà qu’un groupe important de pharisiens et de scribes, parmi lesquels le fils d’Hanne, Elchias, Doras et Sadoq, en sort et passe. Cela donne lieu à mille courbettes de personnages aux amples manteaux, qui saluent dans un ondoiement de vêtements, de franges et de larges couvre-chefs. Jésus leur rend leur salutation et passe, l’air royal dans son vêtement de laine rouge et son manteau d’une teinte plus foncée. Il tient le couvre-chef de Syntica à la main, et le soleil fait de ses cheveux cuivrés une couronne d’or et un voile brillant qui descend jusqu’aux épaules. Les échines se relèvent après son passage, mais ce sont des visages d’hyènes enragées qui apparaissent.

Judas, qui ne cessait de regarder tout autour de lui avec sa mine de traître, s’écarte sur le bord de la route sous prétexte de relacer une sandale, et, je le vois bien, il fait un signe à ces gens qui l’attendaient… Toujours affairé à remettre la courroie de sa sandale pour se donner une contenance, il laisse avancer le groupe de Jésus et des disciples puis, rapidement, il passe près des autres et murmure : “ A la Belle, aux environs de sexte. Un de vous ” ; puis il se hâte de rejoindre ses compagnons. Il se donne l’air franc, effrontément franc !

598.4

Ils montent au Temple. S’il y a peu d’Hébreux encore, les païens sont nombreux. Jésus va adorer le Seigneur. Puis il revient sur ses pas et ordonne à Simon et Barthélémy d’acheter l’agneau en se faisant donner de l’argent par Judas.

« Mais j’aurais pu le faire moi-même ! dit ce dernier.

– Tu auras autre chose à faire. Tu le sais. Il y a cette veuve à laquelle il faut porter l’obole de Marie de Magdala et demander de se rendre après les fêtes à Béthanie chez Lazare. Sais-tu où elle se trouve ? As-tu bien compris ?

– Je sais, je sais ! L’endroit m’a été montré par Zacharie, qui la connaît bien. » Et il ajoute : « Je préfère de beaucoup y aller plutôt que m’occuper de l’agneau. Quand dois-je le faire ?

– Plus tard. Je ne vais pas m’attarder ici. Je vais me reposer aujourd’hui, car je veux être fort pour ce soir et pour ma prière de la nuit.

– C’est bien. »

Je m’interroge : les jours précédents, Jésus avait bien gardé le silence sur ses intentions pour ne donner aucune indication à Judas. Alors pourquoi dit-il, répète-t-il maintenant ce qu’il va faire dans la nuit ? La Passion est-elle déjà commencée par l’aveuglement de sa prévoyance, ou bien cette prévoyance s’est-elle renforcée au point qu’il lit dans les livres des Cieux que c’est pour “ cette nuit-là ”, et que par conséquent il faut en informer celui qui attend de le savoir pour le livrer à ses ennemis ? Ou bien a-t-il toujours su que c’est cette nuit même que doit commencer son immolation ? Je ne parviens pas à me donner de réponse. Jésus ne m’en apporte pas non plus. Et je reste avec mes questions tout en observant Jésus, qui guérit les derniers malades. Les derniers… Demain, dans quelques heures, il ne le pourra plus… La terre sera privée du puissant Guérisseur des corps. Néanmoins, la Victime commencera sur son gibet la série, ininterrompue depuis vingt siècles, de ses guérisons spirituelles.

598.5

Aujourd’hui, je contemple plus que je ne décris. Mon Seigneur me fait projeter ma vue spirituelle à partir de ce que je vois arriver dans le dernier jour de liberté du Christ jusque dans les siècles… Aujourd’hui, je contemple davantage les sentiments, les pensées du Maître que les événements qui l’entourent. Déjà je comprends, angoissée, sa torture de Gethsémani…

598.6

Comme d’habitude, Jésus est pressé de tout côté par la foule qui s’est accrue, qui maintenant est en majorité hébraïque et qui oublie de se hâter vers l’endroit où on sacrifie les agneaux pour s’approcher de Jésus, l’Agneau de Dieu sur le point d’être immolé. Et elle demande, elle exige encore des explications.

Nombreux sont les juifs de la Diaspora qui, ayant entendu parler du Christ, du prophète galiléen, du Rabbi de Nazareth, sont curieux de l’entendre parler et impatients de lever tout doute possible. Alors ils se fraient un passage en suppliant ainsi ceux de Palestine :

« Vous l’avez toujours auprès de vous. Vous savez qui il est. Vous entendez sa parole quand vous voulez. Nous, nous arrivons de loin, et nous allons repartir aussitôt après avoir accompli le précepte. Laissez-nous approcher de lui ! »

La foule s’ouvre difficilement pour leur céder la place. Ils s’avancent vers Jésus et le dévisagent avec curiosité. Ils discutent entre eux, groupe par groupe.

Jésus les observe aussi tout en écoutant des personnes venues de Pérée. Quand ils lui ont offert de l’argent pour ses pauvres comme le font beaucoup, argent qu’il a passé comme toujours à Judas, il les remercie et prend la parole.

598.7

« Unis par une même foi, mais de provenances diverses, nombreux sont ceux qui se demandent, dans l’assistance : “ Qui est donc cet homme que l’on appelle le Nazaréen ? ”, et leurs espoirs se mêlent à leurs doutes. Ecoutez donc[1] :

Il est dit de moi : “ Un rejeton sortira de la souche de Jessé, un surgeon poussera de ces racines et sur lui reposera l’Esprit du Seigneur. Il ne jugera pas d’après les apparences, il ne tranchera pas d’après ce qu’il entend dire. Il jugera les petits avec justice, il tranchera avec droiture en faveur des pauvres du pays. Le rejeton de la racine de Jessé, placé comme un signe parmi les nations, sera invoqué par les peuples et son tombeau sera glorieux. Il dressera un signal pour les nations et rassemblera les bannis d’Israël. Il regroupera les dispersés de Juda des quatre coins de la terre. ”

Il est dit de moi : “ Voici votre Dieu qui vient avec puissance, et son bras sera victorieux. Il porte avec lui sa récompense, il a son œuvre devant les yeux. Tel un berger, il fera paître son troupeau. ”

Il est dit de moi : “ Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui j’ai mis toute ma joie. J’ai fait reposer sur lui mon esprit. Devant les nations, il fera paraître le jugement que j’ai prononcé. Il ne criera pas, n’écrasera pas le roseau froissé, il n’éteindra pas la mèche qui faiblit, il rendra justice selon la vérité. Voici mon Serviteur avec lequel je serai, en qui se complaît mon âme. En lui j’ai répandu mon esprit. Il amènera la justice parmi les nations. Il ne criera pas, il ne brisera pas le roseau fêlé, il n’éteindra pas la mèche qui fume encore, il fera justice selon la vérité. Sans être triste ou turbulent, il arrivera à établir sur la terre la justice, et les îles attendront sa loi. ”

Il est dit de moi : “ Moi, le Seigneur, je t’ai appelé dans la justice, je t’ai pris par la main, je t’ai préservé, je t’ai fait alliance du peuple et lumière des nations pour ouvrir les yeux aux aveugles et tirer les captifs de leur geôle, et de leur prison souterraine ceux qui gisent dans les ténèbres. ”

Il est dit de moi : “ L’Esprit du Seigneur est sur moi, car le Seigneur m’a donné l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, panser les cœurs meurtris, annoncer aux esclaves la libération et aux prisonniers la délivrance, proclamer une année de grâce de la part du Seigneur. ”

Il est dit de moi : “ Il est le Fort, il fera paître son troupeau avec la force du Seigneur, avec la majesté du nom du Seigneur son Dieu. Ils se convertiront à lui, parce que, dès à présent, il sera glorifié jusqu’aux confins du monde. ”

Il est dit de moi : “ La brebis perdue, je la chercherai ; l’égarée, je la ramènerai. Celle qui est blessée, je la soignerai. Celle qui est faible, je lui rendrai des forces. Celle qui est grasse et vigoureuse, je la garderai, je la ferai paître avec justice. ”

Il est dit : “ Il est le Prince de la paix et il sera la paix. ”

Il est dit : “ Voici ton Roi qui vient vers toi. Il est le Juste, le Sauveur. Il est pauvre, il est monté sur un ânon. Il annoncera la paix aux nations. Sa domination ira d’une mer à l’autre jusqu’aux extrémités de la terre. ”

Il est dit : “ Soixante-dix semaines ont été fixées pour ton peuple et ta cité sainte pour mettre un terme à la transgression et fin au péché, pour expier l’iniquité, pour amener la justice éternelle, pour accomplir visions et prophéties, et pour oindre le Saint des Saints. Après sept plus soixante-deux viendra le Christ. Après soixante-deux, il sera mis à mort. Il concluera une alliance ferme avec un grand nombre le temps d’une semaine ; mais, au milieu de la semaine les hosties et les sacrifices feront défaut, et ce sera dans le Temple l’abomination de la désolation, qui durera jusqu’à la fin des siècles. ”

598.8

Il n’y aura donc plus d’hosties en ces jours ? L’autel n’aura pas de victimes ? Il aura la grande Victime. Le prophète la voit : “ Quel est donc celui qui vient avec les vêtements teints en rouge ? Il est beau dans sa robe, et il s’avance dans la grandeur de sa puissance. ”

Comment cet homme pauvre a-t-il teint son vêtement de pourpre ? Le prophète le précise : “ J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas protégé mon visage des outrages et des crachats, je n’ai pas soustrait mon visage aux outrages. Ma beauté et ma splendeur ont disparu, et les hommes ne m’ont plus aimé. Les hommes m’ont méprisé, tenu pour le dernier ! Homme de douleurs, mon visage sera voilé et méprisé, et ils me considéreront comme un lépreux, alors que c’est pour tous que je serai couvert de plaies et mis à mort. ”

Voici la Victime. Ne crains pas, ô Israël ! Ne crains pas ! L’Agneau pascal ne fait pas défaut ! Ne crains pas, ô terre ! Ne crains pas ! Voici le Sauveur. Comme une brebis, il sera conduit à l’abattoir parce qu’il l’a voulu, et il n’a pas ouvert la bouche pour maudire ses meurtriers. Après sa condamnation, il sera élevé et consumé dans les souffrances, ses membres seront déboîtés, ses os découverts, ses pieds et ses mains transpercés. Mais une fois passés les tourments par lesquels il justifiera un grand nombre, il possédera les multitudes parce que, après avoir livré sa vie à la mort pour le salut du monde, il ressuscitera et gouvernera la terre ; il désaltérera les peuples avec les eaux vues par Ezéchiel, jaillissant du vrai Temple qui, après avoir été abattu, se relève par sa propre force, avec le vin qui a rendu pourpre le blanc vêtement de l’Agneau sans tache, et avec le Pain venu du Ciel.

598.9

Vous qui êtes assoiffés, venez aux eaux ! Vous qui êtes affamés, nourrissez-vous ! Vous qui êtes épuisés ou malades, buvez mon vin ! Vous qui n’avez pas d’argent, vous qui n’avez pas de santé, venez ! Vous qui êtes dans les ténèbres et vous qui êtes morts, venez ! Je suis la richesse et le salut. Je suis la Lumière et la Vie. Venez, vous qui cherchez le chemin ! Venez, vous qui cherchez la vérité ! Je suis le Chemin et la Vérité ! Ne craignez pas de ne pouvoir consommer l’Agneau en raison du manque d’hosties vraiment saintes dans ce Temple profané. Tous, vous aurez à manger de l’Agneau de Dieu venu enlever les péchés du monde, comme l’a dit de moi le dernier des prophètes de mon peuple.

A ce peuple, je demande : mon peuple, que t’ai-je fait ? En quoi t’ai-je contristé ? Que pouvais-je te donner de plus ? J’ai instruit tes intelligences, j’ai guéri tes malades, j’ai comblé de bienfaits tes pauvres, j’ai rassasié tes foules, je t’ai aimé en tes enfants, j’ai pardonné, j’ai prié pour toi. Je t’ai aimé jusqu’au sacrifice. Et toi, que prépares-tu pour ton Seigneur ? Une heure, la dernière, t’est donnée, ô mon peuple, ô ma cité royale et sainte. Reviens en cette heure au Seigneur ton Dieu !

598.10

– Il a dit les vraies paroles !

– C’est bien ce qui est écrit ! Et il fait réellement ce qui est annoncé !

– Comme un berger, il a pris soin de tous !

– Comme si nous étions des brebis dispersées, malades, perdues dans le brouillard, il est venu nous ramener au vrai chemin, guérir notre âme et notre corps, nous éclairer.

– Vraiment, tous les peuples viennent à lui. Voyez comme ces païens sont dans l’admiration !

– Il a annoncé la paix.

– Il a donné de l’amour.

– Je ne comprends pas ce qu’il dit du sacrifice. Il parle comme si on devait le tuer.

– C’est bien le cas, s’il est l’Homme annoncé par les prophètes, le Sauveur.

– Et il parle comme si tout le peuple devait le maltraiter. Cela n’arrivera jamais. Le peuple, c’est nous, or nous l’aimons.

– Il est notre ami. Nous le défendrons.

– C’est un Galiléen et nous, qui sommes de Galilée, nous donnerons notre vie pour lui.

– Il descend de David et, nous autres Judéens, nous lèverons la main seulement pour le défendre.

– Quant à nous, qu’il a aimés autant que vous, nous venons de l’Auranitide, de Pérée, de la Décapole, mais pourrions-nous l’oublier ? Tous, nous le défendrons. »

Voilà ce qu’on entend dans la foule, désormais très dense. Versatilité des intentions humaines ! D’après la position du soleil, je juge qu’il doit être environ neuf heures du matin. Vingt-quatre heures plus tard, ces gens seront depuis plusieurs heures autour du Martyr pour le torturer par la haine et les coups, et hurler pour demander sa mort. Parmi les milliers de personnes qui se pressent de tous les coins de Palestine et d’au-delà, et qui ont reçu lumière, santé, sagesse, pardon du Christ, rares, trop rares seront ceux qui, non seulement ne chercheront pas à l’arracher à ses ennemis — leur petit nombre par rapport à la multitude de ceux qui le frappent les en empêche —, mais ne sauront pas même le réconforter en lui donnant une preuve d’amour et en le suivant avec un visage ami.

Les louanges, les marques de sympathie, les commentaires admiratifs se répandent dans la vaste cour comme les flots qui viennent de la haute mer mourir sur le rivage.

598.11

Des scribes, des pharisiens, des juifs tentent de neutraliser l’enthousiasme du peuple, et son excitation contre les ennemis du Christ, en disant :

« Il délire. Il est dans un tel état d’épuisement que cela le fait divaguer. Il voit des persécutions là où on lui rend honneur. Ses propos sont des torrents de sagesse comme d’habitude, mais mêlés à des phrases incohérentes. Personne ne lui veut de mal ! Nous avons bien compris qui il est… »

Mais les gens se méfient d’un pareil changement d’humeur, et une personne se révolte :

« II a guéri mon fils dément. Je connais la folie. Ce n’est pas ainsi que parle un fou ! »

Et un autre :

« Laisse-les dire. Ce sont des vipères qui ont peur que le bâton du peuple leur brise les reins. Pour nous tromper, ils imitent le doux chant du rossignol, mais si tu écoutes bien, on entend le sifflement du serpent. »

Et un autre encore :

« Sentinelles du peuple du Christ, garde à vous ! Quand l’ennemi caresse, c’est qu’il a un poignard caché dans sa manche, et il tend la main pour frapper. Ayons les yeux ouverts et le cœur prêt ! Les chacals ne peuvent devenir des agneaux dociles.

– Tu as raison : le hibou réjouit et enchante les oiseaux naïfs par l’immobilité de son corps et la gaieté menteuse de sa salutation. Il rit et invite par son cri, mais il est déjà prêt à dévorer. »

Et c’est ainsi d’un groupe à l’autre.

598.12

Mais il y a aussi les païens, ces païens toujours plus nombreux qui ne manquent pas d’écouter le Maître en ces jours de fête. Ils se tiennent toujours en marge de la foule, car l’exclusivisme hébreu-palestinien est très fort et les repousse, voulant les premières places autour du Maître. Mais eux désirent l’approcher et lui parler. Un groupe nombreux aperçoit Philippe, que la foule a repoussé dans un coin. Ils s’approchent de lui pour lui dire :

« Seigneur, nous voudrions voir de près Jésus, ton Maître, et nous adresser à lui au moins une fois. »

Philippe se dresse sur la pointe des pieds pour voir s’il découvre quelque apôtre plus près du Seigneur. Il aperçoit André, l’appelle et lui crie :

« II y a ici des païens qui voudraient saluer le Maître. Demande-lui s’il veut les recevoir. »

André, séparé de Jésus par quelques mètres, serré dans la foule, s’ouvre un passage sans beaucoup d’égards, travaillant généreusement des coudes et criant :

« Faites place ! Faites place, je vous dis ! Je dois aller auprès du Maître. »

Il le rejoint et lui transmet le désir des païens.

« Conduis-les dans ce coin-ci. J’irai les trouver. »

Et pendant que Jésus essaie de passer parmi la cohue, Jean, qui est revenu avec Pierre, Pierre lui-même, Jude, Jacques, fils de Zébédée, et Thomas, qui quitte le groupe des parents qu’il a retrouvés dans la foule pour aider ses compagnons, s’efforcent de lui frayer le chemin.

598.13

Enfin Jésus arrive à l’endroit où se trouvent les païens, qui le saluent.

« Paix à vous. Que voulez-vous de moi ?

– Te voir. Te parler. Tes propos nous ont troublés. Depuis longtemps, nous désirions nous adresser à toi pour te dire que ta parole nous frappe, mais nous attendions de le faire à un moment propice. Aujourd’hui… tu parles de mort… Nous craignons de ne plus pouvoir nous entetenir avec toi si nous ne saisissons pas cette occasion. Est-il donc possible que les Hébreux puissent tuer leur meilleur fils ? Nous sommes païens, et ta main ne nous a pas fait de bien. Ta parole nous était inconnue. Nous avions vaguement entendu parler de toi, mais nous ne t’avions jamais vu ni approché. Et pourtant, tu le vois : nous te rendons hommage. C’est le monde entier qui t’honore avec nous.

– Oui, l’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié par les hommes et par les âmes. »

Maintenant, les gens entourent de nouveau Jésus, avec la différence que les païens sont au premier rang, et les autres en arrière.

« Mais alors, si c’est l’heure de ta glorification, tu ne mourras pas comme tu dis ou comme nous avons compris. Car ce n’est pas être glorifié que de mourir de cette façon. Comment pourras-tu réunir le monde sous ton sceptre si tu meurs avant de l’avoir fait ? Si ton bras s’immobilise dans la mort, comment pourras-tu triompher et rassembler les peuples ?

– C’est en mourant que je donne la vie. En mourant, j’édifie. En mourant, je crée le Peuple nouveau. C’est par le sacrifice qu’on obtient la victoire. En vérité, je vous dis que si le grain de froment tombé à terre ne meurt pas, il reste stérile, mais s’il meurt, il produit beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perdra. Qui hait sa vie en ce monde la sauvera pour la vie éternelle. J’ai le devoir de mourir pour donner cette vie éternelle à tous ceux qui me suivent pour servir la Vérité. Que celui qui veut me servir vienne : dans mon Royaume, la place n’est pas limitée à tel ou tel peuple. Que celui qui veut me servir vienne à moi et me suive, et là où je serai, sera aussi mon serviteur. Et celui qui me sert sera honoré par mon Père, qui est l’unique vrai Dieu, le Seigneur du Ciel et de la terre, le Créateur de tout ce qui existe. Il est Pensée, Parole, Amour, Vie, Chemin, Vérité ; Père, Fils, Esprit Saint, un tout en étant trine, trine tout en étant unique, le seul vrai Dieu.

598.14

Mais maintenant mon âme est troublée. Et que dirai-je ? “ Père sauve-moi de cette heure ” ? Non, c’est pour cette heure que je suis venu. Je dirai : “ Père, glorifie ton Nom ! »

Jésus ouvre les bras en croix, une croix pourpre qui se détache sur la blancheur des marbres du portique, il lève la tête en s’offrant, en priant, en s’élevant avec son âme vers le Père.

Alors une voix, plus forte que le tonnerre, immatérielle en ce sens qu’elle ne ressemble à aucune voix d’homme, mais très sensible à toutes les oreilles, emplit le ciel serein de cette magnifique journée d’avril. Vibrant avec plus de puissance que l’accord d’un orgue géant, d’une très belle tonalité, elle proclame :

« Je l’ai glorifié, et je le glorifierai encore. »

La foule a eu peur. Cette voix, si puissante qu’elle a fait vibrer le sol et ce qui s’y trouve, cette voix mystérieuse, différente de toute autre, d’une origine inconnue, cette voix qui emplit tout l’espace, du nord au midi, de l’orient à l’occident, terrorise les juifs et stupéfie les païens. Les premiers, quand ils le peuvent, se jettent à terre, murmurant dans leur crainte :

« Nous allons mourir[2] ! Nous avons entendu la voix du Ciel. Un ange lui a parlé ! »

Et ils se battent la poitrine en attendant la mort. Les seconds hurlent :

« Un coup de tonnerre ! Un grondement ! Fuyons ! La terre a rugi ! Elle a tremblé ! »

Mais il est impossible de fuir dans cette cohue, qui s’accroît encore lorsque les gens qui étaient en dehors des murs du Temple accourent à l’intérieur en criant :

« Pitié pour nous ! Courons ! Ici, c’est le lieu saint. Il ne se fendra pas, le mont où s’élève l’autel de Dieu ! »

Chacun reste donc à sa place, bloqué par la foule et l’épouvante.

598.15

Sur les terrasses du Temple accourent les prêtres, les scribes, les pharisiens, qui étaient éparpillés dans ses méandres ainsi que les lévites et les stratèges. Ils sont agités, stupéfaits. Mais de tous ceux-là, seuls descendent dans les cours Gamaliel et son fils. Jésus le voit passer, drapé dans son vêtement de lin, si blanc qu’il resplendit jusque sous le soleil éclatant qui le frappe.

Jésus regarde Gamaliel, mais, comme s’il parlait pour tout le monde, il hausse la voix pour dire :

« Ce n’est pas pour moi que cette parole est venue du Ciel, mais pour vous. »

Gamaliel s’arrête, se retourne, et ses yeux profonds et très noirs — que l’habitude d’être un maître vénéré comme un demi-dieu rend involontairement durs comme ceux des rapaces — transpercent du regard le regard de saphir, limpide, doux et en même temps majestueux, de Jésus…

Jésus poursuit :

« C’est maintenant le jugement de ce monde. C’est maintenant que le Prince des Ténèbres va être jeté dehors. Et moi, une fois élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi, car c’est ainsi que le Fils de l’homme opérera le salut.

598.16

– Nous avons appris dans les livres de la Loi que le Christ vit éternellement. Et toi, tu dis que tu es le Christ mais que tu dois mourir. Tu dis aussi que tu es le Fils de l’homme et que tu sauveras parce qu’on t’élèvera. Qui es-tu donc ? Le Fils de l’homme ou le Christ ? Et qui est le Fils de l’homme ? demande la foule, qui reprend de la hardiesse.

– C’est une seule et même personne. Ouvrez les yeux à la Lumière. Pour peu de temps encore, la Lumière est parmi vous. Marchez vers la Vérité tant que vous avez la Lumière, afin que les ténèbres ne vous surprennent pas. Celui qui marche dans l’obscurité ne sait pas où il va. Tant que vous avez la Lumière, croyez en la Lumière, afin de devenir des fils de la Lumière. »

Puis il se tait.

La foule est perplexe et divisée. Une partie s’en va en hochant la tête. Une partie observe l’attitude des principaux dignitaires : pharisiens, chefs des prêtres, scribes… — et en particulier de Gamaliel —, et ils adaptent leurs propres gestes à cette attitude. D’autres personnes encore approuvent de la tête et s’inclinent devant Jésus avec des signes très clairs qui veulent dire : “ Nous croyons ! Nous t’honorons pour ce que tu es. ” Mais ils n’osent pas se déclarer ouvertement en sa faveur. Ils ont peur des yeux attentifs des ennemis du Christ, des puissants, car ceux-ci les surveillent du haut des terrasses qui surplombent les magnifiques portiques tout autour de l’enceinte du Temple.

598.17

Gamaliel est resté pensif quelques minutes, comme s’il interrogeait le pavé de marbre pour obtenir une réponse aux questions qu’il se pose à lui-même, mais il reprend sa marche vers la sortie après un mouvement de la tête et un haussement d’épaules pour marquer son désappointement ou son mépris… et il passe tout droit devant Jésus, sans plus le regarder.

Jésus, de son côté, le regarde avec compassion… et il hausse de nouveau la voix avec force — c’est comme une trompette de bronze — pour dépasser tous les bruits et être entendu du grand scribe, qui s’en va, déçu. Il semble parler pour tout le monde, mais il est évident qu’il parle pour lui seul :

« Qui croit en moi, ce n’est pas en moi qu’il croit, mais en celui qui m’a envoyé, et qui me voit, voit celui qui m’a envoyé. Or c’est bien le Dieu d’Israël ! Car il n’y a pas d’autre Dieu que lui.

Aussi, je vous dis : si vous ne pouvez croire en moi en tant qu’homme appelé fils de Joseph, de la descendance de David, et fils de Marie, de la lignée de David, de la Vierge vue par le prophète, né à Bethléem, comme l’annoncent les prophéties, précédé par Jean-Baptiste, comme il est dit encore depuis des siècles, croyez au moins à la voix de votre Dieu qui vous a parlé du Ciel. Croyez en moi en tant que Fils de ce Dieu d’Israël. Car, si vous ne croyez pas à celui qui vous a parlé du Ciel, ce n’est pas moi que vous offensez, mais votre Dieu dont je suis le Fils.

N’ayez pas la volonté de rester dans les ténèbres ! Je suis venu au monde comme Lumière afin que celui qui croit en moi ne reste pas dans les ténèbres. Ne consentez pas à vous créer des remords que vous ne pourriez plus apaiser quand je serai retourné là d’où je suis venu, et qui seraient un bien dur châtiment de Dieu pour votre entêtement. Je suis prêt à pardonner tant que je suis parmi vous, tant que le jugement n’est pas rendu. En ce qui me concerne, j’ai le désir de pardonner. Mais différente est la pensée de mon Père, car moi, je suis la Miséricorde et lui est la Justice.

En vérité, je vous dis que si quelqu’un écoute mes paroles et n’en tient pas compte, ce n’est pas moi qui le juge. Je ne suis pas venu juger le monde, mais le sauver. Mais si, moi, je ne juge pas, en vérité je vous dis que quelqu’un juge vos actes. Mon Père, qui m’a envoyé, juge ceux qui repoussent sa Parole. Oui, celui qui me méprise, ne reconnaît pas la Parole de Dieu et ne reçoit pas les paroles du Verbe, aura pour juge la parole même que j’ai annoncée. C’est elle qui le jugera au dernier jour.

On ne se moque pas de Dieu, est-il écrit. Et le Dieu dont on s’est moqué sera terrible pour ceux qui l’auront traité de fou et de menteur.

Rappelez-vous tous que les paroles que vous avez entendues de moi viennent de Dieu. Car je n’ai pas parlé de moi-même, mais le Père qui m’a envoyé m’a lui-même prescrit ce que je dois dire et de quoi je dois parler. Et moi, j’obéis à son commandement, car je sais que son commandement est juste. Tout commandement de Dieu est vie éternelle, et moi, votre Maître, je vous donne l’exemple de l’obéissance à tout commandement de Dieu. Soyez donc certains que ce dont je vous ai entretenu et ce dont je vous entretiens encore, je le dis comme mon Père me l’a dit. Or mon Père est le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu de Moïse, des patriarches et des prophètes, le Dieu d’Israël, votre Dieu. »

Paroles de lumière qui tombent dans les ténèbres qui déjà s’épaississent dans les cœurs !

Gamaliel, qui s’était de nouveau arrêté, la tête penchée, reprend sa marche… D’autres le suivent en hochant la tête ou en ricanant.

598.18

Jésus part lui aussi… Mais auparavant, il se tourne vers Judas : “ Va là où tu dois aller ”, puis vers les autres :

« Chacun est libre d’aller là où il le doit, ou à sa guise. Les disciples bergers resteront avec moi.

– Prends-moi aussi avec toi, Seigneur ! implore Etienne.

– Viens… »

Ils se séparent. Je ne sais pas où Jésus se rend. Mais je sais où va Judas : il va à la Belle Porte. Il monte les marches qui mènent de la Cour des Païens à celle des femmes, et après l’avoir traversée, il franchit d’autres marches, jette un coup d’œil dans la Cour des Juifs et, de colère, il frappe le sol du pied parce qu’il ne trouve pas la personne qu’il cherche. Revenu sur ses pas, il voit un des gardes du Temple, le hèle et lui ordonne avec son arrogance habituelle :

« Va trouver Eléazar, fils d’Hanne. Qu’il vienne tout de suite à la Belle. Judas, fils de Simon, l’attend pour une affaire sérieuse. »

Il s’appuie à une colonne et attend. Après un moment, Eléazar, fils d’Hanne, Elchias, Simon, Doras, Corneille, Sadoq, Nahum et d’autres, accourent. Je vois leurs vêtements voler dans le vent.

Judas parle d’une voix basse, mais excitée :

« Ce soir ! Après la cène. A Gethsémani. Venez l’y capturer. Donnez-moi l’argent.

– Non. Nous te le remettrons quand tu viendras nous chercher ce soir. Nous ne te faisons pas confiance ! Nous te voulons avec nous. On ne sait jamais ! » raille Elchias.

Les autres l’approuvent en chœur.

Piqué au vif par cette insinuation, Judas s’enflamme de dédain. Il jure :

« Je jure sur Yahvé que je dis la vérité ! »

Sadoq réplique:

« C’est bien. Mais il vaut mieux agir de la sorte. Quand ce sera l’heure, tu viendras, tu prendras les hommes chargés de la capture et tu partiras avec eux. Il vaut mieux éviter que des gardes imbéciles arrêtent Lazare et provoquent des malheurs. Tu leur indiqueras l’homme par un signe… Tu dois comprendre ! C’est la nuit… On n’y verra guère… Les gardes seront fatigués, endormis… Mais si tu les guides… Voilà ! Qu’en pensez-vous ? »

Le perfide Sadoq se tourne vers ses compagnons, et lâche :

« Je proposerais comme signal un baiser. Un baiser ! Le meilleur signe pour indiquer l’ami trahi. Ha ! Ha ! »

Tous ricanent. Ils forment un chœur de démons.

Judas est furieux, mais il ne recule pas. Il ne recule plus. Il souffre du mépris qu’ils lui témoignent, mais pas pour ce qu’il s’apprête à faire, si bien qu’il déclare :

« Mais rappelez-vous que je veux l’argent compté dans la bourse avant de sortir d’ici avec les gardes.

– Tu l’auras ! Tu l’auras ! Nous te donnerons même la bourse pour que tu puisses garder l’argent, comme relique de ton amour. Ha ! Ha ! Ha ! Adieu, serpent ! »

Judas est livide. Il est déjà livide. Il ne perdra jamais plus ce teint et cette expression d’épouvante désespérée. Au contraire, elle s’accentuera avec les heures jusqu’à devenir insoutenable quand il sera pendu à l’arbre… Il s’enfuit…

598.19

Jésus s’est réfugié dans le jardin d’une maison amie, un jardin tranquille des premières maisons de Sion. Entouré de hauts murs anciens, recouvert par la frondaison un peu agitée des vieux arbres, il est frais et silencieux. Non loin, une voix de femme chante une douce berceuse.

Il a dû se passer des heures, car les serviteurs de Lazare, de retour après être allés je ne sais où, disent :

« Tes disciples sont déjà dans la maison où la cène est préparée, et Jean, après avoir apporté avec nous les fruits aux enfants de Jeanne, est parti chercher les femmes pour les accompagner chez Joseph, fils d’Alphée, qui est arrivé aujourd’hui seulement, quand sa mère n’espérait plus le voir, et puis, de là, à la maison de la cène, car c’est le soir.

– Nous allons nous aussi nous y rendre. Les heures des cènes sont arrivées… »

Jésus se lève pour remettre son manteau.

« Maître, il y a au dehors des personnes de condition. Elles voudraient te parler sans être vues par les pharisiens, annonce un serviteur.

– Fais-les entrer. Esther ne s’y opposera pas. N’est-ce pas, Esther ? dit Jésus en se tournant vers une femme d’âge mûr qui accourt pour le saluer.

– Non, Maître. Ma maison est la tienne, tu le sais. Tu ne t’en es servi que trop peu !

– Autant qu’il faut pour dire à mon cœur : c’était une maison amie. »

Il commande au serviteur :

« Va chercher ceux qui attendent. »

598.20

Il entre une trentaine de personnes bien mises. Elles le saluent. Quelqu’un parle au nom de tous :

« Maître, tes paroles nous ont secoués. Nous avons entendu en toi la voix de Dieu. Mais nous sommes traités de fous parce que nous croyons en toi. Que faire ?

– Qui croit en moi, ce n’est pas en moi qu’il croit, mais en celui qui m’a envoyé et dont aujourd’hui vous avez entendu la voix très sainte. Qui me voit, ce n’est pas moi qu’il voit, mais celui qui m’a envoyé, car je ne fais qu’un avec mon Père. C’est pourquoi je vous dis que vous devez croire pour ne pas offenser Dieu, qui est mon Père et le vôtre, et qui vous aime jusqu’à vous sacrifier son Fils unique. Si des cœurs doutent que je suis le Christ, il n’y a pas de doute que Dieu est au Ciel. Et la voix de Dieu, que j’ai appelé Père, aujourd’hui, au Temple, en lui demandant de glorifier son Nom, a répondu à celui qui l’appelait Père, et sans le traiter de “ menteur ” ou de “ blasphémateur ” comme le font plusieurs. Dieu a confirmé qui je suis : sa Lumière. Je suis la Lumière venue dans le monde, afin que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres. Si quelqu’un entend mes paroles et ne les met pas en pratique, je ne le juge pas. Je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour sauver le monde. Celui qui me rejette et ne reçoit pas mes paroles a son juge : la parole que j’ai fait entendre, c’est elle qui le jugera au dernier jour. En effet, elle était sage, parfaite, douce, simple, comme l’est Dieu. Car cette Parole, c’est Dieu. Celui qui a parlé n’est pas moi, Jésus de Nazareth, dit le fils de Joseph, menuisier de la race de David, et fils de Marie, enfant juive, vierge de la race de David mariée à Joseph. Non. Je n’ai pas parlé de moi-même. C’est mon Père, celui qui est dans les Cieux et dont le nom est Yahvé, c’est lui qui aujourd’hui a parlé, qui m’a envoyé, qui m’a prescrit de dire ce que je dois dire et de quoi je dois parler. Et je sais que son commandement est vie éternelle. Les paroles que je vous dis, je les dis comme le Père les a dites, et elles sont porteuses de Vie. C’est pour cela que je vous dis : écoutez-les. Mettez-les en pratique et vous aurez la Vie. Car ma parole est Vie, et celui qui l’accueille, accueille, en même temps que moi, le Père des Cieux qui m’a envoyé pour vous donner la Vie. Et celui qui a Dieu en lui a en lui la Vie.

598.21

Allez. Que la paix vienne à vous et y demeure. »

Il les bénit et les congédie. Il bénit aussi les disciples. Il retient seulement Isaac et Etienne, embrasse les autres et les congédie. Quand ils sont partis, il sort le dernier avec ses deux compagnons, et passe avec eux par les ruelles les plus solitaires et déjà sombres, pour se rendre à la maison du Cénacle. Arrivé là, il étreint et bénit avec un amour particulier Isaac et Etienne, il les embrasse, les bénit de nouveau, les regarde partir, puis il frappe et entre…

598.22

Jésus dit :

« Tu placeras ici les visions de l’adieu à ma Mère, du Cénacle, de la cène. Et maintenant faisons, nous deux, toi et moi, la vraie commémoration pascale. Viens… »

598.1

É uma nova manhã. Tão serena. Tão festiva! Não há mais nem aquelas nuvens raras, que ontem vagavam lentamente por sobre o cobalto do céu. Não há nem mesmo aquele mormaço pesado, que ontem estava tão incômodo. Uma leve brisa está soprando sobre os rostos. E ela traz um cheiro de flores, de feno, de ar limpo. Ela move levemente as folhas das oliveiras. Fica parecendo querer mostrar o prateado das pequenas folhas lanceoladas, espalhar flores pequeninas, alvas, cheirosas sobre os passos de Cristo, sobre sua cabeça loura, beijá-lo, refrescá-lo — pois cada pequenino cálice já tem a sua gotinha pequenina de orvalho — beijá-lo, refrescá-lo e depois morrer para não ver o horror que está para chegar. E inclinam-se as ervas dos declives, sacudindo de suas campainhas as corolas, as palmas de mil flores.

Estrelas com coração de ouro, as grandes margaridas selvagens, que estão altas sobre os caules, como que esperando para beijar-lhe a mão que será transpassada; e as primaveras e as matricárias beijam seus pés generosos, que pararão de andar para o bem dos homens só quando estiverem pregados, a fim de darem um bem maior ainda; e as rosas caninas soltam o seu perfume; e o pilriteiro, que já não tem mais flores, sacode suas folhas denteadas. Parece que ele está dizendo: “Não, não” àqueles que o querem usar para atormentar o Redentor. E “não” dizem também os caniços do Cedron. Também eles não querem ferir, e o que querem são poucas coisas, mas nada que faça mal ao Senhor. E talvez até as pedras dos declives se felicitem por estarem fora da cidade, acima do olival, porque, assim sendo, não ferirão o Mártir. E choram os frágeis convólvulos rosados, que Jesus amava tanto, e os corimbos das acácias cândidas como cachos de borboletas agarradas a um pedúnculo, e talvez pensando assim: “Nós não o veremos mais.” E os miosótis, tão frágeis e puros, deixam cair sua corola, ao tocar nela a veste purpúrea que Jesus vestiu de novo. Deve ser bonito morrer, quando é uma coisa de Jesus que nos fere. Todas as flores, e até um solitário lírio do vale, que talvez incidentalmente tenha caído e criado raízes no meio das raízes expostas de uma oliveira, é feliz por ter sido notado e colhido por Tomé, e ser por ele oferecido ao Senhor… E felizes são os mil passarinhos que o saúdam com cantos de alegria. Oh! Os passarinhos, que Ele sempre amou não dizem blasfêmias contra Ele! Até um rebanho de ovelhas parece querer saudá-lo, ainda que elas estejam chorosas, longe como estão de seus filhos, que foram vendidos para o sacrifício pascal. E balindo com um lamento de mães, que atravessa os ares, chamam os seus filhos que não voltarão mais, e vão roçar-se em Jesus, olhando para Ele com o seu manso olhar.

598.2

Ao verem as ovelhas, os apóstolos se lembram do rito pascal e perguntam a Jesus, quando já estão quase chegando ao Getsêmani:

– Onde é que vamos consumar a Páscoa? Qual o lugar que tu escolhes? Dize-o, e nós iremos preparar tudo –dizem eles.

E Judas de Keriot diz:

– Dá-me ordens e eu irei.

– Pedro e João, escutai-me.

Os dois, que iam um pouco à frente, aproximam-se de Jesus, que os chamou.

– Ide à minha frente e entrai na cidade pela Porta do Esterco. Logo que entrardes, encontrar-vos-eis com um homem que está voltando de En Rogel com uma bilha daquela boa água. Acompanhai-o até que ele entre em uma casa. E direis ao que mora nela: “O Mestre diz: Onde é o lugar em que posso comer a Páscoa com os meus discípulos?” E ele vos mostrará um grande cenáculo já preparado. Nele arrumai tudo. Ide sem demora e depois reuni-vos todos no Templo.

Os dois partem a toda pressa. Jesus, ao contrário, age lentamente. A manhã ainda está bem fresca e as estradas que vão para a cidade estão, por enquanto, somente com os primeiros peregrinos. Eles vão atravessando o Cedron pela pequena ponte que fica atrás de Getsêmani. Entram na cidade. As portas, talvez por uma contra ordem de Pilatos, que, tendo sido informado não haver contendas ao redor de Jesus, não estão sendo mais vigiadas pelos legionários. De fato, reina a maior calma por toda parte.

598.3

Oh! Não se poderá dizer que os judeus não souberam conter-se! Ninguém molestou o Mestre nem os seus discípulos. Com gestos obsequiosos e educados, ainda que não afetuosos, eles o saudaram, mesmo se os que assim faziam eram os que mais o odiavam no Sinédrio. Uma tolerância incomparável, depois do libelo de ontem.

E eis que, justamente agora, pois a casa de campo de Caifás fica bem perto daquela porta, eis que justamente agora vai passando, vindo da casa, um grande grupo de fariseus e de escribas, entre os quais estão o filho de Anás e o de Elquias, com Doras e Sadoque, e é um dobrar de colunas em saudações por parte desse grupo todo encapotado, num gesto de deferência por entre as ondulações das vestes e das franjas, e dos amplos capuzes. Jesus corresponde às saudações e passa, vestido com sua veste de lã vermelha e com seu manto de cor mais escura, com o capuz feito por Síntique na mão; o sol por sobre os seus cabelos acastanhados os faz parecer dourados sob um véu brilhante e que lhe cai até os ombros. As cabeças se erguem, depois da passagem dele e, então, os rostos deles aparecem: são como hienas hidrófobas.

Judas de Keriot, que ficava sempre olhando ao redor de si com sua cara de traidor, com a desculpa de afrouxar uma sandália, vai para a margem do caminho e, eu o estou vendo bem, ele faz um sinal para eles o esperarem… Ele deixa que o grupo de Jesus e dos discípulos vá em frente, sempre ocupado com a fivela de sua sandália, procurando dar a impressão de que a está amarrando, e depois, rapidamente, passa para o lado dos outros e diz em voz baixa: “Na Porta Bela. Lá pela hora sexta. Um de vós”, e parte velozmente, indo ajuntar-se aos seus companheiros. Descarado, despudoradamente descarado!…

598.4

Sobem para o Templo. São poucos os hebreus, por enquanto. Mas são muitos os gentios. Jesus vai adorar o Senhor. Depois volta para trás e manda a Simão e a Bartolomeu que vão comprar o cordeiro pedindo o dinheiro a Judas de Keriot.

– Mas eu podia fazer isso! –diz Judas.

– Terás outra coisa a fazer. Tu bem sabes. Há aquela viúva à qual é preciso levar o óbolo de Maria de Lázaro. Sabes onde ela está? Compreendeste bem?

– Eu sei, eu sei! Quem me mostrou o lugar foi Zacarias, que a conhece bem. Fico muito contente em poder ir. E mais do que por ir comprar o cordeiro. Quando é que devo ir?

– Mais tarde. Não permanecerei muito aqui. Repousarei hoje, pois quero estar forte para esta tarde e também para minha oração noturna.

– Está bem.

Eis, eu me pergunto: Jesus que havia ficado calado nos dias passados sobre todos os seus propósitos, para não dá-los a conhecer a Judas, por que será que agora os está dizendo e o que vai fazer à noite? A paixão já começou com a cegueira quanto à previsão, ou, então, essa previsão é tão grande que Ele está lendo nos livros dos Céus que essa será “a noite”, e que por isso é necessário fazê-lo saber a quem espera sabê-lo para entregá-lo aos inimigos, ou porque sempre soube que naquela noite é que vai iniciar-se a sua imolação? Eu não sei encontrar a resposta. Jesus não me responde. E eu fico com as minhas perguntas, enquanto observo Jesus que cura os últimos doentes. Os últimos… Amanhã, daqui a poucas horas, Ele não o poderá mais… A terra estará espoliada do poderoso Curador de corpos. Mas a Vítima, sobre o seu patíbulo, começará a série, que não se interrompe há vinte séculos, da cura dos espíritos.

598.5

Hoje eu estou contemplando, mais do que descrevendo. O meu Senhor faz que se projete diante de mim a vista espiritual, desde o que está para acontecer neste último dia da liberdade para o Cristo, até o que vai acontecer nos séculos… Hoje eu contemplo mais os sentimentos, os pensamentos do Mestre, do que os acontecimentos ao redor Dele. Eu já estou na contemplação angustiosa de sua tortura no Getsêmani…

598.6

Jesus, como de costume, está oprimido pela multidão, que já aumentou, e que agora em sua maior parte é de hebreus, e que se esquece de se apressar para chegar ao lugar do sacrifício dos cordeiros, porque o que ela quer é aproximar-se de Jesus, o Cordeiro de Deus, que está para ser imolado. E ainda pergunta, e ainda quer explicações.

Muitos são os hebreus vindos da Diáspora, os quais, tendo sabido, pela fama, do Cristo, do Profeta galileu, do Rabi de Nazaré, estão curiosos para ouvi-lo falar e ansiosos por acabar com todas as dúvidas possíveis. E esses querem maior espaço, e o suplicam aos da palestina, dizendo-lhes:

– Vós o tendes sempre convosco, vós sabeis quem Ele é. Tendes a palavra dele quando quereis. Mas nós viemos de longe e temos que voltar logo, depois de termos cumprido o preceito. Deixai-nos ir a Ele!

A multidão se abre com dificuldade para ceder lugar a estes. E estes se aproximam de Jesus e o ficam observando curiosamente. Conversam uns com os outros nas rodas que formaram.

Jesus os observa também e, ao mesmo tempo, escuta um grupo de pessoas que veio da Pereia. Depois, tendo atendido a estas pessoas, que lhe ofereceram dinheiro para os seus pobres, como também muitos outros o fazem, Ele entrega o dinheiro a Judas, como sempre, e se põe a falar.

598.7

– Iguais na mesma religião, mas diferentes quanto à proveniência, muitos dos presentes estão perguntando: “Quem é o homem que é chamado Nazareno?” E a esperança de uns e a dúvida de outros entram em choque. Escutai[1].

Assim foi dito de Mim: “Um rebento brotará da raiz de Jessé, e uma flor virá dessa raiz, e sobre Ele repousará o Espírito do Senhor. Ele não julgará por aquilo que aparece aos olhos, não condenará por aquilo que chega a seus ouvidos, mas julgará com justiça os pobres e tomará a defesa dos humildes. O rebento da raiz de Jessé, posto como um sinal entre as nações, será invocado pelos povos, e o seu sepulcro será glorioso. Ele, tendo levantado uma bandeira diante das nações, reunirá os prófugos de Israel, os dispersos de Judá, e os recolherá dos quatro cantos da terra.”

De Mim está dito: “Eis que o Senhor Deus vem com poder e o seu braço triunfará. Ele traz consigo a sua recompensa e tem diante de seus olhos a sua obra. Como um pastor, Ele apascentará o seu rebanho.”

Está dito de Mim: “Eis o meu servo, com o qual Eu estarei e com o qual a minha alma se compraz. Nele Eu difundi o meu espírito. Ele levará a justiça entre as nações. Não gritará, não quebrará o caniço rachado, não apagará a luz que está fumegando, fará justiça de acordo com a verdade. Sem ser nem triste nem turbulento, chegará a estabelecer sobre a Terra a justiça, e as ilhas estarão à espera de sua lei.”

Está dito a meu respeito: “Eu, o Senhor, te chamei na justiça, te tomei pela mão, te preservei, fiz de ti aliança dos povos e luz das nações, para abrir os olhos aos cegos e tirar do cárcere os prisioneiros e dos calabouços aqueles que jazem nas trevas.”

Está dito sobre Mim: “O Espírito do Senhor está sobre Mim, porque o Senhor me ungiu para anunciar a Boa Nova aos mansos, para curar os que têm o coração enfraquecido, para pregar a liberdade aos escravos, a libertação aos prisioneiros, para pregar o Ano da Graça do Senhor.”

Está dito de Mim: “Ele é forte, apascentará o rebanho com a fortaleza do Senhor, com a majestade do Nome do Senhor seu Deus. A Ele se converterão, porque, desde já Ele será glorificado, até aos confins do mundo.”

Está dito de Mim: “Eu mesmo irei à procura de minhas ovelhinhas. Irei em busca das tresmalhadas, reconduzirei as que foram expulsas, cuidarei das que tiverem fraturas, restaurarei as fracas, vigiarei as gordas e robustas, as apascentarei com justiça.”

Está dito: “Ele é o príncipe da paz, e será a paz.”

Está dito: “Eis que vem o teu Rei, o justo, o Salvador. Ele é pobre, cavalga um jumentinho. Ele anunciará a paz às nações. O seu domínio será de mar a mar, até aos confins da Terra.”

Está dito: “Setenta semanas foram fixadas para o teu povo, para a tua cidade santa, a fim de que seja eliminada a prevaricação, tenha fim o pecado, seja cancelada a iniquidade, venha a eterna justiça, realizem-se as visões e profecias, e seja ungido o Santo dos Santos. Depois de sete mais sessenta e duas, virá o Cristo. Depois de sessenta e duas, Ele será morto. Depois de uma semana, Ele confirmará o Testamento, mas no meio da semana virão as vítimas e os sacrifícios, e haverá no Templo a abominação da desolação, e durará até o fim dos séculos.”

598.8

Faltarão, então, as vítimas naqueles dias? O altar não terá vítimas? Haverá a grande Vítima. E eis como a vê o profeta: “Quem é esse homem que vem com as vestes tingidas de vermelho? Ele é belo em sua veste e caminha na grandeza de sua força.”

Mas, como é que Ele tingiu de púrpura a sua veste, se Ele é pobre? Eis o que diz o profeta: “Abandonei o meu corpo aos que me batiam, as minhas faces aos que me arrancavam a barba, não afastei o rosto de quem me ultrajava. E a minha beleza e o meu esplendor se esvaíram, e os homens não me amaram mais. Os homens me desprezaram e me consideraram o último deles! O Homem das dores, o meu rosto será velado e maltratado, e olharão para Mim como para um leproso, enquanto por todos eu serei ferido e morto.”

Eis a vítima! Não temas, Israel! Não temas! Não está faltando o Cordeiro pascal! Não temas, ó terra! Não temas! Eis aqui o Salvador Como ovelha será levado ao matadouro, porque Ele o quis, e não abriu a boca para maldizer os que o matam. Depois da condenação, Ele será levantado e consumado em seus padecimentos, com os membros deslocados, os ossos descobertos, os pés e as mãos transpassados. Mas, depois da aflição, com a qual justificará a muitos, possuirá multidões, porque depois de entregar sua vida à morte pela salvação do mundo, ressurgirá e governará a Terra, alimentará os povos com as águas vistas por Ezequiel, águas que saíam do verdadeiro Templo, que, mesmo tendo sido abatido, ressurge por sua própria força, com o vinho com o qual se tingiu de púrpura a cândida veste do Cordeiro sem mancha e do Pão vindo do Céu.

598.9

Sedentos, vinde às águas! Famintos, nutri-vos! Exaustos, bebei do meu vinho, e vós, doentes! Vinde, vós que não tendes dinheiro, vós que não tendes saúde, vinde! E vós que estais nas trevas! E vós que estais mortos, vinde! Eu sou Riqueza e Saúde. Eu sou Luz e Vida. Vinde, vós que procurais o Caminho! Vinde, vós que procurais a Verdade! Eu sou o Caminho e a Verdade! Não temais por não poderdes consumar o Cordeiro, porque faltam as vítimas verdadeiramente santas neste Templo profanado. Todos vós tereis o que comer, tereis o Cordeiro de Deus que veio tirar os pecados do mundo, como disse falando de Mim o último dos profetas do meu povo. Daquele povo ao qual Eu pergunto: Povo meu, que foi que Eu te fiz? Em que foi que Eu te entristeci? Que é que Eu podia te dar a mais, e que Eu não tenha dado? Eu instruí os teus intelectos, curei os teus doentes, fiz o bem aos teus pobres, matei a fome de tuas multidões, te amei em teus filhos, perdoei, rezei por ti. Eu te amei até ao Sacrifício. E tu, o que é que dás ao teu Senhor? Uma hora ainda te é dada, e é a última, ó meu povo, ó minha cidade real e santa. Converte-te nesta hora ao Senhor teu Deus!

598.10

– Ele falou palavras verdadeiras!

– Assim fo! E Ele verdadeiramente faz o que foi dito!

– Como um pastor, Ele cuida de todos!

– Como se fôssemos as ovelhas dispersas, doentes, na escuridão, e veio para levar-nos pelo caminho justo, para curar-nos na alma e no corpo, para guiar-nos.

– Verdadeiramente todos os povos vão a Ele. Vede lá aqueles gentios como estão admirados!

– Ele pregou a paz.

– Amor foi o que Ele deu.

– Não entendo o que é que Ele diz sobre o sacrifício. Ele fala como se tivesse que ser morto.

– Assim é, se Ele é o Homem visto pelos profetas, o Salvador.

– E fala como se todo o povo tivesse que maltratá-lo. Isso não acontecerá nunca. O povo, nós, o amamos.

– É nosso amigo. Nós o defenderemos.

– Ele é galileu, e nós da Galileia daremos a vida por Ele.

– Ele é da raça de Davi, e nós só levantaremos as mãos para defendê-lo, nós que somos da Judéia.

– E nós que Ele amou como amou a vós, nós de Auranítide, da Pereia, da Decápole, será que poderemos esquecer-nos Dele? Todos. Todos nós o defenderemos.

Estas são as palavras que se ouvem por entre a multidão que já está muito grande. Como são passageiras as intenções humanas! Pela posição do sol, creio que agora deve ser nove horas da manhã. Vinte e quatro horas mais tarde todo esse povo já estará, desde há muitas horas, ao redor do Mestre para torturá-lo com ódio e com pancadas, e gritando e pedindo a sua morte. Poucos, muito poucos, poucos demais — dentre esses milhares de pessoas que se ajuntaram de todas as partes da Palestina e de outros lugares, e que receberam luz, saúde, sabedoria, perdão de Cristo — serão aqueles que não somente deixarão de arrancá-lo das mãos dos inimigos, porque isso não lhes é possível pelo número bem pequeno em comparação com o número dos que O agridem, mas também porque não saberão confortá-lo, dando-lhe prova de amor pelo menos acompanhando-o com um rosto amigo. Os louvores, a aprovação, os comentários cheios de admiração se espalham pelo amplo pátio, como as ondas que vêm do alto mar e vão morrer lá longe, na praia.

598.11

Escribas, judeus e fariseus tentam neutralizar o entusiasmo do povo, assim como a aversão dele contra os inimigos de Cristo, dizendo:

– Ele está delirando! Seu cansaço é tão grande que o leva a delirar. Ele vê perseguições, quando lhe estão prestando honras. Suas pregações têm palavras de sua conhecida sabedoria, mas são misturadas com frases de delírio. Ninguém lhe quer fazer mal. Nós já compreendemos. Compreendemos que é…

Mas o povo fica incerto, ao ver tanta mudança de intenções, e alguns se revoltam dizendo:

– Ele curou meu filho, que era demente. Eu sei o que é a loucura. Um louco não fala como Ele!

E um outro diz:

– Deixa-os falar. São umas víboras, que têm medo de que as cacetadas do povo lhes arrebentem os rins. Eles cantam a doce canção do rouxinol para enganar-nos, mas se prestas bem atenção verás que nela está o assobio da serpente.

E outro diz ainda:

– Escoltas do povo de Cristo, estai vigilantes! Quando um inimigo acaricia, está com o punhal escondido na manga e estende a mão para ferir. Olhos abertos e coração preparado! Os chacais não podem virar mansos cordeirinhos.

– Dizes bem: a coruja seduz e encanta os pequemos pássaros ingênuos com a imobilidade de seu corpo e com a mentirosa alegria de sua saudação. Ela ri e os chama com o seu grito, mas já está pronto para os devorar.

E assim por diante, de um grupo a outro.

598.12

Contudo, há também os gentios. Os gentios foram constantes e sempre mais numerosos a escutar o Mestre nesses dias de festa. Sempre separados da multidão, porque o exclusivismo hebraico-palestino é forte e os rejeita, querendo ocupar os primeiros lugares ao redor do Rabi, eles têm o desejo de se aproximarem dele e falar-lhe.

Um grupo grande deles está olhando para Filipe, que a multidão foi empurrando para um canto. Eles se aproximam dele e lhe dizem:

– Senhor, nós desejaríamos ver de perto Jesus, o teu Mestre. E falar com Ele pelo menos uma vez.

Filipe se põe na ponta dos pés para ver se descobre algum dos apóstolos que esteja mais perto do Senhor. E, então, ele vê André e lhe grita, depois de havê-lo chamado:

– Aqui estão uns gentios que quereriam saudar o Mestre. Pergunta a Ele se quer acolhê-los.

André, que está alguns metros longe de Jesus, comprimido no meio do povo, vai abrindo ala sem muita cerimônia, distribuindo cotoveladas generosamente, e gritando:

– Abri caminho! Abri caminho, eu estou dizendo. Eu preciso chegar até o Mestre.

Ele chega e lhe transmite o desejo dos gentios.

– Leva-os para aquele canto. Eu irei até eles.

E enquanto Jesus procura passar pelo meio do povo, João, que voltou com Pedro, o próprio Pedro, Judas Tadeu, Tiago de Zebedeu e Tomé, que deixa o grupo de seus parentes, que ele encontrou no meio da multidão, para ajudar seus companheiros, lutam para abrir-lhe o caminho.

598.13

E eis que Jesus já chegou onde estão os gentios que o saúdam.

– A paz esteja convosco. Que quereis de Mim?

– Ver-te. Falar-te. As tuas palavras nos deixaram perturbados. Sempre temos desejado falar-te, para dizer-te que a tua palavra nos tocou. Mas estávamos esperando fazê-lo no momento propício. Hoje… Tu estás falando de morte… E ficamos com medo de não podermos falar-te, se não aproveitássemos esta hora. Mas será possível que os hebreus possam matar o melhor dos seus filhos? Nós somos gentios, e a tua mão já nos fez benefício. A tua palavra era desconhecida para nós. Tínhamos ouvido falar de Ti vagamente. Mas nunca te havíamos visto, nem nos havíamos aproximado de Ti. E, contudo, como estás vendo, te prestamos esta homenagem. E, conosco, o mundo todo Te honra.

– Sim, chegou a hora na qual o Filho do Homem vai ser glorificado pelos homens e pelos espíritos.

Agora a multidão está novamente ao redor de Jesus. Mas com esta diferença: na primeira fila, estão os gentios, e atrás deles, os outros.

– Mas, então, se é a hora da tua glorificação, Tu não morrerás, como dizes, ou como nós fomos capazes de entender. Porque morrer de um modo assim não é ser glorificado. Como é que poderás reunir o mundo todo debaixo do teu cetro, se Tu morres antes de o teres feito? Se o teu braço vai ficar imóvel na morte, como é que poderá ele triunfar e reunir todos os povos?

– Morrendo, Eu dou a vida. Morrendo, Eu edifico. Morrendo, Eu crio um povo novo. É no sacrifício que se consegue a vitória. Em verdade, Eu vos digo que se o grão de trigo cair na terra e não morrer, ficará infecundo. Mas, pelo contrário, se ele morrer, produzirá muito fruto. Quem ama a sua vida, a perderá. Mas quem odeia a sua vida neste mundo, a salvará para a vida eterna. Por isso, Eu tenho o dever de morrer, para dar esta vida eterna a todos os que me seguem, para servir à Verdade. Quem quiser me servir, venha. No meu reino os postos não são reservados para este ou aquele povo. Quem quiser me servir, venha e me siga, e onde Eu estou, estará também o meu servo. Quem me serve honrará o meu Pai, o Único, o Verdadeiro Deus, o Senhor do Céu e da Terra, Criador de tudo o que existe, o Pensamento, a Palavra, o Amor, a Vida, o Caminho, a Verdade, Pai, Filho, Espírito Santo, Um só sendo Trino, e Trino sendo um só, Único verdadeiro Deus.

598.14

Mas agora minha alma está perturbada. E que direi? Talvez Eu diga: “Pai, salva-me desta hora”? Não. Eu direi: “Pai, glorifica o teu Nome!”.

Jesus abre os braços em cruz, uma cruz cor de púrpura, em contraste com o mármore do pórtico, e levanta o rosto, oferecendo-se, orando e elevando-se com a alma ao Pai.

E uma voz, mais forte do que o trovão, imaterial, isto é, não semelhante a nenhuma voz humana, mas muito bem ouvida por todos os ouvidos, enche o céu sereno daquele belíssimo dia de abril, e vibra, mais potente do que o acorde de um órgão gigante, belíssima em sua tonalidade, e proclama:

– Eu o glorifiquei, e ainda o glorificarei.

O povo ficou com medo. Aquela voz, tão forte, que fazia tremer o chão, e que estava por cima dele, aquela voz misteriosa, diferente de qualquer outra, vinda de uma fonte desconhecida, aquela voz que preenche tudo, desde o setentrião até o meio-dia, do oriente ao ocidente, aterroriza os hebreus e enche de espanto os pagãos. Os primeiros se jogam no chão, os que podem fazê-lo, murmurando e tremendo:

– Agora morreremos[2]! Acabamos de ouvir a voz do Céu. Um anjo nos falou! –e batem no peito, esperando a morte.

E os segundos gritam:

– Um trovão! Um estrondo! Vamos fugir! A terra rugiu! Tremeu!

Mas fugir é impossível, no meio daquela confusão que aumenta ainda mais por causa daqueles que, estando ainda fora das paredes do Templo, correm para o lado de dentro delas, gritando:

– Piedade de nós! Corramos! Aqui é lugar santo! Não se rachará o monte onde está o altar de Deus.

E, assim dizendo, cada um fica onde está, impedido de sair, por causa da multidão e do espanto.

598.15

Sobre os terraços do Templo sobem correndo os sacerdotes, os escribas e os fariseus, que estavam espalhados pelos meandros de lá, os levitas e os estrategistas. Todos eles agitados e atordoados. Mas de todos eles quem desce para o meio do povo que está nos pátios, outro não é senão Gamaliel com seu filho. Jesus o vê passar, todo vestido de branco, em sua veste de linho, que é tão branca que chega a brilhar quando exposta à forte luz do Sol que nela vem bater.

Jesus, olhando para Gamaliel, mas como se estivesse falando a todos, levanta a voz, dizendo:

– Não é para Mim, mas para vós que veio aquela voz do céu.

Gamaliel para, se vira, atravessa com o olhar de seus olhos profundos e negros — que o hábito de agir como um mestre, venerado como um semideus torna involuntariamente duros como os das águias rapaces — vão ao encontro do olhar cor de safira, límpido, doce em sua majestade, de Jesus…

E Jesus prossegue:

– Agora se faz o juízo deste mundo. Agora o Príncipe das Trevas está para ser expulso. E Eu, quando for levantado, atrairei todos a Mim, porque assim é que o Filho do homem salvará.

598.16

– Nós aprendemos nos livros da Lei que o Cristo vive para sempre. E Tu, que dizes ser o Cristo, agora dizes que deves morrer. E dizes também que és o Filho do homem e salvarás ao seres levantado. Então, quem és Tu? És o Filho do homem ou és o Cristo –diz a multidão, que se sente reanimada.

– Eu sou uma única Pessoa. Abri vossos olhos à Luz. Ainda por um pouco de tempo, a Luz está convosco. Caminhai para a Verdade, enquanto tendes a Luz entre vós, para que não vos surpreendam as Trevas. Os que caminham no escuro não sabem para onde estão indo. Enquanto tendes a Luz entre vós, crede nela, para serdes filhos da Luz.

E Jesus se cala.

A multidão está perplexa e dividida. Parte dela vai-se embora, balançando a cabeça.

Outra parte fica observando o comportamento dos principais dignitários, dos fariseus, dos chefes dos sacerdotes, dos escribas… E especialmente de Gamaliel, e regula seus próprios movimentos de acordo com o comportamento deles. Outros, ainda, aprovam com a cabeça e se inclinam diante de Jesus com claros sinais de que lhe querem dizer: “Nós cremos. Nós te honramos, por seres quem és.” Mas eles não têm coragem de formar fileiras abertamente a favor dele. Eles têm medo dos olhares atentos dos inimigos de Cristo, dos poderosos, que os estão vigiando do alto dos terraços que ficam acima das galerias, ao redor dos pátios do Templo.

598.17

Também Gamaliel, depois de ter ficado pensativo por alguns minutos, e até parece estar fazendo perguntas aos mármores do pavimento para ter deles alguma resposta para suas perguntas interiores, se dirige para a saída, depois de ter sacudido a cabeça e os ombros, como um sinal de desilusão e desprezo… e passa, todo empertigado diante de Jesus sem nem olhar para Ele.

Jesus, por sua vez, olha para ele com compaixão… E levanta de novo a voz com força — ela é como um toque em instrumento de bronze — para estar acima de todos os rumores e poder ser ouvido pelo grande escriba, que lá se vai desiludido. Parece estar falando para todos, mas fala somente para ele, é evidente.

Jesus, diz em voz muito alta:

– Quem crê em Mim, na verdade não crê em Mim, mas naquele que me mandou, e quem me Vê está vendo Aquele que me mandou. E esse Alguém é o Deus de Israel! Porque não há outro Deus, além dele.

Por isso é que Eu digo: Se não podeis crer em Mim, como aquele que é chamado o filho de José de Davi, e que é filho de Maria, também da estirpe de Davi, da Virgem vista pelo Profeta e que nasceu em Belém, como foi predito pelas profecias, tendo como seu precursor o Batista, também como foi dito há séculos, crede pelo menos na Voz do vosso Deus que vos falou do Céu. Crede em Mim como Filho deste Deus de Israel. Porque se não credes em quem vos falou do Céu, não é a Mim que ofendeis, mas ao vosso Deus, do qual Eu sou Filho.

Não queirais permanecer nas trevas! Eu vim como Luz ao mundo, a fim de que quem crê em Mim não fique nas trevas. Não queirais ter remorsos que não podereis mais aplacar depois, quando Eu já tiver voltado para lá de onde Eu vim, e eles seriam um castigo bem duro de Deus para a vossa teimosia. Eu estou pronto a perdoar, enquanto estou entre Vós, enquanto o julgamento não tiver sido feito, e também porque, no que depende de Mim, tenho o desejo de perdoar. Mas diferente é o pensamento de meu Pai. Porque Eu sou a Misericórdia e Ele é a Justiça.

Em verdade Eu vos digo que, se alguém ouve as minhas palavras e depois não as cumpre, não sou Eu que o julgo. Eu não vim ao mundo para julgar, mas para salvar o mundo. Contudo, mesmo não sendo Eu que julgo, em verdade Eu vos digo que há quem vos julgue pelas vossas ações. Meu Pai, que me mandou, julga aqueles que rejeitam sua Palavra. Sim. Quem me despreza e não reconhece a Palavra de Deus, e não acolhe as palavras do Verbo, esse já tem quem o julgue: a própria Palavra que Eu anunciei, Ela é que o julgará no último dia.

De Deus não se zomba, foi dito. E o Deus de quem se zombou será terrível para aqueles que o julgavam louco e mentiroso.

Lembrai-vos todos de que as palavras que Me ouvistes dizer são de Deus. Porque Eu não falei por Mim, mas o meu Pai, que me mandou, Ele mesmo foi quem me prescreveu o que é que Eu devo dizer, o que é que devo falar. E Eu obedeço à sua ordem, pois Eu sei que seu mandamento é justo. Todo mandamento de Deus é vida eterna. E Eu, vosso Mestre, dou-vos o exemplo de obediência a todas as ordens de Deus. Por isso ficai certos de que as coisas que Eu vos disse e digo, Eu as disse e digo como o meu Pai as deu para vo-las transmitir. E o meu Pai é o Deus de Abraão, de Isaque e de Jacó, o Deus de Moisés, dos patriarcas e dos profetas, o Deus de Israel, o vosso Deus.

Palavras de luz que caem nas trevas que já escureceram os corações! Gamaliel, que havia parado outra vez, com a cabeça inclinada, põe-se a andar de novo… Outros o acompanham, sacudindo a cabeça ou criticando…

598.18

Jesus também põe-se a andar. Mas antes Ele diz a Judas Keriot:

– Vai para onde tens que ir.

E aos outros diz:

– Cada um é livre para ir para onde deve ou para onde quer. Comigo fiquem os discípulos pastores.

– Oh! Leva-me contigo, Senhor! –diz Estêvão.

– Vem!…

Eles se separam… Não sei aonde vai Jesus. Mas sei aonde vai Judas de Keriot. Ele vai para a Porta Bela, e já vai subindo os diversos degraus que do Átrio dos Gentios levam ao das mulheres e, depois de tê-lo atravessado, vai subindo, no fim deles, outros degraus; observa como vai o Átrio dos hebreus e com raiva bate o pé no chão, por não ter encontrado quem está procurando.

Ele volta. Vê um dos guardas do Templo. E o chama. Depois, com sua costumeira arrogância, lhe dá esta ordem:

– Vai à casa do Eleazar ben Anás. Que ele venha logo à Porta Bela. E dize-lhe que Judas de Simão o está esperando para coisas sérias.

Ele se encosta a uma coluna e fica esperando. Passa aí pouco tempo. Eleazar, filho de Anás, Elquias, Simão, Doras, Cornélio, Sadoque, Naum e outros mais, acorrem todos com um grande esvoaçar de vestes.

Judas lhes fala em voz baixa, mas excitado:

– Esta tarde! Depois da ceia. No Getsêmani. Ide até lá e prendei-o. Dai-me o dinheiro.

– Não. Nós te daremos quando tu vieres para ires conosco nesta tarde. Nós não confiamos em ti. E te queremos conosco. Nunca se sabe!… –diz, rindo-se dele, Elquias.

Judas fica abrasado de indignação por causa daquela insinuação. E jura:

– Eu juro por Javé que estou dizendo a verdade!

Sadoque lhe responde:

– Está bem. Vamos. Mas o melhor mesmo é fazer assim. Quando chegar a hora, tu virás, tomarás contigo os designados para a captura e irás com eles, para que não aconteça que os guardas estultos prendam agarrem Lázaro, por engano, e façam que daí resultem problemas. Por isso, tu mostrarás aos guardas, com um sinal, qual é o homem. Deves entender! Naquela hora já terá entrado a noite… e haverá pouca luz… Os guardas já estarão cansados e com sono… Mas se tu os guiares! Isto mesmo! E vós, que dizeis?

E o pérfido Sadoque se vira para os companheiros, e diz:

– Eu proporia que o sinal fosse um beijo. Um beijo! É o melhor sinal para se mostrar o amigo traído. Ah! Ah!

Todos riem. É um coro de demônios zombando.

Judas está furioso. Mas não volta atrás. Não volta atrás mais. Sofre pela zombaria que fazem dele, mas não por aquilo que está para fazer. E a tal ponto, que diz:

– Mas lembrai-vos bem de que eu quero as moedas contadas na bolsa antes de sair daqui com os guardas.

– Tu as terás! Tu as terás! Até a bolsa nós te daremos, a fim de que possas conservar nela aquelas moedas como uma lembrança do teu amor. Ahl Ah! Ah! Adeus, serpente!

Judas está lívido. Já está lívido. Pois ele não perderá nunca mais aquela cor e aquela expressão de um espanto desesperado. Pelo contrário, com o passar das horas se irá acentuando sempre mais, até ficar insustentável à vista, quando ele estiver pendurado na árvore… Foge de lá…

598.19

Jesus foi refugiar-se no jardim de uma casa amiga. É um jardim tranquilo de uma das primeiras casas de Sião. Ele é cercado por muros altos e antigos. É silencioso e fresco, coberto pelas frondes balançantes das velhas árvores. Uma voz de mulher está cantando, não longe de lá, uma doce cantiga de ninar.

Devem ter passado muitas horas, porque os servos de Lázaro, já de volta, depois de terem andado não sei por onde, dizem:

– Os teus discípulos já estão na casa onde está sendo preparada a ceia, e João, depois de ter trazido os frutos para os filhos de Joana de Cusa, foi buscar as mulheres para fazer que sejam acompanhadas por José de Alfeu, que hoje veio sozinho, quando sua mãe já não esperava mais vê-lo, e depois para ir de lá à casa da Ceia, pois já é a véspera.

– Nós também iremos. Já chegou a hora das ceias…

Jesus se levanta e torna a pôr o manto.

– Mestre, ali fora estão algumas pessoas do censo. E elas quereriam falar-te sem serem vistas pelos fariseus –diz um dos servos.

– Faze que elas entrem. Ester não se oporá. Não é verdade, mulher? –diz Jesus, virando-se para uma mulher já madura, que está chegando para saudá-lo.

– Não, Mestre. Minha casa é tua. Tu sabes disso. Foi pouco demais o tempo em que fizeste uso dela!

– O suficiente para que eu possa dizer ao meu coração: esta foi uma casa amiga.

Depois dá esta ordem ao servo:

– Manda entrar os que estão esperando.

598.20

Entram umas trinta pessoas de nobre aparência. E o cumprimentam. E um deles fala por todos os outros:

– Mestre, as tuas palavras nos fizeram estremecer. Nós ouvimos em Ti a voz de Deus. Mas dizem que somos loucos porque cremos em Ti. Que faremos, então?

– Não é em Mim que crê quem diz crer em mim, mas crê naquele que me mandou, porque Eu sou uma só coisa com meu Pai. Por isso eu vos digo que deveis crer para não ofender a Deus, que é meu Pai, e também vosso Pai, e vos ama até o ponto de sacrificar por vós o seu Unigênito. Porque, se há dúvida nos corações de que Eu seja o Cristo, não há dúvida de que Deus esteja no Céu. E a voz de Deus, que Eu chamei de Pai hoje no Templo, pedindo-lhe que dê glória ao seu Nome, respondeu Àquele que o chamava de Pai, e sem chamá-lo de “mentiroso e blasfemador”, como muitos dizem. Deus confirmou quem é que Eu sou. Sou a sua Luz. Eu sou a Luz que veio ao mundo. Eu vim como Luz ao mundo a fim de que quem crê em Mim não fique nas trevas. Se alguém ouve as minhas palavras e depois não as guarda, Eu não o julgo. Eu não vim para julgar o mundo, mas para salvar o mundo. Quem me despreza e não recebe bem as minhas palavras tem quem o julgue. A palavra por Mim anunciada o julgará no último dia. Porque ela era sábia, perfeita, doce, simples como é Deus. Porque aquela palavra é Deus. Não fui Eu, Jesus de Nazaré, chamado o filho de José, marceneiro da estirpe de Davi e filho de Maria, jovem hebreia, virgem da estirpe da Davi casada com José, que falei. Não. Eu não falei por Mim mesmo. Mas, sim, o meu Pai, Aquele que está nos céus e se chama Javé, foi Ele que falou hoje, foi Ele que me mandou e me prescreveu o que devo dizer e sobre o que é que devo falar. E eu sei que no seu Mandamento está a vida Eterna. Portanto, as coisas que Eu digo, digo-as como mas disse o Pai, e nelas está a Vida. Por isso, Eu vos digo: escutai-as. Ponde-as em prática e tereis a Vida. Porque a minha palavra é Vida. E quem a acolhe, acolhe, junto comigo, o Pai do Céu que Me mandou para dar-vos a Vida. E quem tem Deus em si tem em si a Vida.

598.21

Ide. Que a paz venha a vós e em vós permaneça.

Ele os abençoa e se despede deles. Abençoa também os discípulos. Detém somente Isaque e Estêvão. Ele beija os outros e se despede deles. E depois que todos saíram, Ele sai, por último, junto com os dois, e vai indo com eles pelas ruazinhas mais solitárias e já escuras, até chegar à casa do Cenáculo. E, tendo chegado lá, Ele os abraça e abençoa, com um especial amor a Isaque e a Estêvão, os beija, os abençoa de novo, olha-os de afastarem, depois bate à porta, e entra…

598.22

Diz Jesus:

– Colocarás aqui as visões do adeus a minha Mãe, do Cenáculo e da Ceia… E agora façamos nós dois, Eu e tu, a verdadeira comemoração pascal. Vem…


Notes

  1. Ecoutez donc : ici commence une autre série de citations bibliques, textuelles ou paraphrasées, qui renvoient (dans l’ordre biblique) à : Ps 78, 23-25 ; Is 9, 5 ; 11, 1-4.10-12 ; 40, 10-11 ; 42, 1-7 ; 50, 6 ; 53, 2-12 ; 55, 1-3 ; 61, 1-2 ; 63, 1 ; Ez 34, 11.16 ; 47, 1-12 ; Dn 9, 24-27 ; Os 14, 2 ; Mi 5, 3-4 ; Za 9, 9-10. Le dernier de ces prophètes, au quel il est fait allusion en 598.9, est Jean-Baptiste. Les prophéties auxquelles il est fait allusion en 598.17 sont celles d’Is 7, 14 et de Mi 5, 1.
  2. Nous allons mourir ! comme s’ils avaient vu Dieu. Se référer à Ex 20, 19 ; 33, 20 ; Jg 6, 22-23 ; 13, 22. On trouve des expressions similaires en 349.9, 619.6 et 630.27.

Notas

  1. Escutai. È o início de outra série de citações, textuais ou parafraseadas, que direcionam (na sucessão bíblica) a: Salmo 78,23-25; Isaías 9,5; 11,1-4.10-12; 40,10-11; 42,1-7; 50,6; 53,2-12; 55,1-3; 61,1-2; 63,1; Ezequiel 34,11.16; 47,1-12; Daniel 9,24-27; Oséias 14,2; Miquéias 5,3-4; Zacarias 9,9-10. O último dos profetas, ao qual se faz alusão em 598.9, é João Batista. As profecias às quais se faz alusão em 598.17 são as de: Isaías 7,14; Miquéias 5,1.
  2. morreremos, como se tivessem visto Deus, de acordo com o que se lê em: Êxodo 20,19; 33,20; Juízes 6,22-23; 13,22. Expressões análogas em 349.9, 619.6 e 630.27.