The Writings of Maria Valtorta

265. Instructions aux douze apôtres, qui commencent leur ministère.

265. Instructions to the twelve apostles

265.1

Jésus et les apôtres sont assis à table dans la maison de Capharnaüm. Ils sont tous présents, ce qui montre que Judas, sa retraite finie, a rejoint ses compagnons. C’est le soir. La lumière du jour qui se meurt pénètre par la porte et par les fenêtres grandes ouvertes, laissant voir le passage du pourpre du crépuscule à un rouge violet foncé irréel, qui s’effrange à ses bords en effilochures d’une couleur violet ardoise qui se termine en gris. Cela me fait penser à une feuille de papier qu’on a jetée au feu, qui s’allume comme le charbon sur quoi elle est tombée, mais qui, sur ses bords, après la flambée, se recroqueville et s’éteint avec une couleur de plomb bleuâtre qui finit en un gris perle presque blanc.

« Il va faire chaud » dit Pierre d’un ton sentencieux en montrant le gros nuage qui couvre l’occident de ces couleurs. « De la chaleur, mais pas d’eau. C’est de la brume, pas un nuage. Moi, cette nuit, je vais dormir dans la barque pour être plus au frais.

– Non. Cette nuit, nous allons au milieu des oliviers. J’ai besoin de vous parler. Maintenant, Judas est revenu. C’est le moment de vous perfectionner. Je connais un endroit aéré. Nous y serons bien. Levez-vous et allons-y.

– C’est loin ? demandent-ils en prenant leurs manteaux.

– Non, très proche. A un jet de pierre de la dernière maison. Vous pouvez laisser vos manteaux. Prenez cependant l’amadou et un allume-feu pour y voir au retour. »

Ils sortent de la pièce du haut et descendent l’escalier après avoir salué le maître de maison et sa femme qui prennent le frais sur la terrasse.

Jésus tourne résolument le dos au lac et, après avoir traversé le village, il fait deux ou trois cents mètres parmi les oliviers d’une première petite colline qui se trouve derrière le village. Il s’arrête sur une butte qui, par sa situation dégagée et libre de tout obstacle, profite de tout l’air dont on peut jouir en cette nuit de chaleur étouffante.

265.2

« Asseyons-nous et soyez attentifs. L’heure est venue pour vous d’évangéliser. J’en suis à peu près au milieu de ma vie pu­blique pour préparer les cœurs à mon Royaume. Il est temps, désormais, que mes disciples prennent part eux aussi à la préparation de ce Royaume. Les rois agissent ainsi quand ils ont décidé de conquérir un royaume. Ils commencent par enquêter et fréquenter des personnes pour se rendre compte des réactions et les gagner à l’idée qu’ils poursuivent. Puis ils développent la préparation de l’entreprise en envoyant des éclaireurs sûrs dans les pays à conquérir. Ces éclaireurs sont de plus en plus nombreux jusqu’à ce que le pays soit bien connu, avec toutes ses particularités géographiques et morales. Cela fait, le roi parachève son œuvre en se proclamant roi du pays et en se faisant couronner. Le sang coule pour y arriver, car les victoires coûtent toujours du sang…

– Nous sommes prêts à combattre pour toi et à verser notre sang, promettent unanimement les apôtres.

– Je ne verserai pas d’autre sang que celui du Saint et des saints.

– Tu veux commencer la conquête par le Temple en faisant irruption à l’heure des sacrifices ?

– Ne divaguons pas, mes amis. L’avenir, vous le connaîtrez en son temps. Mais ne frémissez pas d’horreur. Je vous assure que je ne perturberai pas les cérémonies par la violence d’une irruption. Elles n’en seront pas moins bouleversées et il y aura un soir où la terreur empêchera les prières rituelles. La terreur des pécheurs. Mais moi, ce soir-là, je serai en paix. En paix, spirituellement et physiquement. Une paix totale, bienheureuse… »

Jésus regarde les Douze, un par un, et c’est comme s’il regardait à douze reprises la même page et y lisait à douze reprises le mot qui y est inscrit : incompréhension. Il sourit et poursuit.

265.3

« J’ai donc décidé de vous envoyer pour pénétrer plus avant et plus à fond que je ne pourrais le faire tout seul. Cependant, entre ma manière d’évangéliser et la vôtre, il y aura des différences imposées par la prudence dont je dois faire preuve pour ne pas vous exposer à de trop grandes difficultés, à des dangers trop sérieux pour votre âme et aussi pour votre corps, et pour ne pas nuire à mon oeuvre.

Vous n’êtes pas encore assez formés pour pouvoir aborder n’importe qui sans dommage pour vous ou pour lui, et vous êtes encore moins héroïques, au point de défier le monde par l’Idée en allant au devant des vengeances du monde. Aussi, dans vos tournées, vous n’irez pas me prêcher chez les païens et n’entrerez pas dans les villes de samaritains, mais vous irez vers les brebis perdues de la maison d’Israël. Il y a encore beaucoup à faire auprès d’elles : en vérité, je vous dis que les foules qui vous paraissent si nombreuses autour de moi sont la centième partie de celles qui, en Israël, attendent encore le Messie, mais ne le connaissent pas et ne savent pas qu’il est vivant. Portez-leur la foi et faites-leur connaître ma personne.

Sur votre chemin, prêchez en disant : “ Le Royaume des Cieux est proche. ” Que ce soit la base de ce que vous annoncerez. Appuyez sur elle toute votre prédication. Vous m’avez tant entendu parler du Royaume ! Vous n’avez qu’à répéter ce que je vous ai dit. Mais l’homme, pour être attiré et convaincu par les vérités spirituelles, a besoin de douceurs matérielles comme s’il était un éternel enfant qui n’étudie pas une leçon et n’apprend pas un métier s’il n’est pas alléché par quelque gâterie de sa mère ou par une récompense de son maître d’école ou d’apprentissage. Moi, afin que vous ayez le moyen que l’on vous croie et qu’on vous recherche, je vous accorde le don du miracle… »

Les apôtres, hormis Jacques, fils d’Alphée, et Jean, bondissent sur leurs pieds en criant, protestant, s’exaltant, chacun selon son tempérament. En fait, il n’y a guère que Judas à se pavaner à l’idée de faire un miracle : avec le peu de considération qu’il a pour porter une telle accusation fausse et intéressée, il s’écrie :

« Il était temps pour nous aussi d’en faire, pour que nous ayons un minimum d’autorité sur les foules ! »

Jésus le regarde en silence. Pierre et Simon le Zélote, qui sont en train de dire : « Non, Seigneur ! Nous ne sommes pas dignes d’une si grande chose ! Cela revient aux saints », interviennent contre Judas :

Simon le Zélote dit :

« Comment te permets-tu de faire un reproche au Maître, homme sot et orgueilleux ? »

Et Pierre ajoute :

« Le minimum ? Et que veux-tu faire de plus qu’un miracle ? Devenir Dieu, toi aussi ? As-tu la même démangeaison que Lucifer ?

– Silence ! » intime Jésus.

Il poursuit :

« Il y a quelque chose d’encore plus grand qu’un miracle et qui convainc également les foules, avec plus de profondeur et de durée : une vie sainte. Mais vous en êtes encore loin et toi, Judas, plus que les autres. Mais laissez-moi parler, car c’est une longue instruction.

265.4

Allez donc, guérissez les malades, purifiez les lépreux, ressuscitez les morts du corps et de l’âme, car le corps et l’âme peuvent être également malades, lépreux, morts. Et sachez, vous aussi, comment on s’y prend pour accomplir un miracle : par une vie de pénitence, une prière fervente, un désir sincère de faire briller la puissance de Dieu, une humilité profonde, une charité vivante, une foi ardente, une espérance qui ne se trouble pas devant les difficultés d’aucune sorte. En vérité, je vous dis que tout est possible à celui qui possède en lui ces éléments. Même les démons s’enfuiront quand vous prononcerez le Nom du Seigneur, si vous avez cela en vous. Ce pouvoir vous est donné par moi et par notre Père. Il ne s’achète pas à prix d’argent. Seule notre volonté l’accorde et seule une vie juste le maintient. Mais comme il vous est donné gratuitement, donnez-le gratuitement aux autres, à ceux qui en ont besoin. Malheur à vous si vous rabaissez le don de Dieu en le faisant servir à remplir votre bourse. Ce n’est pas votre puissance, c’est la puissance de Dieu. Servez-vous-en, mais n’en faites pas votre propriété en prétendant : “ Elle m’appartient. ” Comme elle vous est donnée, elle peut vous être retirée.

Il y a un instant, Simon-Pierre a dit à Judas : “ As-tu la même démangeaison que Lucifer ? ” Il a donné une juste définition. Dire : “ Je fais ce que Dieu fait parce que je suis comme Dieu ”, c’est imiter Lucifer. On connaît son châtiment… Nous savons aussi bien ce qui est arrivé aux deux du paradis terrestre qui mangèrent le fruit défendu, à l’instigation de l’Envieux qui voulait jeter d’autres malheureux dans son enfer, en plus des anges rebelles qui y étaient déjà, mais aussi à cause de leur démangeaison personnelle de parfait orgueil.

L’unique fruit de votre action qu’il vous soit permis de prendre, ce sont les âmes que vous conquerrez au Seigneur grâce à ces miracles et qui doivent lui être données. Voilà votre argent, rien d’autre. Dans l’autre vie, vous jouirez de ce trésor.

265.5

Allez, sans richesses. N’emportez ni or, ni argent, ni pièces de monnaie dans vos ceintures, ne prenez pas de sacs de voyage avec deux ou plusieurs vêtements, ni sandales de rechange, ni bâton de pèlerin ni armes humaines. Car, pour le moment, vos visites apostoliques seront courtes : nous nous retrouverons chaque veille de sabbat et vous pourrez changer vos vêtements humides de sueur sans avoir à emporter de vêtements de rechange. Nul besoin de bâton car le chemin est plus facile et ce qui sert sur les collines et les plaines est bien différent de ce qui sert dans les déserts ou sur les hautes montagnes. Pas besoin d’armes. Elles sont bonnes pour les hommes qui ne connaissent pas la sainte pauvreté et qui ignorent le divin pardon. Mais vous n’avez pas de trésors à garder et à défendre contre les voleurs. Le seul à craindre, l’unique larron pour vous, c’est Satan. Et lui, il se vainc par la constance et la prière, pas avec des épées et des poignards.

Si l’on vous offense, pardonnez. Si on vous dépouille de votre manteau, donnez aussi votre tunique. Restez même tout à fait nus par douceur et détachement des richesses, vous ne scandaliserez pas les anges du Seigneur, et pas non plus l’infinie chasteté de Dieu, car votre charité vêtirait d’or votre corps nu, la douceur vous ferait office de ceinture et pardonner au voleur vous donnerait un manteau et une couronne de roi. Vous seriez donc mieux vêtus qu’un roi. Et non pas d’étoffes corruptibles, mais d’une matière incorruptible.

Ne vous préoccupez pas de votre nourriture. Vous aurez toujours ce qui convient à votre condition et à votre ministère, car l’ouvrier mérite la nourriture qu’on lui apporte. Toujours. Si les hommes n’y pourvoyaient pas, Dieu lui-même pourvoirait aux besoins de son ouvrier. Je vous ai déjà montré que, pour vivre et pour prêcher, il n’est pas nécessaire d’avoir le ventre plein de la nourriture que l’on a avalée. C’est la destinée des animaux impurs dont la mission est de s’engraisser pour être tués et engraisser les hommes. Mais vous, vous ne devez alimenter que votre âme et celle d’autrui de nourritures qui apportent la sagesse. Or la Sagesse se dévoile à une âme que n’obscurcit pas l’excès de nourriture et à un cœur qui se nourrit des réalités surnaturelles. Vous n’avez jamais été aussi éloquents qu’après votre retraite sur la montagne[1]. Or vous ne mangiez alors que l’indispensable pour ne pas mourir. Et pourtant, à la fin de la retraite, vous étiez forts et joyeux comme jamais. N’est-ce pas vrai ?

265.6

Dans toute ville ou localité où vous entrerez, informez-vous sur qui mérite de vous accueillir. Non parce que vous êtes Simon, Judas, Barthélemy, Jacques, Jean ou un autre, mais parce que vous êtes les envoyés du Seigneur. Quand bien même vous seriez des rebuts, des assassins, des voleurs, des publicains, maintenant repentis et à mon service, vous méritez le respect parce que vous êtes mes envoyés. Je vais même plus loin : malheur à vous si vous n’avez que l’apparence d’être mes envoyés et si vous êtes intérieurement abjects et donnés à Satan. Malheur à vous ! C’est encore trop peu que l’enfer pour rétribuer votre duperie. Mais même si vous étiez ouvertement des envoyés de Dieu, mais secrètement des rebuts, des publicains, des voleurs, des assassins, et même si des soupçons s’éveillaient dans les cœurs à votre sujet, si ce n’est une quasi certitude, on vous devra encore honneur et respect parce que vous êtes mes envoyés. Le regard de l’homme doit dépasser l’intermédiaire, et voir l’envoyé et le but, voir Dieu et son œuvre au-delà de l’intermédiaire trop souvent défectueux. Ce n’est que dans les cas de fautes graves qui blessent la foi des cœurs, que moi aujourd’hui, puis mes successeurs, devrons décider de couper le membre corrompu. Il n’est pas permis, en effet, que les âmes des fidèles se perdent à cause d’un prêtre devenu un démon. Il ne sera jamais permis, pour cacher les plaies qui pourraient naître dans le corps apostolique, d’autoriser des corps gangrenés à y survivre alors qu’ils éloignent les fidèles par leur aspect répugnant et les empoisonnent par leur puanteur démoniaque.

Vous prendrez donc des renseignements sur la famille dont la vie est la plus correcte, là où les femmes savent rester à part, et où les mœurs sont intègres. Vous entrerez là et y demeurerez jusqu’à votre départ de la localité. N’imitez pas les faux bourdons qui, après avoir butiné une fleur, passent à une autre plus nourrissante. Vous, restez où vous êtes, que vous soyez pris en charge par des gens qui vous offrent bon gîte et bonne chère, ou par une famille qui n’est riche que de vertus. Ne cherchez jamais ce qui est “ le mieux ” pour le corps qui périt : au contraire, donnez-lui toujours ce qu’il y a de plus mauvais, en réservant tous les droits à votre âme. En outre – je vous le dis parce qu’il est bon que vous le fassiez –, donnez la préférence aux pauvres pour votre séjour, dès que vous le pourrez. Pour ne pas les humilier, en souvenir de moi qui suis et reste pauvre – et qui m’en fais gloire –, et aussi parce que les pauvres sont souvent meilleurs que les riches. Vous trouverez toujours des pauvres qui sont justes alors que vous aurez rarement l’occasion de trouver un riche sans injustice. Vous n’avez donc pas l’excuse de dire : “ Je n’ai trouvé de bonté que chez les riches ” pour justifier votre désir de confort.

En entrant dans une maison, employez ma salutation, qui est la plus douce qui soit. Dites : “ Que la paix soit avec vous, que la paix soit dans cette demeure ” ou bien : “ Que la paix vienne dans cette maison. ” Car, en tant qu’envoyés de Jésus et de la Bonne Nouvelle, vous portez la paix, et votre arrivée à un endroit y apporte la paix. Si la maison en est digne, la paix viendra et demeurera en elle ; si elle n’en est pas digne, la paix reviendra vers vous. Cependant, efforcez-vous d’être pacifiques pour que vous ayez Dieu pour Père. Un père aide toujours. Alors, aidés par Dieu, vous ferez et ferez bien toutes choses.

Il peut arriver aussi – c’est même certain – que telle ville ou telle maison ne vous reçoive pas : les gens ne voudront pas écouter vos paroles, vous chasseront, vous tourneront en dérision ou même vous poursuivront à coups de pierres comme des prophètes de malheur. C’est alors que vous aurez plus que jamais besoin de vous montrer pacifiques, humbles, doux dans votre manière de vivre. Car, sinon, la colère prendra le dessus et vous pécherez en scandalisant ceux que vous devez convertir et en augmentant leur incrédulité. Alors que si vous acceptez avec paix l’offense de vous voir chassés, ridiculisés, poursuivis, vous convertirez par la plus belle des prédications : la prédication silencieuse de la vraie vertu. Vous retrouverez un jour les ennemis d’aujourd’hui sur votre chemin, et ils vous diront : “ Nous vous avons recherchés, car votre manière d’agir nous a persuadés de la vérité que vous annoncez. Veuillez nous pardonner et nous accueillir comme disciples. Car nous ne vous connaissions pas, mais maintenant nous savons que vous êtes saints ; et, si vous êtes saints, vous devez être les envoyés d’un saint, et nous croyons maintenant en lui. ” Mais en sortant de la ville ou de la maison où vous n’avez pas été accueillis, secouez jusqu’à la poussière de vos sandales pour que l’orgueil et la dureté de ce lieu ne s’attache même pas à vos semelles. En vérité, je vous le dis : au jour du Jugement, Sodome et Gomorrhe seront traitées moins durement que cette ville.

265.7

Je vous envoie comme des brebis parmi les loups. Soyez donc prudents comme des serpents et simples comme des colombes. Car vous savez comment le monde, qui en vérité compte plus de loups que de brebis, agit de même avec moi, qui suis le Christ. Moi, je puis me défendre par ma puissance, et je le ferai jusqu’à ce que vienne l’heure du triomphe provisoire du monde. Mais vous, vous n’avez pas cette puissance, et vous avez besoin de davantage de prudence et de simplicité. Il vous faut donc plus de sagacité pour éviter actuellement prisons et flagellations.

Pour le moment, en vérité, vous avez beau affirmer que vous voudriez donner votre sang pour moi, vous ne supportez même pas un regard ironique ou coléreux. Plus tard, vous serez forts comme des héros contre toutes les persécutions, plus forts que des héros, d’un héroïsme inconcevable pour le monde, inexpli­cable, et qu’on qualifiera de “ folie ”. Non, ce ne sera pas de la folie ! Ce sera l’identification de l’homme à l’Homme-Dieu, par la force de l’amour, et vous saurez faire ce que j’aurai déjà fait. Pour comprendre cet héroïsme, il faudra le voir, l’étudier et le juger d’un point de vue surnaturel. Car c’est une chose surnaturelle qui dépasse toutes les limites de la nature humaine. Mes héros seront des rois, des rois de l’esprit, éternellement rois et héros…

En ce temps-là, on mettra la main sur vous et on vous arrêtera, on vous traînera devant les tribunaux, devant les chefs et les rois pour qu’ils vous jugent et vous condamnent pour ce qui est un grand péché aux yeux du monde : être les serviteurs de Dieu, les ministres et les défenseurs du bien, les maîtres des vertus. A cause de cela, vous serez flagellés et punis de mille façons jusqu’à subir la mort. Et vous me rendrez témoignage devant les rois, les présidents de tribunaux, les nations, confessant par votre sang que vous aimez le Christ, le vrai Fils du vrai Dieu.

Quand vous serez entre leurs mains, ne vous préoccupez pas de ce que vous devrez répondre et de ce que vous aurez à dire. N’éprouvez alors aucune peine, si ce n’est de l’affliction à l’égard des juges et des accusateurs que Satan dévoie au point de les rendre aveugles à la vérité. Les paroles à dire vous seront données à ce moment-là. Votre Père vous les mettra sur les lèvres, car ce ne sera pas vous qui parlerez alors pour convertir à la foi et professer la vérité, mais ce sera l’Esprit de votre Père qui parlera en vous.

265.8

Le frère donnera la mort à son frère, le père à son fils, les enfants se dresseront contre leurs parents et les feront mourir. Non, ne vous évanouissez pas et ne vous scandalisez pas ! Répondez-moi. Pour vous, quel est le plus grand crime : tuer un père, un frère, un enfant ou Dieu lui-même ?

– Dieu, on ne peut le tuer, dit sèchement Judas.

– C’est vrai. C’est un Esprit qu’on ne peut saisir » confirme Barthélemy.

Même s’ils se taisent, les autres sont du même avis.

« Moi, je suis Dieu et je suis chair, dit calmement Jésus.

– Personne ne pense à te tuer, réplique Judas.

– Je vous en prie : répondez à ma question.

– Mais il est plus grave de tuer Dieu ! Cela va de soi !

– Eh bien, Dieu sera tué par l’homme, dans sa chair d’Homme-Dieu et dans l’âme de ceux qui tueront l’Homme-Dieu. Donc, de même qu’on arrivera à ce crime sans que son auteur en éprouve de l’horreur, on en arrivera pareillement au crime des pères, des frères, des fils, contre les fils, les frères, les pères.

265.9

Vous serez haïs de tous à cause de mon Nom, mais celui qui aura persévéré jusqu’à la fin sera sauvé. Quand ils vous persécuteront dans une ville, fuyez dans une autre, non par lâcheté, mais pour donner le temps à l’Eglise du Christ qui vient de naître d’arriver à l’âge, non plus d’un bébé faible et incapable, mais à l’âge de la majorité où elle sera capable d’affronter la vie et la mort sans craindre la Mort. Ceux à qui l’Esprit conseillera de fuir, qu’ils fuient, tout comme j’ai fui quand j’étais tout petit. En vérité, toutes les vicissitudes de ma vie d’homme se répéteront dans la vie de mon Eglise. Toutes : depuis le mystère de sa formation à l’humilité des premiers temps, jusqu’aux troubles et aux embûches qu’amènera la férocité des hommes, jusqu’à la nécessité de fuir pour continuer à exister, depuis la pauvreté et le travail assidu, jusqu’à beaucoup d’autres épreuves que je vis actuellement ou que je souffrirai par la suite, avant de parvenir au triomphe éternel. Pour ceux, au contraire, à qui l’Esprit conseille de rester, qu’ils restent, car s’ils meurent, ils vivront et seront utiles à l’Eglise. En effet, ce que l’Esprit de Dieu conseille est toujours un bien.

265.10

En vérité, je vous assure que vous ne finirez pas, vous et vos successeurs, de parcourir les rues et les villes d’Israël avant que ne vienne le Fils de l’Homme. Car Israël, à cause de son redoutable péché, sera dispersé comme de la paille saisie par un tourbillon, et disséminé sur toute la terre. Des siècles et des millé­naires, l’un après l’autre, et davantage encore, se succéderont avant qu’il soit finalement rassemblé sur l’aire d’Arauna le Jébuséen[2]. A chaque tentative avant l’heure marquée, il sera de nouveau pris par le tourbillon et dispersé, car Israël devra pleurer son péché pendant autant de siècles qu’il y a de gouttes qui pleuvront des veines de l’Agneau de Dieu immolé pour les péchés du monde. Et mon Eglise devra aussi, elle qui aura été frappée par Israël en moi et en mes apôtres et disciples, ouvrir ses bras de mère et chercher à rassembler Israël sous son manteau comme le fait une poule pour ses poussins qui se sont éloignés. Quand Israël sera tout entier sous le manteau de l’Eglise du Christ, alors je viendrai.

265.11

Mais cela, c’est l’avenir. Parlons du futur immédiat.

Rappelez-vous que le disciple n’est pas au-dessus de son maître, ni le serviteur au-dessus de son patron. Qu’il suffise par conséquent au disciple d’être comme son maître – c’est déjà un honneur immérité – et le serviteur comme son Patron et c’est déjà de la bonté surnaturelle de vous accorder qu’il en soit ainsi.

S’ils ont traité le Maître de maison de Belzébuth, comment appelleront-ils ses serviteurs ? Et les serviteurs pourront-ils se révolter si le Maître, au lieu de se révolter, de haïr et de maudire, reste calme dans sa justice et continue ses œuvres, en remettant le jugement à un autre moment quand après avoir tout essayé pour les convaincre, il aura constaté en eux l’obstination dans le mal ? Non. Les serviteurs ne pourront pas faire ce que leur Maître ne fait pas, ils devront au contraire l’imiter en pensant qu’ils sont eux aussi des pécheurs, alors que lui était sans péché. Ne craignez donc pas ceux qui vous traiteront de “ démons ”. Il viendra un jour où la vérité sera connue, et on verra alors qui était le “ démon ” : vous ou eux.

Il n’est rien de caché qui ne doive être révélé, et rien de secret qui ne doive être connu. Ce que je vous dis maintenant dans les ténèbres et en secret, car le monde n’est pas digne de connaître toutes les paroles du Verbe – il n’en est pas encore digne et il n’est pas temps de le dire aussi aux personnes indignes –, vous, quand viendra l’heure où tout devra être connu, dites-le en plein jour, proclamez du haut des toits ce que je vous dis maintenant tout bas en m’adressant davantage à votre âme qu’à votre oreille. Car alors, le monde aura été baptisé par le Sang, et Satan aura contre lui un étendard grâce auquel le monde pourra, s’il le veut, comprendre les secrets de Dieu, alors que Satan ne pourra nuire qu’à ceux qui désirent sa morsure et la préfèrent à mon baiser. Mais huit parties du monde sur dix ne voudront pas comprendre. Seule la minorité voudra tout savoir pour suivre tout mon enseignement. Peu importe. Comme on ne peut séparer ces deux parties saintes de la masse injuste, prêchez aussi du haut des toits ma Doctrine, prêchez-la du haut des montagnes, sur les mers infinies, dans les entrailles de la terre. Quand bien même les hommes ne l’écouteraient pas, les divines paroles seront recueillies par les oiseaux et les vents, les poissons et les flots, et les entrailles de la terre en garderont l’écho pour les répéter aux sources, aux minéraux, aux métaux, et tous en profiteront car eux aussi ont été créés par Dieu pour servir d’escabeau à mes pieds et être une joie pour mon cœur.

Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent tuer l’âme : craignez seulement celui qui peut envoyer votre âme à la perdition et, au jugement dernier, la réunir au corps ressuscité pour les jeter dans les feux de l’enfer. N’ayez pas peur. Ne vend-on pas deux passereaux pour un sou ? Pourtant, pas un ne tombera sans la permission du Père, malgré tous les pièges de l’homme. N’ayez donc pas peur. Mon Père vous connaît. Il connaît le nombre de cheveux que vous avez sur la tête. Vous valez plus qu’une multitude de passereaux ! Et je vous assure que qui­conque me reconnaîtra devant les hommes, je le reconnaîtrai, moi aussi, devant mon Père qui est dans les Cieux. Mais quiconque m’aura renié devant les hommes, à mon tour je le renierai devant mon Père. Reconnaître, ici, signifie suivre et mettre en pratique ; renier signifie abandonner mon chemin par lâcheté, à cause de la triple concupiscence, par quelque calcul mesquin, ou encore à cause d’une affection humaine envers l’un des vôtres qui m’est opposé. Car cela se produira.

265.12

N’allez pas croire que je sois venu établir la concorde sur la terre et pour la terre. Ma paix est plus élevée que les paix faites par calcul pour se tirer d’affaire jour après jour. Je ne suis pas venu apporter la paix mais le glaive, le glaive tranchant pour couper les lianes qui retiennent dans la boue et ouvrir les chemins aux vols du surnaturel. Je suis venu opposer le fils au père, la fille à la mère, la bru à la belle-mère. Car je suis celui qui règne et qui a tous les droits sur ses sujets. Personne n’est plus grand que moi quand il s’agit des droits sur les affections. Car c’est en moi que tous les amours se centralisent et se subliment : je suis Père, Mère, Epoux, Frère, Ami et je vous aime comme tel, et comme tel je dois être aimé. Et quand je dis : “ Je veux ”, il n’y a pas de lien qui puisse résister et la créature est mienne. C’est moi qui l’ai créée avec le Père, c’est par moi-même que je la sauve et j’ai le droit de la posséder.

En vérité, les ennemis de l’homme, ce sont, en plus des démons, les hommes eux-mêmes ; et les ennemis de l’homme nouveau, du chrétien, ce seront les membres de sa famille par leurs lamentations, leurs menaces ou leurs supplications. Par conséquent, celui qui aimera désormais son père et sa mère plus que moi n’est pas digne de moi, celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi. Celui qui ne prend pas sa croix quotidienne, multiforme, faite de résignation, de renoncements, d’obéissances, d’héroïsmes, de douleurs, de maladies, de deuils, de tout ce qui manifeste la volonté de Dieu ou une épreuve qui vient de l’homme, et ne me suit pas avec elle, n’est pas digne de moi. Celui qui tient compte de sa vie sur terre plus que de sa vie spirituelle, perdra la vraie vie. Mais celui qui aura perdu sa vie sur terre par amour pour moi la retrouvera, éternelle et bienheureuse.

265.13

Qui vous accueille, m’accueille. Qui m’accueille, reçoit Celui qui m’a envoyé. Qui accueille un prophète en tant que prophète, recevra une récompense proportionnée à la charité dont il fait preuve à l’égard du prophète. Qui accueille un juste en tant que juste, recevra une récompense proportionnée à la charité dont il fait preuve à l’égard du juste. En voici la raison : celui qui, dans un prophète reconnaît un prophète, montre qu’il est prophète lui aussi, c’est-à-dire très saint, car l’Esprit de Dieu le tient dans ses bras ; et celui qui aura reconnu un juste comme juste, prouve que lui-même est juste, car les âmes qui se ressemblent se recon­naissent. Il sera donc donné à chacun selon sa justice.

Mais à qui aura donné même une seule coupe d’eau pure à l’un de mes serviteurs, fût-il le plus petit – les serviteurs de Jésus sont tous ceux qui le prêchent par une vie sainte, et les rois peuvent l’être comme les mendiants, les sages comme ceux qui ne savent rien, les vieillards comme les tout-petits, car à tous les âges et dans toutes les classes on peut être mes disciples –, qui donc aura donné à un de mes disciples ne serait-ce qu’une coupe d’eau en mon nom et parce que c’est mon disciple, en vérité je vous le dis, il ne perdra pas sa récompense.

265.14

Voilà, j’ai parlé. Maintenant prions et rentrons à la maison. Vous partirez à l’aube, de la façon suivante : Simon avec Jean, Simon le Zélote avec Judas, André avec Matthieu, Jacques, fils d’Alphée, avec Thomas, Philippe avec Jacques, fils de Zébédée, Jude, mon frère, avec Barthélemy. Voilà pour cette semaine. Puis je vous donnerai un nouvel ordre. Prions. »

Et ils prient à haute voix…

265.1

Jesus is sitting at the table in the house in Capernaum with all His disciples, which means that Judas has joined his companions after fulfilling his task. It is evening. The light of the fading day enters from the door and the wide open windows through which it is possible to see the purple of sunset change into unreal violet-red, the borders of which fray crumpling up into a violet-slate that pales into grey. It puts me in mind of a sheet of paper thrown onto a fire: it lights up and as soon as it stops burning, its edges crumple up and become a leaden bluish shade, which fades into an almost white pearly grey.

«It’s warm» states Peter, pointing at a huge cloud which tinges the west with those shades. «Warm. But no rain. That’s not a cloud, it’s fog. Tonight I am going to sleep in the boat, where it is cooler.»

«No. Tonight we are going to the olive-groves. I must speak to you. Judas is now back. It is time for Me to speak to you. I know an airy spot, where we shall be comfortable. Get up and let us go.»

«Is it far?» they ask picking up their mantles.

«No. It is very near. Within a stone’s throw by sling from the last house. You may leave your mantles. But take tinder and flint so that we can see our way when coming back.»

They come out of the upstairs room and go downstairs bidding good night to the landlord and his wife who are enjoying the cool air on the terrace. Jesus walks resolutely in the opposite direction from the lake and, after crossing the village, He proceeds for about two or three hundred yards into an olive-grove on the first hillock behind the village. He stops on a projection of earth that, because of its position free from obstacles, enjoys all the air possible in that sultry night.

265.2

«Let us sit down, and pay attention to Me. The hour of evangelization has come. I am about half way through My public life, preparing hearts for My Kingdom. It is now time that My apostles also take part in the preparation of this Kingdom. That is what kings do when they decide to conquer a kingdom. First they make investigations and approach people to find out their reaction and win them to the plan they are pursuing. Later they enlarge their preparatory work by means of reliable messengers sent to the country to be conquered. And they send more and more of them until all the geographical and moral details of the whole country are known. After that the king completes his work by proclaiming himself king of that country and being crowned as such. And much blood is shed to achieve that. Because victories always cost blood…»

«We are ready to fight for You and shed our blood» promise the apostles by one consent.

«I will shed no blood but that of the Holy One and of saints.»

«Do You wish to begin Your conquest starting from the Temple, storming it at the hour of the sacrifice?…»

«Let us not stray, My friends. You will be informed of the future in due course. But do not shudder with horror. I assure you that I will not upset the ceremonies by means of a violent irruption. And yet they will be upset and there will be one evening when terror will prevent the ritual prayer. The terror of sinners. But I shall be in peace that evening. In peace with both My spirit and My body. A total blissful peace…»

Jesus looks at His twelve apostles one by one and it is the same as if He looked at the same page twelve times and read for twelve times the one word written on it: incomprehension. He smiles and continues.

265.3

«I have decided to send you so that you may penetrate further ahead and more widely than I can do by Myself. But for prudential reasons I will ensure that there is a difference between your way of evangelizing and Mine, because I do not want to put you in too difficult situations, which could be too seriously dangerous for your souls and bodies, and also because I do not wish to jeopardise My own work. You are not as yet perfected to the point of being able to approach anyone without being damaged or without damaging, and least of all are you heroic to the extent of defying the world on behalf of the Idea, facing the revenge of the world. So, when you go about preaching Me, do not go among Gentiles and do not enter the towns of Samaritans, but go to the lost sheep of the house of Israel. There is so much to be done amongst them, because I solemnly tell you that the crowds that you think are so numerous around Me, are the hundredth part of those who are still waiting for the Messiah in Israel and they do not know Him, neither do they know that He is living amongst them. Take faith in Me to them and the knowledge of Me. On your way preach saying: “The Kingdom of Heaven is near”. Let that be your basic announcement supporting all your preaching… You have heard Me speak so much of the Kingdom! All you need to do is repeat what I told you. But man, to be attracted by and convinced of spiritual truth, needs material kindness, as if he were an eternal boy who will not study a lesson or learn a trade unless he is attracted by a sweet from his mother, or a reward from his school master, or his trade tutor. In order to let you have the means to be believed and sought after, I will grant you the gift of working miracles…»

The apostles jump to their feet, with the exception of James of Alphaeus and John, shouting, protesting, becoming excited, each reacting according to his temperament. Really, the only one strutting about at the idea of working miracles is the Iscariot, who with the foolhardiness of false and selfishly motivated interest exclaims: «It was time that we should do that to have the least authority over the crowds!»

Jesus looks at him but does not say anything. Peter and the Zealot who were saying: «No, Lord! We are not worthy of so much! That is due to saints», contradict Judas, as the Zealot says: «Why do you take the liberty of reproaching the Master, you silly proud man?» and Peter adds: «The least authority? And what do you want to do more than work miracles? Do you want to become God as well? Have you got the same itch Lucifer had?»

«Silence!» orders Jesus. And He continues: «There is one thing that is even greater than miracles and equally convinces the crowds, but more deeply and durably: a holy life. But you are far from that, and you, Judas, are farther than the rest. But let Me speak because My instruction is a long one.

265.4

Go therefore, curing sick people, cleansing lepers, raising bodies and spirits from the dead, because bodies and spirits can be sick, leprous, dead as well. And you are already aware how a miracle is worked: through a life of penance, fervent prayer, sincere desire to glorify the power of God, deep humbleness, living charity, burning faith, and through hope that no kind of difficulty can upset. I solemnly tell you that everything is possible to those who have such virtues. Demons also will flee before the Name of the Lord pronounced by you, if you have within you what I said. That power is given to you by Me and by our Father. No money can buy it. Only our Will grants it, only a just life keeps it. As it is given to you gratuitously, so gratuitously give it to others, to the needy. Woe betide you if you depreciate the gift of God by using it to fatten your purse. It is not your power: it is the power of God. Make use of it, but do not take possession of it, saying: “It is mine”. As it is given to you, so it can be taken away from you. Simon of Jonah a little while ago said to Judas of Simon: “Have you got the same itch as Lucifer had?” He gave a correct definition. To say: “I do what God does because I am like God” is to imitate Lucifer. And his punishment is well known. Equally known is what happened to the two progenitors who in the earthly paradise ate the forbidden fruit, through instigation of the Envious One, who wanted to imprison more unhappy souls in his Hell, besides the rebellious angels already there, but also through their own itch of perfect pride. The only fruit you are allowed to take from what you do are the souls whom you will conquer for the Lord by means of the miracle and who are to be given to the Lord. That is your money. Nothing else. You will enjoy your treasure in the next life.

265.5

Go without riches. Do not take with you gold, or silver, or money in your purses, or a travel bag with two or more tunics or spare shoes, or pilgrim’s staff, or weapons. Because for the time being your apostolic visits will be short ones and every Sabbath eve we shall meet and you will be able to change your sweated garments without having to take spare ones with you. No staff is required because it is more pleasant to walk without, and what is useful on hills and plains is different from what is useful in deserts and on high mountains. No weapon is needed. Weapons are useful to men who do not know what is holy poverty or divine forgiveness. You have no treasures to protect and defend from robbers. The only robber you must fear is Satan. And he is defeated by perseverance and prayer, not by swords and daggers. Forgive those who offend you. If anyone should rob you of your mantle, give him your tunic as well. If you should remain completely nude because of your mildness and detachment from riches, you will not scandalise the angels of the Lord or the infinite chastity of God, because your charity would clothe your nude body with gold and your mildness would adorn you like a sash, while your forgiveness towards the robber would give you a royal mantle and crown. You would therefore be better dressed than a king: not with corruptible clothes, but with imperishable material.

Do not worry about your food. You will always have what is appropriate for your condition and your ministry, because a worker is always worthy of the food that is offered to him. And if men should not provide for the worker, God will. I have already proved to you that to live and preach it is not necessary to have your stomachs full of food. That is useful to unclean animals whose purpose in life is to grow fat and then be slaughtered to fatten men. But you must fatten your own souls and the souls of other people with the food of wisdom. And Wisdom is revealed to minds not made dull by guzzling and to hearts nourished with supernatural food. You have never been so eloquent as after the retreat on the mountain[1]. And then you ate only what was necessary to survive. And yet at the end of the retreat you were as strong and cheerful as you have never been before. Is that not true?

265.6

Whatever town or place you enter, find out who is deserving of receiving you. Not because you are Simon, or Judas, or Bartholomew, or James, or John, and so on. But because you are the messengers of the Lord. Even if you had been the dregs of society, or murderers, thieves, publicans, but now you were repentant and at My service, you would deserve respect because you are My messengers. I will say even more. I say: Woe betide you if outwardly you look like My messengers, whilst inwardly you are abject servants of Satan. Woe betide you! Hell would be too little compared to what your deceit deserves. But even if you were messengers of the Lord publicly, and at the same time the dregs of society, or publicans, thieves, murderers occultly, and people in their hearts suspected or were almost certain of that, you would still be entitled to honour and respect, because you are My messengers. The eye of man must see beyond the means, and see the messenger and the final purpose, that is God and His work, beyond the too often faulty means. Only in the case of serious sin, injuring the faith in hearts, I for the time being, My successors in future, will see that the bad limb is cut off. Because it is not lawful that the souls of believers should be lost through a demon priest. It will never be lawful, in order to hide the wounds affecting the apostolic body, to allow gangrenous limbs to survive in it, as their repugnant aspect drives people away and their demoniac stench is poisonous.

So you will find out which is the most righteously living family, where women know how to live in seclusion and morals are chaste. And you will enter that house and live there until you leave the place. Do not imitate drones, which after sucking a flower pass on to a more nourishing one. Whether you arrive among people with a splendid house and rich table, or you happen to go to a humble family, rich only in virtue, stay where you are. Never seek what is “better” for the perishable body. On the contrary, always give it what is worse, keeping all the rights for the spirit. And whenever possible, give your preference to the hospitality of the poor: I tell you because it is better to do so. Do so in order not to mortify them and in memory of Me, as I am and will remain poor and I boast of being poor, and also because very often the poor are better than the rich. You will always find poor people who are just, but only rarely you will find a rich man without any fault. You have no excuse in saying: “I found goodness only amongst the rich” in order to justify your keen desire for welfare.

When entering a house greet its inhabitants with My greeting, which is the kindest there is. Say: “Peace be with you. Let peace be in this house, or Let peace come to this house”. In fact, as messengers of Jesus and of the Gospel, you take peace with you and your going to one place is to make peace come to it. If the house is worthy of it, peace will come and remain in it; if it is not worthy of it, your peace will come back to you. So mind to be peaceful yourselves, in order to have God as your Father. A father always helps. And with the help of God you will do everything and everything well.

It may be, in fact it will certainly happen, that a town or house will not receive you or will not listen to your words, but will drive you away or ridicule you or will chase you throwing stones at you as boring prophets. In such cases you must be more than ever peaceful, humble and mild, having acquired such virtues as a habit of life. Otherwise you will be overwhelmed by anger and you will commit sin, scandalizing and increasing the incredulity of those you wish to convert. If instead, you peacefully accept the insult of being driven away, derided, chased, you will convert people by means of the most beautiful sermon: the silent sermon of true virtue. One day you will find on your way the enemies of today and they will say to you: “We have been looking for you because your behaviour has convinced us of the Truth that you announce. Please forgive us and accept us as your disciples. Because we did not know who you were, but now we know that you are saints. And if you are saints, you must be the messengers of a saint, and we now believe in Him”. But when leaving the town or the house where you were not received, shake the dust off your sandals, so that the pride and harshness of that place may not stick even to your soles. I solemnly tell you: “On Doomsday Sodom and Gomorrah will be dealt with less severely”.

265.7

Now: I am sending you like sheep among wolves. Be, therefore, as cunning as serpents and yet as harmless as doves. Because you are aware how the world, in which really there are more wolves than sheep, treats Me also, and I am the Christ. I can defend Myself by My power and I will do so until the hour of the temporary triumph of the world comes. But you do not possess that power and you need greater prudence and simplicity. Thus greater wisdom as well, to avoid being scourged and imprisoned for the time being.

In actual fact, notwithstanding your statement that you are willing to shed your blood on My behalf, you are not capable at present of putting up with an ironic or angry glance. But the time will come when you will be as strong as heroes against persecutions, even stronger than heroes and your heroism, which the world cannot conceive or explain, will be called: “madness”. No, it will not be madness! It will be the identification, through love, of man with the Man-God, and you will be able to do what I have already done. To understand this heroism it will be necessary to see it, study it and judge it from a heavenly level. Because it is something supernatural that is beyond all the limitations of human nature. Kings, the kings of the spirit will be My heroes, forever kings and heroes…

In those days they will arrest you laying hands on you, they will drag you before lawcourts, garrison commanders and kings, to Judge and condemn you for the great sin, in the eyes of the world, of being the servants of God, the ministers and guardians of Good, the masters of virtue. And for that same reason you will be scourged and punished in many ways and even killed. And you will give testimony of Me to kings, garrison commanders, nations, confessing with your blood that you love Christ, the True Son of the True God.

When you are in their hands do not worry about what you have to reply and what you have to say. Do not grieve then for anybody, but for the judge and accusers led astray by Satan to the extent of becoming blind to the Truth. You will be given the words to be spoken at the time. Your Father will put them on your lips because it is not you who will be speaking to convert people to your Faith and profess the Truth, but it will be the Spirit of the Father Who will speak in you.

265.8

Brother will then betray brother to death, and the father his child, and children will rise against their parents and have them put to death. Do not be shocked or scandalized! Tell Me: according to you is it a greater crime to kill a father, a son, a brother, or God Himself?»

«God cannot be killed» replies sharply Judas Iscariot.

«That is true. He is an invincible Spirit» confirms Bartholomew. And the others, although they do not speak, are all of the same opinion.

«I am God and I am Flesh» says Jesus calmly.

«No one is thinking of killing You» retorts the Iscariot.

«Please, reply to My question.»

«Of course, it is a graver crime to kill God!»

«Well: God will be killed by man, in the Flesh of the Man-God and in the soul of the murderers of the Man-God. So, as they will go so far as committing that crime, without the murderers being horrified at it, so the crimes of fathers, brothers and children, against children, brothers and fathers will be committed.

265.9

You will be hated by all men on account of My Name. But he who stands firm until the end will be saved. And when they persecute you in one town, take refuge in the next one. Not out of cowardice, but to give time to the new-born Church of Christ to reach the age, not of a weak incapable unweaned child, but an older age in which it will be able to face life and death without being afraid of Death. Let them flee who are advised by the Spirit to flee. As I fled when a child. Truly, all the vicissitudes of earthly life will be repeated in My Church. All of them. From the mystery of its formation to the humbleness of the early times, to the perturbation and snares brought about by cruel people, to the necessity of fleeing to continue to live, from poverty and unremitting work, to many more events that I am living now, that I will suffer later, before reaching My eternal triumph. On the other hand let those remain who are advised by the Spirit to remain. Because even if they are killed, they will live and be useful to the Church. Because what the Spirit of God advises is always good.

265.10

I solemnly tell you that you and your successors will not have covered all the roads and all the towns in Israel before the Son of Man comes. Because on account of its dreadful sin Israel will be scattered like chaff by a whirlwind, and will be spread all over the earth and centuries and millennia will go by before it is gathered again on the threshing-floor of Araunah the Jebusite[2]. Every time Israel will try to gather together, before the predetermined hour, it will be caught once again in the whirlwind and scattered, because Israel will have to weep for its sin for as many centuries as the drops of blood that will flow from the veins of the Lamb of God sacrificed for the sins of the world. And My Church, which will be struck by Israel in Me and in My apostles and disciples, will have to open its motherly arms and endeavour to gather Israel under its mantle, as a brooding hen does with its stray chickens. When the whole of Israel will be under the mantle of the church of Christ, then I will come.

265.11

But that applies to the future. Let us talk of the present.

Remember that the disciple is not superior to his Teacher, nor the slave to his Master. It is enough for the disciple to be like his Teacher, which is already an undeserved honour; and for a slave to be like his Master, and it is supernatural bounty to grant you that. If they have called the Landlord Beelzebub, what will they not say of the household? And will the slaves be able to rebel, if the Landlord does not rebel, does not hate or curse, but calm in his justice he continues to work, postponing judgement to another moment, when he sees them obstinate in Evil, after he has tried everything to persuade them? No. The slaves will not be able to do what the Master does not do, but they can imitate Him, considering that they are sinners, whereas He is without sin. So, be not afraid of those who will call you “demons”. The truth will be known one day and then it will be clear who was the “demon”, whether it was you or they.

There is nothing hidden that is not to be revealed, and nothing secret that is not to be known. What I now say to you in the dark and secretly, because the world is not worthy of knowing all the words of the Word, it is not yet worthy of that and it is not yet time to tell also those who are unworthy, when the time comes when everything is to be known, tell in daylight, proclaim from the house tops what I now whisper more to your souls than to your ears. Because the world then will have been baptised in Blood and there will be such a banner against Satan that the world, if it wishes so, will be able to understand the secrets of God, while Satan will not be able to injure anyone but those who wish to be bitten by him and prefer his bite to My kiss. But most of the world will not wish to understand. Only a minority will be willing to know everything in order to follow all My Doctrine. It does not matter. As it is not possible to separate that minority from the unjust mass, preach My Doctrine as well from house tops, preach it from mountain tops, on the boundless seas, in the bowels of the earth. Even if men will not listen to it, birds and winds, fish and waves will pick up the divine words and the bowels of the earth will keep their echo to repeat it to underground springs, minerals and metals, and they will all rejoice over them, because they have been created by God as well to be a stool for My feet and joy to My heart.

Do not be afraid of those who kill the body but cannot kill the soul, fear him rather who can lose your soul and unite it on Dooms-day to your body raised from death, to throw both into the fire of Hell. Be not afraid. Are two sparrows not sold for a penny? And yet, if your Father does not allow it, not one of them will fall to the ground notwithstanding all the snares of man. So be not afraid. The Father knows you. Every hair on your heads is known to Him. And you are worth more than many sparrows! And I tell you that if anyone acknowledges Me in the presence of men, I will acknowledge him in the presence of My Father Who is in Heaven. But the one who disowns Me in the presence of men, I will disown in the presence of My Father. To acknowledge means to follow and practice; to disown means to abandon My way out of cowardice, or treble concupiscence, or petty calculation, or attachment to a relative who opposes Me. Because that will happen.

265.12

Do not suppose that I have come to bring peace to the earth and for the earth. My Peace is above the selfish peace treaties for every day wangles. It is not peace I have come to bring, but a sword. A sharp sword to cut the lianas detaining people in mud and open the way to supernatural flights. I have come to set a man against his father, a daughter against her mother, a daughter-in-law against her mother-in-law. Because I am He Who reigns and has every right on His subjects. Because no one is greater than I am with regards to rights on affections. Because all love is centralised in Me and becomes thus sublime: I am Father, Mother, Husband, Brother Friend and I love you as such and as such I am to be loved. And when I say; “I want”, no tie can resist and that soul is Mine. I created it with the Father, I save it by Myself, so I am entitled to have it.

The real enemies of man are men, besides demons; and the enemies of the new man, of the Christian, will be his relatives at home, with their complaints, their threats or their entreaties. But from now on he who prefers his father and mother to Me, is not worthy of Me; he who prefers his son or daughter to Me, is not worthy of Me. He who does not take his cross daily, complex as it is, made of resignation, renunciation, obedience, heroism, sorrow, illness, mourning, made of anything that reveals the will of God or a test for man, and does not follow with it in My footsteps, is not worthy of Me. Anyone who appraises earthly life more than the spiritual one, will lose true Life. Anyone who loses his earthly life for My sake, will find an eternal blissful one.

265.13

Anyone who receives you, receives Me. He who receives Me receives Him Who sent Me. Anyone who receives a prophet as a prophet, will receive a reward proportionate to the charity offered to the prophet, he who receives a just man because he is just, will receive a prize proportionate to the just man. The reason is that he who acknowledges a prophet as such, must be a prophet himself, that is, very holy because he is held in the arms of the Spirit of God; and he who will acknowledge a just man as such proves that he is just as well, because like souls know one another. Thus, each will be given a reward according to justice.

And he who has given a glass of pure water to one of My servants, even if he were the least one — and they are servants of Jesus, all those who preach Him through their holy lives, and may be kings or beggars, wise men or people who know nothing, old people and babies, because all ages and all classes can be My disciples — he who has given a disciple of Mine even a glass of water in My name and because he is My disciple, I solemnly tell you that he will not go without a reward.

265.14

I have finished. Now let us pray and go home. You will leave at dawn as follows: Simon of Jonah with John, Simon Zealot with Judas Iscariot, Andrew with Matthew, James of Alphaeus with Thomas, Philip with James of Zebedee, My brother Judas with Bartholomew. That is for this week. I will let you have new instructions later. Let us pray.»

And they pray in loud voices…


Notes

  1. votre retraite sur la montagne pour l’élection des apôtres, aux chapitres 164-165.
  2. l’aire d’Arauna le Jébuséen rappelle la fin d’un fléau voulu par le Seigneur, en 2 S 24, 16-25 ; 1 Ch 21, 15-30.

Notes

  1. retreat on the mountain for apostolic election, in chapters 164-165.
  2. threshing-floor of Araunah the Jebusite remembers the end of a scourge sent by the Lord, in 2 Samuel 24:16-25; 1 Chronicles 21:15-30.