The Writings of Maria Valtorta

14. Les époux arrivent à Nazareth.

14. Joseph and Mary arrive in Nazareth.

14.1

Le plus bleu des ciels d’un tiède mois de février s’étend sur les collines de Galilée, ces douces collines que je n’ai encore jamais vues dans ce cycle de l’enfance de la Vierge et qui me sont devenues aussi familières que si j’y étais née.

La voie principale, humide à la suite d’une pluie récente, tombée peut-être la nuit passée, n’est ni poussiéreuse, ni même boueuse. Le sol en est aussi ferme et propre que celui d’une rue de ville. Elle passe entre deux haies d’aubépines en fleurs qui forment une surface enneigée au parfum légèrement amer de bois, entrecoupée d’étendues de cactus aux feuilles grasses et plates, tout hérissées d’aiguilles et garnies de fortes grappes de fruits étranges poussés sans tige au bout des feuilles ; leur couleur et leur forme évoquent toujours pour moi les profondeurs marines, les coraux et les méduses, ou d’autres animaux des fonds marins.

Ces haies servent à délimiter les propriétés, si bien qu’elles s’étirent dans tous les sens, créant un étonnant dessin géomé­trique composé de courbes et d’angles, de losanges, de carrés, de demi-cercles, de triangles aux angles aigus ou obtus les plus invraisemblables, tout un canevas saupoudré de blanc, comme un ruban capricieux qu’on aurait ainsi étendu, le long des champs. Des centaines d’oiseaux y volent, pépient, chantent, tout à la joie de l’amour, ou encore s’activent à reconstruire leur nid. Par-delà ces haies, on aperçoit des champs, avec le blé en herbe, déjà plus haut ici qu’en Judée, ainsi que des prés tout fleuris. Au-dessus, répondant aux légers nuages du ciel auxquels le crépuscule donne des teintes roses, lilas clair, pervenche, opale bleuté ou orange corail, s’étendent par centaines ces nuages végétaux que forment les arbres fruitiers, blancs, roses, rouges, avec toutes les nuances intermédiaires.

La légère brise du soir fait tourbillonner et tomber les pétales des arbres en fleurs ; on dirait un essaim de papillons à la recherche de pollen sur les fleurs des champs. Des guirlandes de vigne vierge encore dénudée grimpent d’un arbre à l’autre et ce n’est qu’à leur sommet, là où le soleil tape davantage, que commence l’ouverture innocente, étonnée, palpitante des premières petites feuilles.

Le soleil se couche paisiblement dans le ciel d’un bleu si doux que la lumière rend encore plus clair ; au loin brillent les neiges de l’Hermon et d’autres cimes lointaines.

14.2

Un chariot passe sur la route, celui qui porte Joseph, Marie et ses cousins. Leur voyage s’achève.

Marie regarde, du regard anxieux de celui qui veut connaître – ou plutôt reconnaître – ce qu’il voit sans se le rappeler, et elle sourit lorsqu’un souvenir imprécis revient et s’arrête comme une lumière sur telle ou telle chose, sur un point particulier. Elisabeth, Zacharie et Joseph l’aident à se souvenir en signalant tel ou tel sommet, telle ou telle maison.

On voit des habitations, désormais, parce que Nazareth apparaît, étendue sur sa colline qui ondule. Eclairée à l’ouest par le soleil couchant, elle dévoile ses petites maisons blanches, larges et basses que surmonte une terrasse teintée de rose. Certaines, encore tout illuminées par le soleil, semblent proches de l’incendie tant leur façade rougit sous le soleil qui fait même briller l’eau des canaux et des puits bas, presque sans parapet, d’où montent en grinçant les seaux pour la famille ou les arrosoirs pour le potager.

Enfants et femmes s’écartent au bord de la route, jetant un coup d’œil dans le chariot, et saluent Joseph, qui est bien connu. Mais ils restent ensuite perplexes et intimidés devant les trois autres.

Mais quand on pénètre dans la ville proprement dite, il n’y a plus ni perplexité ni crainte. Une foule de gens de tout âge se trouve à l’entrée de la bourgade, sous un arc rudimentaire de fleurs et de feuillage et, à peine le chariot apparaît-il de derrière le coude de la dernière maison campagnarde qui échappe à l’alignement qu’une roulade de cris aigus s’élève et on agite rameaux et fleurs. Ce sont les femmes, les jeunes filles et les enfants de Nazareth qui saluent l’épouse. Plus réservés, les hommes se tiennent derrière la haie animée et bruyante des femmes, et saluent gravement.

Le chariot a été découvert avant l’arrivée, car le soleil n’est plus gênant et cela permet à Marie de bien voir sa terre natale. Elle est belle comme une fleur. Blanche et blonde comme un ange, elle sourit avec bonté aux enfants qui lui jettent des fleurs et lui envoient des baisers, aux jeunes filles de son âge qui l’appellent par son nom, aux épouses, aux mères, aux vieilles femmes qui la bénissent de leur voix chantante. Elle s’incline devant les hommes, en particulier devant l’un d’eux, peut-être le rabbin ou le personnage principal de la bourgade.

Le chariot avance au pas dans la rue principale, suivi un bon moment par la foule, pour qui son arrivée est un événement.

14.3

« Voici ta maison, Marie », dit Joseph en indiquant de son fouet une petite maison placée exactement au pied d’une colline ; à l’arrière, un beau et grand jardin tout en fleurs se termine par une minuscule oliveraie. Au-delà, l’habituelle haie d’aubépines et de cactus marque la limite de la propriété. Les champs qui appartenaient autrefois à Joachim s’étendent au loin…

« Tu vois, il te reste peu de choses, dit Zacharie. La maladie de ton père a été longue et coûteuse. Les frais pour réparer les dégâts faits par Rome ont été élevés, eux aussi. Tu vois ? La route a emporté les trois dépendances principales et la maison a été réduite. Pour l’agrandir sans lourdes dépenses, on a utilisé une partie de la colline qui fait grotte. Joachim y gardait les provisions et Anne ses métiers à tisser. Tu en feras ce qui te semblera bon.

– Oh, peu importe que ce soit petit ! Cela me suffira toujours. Je travaillerai…

– Non, Marie. » C’est Joseph qui parle. « C’est moi qui travaillerai. Tu ne feras rien d’autre que tisser ainsi les travaux de couture et de la maison. Je suis jeune et fort, et je suis ton époux. Ne m’humilie pas en travaillant.

– Je ferai comme tu veux.

– Oui, cela, je le veux. Pour tout le reste, tes désirs font loi, mais pas sur ce point. »

14.4

Les voilà arrivés. Le chariot s’arrête. Deux femmes et deux hommes, respectivement dans la quarantaine et dans la cinquantaine, se tiennent sur le seuil, entourés de nombreux enfants et adolescents.

« Que Dieu te donne la paix, Marie », dit l’homme le plus âgé.

Une femme s’approche de Marie et l’embrasse.

« C’est mon frère Alphée et sa femme Marie, et voici leurs enfants. Ils sont venus tout exprès pour te faire fête et te dire que leur maison est la tienne, si tu veux, dit Joseph.

– Oui, viens, Marie, s’il t’est pénible de vivre seule. La campagne est belle au printemps, et notre maison est au milieu des champs en fleurs. Tu seras la plus belle d’entre elles, propose Marie, femme d’Alphée.

– Je te remercie, Marie. C’est bien volontiers que je viendrai. Je viendrai de temps en temps, et sans faute pour les noces. Mais j’ai tellement désiré voir ma maison, la reconnaître… Je l’ai quittée toute petite et j’ai oublié ce à quoi elle ressemble… Je la retrouve aujourd’hui… et j’ai l’impression de retrouver ma mère perdue, mon père bien-aimé, de réentendre l’écho de leurs paroles… le parfum de leur dernier soupir. J’ai l’impression de ne plus être orpheline, puisque je suis entourée de ses murs… Comprends-moi, Marie ! »

La voix de Marie trahit son émotion et des larmes perlent à ses yeux.

Marie, femme d’Alphée, répond :

« Comme tu veux, ma chérie. Je veux que tu sentes que je suis pour toi une sœur, une amie, et peut-être un peu ta mère aussi, puisque je suis bien plus âgée que toi. »

L’autre femme s’avance :

« Marie, je te salue. Je suis Sarah, l’amie de ta mère. Je t’ai vue naître. Et voilà Alphée[1], petit-fils d’Alphée et grand ami de ta maman. Ce que j’ai fait pour ta mère, je le ferai pour toi, si tu veux. Tu vois ? Ma maison est la plus proche de la tienne et tes champs nous appartiennent maintenant. Mais si tu veux venir, tu peux le faire à tout moment. Nous ouvrirons un passage dans la haie et nous serons ensemble, tout en restant chacun chez soi. Et voilà mon mari.

– Je vous remercie tous, et pour tout. De tout le bien que vous avez voulu faire aux miens et que vous souhaitez pour moi. Que le Dieu tout-puissant vous bénisse. »

14.5

Les lourdes caisses sont déchargées et portées dans la maison. On entre ; c’est alors que je reconnais la petite maison de Nazareth telle qu’elle sera plus tard, dans la vie de Jésus.

Joseph prend Marie par la main – c’est un geste habituel chez lui – pour entrer. Sur le pas de la porte, il lui dit :

« Maintenant, sur le seuil de cette maison, j’attends de toi une promesse : que, quoi qu’il puisse t’advenir ou te falloir, tu n’aies pas d’autre ami, pas d’autre aide vers qui te tourner que Joseph et que, pour aucune raison, tu ne doives t’inquiéter seule. Je suis tout à toi, souviens-t’en, et ce sera pour moi une joie de rendre ton chemin heureux et – puisque le bonheur n’est pas toujours en notre pouvoir – de te le rendre du moins paisible et sûr.

– Je te le promets, Joseph. »

On ouvre portes et fenêtres. Pleins de curiosité, les derniers rayons du soleil entrent.

Marie a maintenant ôté son manteau et son voile car, mis à part les fleurs de myrte, elle porte encore sa robe de mariée. Elle sort dans le jardin en fleurs, elle regarde, sourit et, tenant toujours Joseph par la main, elle fait le tour du jardin. Elle semble reprendre possession d’un lieu perdu.

Joseph lui montre ses travaux :

« Tu vois ? Ici, j’ai fait ce fossé pour recueillir l’eau de pluie, car ces vignes ont toujours soif. J’ai coupé les branches les plus vieilles de cet olivier pour lui redonner de la vigueur, et j’ai planté ces pommiers parce que deux étaient morts. Là, j’ai mis des figuiers. Quand ils auront poussé, ils protègeront la maison d’un soleil trop ardent et du regard des curieux. La tonnelle est celle d’autrefois, j’en ai seulement changé les poteaux pourris et je l’ai taillée. Elle donnera beaucoup de raisin, j’espère. Et là, re­garde ! »

Tout fier, il la conduit vers la pente qui s’élève derrière la maison et marque la limite du verger du côté du couchant.

« Là, j’ai creusé une petite grotte et je l’ai étayée ; quand ces petites plantes auront pris racine, elle ressemblera presque à celle que tu avais. Il n’y a pas de source… mais j’espère y amener un filet d’eau. Je travaillerai pendant les longues soirées d’été, quand je viendrai te voir…

14.6

– Comment ? dit Alphée, vous ne faites pas les noces[2] cet été ?

– Non. Marie souhaite filer les étoffes de laine, la seule chose qui manque à son trousseau. Et j’en suis heureux. Marie est si jeune que ce n’est rien pour nous d’attendre un an ou plus. En attendant, elle s’adapte à la maison…

– Ah, tu as toujours été un peu différent des autres et tu le restes. Je me demande qui n’aurait pas hâte d’avoir pour femme une fleur comme Marie. Mais toi, tu laisses passer des mois !

– Joie longuement attendue n’en est que plus intensément savourée », répond Joseph avec un fin sourire.

Son frère hausse les épaules et demande :

« Et alors ? Quand comptes-tu penser aux noces ?

– Quand Marie aura seize ans, après la fête des Tentes. Les soirées d’hiver paraîtront bien douces aux nouveaux époux ! », et il sourit encore en regardant Marie.

C’est un sourire d’entente secrète et pleine de douceur, d’une consolante chasteté fraternelle. Puis il reprend son tour :

« Voici la pièce creusée dans la colline. Si tu veux, j’en ferai mon atelier quand je viendrai. Elle communique avec la maison, mais n’en fait pas partie. Comme cela, le bruit et le désordre ne te dérangeront pas. Mais si tu veux en faire quelque chose d’autre…

– Non, Joseph, c’est très bien comme ça. »

14.7

Ils rentrent dans la maison et allument les lampes.

« Marie est fatiguée, dit Joseph. Laissons-la tranquille avec ses cousins. »

Après avoir salué, tous s’en vont. Joseph reste encore quelques instants, et discute à mi-voix avec Zacharie.

« Ton cousin te laisse Elisabeth quelque temps. Tu es contente ? Moi oui. Elle va t’aider à… devenir une parfaite maîtresse de maison. Tu pourras avec elle disposer à ton goût tes affaires et décorer la maison, et je viendrai t’aider tous les soirs. Tu pourras avec elle acheter de la laine et tout ce qu’il te faut. Je règlerai les dépenses. Souviens-toi que tu m’as promis de t’adresser à moi pour tout. Adieu, Marie. Dors de ton premier sommeil de maîtresse de maison, et que l’ange de Dieu te le rende paisible. Que le Seigneur soit toujours avec toi !

– Adieu, Joseph. Sois toi aussi sous l’aile de l’ange de Dieu. Merci, Joseph, merci de tout. Autant que je le peux, mon amour répondra au tien. »

Joseph salue les cousins et sort.

C’est ainsi que la vision s’achève.

14.1

A very blue sky of a mild February is over the hills of Galilee. The gentle hills that I have never seen in the early history of Mary, are now instead as familiar to me as if I were born there.

The main road is fresh looking because of last night’s rain and it is neither dusty nor muddy. It is hard and clean as if it were the street of a town and it runs between two hedges of hawthorn in bloom. The hedges are so white that they look like a snowfall. The scenary is broken by the monstrous conglomerations of cacti, with thick leaves like palettes, spiked with stings and decorated with the huge granades of their peculiar fruits, grown without stem on the top of the leaves. Because of their colour and shape, the cactus leaves always give me the impression of sea depths and coral reefs, of jellyfish and other deep sea animals.

Beyond the hedgerows there is the country. The purpose of the hedges is to fence in the grounds of the various owners, and thus they stretch in every direction forming a strange geometrical design of curves and angles, lozenges, squares, semicircles and the most unbelievable acute and obtuse angled triangles, a design all sprayed with white, like a strange ribbon thrown over the country just for fun and over which hundreds and hundreds of birds fly, chirp, sing, in the joy of love, while working to build their nests. In the fields the corn is taller than in Judaea. The meadows are full of flowers and there are hundreds of fruit-trees all in full bloom, that look like clouds of vegetables, white, red, pink, with all shades of these colours: they seem to be an answer to the light clouds in the sky, which the setting sun paints pink, light lilac, periwinkle violet, opal blue and coral orange.

With the light evening breeze the first petals fall from the trees in blossom and they look like a swarm of little butterflies searching for pollen on wild flowers. And from tree to tree there are festoons of vines still barren, except at the top of the festoons, where there is more sunshine, and the first little innocent, surprised, trembling leaves are beginning to open.

The sun is setting peacefully in the sky, which is so benign in its deep blue. The light makes it even more limpid and causes the snow on Mount Hermon and other far away mountain tops to shine.

14.2

A waggon is moving along the road. It is the waggon that is carrying Joseph, Mary and Her cousins. Their journey is at an end.

Mary is looking with the eagerness of those who want to know, or better, want to recognise what they have already seen, but can no longer remember and they smile when a faint memory comes back to them and rests, like a light, on this or that thing, on this or that point. Elizabeth, Zacharias and Joseph help Her to remember, pointing to various places and houses.

Nazareth is already showing its houses, spread out on the undulations of its hills. Lit up from the left by the setting sun, it shows the white of its low wide little houses bordered in pink and surmounted by terraces. Some of them, fully illuminated by the sun, seem to be near a fire, so red are the fronts of the houses because of the sun, that also lights up the water of the ponds and of the low wells, with practically no parapets, and from which squeaky pails of water are being pulled up for the houses as well as water-bags for the orchards.

Children and women rush to the side of the road and look into the waggon and greet Joseph who is well known to them. But they are somewhat embarrassed and shy with regards the other three travellers.

But when the waggon enters the little town, there is no longer any embarrassment or shyness. Many people of all ages are gathered at the entrance of the village under a rustic arch of flowers and branches, and there is an outburst of shrill voices and a tossing of branches and flowers as soon as the waggon appears from behind the corner of the last house lying before it in the country. It is the women, girls and children of Nazareth greeting the bride. The men, more serious, are standing behind the excited and shouting crowd and they are greeting solemnly.

The waggon is not covered now by the tent, which was removed before reaching the village, both because the sun was no longer annoying them and to enable Mary to see Her native land. Mary thus appears in all the beauty of a lovely flower. White and blonde like an angel, She smiles lovingly at everybody: at the children who throw Her flowers and kisses; at the girls of Her own age who call Her by name; at the elderly women who bless Her with their cheerful voices. She bows to the men and in particular to one who is perhaps the rabbi or the elder of the town.

The waggon proceeds slowly along the main road, followed for a considerable distance by the crowd, for whom the arrival is an event.

14.3

«There is Your house, Mary» says Joseph, pointing with his whip to a little house which is just under the edge of an undulation of the hill. Behind the house there is a lovely large kitchen garden all in bloom, at the end of which there is a small olive-grove. Behind the olive-grove there is the usual boundary hedge of hawthorn and cactus. The fields that once belonged to Joachim, are farther beyond…

«As You can see, very little is left for You» says Zacharias. «Your father’s illness was a long and expensive one. Also the expenses to repair the damage done by the Romans were heavy. See? The road took away the three main rooms and the house was cut down in size. In order to enlarge it, without excessive expenses, a part of the mountain was adapted, where the grotto is. Joachim kept his supplies there and Anne her looms. You will do as You think best.»

«Oh! It does not matter if only little is left. It will be sufficient for Me. I will work…»

«No, Mary.» It is Joseph who is speaking. «I will work. You will do nothing but weave and sew things for the house. I am young and strong and I am Your husband. Please do not humiliate me with Your work.»

«I shall do as you wish.»

«Yes, in this case I do want it. In everything else Your wishes are the law. But not with regards to this.»

14.4

They have arrived. The waggon stops.

Two women and two men, about forty and fifty years of age respectively, are at the entrance and many children and young boys are with them. «May God give You peace, Mary» says the elder man and one of the women approaches Mary embracing and kissing Her.

«He is my brother Alphaeus and she is Mary, his wife, and these are their children. They have come to greet You and to tell You that their house is Yours if You wish so» says Joseph.

«Yes, come Mary, if it is painful for You to live by Yourself. The country is beautiful in springtime and our house is in the middle of fields full of flowers. And You will be the loveliest flower there» says Mary of Alphaeus.

«Thank you, Mary. I would come so willingly. But I am so anxious to see and recognise My own home. I left it when I was a little girl, and I have forgotten what it is like… Now I have found it again… and I feel I have found also My lost mother, My beloved father, and that I can hear the echo of their words… and I smell the perfume of their last breath. I feel I am no longer an orphan, because once again I have around Me the embrace of these walls… Please understand Me, Mary.» Mary’s voice trembles and Her eyes begin to shine with tears.

Mary of Alphaeus replies to Her: «As You wish, my dear. I want You to feel that I am Your sister and friend, and also a mother to You, since I am so much older than You are.»

The other woman has come forward: «Hello, Mary. I am Sarah, Your mother’s friend. I saw You being born. And this is Alphaeus, Alphaeus’ nephew, and a great friend of Your mother. What I did for Your mother, I am willing to do for You, if You wish so. See? My house is the one nearest to Yours and Your fields are now ours. But if You want to come, come whenever You wish. We will open a passage through the hedge and we shall be together, yet each of us will be at home. This is my husband.»

«Thank you all and for everything. Thank you for all the good you did to My parents and for your love for Me. May God the Almighty bless you for it.»

14.5

The heavy trunks are unloaded and carried into the house.

They go in. I now recognise the little house of Nazareth, as it was during the life of Jesus.

Joseph takes Mary by the hand and they go in. On the threshold he says to Her: «And now, on this threshold, I want a promise from You. That whatever may happen to You, whatever You may need, there is no other friend whom to turn to but Joseph and that, for no reason whatsoever, may You worry all by Yourself. Remember that I am everything for You and it will be a joy for me to make Your life happy and, since happiness is not always in our power, I will at least make it peaceful and safe.»

«I do promise, Joseph.»

The door and windows are opened. The last searching rays of sun enter.

Mary has now taken off Her mantle and veil, because, with the exception of the myrtle flowers, She has still Her bridal dress on. She then goes into the kitchen garden in bloom. She looks and smiles. Still held by the hand by Joseph, She goes round the garden. She looks as if She were taking possession of a lost place.

And Joseph shows Her his work: «See? I dug a hole here to gather the rain water, because these vines are always thirsty. I cut off the oldest branches of this olive tree to strengthen it and I transplanted these apple trees because two of them had withered. Over there I planted some fig trees. When they grow up they will shelter the house both from the excessive heat of the sun and from inquisitive people. The pergola is the old one. I only changed the rotten poles and I did some trimming. It will give You a lot of grapes, I hope. And here, look» and he leads Her proudly towards the side of the hill at the back of the house, which limits the northern side of the garden, «here I dug a grotto and I have reinforced it and when these little plants take roots, it will be almost identical to the one You had. There is no spring… but I hope to convey a little stream there. I will work in the long summer evenings, when I come to see You…»

14.6

«What do you mean?» asks Alphaeus. «Are you not getting married this summer?»

«No. Mary wants to weave Her woollen clothes, the only things missing from Her trousseau. And I agree with Her. Mary is so young that it does not matter if we wait for a year or more. In the meantime She will get used to the house…»

«Well! You have always been somewhat different from other people and you still are. I do not know who would not be in a hurry to get married to a beautiful flower like Mary, and you are delaying things by months!…»

«A joy awaited for a long time is a joy to be taken delight in more intensely» replies Joseph with a gentle smile.

His brother shrugs his shoulders and asks: «Well, then, when are you thinking of getting married?»

«When Mary is sixteen. After the feast of the Tabernacles. The winter evenings will be sweet for the newly weds!…» and he smiles again looking at Mary. A smile of a gentle secret understanding. A smile of a brotherly chastity giving comfort. He then resumes his tour of the garden. «This is the big room under the mountain. If You agree, I will use it as a workshop when I come here. It is joined to the house, but not in the house. So I will not annoy You with noise and disorder. However, if You wish otherwise…»

«No, Joseph. That is perfectly all right.»

14.7

They go back into the house and light the lamps.

«Mary is tired» says Joseph. «Let us leave Her in peace with Her cousins.»

They all say goodbye and go out. Joseph stays for a few moments and speaks to Zacharias in a low voice.

«Your cousin is leaving Elizabeth with You for a little while. Are You happy? I am. Because she will help You… to become a perfect housewife. With her You will be able to arrange Your things and Your furniture, and I will come every evening to help You. With Elizabeth You can purchase the wool and whatever You may need. And I will see to the expenses. Remember, You have promised to come to me for everything. Goodbye, Mary. Sleep the first night as the landlady of this house and may the angel of God make Your sleep peaceful. May the Lord be always with You.»

«Goodbye, Joseph. May you also be under the wings of God’s angel. Thank you, Joseph. For everything. As far as I can, I will requite your love with Mine.»

Joseph says goodbye to His cousins and goes out.

And the vision ends with him.


Notes

  1. Alphée que nous avons rencontré enfant en 2.2/3 ainsi qu’en 12.6 à l’âge de dix-huit ans et qui sera toujours appelé Alphée, fils de Sarah.
  2. les noces. Selon la coutume juive, elle suivaient les fiançailles, qui consistaient en un contrat (cf. 13.6) aussi contraignant qu’un mariage, mais qui doit encore être amené à sa perfection par la cohabitation, à partir du jour des noces (cf. 26.5). On trouvera un exemple de noces à accomplir en 300.2. De même, en 374.6, Annalia est dite l’épouse de Samuel bien que leurs noces n’aient pas encore eu lieu.