The Writings of Maria Valtorta

170. Deuxième sermon sur la Montagne :

170. The second sermon on the Mount:

170.1

Jésus s’adresse aux apôtres en leur assignant à chacun une place pour diriger et surveiller la foule qui monte dès les premières heures de la matinée, avec des malades portés sur les bras ou sur des brancards, ou qui se traînent avec des béquilles. Dans la foule, il y a Etienne et Hermas.

L’air est pur et un peu frais, mais le soleil a vite fait de tempérer cet air de montagne un peu vif. C’est tout avantage, car le soleil donne à l’air une pureté, une fraîcheur qui n’est pas désagréable.

Les gens s’assoient sur des pierres ou des rochers épars dans le vallon entre les deux crêtes. Certains attendent que le soleil ait séché l’herbe humide de rosée pour s’asseoir à même le sol. Il y a une foule nombreuse – de toutes conditions –, venue de toutes les régions de Palestine. Les apôtres sont perdus dans la foule, mais telles des abeilles qui vont et viennent des prés à la ruche, ils reviennent de temps à autre auprès du Maître, pour le renseigner, le questionner, ou pour avoir le plaisir que le Maître les regarde de près.

Jésus monte un peu plus haut que le pré qui s’étend au fond du vallon, s’adosse à la paroi d’un rocher et commence à parler.

170.2

« Plusieurs m’ont demandé pendant une année de prédication : “ Mais, toi qui te dis le Fils de Dieu, dis-nous ce qu’est le Ciel, ce qu’est le Royaume, qui est Yahvé, car nous avons des idées confuses. Nous savons que le Ciel existe, avec Dieu et les anges. Mais personne n’est jamais venu nous dire comment il est, puisqu’il est fermé aux justes. ”

On m’a même demandé ce qu’est le Royaume et qui est Dieu. Et je me suis efforcé de vous l’expliquer. Je dis “ efforcé ”, non parce qu’il m’était difficile d’en parler, mais parce qu’il est compliqué, pour tout un ensemble de raisons, de vous faire accepter une vérité qui se heurte, en ce qui concerne le Royaume, à tout un édifice d’idées accumulées au cours des siècles, et en ce qui concerne Dieu à la sublimité de sa nature.

D’autres encore m’ont demandé : “ D’accord pour ce qui est du Royaume et de Dieu. Mais comment les conquérir ? ” Là encore, j’ai cherché à vous expliquer inlassablement l’esprit véritable de la Loi du Sinaï. Celui qui fait sien cet esprit s’approprie le Ciel. Or pour vous expliquer la Loi du Sinaï il faut aussi faire entendre le ton sévère du législateur et de son prophète : s’ils promettent des bénédictions à ceux qui l’observent, ils menacent de peines terribles et de malédictions ceux qui désobéissent. La manifestation du Sinaï fut terrible et cette terreur se reflète dans toute la Loi, dans tous les siècles et dans toutes les âmes.

Mais Dieu n’est pas seulement législateur. Il est Père. Et un Père d’une immense bonté.

Peut-être, et même sans aucun doute, vos âmes affaiblies par le péché originel, par les passions, les péchés, les égoïsmes de toutes sortes en vous et chez les autres – les vôtres vous ferment l’âme et ceux des autres vous l’irritent –, ne peuvent s’élever à la contemplation des infinies perfections de Dieu, et de la bonté encore moins que de toute autre, car c’est, avec l’amour, la vertu qui est le moins le partage des mortels. La bonté ! Ah ! Quelle douceur d’être bon, sans haine, sans envie, sans orgueil ! Avoir des yeux qui ne regardent que pour aimer, des mains qui ne se tendent que pour des gestes d’amour, des lèvres qui ne profèrent que des mots d’amour, et surtout un cœur, un cœur uniquement rempli d’amour qui force les yeux, les mains, et les lèvres à des actes d’amour !

170.3

Les plus savants d’entre vous savent de quels dons Dieu avait doté Adam, pour lui-même et pour ses descendants. Même les fils d’Israël les plus ignorants savent que nous possédons une âme. Seuls les pauvres païens ignorent cet hôte royal, ce souffle de vie, cette lumière céleste qui sanctifie et vivifie notre corps. Mais les plus savants savent quels dons avaient été accordés à l’homme, à l’esprit de l’homme.

Dieu n’a pas été moins généreux pour l’âme que pour la chair et le sang de la créature qu’il avait faite avec un peu de boue et avec son souffle. Il a attribué les dons naturels de beauté et d’intégrité, d’intelligence et de volonté, la capacité de s’aimer soi-même et d’aimer les autres ; pareillement, il a accordé les dons moraux et la soumission des sens à la raison. Ainsi, le pervers esclavage des sens et des passions ne s’insinuait pas dans la liberté et la maîtrise de soi et de la propre volonté dont Dieu avait doté Adam : libre était l’amour de soi, libre la volonté, libre une juste jouissance qui ne vous rend pas esclaves en vous faisant sentir la morsure de ce poison que Satan a répandu et qui déborde, en vous détournant du lit limpide pour vous mener sur des terrains fangeux, dans des marais malsains où fermentent les fièvres des sens charnels et des sens moraux : cela, pour que vous sachiez que la concupiscence de la pensée provient aussi de la sensualité. Qui plus est, ils reçurent des dons surnaturels, à savoir la grâce sanctifiante, le destin supérieur, la vision de Dieu.

170.4

La grâce sanctifiante est la vie de l’âme, cette greffe de vie surnaturelle déposée dans notre âme spirituelle. La grâce vous rend enfants de Dieu car elle vous préserve de la mort du péché, et celui qui n’est pas mort “ vit ” dans la maison du Père – le Paradis –, dans mon Royaume – le Ciel –. Qu’est-ce que cette grâce qui sanctifie et qui procure Vie et Royaume ? N’employez pas une foule de mots : la grâce, c’est l’amour. Par conséquent, la grâce, c’est Dieu. C’est Dieu qui s’admire dans la créature qu’il a créée parfaite, et ce faisant s’y aime, s’y contemple, s’y désire, se donne ce qui est sien pour multiplier ce qu’il a, pour jouir de cette multiplication, pour s’aimer en tant d’êtres qui sont d’autres lui-même.

Ah ! Mes enfants, ne frustrez pas Dieu de ce qui est son droit ! Ne dépouillez pas Dieu de son bien ! Ne décevez pas le désir de Dieu ! Pensez qu’il agit par amour. Même si vous n’existiez pas, il serait toujours l’Infini et sa puissance n’en serait pas diminuée. Mais, bien qu’étant complet dans une mesure infinie, sans mesure, il veut, non pas pour lui ni en lui – il ne le pourrait pas puisqu’il est déjà l’Infini – mais c’est pour le créé, pour sa créature, qu’il veut augmenter l’amour, et cela bien que ce créé contienne déjà ce qui permet de donner la grâce : l’Amour, pour que vous le portiez en vous à la perfection des saints et pour que vous reversiez ce trésor, tiré du trésor que Dieu vous a accordé avec sa grâce et augmenté de toutes vos œuvres saintes, de toute votre vie héroïque de saints, dans l’océan infini où Dieu se trouve : au Ciel.

Divines, trois fois divines citernes de l’Amour ! Voilà ce que vous êtes. Et votre être ne connaît pas la mort car, étant dieux[1], vous êtes éternels comme Dieu. Vous existerez et votre être ne con­naîtra pas de fin, parce que vous êtes immortels comme les esprits saints qui vous ont suralimentés, en revenant en vous enrichis de vos propres mérites. Vous vivez et nourrissez, vous vivez et enrichissez, vous vivez et formez cette très sainte chose qu’est la communion des âmes, depuis Dieu, Esprit très parfait, jusqu’au bébé qui vient de naître et prend pour la première fois le sein maternel.

Vous qui êtes savants, ne me jugez pas mal au fond de votre cœur ! Ne dites pas : “ C’est un fou ! C’est un menteur ! Il faut qu’il soit fou pour parler de la grâce en nous, puisque la Faute nous en a privés ; il ment quand il prétend que nous sommes déjà unis à Dieu. ” Oui, la Faute existe ; oui, la séparation existe. Mais devant la puissance du Rédempteur, la Faute, cette séparation cruelle survenue entre le Père et ses enfants, croulera comme une muraille ébranlée par le nouveau Samson. Déjà je l’ai saisie, je l’ébranle et elle vacille. Satan tremble de colère et d’impuissance, car il ne peut rien contre mon pouvoir et se voit arracher de nombreuses proies ; il se rend compte qu’il lui est plus difficile d’entraîner l’homme au péché. Car lorsque, par mon intermédiaire, je vous aurai amené à mon Père, et que grâce à l’effusion de mon sang et à ma douleur vous serez devenus purs et forts, la grâce reviendra en vous, vivante, vive, puissante et, si vous le voulez, vous serez des triomphateurs.

Dieu ne vous fait pas violence, ni sur le plan de votre pensée ni sur celui de votre sanctification. Vous êtes libres. Mais il vous rend la force. Il vous délivre de la domination de Satan. A vous de reprendre le joug infernal, ou de donner à votre âme des ailes d’ange. Tout dépend de vous pour me prendre comme frère afin que je vous guide et vous nourrisse d’une nourriture immortelle.

170.5

Vous dites : “ Comment conquérir Dieu et son Royaume en suivant une autre voie plus douce que la voie sévère du Sinaï ? ”

Il n’y a pas d’autre chemin que celui-là. Néanmoins, ne le regardons pas sous le jour de la menace, mais sous le jour de l’amour. Ne disons pas : “ Malheur à moi si je ne fais pas ceci ! ” en restant tremblants dans l’attente du péché, que nous pensons inévitable. Mais disons : “ Bienheureux serai-je si je fais ceci ! ” Dans un élan de joie surnaturelle, joyeux, élançons-nous vers ces béatitudes qui naissent de l’observation de la Loi, comme les roses naissent dans un buisson épineux.

“ Bienheureux si je suis pauvre en esprit : le Royaume des Cieux est à moi !

Bienheureux si je suis doux : j’obtiendrai la terre en héritage !

Bienheureux si je suis capable de pleurer sans me révolter : je serai consolé !

Bienheureux si j’ai faim de justice, plus que du pain et du vin qui rassasient la chair : la Justice me rassasiera !

Bienheureux si je suis miséricordieux : la miséricorde divine s’appliquera à moi !

Bienheureux si je suis pur de cœur : Dieu se penchera sur mon cœur pur, et je le verrai !

Bienheureux si j’ai l’esprit de paix : Dieu m’appellera son fils ; car je serai dans la paix et l’amour, et Dieu est l’Amour qui aime ceux qui lui sont semblables !

Bienheureux si, par fidélité à la justice, je suis persécuté : pour me dédommager des persécutions de la terre, Dieu, mon Père, me donnera le Royaume des Cieux !

Bienheureux si je suis outragé et accusé à tort pour savoir être ton fils, ô Dieu ! Ce n’est pas la désolation, mais la joie que cela doit m’apporter, car cela me mettra au niveau de tes meilleurs serviteurs, les prophètes, qui furent persécutés pour la même raison et avec lesquels je crois fermement que je partagerai la même récompense, grande, éternelle, dans le Ciel qui m’appartient ! ”

Tel est le regard que nous devons porter sur le chemin du salut, à travers la joie des saints.

170.6

“ Bienheureux serai-je si je suis pauvre en esprit. ”

Ah ! Fièvre satanique des richesses, à quels délires tu conduis les hommes ! Les riches comme les pauvres : le riche qui vit pour son or, idole infâme de son âme en ruines ; le pauvre qui vit dans la haine du riche qui possède l’or : même s’il ne se rend pas matériellement homicide, il profère ses anathèmes contre les riches, leur souhaitant toutes sortes de maux. Il ne suffit pas de ne pas commettre le mal, il faut encore ne pas désirer le faire. Celui qui maudit en souhaitant malheurs et mort n’est pas bien différent de celui qui tue matériellement, car il porte en lui le désir de voir périr celui qu’il hait. En vérité, je vous dis que le désir n’est qu’un acte que l’on retient, comme le fruit d’une conception, déjà formé mais pas encore expulsé. Le désir mauvais empoisonne et corrompt, car il dure plus longtemps que l’acte violent et s’enracine donc plus profondément.

Même si l’homme pauvre en esprit est matériellement riche, il ne pèche pas à cause de son or, mais grâce à lui, il réalise sa sanctification parce qu’il le transforme en amour. Il est aimé et béni : il ressemble à ces sources qui sauvent les voyageurs dans les déserts et qui s’offrent sans avarice, heureuses de pouvoir se donner pour soulager ceux qui désespèrent. S’il est réellement pauvre, il est heureux dans sa pauvreté et trouve son pain agréable. Il est joyeux car il échappe à la fièvre de l’or, son sommeil ignore les cauchemars et il se lève frais et dispos pour se mettre tranquillement à son travail, qui lui est léger parce qu’il le fait sans avidité ni envie.

Ce qui enrichit l’homme, c’est matériellement son or, moralement ses affections. Sous le terme “ or ”, on comprend non seulement les ressources pécuniaires, mais aussi les maisons, les terres, les bijoux, les meubles, les troupeaux, en somme tout ce qui rend la vie matériellement aisée. Les richesses morales consistent dans les liens de parenté ou de mariage, les amitiés, les richesses intellectuelles, les charges publiques. Comme vous le voyez, pour la première catégorie le pauvre peut dire : “ Oh, pour moi, il me suffit de ne pas envier celui qui possède et je me contente de la situation de pauvreté qui m’est imposée ” ; pour la seconde, le pauvre doit encore se surveiller, car le plus misérable des hommes peut devenir coupable si son esprit n’est pas détaché. Celui qui s’attache immodérément à quoi que ce soit pèche.

Vous direz : “ Dans ce cas, devons-nous haïr le bien que Dieu nous a accordé ? Pourquoi donc ordonne-t-il d’aimer son père, sa mère, son épouse, ses enfants et pourquoi dit-il : ‘Tu aimeras ton prochain comme toi-même’ ? ”

Il faut distinguer. Nous devons aimer notre père, notre mère, notre épouse et notre prochain, mais dans la mesure que Dieu nous a fixée : “ comme nous-mêmes ”. Tandis que Dieu doit être aimé par-dessus tout et de tout notre être. Nous ne devons pas aimer Dieu comme nous aimons ceux qui nous sont les plus chers : une telle parce qu’elle nous a allaités, telle autre parce qu’elle dort sur notre poitrine et nous donne des enfants, mais nous devons l’aimer de tout notre être, en d’autres termes avec toute la capacité d’aimer qui existe en l’homme : amour de fils, amour d’époux, amour d’ami et – ne vous scandalisez pas – amour de père. Oui, nous devons prendre le même soin des intérêts de Dieu qu’un père de ses enfants, pour lesquels il veille avec amour sur ses biens et les accroît, et s’occupe et se soucie de sa croissance physique et culturelle ainsi que de sa réussite dans le monde.

L’amour n’est pas un mal et ne doit pas le devenir. Les grâces que Dieu nous accorde ne sont pas un mal et ne doivent pas le devenir. Elles sont amour. C’est par amour qu’elles sont données. C’est avec amour qu’il faut user de ces richesses d’affections et de biens que Dieu nous accorde. Et seul celui qui ne s’en fait pas des idoles, mais des moyens pour servir Dieu dans la sainteté, montre qu’il n’a pas d’attachement coupable à ces biens. Il pratique alors la sainte pauvreté d’esprit qui se dépouille de tout pour être plus libre de conquérir le Dieu saint, la suprême richesse. Or conquérir Dieu, c’est posséder le Royaume des Cieux.

170.7

“ Bienheureux serai-je si je suis doux. ”

Cela peut sembler contraster avec les exemples que nous donne la vie quotidienne. Ceux qui manquent de douceur semblent triompher dans les familles, dans les villes et les nations. Mais est-ce là un vrai triomphe ? Non. C’est la peur qui tient soumis en apparence les hommes accablés par un despote, mais, en réalité, ce n’est qu’un voile qui dissimule le bouillonnement de la révolte contre le tyran. Les coléreux et les dominateurs ne possèdent pas le cœur de leurs proches, ni de leurs concitoyens, ni de leurs sujets. Les maîtres du “ je l’ai dit, point final ” ne soumettent pas les intelligences et les esprits à leurs enseignements : ils ne forment que des autodidactes, des gens qui recherchent une clé qui puisse ouvrir les portes closes d’une sagesse ou d’une science dont ils soupçonnent l’existence et qui est opposée à celle qu’on leur impose.

Les prêtres n’amènent personne à Dieu si, au lieu d’aller à la conquête des âmes avec une douceur patiente, humble et aimante, ils ressemblent à de féroces guerriers armés qui partent à l’attaque, tant ils marchent avec violence et intransigeance contre les âmes… Pauvres âmes ! Si elles étaient saintes, elles n’auraient pas besoin de vous, prêtres, pour trouver la Lumière. Elles l’auraient déjà en elles. Si elles étaient justes, elles n’auraient pas besoin de vous, juges, pour être retenues par le frein de la justice. Elles l’auraient déjà en elles. Si elles étaient en bonne santé, elles n’auraient besoin de personne pour les soigner. Soyez donc doux. Ne mettez pas les âmes en fuite. Attirez-les par l’amour, car la douceur c’est de l’amour, tout comme la pauvreté d’esprit.

Si vous êtes doux, vous obtiendrez la terre en héritage. Vous amènerez à Dieu ce domaine qui appartenait à Satan. Car votre douceur, qui est aussi amour et humilité, aura vaincu la haine et l’orgueil en tuant dans les âmes le roi abject de l’orgueil et de la haine ; alors le monde vous appartiendra et donc appartiendra à Dieu, car vous serez les justes qui reconnaissent Dieu comme le Maître absolu de la création, à qui l’on doit adresser louange et bénédiction et rendre tout ce qui lui appartient.

170.8

“ Bienheureux serai-je si je sais pleurer sans me révolter. ”

La souffrance existe sur terre, elle arrache des larmes à l’homme. La souffrance n’existait pas. Mais l’homme l’a apportée sur la terre et, par la dépravation de son intelligence, il s’efforce de la faire croître de toutes les façons. Il y a déjà les maladies, les malheurs qu’amènent la foudre, la tempête, les avalanches, les tremblements de terre ; mais voilà que l’homme, pour souffrir et surtout pour faire souffrir – car nous voudrions que ce soient les autres et non pas nous-mêmes qui pâtissent des moyens étudiés pour faire souffrir –, voilà donc que l’homme invente des armes meurtrières toujours plus terribles et des tortures morales toujours plus astucieuses. Que de larmes l’homme n’arrache-t-il pas à l’homme à l’instigation de son roi secret, Satan ! Et pourtant, en vérité je vous dis que ces larmes n’amoindrissent pas l’homme, mais le perfectionnent.

L’homme est un enfant distrait, un étourdi superficiel, un être d’intelligence tardive jusqu’à ce que ses épreuves en fassent un adulte, réfléchi, intelligent. Seuls ceux qui pleurent ou ont pleuré savent aimer et comprendre : aimer ses frères qui pleurent comme lui, comprendre leurs douleurs, les aider avec une bonté qui a éprouvé comme cela fait mal d’être seul quand on pleure. Et ils savent aimer Dieu, car ils ont compris que tout est souffrance excepté Dieu, que la douleur s’apaise si on pleure sur le cœur de Dieu, et que les larmes résignées qui ne détruisent pas la foi, qui ne rendent pas la prière aride et qui ne connaissent pas la révolte, changent de nature et cessent d’être douleur pour devenir consolation.

Oui : ceux qui pleurent en aimant le Seigneur seront consolés.

170.9

“ Bienheureux serai-je si j’ai faim et soif de justice. ”

De sa naissance à sa mort, l’homme est avide de nourriture. Il ouvre la bouche à sa naissance pour prendre le sein, il ouvre les lèvres pour absorber de quoi se restaurer dans les étreintes de l’agonie. Il travaille pour se nourrir. La terre est pour lui comme un sein gigantesque auquel il demande incessamment sa nourriture pour ce qui meurt. Mais qu’est-ce que l’homme ? Un animal ? Non, c’est un fils de Dieu. En exil pendant des années plus ou moins nombreuses, mais sa vie n’est pas finie quand il change de demeure.

Il y a une vie à l’intérieur de la vie comme le cerneau dans une noix. Ce n’est pas la coque qui est la noix, mais c’est le cerneau intérieur. Si vous semez une coque de noix, rien ne pousse, mais si vous semez la coque avec la pulpe, il naît un grand arbre. Ainsi en est-il de l’homme. Ce n’est pas la chair qui devient immortelle, mais l’âme. Et il faut la nourrir pour l’amener à l’immortalité à laquelle, par amour, elle peut amener la chair à la résurrection bienheureuse. La nourriture de l’âme, c’est la sagesse et la justice. On les absorbe comme un liquide et un mets fortifiants. Et plus on s’en nourrit, plus augmente la sainte avidité de posséder la Sagesse et de connaître la Justice.

Mais il viendra un jour où l’âme, insatiable de cette sainte faim, sera rassasiée. Ce jour viendra. Dieu se donnera à son enfant, il l’attachera directement à son sein, et l’enfant au paradis se rassasiera de cette Mère admirable qui est Dieu lui-même ; il ne connaîtra jamais plus la faim, mais se reposera, bienheureux, sur le sein divin. Aucune science humaine n’atteint cette science divine. La curiosité de l’intelligence peut être satisfaite, pas les besoins de l’âme. Mieux, à cause de la différence de saveur, l’âme éprouve du dégoût et détourne sa bouche du sein amer, préférant souffrir de la faim qu’absorber une nourriture qui ne provienne pas de Dieu.

N’ayez aucune crainte, vous qui êtes assoiffés ou affamés de Dieu ! Restez fidèles et vous serez rassasiés par celui qui vous aime.

170.10

“ Bienheureux serai-je si je suis miséricordieux. ”

Quel homme pourrait dire : “ Je n’ai pas besoin de miséricorde ” ? Personne. Or, s’il est dit[2] dans l’ancienne Loi : “ Œil pour œil et dent pour dent ”, pourquoi ne devrait-on pas dire dans la nouvelle : “ Qui aura été miséricordieux obtiendra miséricorde ” ? Tous ont besoin de pardon.

Eh bien, ce n’est pas la formule et la forme d’un rite qui obtiennent le pardon, car ce ne sont que des symboles extérieurs accordés à l’esprit humain opaque. Mais c’est le rite intérieur de l’amour, ou encore de la miséricorde. Car si l’on a imposé le sacrifice d’un bouc ou d’un agneau et l’offrande de quelques pièces de monnaie, c’était dû au fait qu’à la base de tout mal on trouve toujours deux racines : la cupidité et l’orgueil. La cupidité est punie par la dépense qu’il faut faire pour l’offrande, l’orgueil par la confession publique du rite : “ Je célèbre ce sacrifice parce que j’ai péché. ” Et cela se fait aussi pour annoncer les temps et les signes des temps, et le sang répandu est la figure du Sang qui sera répandu pour effacer les péchés des hommes.

Bienheureux donc celui qui sait être miséricordieux à l’égard de ceux qui sont affamés, nus, sans toit, et de ces personnes encore plus misérables dont le mauvais caractère fait souffrir à la fois elles-mêmes et ceux qui vivent avec elles. Faites preuve de miséricorde. Pardonnez, compatissez, secourez, instruisez, soutenez. Ne vous enfermez pas dans une tour de cristal en disant : “ Moi, je suis pur, et je ne descends pas parmi les pécheurs. ” Ne dites pas : “ Je suis riche et heureux et je ne veux pas entendre parler des misères d’autrui. ” Pensez que, plus vite que de la fumée dispersée par un grand vent, votre richesse, votre santé ou votre aisance familiale peuvent se dissiper. Et rappelez-vous que le cristal fait office de loupe et que ce qui serait passé inaperçu en vous mêlant à la foule, vous ne pourrez plus le tenir caché si vous vous établissez dans une tour de cristal, seuls, à l’écart, éclairés de tous côtés.

Miséricorde pour accomplir un sacrifice d’expiation secret, continuel, saint, et obtenir miséricorde.

170.11

“ Bienheureux serai-je si j’ai le cœur pur. ”

Dieu est pureté. Le Paradis est le royaume de la pureté. Rien d’impur ne peut entrer au Ciel où est Dieu. Par conséquent, si vous êtes impurs, vous ne pourrez entrer dans le Royaume de Dieu. Mais, ô joie ! Joie anticipée que Dieu accorde à ses fils ! L’homme pur possède dès cette terre un commencement de Ciel, car Dieu se penche sur celui qui est pur, et l’homme qui vit sur la terre voit son Dieu. Il ne connaît pas la saveur des amours humaines, mais il goûte, jusqu’à l’extase, la saveur de l’amour divin. Il peut dire : “ Je suis avec toi et tu es en moi. Je te possède donc et je te connais comme l’époux très aimable de mon âme. ” Et, sachez-le bien, celui qui possède Dieu subit de substantiels changements, inexplicables à lui-même, qui le rendent saint, sage, fort. Sur ses lèvres s’épanouissent des paroles, et ses actes acquièrent une puissance qui n’est pas celle de la créature, mais celle de Dieu qui vit en elle.

Qu’est la vie de celui qui voit Dieu ? Béatitude. Et vous voudriez vous priver d’un pareil don par une fétide impureté ?

170.12

“ Bienheureux serai-je si j’ai un esprit pacifique. ”

La paix est l’une des caractéristiques de Dieu. Dieu n’est que dans la paix. Car la paix est amour, alors que la guerre est haine. Satan, c’est la Haine. Dieu, c’est la Paix. Personne ne peut se dire enfant de Dieu, et Dieu ne peut reconnaître pour fils un homme s’il a un esprit irascible, toujours prêt à déchaîner des tempêtes. Plus encore, ne peut se dire enfant de Dieu celui qui, sans les déchaîner personnellement, ne contribue pas par sa grande paix à calmer les tempêtes suscitées par d’autres.

Le pacifique répand la paix, même s’il se tait. Maître de lui-même et, j’ose le dire, maître de Dieu[3], il la porte comme une lampe diffuse sa clarté, comme un encensoir répand son parfum, comme une outre épanche son précieux contenu. Et il produit la lumière parmi les nuées fumantes des rancœurs, il purifie l’air des miasmes des aigreurs, il calme les flots furieux des querelles par cette huile suave qu’est l’esprit de paix qui émane des enfants de Dieu.

Faites en sorte que Dieu et les hommes puissent vous appeler ainsi.

170.13

“ Bienheureux serai-je si je suis persécuté à cause de mon amour de la justice. ”

L’homme est tellement “ satanisé ” qu’il hait le bien partout où il se trouve, il hait l’homme bon, comme si celui-ci, jusque par son silence, l’accusait et lui faisait des reproches. En effet, la bonté d’une personne fait paraître encore plus noire la méchanceté du méchant. La foi du vrai croyant fait ressortir encore plus vivement l’hypocrisie du faux croyant. Celui qui, par sa manière de vivre, témoigne sans cesse en faveur de la justice ne peut pas ne pas être détesté par ceux qui sont injustes. C’est alors qu’on se déchaîne contre ceux qui aiment la justice.

Il en va comme pour les guerres. L’homme progresse dans l’art satanique de persécuter plus qu’il ne progresse dans l’art saint de l’amour. Mais il ne peut que persécuter ceux dont la vie est brève. La partie éternelle de l’homme échappe aux pièges et acquiert ainsi une vitalité encore plus vigoureuse du fait de la persécution. La vie s’enfuit par les blessures qui saignent ou sous les privations qui épuisent le persécuté, mais le sang fait la pourpre du futur roi et les privations sont autant d’échelons pour s’élever jusqu’aux trônes que le Père a préparés pour ses martyrs, auxquels sont réservés les sièges royaux du Royaume des Cieux.

170.14

“ Bienheureux serai-je si on m’outrage et me calomnie. ”

Ne faites que ce qui peut mériter l’inscription de votre nom dans les livres célestes, là où les noms ne sont pas notés en fonction des mensonges des hommes et les louanges décernées à ceux qui les méritent le moins. En revanche, les œuvres des bons y sont inscrites avec justice et amour pour qu’ils puissent recevoir la récompense promise à ceux qui sont bénis de Dieu.

Jusqu’à présent, on a calomnié et outragé les prophètes. Mais quand s’ouvriront les portes des Cieux, ils entreront comme des rois imposants dans la Cité de Dieu et les anges s’inclineront devant eux en chantant de joie. Vous aussi, vous aussi, outragés et calomniés pour avoir appartenu à Dieu, vous parviendrez au triomphe céleste et quand le temps sera fini et le Paradis rempli, alors toute larme vous sera chère parce que, par elle, vous aurez conquis cette gloire éternelle qu’au nom du Père je vous promets.

Allez. Demain, je vous parlerai encore. Que restent seulement les malades pour que je les secoure de leurs peines. Que la paix soit avec vous, et que la méditation du salut par le moyen de l’amour vous mette sur la route qui aboutit au Ciel. »

170.1

Jesus speaks to the apostles assigning a place to each one, so that they may direct and watch over the crowd who are climbing up the mountain since the early hours of the morning, with sick people whom they carry in their arms or in stretchers or who have dragged themselves along on crutches. Among the people there are Stephen and Hermas.

The air is clear and rather chilly, but the sun soon softens the fresh mountain air, which in turn moderates the heat of the sun, drawing benefit from it, as it becomes pure and cool but not sharp.

The people sit on the stones scattered in the little valley between the two crests, but some wait for the sun to dry the grass, wet with dew, so that they may sit down on the ground. There is a huge crowd from all the districts in Palestine and the people are from all conditions. The apostles disappear in the multitude, but like bees that come and go from the meadows to the beehives, now and again they go back to the Master to inform Him, to ask for advice, and for the pleasure of being seen near Him.

Jesus climbs a little higher up than the meadow, which is at the bottom of the little valley, He leans against the rock and begins speaking.

170.2

«Many have asked Me, during a year of preaching: “You say that You are the Son of God, tell us what is Heaven, what is the Kingdom, what is God. Because our notions are hazy. We know that there is Heaven with God and the angels. But no one has ever come to tell us what it is like, because it is closed to righteous people”. They have also asked Me what the Kingdom is and what God is. And I have endeavoured to explain to you what the Kingdom is and what God is. I have striven not because it was difficult for Me to give an explanation, but because it is difficult for many reasons to get you to accept the truth that clashes, as far as the Kingdom is concerned, with a multitude of ideas, which have risen over the centuries and, as far as God is concerned, with the sublimity of His Nature.

Others have also asked Me: “All right. That is the Kingdom and that is God. But how do we achieve them?” Here again I have tried to explain to you patiently the true spirit of the Law of Sinai. He who abides by that spirit conquers Heaven. But to explain the Law of Sinai to you it is necessary to make you hear the loud thunder of the Lawgiver and of His Prophet, who, while promising blessings to obedient believers, threaten terrible punishments and curses to those who disobey. The Epiphany of Sinai was frightful and its dreadfulness is reflected in the entire Law, and has been reflected throughout centuries and in all souls.

But God is not only a Legislator… God is a Father. And a Father of immense goodness.

Probably, or rather, certainly, your souls are not in a position to rise and contemplate the infinite perfections of God, and His goodness least of all, because goodness and love are the rarest virtues amongst men. The reason is that your souls are weakened by original sin, by passions, by your own sins, by your own selfishness and the selfishness of other people: the former closes your souls, the latter irritates them. Goodness! How sweet it is to be good, with no hatred, no envy, no pride! How sweet it is to have eyes that look only for love and hands that stretch out only in gestures of love, and lips that utter only words of love and a heart, above all a heart, that full only of love, urges eyes, hands and lips to acts of love!

170.3

The most learned amongst you know with which gifts God had enriched Adam, both for himself and for his descendants. Also the most ignorant amongst the children of Israel know that there is a soul in us. Only the poor heathens are unaware of this royal guest, of this vital breath and celestial light that sanctifies and gives life to our bodies. But the most learned know which gifts were given to man and to the soul of man.

God was not less munificent to the soul than to the flesh and of the creature made by Him with a little mud and His breath. As He gave the natural gifts of beauty and integrity, of intelligence and willpower, and the capability of loving oneself and other people, He also gave moral gifts and the subjection of senses to reason. Therefore the wicked captivity of senses and passions did not permeate the freedom and control of Adam and of his will, with which God had gifted him, thus he was free to love, free to wish, free to enjoy in justice, without what makes you slaves, causing you to feel the bite of the poison that Satan spread and which now overflows, carrying you out of the limpid river-bed onto the slimy fields and putrescent ponds, where the fever of carnal and moral senses fermentates. Because you must realise that also the concupiscence of thought is sensual. And they received supernatural gifts, that is, sanctifying Grace, a heavenly destiny, the vision of God.

170.4

Sanctifying Grace: the life of the soul. The most spiritual thing deposited in our spiritual soul. The Grace that makes us children of God, because it preserves us from the death of sin, and he who is not dead “lives” in the house of the Father: Paradise; in My Kingdom: Heaven. What is this Grace that sanctifies and gives Life and Kingdom? Oh! Not many words are required! Grace is love. Grace is therefore God. It is God Who admiring Himself in the creature whom He created perfect, loves Himself, contemplates Himself, desires Himself, gives Himself what is His own to multiply it, to delight in the multiplication, to love Himself in the many others who are others Himself.

Oh! My children! Do not defraud God of this right of His! Do not deprive God of what belongs to Him! Do not disappoint God in His desire! Consider that He acts out of love. Even if you did not exist, He would still be Infinite, and His power would not diminish. But He, although He is complete in His infinite immeasurable measure, does not want anything for Himself and in Himself – which He could not, because He is already Infinite – but for Creation, His creature. He wants to increase His love for all rational creatures contained in Creation, and therefore gives you His Grace: Love, that you may carry it within yourselves to the perfection of saints, and you may pour this treasure, taken from the treasure that God has given you with His Grace and increased by all the holy deeds in all your heroic lives of saints, into the infinite Ocean where God is: in Heaven.

You are divine reservoirs of Love! That is what you are, and no death is given to your being, because you are eternal, as God is, being like God. You shall be, and there will be no end to your being, because you are immortal like the holy spirits that super-nourished you, returning to you enriched by their own merits. You live and nourish, you live and enrich, you live and form the most holy thing which is the Communion of the spirits, from God, the Most Perfect Spirit, down to the last born baby, who sucks his mother’s breast for the first time.

Do not criticise Me in your hearts, o learned men! Do not say: “He is crazy, He is a liar! Because He speaks foolishly saying that there is Grace in us, when Sin has deprived us of it. He lies stating that we are already one thing with God”. Yes, there is sin and there is separation. But before the power of the Redeemer, Sin, the cruel separation between the Father and the children, will collapse like a wall shaken by a new Samson. I have already got hold of it and I am shaking it and it is about to fall and Satan is trembling with wrath and impotence, as he can avail nothing against My power and he realises that so much prey is being snatched from him and that it is becoming more difficult to drag man to sin. Because when I take you to My Father, through Me, and you have been cleansed and strengthened by My Blood and sorrow, Grace will come back to you, lively and powerful and you will be triumphant, if you so wish. God does not violate your thoughts or your sanctification. You are free. But He gives you back your strength. He gives you back your freedom from Satan’s empire. It is up to you to take upon yourselves the infernal yoke or to put angelical wings on your souls. It depends on you, with Me as your brother to guide you and nourish you with immortal food.

170.5

You may ask: “How can one conquer God and His Kingdom through a milder road than the harsh Sinai one?” There is no other road but that one. But let us look at it not from the point of view of a threat, but from the point of view of love. Let us not say: “Woe to me, if I do not do that!” trembling with fear of sinning, of not being able not to sin. But let us say: “Blessed I shall be if I do that!” and with the impulse of a supernatural joy, full of happiness, let us rush towards these beatitudes, brought about by compliance with the Law, as roses sprout from a thorny bush.

“Blessed I shall be if I am poor in spirit, because mine shall be the Kingdom of Heaven!

Blessed I shall be if I am meek because I shall inherit the earth!

Blessed I shall be if I mourn without rebelling, because I will be comforted!

Blessed I shall be if I hunger and thirst for justice more than I do for bread and wine to satisfy the flesh, because Justice will satisfy me!

Blessed I shall be if I am merciful, because I will have divine mercy shown to me!

Blessed I shall be if I am pure in heart, because God will bend over my pure heart and I will see Him!

Blessed I shall be if I am peaceful in spirit, because there is love in peace and God is Love and loves those who are like Him!

Blessed I shall be if I am persecuted in the cause of right, because God, my Father, to reward me for my earthly persecutions, will give me the Kingdom of Heaven!

Blessed I shall be if I am abused and accused falsely for being Your worthy son, o God! It must not cause me desolation but joy, as it will make me equal to Your best servants, to the Prophets, who were persecuted for the same reason and with whom I firmly believe shall share the same great eternal reward in Heaven, which is mine!”.

Let us look at the road to salvation in this way: through the joy of saints.

170.6

“Blessed I shall be if I am poor in spirit”.

Oh! Satanic thirst for wealth, to what frenzy you lead both rich and poor! The rich who live for their gold: the ill-famed idol of their ruined spirits. The poor who live hating the rich because of their gold, and even if they do not murder them physically, they curse the rich wishing them all sorts of evil. It is not enough not to do evil, one must not even wish to do it. He who curses wishing calamities and death is very like him who kills physically, because he wishes the death of the person he hates. I solemnly tell you that such a wish is like an action held back, it is like a foetus conceived in a womb and formed, but not yet ejected. A wicked desire corrupts and ruins man, because it lasts longer than a violent action and is deeper than the action itself.

If a rich man is poor in spirit he does not sin for the sake of his gold but he turns his gold into sanctification, because he turns it into love. Loved and blessed, he is like spring water that saves travelers in a desert, as he gives generously, without avarice, happy to be able to relieve desperate situations. If he is poor, he is happy in his poverty and eats his bread which is sweetened by the joy of being free from the thirst of gold, he sleeps free from nightmares and gets up well rested for his tranquil work, which is always light when done without greed or envy.

What makes man materially rich is gold, what makes him morally rich are his affections. Gold includes not only money but also houses, fields, jewels, furniture, herds, everything, in other words, what life wealthy materially. Affections include: blood or marriage ties, friendship, intellectual soundness, public offices. As you can see, if for the first group a poor man can say: “Oh! as far as I am concerned, providing I do not envy those who are rich, I am all right because I am poor, and thus I am settled by force of circumstances”, with regard to the second group also a poor man must be careful, because even the poorest man can become sinfully rich in spirit. He who is immoderately attached to a thing, commits a sin.

You may say: “Are we then to hate the wealth that God granted us? Why then does He command us to love our fathers, mothers wives, children and say: ‘You shall love your neighbour as yourself?’”. You must distinguish. We must love our fathers, mothers, wives and our neighbour, but in the degree indicated by God: “As ourselves”. Whereas God is to be loved above everything and with our wholeselves. We must not love God as we love the dearest people among our neighbours: because a woman suckled us or because she sleeps on our chest and procreates children for us, but we must love Him with our wholeselves, that is, with all the ability to love that is in man: the love of a son, of a husband, of a friend and – do not be scandalised – the love of a father. Yes, we must have for the interests of God the same care that a father has for his children, for whom he lovingly protects his wealth and increase it, and he takes care of and is anxious for their physical growth and intellectual education and for their success in the world.

Love is not an evil and must not become an evil. The graces, which God grants us, are not evil and must not become so. They are love, granted out of love. We must make a loving use of such wealth granted to us by God in personal affections and in worldly goods. And only he who does not make an idol of such wealth but uses it to serve God in holiness, shows that he has no sinful attachment. One then practises that holy poverty in spirit that itself of everything in order to be more free to conquer God, the Holy Supreme Wealth. To conquer God: that is to have the Kingdom of Heaven.

170.7

“Blessed I shall be if I am meek”.

This may seem to be in contrast with the facts of daily life. Those who are not meek seem to be prominent and successful in their families, towns and countries. But is theirs a real triumph? No, it is fear that apparently keeps subdued those who are overwhelmed by the despot, but in actual fact it is nothing but a veil drawn over the rebellion seething against the tyrant. Irascible and overbearing people do not win the love of their relatives, of their own citizens or of their subjects. Neither are intellects or souls convinced in following the doctrines of masters who impose themselves by stating: “I said so, thus it is”. Such masters only create self-taught men seeking the key that can open the closed doors of wisdom or of science which they feel to be, and actually is the opposite of what is imposed on them.

Those priests who do not endeavour to conquer souls by means of a patient, humble and loving kindness, do not win any souls to God, but they look like armed warriors who start a fierce attack, such is their intolerant rashness in dealing with souls… Oh! poor souls! If they were holy they would not need you, o priests, to reach the Light. They would already have it within themselves. If they were just, they would not need you, o judges, to be put under the restraint of justice, as they would already have justice within themselves. If they were healthy, they would not need a doctor. Therefore be gentle. Do not put souls to flight. Attract them through love. Because lowliness is love, as poverty in spirit is love.

If you are such you will have the Earth for your heritage and you will take this place to God, whereas before it belonged to Satan, because your lowliness, which besides love is also humility, will have overcome Hatred and Pride, expelling the vile king of hatred and pride from souls, and the world will belong to you, that is, to God, because you will be the just souls that will acknowledge God as the Absolute Master of creation, to Whom praise and blessing are due and everything else which belongs to Him.

170.8

“Blessed I shall be if I mourn without rebelling”.

Sorrow is on the earth and sorrow wrings tears from men. Sorrow did not exist but man brought it on to the earth and because of his corrupt intellect he continuously strives to increase it in every possible way. Besides diseases and calamities created by thunderbolts, storms, avalanches, earthquakes, man, in order to suffer and above all to make other people suffer — because we would like only other people, and not ourselves, to suffer the effects of means studied to make people suffer — man invents deadly weapons, which are more and more dreadful, and moral hardships, which are more and more cunning. How many tears man wrings from his fellow man through the instigation of his secret king: Satan! And I solemnly tell you that those tears are not an impairment but a perfection of man.

Man is an absent-minded child, a thoughtless superficial child, a backward born child, until tears turn him into an adult, thoughtful, intelligent person. Only those who weep or have wept, know how to love and can understand. They know how to love their weeping brothers, how to understand them in their grief, how to help them with their goodness, which is fully aware how bitter it is to weep alone. And they know how to love God, because they have realised that everything is grief except God, because they have understood that sorrow can be soothed if tears are shed on God’s heart and they have also realised that resigned tears, which do not cause faith to be lost or prayer to become barren and which loathe rebellion, such resigned tears change nature and instead of sorrow they become comfort.

Yes. Those who weep loving the Lord will be comforted.

170.9

“Blessed I shall be if I hunger and thirst for justice”.

From the moment he is born to the moment he dies, man craves eagerly for food. He opens his mouth at his birth to get hold of his mother’s nipple, he opens his lips to swallow some refreshment in the throes of death. He works to feed himself. He makes a huge nipple of the world from which he sucks insatiably for that which is perishable. But what is man? An animal? No, he is a son of God. He is in exile for a few or many years. But his life does not come to an end when he changes his dwelling.

There is a life in life as there is a kernel in a nut. The shell is not the nut, but it is the kernel inside the shell that is the nut. If you sow a shell nothing will come up, but if you sow the shell with the kernel inside it, a big tree will grow. The same applies to man. It is not his flesh that becomes immortal, but his soul. And it is to be nourished to take it to immortality, to which the soul, out of love, will take the body in the blessed resurrection. Wisdom and Justice are the nourishment of the soul. They are taken as food and as drink and they strengthen and the more one takes of them, the more grows the holy eagerness to possess Wisdom and know Justice. But the day will come when the holy insatiable hunger of the soul will be satisfied. It will come. God will give Himself to His child, and will suckle him and the child destined for Paradise will be satisfied with the admirable Mother Who is God Himself, and man will never be hungry again but will rest happily on God’s divine bosom. No human science is equal to this divine science. The curiosity of the mind can be gratified, but the necessities of the spirit cannot. And more than that, the spirit is disgusted by the difference in taste and makes a wry mouth at the bitter nipple, preferring to suffer the pangs of hunger, rather than be filled with a food that does not come from God.

Be not afraid, o men thirsting or starving for God! Be faithful and you will be satisfied by Him Who loves you.

170.10

“Blessed I shall be if I am merciful”.

Who amongst men can say: “I do not need mercy”? No one. Now, if the Old Law states: “Eye for eye[1], tooth for tooth”, why should we not say in the New Law: “Who has been merciful shall find mercy”? Everybody needs forgiveness.

Well, then: forgiveness is not achieved by formulae or by the form of a rite, which are external symbols granted to man’s dull mentality, it is instead obtained through the internal rite of love, which is still mercy. If the sacrifice of a goat or a lamb and the offer of a few coins were prescribed, the reason is that every evil is founded in two roots: greed and pride. Greed is punished through the expense for the purchase of the offering, pride by the open confession of the rite: “I am making this sacrifice because I have sinned”. It is also done to anticipate the times and the signs of the times, and in the blood which is shed is symbolised the Blood which will be shed to cancel the sins of men.

Blessed therefore are those who are merciful to those who are hungry, naked, homeless, to those who suffer from the greatest misery, which is to have a bad disposition, as it causes grief both to those who have it and to those who live with them. Be merciful. Forgive, bear with people, help them, teach them, support them. Do not conceal yourselves in a crystal tower saying: “I am pure and I will not descend amongst sinners”. Do not say: “I am rich and happy and I will not hear of other people’s miseries”. Remember that your richness, your health, your family wealth may vanish quicker than smoke blown away by a strong wind. And remember that crystal acts as a lense and consequently what may be unnoticed if you were mixed among the crowds, cannot be concealed if you place yourselves in a crystal tower where you are alone, isolated and illumined on all sides.

Mercy is necessary to offer a continuous, secret, holy sacrifice of expiation and to obtain mercy.

170.11

“Blessed I shall be if I am pure in heart”.

God is purity. Paradise is the Kingdom of Purity. Nothing impure can enter Paradise where God is. Therefore, if you are impure, you will not be able to enter the Kingdom of God. Oh! But what a joy the Father grants to His children in advance! He who is pure has in this world an advance of Heaven because God bends over a pure soul and man from the earth can see his God. He is not familiar with the taste of human love, but relishes the flavour of divine love, to the point of being enraptured, and can say: “I am with You and You are in me, I therefore possess You and I recognise You as the most loving spouse of my soul”. And believe Me, he who has God enjoys substantial changes, of which he himself is unaware, and thus becomes holy, wise, strong; words embellish his lips and his actions acquire a strength that is not of the creature, but comes from God Who lives in it.

What is the life of those who see God? A beatitude. And do you wish to deprive yourselves of such a gift for the sake of fetid impurities?

170.12

“Blessed I shall be if I am peaceful in spirit”.

Peace is one of God’s characteristics. God is to be found only in peace. Because peace is love, whereas war is hatred. Satan is hatred. God is peace. No man can say that he is the son of God, neither can God call son a man who has an irascible soul always ready to stir up a storm. Not only. Neither can he be called the son of God who, although not a trouble-maker himself, by means of his own great peace does not help to calm the storms stirred up by other people. He who is peaceful propagates peace also without uttering any words. Master of himself and, I dare say, master of God, he divulges Him as a lamp spreads its light, as a thurible exhales its perfume, as a wineskin holds wine, and this sweet oil, which is the spirit of peace issuing from the children of God, gives light in the foggy gloominess of ill-feelings, and purifies the air from the miasmas of malice and calms the raging waves of quarrels.

Let God and men say that you are so.

170.13

“Blessed I shall be if I am persecuted in the cause of right”.

Man has become so devilish that he hates good wherever it is, and he hates who is good, as if he who is good, even when silent, accuses and reproaches him, in fact the goodness of one person makes the wickedness of a wicked person appear even more wicked… In fact the faith of a true believer makes the hypocrisy of a false believer appear more clearly. In fact, he who by his way of living continuously bears witness to justice can but be hated by the unjust. And then the unjust are pitiless towards the lovers of justice.

The same applies here as in wars. Man makes more progress in the satanic art of persecution than in the holy art of love. But he can persecute only what has a short life. What is eternal in man eludes the snare, and more than that, it achieves a more energetic vitality than persecution itself. Life escapes through the bleeding wounds or because of the privations that consume those who are persecuted. But the blood makes the purple of the future king and the privations are as many steps to ascend the thrones that the Father has prepared for His martyrs, for whom are reserved the royal seats in the Kingdom of Heaven.

170.14

“Blessed I shall be if I am accused and abused falsely”.

Strive to have your names written in the celestial books, where names are not written according to human falsehood, which is accustomed to praise those who less deserve praise, where, instead, with justice and love are written the deeds of good people in order to give them the reward promised to the blessed ones by God.

In the past, the Prophets were calumniated and abused. But when the gates of Heaven are opened, they will enter the City of God, like imposing kings, and the angels will bow singing out of joy. You, too, who have been abused and accused falsely for being the children of God, will have a heavenly triumph and when the time comes to an end and Paradise is full, then every tear will be dear to you, because through it you will have conquered the eternal glory, which I promise you in the name of the Father.

Go. I will speak to you again tomorrow. Only the sick people should remain that I may relieve them from their pains. Peace be with you and may the meditation on salvation lead you, through love, on to the road at the end of which is Heaven.»


Notes

  1. étant dieux : sur une copie dactylographiée, Maria Valtorta renvoie à Ps 82, 6 ; Rm 8, 16 ; 2P 1, 4. Elle explique par la note suivante l’expression tant d’êtres qui sont d’autres lui-même employée un peu plus haut : « Saint Thomas d’Aquin dit justement que Dieu n’aurait pu faire de plus grandes œuvres divines que les trois qu’il a faites : l’incarnation de son Fils, la Maternité de la Vierge et la déification de l’âme humaine. Et saint Augustin écrit : “ Les âmes sont divinement associées, par l’intermédiaire du Père, au mystère de la génération éternelle, et par le Père et le Fils, à la spiration de l’Esprit Saint. ” Par conséquent, l’âme déifiée par la grâce est divinisée par participation aux trois Personnes divines : c’est là le chef-d’œuvre de l’Amour infini qui nous élève de l’état de créature à celui de créatures divinisées. »
  2. il est dit : voir Ex 21, 24-25 ; Lv 24, 19-20 ; Dt 19, 21. C’est ce que l’on appelle la “ loi du talion ”, qui sera citée à d’autres reprises, de 171.4 à 566.9.
  3. maître de Dieu, parce que, comme Maria Valtorta explique dans une note sur une copie dactylographiée, Les pacifiques sont tout amour, car l’amour inspire des sentiments de paix, et la paix rétablit l’amour entre les frères que leurs égoïsmes ont troublés. Dieu aime donc tellement les pacifiques qu’il paraît réellement se mettre à leur service pour les aider dans ce ministère de paix qui répand entre les hommes l’un de ses attributs les plus doux.

Notes

  1. Eye for eye…, in Exodus 21:2425; Leviticus 24:19-20; Deuteronomy 19:21.