The Writings of Maria Valtorta

281. Au Temple pour la fête des Tentes.

281. In the Temple for the feast of the Tabernacles.

281.1

Jésus se dirige vers le Temple. Il est précédé par les disciples en petits groupes, et suivi par les femmes en groupe : sa Mère, Marie femme de Cléophas, Marie Salomé, Suzanne, Jeanne femme de Kouza, Elise de Béth-çur, Annalia de Jérusalem, Marthe et Marcelle. Marie de Magdala n’est pas là. Autour de Jésus, les douze apôtres et Marziam.

Jérusalem est dans la pompe de ses jours de solennité. Il y a du monde de toutes les régions et sur toutes les routes. Cantiques, discours, murmures de prières, imprécations des âniers, quelques pleurs de bébés et, au-dessus de tout cela, un ciel clair qui se montre entre les maisons et un soleil qui vient gaiement raviver les couleurs des vêtements et embraser les teintes mourantes des tonnelles et des arbres que l’on aperçoit ici et là au-delà des murs des jardins clos ou des terrasses.

Parfois, Jésus croise des personnes de sa connaissance et la salutation est plus ou moins respectueuse selon l’humeur de celui qu’il croise. C’est ainsi que celle de Gamaliel est profonde, mais condescendante. Ce dernier regarde fixement Etienne, qui lui sourit du groupe des disciples. Après s’être incliné devant Jésus, Gamaliel appelle Etienne à part et lui dit quelques mots, après quoi Etienne revient dans son groupe. La salutation du vieux chef de la synagogue Cléophas d’Emmaüs, qui se dirige avec ses concitoyens vers le Temple, est empreinte de vénération. La réponse des pharisiens de Capharnaüm à la salutation de Jésus est dure comme une malédiction.

281.2

Quant aux paysans de Yokhanan, conduits par l’intendant, ils se prosternent dans la poussière de la route en baisant les pieds de Jésus. La foule s’arrête pour observer avec étonnement ce groupe d’hommes qui, à un carrefour, se précipitent en criant aux pieds d’un homme jeune qui n’est ni un pharisien ni un scribe renommé, ni un satrape ni un courtisan puissant. Quelqu’un demande de qui il s’agit. Et un chuchotement se répand :

« C’est le Rabbi de Nazareth, celui dont on dit qu’il est le Messie. »

Prosélytes et païens l’entourent alors avec curiosité, poussant le groupe contre le mur, créant un encombrement dans la toute petite place, jusqu’à ce qu’un groupe d’âniers les disperse en maudissant l’obstruction. Mais aussitôt la foule se rassemble de nouveau, séparant les femmes des hommes, exigeante, brutale dans ses manifestations qui sont encore de la foi. Tout le monde veut toucher les vêtements de Jésus, lui dire un mot, l’interroger. Et c’est un effort inutile parce que leur hâte même, leur anxiété, leur agitation pour passer aux premiers rangs en se repoussant mutuellement fait que personne n’y parvient, et même les questions et les réponses se fondent en une rumeur inintelligible.

Le seul qui s’arrache à la scène, c’est le grand-père de Marziam, qui a répondu par un cri au cri de son petit-fils et, aussitôt après avoir vénéré le Maître, a serré l’enfant sur son cœur ; se tenant ainsi, appuyé sur les talons, les genoux à terre, il l’a assis sur son sein, l’admire et le caresse avec des larmes et des baisers joyeux, le questionne et l’écoute. Le vieillard est déjà au paradis, tant il est heureux.

Les soldats romains accourent, croyant qu’il y a quelque rixe et se frayent un passage. Mais quand ils voient Jésus, ils ont un sourire et se retirent tranquillement, se bornant à conseiller à l’assistance de laisser libre l’important carrefour. Jésus obéit aussitôt, profitant de l’espace libre qu’ont fait les romains qui le précèdent de quelques pas comme pour lui ouvrir le chemin, en réalité pour revenir à leur poste de garde ; la garnison romaine est en effet bien renforcée, comme si Pilate savait qu’il y a du mécontentement dans la foule et craignait quelque soulèvement en ces jours où Jérusalem est remplie de juifs venus de toutes parts. Et il est beau de le voir marcher ainsi, précédé du détachement romain comme un roi dont on dégage la route pendant qu’il se rend à ses propriétés.

En marchant, il a dit à l’enfant et au vieillard : « Restez ensemble et suivez-moi » et à l’intendant : « Je te prie de me laisser tes hommes. Ils seront mes hôtes jusqu’au soir. »

L’intendant répond avec déférence : « Qu’il soit fait en tout comme tu le désires » et, après une profonde salutation, il repart seul.

281.3

Il est désormais près du Temple – et le fourmillement de la foule, réellement comme des fourmis près de la fourmilière, est encore plus dense – lorsqu’un paysan de Yokhanan s’écrie : « Voilà le maître ! » et, imité par les autres, il tombe à genoux pour le saluer.

Jésus reste debout au milieu du groupe des paysans prostrés parce qu’ils étaient serrés autour de lui, et il tourne les yeux vers le point indiqué. Il rencontre le regard d’un pharisien richement vêtu, qui n’est pas nouveau pour moi, mais je ne sais pas où je l’ai vu.

Le pharisien Yokhanan est avec d’autres de sa caste : c’est tout un amoncellement d’étoffes précieuses, de franges, de fibules, de ceintures, de phylactères, tout cela plus ample que d’ordinaire. Il regarde attentivement Jésus : c’est un regard de pure curiosité mais pas irrévérencieux. Il fait même un geste de salut plutôt empesé : il incline tout juste la tête. Mais c’est toujours une salutation à laquelle Jésus répond avec déférence. Deux ou trois autres pharisiens saluent eux aussi, pendant que d’autres regardent avec mépris ou font semblant de regarder ailleurs, et un seul lance une insulte. C’est sûr, car je vois ceux qui entourent Jésus sursauter, et même Yokhanan se retourne tout d’un coup pour foudroyer du regard l’insulteur, un homme plus jeune que lui, aux traits marqués et durs.

Une fois ces hommes dépassés, les paysans osent parler, et l’un d’eux dit :

« C’est Doras, Maître, celui qui t’a maudit.

– Laisse-le faire. Je vous ai, vous, pour me bénir » dit calmement Jésus.

Manahen se tient appuyé, avec d’autres, à une archivolte. Dès qu’il voit Jésus, il lève les bras avec une exclamation de joie :

« C’est une agréable journée, puisque je te trouve ! »

Il s’avance vers Jésus, suivi de ceux qui l’accompagnent. Il le vénère sous l’archivolte ombragée où les voix résonnent comme sous une coupole.

Juste au moment où il le vénère, Simon et Joseph, les cousins de Jésus, passent tout près du groupe apostolique avec d’autres nazaréens… mais ils ne saluent pas… Jésus les regarde avec tristesse, mais ne dit mot.

Jude et Jacques, excités, se parlent l’un à l’autre. Jude s’enflamme d’indignation, puis il part en courant, sans que son frère puisse le retenir. Mais Jésus le rappelle d’un ton si impérieux : « Jude, viens ici ! » que le fils excité d’Alphée fait demi-tour…

« Laisse-les faire. Ce sont des semences qui n’ont pas encore senti le printemps. Laisse-les dans l’obscurité de la motte rétive. Je les pénétrerai quand même, même si la motte devient du jaspe qui enveloppe la semence. Je le ferai en temps voulu. »

Les gémissements de Marie, femme d’Alphée, désolée, s’élèvent plus fort que la réponse de Jude. C’est la longue plainte d’une personne humiliée… Mais Jésus ne se retourne pas pour la consoler bien que cette lamentation résonne nettement sous l’archivolte qui lui fait de multiples échos.

Il continue de parler avec Manahen qui lui dit :

« Ceux qui m’accompagnent sont des disciples de Jean. Ils veulent, comme moi, t’appartenir.

– Que la paix soit avec les bons disciples. Là, en avant, ce sont Mathias, Jean et Siméon, avec moi pour toujours. Je vous accueille comme je les ai accueillis, car tout ce qui me vient du saint Précurseur m’est cher. »

281.4

Après avoir rejoint l’enceinte du Temple, Jésus donne des ordres à Judas et à Simon le Zélote pour les achats et les of­frandes d’usage. Puis il appelle le prêtre Jean et dit :

« Toi qui appartiens à ce lieu, tu t’occuperas d’inviter quelque lévite que tu sais digne de connaître la vérité. Car vraiment, cette année, je peux célébrer une fête joyeuse. Jamais plus il n’y aura un jour aussi doux…

– Pourquoi, Seigneur ? demande le scribe Jean.

– Parce que je vous ai autour de moi, tous, présents visiblement ou spirituellement.

– Mais nous y serons toujours ! Et avec nous beaucoup d’autres » affirme avec véhémence l’apôtre Jean ; tous font chorus.

Jésus sourit et se tait pendant que le prêtre Jean part en avant avec Etienne dans le Temple pour exécuter l’ordre. Jésus leur crie par derrière :

« Rejoignez-nous au portique des Païens ! »

Ils entrent et rencontrent presque aussitôt Nicodème, qui salue profondément, mais ne s’approche pas de Jésus. Pourtant il échange avec Jésus un sourire entendu et paisible.

Pendant que les femmes s’arrêtent à l’endroit qui leur est permis, Jésus se rend avec les hommes à la prière à l’endroit réservé aux hébreux, puis il revient, après avoir accompli tous les rites, pour retrouver ceux qui l’attendent au portique des Païens.

Les portiques très vastes et très élevés sont remplis d’une foule qui écoute les instructions des rabbins. Jésus se dirige vers l’endroit où il voit arrêtés les deux apôtres et les deux disciples envoyés en avant. Aussitôt, on fait cercle autour de lui, et aux apôtres et disciples s’unissent de nombreuses personnes qui se tenaient ici et là dans la cour de marbre remplie de monde. La curiosité est telle que certains élèves des rabbins – je ne sais si c’est spontanément ou envoyés par les maîtres – s’approchent du cercle qui se presse autour de Jésus.

281.5

Jésus demande à brûle-pourpoint :

« Pourquoi vous serrez-vous autour de moi ? Dites-le-moi. Vous avez des rabbis connus et sages, bien vus de tout le monde. Moi, je suis l’Inconnu et le mal vu. Pourquoi donc venez-vous à moi ?

– Parce que nous t’aimons » disent certains, d’autres : « Parce que tu as des paroles différentes des autres », et d’autres en­core : « Pour voir tes miracles » ou « Parce que nous avons entendu parler de toi » ou encore « Parce que toi seul as des paroles de vie éternelle et des œuvres qui correspondent aux paroles » et enfin : « Parce que nous voulons nous unir à tes disciples. »

Jésus regarde les gens au fur et à mesure qu’ils parlent comme s’il voulait les transpercer par le regard pour lire leurs impressions les plus cachées, et certains, ne résistant pas à ce regard, s’éloignent ou bien se cachent derrière une colonne ou des gens plus grands qu’eux.

Jésus reprend :

« Mais savez-vous ce que cela veut dire et ce que cela impose de marcher à ma suite ? Je vais répondre à ces seules paroles, parce que la curiosité ne mérite pas qu’on lui réponde et parce que celui qui a faim de mes paroles me donne, en conséquence, son amour et désire s’unir à moi. Car, parmi ceux qui ont parlé, il y a deux groupes : les curieux, dont je ne m’occupe pas, et les volontaires que j’instruis, sans les tromper sur la sévérité de cette vocation.

281.6

Venir à moi comme disciple, cela veut dire renoncer à tous les amours pour un seul amour : le mien. L’amour égoïste pour soi-même, l’amour coupable pour les richesses, la sensualité ou la puissance, l’amour honnête pour son épouse, l’amour saint pour ses parents, l’amour affectueux des enfants et des frères ou pour les enfants et les frères, tout doit faire place à l’amour pour moi, si on veut être mien. En vérité, je vous dis que mes disciples doivent être plus libres que les oiseaux qui planent dans les cieux, plus libres que les vents qui parcourent les espaces sans que personne les retienne, personne ni rien. Libres, sans lourdes chaînes, sans lacets d’amour matériel, sans même les fils d’araignée fins des plus légères barrières. L’âme est comme un papillon délicat enfermé dans un lourd cocon de chair, et son vol peut s’alourdir ou s’arrêter complètement, par l’action d’une iridescente et impalpable toile d’araignée : l’araignée de la sensualité, du manque de générosité dans le sacrifice. Moi, je veux tout, sans réserve. L’âme a besoin de cette liberté de donner, de cette générosité de donner, pour pouvoir être certaine de ne pas rester prise dans la toile d’araignée des affections, des habitudes, des réflexions, des peurs, tendues comme autant de fils de cette araignée monstrueuse qu’est Satan, le voleur des âmes.

Si quelqu’un veut venir à moi et ne hait pas saintement son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et ses sœurs, et jusqu’à sa vie même, il ne peut être mon disciple. J’ai dit : “ hait saintement ”. Vous, dans votre cœur, vous dites : “ La haine – il l’enseigne lui-même –, n’est jamais sainte. Donc il se contredit. ” Non. Je ne me contredis pas. Je dis de haïr la pesanteur de l’amour, la passion charnelle de l’amour pour ses parents, son épouse et ses enfants, ses frères et sœurs, et sa vie elle-même, mais, d’autre part, j’ordonne d’aimer avec la liberté légère qui est le propre des âmes, ses parents et la vie. Aimez-les en Dieu et pour Dieu, en ne faisant jamais passer Dieu après eux, en vous occupant et vous préoccupant de les amener là où le disciple est arrivé, c’est-à-dire à Dieu Vérité. Ainsi vous aimerez saintement vos parents et Dieu, en conciliant les deux amours et en faisant des liens du sang, non pas un poids, mais une aile, non pas une faute, mais la justice.

Même votre vie, vous devez être prêts à la haïr pour me suivre. Hait sa vie celui qui, sans peur de la perdre ou de la rendre humainement triste, la consacre à mon service. Mais ce n’est qu’une haine apparente. Un sentiment appelé de manière incorrecte “ haine ”, par la pensée de l’homme qui ne sait pas s’élever, de l’homme uniquement terrestre, de peu supérieur à une brute. En réalité, cette haine apparente qui est le refus des satisfactions sensuelles à l’existence, pour donner une vie toujours plus grande à l’âme, c’est de l’amour. C’est de l’amour, le plus élevé qui soit, le plus béni.

Ce refus des basses satisfactions, cette interdiction de la sen­sualité des affections, ce risque de reproches et de commen­taires injustes, de punitions, de répudiations, de malédictions et, peut-être, de persécutions, est une suite de peines. Mais il faut les embrasser et se les imposer comme une croix, un gibet sur lequel on expie toutes les fautes passées pour aller justifiés vers Dieu. C’est ainsi qu’on obtient de Dieu toute grâce vraie, puissante, sainte, pour ceux que nous aimons. Celui qui ne porte pas sa croix et ne me suit pas, celui qui ne sait pas le faire, ne peut être mon disciple.

281.7

Réfléchissez-y donc bien, vous qui déclarez : “ Nous sommes venus parce que nous voulons nous unir à tes disciples. ” Il n’y a rien de honteux – c’est au contraire de la sagesse – à s’estimer, à se juger, à avouer à soi-même et aux autres : “ Je n’ai pas l’étoffe d’un disciple. ” Eh quoi ? Les païens ont, à la base de l’un de leurs enseignements, la nécessité de “ se connaître soi-même ”: et vous, juifs, vous ne sauriez pas le faire pour conquérir le Ciel ?

Car, rappelez-le-vous toujours, bienheureux ceux qui viendront à moi. Mais, plutôt que de venir pour ensuite me trahir, moi et Celui qui m’a envoyé, il vaut mieux ne pas venir du tout et rester les fils de la Loi comme vous l’avez été jusqu’à présent. Malheur à ceux qui, ayant dit : “ Je viens ”, nuisent plus tard au Christ en trahissant l’idée chrétienne et en scandalisant les petits, les gens honnêtes ! Malheur à eux ! Et pourtant, il y en aura toujours !

Imitez donc celui qui veut construire une tour. Il commence par calculer attentivement les dépenses nécessaires et il compte son argent pour voir s’il a de quoi l’achever, afin qu’après avoir fait les fondations il ne doive pas suspendre les travaux par manque d’argent. Dans ce cas, il perdrait même ce qu’il possédait avant, en restant sans tour et sans talents, et en échange il s’attirerait les moqueries du peuple qui dirait : “ Il a commencé à construire sans pouvoir finir. Maintenant, il peut se remplir l’estomac avec les ruines de sa construction inachevée ! ”

Imitez encore les rois de la terre, en faisant servir les pauvres événements du monde à un enseignement surnaturel. Quand ils veulent faire la guerre à un autre roi, ils examinent tout avec calme et attention, pèsent le pour et le contre, réfléchissent pour voir si l’intérêt de la conquête vaut le sacrifice de la vie des sujets. Ils étudient s’il est possible de conquérir ce lieu, si leurs troupes, inférieures de moitié en nombre à celles de leur rival, même si elles sont plus combatives, peuvent vaincre. S’ils estiment avec justesse qu’il est improbable que dix mille hommes viennent à bout de vingt mille, ils envoient à leur rival, avant le combat, une ambassade avec de riches présents ; ils apaisent leur rival, déjà inquiet des mouvements de troupes de l’autre, le désarment par des témoignages d’amitié, font disparaître ses soupçons et signent avec lui un traité de paix, en vérité toujours plus avantageux qu’une guerre, aussi bien humainement que spirituellement.

C’est ainsi que vous devez agir avant de commencer une nouvelle vie et de partir en guerre contre le monde. Car voici ce que être mes disciples implique : marcher contre le tourbillonnement et la violence de l’entraînement du monde, de la chair, de Satan. Et si vous ne vous sentez pas le courage de renoncer à tout par amour pour moi, ne venez pas à moi, parce que vous ne pouvez pas être mes disciples.

281.8

– C’est bien. Ce que tu dis est vrai » admet un scribe qui s’est mêlé au groupe. « Mais si nous nous dépouillons de tout, avec quoi allons-nous te servir ensuite ? La Loi a des commandements qui sont comme de la monnaie que Dieu donne à l’homme pour que, en s’en servant, il achète la vie éternelle. Tu dis : “ Renoncez à tout ” et tu indiques son père, sa mère, les richesses, les honneurs. Dieu a pourtant donné tout cela et il nous a dit, par la bouche de Moïse, de nous en servir saintement pour paraître justes aux yeux de Dieu. Si tu nous enlèves tout, qu’est-ce que tu nous donnes ?

– Le véritable amour, je l’ai dit, rabbi. Je vous donne ma doctrine qui n’enlève pas un iota à la Loi ancienne, mais au contraire la perfectionne.

– Dans ce cas, nous sommes tous des disciples égaux parce que nous avons tous les mêmes choses.

– Nous les avons tous selon la Loi de Moïse. Mais pas tous selon la Loi perfectionnée par moi selon l’amour. Tous n’atteignent pas, dans cette Loi, la même quantité de mérites. Même parmi les disciples qui m’appartiennent, tous n’arriveront pas à avoir une égale somme de mérites et certains, non seulement n’auront pas cette somme, mais perdront même leur unique monnaie : leur âme.

– Comment ? A qui on a donné davantage, il restera davan­tage. Tes disciples, ou mieux tes apôtres, te suivent dans ta mission et sont au courant de tes façons de faire, ils ont reçu énormément ; tes disciples effectifs ont beaucoup reçu, ceux qui ne sont dis­ciples que de nom, moins, et ceux qui, comme moi, ne t’é­coutent que par hasard, rien. Il est évident que les apôtres recevront énormément au Ciel, les disciples effectifs beaucoup, ceux qui ne le sont que de nom moins, ceux qui sont comme moi rien.

– Humainement c’est évident, et c’est faux aussi humainement. Car tous ne sont pas capables de faire fructifier les biens qu’ils ont reçus. Ecoute cette parabole et pardonne-moi si je développe trop ici mon enseignement. Mais je suis l’hirondelle de passage et je ne séjourne que peu de temps dans la Maison du Père, car je suis venu pour le monde entier et ce petit monde qu’est le Temple de Jérusalem ne veut pas me permettre de suspendre mon vol et de rester là où la gloire de Dieu m’appelle.

– Pourquoi dis-tu cela ?

– Parce que c’est la vérité. »

Le scribe regarde autour de lui et baisse la tête. Que ce soit la vérité, il le voit écrit sur trop de visages de membres du Sanhédrin, de rabbis et de pharisiens qui ont grossi de plus en plus le groupe qui entoure Jésus. Ce sont autant de visages verts de rage ou rouges de colère, de regards qui équivalent à des paroles de malédiction et à des crachats empoisonnés, de rancœur qui fermente de tous côtés, de désir de brutaliser le Christ – même si cela reste seulement un désir par peur de la foule qui entoure le Maître avec dévotion, prête à tout pour le défendre, peur aussi peut-être d’être punis par Rome, qui est bienveillante envers le doux Maître galiléen –.

281.9

Jésus se remet calmement à exposer sa pensée en parabole :

« Un homme qui allait entreprendre un long voyage et s’absenter longtemps appela tous ses serviteurs et leur confia tous ses biens. A l’un, il donna cinq talents d’argent, à un autre deux talents d’argent, à un troisième un seul talent, mais d’or. A chacun selon sa situation et son habileté. Puis il partit.

Alors le serviteur qui avait reçu cinq talents d’argent alla les faire valoir habilement et, après quelque temps, ils lui en rapportèrent cinq autres. Celui qui avait reçu deux talents d’argent fit la même chose et il doubla la somme qu’il avait reçue. Mais celui auquel le maître avait donné davantage, un talent d’or pur, paralysé par la peur de ne pas savoir s’y prendre, par la crainte des voleurs, de mille choses chimériques et surtout par la paresse, fit un grand trou dans la terre et y cacha l’argent de son maître.

De nombreux mois passèrent, et le maître revint. Il appela aussitôt ses serviteurs pour qu’ils lui rendent l’argent laissé en dépôt.

Celui qui avait reçu cinq talents d’argent se présenta et dit : “ Voici, mon seigneur. Tu m’en as donné cinq. Comme il me semblait qu’il était mal de ne pas faire fructifier l’argent que tu m’avais donné, je me suis débrouillé et je t’ai gagné cinq autres talents. Je n’ai pas pu faire davantage… ” “ C’est bien, très bien, serviteur bon et fidèle. Tu t’es montré fidèle en peu de choses, entreprenant et honnête. Je te donnerai de l’autorité sur beaucoup de choses. Entre dans la joie de ton maître. ”

Puis celui qui avait reçu deux talents se présenta et dit : “ Je me suis permis d’employer tes biens dans ton intérêt. Voici les comptes qui montrent comment j’ai employé ton argent. Tu vois ? Il y avait deux talents d’argent, maintenant il y en a quatre. Es-tu content, mon seigneur ? ” Et le maître fit au bon serviteur la même réponse qu’au premier.

Arriva en dernier celui qui, jouissant de la plus grande confiance de son maître, avait reçu le talent d’or. Il le sortit de sa cachette et dit : “ Tu m’as confié la plus grande valeur parce que tu sais que je suis prudent et fidèle, comme moi je sais que tu es intransigeant et exigeant, et que tu ne supportes pas des pertes d’argent, mais en cas de perte, tu t’en prends à celui qui est près de toi. Car, en vérité, tu moissonnes là où tu n’as pas semé et tu ramasses là où tu n’as rien répandu, sans faire cadeau du moindre sou à ton banquier ou à ton régisseur, pour quelque raison que ce soit. Il te faut autant d’argent que tu en réclames. Or moi, par crainte de diminuer ce trésor, je l’ai pris et l’ai caché. Je ne me suis fié à personne pas plus qu’à moi-même. Maintenant, je l’ai déterré et je te le rends. Voici ton talent. ”

“ – Serviteur injuste et paresseux ! En vérité, tu ne m’as pas aimé parce que tu ne m’as pas connu et que tu n’as pas aimé mon bien-être, puisque tu as laissé mon argent improductif. Tu as trahi l’estime que j’avais pour toi et c’est toi-même qui te contredis, t’accuses et te condamnes. Tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé, et que je ramasse là où je n’ai rien répandu. Alors pourquoi n’as-tu pas fait en sorte que je puisse moissonner et ramasser ? C’est ainsi que tu réponds à ma confiance ? C’est ainsi que tu me connais ? Pourquoi n’as-tu pas porté mon argent aux banquiers pour qu’à mon retour je le retire avec les intérêts ? Je t’avais instruit avec un soin particulier dans ce but et toi, paresseux et imbécile, tu n’en as pas tenu compte. Qu’on t’enlève donc le talent ainsi que tous tes autres biens, et qu’on les donne à celui qui a les dix talents. ”

“ – Mais lui en a déjà dix alors que celui-ci reste sans rien… ” lui objecta-t-on.

“ – C’est bien ainsi. A celui qui possède et le fait fructifier, il sera donné encore davantage, et même en surabondance. Mais à celui qui n’a pas parce qu’il n’a pas la volonté d’avoir, on enlèvera ce qui lui a été donné. Quant au serviteur inutile qui a trahi ma confiance et a laissé improductifs les dons que je lui avais faits, qu’on l’expulse de ma propriété et qu’il aille pleurer et se ronger le cœur. ”

Voilà la parabole. Comme tu le vois, rabbi, à qui avait reçu le plus il est resté le moins, car il n’a pas su mériter de conserver le don de Dieu. Et il n’est pas sûr qu’un de ceux dont tu dis qu’ils ne sont disciples que de nom et ont par conséquent peu de chose à faire valoir, ou même l’un de ceux qui, comme tu dis, m’en­tendent par hasard et ont seulement leur âme pour unique capital, n’ar­rive pas à avoir le talent d’or et même ce qu’il aura rapporté, qu’on aura enlevé à quelqu’un qui avait reçu davantage. Les surprises du Seigneur sont infinies parce que les réactions de l’homme sont innombrables. Vous verrez des païens arriver à la vie éternelle et des samaritains posséder le Ciel, et vous verrez des purs Israélites qui me suivent perdre le Ciel et la vie éternelle. »

281.10

Jésus se tait et, comme s’il voulait couper court à toute discussion, se tourne vers l’enceinte du Temple.

Mais un docteur de la Loi, qui s’était assis pour écouter sérieusement sous le portique, se lève et s’avance pour demander :

« Maître, que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle ? Tu as répondu à d’autres, réponds-moi, à moi aussi.

– Pourquoi veux-tu me tenter ? Pourquoi veux-tu mentir ? Espères-tu que je dise des choses qui déforment la Loi parce que je lui ajoute des idées plus lumineuses et plus parfaites ? Qu’est-ce qui est écrit dans la Loi ? Réponds ! Quel est son principal commandement ?

– “ Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces, de toute ton intelligence. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. ”

– Voilà, tu as bien répondu. Fais cela et tu auras la vie éternelle.

– Et quel est mon prochain ? Le monde est plein de gens qui sont bons et mauvais, connus ou inconnus, amis et ennemis d’Israël. Qui est mon prochain ?

– Un homme, qui descendait de Jérusalem à Jéricho par les défilés des montagnes, tomba aux mains de voleurs. Ceux-ci, après l’avoir cruellement blessé, le dépouillèrent de tous ses biens et même de ses vêtements, le laissant plus mort que vif au bord de la route.

Par le même chemin passa un prêtre qui avait terminé son office au Temple. Il était encore parfumé par les encens du Saint ! Et il aurait dû avoir l’âme parfumée de bonté surnaturelle et d’amour puisqu’il s’était tenu dans la Maison de Dieu, pour ainsi dire au contact du Très-Haut. Le prêtre avait hâte de rentrer chez lui. Il regarda donc le blessé, mais ne s’arrêta pas. Il passa outre rapidement, laissant le malheureux sur le bord du chemin.

Un lévite vint à passer. Devait-il se contaminer, lui qui devait servir au Temple ? Allons donc ! Il releva son vêtement pour ne pas se souiller de sang, jeta un regard fuyant sur l’homme qui gémissait dans son sang et hâta le pas vers Jérusalem, vers le Temple.

En troisième lieu, venant de la Samarie en direction du gué, arriva un samaritain. Il vit le sang, s’arrêta, découvrit le blessé dans le crépuscule qui avançait, descendit de sa monture, s’approcha du blessé, lui rendit des forces en lui faisant boire une gorgée d’un vin généreux. Il déchira son manteau pour en faire des bandages, puis il lava les blessures avec du vinaigre et les oignit avec de l’huile, et le banda avec amour. Après avoir chargé le blessé sur sa monture, il conduisit avec précaution l’animal, soutenant en même temps le blessé, le réconfortant par de bonnes paroles sans se préoccuper de la fatigue et sans dédain pour ce blessé, bien qu’il soit de nationalité judéenne. Arrivé en ville, il le conduisit à l’auberge, le veilla toute la nuit. A l’aube, voyant qu’il allait mieux, il le confia à l’hôtelier en lui donnant d’avance des deniers pour le payer et lui dit : “ Prends-en soin comme si c’était moi-même. A mon retour, je te rendrai ce que tu auras dépensé en plus, et dans une bonne mesure si tu as bien fait ce qu’il fallait. ” Puis il partit.

Docteur de la Loi, réponds-moi. Lequel de ces trois hommes a été le “ prochain ” pour l’homme tombé aux mains des voleurs ? Le prêtre, peut-être ? Ou le lévite ? Ne serait-ce pas plutôt le samaritain, qui ne s’est pas demandé qui était le blessé, pourquoi il était blessé, si lui-même agissait mal en le secourant, en perdant son temps, son argent et en risquant d’être accusé de l’avoir blessé ? »

Le docteur de la Loi répond :

« Le prochain, c’est ce dernier car il a fait preuve de miséricorde.

– Toi aussi, fais de même et tu aimeras ton prochain et Dieu dans le prochain, méritant ainsi la vie éternelle. »

281.11

Personne n’ose plus parler et Jésus en profite pour re­joindre les femmes qui l’attendaient près de l’enceinte et, avec elles, aller de nouveau dans la ville. Deux prêtres se sont maintenant unis aux disciples, ou plutôt un prêtre et un lévite, ce dernier très jeune, l’autre d’âge patriarcal.

Mais Jésus parle avec sa Mère, avec Marziam au milieu, entre lui et elle. Et il lui demande :

« M’as-tu entendu, Mère ?

– Oui, mon Fils, et à la tristesse de Marie, femme de Cléophas, s’est ajoutée la mienne. Elle était en larmes un peu avant d’entrer au Temple…

– Je le sais, Mère, et j’en connais le motif. Mais elle ne doit pas pleurer. Seulement prier.

– Ah ! Elle prie tant ! Ces soirs-ci, dans sa cabane, entre ses fils endormis, elle priait et pleurait. Je l’entendais à travers la mince paroi de feuillage voisine. De voir à quelques pas Joseph et Simon, tout près mais ainsi séparés… Et elle n’est pas la seule à se lamenter. Jeanne, qui te paraît si sereine, a pleuré avec moi…

– Pourquoi, Mère ?

– Parce que Kouza… a une conduite… inexplicable. Il la seconde un peu en tout. Il la repousse un peu en tout. S’ils sont seuls et que personne ne les voit, c’est le mari exemplaire de toujours. Mais s’il y a d’autres personnes avec lui – de la Cour bien entendu –, le voilà qui devient autoritaire et méprisant envers sa douce épouse. Elle ne comprend pas pourquoi…

– Je vais te le dire : Kouza est serviteur d’Hérode. Comprends-moi, Mère : “ serviteur. ” Je ne le dis pas à Jeanne pour ne pas lui faire de peine. Mais c’est ainsi. Quand il ne craint pas de blâme et de moquerie du souverain, c’est le bon Kouza. Quand il peut les craindre, il n’est plus le même.

– C’est parce qu’Hérode est très irrité à cause de Manahen et…

– Et parce qu’Hérode est devenu fou par le remords tardif d’avoir cédé à Hérodiade. Mais Jeanne a déjà tant de bien dans sa vie. Elle doit, sous le diadème, porter son cilice.

– Annalia aussi pleure…

– Pourquoi ?

– Parce que son fiancé se retourne contre toi.

– Qu’elle ne pleure pas. Dis-le-lui. C’est une résolution. Une bonté de Dieu. Son sacrifice ramènera Samuel au bien. Pour le moment, ce dernier la laissera libre de pressions pour le mariage. Je lui ai promis de la prendre avec moi. Elle me précédera dans la mort…

– Mon Fils !… »

Marie serre la main de Jésus. Son visage devient exsangue.

« Maman bien-aimée ! C’est pour les hommes. Tu le sais. C’est pour l’amour des hommes. Buvons notre calice de bon cœur, n’est-ce pas ? »

Marie avale ses larmes et répond : « Oui. » Un « oui » tellement déchiré et déchirant !

281.12

Marziam lève la tête et dit à Jésus :

« Pourquoi dis-tu ces choses si dures qui font de la peine à ta Mère ? Moi, je ne te laisserai pas mourir. Comme j’ai défendu les agneaux, je te défendrai, toi. »

Jésus lui fait une caresse et, pour remonter le moral des deux affligés, il demande à l’enfant :

« Que vont faire maintenant tes brebis ? Tu ne les regrettes pas ?

– Oh ! Je suis avec toi ! Mais j’y pense toujours, et je me demande : “ Est-ce que Porphyrée les aura emmenées au pâturage ? Et est-ce qu’elle aura veillé à ce que Spuma n’aille pas dans le lac ? ” Elle est si vive, Spuma, tu sais… Sa mère l’appelle, l’appelle… Mais rien à faire ! Elle fait ce qu’elle veut. Et Neve, si gloutonne qu’elle mange à s’en rendre malade ? Tu sais, Maître ? Moi, je comprends ce que c’est que d’être prêtre en ton Nom. Je le comprends mieux que les autres. Eux (il montre de la main les apôtres qui les suivent) eux, ils disent plein de belles paroles, ils font plein de projets… pour plus tard. Moi, je dis : “ Je ferai le berger pour les hommes comme pour les brebis. Et ça suffira. ” Notre Mère à tous les deux m’a dit hier un très beau passage des prophètes… et elle a ajouté : “ C’est exactement ce qu’est notre Jésus. ” Et moi, dans mon cœur, j’ai dit : “ moi aussi, je serai tout à fait comme ça. ” Puis j’ai dit à notre Mère : “ Pour le moment, je suis agneau, ensuite je serai berger. Au contraire, maintenant Jésus est Berger et il est aussi Agneau. Mais toi, tu es toujours l’Agnelle, seulement notre Agnelle blanche, belle, aimée, aux paroles plus douces que le lait. C’est pour ça que Jésus est tellement Agneau : parce qu’il est né de toi, l’Agnelle du Seigneur. ” »

Jésus se penche vivement et l’embrasse. Puis il demande :

« Tu veux donc vraiment être prêtre ?

– Bien sûr, mon Seigneur ! C’est pour ça que je m’efforce de devenir bon et de savoir beaucoup de choses. Je vais toujours près de Jean d’En-Dor. Il me traite toujours en homme et avec beaucoup de bonté. Je veux être berger des brebis dévoyées et non dévoyées, et médecin-berger de celles qui sont blessées et malades, comme dit le prophète[1]. Oh, que c’est beau ! »

Et l’enfant saute en battant des mains.

« Qu’est-ce qu’il a, cette petite tête noire, à être si heureux ? demande Pierre en s’approchant.

– Il voit sa route. Nettement, jusqu’à la fin… Et moi, je con­sacre la vision qu’il en a, par mon “ oui ”. »

281.13

Ils s’arrêtent devant une haute maison qui, si je ne me trompe, se trouve du côté du faubourg d’Ophel, mais l’endroit est plus riche.

« Est-ce ici que nous nous arrêtons ?

– C’est la maison que Lazare m’a offerte pour le banquet de réjouissance. Marie est déjà là.

– Pourquoi n’est-elle pas venue avec nous ? Par peur des moqueries ?

– Oh non ! Moi seul le lui ai ordonné.

– Pourquoi, Seigneur ?

– Parce que le Temple est plus susceptible qu’une épouse enceinte. Tant que je le peux, et non par lâcheté, je ne veux pas le heurter.

– Cela ne te servira à rien, Maître. Moi, si j’étais toi, non seulement je le heurterais, mais je le jetterais en bas du mont Moriah avec tous ceux qui sont dedans.

– Tu es un pécheur, Simon. Il faut prier pour ses semblables, pas les tuer.

– Je suis un pécheur. Mais, toi, non… et… tu devrais le faire.

– Il y aura quelqu’un pour le faire. Et après qu’on aura atteint la mesure du péché.

– Quelle mesure ?

– Une mesure telle qu’elle emplira tout le Temple et débordera sur Jérusalem. Tu ne peux comprendre… Oh, Marthe ! Ouvre donc ta maison au Pèlerin ! »

Marthe se fait reconnaître et ouvrir. Ils entrent tous dans un long atrium qui débouche sur une cour pavée, avec un arbre à chaque coin. Une vaste salle s’ouvre au-dessus du rez-de-chaussée et, par les fenêtres ouvertes, on découvre toute la ville avec ses montées et descentes. J’en conclus donc que la maison est sur les pentes sud ou sud-est de la ville. La salle est préparée pour un très grand nombre d’invités. Des tables, en abondance, sont disposées parallèlement. Une centaine de personnes peuvent s’y restaurer sans encombre.

Marie-Madeleine accourt. Elle était ailleurs, occupée dans les communs, et elle se prosterne devant Jésus. Lazare arrive aussi, avec un sourire bienheureux sur son visage maladif. Les hôtes entrent peu à peu, certains un peu embarrassés, d’autres avec plus d’assurance. Mais la gentillesse des femmes a vite fait de les mettre à l’aise.

281.14

Le prêtre Jean amène à Jésus les deux hommes qu’il a conviés au Temple.

« Maître, voici mon bon ami Jonathas et mon jeune ami Zacharie. Ce sont de vrais juifs, sans malice ni rancœur.

– Paix à vous. Je suis heureux de vous avoir. Il faut observer le rite, même dans ces douces coutumes. Il est beau que la foi ancienne tende une main amie à la nouvelle foi venue de son propre cep. Asseyez-vous à mes côtés en attendant qu’arrive l’heure du repas. »

Le patriarcal Jonathas parle, alors que le jeune lévite regarde ici et là, curieux, étonné, et peut-être même intimidé. Je pense qu’il veut se donner un air dégagé, mais qu’en réalité il est comme un poisson hors de l’eau. Heureusement, Etienne vient à son secours et lui amène l’un après l’autre les apôtres et les principaux disciples.

Le vieux prêtre dit, en caressant sa barbe neigeuse :

« Quand Jean est venu me trouver, justement moi, son maître, pour me montrer sa guérison, j’ai eu envie de te connaître. Mais, Maître, je ne sors pour ainsi dire plus de mon enceinte. Je suis vieux… J’espérais cependant te voir avant de mourir et Yahvé m’a exaucé. Qu’il en soit loué ! Aujourd’hui, je t’ai entendu au Temple. Tu surpasses Hillel, l’ancien, le sage. Je ne veux pas, même je ne peux douter que tu es celui que mon cœur attend. Mais sais-tu ce que c’est que d’avoir bu pendant près de quatre-vingts ans la foi d’Israël telle qu’elle est devenue pendant des siècles… d’élaboration humaine ? Elle est devenue notre sang. Et je suis si vieux ! T’entendre, c’est comme boire de l’eau qui sort d’une source fraîche. Ah oui ! Une eau vierge ! Mais moi… mais moi, je suis saturé de l’eau usée qui vient de tellement loin… que tant d’inutilités ont alourdie. Comment ferai-je pour me débarrasser de cette saturation et te goûter, toi ?

– Croire en moi et m’aimer. Rien d’autre n’est nécessaire pour le juste Jonathas.

– Mais je mourrai bientôt ! Arriverai-je à temps pour croire tout ce que tu dis ? Je n’arriverai même plus à suivre toutes tes paroles ou à les connaître de la bouche d’autrui. Et alors ?

– Tu les apprendras au Ciel. Il n’y a que le damné qui meure à la Sagesse, alors que celui qui meurt dans la grâce de Dieu arrive à la Vie et vit dans la Sagesse. Que crois-tu que je suis ?

– Tu ne peux être que l’Attendu qu’a précédé le fils de mon ami Zacharie. L’as-tu connu ?

– C’était mon parent.

– Oh ! Alors, tu es parent de Jean-Baptiste ?

– Oui, prêtre.

– Il est mort… et je ne peux dire : “ Malheureux ! ” Car il est mort fidèle à la justice, après avoir accompli sa mission, et parce que… Ah ! Quels temps atroces nous vivons ! Ne vaut-il pas mieux revenir vers Abraham ?

– Oui, mais il en viendra de plus atroces, prêtre.

– Tu dis cela ? Rome, hein ?

– Pas Rome seule. C’est Israël coupable qui en sera la première cause.

– C’est vrai. Dieu nous frappe. Nous le méritons. Mais même Rome…

281.15

Tu as entendu parler de ces galiléens tués par Pilate pendant qu’ils accomplissaient un sacrifice ? Leur sang s’est mêlé à celui de la victime. Tout près de l’autel ! Tout près de l’autel !

– Je l’ai appris. »

Tous les galiléens sont révoltés par cette injustice. Ils s’écrient :

« C’est vrai qu’il s’agissait d’un faux Messie. Mais pourquoi tuer ses partisans, après l’avoir frappé, lui ? Et pourquoi à ce moment-là ? Ils étaient plus pécheurs, peut-être ? »

Jésus impose la paix et dit :

« Vous vous demandez s’ils étaient plus pécheurs que tant d’autres galiléens et si c’est pour cela qu’ils ont été tués ? Non, ils ne l’étaient pas. En vérité, je vous dis qu’ils ont payé et que beaucoup d’autres paieront si vous ne vous convertissez pas au Seigneur. Si vous ne faites pas tous pénitence, vous périrez tous de la même façon, en Galilée et ailleurs. Dieu est indigné contre son peuple. Je vous l’assure. Il ne faut pas croire que ceux qui sont frappés sont toujours les plus mauvais. Que chacun s’examine soi-même, qu’il se juge, lui, et pas les autres. Ces dix-huit hommes aussi, sur lesquels est tombée la tour de Siloé qui les a tués, n’étaient pas les plus coupables de Jérusalem. Je vous le déclare : faites pénitence si vous ne voulez pas être écrasés comme eux, et même dans votre âme.

281.16

Viens, prêtre d’Israël. La table est servie. Il t’appartient à toi – puisque le prêtre est toujours celui qu’il faut honorer pour l’Idée qu’il représente et rappelle –, il t’appartient à toi, le patriarche parmi nous qui sommes tous plus jeunes, d’offrir et de bénir.

– Non. Maître ! Non ! Je ne puis devant toi ! Tu es le Fils de Dieu !

– Tu offres bien l’encens devant l’autel ! Et tu ne crois pas, peut-être, que Dieu est là ?

– Si, je le crois ! De toutes mes forces !

– Et alors ? Si tu ne crains pas de faire l’offrande devant la Gloire très sainte du Très-Haut, pourquoi veux-tu craindre devant la Miséricorde qui s’est revêtue de chair pour t’apporter, à toi aussi, la bénédiction de Dieu avant que ne vienne à toi la nuit ? Ah ! Vous ne savez pas, hommes d’Israël, que c’est justement pour que l’homme puisse approcher Dieu sans en mourir, que j’ai mis le voile de la chair sur mon insoutenable divinité. Viens, crois, et sois heureux. En toi je vénère tous les prêtres saints, depuis Aaron jusqu’au dernier qui, avec justice, sera prêtre d’Israël, jusqu’à toi peut-être, parce qu’en vérité la sainteté sacerdotale s’affaiblit parmi nous comme une plante qu’on a délaissée. »

281.1

Jesus is going to the Temple. The male disciples precede Him in groups, the women disciples follow Him, also in groups, that is, His Mother, Mary of Clopas, Mary Salome, Susanna, Johanna of Chuza, Eliza of Bethzur, Annaleah of Jerusalem, Martha and Marcella. The Magdalene is not there. The twelve apostles and Marjiam are around Jesus.

Jerusalem is in the pomp of its solemn festivities. There are people in every street and from every country. Singing, talking, whispering of prayers, the cursing of ass-drivers, the weeping of children can be heard everywhere. And above all the confusion there is the clear sky visible between houses and a pleasant sunshine which brightens up the colours of garments and enlivens the dying shades of pergolas and trees, glimpses of which can be caught here and there, beyond the walls of closed gardens and terraces.

Jesus at times meets acquaintances and their greetings are more or less respectful according to the mood of the person He meets. Gamaliel in fact bows deeply but superciliously and stares at Stephen, who smiles at him from the group of disciples and whom Gamaliel calls aside, after bowing to Jesus, and says a few words to him. Stephen then goes back to his group. The salutation of Cleopas of Emmaus, the old head of the synagogue, is revering; he is on his way to the Temple with his fellow citizens. As harsh as a curse is the reply of the Pharisees of Capernaum to Jesus’ greeting.

281.2

Johanah’s peasants, led by their steward, greet Jesus by throwing themselves on the ground and kissing His feet in the dust of the road.

The crowds are amazed and stop to watch the group of men who at a cross-roads prostrate themselves with a cry at the feet of a young man, who is neither a Pharisee nor a famous scribe, who is neither a satrap nor a powerful courtier, and some ask who he is and a whisper spreads: «He is the Rabbi of Nazareth, the one who is said to be the Messiah.» Proselytes and Gentiles then crowd inquisitively, pressing the group against the wall, causing obstruction in the little square, until a group of ass-drivers scatters them shouting imprecations. But the crowd soon gathers again, separating women from men, in a harsh demanding manner which is also a manifestation of faith. Everybody wishes to touch Jesus’ garments, say a word to Him, ask Him questions. Their efforts are quite futile, because in their haste, in their anxiety and restlessness to move forward, they push one another so that no one is successful and even questions and answers become muddled in the babel.

The only one who disregards the scene is Marjiam’s grandfather, who replied with a shout to his grandson’s shout, and immediately after revering the Master has clasped the boy to his heart and remaining thus, sitting back on his heels, his knees on the ground, is holding him on his lap, admiring and caressing him with tears and joyful kisses, asking him questions and listening to him. The old man is already in Paradise, so happy as he is.

The Roman troops rush to the spot thinking there is a brawl and they push through the crowd. But when they see Jesus they smile and withdraw calmly and merely advise the people present to clear out of the important cross-roads. Jesus obeys at once, taking advantage of the space made by the Romans, who are walking a few steps ahead of Him, as if they were making way for Him, whereas in actual fact they are going back to their outpost; the Roman guard has in fact been reinforced, as if Pilate were aware of the ill-feeling of the crowds and were afraid of an insurrection when Jerusalem is full of Jews from all over. And it is beautiful to see Him go, preceded by the Roman squad, like a king, to whom they make way, while he goes to his possessions.

When passing by, He says to the boy and the old man: «Remain together and follow Me» and to the steward: «Please leave your men with Me. They will be My guests until this evening.»

The steward replies respectfully: «Everything will be done as You wish» and he goes away after bowing deeply.

281.3

The Temple is now close at hand and the swarming of the crowds, just like ants near the ant-nest, is even denser, when one of Johanah’s peasants shouts: «There is our master!» and falls on his knees to greet him, imitated by all the others.

Jesus remains standing in the middle of a group of people prostrated, because the peasants had gathered around Him. He turns around looking towards the place pointed out by the peasant, and meets the glance of a Pharisee pompously dressed, whom I have already seen, but I do not know where.

Johanah, the Pharisee, is with other people of his caste: a heap of precious clothes of fringes, buckles, sashes, phylacteries, all larger than common ones. Johanah looks at Jesus attentively: a glance of mere curiosity, but not disrespectful. His salutation is a stiff one: just a slight inclination of the head. But it is a greeting to which Jesus replies respectfully. Two or three more Pharisees greet Him, whilst others look scornfully or pretend to be looking elsewhere, only one hurls an insult and the people near Jesus start, and even Johanah turns around immediately, fulminating with his eyes the offender, a man younger than he is, with hard conspicuous features.

Once they have gone by and the peasants dare to speak, one of them says: «That is Doras, Master”, the one who cursed You.»

«Never mind. I have you who bless Me» replies Jesus calmly.

Leaning against an archivolt there is Manaen with other people, and as soon as he sees Jesus, he raises his arms with a cry of joy: «This is surely a joyous day, as I found You!» and he moves towards Jesus, followed by those who are with him. He reveres Jesus under the shady archivolt, where voices resound like under a dome.

While Manaen is greeting Jesus, His cousins Simon and Joseph pass near the apostolic group with other Nazarenes… but they do not even say hello… Jesus looks at them sadly but does not say anything. Judas and James speak to each other excitedly, Judas quivers with rage and runs away, resisting restraint by his brother. But Jesus calls him with such a commanding voice: «Judas, come here!» that Alphaeus’ vexed son comes back… «Leave them alone. They are like seed which has not yet felt springtime. Leave them in the dark of the insensitive sod. I will penetrate it just the same, even if the sod should become jasper closed round the seed. I will do it in due time.»

But the weeping of Mary of Alphaeus, who is desolate, resounds louder than the answer of Judas of Alphaeus. The long weeping of a distressed person… But Jesus does not turn around to comfort her although her groaning is very clearly heard under the archivolt resounding with echoes.

He continues to speak to Manaen who says to Him: «These are disciples of John’s and have come with me. Like me, they want to be Yours.»

«Peace be with good disciples. Over there are Matthias, John and Simeon, who are now with Me for good. I welcome you as I welcomed them, because everything that comes from the holy Precursor is dear to Me.»

281.4

They have now reached the enclosure of the Temple. Jesus gives instructions to the Iscariot and Simon Zealot for the ritual purchases and offerings. He then calls John, the priest, and says to him: «Since you come from this place, make arrangements to invite some Levites whom you know to be worthy of becoming acquainted with the Truth. Because this year I can really celebrate a joyful feast. Never again will the day be so pleasant…»

«Why, my Lord?» asks John, the scribe.

«Because I have you around Me, all of you, either with your visible presence or with your souls.»

«But we shall always be! And many more with us» states the apostle John emphatically. And everybody echoes him.

Jesus smiles but remains silent, while John the priest goes away to the Temple, together with Stephen, to carry out the order. Jesus shouts after him: «Join us at the Porch of the Pagans.»

They enter and almost immediately they meet Nicodemus, who bows deeply, but does not approach Jesus. But he exchanges with Jesus a meaningful smile full of peace.

While the women stop where they are allowed, Jesus goes with the men to the place of Jews to pray, and after accomplishing the rite, He comes back to join those who are waiting for Him at the Porch of the Pagans.

The very large and high porches are crowded with people listening to the lessons of the rabbis. Jesus directs His steps to the spot where the two apostles and the two disciples sent ahead are standing waiting for Him. He is soon surrounded by people, as many people, spread in the crowded marble court, join the apostles and disciples. Curiosity is such that some disciples of rabbis also approach the circle around Jesus, but I do not know whether they do so spontaneously or because their masters have sent them.

281.5

Jesus asks point blank: «Why are you pressing around Me? Tell Me. You have well known rabbis, who are well liked by everybody. I am the Unknown and Disliked One. So why do you come to Me?»

«Because we love You» reply some, some say: «Because Your words are different from the words of the others», some: «To see Your miracles» or: «Because we have heard people talk about You» or: «Because You alone have words of eternal life and deeds corresponding to Your words», and finally some say: «Because we want to join Your disciples.»

Jesus looks at the people while they speak, as if He wanted to pierce them with His eyes and read their most hidden thoughts and some of them, who cannot resist His glance, go away or hide behind a column or behind people taller than they are.

Jesus resumes: «But do you know what it means and what it is to follow Me? I am replying to those words only, because curiosity does not deserve a reply and because those who hunger for My words obviously love Me and wish to join Me. So, those who have spoken form two groups: curious people whom I disregard, and volunteers, whom I wish to acquaint with the severity of that vocation.

281.6

To follow Me as a disciple means renouncing all affections for one only love: Mine. The selfish love for oneself, the guilty love for riches, sensuality or power, the honest love for one’s wife, the holy love for one’s father and mother, the deep love for and of children and brothers, must all yield to My love, if one wishes to be Mine. I tell you solemnly that My disciples must be more free than birds flying in the sky, more free than winds blowing across the firmament without anyone or anything holding them back. They must be free, with no heavy chains, with no ties of material love, without even the thin cobwebs of the slightest barrier. The spirit is a delicate butterfly enclosed in the heavy cocoon of the flesh and even the iridescent impalpable web of a spider can slow down its flight or stop it all together: the spider of sensuality, of the lack of generosity in sacrifice. I want everything, unreservedly. The spirit needs such freedom and generosity in giving, to be sure that it is not entangled in the cobwebs of affections, habits, considerations, fears, stretched out like as many threads by the monstrous spider which is Satan, the robber of souls.

If one wants to come to Me and does not hate in a holy manner father, mother, wife, children, brothers and sisters, and one’s very life, one cannot be My disciple. I said: “hate in a holy manner”. Within your hearts you are saying: “Hatred, as He taught us, is never holy. So He is contradicting Himself”. No. I am not contradicting Myself. I say that you must hate the heaviness of love, the sensual passion of love for your father and mother, wife and children, brothers and sisters, and for your very life, on the contrary I order you to love relatives and life with the light freedom of spirits. Love them in God and for God, never postponing God to them, endeavouring and taking care to lead them where the disciple has already arrived, that is to God, the Truth. You will thus love God and relatives in a holy manner, safeguarding each love, so that family ties will not be a burden but wings, not a fault, but justice. You must be prepared to hate even your lives in order to follow Me. He hates his life who, without fear of losing it or making it sad from a human point of view, uses it to serve Me. But it is only an appearance of hatred. A feeling erroneously called “hatred” by man who cannot elevate himself, as he is entirely earthly, by little superior to brutes.

In actual fact such apparent hatred, which consists in denying sensual satisfaction to one’s life in order to give a more and more intense life to the spirit, is love. It is love, of the highest degree and the most blessed. To deny oneself basic satisfactions, to reject sensual affections, to risk unfair reproaches, criticism and punishment, being rejected, cursed and perhaps persecuted, all that is a sequence of grief. But it is necessary to embrace such grief and take it upon yourselves, like a cross, a scaffold on which all past faults are expiated to be justified by God, from Whom you can obtain every true, mighty, holy grace for those whom we love. He who does not carry his cross and does not follow Me, he who cannot do that cannot be My disciple.

281.7

Therefore, you who say: “We have come because we want to join Your disciples” must ponder on that very carefully. It is not a shame, but it is wisdom to weigh and judge oneself and admit both to oneself and others: “I am not the stuff of which disciples are made”. What? The heathens have as a basis of one of their doctrines the necessity of “knowing oneself”, and could you Israelites not do that to gain Heaven?

Because, remember this, blessed are those who will come to Me. But rather than come to betray Me and Him Who sent Me, it is better not to come at all, and remain children of the Law, as you have been so far. Woe betide those who, after saying: “I will come”, cause damage to the Christ by being the betrayers of the Christian idea, the scandalisers of little ones and of good people! Woe betide them! And yet there will always be some of them!

You ought therefore to imitate him who wants to build a tower. First he carefully works out the necessary expenses and counts his money to ensure that he has enough to complete the work, lest, after laying the foundation, he may have to stop building through lack of money. In which case he would lose what he had previously and would be left without tower and without talents and over and above he would be scoffed at by people saying: “He began to build but was not able to finish the job. He can now stuff his stomach with the ruins of his unfinished building”.

Imitate the kings of the earth also, by letting the poor events of the world be useful for supernatural teaching. When they want to go to war with another king, they calmly and carefully examine everything, the advantages and the disadvantages, they consider whether the benefit of the conquest is worth the lives of the subjects, they study whether it is possible to conquer the place, whether their forces, which are half those of their enemy, but more pugnacious, can win; and as they rightly think that it is unlikely that ten thousand can beat twenty thousand soldiers, before clashing with the enemy, they send ambassadors with rich gifts for the other king, and thus soothe him, as his suspicions had already been aroused by the military movements of the other, they disarm him with some proof of friendship, they dispel his doubts and fears and make a treaty of peace with him, which is always more advantageous than a war, both from the human and spiritual point of view.

That is what you must do before beginning a new life and fighting the world. Because to be My disciples implies going against the stormy and violent trend of the world, of flesh and of Satan. And if you feel that you do not have the courage to renounce everything for My sake, do not come to Me, because you cannot be My disciples.»

281.8

«All right. What You say is true» agrees a scribe who has mingled with the crowd. «But if we divest ourselves of everything, with what shall we serve You? The Law contains commandments that are like money which God has given man so that by making use of it he may buy eternal life. You say: “Renounce everything” and You mention father, mother, riches, honours. God has given us those things also, and through Moses He has told us to use them in a holy way in order to appear just in the eyes of God. If You take everything away from us, what will You give us?»

«True love, as I said, rabbi. I give you My doctrine which does not take one iota away from the old Law, but perfects it.»

«So we are all disciples alike, because we all have the same things.»

«We all have them according to the Mosaic Law. But not everybody has them according to the Law perfected by Me according to Love. Not everyone achieves in it the same amount of merits. Even among My disciples not everybody will have the same amount of merits and some not only will not have an amount, but will also lose the only coin they have: their souls.»

«What? He who was given more will be left with more. Your disciples, or rather Your apostles, are following You in Your mission and are aware of Your ways of behaving, and have had very much, Your real disciples have received much, those who are disciples only by name have received less, and those who like me listen to You only by accident receive nothing. It is obvious that Your apostles will have very much in Heaven, Your real disciples much, Your disciples by name less, those like me nothing.»

«It is obvious from a human point of view, but even from a human point of view it is wrong. Because not everybody is capable of making the goods received yield a profit. Listen to this parable and forgive Me if My lesson is too long. But I am a swallow of passage, and I stop in the House of the Father only for a little while, as I came for the whole world and also because this little world, which is the Temple of Jerusalem, will not allow Me to interrupt My flight and remain where the glory of the Lord calls Me.»

«Why do You say that?»

«Because it is the truth.»

The scribe looks around and lowers his head. He can see that it is the truth as it is written on the faces of many members of the Sanhedrin, of rabbis and Pharisees who have been enlarging the crowd around Jesus. Faces green with bile, or purple with wrath, looks equivalent to words of curse and spittle of poison, ill-feeling fomenting everywhere, desire to ill-treat the Christ, which remains a mere desire only because of fear of the many people surrounding the Master with affection and who are ready for anything in order to defend Him, and perhaps because of fear of punishment by Rome, benign towards the meek Galilean Master.

281.9

Jesus calmly resumes clarifying His thought by means of a parable: «A man, who was about to set out on a long journey, and thus be away for a long time, called all his servants and committed all his wealth to them. He gave one of them five silver talents, one two silver talents and one a single gold talent: each according to his position and capability. And then he left. Now the servant who had received five silver talents, negotiated them diligently and after some time they brought him five more. The servant who had received two silver talents, did the same and doubled the amount received. But the servant to whom the master had given most, one talent of pure gold, was seized with fear that he might not be successful, with the fear of thieves and of many fanciful conceptions and above all with laziness, and he dug a deep hole in the ground and hid his master’s money in it.

Many months went by and the master came back. He immediately called his servants to give back the money committed to them. The one who had received five silver talents came and said: “Here, my Lord. You gave me five. As I thought it was wrong not to make what you had given me yield some profit, I did my best and I gained five more talents. I was not able to do more…”. “Well, very well, my good faithful servant. You have been faithful, willing and honest in little. I will give you authority over much. Come and join in your master’s happiness”. Next came the man of two talents and said: “I have taken the liberty of making use of your money to your own profit. Here is the account of how I used your money. See? There were two talents, now there are four. Are you glad, my lord?”. And the master gave the good servant the same reply given to the first one.

Last came the one who enjoyed the greatest confidence of the master and had received a gold talent from him. He took it out of the casket and said: “You gave me the greatest value because you know that I am wise and loyal, as I know that you are uncompromising and exacting and will not tolerate loss of your money, but if misfortune befalls you, you make it up with those who are close to you. In actual fact you reap where you have not sown and you harvest where you have not scattered seed and you do not remit a penny to your banker or to your steward for any reason whatever. Your money must be as much as you say. Now, as I was afraid of reducing the value of this treasure, I took it and hid it. I trusted nobody, not even myself. I have now dug it up and I give it back to you. Here is your talent”.

“O unjust lazy servant! Really, you have not loved me, because you have not known me and you have not loved my welfare, because you left it inactive. You have betrayed the confidence I had in you and you belie, accuse and condemn yourself by yourself. You knew that I reap where I have not sown and I harvest where I have scattered no seed. Why, then, did you not ensure that I could reap and harvest? Is that how you come up to my confidence? Is that how you know me? Why did you not take the money to a banker, so that I might draw it on my return with its interest? I diligently instructed you how to do that and you, silly lazy servant, took no heed of what I told you. Your talent and everything else will be taken off you and given to the man of the ten talents”.

“But he already has ten, while this man is deprived of it…” they objected.

“And that is right. He who has and works with what he has, will be given more and even in excess. But he who has nothing, because he did not want anything, will be also deprived of what was given to him. With regard to the useless servant who betrayed my confidence and left inactive the gifts I had given him, throw him out of my property and let him go and weep and eat his heart out”.

That is the parable. As you see, rabbi, he who had most was left with less, because he did not deserve to keep the gift of God. And it is not necessarily true that one of those whom you call a disciple only by name, having thus little to negotiate, or even one of those who listen to me only by accident, as you say, and have only their souls as money, cannot be successful in getting the gold talent and the interest of it, which will be taken from one who had been given most. The surprises of the Lord are endless because the reactions of man are endless. You will see Gentiles reaching eternal life and Samaritans possessing Heaven, and you will see pure Israelites and followers of Mine losing Heaven and eternal Life.»

281.10

Jesus becomes silent as if He wished to put an end to the debate and He turns towards the enclosure of the Temple.

But a doctor of the Law, who had sat down listening gravely under the porch, gets up and standing in His way, asks Him: «Master, what must I do to gain eternal life? You have replied to others, please reply to me as well.»

«Why do you want to tempt Me? Why do you want to lie? Are you hoping that I may say something different from the Law because I add brighter and more perfect ideas to it? What is written in the Law? Tell Me! What is the first commandment of the Law?»

«“You shall love the Lord your God with all your heart, with all your soul, with all your strength, with all your intelligence. You shall love your neighbour as yourself “.»

«Your reply is correct. Do that and you will have eternal life.»

«And who is my neighbour? The world is full of good and of wicked people, known and unknown, friendly and hostile to Israel. Which is my neighbour?»

«A man going from Jerusalem down to Jericho through the mountain gorges ran into highwaymen who, after wounding him severely, despoiled him of all his belongings and his very clothes and left him more dead than alive on the edge of the road.

A priest, who had finished his turn at the Temple, travelled down the same road. Oh! He was still smelling of the incense of the Holy! And his soul should have been scented with supernatural kindness and love, after being in the House of God, almost in touch with the Most High. The priest was in a hurry to get back home. So he looked at the wounded man but did not stop. He passed by hurriedly leaving the poor man on the edge of the road.

A Levite passed by. Should he become contaminated who must serve in the Temple? Never! He gathered his tunic so that it might not get stained with blood, he cast a glance over the man moaning in his blood and quickened his pace towards Jerusalem, towards the Temple.

Third came a Samaritan, who was travelling from Samaria towards the ford. He noticed the blood, he stopped, saw the wounded man in the deepening twilight, he dismounted and approached the wounded man, whom he gave a sip of strong and generous wine, he then tore his mantle to make bandages, and gently dressed the man’s wounds after bathing them with vinegar and applying oil to them. He mounted the man on his horse and carefully led the animal, supporting the man at the same time, comforting him with kind words, without worrying about all the trouble or being annoyed because the man was of Jewish nationality. When he arrived in town, he took him to an inn, watched over him during the night and at dawn, seeing that he was better, he entrusted him to the innkeeper, paying him in advance with some denarii and saying: “Look after him as you would look after me. On my way back I will make good any extra expense you have, with a good measure, if you do everything well”. And he went away.

Tell Me now, doctor of the Law. Which of these three was a “neighbour” for the man who had run into highwaymen? The priest perhaps? Or the Levite perhaps? Or was it not the Samaritan who did not ask who the wounded man was, why he was wounded, whether he was doing the wrong thing by assisting him, wasting time and money and running the risk of being taken for his wounder?»

The doctor of the Law replies: «The last one, who took pity on him, was his “neighbour”.»

«Do the same yourself and you will love your neighbour and God in your neighbour and you will deserve eternal life.»

281.11

Nobody dare speak and Jesus takes advantage of the situation to join the women waiting for Him near the enclosure and return to town with them. A couple of priests have now joined the disciples, or rather: a priest and a Levite, a venerable old man the former, a very young one the latter.

Jesus is now speaking to His Mother, with Marjiam in the middle, between Himself and Her. And He asks Her: «Did You hear Me, Mother?»

«Yes, Son, and My sadness has been added to Mary of Clopas’. She wept a little before entering the Temple…»

«I know, Mother. And I know why. But she must not weep, but pray.»

«Oh! She prays so much! In the past nights, in her tent, while her sons were sleeping, she prayed and wept. I could hear her through the thin partition of the branches. To see Joseph and Simon only a few steps away, so close, and yet so divided…! And she is not the only one to weep. Johanna, who seems so tranquil, has been weeping with Me…»

«Why, Mother?»

«Because Chuza… is behaving… very oddly. At times he seconds her in everything. At times he opposes her in everything. If they are alone where no one can see them, he is the usual exemplary husband. But if there are other people, of the Court naturally, with him, then he becomes dictatorial and disdainful of his meek wife. She does not understand why…»

«I can tell You. Chuza is Herod’s servant. Understand Me, Mother. “Servant”. I will not tell Johanna, not to hurt her. But that is what he is. When he is not afraid of being blamed or jeered at by his sovereign, he is good Chuza. But when he fears that, he is no longer so.»

«It is because Herod is very angry because of Manaen and…»

«It is because Herod is mad with tardy remorse for yielding to Herodias. But Johanna already has so much happiness in life. Under her coronet, she must wear her cilice.»

«Annaleah also weeps…»

«Why?»

«Because her fiancé is going astray… against You.»

«Tell her not to weep. It is a solution. A grace of God. Her sacrifice will bring Samuel back to Good. For the time being she will be left free from any pressure for marriage. I promised her to take her with Me. She will precede Me in death…»

«Son!…» Mary presses Jesus’ hand, while Her face becomes deadly pale.

«Dear Mother! It is for the sake of men. You know. It is for the love of men. Let us drink our chalice with goodwill. Is that right?»

Mary stifles Her tears and replies: «Yes». A tortured heartrending «yes».

281.12

Marjiam looks up and says to Jesus: «Why do You say these dreadful things which grieve Mother? I will not let You die. I will defend You as I defended the lambs.»

Jesus caresses him and to raise the spirits of the two distressed ones, He asks the boy: «What will your little sheep be doing now? Do you not miss them?»

«Oh! I am with You! But I always think of them and I wonder: “Will Porphirea have led them to pasture? and will she watch that Foam does not go to the lake?”. Foam is so lively, you know? Her mother calls her repeatedly… without avail! She does what she likes. And Snow, she is so greedy that she eats until she is sick. Do You know, Master? I know what it is to be a priest in Your Name. I understand better than the others. They (and he points at the apostles who are coming behind) they say so many big words, they make so many plans… for the future. I say: “I will be a shepherd for men, as I am for sheep. And that will be enough”. My Mummy and Yours told me yesterday such a lovely passage of the prophets… and She said to me: “Our Jesus is just like that”. And in my heart I said: “I will be like that, too”. Then I said to our Mother: “For the time being I am a lamb, later I will be a shepherd. Jesus instead is at present the Shepherd and He is also the Lamb. But You are always a ewe-Lamb, our dear, white, beautiful ewe-Lamb, Whose words are sweeter than milk. That is why Jesus is such a lamb: because He was born of You, the Little Lamb of the Lord”.»

Jesus stoops and kisses him fondly. He then asks him: «So you really want to be a priest?»

«Of course, my Lord! That is why I try to become good and learn so much. I always go to John of Endor. He treats me as a man and so kindly. I want to be the shepherd of the sheep both misled and not misled, and the doctor-shepherd of those which are wounded or suffer from fractures, as the Prophet says[1]. Oh! How lovely!» and the boy takes a jump clapping his hands.

«What has this blackcap got that he is so happy?» asks Peter coming forward.

«He sees his way. Very clearly. Until the end. And I consecrate his vision with My approval.»

281.13

They stop before a high building, which, if I am not mistaken, is near the Ophel district, but in a more refined spot.

«Are we stopping here?»

«This is the house which Lazarus offered Me for our joyful banquet. Mary is already here.»

«Why did she not come with us? For fear of being jeered at?»

«Oh! No! I told her.»

«Why, Lord?»

«Because the Temple is more sensitive than a pregnant wife. As long as I can, and not out of cowardice, I do not want to collide with it.»

«It will be of no use to You, Master. If I were You, I would not only collide with it, but I would hurl it down from Moriah with all those who are in it.»

«You are a sinner, Simon. One must pray for one’s fellow creatures, not kill them.»

«I am a sinner. But You are not… and… You ought to do it.»

«There is who will do it. After the measure of sin has been filled.»

«Which measure?»

«A measure that will fill the whole temple, overflowing in Jerusalem. You cannot understand… Oh! Martha! Open your house to the Pilgrim!»

Martha makes herself known and opens the door. They all go into a long hall ending in a paved yard with a single tree in each of the four corners. There is a large hall above the ground floor and from its open windows it is possible to see the whole town with its hills and slopes. I thus realise that the house is in the south or south-east side of the town.

The table has been laid for many guests. Many tables are set in parallel rows. About one hundred people can comfortably have a meal. Mary Magdalene, who was busy in the store room, arrives and prostrates herself before Jesus. Then Lazarus comes in with a happy smile on his drawn face. The guests enter little by little, some seem rather embarrassed, some are more sure of themselves. But the kindness of the women soon makes them all feel at home.

281.14

John, the priest, introduces to Jesus the two he has brought from the Temple. «Master, my good friend Jonathan and my young friend Zacharias. They are true Israelites without malice or ill will.

«Peace be with you. I am happy to have you. The rite must be kept also in these pleasant customs. And it is lovely that the ancient Faith gives a friendly hand to the new Faith which has come from the same origin. Sit beside Me while we wait for dinner time.»

The patriarchal Jonathan speaks, while the young Levite looks around curiously, and seems amazed and somewhat shy. I think he wants to give himself easy manners, but in actual fact he is like a fish out of water. Fortunately Stephen comes to his aid and brings him, one after the other, the apostles and the main disciples.

The old priest says caressing his white beard: «When John came to me, his master, to show me that he had been cured, I wanted to meet You. But, Master, I hardly ever leave my enclosure. I am old… But I was hoping to see You before dying. And Jehovah has heard me. May He be praised! Today I heard You in the Temple. You excel the old wise Hillel. I do not want to doubt, or rather, I cannot doubt that You are what my heart is expecting. But do You know what it is to have imbibed for almost eighty years the faith of Israel as it has become through centuries of… human handling? It has become our blood. And I am so old! To hear You is like hearing the water that gushes out of a cool spring. Oh! yes! A virgin water! But I… I am full of the tired water which comes from so far away… and has been made heavy by so many things. How can I get rid of that saturation and enjoy You?»

«By believing and loving Me. Nothing else is required for just Jonathan.»

«But I will die soon! Shall I have time to believe everything You say? I shall not even be able to follow all Your words or learn them from other people. Then?»

«You will learn them in Heaven. Only a damned soul dies to Wisdom. But he who dies in the grace of God draws life and lives in Wisdom. Whom do you think I am?»

«You can but be the Expected One, Whom the son of my friend Zacharias foreran. Did You meet him?»

«He was a relative of Mine.»

«Oh! So You are a relative of the Baptist?»

«Yes, priest.»

«He is dead… and I cannot say: “Poor man!”. Because he died faithful to justice, after accomplishing his mission and because… Oh! The dreadful times we live in! Is it not better to go back to Abraham?»

«Yes. But more dreadful times will come, priest.»

«Do You think so? Rome, eh?»

«Not only Rome. Guilty Israel will be the first cause.»

«It is true. God is striking us. We deserve it. But also Rome…

281.15

Have You heard of the Galileans killed by Pilate while they were offering a sacrifice? Their blood mingled with the victim’s. Close to the very altar!»

«Yes, I heard about it.»

All the Galileans begin to riot because of that act of tyranny. They shout: «It is true that he was a false Messiah. But why kill his followers after striking him? And why at that moment? Were they bigger sinners perhaps?»

Jesus brings about peace and then says: «You are asking whether they were bigger sinners than many other Galileans and whether that is why they were killed? No, they were not. I tell you solemnly that they paid and many more will pay if you do not turn to the Lord. If you do not do penance, you will all perish alike, both in Galilee and elsewhere. God is indignant with His people. I tell you. You must not think that those who have been struck are the worst. Each of you should examine and judge himself, and no one else. Also the eighteen people on whom the tower of Siloam fell and killed them, were not the most guilty in Jerusalem. I tell you. Do penance if you do not want to be crushed as they were, also in your souls.

281.16

Come, priest of Israel. The meal is ready. It is your duty to offer and bless the food, because a priest is always to be honoured for the idea which he represents and calls to our minds, and it is your duty because you are a patriarch among us, and we are all younger than you are.»

«No, Master! No! I cannot do that in Your presence! You are the Son of God!»

«You do offer incense before the altar! And do you perhaps not believe that God is there?»

«Yes, I do believe that! With all my strength!»

«Well, then? If you are not afraid of offering in the presence of the Most Holy Glory of the Most High, why should you be afraid in the presence of the Merciful One, Who took upon Himself human flesh to bring to you also the blessing of God before night comes to you? Oh! You people of Israel do not know that I covered with the veil of flesh My unendurable Divinity, so that man might approach God and not die thereof. Come, believe and be happy. I revere in you all the holy priests, from Aaron down to him who will be the last priest of Israel with Justice, you, perhaps, because priestly holiness really is languishing among us, like a forsaken plant.»


Notes

  1. dit le prophète en Ez 34, 16.

Notes

  1. says in Ezekiel 34:16.