Os Escritos de Maria Valtorta

605. Désespoir et suicide de Judas.

605. Desespero e suicídio de Judas Iscariotes.

605.1

Voici venue ma si douloureuse vision de ces toutes premières heures du vendredi de la Passion. Elle se présente à moi alors que je récitais les Heures de la Désolation de Marie : j’avais en effet pensé que passer la nuit qui précède la Profession en compagnie de la Vierge des sept Douleurs serait la plus belle préparation à la Profession.

605.2

Je vois Judas. Il est seul, vêtu de jaune clair avec un cordon rouge à la taille. Mon admoniteur intérieur m’avertit que Jésus est capturé depuis peu, et que Judas, qui s’est enfui aussitôt après, est en proie à des pensées contradictoires. On dirait en effet un fauve furieux traqué par une meute de mâtins. Tout souffle de vent dans les feuilles, un bruit quelconque sur la route, l’écoulement d’une fontaine le font sursauter et se retourner, l’air soupçonneux et effrayé comme s’il se sentait rattrapé par quelque justicier. Il tourne la tête en la gardant basse, le cou tordu, il regarde comme quelqu’un qui veut voir et a peur de voir. Si un jeu de lumière de la lune crée une ombre d’apparence humaine, il écarquille les yeux, fait un saut en arrière, devient encore plus livide qu’il ne l’était, s’arrête un instant, puis s’enfuit précipitamment, revient sur ses pas, ou change de chemin jusqu’à ce qu’un autre bruit, un autre jeu de lumière le fasse s’arrêter et repartir dans une autre direction.

Sa folle échappée le conduit ainsi vers l’intérieur de la ville, mais une clameur du peuple l’avertit qu’il s’approche de la maison de Caïphe. Alors, les mains sur la tête, il se sauve à toutes jambes en se penchant comme si ces cris étaient autant de pierres qui le lapident. Et dans sa fuite, il prend une ruelle qui l’amène tout droit vers la maison où a été consommée la Cène. Il s’en aperçoit quand il arrive en face à cause d’une fontaine qui coule à cet endroit du chemin. Les pleurs de l’eau qui tombe goutte à goutte dans un petit bassin de pierre, et un faible sifflement du vent qui s’insinue dans le chemin étroit en produisant une lamentation étouffée, doivent lui rappeler les pleurs de Celui qu’il a trahi et la plainte du Supplicié. Il se bouche les oreilles pour ne pas entendre et s’échappe, les yeux fermés, pour ne pas voir cette porte par laquelle il est passé peu de temps auparavant avec le Maître, et par laquelle il est sorti pour aller prendre les hommes en armes dans le but de se saisir de lui.

605.3

Dans cette course aveugle, il est sur le point de heurter un chien errant, le premier chien que je vois depuis que j’ai les visions, un gros chien gris et hirsute qui s’écarte en grognant, prêt à s’élancer contre celui qui l’a dérangé. Judas ouvre les yeux et rencontre les pupilles phosphorescentes qui le fixent, et il voit la blancheur des crocs découverts qui semblent produire un rire diabolique. Il pousse un hurlement de terreur. Le chien, qui le prend probablement pour un cri menaçant, se jette sur lui, et les deux roulent dans la poussière : Judas dessous, paralysé par la peur, le chien dessus. Quand la bête lâche sa proie, considérée peut-être comme indigne de la lutte, Judas saigne à cause de deux ou trois morsures, et son manteau a de larges déchirures.

Il a été vraiment mordu à la joue, à l’endroit précis où il a donné un baiser à Jésus. La joue saigne et le sang souille au cou le vêtement jaunâtre de Judas. Le sang lui fait une sorte de collier, en imbibant le cordon rouge qui serre le vêtement au cou et il le rend plus rouge encore. Judas porte la main à sa joue, regarde le chien s’éloigner et le guette dans embrasure d’une porte. Il murmure : “ Belzébuth ! ” et, poussant de nouveau un cri, il détale, poursuivi par le chien pendant quelque temps. Il fuit jusqu’au petit pont près de Gethsémani, et se jette dans le torrent pour y ramasser des pierres et les jeter sur le chien. Alors seulement celui-ci, fatigué de le suivre ou craignant l’eau, abandonne sa proie et revient en arrière en grognant. Judas, le voyant s’éloigner, regarde autour de lui et s’aperçoit qu’il a de l’eau jusqu’au mollet. Sans s’occuper de son vêtement de plus en plus trempé, il se penche vers l’eau et boit comme s’il était brûlé par la fièvre, puis il lave sa joue qui saigne et doit lui faire mal.

605.4

A la clarté d’un premier éveil de l’aube, il sort sur l’autre rive comme s’il avait encore peur du chien et n’osait pas revenir en ville. Quelques mètres plus loin, le voilà à l’entrée du jardin des Oliviers. Dés qu’il reconnaît l’endroit, il s’écrie : « Non ! Non ! » Mais ensuite, stimulé par je ne sais quelle force irrésistible ou par quel sadisme satanique et criminel, il poursuit son chemin, à la recherche du lieu de la capture. La terre du sentier, foulée par de nombreux pieds, l’herbe piétinée et du sang par terre, sans doute celui de Malchus, lui montrent que c’est là qu’il a désigné l’Innocent aux bourreaux.

Il observe longuement… puis il pousse un cri rauque et fait un bond en arrière. Il crie : « Ce sang, ce sang !… » et il le montre… à qui ? de son bras tendu et son index pointé. Dans la lumière croissante, son visage apparaît terreux, spectral. Il semble fou. Ses yeux sont écarquillés et brillants comme s’il délirait ; ses cheveux ébouriffés par la course et la terreur paraissent dressés sur sa tête ; sa joue qui enfle lui tord la bouche en un rictus. Son vêtement déchiré, couvert de sang, trempé, boueux — la poussière mouillée est devenue de la boue —, le rend semblable à un mendiant. Son manteau, tout aussi déchiré et souillé, pend d’une épaule comme une guenille et il s’y empêtre quand, continuant à hurler : « Ce sang, ce sang ! », il recule comme si ce sang était devenu une mer qui monte et submerge.

Judas tombe à la renverse et se blesse la tête en heurtant une pierre. Il pousse un gémissement de douleur et de peur. « Qui est-ce ? » s’écrie-t-il. Il doit avoir pensé que quelqu’un l’a fait tomber pour le frapper. Il se retourne, l’air terrorisé. Personne ! Il se lève. Maintenant le sang dégoutte aussi sur sa nuque et le cercle rouge s’élargit sur son vêtement. II ne tombe pas par terre[1], car il y en a peu. Le vêtement le boit. Cela donne l’impression qu’il a déjà la corde au cou.

605.5

En poursuivant son chemin, il retrouve la trace du feu allumé par Pierre au pied d’un olivier. Comme il ignore que c’est Pierre qui l’a fait, il suppose que Jésus était là. Il s’écrie : « Va-t’en! Va-t’en ! » et, des deux mains tendues en avant, il paraît repousser un fantôme qui le tourmente. Il s’échappe et va finir justement contre le rocher de l’Agonie.

L’aube est maintenant nette et permet de voir clairement. Judas aperçoit le manteau de Jésus, laissé plié sur le rocher. Il le reconnaît. Il veut le toucher. Il a peur. Il tend la main et la retire. Il veut. Il ne veut pas. Mais ce manteau le fascine. Il gémit : « Non ! Non ! » Puis il dit :

« Oui, par Satan ! Oui, je veux le toucher. Je n’ai pas peur ! Je n’ai pas peur ! »

Il a beau le prétendre, la terreur lui fait claquer des dents, et le bruit d’une branche d’olivier, remuée par le vent, qui heurte un tronc voisin au-dessus de sa tête le fait crier de nouveau. Il trouve néanmoins le courage de saisir le manteau. Et il rit, d’un rire de fou, de démon, un rire hystérique, saccadé, lugubre, qui n’en finit pas, car il a vaincu sa peur. Il s’exclame :

« Tu ne m’effraies plus, Christ. Tu ne m’effraies plus. Je te craignais beaucoup, car je te croyais Dieu et fort. Maintenant tu ne me fais plus peur, car tu n’es pas Dieu. Tu n’es qu’un pauvre fou, un faible. Tu n’as pas su te défendre. Tu ne m’as pas réduit en cendres, comme tu n’as pas lu dans mon cœur la trahison. Mes peurs !… Quel sot ! Quand tu parlais, même hier soir, je croyais que tu savais. Tu ne savais rien. C’était ma peur qui donnait un sens prophétique à tes paroles ordinaires. Tu n’es rien. Tu t’es laissé vendre, désigner, prendre comme une souris dans son trou. Ta puissance ! Ton origine ! Ha ! Ha ! Ha ! Quel bouffon ! Celui qui est fort, c’est Satan ! Il est plus fort que toi. Il t’a vaincu ! Ha ! Ha ! Ha ! Le prophète ! Le Messie ! Le Roi d’Israël ! Et tu m’as assujetti pendant trois années ! Avec continuellement la peur au ventre ! Et je devais mentir pour te tromper avec finesse quand je voulais profiter de la vie ! Mais même si j’avais volé et forniqué sans toute l’astuce que je mettais en œuvre, tu ne m’aurais rien fait. Poltron ! Fou ! Lâche ! Tiens ! Tiens ! Tiens ! J’ai eu tort de ne pas agir envers toi comme je le fais à l’égard de ton manteau pour me venger du temps où tu m’as tenu esclave par la peur. Peur d’un lapin !… Tiens ! Tiens ! Tiens ! »

605.6

A chaque “ tiens ! ” il cherche à mordre et à déchirer l’étoffe du manteau. Il le chiffonne entre ses mains. Mais ce faisant, il l’ouvre et les taches qui l’humectent apparaissent. La furie de Judas s’arrête. Il fixe ces taches. Il les touche, il les flaire. C’est du sang… Il déplie complètement le manteau. On reconnaît bien l’empreinte laissée par les deux mains tachées de sang de Jésus quand il appuyait l’étoffe sur son visage.

« Ah !… Du sang ! Du sang ! Le sien… Non ! »

Judas laisse tomber le manteau et regarde autour de lui. Contre le rocher aussi, là où Jésus s’est adossé, tandis que l’ange le réconfortait, il aperçoit une tache sombre de sang qui sèche.

« Là !… Là !… Du sang ! Du sang !… »

Il baisse les yeux pour ne pas voir, et il se rend compte que l’herbe est toute rougie, elle aussi. Pis ! La rosée qui l’a dilué le fait paraître fraîchement tombé. Il est rouge et brille au premier soleil.

« Non ! Non ! Non ! Je ne veux pas voir ça ! Je ne peux pas ! Au secours ! »

Il porte les mains à sa gorge et perd tout contrôle, comme s’il se noyait dans une mer de sang.

« Arrière ! Arrière ! Laisse-moi ! Laisse-moi ! Maudit ! Ce sang, c’est une mer ! Il recouvre la terre ! La terre ! La terre ! Et sur la terre, il n’y a pas de place pour moi, car je ne peux voir ce sang qui la couvre. Je suis le Caïn de l’Innocent ! »

Je crois que l’idée du suicide lui est venue à ce moment-là.

Le visage de Judas est effrayant.

605.7

Il se jette du talus et s’enfuit dans l’oliveraie, sans revenir par la route de l’aller. Il semble poursuivi par des fauves. Revenu en ville, il s’enveloppe dans son manteau et cherche à couvrir sa blessure et son visage autant qu’il le peut.

Il se dirige vers le Temple. Mais en route, à un carrefour, il se trouve en face des canailles qui traînent Jésus chez Pilate. Il ne peut reculer, car une autre foule, venue pour regarder, le pousse dans le dos. Et, grand comme il est, il domine forcément, donc il voit. Et il rencontre le regard du Christ…

Les deux regards s’enlacent un moment. Puis le Christ passe, lié, frappé, et Judas tombe à la renverse comme s’il s’évanouissait. La foule le piétine sans pitié, et il ne réagit pas. Il doit préférer être écrasé par tout un monde plutôt que de rencontrer ce regard.

605.8

Quand la meute déicide est passée avec le Martyr et que la voie est libre, il se relève et court au Temple. Il bouscule et renverse presque un garde placé à la porte de l’enceinte. D’autres gardes arrivent pour interdire l’entrée au forcené, mais lui, tel un taureau furieux, les écarte tous. L’un d’eux, qui s’accroche à lui pour l’empêcher de pénétrer dans la salle du Sanhédrin dont tous les membres sont encore réunis pour discuter, est saisi à la gorge, étranglé et jeté, sinon mort du moins sans connaissance, en bas des trois marches.

« Maudits, je ne veux pas de votre argent » s’écrie-t-il, debout au milieu de la salle, à l’endroit où se tenait Jésus un peu plus tôt.

On dirait un démon qui jaillit de l’enfer. Ensanglanté, dépeigné, enflammé par le délire, la bave à la bouche, les mains comme des griffes, il hurle et semble aboyer tant sa voix est perçante, rauque, hurlante.

« Votre argent, maudits, je n’en veux pas. Vous m’avez perdu. Vous m’avez fait commettre le plus grand péché. Comme vous, comme vous je suis maudit ! J’ai trahi le sang innocent. Que ce sang et ma mort retombent sur vous. Sur vous… Non ! Ah !… »

Judas voit le pavé baigné de sang.

« Même ici il y a du sang, même ici? Partout ! Son sang est partout ! Mais combien de sang a l’Agneau de Dieu pour en couvrir ainsi la terre et ne pas en mourir ? Et c’est moi qui l’ai répandu ! A votre instigation. Maudits soyez-vous ! Maudits, maudits pour l’éternité ! Malédiction à ces murs ! Malédiction à ce Temple profané ! Malédiction au grand-prêtre déicide ! Malédiction aux prêtres indignes, aux faux docteurs, aux pharisiens hypocrites, aux Juifs cruels, aux scribes sournois ! Malédiction à moi ! A moi, malédiction ! A moi ! Reprenez votre argent et qu’il vous étrangle l’âme dans la gorge, comme la corde pour moi. »

Il lance alors la bourse à la figure de Caïphe et s’en va en poussant un hurlement, tandis que les pièces résonnent en s’éparpillant sur le sol après avoir frappé, en la faisant saigner, la bouche de Caïphe.

Personne n’ose le retenir.

605.9

Il sort, et court à travers les chemins. Fatalement, il rencontre à deux reprises Jésus à l’aller et au retour de chez Hérode.

Il abandonne le centre de la ville pour prendre au hasard les ruelles les plus misérables, et va de nouveau finir contre la maison du Cénacle. Elle est entièrement fermée, comme abandonnée. Il s’arrête, la regarde.

« La Mère de Jésus, murmure-t-il, sa Mère !… » Il reste indécis… « Moi aussi, j’ai une mère ! Et j’ai tué le fils d’une mère !… Pourtant… je veux entrer… revoir cette pièce. Là, il n’y a pas de sang… »

Il donne un coup à la porte, un autre… encore un…

La gardienne de la maison vient entrouvrir la porte, ne laissant qu’une simple fente… A la vue de cet homme bouleversé, méconnaissable, elle pousse un cri et essaie de refermer. Mais Judas, d’un coup d’épaule, l’ouvre toute grande et, renversant la femme terrorisée, passe outre.

Il court vers la petite porte qui donne sur le Cénacle, et entre. Un beau soleil passe par les fenêtres. Judas pousse un soupir de soulagement. Ici, tout est calme et silencieux. La vaisselle est encore comme on l’a laissée. On comprend que, pour le moment, personne ne s’en est occupé. On pourrait croire qu’on va passer à table.

Judas, justement, s’approche de la table. Il regarde s’il y a du vin dans les amphores : il y en a. Il boit avidement à l’amphore elle-même qu’il soulève à deux mains. Puis il se laisse tomber assis et appuie sa tête sur ses bras croisés sur la table. Il ne s’aperçoit pas qu’il est assis à la place de Jésus et qu’il a devant lui la coupe qui a servi pour l’Eucharistie. Il s’arrête un moment, jusqu’à ce que s’apaise l’essoufflement causé par sa longue course. Puis il lève la tête, voit la coupe, et reconnaît la place où il s’est assis.

Il se lève comme un possédé. Mais la coupe le fascine. Il reste au fond un peu de vin rouge et le soleil, en frappant le métal (qui paraît être de l’argent) fait briller ce liquide.

« Du sang ! Du sang ! Du sang même ici ! Son sang ! Son sang !…“ Faites ceci en mémoire de moi !… Prenez et buvez. Ceci est mon sang… Le sang de la nouvelle alliance qui sera versé pour vous… ” Ah ! Maudit que je suis ! Pour moi, il ne peut plus être versé pour la rémission de mon péché. Je ne demande pas pardon, parce qu’il ne peut me pardonner. Partons ! Partons ! Il n’y a plus de lieu où le Caïn de Dieu puisse connaître le repos. A mort ! A mort !… »

605.10

En sortant, il se trouve face à face avec Marie, debout à la porte de la pièce où Jésus l’a quittée. Entendant du bruit, elle est venue, dans l’espoir peut-être de trouver Jean, qui est absent depuis bien longtemps. Elle est pâle comme si elle avait été vidée de son sang. La douleur rend ses yeux encore plus semblables à ceux de son Fils. Judas rencontre ce regard qui l’observe avec la même connaissance affligée et consciente que Jésus un peu plus tôt. Et avec un “ Oh ! ” effrayé, il s’adosse au mur.

« Judas ! dit Marie, Judas, qu’es-tu venu faire ? »

Ce sont les mots mêmes de Jésus, prononcés avec un amour douloureux. Judas s’en souvient et pousse un cri.

« Judas, répète Marie, qu’as-tu fait ? Tu as répondu à tant d’amour en trahissant ? »

La voix de Marie est une caresse tremblante.

Judas tente de s’échapper. Marie l’appelle d’une voix qui aurait pu convertir un démon.

« Judas ! Judas ! Arrête-toi ! Arrête-toi ! Ecoute ! Je te le dis en son nom : repens-toi, Judas. Lui, il pardonne… »

Mais Judas s’est enfui.

La voix de Marie, son aspect ont été le coup de grâce, ou plutôt de disgrâce puisqu’il lui résiste.

Dans sa précipitation, il croise Jean qui vient chercher Marie en courant. La sentence est prononcée. Jésus va aller au Calvaire. C’est le moment de conduire la Mère à son Fils.

Jean reconnaît Judas, bien qu’il reste bien peu du beau Judas d’il y a peu de temps.

« Toi ici ? » lui lance Jean avec un dégoût visible. « Toi ici ? Malédiction à toi, meurtrier du Fils de Dieu ! Le Maître est condamné. Réjouis-toi, si tu le peux, mais dégage le chemin. Je viens chercher Marie. Elle est ton autre victime, espèce de vipère, et je ne veux pas qu’elle te rencontre.»

605.11

Judas s’enfuit. Il s’est enveloppé la tête dans les lambeaux de son manteau en laissant seulement une fente pour les yeux. Les gens, le peu de gens qui ne sont pas vers le Prétoire, l’évitent comme s’ils voyaient un fou. Car il semble bien l’être.

Il erre à travers la campagne. Le vent apporte de temps à autre un écho de la clameur qui monte de la foule qui suit Jésus en lui adressant des imprécations. Chaque fois qu’un pareil écho arrive à Judas, il hurle comme un chacal.

Je crois qu’il est réellement devenu fou, car il se cogne la tête rythmiquement contre les murets de pierre. Ou bien il est devenu halluciné parce que, quand il voit un liquide quelconque : eau, lait porté par un enfant dans un récipient, de l’huile qui coule d’une outre, il crie à toutes forces :

« Du sang ! Du sang ! Son sang ! »

Il voudrait boire aux ruisseaux et aux fontaines, mais il ne le peut, car il prend l’eau pour du sang :

« C’est du sang ! C’est du sang ! Il me noie ! Il me brûle ! J’ai le feu ! Son sang, qu’il m’a donné hier, est devenu feu en moi ! Malédiction à moi et à toi, Jésus ! »

605.12

Il monte et descend les collines qui entourent Jérusalem. Irrésistiblement, ses yeux se tournent vers le Golgotha. A deux reprises, il aperçoit de loin le cortège qui monte en serpentant la côte, et pousse un cri.

Le voilà arrivé lui aussi au sommet d’une petite colline couverte d’oliviers. Il est entré dans l’oliveraie en ouvrant une fermeture rudimentaire, comme s’il en était le maître ou pour le moins un habitué des lieux. J’ai l’impression que Judas ne se souciait pas beaucoup de la propriété d’autrui. Debout sous un olivier à l’extrémité d’un talus, il regarde vers le Golgotha. Il voit se dresser les croix et il comprend que Jésus est crucifié. Plus exactement, il ne peut voir ni entendre, mais le délire ou quelque maléfice de Satan lui font voir et entendre comme s’il se trouvait au sommet du Calvaire.

Il observe, l’air égaré, tout en se débattant :

« Non ! Non ! Ne me regarde pas ! Ne me parle pas ! Je ne le supporte pas. Meurs, meurs, misérable ! Que la mort ferme ces yeux qui me font peur, cette bouche qui me maudit. Mais moi aussi je te maudis, puisque tu ne m’as pas sauvé. »

Son visage est si hagard, qu’on ne peut le soutenir. Deux filets de bave coulent de sa bouche hurlante. La joue mordue est livide et enflée, et déforme son visage. Ses cheveux collés, sa barbe très noire mettent un bâillon lugubre sur ses joues et son menton. Quant à ses yeux !… Ils roulent, ils louchent, ils sont phosphorescents. De vrais yeux de démon…

605.13

Il arrache de sa taille le cordon de grosse laine rouge qui la ceint de trois tours. Il en éprouve la solidité en l’enroulant autour d’un olivier et en tirant de toutes ses forces. Le cordon est solide, il résiste.

Il choisit un olivier qui se prête à ce qu’il veut faire. Celui qui penche au-delà du talus, avec son feuillage en forme de chevelure en désordre, lui convient. Il monte sur l’arbre, assure solidement un nœud coulant à une branche des plus robustes et qui pend sur le vide. Il a déjà fait le nœud coulant. Après un dernier coup d’œil vers le Golgotha, il passe la tête dans le nœud coulant. Il paraît maintenant avoir deux colliers rouges à la base du cou. Il s’assied sur le talus puis, d’un coup, se laisse glisser dans le vide.

Le nœud le serre. Il se débat quelques minutes. Ses yeux chavirent, l’asphyxie le rend noir, il ouvre la bouche, les veines du cou se gonflent et noircissent. Il lance quatre ou cinq coups de pieds en l’air, dans les dernières convulsions. Puis la bouche s’ouvre et la langue pend, noire et baveuse, les globes oculaires ouverts sortent de la tête en montrant le blanc de l’œil injecté de sang, l’iris disparaît vers le haut. Il est mort.

Le vent fort qui s’est levé avant l’orage imminent, balance le macabre pendule et le fait tourner comme une hideuse araignée suspendue au fil de sa toile.

Ainsi finit cette vision. Je ne peux que me souhaiter de l’oublier au plus vite, car je vous assure que c’était horrible.

605.14

Jésus dit :

« Horrible, mais pas inutile. Trop de gens croient que Judas a commis un acte de peu d’importance. Certains vont jusqu’à affirmer qu’il a eu un certain mérite, car sans lui la Rédemption n’aurait pas eu lieu, et cela lui vaut d’être justifié devant Dieu.

En vérité, je vous dis que si l’Enfer n’avait pas déjà existé, et si ses tourments n’avaient pas déjà été parfaits, il aurait été créé pour Judas encore plus horrible et éternel, parce que de tous les pécheurs et de tous les damnés, il est le plus damné et le plus pécheur. Dans toute l’éternité, il n’y aura jamais d’adoucissement de sa condamnation.

Le remords aurait pu aussi le sauver, s’il avait fait du remords un repentir. Mais il n’a pas voulu se repentir. Au premier crime de trahison, encore pardonnable à cause de ma grande miséricorde — c’est une faiblesse que m’impose mon amour —, il a joint les blasphèmes, les résistances aux voix de la grâce qui voulaient encore lui parler par l’intermédiaire des souvenirs, des terreurs, par l’intermédiaire de mon sang et de mon manteau, par l’intermédiaire de mon regard, des traces de l’institution de l’Eucharistie, des paroles de ma Mère.

Il a résisté à tout. Il a voulu résister, comme il avait voulu trahir. Comme il a voulu maudire, comme il a voulu se suicider.

605.15

C’est la volonté qui compte, dans le bien comme dans le mal.

Lorsque quelqu’un tombe sans la volonté de tomber, je pardonne. Regarde Pierre : il m’a renié. Pourquoi ? Lui-même ne le savait pas exactement. Pierre, un lâche? Non, mon Pierre n’était pas un lâche. Contre la cohorte et les gardes du Temple, il avait osé frapper Malchus pour me défendre au risque de sa vie. Ensuite, il s’était enfui, sans avoir la volonté de le faire. Il a renié, sans avoir la volonté de le faire. Plus tard, il saura bien rester fidèle et avancer sur le chemin sanglant de la croix, sur mon chemin, jusqu’à arriver à la mort sur la croix. Il a su par la suite donner de moi un excellent témoignage, au point d’être tué à cause de sa foi intrépide. Je le défends, mon Pierre. Sa défaillance a été la dernière de son humanité, mais sa volonté spirituelle n’était pas présente à ce moment. Elle dormait, émoussée par le poids de son humanité. Quand elle s’éveilla, elle ne voulut pas rester dans le péché et voulut être parfaite. Je lui ai aussitôt pardonné.

605.16

Judas, lui, n’as pas voulu. Tu dis qu’il paraissait fou et enragé. Il l’était, d’une rage satanique.

Sa terreur à la vue du chien, animal rare, en particulier à Jérusalem, vient du fait que, depuis un temps immémorial, on attribuait cette forme à Satan pour apparaître aux mortels. Dans les livres de magie, il est encore dit qu’une des formes préférées de Satan pour apparaître est celle d’un chien mystérieux, d’un chat ou d’un bouc. Judas, déjà en proie à la terreur qui lui venait de son crime, convaincu qu’il appartenait désormais à Satan, crut reconnaître Satan sous l’aspect de cette bête errante.

Une personne coupable voit en tout des ombres de peur. C’est sa conscience qui les crée. Ensuite, Satan excite ces ombres, qui pourraient encore susciter du repentir dans un cœur, et il en fait des larves horribles qui amènent au désespoir. Et le désespoir porte au crime ultime, au suicide.

A quoi bon jeter le prix de la trahison, quand ce dépouillement n’est que le fruit de la colère et n’est pas fortifié par une volonté droite de repentir ? Dans ce cas, se dépouiller des fruits du mal devient méritoire, mais comme il l’a fait, non. Ce fut un sacrifice inutile.

605.17

Ma Mère — et c’était la Grâce qui parlait et la Trésorière qui accordait[2] le pardon en mon nom —, lui dit : “ Repens-toi, Judas. Il pardonne… ” Ah ! oui, je lui aurais pardonné ! S’il s’était jeté aux pieds de ma Mère en implorant : “ Pitié ! ”, elle qui est la Mère de Miséricorde, elle l’aurait recueilli comme un blessé ; sur ses blessures sataniques par lesquelles l’Ennemi lui avait inoculé le Crime, elle aurait répandu ses larmes salvatrices, puis elle me l’aurait amené au pied de la croix, en le tenant par la main pour que Satan ne puisse le saisir et les disciples le frapper ; elle me l’aurait amené pour que mon sang tombe d’abord sur lui, le plus grand des pécheurs. Et elle se serait trouvée, en Prêtresse[3] admirable sur son autel, entre la pureté et la faute, car, si elle est la Mère des vierges et des saints, elle est aussi la Mère des pécheurs.

Mais Judas n’a pas voulu.

605.18

Méditez sur le pouvoir de la volonté dont vous êtes les arbitres absolus. C’est elle qui vous ouvre le Ciel ou l’Enfer. Méditez sur ce que veut dire persister dans la faute.

Le Crucifié se tient les bras ouverts et attachés pour vous dire qu’il vous aime, et qu’il ne veut pas vous frapper, qu’il ne peut vous frapper parce qu’il vous aime et préfère se refuser de pouvoir vous embrasser — son unique douleur dans son état de crucifié —, plutôt que d’avoir la liberté de vous punir. Le Crucifié, objet de divine espérance pour ceux qui se repentent et veulent se détourner de la faute, devient pour les impénitents un objet d’une telle horreur qu’elle les fait blasphémer et user de violence envers eux-mêmes. Ils deviennent meurtriers de leur esprit et de leur corps à cause de leur persistance dans la faute. Et la vue de Celui qui est doux, qui s’est laissé immoler dans l’espoir de les sauver, prend l’apparence d’un spectre horrifiant.

605.19

Maria, tu t’es plainte de cette vision. Mais c’est le vendredi de la Passion, ma fille. Tu dois souffrir. Aux souffrances que tu endures en raison de mes souffrances et de celles de Marie, tu dois unir tes propres souffrances dues à l’amertume de voir les pécheurs rester dans le même état. Ce fut notre souffrance. Elle doit être la tienne. Marie en a souffert et en souffre encore, comme de mes tortures. Tu dois donc en souffrir toi aussi. Maintenant, repose-toi. Dans trois heures, tu seras toute à moi et à Marie. Je te bénis, violette de ma passion et passiflore de ma Mère[4]. »

605.1

Eis a minha penosíssima visão destas primeiras horas da sexta-feira da Paixão, que me se apresentou enquanto eu celebrava a Hora de Maria Desolada, porque eu havia pensado que passar a noite que precede a Profissão em companhia da Virgem das Sete Dores fosse a mais bela preparação para a Profissão.

605.2

Estou vendo Judas. Ele está sozinho. Vestido de amarelo claro e com um cordão vermelho na cintura. O meu pressentimento interno me adverte que há pouco Jesus foi capturado, e que Judas, tendo fugido logo depois da captura, agora está dominado por um contraste de pensamentos. De fato, Judas está parecendo um animal furioso, perseguido por um bando de mastins. Cada sopro do vento sobre a folhagem, o ruído qualquer pela estrada, o gemido de uma pequena fonte o fazem estremecer e virar-se, com suspeita e terror, como se estivesse sendo alcançado por algum carrasco. Ele vira a cabeça, conservando-a baixa, com o pescoço meio torcido, move os olhos como quem quer ver, mas está com medo de ver. E se a claridade da lua cria alguma sombra com aparência de uma pessoa humana, ele arregala os olhos, dá um salto para trás, torna-se mais lívido do que estava, para por um instante, e depois foge precipitadamente, voltando sobre os seus passos, escapulindo por outros becos, até que algum outro rumor ou lampejo de luz o faça voltar e fugir com alguma outra direção.

Com seu andar de demente, ele vai indo assim para o centro da cidade. Mas um clamor do povo o adverte que ele está perto da casa de Caifás. Então, levando as mãos à cabeça e curvando-se, como se aqueles gritos fossem muitas pedras que já estão caindo sobre ele, ele foge, foge sem parar. E, ao fugir, toma outra estradinha que o leva diretamente à casa onde foi consumada a Ceia. Ele só o percebe quando já está diante da casa, devido ao ruído de uma pequena fonte que se ouve daquele ponto da estrada. O ruído choroso da água, que goteja e cai na pequena bacia de pedra, e um assovio leve do vento que, insinuando-se pela estrada estreita, solta como que um lamento meio sufocado, talvez o façam se lembrar do pranto do Traído e dos lamentos do Supliciado. Ele tapa os ouvidos para não ficar ouvindo e sai de lá, com os olhos fechados para não ver aquela porta, pela qual, poucas horas antes, ele passou com o Mestre, e pela qual ele saiu para ir ao encontro dos homens armados para capturá-lo.

605.3

Ao correr assim como um cego, ele vai esbarrar contra um cão vadio, o primeiro cão que eu vejo desde quando comecei a ter as visões, um cão grande, cinzento e arrepiado, que está pronto para pular sobre o seu perturbador. Judas abre os olhos e eles vão ao encontro de duas pupilas fosforescentes, que o estão fitando, e vê a brancura dos dentes descobertos, que parecem ter um riso diabólico. Judas dá um urro de terror. O cão, que talvez entenda que aquele urro é uma ameaça, se arroja contra ele e os dois rolam na poeira: Judas por baixo, paralisado pelo medo, e o cão em cima dele. Quando o animal deixou sua presa, talvez julgada indigna de uma luta, Judas está sangrando, com duas ou três mordidas, e seu manto está com dois ou três rasgões.

Uma das mordidas o pegou bem na face, justamente no ponto em que ele beijou Jesus. Sua face sangra, e o sangue suja a veste amarelada de Judas, no pescoço. Ela forma uma espécie de colar de sangue, ao embeber o cordão vermelho que aperta a veste no pescoço, fazendo-o ficar mais vermelho ainda. Judas levando a mão ao rosto, e olhando o cão que se afasta, mas que o está fitando pela abertura de uma porta, murmura: “Belzebu!” e, com um novo grito, foge, acompanhado pelo cão ainda por algum tempo. Ele foge até à pequena ponte que fica perto do Getsêmani. Lá, seja por ele estar cansado, seja por que talvez e fosse hidrófobo e se afaste da água, o cão, rosnando, deixa a presa para trás. Judas que havia pulado na torrente, a fim de apanhar umas pedras para atirar no cão, vê que ele se afastou, olha ao redor de si e vê que a água já está chegando à altura da metade da barriga de sua perna. Sem preocupar-se com sua roupa, que cada vez vai ficando mais molhada, ele se curva sobre a água e bebe dela, como se estivesse atacado pelo calor de uma febre, e lava rosto, que está sangrando, e deve estar doendo.

605.4

À luz de um primeiro despertar da aurora, ele volta a subir pelo leito seco do rio; pelo outro lado, como se tivesse ainda medo do cão e não ousasse voltar para a cidade. Anda ainda alguns metros e vê que se encontra na entrada do Horto das Oliveiras. E grita:

– Não! Não! –reconhecendo o lugar onde está.

Mas depois, não sei por qual força irresistível ou por qual sadismo satânico e criminoso, ele prossegue até aquele recinto. Procura o lugar onde foi feita a captura. A terra do caminho, remexida por muitos pés, a relva pisada em certo ponto e um pouco de sangue por cima da terra, que talvez fosse o sangue de Malco, tudo isso o faz lembrar-se de que foi ele que indicou aos carrascos o Inocente.

Ele olha, fica olhando… e depois dá um grito rouco e um salto para trás. E grita, dizendo:

– Aquele sangue… aquele sangue!…

E o mostra… a quem? E fica com o braço estendido e o indicador mostrando. À luz que vai aumentando, o rosto dele está cor de terra e parece o de um espectro. Judas está parecendo um doido. Seus olhos estão arregalados e luzentes como em um delírio, com os cabelos despenteados pela corrida e pelo terror parecem estar eriçados sobre a cabeça; a face, que vai ficando inchada, torce-lhe a boca em um gesto de escárnio. Sua veste rasgada, ensanguentada, molhada, enlameada, porque a poeira se apegou à roupa molhada e a transformou em lama, o faz ficar parecido com um mendigo. Seu manto, também rasgado e enlameado, está pendurado em um dos ombros, como um molambo, e aí ele se emaranha, e continua a gritar: “Aquele sangue, aquele sangue!” Então, ele recua, como se aquele sangue se tivesse transformado em um mar que vinha subindo e submergindo tudo.

Judas cai deitado de costas e fere a cabeça por detrás, em uma pedra. Dá um gemido de dor e de medo.

– Quem é? –ele grita.

Deve estar pensando que alguém o tenha feito cair para feri-lo. Então, ele se vira, aterrorizado. Ninguém! Levanta-se. Agora o sangue está gotejando da nuca. A mancha vermelha vai-se alargando pela veste. Não cai na terra[1], porque é pouco: a veste se embebe com ele. Agora a mancha vermelha parece já estar em seu pescoço.

605.5

Põe-se a caminhar. Encontra de novo o pequeno fogo aceso por Pedro, aos pés de uma oliveira. Mas ele não sabe que aquilo é obra de Pedro, e começa a pensar que Jesus é que esteve ali. E grita:

– Fora! Fora!

E com as duas mãos estendidas para frente, parece querer empurrar um fantasma que o atormenta. E consegue escapar. E vai parar precisamente ao lado da rocha da Agonia.

A aurora já clareou bastante, e já se pode enxergar bem e sem dificuldade. Judas vê o manto de Jesus, que ficou dobrado sobre a rocha. Ele o conhece. E quer tocar nele. Mas fica com medo. Estende a mão, mas logo a retrai. Ele quer. Mas logo não quer mais. No entanto, aquele manto o fascina. Então, ele geme:

– Não. Não!

Depois diz:

– Sim, por Satanás! Sim. Eu quero tocar nele. Não tenho medo! Não tenho medo!

Ele diz que não tem medo, mas está batendo os dentes de terror, e o barulho que está fazendo, sobre sua cabeça, um ramo de oliveira agitado pelo vento e batendo contra um tronco vizinho, faz que ele grite de novo. Ele cria coragem e agarra o manto. Depois fica rindo. É um riso de doido, de demônio. Um riso histérico, entrecortado, lúgubre, que não acaba nunca, porque ele venceu o medo.

E ele o diz:

– Não me fazes medo, ó Cristo. Não tenho mais medo. Eu tinha tanto medo de Ti, porque eu pensava que Tu eras um Deus e um forte. Agora não me causas mais medo, porque não és Deus. Tu és um pobre doido, um fraco. Nem soubeste defender-te. Não me reduziste a cinzas, assim como também não leste em meu coração a traição. Aqueles meus medos! Que bobagem! Quando Tu estavas falando ontem de tarde, eu acreditava que tu soubesses. Mas não sabias nada. Era o meu medo que dava um tom de profecia às tuas palavras mais comuns. Tu és um nada. Tu te deixaste vender, mostrar e prender, como um rato na toca. O teu poder! A tua origem! Ah! Ah! Ah! Palhaço! Quem é forte é Satanás. Mais forte do que Tu! Ele te venceu! Ah! Ah! Ah! O Profeta! O Messias! o Rei de Israel! Tu me mantiveste subjugado durante três anos! E sempre com o medo no coração! E eu devia mentir para enganar-te com fineza, quando eu queria gozar a vida! Mas, mesmo que eu tivesse roubado e fornicado sem toda aquela astúcia de que eu fazia uso, Tu não me terias feito nada. Covarde! Louco! Toma agora! Toma! Eu errei, quando não fiz a Ti o que agora estou fazendo com o teu manto, para vingar-me do tempo em que me conservaste escravo do medo. Medo de um coelho!… Toma! Toma! Toma!

605.6

A cada “toma” que ele diz, Judas morde e procura rasgar o pano do manto, e o amarrota entre as mãos. Mas, ao fazer isso, ele o abre, e aparecem as manchas que o ensopam. Judas para em sua fúria. Fita aquelas manchas. Toca nelas. E as cheira. São de sangue. Ele desdobra o manto todo. Está bem visível a marca deixada pelas duas mãos sangrentas, quando elas apertavam o pano sobre o rosto.

– Ah! Sangue! Sangue! O dele… Não!

Judas deixa cair o manto e olha ao redor. Também perto da pedra, lá onde Jesus se apoiou com as costas quando o anjo o confortava, há uma mancha escura de sangue, que estava secando.

– Lá!… Lá… Sangue! Sangue!…

Ele abaixa o olhar para não ver, mas vê as ervas todas vermelhas pelo sangue que gotejou sobre elas. Este sangue, pelo orvalho que o conservou líquido, parece ter gotejado há pouco. Está vermelho e brilha aos primeiros raios do sol.

– Não! Não! Não! Não quero ver! Não posso ver esse sangue! Socorro!

E levanta as mãos até a garganta, braceja, como se estivesse se afogando em um mar de sangue.

– Para trás! Para trás! Deixa-me! Maldito! Mas este sangue é um mar! Está cobrindo a terra! A terra! E sobre a terra não há lugar para mim, porque eu não posso ver este sangue que a cobre. Eu sou o Caim do Inocente!

A ideia do suicídio deve ter vindo no coração dele neste momento, eu creio. O rosto do Judas dá medo.

605.7

Ele se joga de cima da pedra e foge para o olival sem voltar mais pelo caminho por onde tinha vindo. Parece estar sendo perseguido por feras. Volta para a cidade. Ele se envolve no manto como pode e procura cobrir sua ferida e seu rosto, o tanto que pode.

Ele se dirige para o Templo. Mas, enquanto vai fazendo isso, chega a uma encruzilhada do caminho e se encontra com os canalhas que vão arrastando Jesus para o Palácio de Pilatos. Ele não consegue retirar-se de lá, porque uma outra multidão o comprime por detrás, apressando-se para ver. Mas, alto como ele é, domina a multidão e vê. E dá de encontro com o olhar de Cristo… Os dois olhares se entrelaçam por um instante. Depois Cristo passa amarrado, espancado. E Judas cai para trás, como um desmaiado. A multidão pisa nele sem dó, e ele não reage. Pois ele deve estar preferindo ser pisoteado por todo o mundo a encontrar aquele olhar.

605.8

Quando o tumulto deicida acabou de passar com o Mártir e a rua ficou vazia, ele se levanta e vai correndo para o Templo. Esbarra em um guarda colocado à porta do recinto e quase o derruba. Outros guardas intervêm para proibir ao doido de entrar. Mas ele, como um touro furioso, afasta todos. Um deles, que teima em impedir-lhe a passagem para penetrar no salão do Sinédrio, onde ainda estão todos discutindo, é agarrado pelo pescoço, estrangulado e jogado, se não morto, mas já moribundo, dos três degraus para baixo.

– O vosso dinheiro, ó malditos, eu não quero –grita ele, justamente no meio do salão, no lugar onde antes esteve Jesus.

Judas parece um demônio que saiu das profundezas do Inferno. Todo ensanguentado, despenteado, afogueado pelo delírio, babando, com as mãos em forma de garras, ele grita, mas parece estar latindo pelo tanto que sua voz está estridente, rouca, uivante:

– O vosso dinheiro, ó malditos, eu não quero. Vós me desgraçastes. E me fizestes cometer o maior dos pecados. Como vós, como vós eu também estou maldito. Eu traí o Sangue inocente. Recaia sobre vós aquele Sangue e a minha morte. Sobre vós… Não! Ah!…

Judas está vendo o pavimento todo molhado de sangue:

– Até aqui, até aqui há sangue? Por toda parte! Por toda parte está o Sangue dele. Mas, quanto Sangue deverá ter o Cordeiro de Deus, para cobrir com ele assim a Terra e não morrer por isso? E fui eu que o derramei! Mas por instigação vossa! Malditos! Malditos! Malditos para sempre! Malditas sejam estas paredes! Maldito seja este Templo que foi profanado! Maldição para o Pontífice deicida. Maldição para os sacerdotes indignos, para os doutores falsos, para os fariseus hipócritas, para os judeus cruéis, para os escribas enganadores! Maldição para mim! Para Mim! Tomai o vosso dinheiro, e que ele vos estrangule a alma na garganta, como a mim vai fazer a corda.

E ele atira para longe a bolsa, no rosto de Caifás. E sai gritando, enquanto as moedas tilintam, espalhando-se pelo chão, depois de terem feito sangrar a boca de Caifás.

Ninguém ousa segurá-lo.

605.9

Ele sai. Vai correndo pelas ruas. E, inevitavelmente, encontra-se de novo, outras duas vezes, com Jesus, que vai sendo levado para Herodes, ou que de lá vai sendo trazido. Ele abandona o centro da cidade e, tomando a esmo qualquer rumo, vai entrando pelas ruazinhas mais estreitas e curtas, para acabar chegando de novo à Casa do Cenáculo. Ela está toda fechada. Como se tivesse sido abandonada. Lá ele para. E olha para ela.

– A Mãe! –murmura ele–. A Mãe…

E fica indeciso…

– Eu também tenho uma mãe. E matei um filho de uma mãe!… Mas eu quero entrar… E tornar a ver aquela sala. Lá não há sangue…

Dá uma batida na porta. Outra batida. Mais outra… A dona da casa vem abrir e entrefecha a saída. Há uma fenda… E ela, vendo aquele homem perturbado e irreconhecível, dá um grito, e procura fechar de novo a porta. Mas Judas, com um empurrão, torna a abri-la e, desviando-se da mulher espantada, passa para frente.

Ele corre para a portinha, por onde se vai para o Cenáculo, e a abre. Entra. Um belo sol penetra, batendo nas janelas escancaradas. Judas dá um suspiro de alívio. Depois caminha para diante. Aqui tudo está calmo e silencioso. A louça está ainda como foi deixada. Compreende-se que até agora ninguém precisou dela. Poder-se-ia também pensar que está pronta para ser usada.

Judas se dirige para a mesa. Vai ver se há vinho nas ânforas. E há. Ele bebe com avidez diretamente da ânfora, que segura com as duas mãos. Depois ele se deixa cair sentado, apoiando sua cabeça sobre os braços em cima da mesa. Ele não se dá conta de ter-se assentado justamente no lugar de Jesus, nem que ele tem em sua frente o cálice que foi usado na Eucaristia. Fica parado por algum tempo, até que sua respiração ofegante se acalme. Depois ele levanta a cabeça e vê o cálice. E aí é que ele descobre onde é que está sentado.

Levanta-se como um possesso. Mas aquele cálice o fascina. Um pouco de vinho vermelho ainda está no fundo, e o sol, batendo no metal, que parece ser prata, põe fogo naquele líquido.

– É sangue. Sangue até aqui. O sangue dele!… “Fazei isto em memória de Mim… Tomai e bebei. Isto é o meu Sangue… O Sangue do Novo Testamento, que será derramado por vós…”. Ah! Maldito que eu sou! Por mim ele não pode mais ser derramado, pela remissão do meu pecado. Eu não peço perdão, porque Ele não pode me perdoar. Fora! Fora! Não existe mais um lugar onde o Caim de Deus possa ter descanso. A morte! A morte!…

605.10

Ele sai. E se vê na frente de Maria, que está de pé na porta do salão onde Jesus a deixou. Tendo ouvido um rumor, ela foi à janela, esperando ver João, que há muitas horas está sumido. Ela está pálida como alguém que perdeu sangue. Está com os olhos que a dor fez ficar ainda mais parecidos com os de seu Filho. Judas vai ao encontro daquele olhar, que o está fitando, com aquele mesmo amargurado e consciente conhecimento com que Jesus olhou para ele na rua, e, com um “oh!” apavorado, ele se encosta à parede.

– Judas! –diz Maria–. Judas, que vieste fazer?

São estas as mesmas palavras que Jesus lhe disse. E as disse com um amor cheio de dor. Judas se lembra disso e grita.

– Judas! –repete Maria–, que vieste fazer? A tão grande amor tu correspondeste com a traição?

A voz de Maria é uma carícia que treme.

Judas está procurando escapar. Maria o chama com uma voz que teria convertido um demônio.

– Judas! Judas! Para aí! Para aí! Escuta. Eu te digo em nome dele. Arrepende-te, Judas. Ele perdoa…

Mas Judas foge.

A voz de Maria, o seu aspecto foi o golpe de graça, ou seja, de desgraça, porque ele resistiu.

Ele vai para o precipício. Encontra-se com João, que passa correndo para a casa a fim de fazer companhia a Maria. A sentença já foi pronunciada. Jesus está para ir ao Calvário. Já é hora que a Mãe seja levada ao Filho.

João reconhece Judas, mesmo restando só pouca coisa do belo Judas de pouco tempo atrás.

– Tu aqui? –pergunta-lhe João, com evidente horror–. Tu aqui? Que a maldição caia sobre ti, assassino do Filho de Deus. O Mestre foi condenado. Alegra-te, se o podes fazer. Mas sai do caminho. Eu vou acompanhar a Mãe. Que Ela, que é a tua outra Vítima, não se encontre contigo, ó serpente!

605.11

Judas foge. Ele enrolou a cabeça com os farrapos do manto, deixando somente uma fresta para os olhos. As pessoas, as poucas pessoas que não foram ao Pretório, se afastam dele, como se estivessem vendo um doido. E isso é o que ele parece ser.

Ele vai caminhando sem rumo certo através dos campos. O vento, de vez em quando, traz o eco do clamor da turba que acompanha a Jesus, maldizendo-o. E cada vez que o vento faz chegar esse eco aos ouvidos do Judas, ele grita como um chacal.

Eu creio que ele realmente endoideceu, porque está batendo a cabeça, cadenciadamente, contra as muretas de pedra. Ou, então, ele se tornou um hidrófobo, porque, quando vê um líquido, seja qual for — a água, o leite levado em uma vasilha por algum menino, o óleo que transpire de um odre — grita, grita e brada:

– Sangue! Sangue! É o sangue dele!

E ele bem que quereria ir aos córregos e às fontes beber. Mas não consegue, porque a água lhe parece sangue, e ele diz:

– É sangue! É sangue! Ele me afoga! Ele me queima. Estou no fogo. O seu sangue, que ontem Ele me deu, tornou-se dentro de Mim maldição, para mim e para Ti!

605.12

Ele sobe e desce pelas colinas que rodeiam Jerusalém. E seus olhos, irresistivelmente, dirigem-se para o Gólgota. E por duas vezes ele vê de longe o cortejo que se espalha pela subida. Ele olha e grita.

Ei-lo chegado ao cume. Judas também está no alto de uma pequena colina, coberta de oliveiras. Ele penetrou até lá abrindo uma cerca rústica, como se ele fosse dono dela ou, pelo menos, muito acostumado com aquilo. Tenho a impressão, neste momento, de que Judas não tivesse muito respeito pelas propriedades dos outros. De pé, por baixo de uma oliveira, no limite marcado por um outeiro, ele olha para o Gólgota. Está vendo quando levantam as cruzes e compreende que Jesus já está crucificado. Ele não pode ver nem ouvir. Mas o delírio ou algum malefício de Satanás o fazem ver e ouvir, como se estivesse lá no alto do Calvário.

Ele olha, e torna a olhar, como um alucinado. E procura ver-se livre daquilo:

– Não! Não! Não me fiques olhando. Eu não suporto isso! Morre, morre, maldito! Que a morte te feche esses olhos, que me dão medo, e essa boca que me amaldiçoa. Mas eu também te amaldiçoo. Porque não me salvaste.

O rosto dele está de tal modo desfigurado, que não se pode mais olhar para ele. Dois fios de baba descem de sua boca, que está gritando. A face que foi mordida está lívida e inchada, e o seu rosto me parece retorcido. Os cabelos grudados, a barba muito escura e crescida sobre as faces naquelas horas, parecem uma mordaça lúgubre posta sobre as maçãs do rosto e sobre o queixo. Os olhos, então, torcem-se para os lados, estão fosforescentes. Como um verdadeiro demônio.

605.13

Ele arranca de sua cintura o cordão de uma lã grossa e vermelha e cinge-se com ele, dando três voltas. Depois experimenta a força dele, amarrando-o ao redor de uma oliveira e puxando-o com toda a sua força. Resistiu. É bem forte.

Escolhe uma oliveira que satisfaça às suas necessidades. Isso. Essa que estendeu seus galhos para além do barranco e tem sua copa toda despenteada, esta é boa. Ele sobre na árvore. Amarra firmemente a ponta com um nó corrediço ao galho mais forte e que se estendeu por cima de um lugar livre. Ele olha uma última vez para o Gólgota. Depois enfia a cabeça no nó corrediço. Agora ele está parecendo ter dois colares vermelhos na base do pescoço. Assenta-se virado para a colina. Depois, de repente ele se deixa deslizar sobre o lugar livre.

O nó lhe aperta o pescoço. Ele se debate por alguns minutos. Seus olhos parecem querer saltar para fora, ele fica preto por causa da asfixia e abre a boca, as veias do pescoço se incham e ficam pretas. Ele dá quatro ou cinco pontapés no ar, em suas últimas convulsões. Depois sua boca se abre, a língua escura fica pendurada dela, babando, ficam descobertos os globos oculares, estufados, deixando que se veja a parte branquicenta injetada de sangue. A íris desaparece no alto. Ele morreu.

O forte vento que se levantou, ao estar iminente uma tempestade, balança o macabro pêndulo e o põe em rotação, como se fosse uma aranha horrorosamente feia, suspensa pelo fio da teia.

A visão termina assim. E espero esquecer-me logo de tudo isso, pois eu vos asseguro que é uma visão horrenda.

605.14

Diz Jesus:

– Horrenda, mas não inútil. Há muita gente que crê que Judas cometeu uma falta pequena. Alguns chegam até a dizer que ele é um benemérito, porque sem ele a Redenção não se teria realizado e que por isso ele está justificado aos olhos de Deus.

Em verdade Eu vos digo que se o Inferno ainda não existisse, e não tivesse existido com os seus tormentos, teria sido criado para Judas, ainda mais horrendo e eterno, porque de todos os pecadores e condenados ele é o mais condenado e pecador. E, para ele, eternamente não haverá atenuação da condenação.

O remorso o poderia até ter salvado, se ele tivesse transformado o remorso em arrependimento. Mas ele não quis arrepender-se, pois ao primeiro delito de traição, que era ainda perdoável por causa da grande misericórdia que é a minha amorosa fraqueza, ele ainda acrescentou as blasfêmias, as resistências às palavras da Graça, que ainda lhe queriam falar através das recordações, através dos terrores, através do meu Sangue e do meu manto, através do meu olhar, através dos sinais da instituição da Eucaristia, através das palavras de minha Mãe.

Ele resistiu a tudo. Ele quis resistir. Assim como também quis maldizer. Assim como quis suicidar-se.

605.15

E é a vontade o que se leva em conta nas coisas. Tanto para o bem, como para o mal.

Quando alguém cai sem vontade de cair, Eu perdoo. Vê o caso de Pedro. Ele me negou. Por quê? Nem ele mesmo sabia exatamente o por que. Seria um covarde, Pedro? Não. O meu Pedro não era um covarde. Contra a coorte e os guardas do Templo, ele tinha ousado ferir Malco para defender-me e até para arriscar-se a ser morto por isso. Depois ele fugiu. Sem ter tido a intenção de fazer aquilo. Depois ele negou. Sem ter tido a intenção de fazer aquilo. Depois, porém, ele soube ficar comigo e proceguir no caminho sangrento da Cruz, pelo meu Caminho, até chegar a ser morto na cruz. Ele soube muito bem dar testemunho de Mim, até o ponto de chegar a ser morto por sua fé intrépida. Eu defendo o meu Pedro. Seu extravio, ao negar-me, foi o último de sua humanidade. Mas é que sua vontade espiritual não lhe estava presente naqueles momentos; obstruída pelo peso de sua natureza humana, estava dormindo. Quando despertou, não quis ficar no pecado e quis ser perfeita. E Eu o perdoei imediatamente.

605.16

Judas não quis. Tu dizes que ele parecia um louco e hidrófobo. O que ele tinha era uma raiva satânica.

O seu terror ao ver o cão, um animal raro, especialmente em Jerusalém, o seu terror vem do fato de que se atribuía a Satanás, desde os tempos imemoriais, aparecer aos mortais sob aquela forma. Nos livros de magia se lê ainda hoje que uma das formas preferidas por Satanás a fim de aparecer aos homens é a de um cão misterioso, ou de um gato, ou de um bode. Judas, já tomado pelo terror nascido nele pelo seu delito, convencido como estava de ser de Satanás pelo seu delito, chegou a ver Satanás naquele animal vadio.

Quem é culpado vê em tudo sombras que amedrontam. E é sua consciência que as cria. Depois Satanás aumenta aquelas sombras, que ainda poderiam dar arrependimento a um coração, e as transforma em fantasmas horrendos, que levam ao desespero. E o desespero leva ao último delito: o suicídio.

Que vantagem há em jogar fora o preço da traição se esse despojamento é somente fruto da ira, e não é valorizado por uma vontade reta de arrependimento? Pois, se assim fosse, despojar-se dos frutos do mal se tornaria um ato meritório. Mas do jeito que ele fez, não. Foi um sacrifício inútil.

605.17

Minha Mãe, e Ela era a própria graça quando falava, e também minha Tesoureira que perdoava[2] em meu Nome, havia dito a ele: “Arrepende-te, Judas. Ele perdoa…”

Oh! Se Eu o tivesse perdoado! Se ele se tivesse jogado aos pés da Mãe, dizendo: “Piedade!” Ela, a piedosa, o teria recolhido como a um ferido, e sobre as suas feridas satânicas pelas quais o Inimigo lhe tinha inoculado o Delito, teria derramado o seu pranto que salva e o teria trazido a Mim, aos pés da Cruz, segurando-o pela mão, para que Satanás não o pudesse arrebatar nem os discípulos feri-lo, e levado lá para que o meu Sangue caísse em primeiro lugar sobre ele, o maior dos pecadores. E Ela teria sido a Sacerdotisa[3] admirável sobre o seu altar, entre a Pureza e a Culpa, porque é mãe dos virgens e dos santos, mas também Mãe dos pecadores.

Mas ele não quis.

605.18

Meditai no poder da vontade da qual vós sois árbitros absolutos. Por ela podeis ter o Céu ou o Inferno. Meditai sobre o que é que quer dizer persistir na culpa.

O Crucificado, Aquele que está com os braços abertos e pregados para dizer-vos que vos ama e que não quer, não pode ferir-vos porque vos ama, e prefere dizer que não vos pode abraçar, sua única dor por estar pregado na Cruz, mais do que ter a liberdade de punir-vos, o Crucificado, objeto da divina esperança para aqueles que se arrependem e que querem ficar livres da culpa, torna-se para os impenitentes objeto de um tal horror, que os faz blasfemar e usar de violência contra si mesmos. Assassinos de seu espírito e de seu corpo, por sua persistência na culpa. E o aspecto do Manso, que se deixou imolar na esperança de salvá-los, assume a aparência de um espectro horroroso.

605.19

Maria, tu te lamentaste desta visão. Mas esta é a Sexta-feira da Paixão, minha filha. Tu deves sofrer. Aos sofrimentos, por causa dos meus sofrimentos e os de Maria, deves unir os teus, pela amargura de ver os pecadores continuarem sendo pecadores. É esse o nosso sofrimento. E deve ser o teu. Maria sofreu, e sofre ainda por isso, como pelas minhas torturas. Por isso é que deves sofrer isto. Agora, descansa. Daqui a três horas serás toda minha e de Maria. Eu te abençoo, ó violeta da minha Paixão e passiflora de Maria[4].


Notes

  1. Il ne tombe pas par terre, parce qu’il ne doit pas se mêler… au sang très pur de l’Innocent, comme cela est expliqué en 603.5, et comme ce sera répété en 639.3. La relation entre Jésus et le sang, qui revêt dans ce chapitre des aspects obsessionnels, est explicitée également en 92.6, 361.5 et 496.4.
  2. qui accordait le pardon, dans le sens et dans la limite précisés en 574.13.
  3. Prêtresse est un titre donné autrefois aux femmes disciples, et illustré en 95.6, 151.3, 153.3, 157.2.5, 262.9, 307.2. C’est dans le même sens, mais de manière plus large, qu’il faut l’entendre quand il s’applique à Marie : en 610.11 elle se définit comme “ Prêtresse ” en vertu de sa propre maternité, et en 618.5 elle est proclamée par Jésus “ Reine du Sacerdoce ” (du sacerdoce commun des fidèles, comme cela sera précisé en 606.15).
  4. ma Mère : sur le manuscrit original, Maria Valtorta a noté au crayon : je suis le 5e grain ¼.

Notas

  1. Não cai na terra, porque não devia misturar-se… ao Sangue puríssimo do Inocente, como está dito em 603.5 e como será ratificado em 639.3. A relação entre Judas e o sangue, que no presente capítulo assume aspectos obsessivos, encontra um fundamento também em 92.6, 361.5 e 496.4.
  2. perdoava, no significado e na medida em que emergem em 574.13.
  3. Sacerdotisa é um título já dado às mulheres discípulas e ilustrado em: 95.6 - 151.3 - 153.3 - 157.2.5 - 262.9 - 307.2. No mesmo sentido, mas em medida plena, deve ser entendido aquilo que se refere a Maria Ss., que em 610.11 se define “Sacerdotisa” em virtude da própria Maternidade, e em 618.5 é proclamada por Jesus “Rainha do Sacerdócio”. (Do sacerdócio comum a todos se falará em 606.15).
  4. de Maria». No manuscrito original, segue a anotação a lápis de MV: são 5 e 1/4!!! Grão (assim mesmo: Grão).