The Writings of Maria Valtorta

210. En route vers Hébron, les inquiétudes de Judas Iscariote.

210. Towards Hebron.

210.1

« Mais je ne crois pas que vous ayez l’intention de faire un pèlerinage à tous les lieux célèbres d’Israël, dit ironiquement Judas qui discute dans un groupe où se trouvent Marie, femme d’Alphée, et Salomé, ainsi qu’André et Thomas.

– Et pourquoi pas ? Qui est-ce qui l’interdit ? demande Marie, femme de Cléophas.

– Mais moi ! Ma mère m’attend depuis longtemps…

– Va donc chez ta mère, nous te rejoindrons après, dit Salomé – elle semble ajouter mentalement : “ Personne ne souffrira de ton absence ” –.

– Ce n’est pas cela ! J’y vais avec le Maître. Déjà, il n’y a plus la Mère, comme c’était entendu. Et cela n’aurait vraiment pas dû se faire parce qu’il était promis qu’elle y viendrait.

– Elle s’est arrêtée à Bet-çur pour une œuvre charitable. Cette femme était bien malheureuse.

– Jésus pouvait la guérir sur-le-champ. Il n’avait pas besoin de la faire revenir graduellement à son état normal. Je ne sais pas pourquoi, désormais, il n’aime plus faire des miracles éclatants.

– S’il a agi ainsi, il aura eu de saintes raisons, rétorque calmement André.

– Ah oui ! C’est ainsi qu’il perd des prosélytes.

210.2

Ce séjour à Jérusalem, quelle déception ! Plus il lui faudrait faire des gestes d’éclat, plus il se cache à l’ombre. Je m’étais tellement promis de voir, de combattre…

– Excuse ma question… Mais que voulais-tu voir et qui voulais-tu combattre ? demande Thomas.

– Quoi ? Qui ? Mais voir ses œuvres miraculeuses et pouvoir tenir tête à ceux qui prétendent que c’est un faux prophète ou un possédé. Car c’est bien ce qu’on dit ! Comprends-tu ? On dit que si Béelzéboul ne le soutient pas, il n’est qu’un pauvre homme. Et comme l’humeur capricieuse de Béelzéboul est bien connue, et qu’on sait qu’il se plaît à prendre et à quitter, comme le fait le léopard avec sa proie, et comme les faits justifient cette façon de voir, je m’inquiète de constater qu’il n’agit pas. Quelle piètre figure nous faisons ! Nous sommes les apôtres d’un Maître… qui ne fait qu’enseigner, c’est indéniable, mais rien d’autre. »

Judas s’est arrêté brusquement après le mot “ Maître ” et cela me fait penser qu’il allait dire quelque chose de pire.

Les femmes sont abasourdies et Marie, femme d’Alphée, en tant que parente de Jésus, répond clairement :

« Ce n’est pas de cela que je m’étonne, mais de ce que, lui, il te supporte, mon garçon ! »

Mais André, lui qui est toujours doux, perd patience, rougit de colère – ce en quoi il ressemble pour une fois à son frère – et crie :

« Mais va-t’en ! Et ne fais plus mauvaise figure à cause du Maître ! D’ailleurs, qui t’a appelé ? Nous, il nous a voulus, mais toi, non. Tu as dû insister à plusieurs reprises pour te faire accepter. C’est toi qui t’es imposé. Je ne sais ce qui me retient de tout raconter aux autres…

– Avec vous il est impossible de parler. Ils ont raison, ceux qui vous disent querelleurs et ignorants… »

Thomas plaisante pour détourner la tempête qui approche :

« Eh bien, vraiment, à mon tour je ne comprends pas du tout où tu vois l’erreur chez le Maître. Je n’étais pas au courant de ces humeurs capricieuses du démon. Le pauvre ! Il doit être bizarre. S’il avait eu une intelligence équilibrée, il ne se serait pas révolté contre Dieu. Je vais en prendre bonne note.

– Ne plaisante pas, car moi, je ne plaisante pas. Peux-tu donc soutenir qu’il s’est fait connaître à Jérusalem ? Lazare aussi l’a dit, du reste… »

Thomas éclate de rire, et bruyamment. Riant encore – son rire a déjà désorienté Judas –, il rétorque :

« Ah ! Il n’a rien fait ? Va donc le demander aux lépreux de Siloan et d’Hinnom. Ou plutôt pas à Hinnom, car il n’y a plus de lépreux : ils sont tous guéris. Si tu n’étais pas là — car tu avais hâte de partir chez des… amis et tu n’es donc pas au courant —, cela n’empêche pas que les vallées de Jérusalem et même beaucoup d’autres résonnent des chants de louange de ceux qui ont été guéris. »

Thomas a pris pour finir un ton sérieux.

210.3

Là-dessus, il ajoute sévèrement :

« Tu fais une crise de bile, mon ami, et elle te fait trouver tout amer et tout voir en noir. Ce doit être une maladie récurrente chez toi. D’ailleurs, crois moi, il n’est guère agréable de vivre avec quelqu’un comme toi. Il te faut changer. Moi, je n’irai rien dire à personne et si ces braves femmes veulent bien m’écouter, elles resteront silencieuses comme moi. André en fera autant. Mais il te faut changer. Ne te crois pas déçu, car il n’y a pas de déception. Ne te crois pas nécessaire, car le Maître sait ce qu’il fait. Ne prétends pas être le maître du Maître. Si, pour cette pauvre femme d’Elise, il a agi de cette manière, c’est qu’il était bien de le faire. Laisse les serpents siffler et cracher comme il leur plaît. Ne te soucie pas de te faire l’intermédiaire entre eux et lui, et encore moins de penser que tu te déconsidères en restant avec lui. Même s’il ne guérissait plus ne serait-ce qu’un simple rhume, cela ne l’empêcherait pas d’être toujours puissant. Sa parole est un continuel miracle. Et trouve la paix. Nous n’avons pas les archers à nos trousses ! Nous arriverons, bien sûr, nous arriverons à convaincre le monde que Jésus est Jésus. Et puis, sois tranquille : si Marie a promis d’aller chez ta mère, elle ira. Nous, pendant ce temps, nous voyageons en pèlerins à travers ces belles contrées, c’est notre travail ! Sans compter, bien sûr, que nous faisons plaisir aux femmes disciples en allant voir le tombeau d’Abraham[1], son arbre, et puis la tombe de Jessé et… qu’avez-vous dit d’autre ?

– On dit que c’est ici l’endroit où Adam habita et où Abel fut tué…

– Les absurdes légendes habituelles… bougonne Judas.

– Dans un siècle, on dira que la grotte de Bethléem et bien d’autres choses ne sont que légende !

210.4

Et puis, excuse-moi ! Tu as voulu aller dans cette puante caverne d’En-Dor qui, tu dois en convenir, n’appartenait pas à un… cycle saint, n’est-ce pas ? Or les femmes vont là où l’on dit qu’il y a du sang et des cendres de saints. En-Dor nous a donné Jean, et qui sait…

– Belle acquisition que Jean ! Grommelle Judas.

– Pour ce qui est de son visage peut-être, mais en ce qui concerne son âme, il peut être meilleur que nous.

– Lui alors ! Avec ce passé !

– Tais-toi ! Le Maître a dit que nous ne devons pas le rappeler.

– C’est bien commode ! Je voudrais voir, si moi je faisais quelque chose de semblable, si vous ne vous en souviendriez pas !

– Adieu, Judas. Il vaut mieux que tu restes seul. Tu es trop énervé. Si, du moins, tu savais ce que tu as !

– Ce que j’ai, Thomas ? J’ai que je vois que l’on nous délaisse pour les premiers venus. J’ai que je vois qu’on préfère tout le monde à moi. J’ai que je remarque qu’on attend que je sois absent pour enseigner à prier. Et tu veux que cela me fasse plaisir ?

– Cela ne fait pas plaisir. Mais je te fais observer que, si tu étais venu avec nous pour le repas de la Pâque, tu aurais été aussi avec nous sur le mont des Oliviers, quand le Maître nous a enseigné la prière. Je ne vois pas en quoi nous sommes délaissés pour les premiers venus. Est-ce de ce pauvre petit innocent que tu parles, ou bien de ce malheureux Jean ?

– De l’un et de l’autre. Jésus ne nous parle pour ainsi dire plus. Regarde-le, encore maintenant… Il est là qui s’attarde à parler tant et plus avec ce gamin. Il lui faudra attendre un bon moment avant qu’il puisse le compter au nombre des disciples ! Quant à l’autre, il ne le deviendra jamais : trop orgueilleux, pédant, insensible, avec des tendances mauvaises. Et pourtant : “ Jean par ci… Jean par là ”…

– Père Abraham, donne-moi de la patience ! Et en quoi te paraît-il que le Maître te préfère les autres ?

– Mais ne le vois-tu pas, même maintenant ? Le moment venu de quitter Bet-çur, après un séjour pour instruire trois bergers qui pouvaient très bien être pris en main par Isaac, qui laisse-t-il avec sa Mère ? Moi, toi ? Non. Il laisse Simon, un vieux qui ne parle pour ainsi dire pas !

– Mais le peu qu’il dit est toujours bien dit » réplique Thomas, seul désormais, car les femmes et André se sont éclipsés et vont rapidement de l’avant comme pour fuir un bout de chemin trop ensoleillé.

210.5

Les deux apôtres se sont tellement échauffés qu’ils ne re­marquent pas l’arrivée de Jésus, car le bruit de ses pas se perd complètement dans le nuage de poussière de la route. Mais si, lui, il ne fait pas de bruit, eux crient comme dix et Jésus les entend. Il est suivi de Pierre, de Matthieu, des deux cousins du Seigneur, de Philippe et Barthélemy et des deux fils de Zébédée qui ont avec eux Marziam.

Jésus dit :

« Tu as bien raison, Thomas : Simon parle peu, mais le peu qu’il dit est toujours bien. C’est un esprit paisible et un cœur honnête. Il a surtout beaucoup de bonne volonté. C’est pour cela que je l’ai laissé avec ma Mère. C’est un parfait honnête homme et, en même temps, quelqu’un qui sait vivre, qui a souffert et qui est âgé. Par conséquent – je dis cela parce que, je suppose, ce choix paraît injuste à l’un de vous –, par conséquent il était plus indiqué que ce soit lui qui reste. Je ne pouvais pas, Judas, permettre que ma Mère reste seule auprès d’une pauvre femme encore malade. Et il était juste que je la quitte. Ma Mère mènera à bonne fin l’œuvre que j’ai commencée. Mais je ne pouvais pas non plus la laisser avec mes frères, ni avec André, Jacques ou Jean, ni même avec toi. Si tu n’en comprends pas les raisons, je ne sais que dire…

– Parce que ta Mère est jeune, belle et les gens…

– Non ! Les gens auront toujours de la fange dans leur pensée, sur leurs lèvres, dans leurs mains et surtout dans leur cœur, ces gens sans honnêteté qui voient en tous les sentiments qu’ils éprouvent eux-mêmes ; mais je ne me soucie guère de leur fange. Elle tombe d’elle-même quand elle est sèche. Mais j’ai préféré Simon, parce qu’il est âgé et ne rappellerait pas trop ses fils morts à cette femme qui souffre. Vous, les jeunes, les lui auriez rappelés par votre jeunesse… Simon sait veiller et il sait ne pas se faire entendre, il n’exige jamais rien, il sait compatir, il sait se surveiller. J’aurais pu choisir Pierre. Qui mieux que lui pourrait être auprès de ma Mère ? Mais il est encore trop impulsif. Tu vois que je le lui dis en face sans qu’il s’en formalise : Pierre est sincère et aime la sincérité, même à son détriment. Je pouvais prendre Nathanaël. Mais il n’a jamais parcouru la Judée. Simon, au contraire, connaît bien le pays et il sera précieux pour conduire ma Mère à Kérioth. Il sait aussi où se trouvent ta maison de campagne et celle de la ville et il ne fera…

210.6

– Mais… Maître !… Ta Mère ira vraiment chez la mienne ?

– Mais c’était chose dite ! Et quand on a promis, on s’y tient. Nous marcherons lentement en nous arrêtant dans ces villages pour évangéliser. Ne veux-tu pas que j’évangélise ta Judée ?

– Oh si ! Maître… Mais je croyais… je pensais…

– Surtout, tu te faisais de la peine pour des chimères que tu avais rêvées. Au second quartier de la lune de Ziv[2], nous serons tous chez ta mère. Nous, c’est-à-dire ma Mère aussi, avec Simon. Pour le moment, elle évangélise Bet-çur, ville de Judée, tout comme Jeanne évangélise Jérusalem et avec elle une jeune fille et un prêtre, jadis lépreux, tout comme Lazare, Marthe et le vieil Ismaël évangélisent Béthanie, tout comme Sara évangélise à Yutta ; et, à Kérioth, ta mère parle certainement du Messie. Tu ne peux vraiment pas dire que je laisse la Judée sans voix. Au contraire, je lui donne, à elle qui est plus fermée et arrogante que toute autre région, les voix les plus douces, celles des femmes en plus de celles d’Isaac, qui est saint, et de mon ami Lazare. Les femmes joignent à la parole cet art subtil bien féminin d’amener les âmes au point où elles le désirent. Tu ne dis plus rien ? Pourquoi es-tu sur le point de pleurer, espèce de grand enfant capricieux ? A quoi te sert-il de t’empoisonner avec des ombres chimériques ? As-tu encore des motifs d’inquiétude ? Allons ! Parle…

– Je suis mauvais… et toi, tu es tellement bon ! Ta bonté me frappe toujours plus car elle est toujours si fraîche, si nouvelle… Moi… je ne sais jamais que dire quand je la trouve sur mon chemin.

– Tu as dit vrai. Tu ne peux le savoir, mais c’est parce qu’elle n’est ni fraîche, ni nouvelle. Elle est éternelle, Judas. Elle est partout présente, Judas…

210.7

Ah ! Nous voici arrivés dans les environs d’Hébron. Marie, Salomé et André nous font de grands gestes. Allons-y. Ils parlent avec des hommes. Ils ont dû demander où se trouvent les lieux historiques. Ta mère rajeunit, mon frère, à cette nouvelle évocation ! »

Jude sourit à son cousin – Jésus –, qui sourit à son tour.

« Nous rajeunissons tous ! Dit Pierre. J’ai l’impression d’être à l’école. Mais c’est une belle école ! Meilleure que celle de ce grognon d’Elisée. Tu t’en souviens, Philippe ? Qu’est-ce que nous ne lui avons pas fait, hein ? Cette histoire des tribus ! “ Dites les villes des tribus ! ”… “ Vous ne les avez pas dites en chœur… Recommencez… ” ; “ Simon, tu ressembles à un crapaud endormi. Tu restes en arrière. Reprenez au début. ” Hélas ! Je ne savais plus que la liste des villes et pays de l’ancien temps ; je ne savais rien d’autre. Au contraire, ici, on apprend vraiment ! Tu sais, Marziam ? Un de ces jours, ton père va faire passer l’examen, maintenant qu’il est savant… »

Tout le monde rit rejoignant les femmes et André.

210.1

«I do not suppose you wish to make a pilgrimage to all the known places in Israel» says the Iscariot ironically. He is discussing in a group where there are Mary of Alphaeus and Salome together with Andrew and Thomas.

«Why not? Who forbids us?» asks Mary of Clopas.

«I do. My mother has been waiting for me for such a long time…»

«Well go to your mother. We will reach you later» says Salome and she seems to be adding mentally: «No one will miss you.»

«Certainly not! I am going with the Master. Contrary to what had been arranged, Mary is not coming. And that should not have been done to me, because I was promised She would come.»

«She stopped at Bethzur for a good reason. That woman was really unhappy.»

«Jesus could have cured her at once, without making her recover gradually. I do not know why He is no longer fond of working outstanding miracles.»

«He must have holy reasons for doing what He did» states Andrew calmly.

210.2

«Of course! And He thus loses proselytes. Our stay at Jerusalem, what a disappointment it was! The more there is need for high-flown things, the more He crouches in the dark. I intended so much to see, to fight…»

«Excuse my question… But what did you want to see and with whom did you intend to fight?» asks Thomas.

«What? Who? But I wanted to see His miracles and then make head against those who say that He is a false prophet or possessed. Because that is what they say, see? They say that if Beelzebub does not support Him, He is a poor wretch. And since Beelzebub’s whimsical disposition is well known and we know that he delights in taking and leaving, as a leopard does with its prey, and that this mentality is justified by facts, I become impatient when I think that He does nothing. We are cutting a lovely figure! The apostles of a Master… Who does nothing but teach… that is undeniable, but nothing else.» Judas’ abrupt pause after the word «Master» makes the others think he was about to say something nasty.

The women are horrified and Mary of Alphaeus, being a relative of Jesus’, says frankly: «I am not surprised at that, but I am astonished that He puts up with you, boy!»

But Andrew, the ever meek Andrew, loses his temper and blushing, very much like his brother just this once, says furiously: «Go away! And you won’t cut any more bad figures because of the Master! And who asked you to come? He called us. Not you. You had to insist several times to be accepted. You imposed yourself. I do not know who keeps me from reporting everything to the others…»

«One can never talk to you. They are right when they say you are quarrelsome and ignorant people…»

«Well, to tell you the truth, neither do I understand how you can say that the Master made a mistake. Neither did I know of the whimsical disposition of the Demon. Poor thing! He must certainly be odd. Had he been intelligent he would not have rebelled against God. But I will take note of that» teases Thomas to avert the approaching storm.

«Don’t jest, because I am serious. Can you perhaps say that He attracted attention in Jerusalem? Also Lazarus said so…»

Thomas breaks into a hearty laugh. Then, still laughing, and his laughter has already disconcerted Judas, he says: «He has not done anything? Go and ask the lepers at Siloam and Hinnom. That is: You will not find anyone at Hinnom, because they were all cured. If you were not there, because you were in a hurry to go to… your friends, and consequently you do not know, that does not prevent the valleys of Jerusalem and many more places from resounding with the hosannas of the lepers cured» concludes Thomas seriously.

210.3

And he continues sternly: «You suffer from bile trouble, my friend. And thus you taste bitter and see green everywhere. It must be a recurring disease with you. And believe me, it is not very pleasant to live with one like you. You must change. I will not tell anybody anything, and if these good women will listen to me, they will be quiet as well, and so will Andrew. But you must change. You must not think that you have been disappointed because there is no disappointment. Neither are you necessary because the Master knows what to do by Himself. Don’t you try to be the Master’s master. And if for that poor woman of Eliza He acted thus, it means that that was the right thing to do. Let snakes hiss and spit as they like. Don’t go to the trouble of acting as a broker between them and Him and above all do not think that you lower yourself by being with Him. Even if He did not cure a simple thing such as a cold in the future, He is always powerful. His word is a continuous miracle. And set your mind at rest. We have no archers behind us! Don’t worry, we will succeed in convincing the world that Jesus is Jesus. And be quiet, if Mary promised to come to your mother’s, She will come. In the meantime we will go round this beautiful part of the country, it is our work! And why not? Let us make the women disciples happy by going to visit Abraham’s tomb, his tree and Jesse’s sepulchre and… what else did you say?»

«They say that this is the place where Adam lived and where Abel was killed…»

«The usual useless tales!» grumbles Judas.

«In one hundred years’ time they will also say that the Grotto of Bethlehem and many other things were a tale!

210.4

But excuse me! You wanted to go to that stinking cave at Endor, which you must agree did not belong to a holy cycle; don’t you think so? And they have come here where they say there is the blood and the ashes of saints. Endor brought us John and who knows…»

«What a handsome acquisition John is!» scoffs the Iscariot.

«His face isn’t, no. But in his soul he may be better than we are.»

«What? With his past!»

«Be quiet. The Master said that we are not to remember it.»

«Lovely! If I did any such things, I wonder whether you would not remember them!»

«Goodbye, Judas. You had better be by yourself. You are too cross. I wish I knew what is the matter with you!»

«What is the matter with me, Thomas? The trouble is that I see that we are being neglected to the advantage of strange newcomers. And I see that everybody is preferred to me. And I also notice how He waits until I am away to teach you how to pray. And do you expect me to be happy with such a situation?»

«No, I don’t. But may I point out that if you had come with us for the Passover Supper you would have been on the Mount of Olives as well with us, when the Master taught us the prayer. I do not see how we are neglected because of any strange newcomer. Are you referring to the poor innocent boy? Or because unhappy John is with us?»

«Because of both of them. Jesus hardly ever speaks to us now. Look at Him even now… He is loitering over there, talking and talking to the boy. He will have to wait a long time before He can put him among the disciples! And the other one will never be a disciple. He is too proud, too learned, too hardened, with bad tendencies. And yet: “John here, John there”…»

«Father Abraham, help me to bear this in patience!!! And in what do you think the Master prefers others to you?»

«Do you not see that even now? When it was time to leave Bethzur, after stopping to teach three shepherds who could have very well been taught by Isaac, whom does He leave with His mother? Me? you? No. He leaves Simon. An old man who can hardly speak!…»

«But the little he says is always said right» retorts Thomas, who is now alone because the women and Andrew have gone away and are walking fast in front of them as if they wished to get past a stretch of the road where the sun is very warm.

210.5

The two apostles have become so excited that they do not hear Jesus coming, because the noise of His footsteps is completely muffled by the dust of the road. But if He makes no noise, the two are shouting as loud as ten people and Jesus can hear. Behind Him there are Peter, Matthew, the two cousins of the Lord, Philip and Bartholomew and the two sons of Zebedee with Marjiam between them.

Jesus says: «You are right, Thomas. Simon speaks little, but the little he says is always right. His mind is placid and his heart honest. And above all he has a great goodwill. That is why I left him with My Mother. He is a true reliable man and at the same time knows how to live, he has suffered and is old. Therefore – I am saying this because I suppose there is someone who thinks My choice was unfair – therefore he was the most suitable to remain. Judas, I could not allow My Mother to be left alone near a poor woman who is still ill. And it was just that I should leave Her. My Mother will complete the work that I started. But I could not leave Her with My brothers, or with Andrew, James or John, or with you. If you do not understand the reason, I do not know what to say…»

«Because She is Your Mother, She is young, beautiful, and people…»

«No! People will always have filth in their thoughts, on their lips and hands and particularly in their hearts, dishonest people who see their sentiments in everybody else; but I am not concerned with their mud. It falls off by itself, when it is dry. But I preferred Simon because he is old and he would not remind the desolate woman too much of her dead sons. You young men would have recalled them with your youth… Simon knows how to watch without being noticed, he never demands anything, he understands and can control himself. I could have taken Peter. Who would be better than he near My Mother? But he is still too impulsive. You know that I tell him openly, and he takes no offence. Peter is sincere, and he loves sincerity even to his own detriment. I could have taken Nathanael. But he has never been to Judaea before. Simon instead knows the country well and he will be valuable in bringing My Mother to Kerioth. He knows where your country house and the town house are and he will not…»

210.6

«But… Master!… But is Your Mother really coming to mine?»

«We said so. And when you say something, you do it. We shall proceed slowly, stopping to evangelize these villages. Do you not want Me to evangelize Your Judaea?»

«Of course, Master!… But I believed… I thought… »

«Above all you were causing yourself a lot of trouble through your own imagination. By the second phase of the moon of Sivan we shall all be at your mother’s. We, that is also My Mother and Simon. For the time being She is evangelizing Bethzur, a Judaean town, as Johanna is evangelizing Jerusalem with the assistance of a girl and a priest who was previously a leper, as Lazarus with Martha and old Ishmael are evangelizing Bethany, as Juttah is evangelized by Sarah and I am sure that your mother speaks of the Messiah at Kerioth, You cannot certainly say that I have left Judaea without voices. On the contrary, although it is more narrow-minded and stubborn than any other region, I have given it the sweetest voices, the voices of women, beside those of Isaac, a holy man, and of Lazarus, a friend of Mine. A woman knows how to use words with the subtle art of a woman, a mistress in leading souls to where she wants. Are you not speaking any more? Why are you almost weeping, you big moody boy? What is the use of poisoning yourself with shadows? Have you still any reason to be upset? Tell Me! Speak up…»

«I am bad… and You are so good. Your goodness always strikes me, because it is always so fresh and so new… I… I can never tell when I am going to find it on my way.»

«You are right. It is not possible for you to know. Because it is neither fresh nor new. It is eternal, Judas. It is omnipresent, Judas…

210.7

Oh! We are near Hebron and Mary, Salome and Andrew are waving their hands to us. Let us go. They are speaking to some men. They must be asking where the historical places are. Your mother is becoming young again by this recollection, my dear brother!»

Judas Thaddeus smiles at his Cousin and Jesus smiles back.

«We are all becoming young!» says Peter. «I seem to be at school once again. But this is a lovely school! Much better than Elisha’s, the grumbler. Do you remember him, Philip? What did we not do to him! Remember the story of the tribes? “Say the towns of the tribes!”; “You did not say them in chorus… Repeat them…”; “Simon, you look like a sleeping frog. You are left behind. Start all over again”. O dear! My head was full of names of towns and villages of bygone days, and I knew nothing else. Instead here, one really learns! Do you know, Marjiam? One of these days your father will be going to sit his exams, now that he has learned…»

They all laugh while going towards Andrew and the women.


Notes

  1. tombeau d’Abraham : Hébron est assimilé à Mambré, dans la Genèse.
  2. Ziv (ou Iyyar), correspond à avril/mai.